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Les numéros de téléphone pourraient bien disparaître
Obsolètes,les numéros? En théorie, oui. Mais la migration de la voix vers les données numériques est symptomatique du défi technologique auquel sont confrontés les opérateurs.
Ivan Radja
Elon Musk l'annonçait en février: dans quelques mois, le propriétaire de X renoncera à son numéro de téléphone. Mieux, il n'en composera plus un seul. Une déclaration dont il a le secret, destinée à promouvoir son rêve de super-application au sein de son réseau social, à la manière du WeChat chinois. En clair, ne plus passer que par les appels vocaux et vidéo de la messagerie intégrée. Une fonctionnalité d'appel que X a lancée sur l'application iPhone en octobre, puis sur Android en janvier.
Techniquement, le patron de Tesla est dans le vrai. Les numéros de téléphone peuvent être considérés comme une convention dont on pourrait se passer. Les moyens d'identification se sont multipliés, par exemple l'adresse IP ou l'e-mail. Pour Matthias Grossglauser, professeur en informatique et communication à l'EPFL, les choses sont toutefois un peu plus compliquées: « L'adresse IP est exigée dans quelques cas, lors de l'installation d'un routeur, par exemple, et n'est donc pas très répandue. Le point faible, en l'occurrence, est qu'elle sert à identifier une machine sur le Net, et non une personne, et cette adresse peut encore changer suivant le réseau wi-fi auquel elle est connectée. »
L'adresse e-mail est, elle, rattachée à une personne et pourrait être utilisée comme identifiant par une application, y compris pour les communications vocales. Cependant, poursuit Matthias Grossglauser, « les courriels appartiennent à un système ouvert, alors que les applications telles que WhatsApp pour Meta, FaceTime pour Google ou Telegram et Threema sont des systèmes clos. Leurs propriétaires n'ont donc aucun intérêt à s'appuyer sur des adresses e-mail, car leur modèle économique est de garder le contrôle sur les données de leurs abonnés. »
WhatsApp, comme d'autres applications, est par ailleurs encore lié au numéro de téléphone, « qui reste un critère d'identification fort » , rappelle le blogueur Xavier Studer, spécialiste des télécoms et du high-tech. « Mais le téléphone n'est pas sécurisé à 100%, comme le montrent les nombreux cas de spoofing (ndlr: faux appels usurpant des numéros de téléphone). »
Écosystèmes fermés
Concrètement, les numéros peuvent disparaître un jour, mais ce n'est pas pour tout de suite, estime Matthias Grossglauser: « Ils servent encore souvent comme moyen de vérification de l'identité, avec envoi d'un code par SMS. » Il existe pourtant déjà des écosystèmes qui se passent de numéros. C'est le cas de Signal, où le numéro est utilisé une seule fois, uniquement dans le cas de la recherche de nouveaux abonnés. « Mais quand vos identifiants internes sont créés, vous pouvez déménager à l'étranger, changer de numéro, il n'y a pas besoin d'en informer Signal, puisque les liens créés restent et vous suivent partout. » Seul bémol, Signal est lui aussi un système fermé. « Si WhatsApp, FaceTime, Signal et d'autres applications et messageries collaboraient, alors oui, les numéros de téléphone n'auraient plus de raison d'être du tout. »
Le point de bascule le plus important est que la voix, désormais, n'est plus qu'une donnée parmi d'autres et passe par le réseau internet, et non plus par les protocoles des opérateurs télécoms historiques, lorsque l'on appelle quelqu'un avec une appli plutôt qu'en composant son numéro. « Les appels et les connexions internet sont aujourd'hui gérés par nos infrastructures numériques et, que l'on utilise la téléphonie traditionnelle avec numéros ou des applications alternatives, des connexions de haute qualité sont nécessaires » , explique Rolf Ziebold, porte-parole de Sunrise.
L'essentiel du trafic est aujourd'hui numérisé, avec des différences en matière de volumes. Visionner une vidéo sur YouTube prendra plus de place que le simple son d'une conversation téléphonique avec une appli. « C'est difficile aujourd'hui pour les opérateurs, qui se rendent compte que quelque chose leur échappe » , observe Xavier Studer.
Opérateurs mis au défi
Ceux-ci contre-attaquent pourtant. Avec la quasi-gratuité des SMS, par exemple, aujourd'hui inclus dans des forfaits qui englobent messages, appels téléphonique et vidéo, ainsi qu'une somme pour le roaming à l'étranger, extensible à la demande. « Les structures tarifaires ont beaucoup changé, mais il reste que WhatsApp est entièrement gratuit » , ajoute-t-il.
Les opérateurs se réinventent et offrent de nouvelles prestations. « La majorité de nos clients utilise déjà des offres qui incluent des connexions internet et des appels illimités » , explique Rolf Ziebold. Mais, contrairement à de purs prestataires numériques, qui peuvent faire des offres avec quelques centres de données ou data centers dans divers pays, « les télécoms doivent composer avec toute une infrastructure très coûteuse à mettre en place et à entretenir, comme les antennes et les réseaux de câbles et de fibre optique » , rappelle Matthias Grossglauser.
Nouveaux services
En janvier, Swisscom a pour sa part annoncé la création de services propres dans le domaine de l'intelligence artificielle. Ainsi que des offres pour sécuriser les données. « Nous proposons aux entreprises des solutions hybrides pour le stockage sur le cloud, explique le porte-parole Christian Neuhaus. Elles peuvent choisir quelles données elles mettent sur un serveur étranger et lesquelles, plus sensibles, elles choisissent de sécuriser sur notre cloud. » Sunrise a mis sur pied une offre analogue.
Les enjeux sont colossaux et se déclinent à l'échelle du continent. L'Union européenne vient de publier son livre blanc sur le secteur, dans lequel elle encourage les opérateurs à créer des alliances, voire à fusionner, afin d'atteindre une taille critique à même de freiner les appétits d'acteurs étrangers (lire encadré). En ce sens, Swisscom anticipe avec le rachat, annoncé cette semaine, de l'opérateur Vodafone Italia. L'Europe est à la veille d'une concentration soutenue dans ce domaine, comme cela a été le cas par le passé aux États-Unis.
Mais il faut garder à l'esprit que les opérateurs suisses sont relativement petits en comparaison internationale. Et face aux GAFA, pointe Xavier Studer, « la question de facturer l'accès aux réseaux par des acteurs comme Google est un enjeu stratégique ». Swisscom, Sunrise ou Salt seront-ils eux-mêmes encore indépendants dans dix ans? Rien n'est moins sûr.
« Les numéros servent encore souvent pour vérifier l'identité, avec envoi d'un code par SMS. »
Matthias Grossglauser, professeur à l'EPFL
Face à la multiplication des moyens d'identi-fication, les numéros de téléphone sont considérés par certains comme une convention dont on pourrait se passer.
Informaticien du bâtiment: le «couteau suisse» des professions techniques
Ce nouveau métier allie compétences techniques et informatiques. Il permet aux professionnels d’intervenir aussi bien sur le terrain que derrière un ordinateur.
Léonore Ehrsam-Bimpage - Office pour l'orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC) Genève
Publié: 22.02.2024, 12h09
Rayan Assali (à gauche), apprenti informaticien du bâtiment, et Dominique Vadi, son formateur et directeur de l’entreprise Vadi.
J’ai toujours été attiré par la technologie et je suis passionné d’informatique.» Pour Rayan Assali, âgé de 15 ans, entamer un apprentissage dans ce nouveau métier est une évidence. Mais lequel, plus précisément? Au hasard, le jeune homme effectue un stage en informatique du bâtiment. Et c’est le coup de cœur.
«Mon travail consiste à installer, configurer, mettre en réseau et gérer des téléphones, des caméras de surveillance ou des ordinateurs, explique l’apprenti de première année chez VADI Telecom. Je m’assure que le réseau fonctionne. Mais également que les téléphones, les smartphones, les caméras de surveillance ou les tablettes soient opérationnels.»
Ce métier «couteau suisse» s’apparente à celui d’électricien quand il s’agit de mettre en réseau des téléphones ou de tirer des câbles, et à celui d’informaticien lorsqu’il faut gérer des infrastructures réseau ou des équipements connectés depuis l’ordinateur.
Métier atypique
Dominique Vadi, fondateur de VADI Telecom et formateur d’apprentis depuis de nombreuses années, explique cette multiplicité des tâches.
«Auparavant, la téléphonie était du ressort des électriciens et des télématiciens. Il s’agissait d’installer les téléphones et d’intervenir en cas de panne. Mais, avec l’avancée des technologies, les informaticiens sont devenus les plus à même de s’en charger. De plus en plus de produits et d’appareils doivent être installés et connectés sur le réseau informatique par le biais d’un ordinateur. Les softphones, par exemple (ndlr: application de téléphonie par internet utilisée depuis un ordinateur, une tablette, un smartphone), sont très demandés et fonctionnent de nos jours en IP, la même langue que celle des ordinateurs.»
Profession émergente
Un métier atypique et touche-à-tout qui mérite d’être connu, puisqu’il permet de côtoyer non seulement le domaine de l’électricité, mais aussi ceux de la télématique et de l’informatique. «Nous travaillons pour tous types d’entreprises, poursuit Rayan Assali. Que ce soient des multinationales, des ambassades ou des cabinets médicaux. J’apprécie la diversité de cette profession, qui combine le travail de bureau devant un ordinateur aux interventions sur le terrain chez le client. C’est rare, pour un métier technique.»
En raison de la demande croissante et de la nécessité de compétences de plus en plus spécialisées, la formation d’informaticien du bâtiment a donc été récemment ordonnée par la Confédération.
«Avant l’existence de cette nouvelle formation professionnelle, les professionnels du métier cherchaient à se spécialiser par des formations continues. Avec la création d’un apprentissage CFC dédié, il est désormais possible de se spécialiser dans ce domaine pointu.
Emploi garanti
Cependant, cela implique une grande maturité, relève Nicolas Borowy, coordinateur de formation de la branche au Centre de formation professionnelle de Colombier (CPNE-BC). Car la formation, étalée sur quatre ans, est intensive et exigeante, notamment en mathématiques et en anglais technique.
En contrepartie, elle garantit l’emploi et une carrière passionnante, étant donné l’évolution constante de la technologie.»
Les perspectives de formation sont aussi nombreuses que le métier est varié. Avec le CFC et la Maturité professionnelle en poche, l’apprenti diplômé peut poursuivre sa formation au niveau tertiaire en gestion des énergies, en génie électrique, en domotique ou en informatique.
Trois orientations à choix
La formation professionnelle initiale s’effectue en quatre ans et propose trois orientations: «communication et multimédia», «automatisation du bâtiment» et «planification». L’orientation «communication et multimédia» se focalise sur la mise en réseau des moyens modernes de communication et la gestion d’infrastructures informatiques.
L’orientation «automatisation du bâtiment», elle, englobe la gestion complète et intelligente du bâtiment, incluant des fonctionnalités telles que la fermeture automatique des fenêtres en cas de mauvais temps, la gestion de l’éclairage, du chauffage et de la ventilation, l’équipement d’un home cinéma ou encore la fermeture automatique des stores en cas d’ensoleillement.
Quant à l’orientation «planification», elle permet la visualisation, la création de plans complexes ainsi que la gestion de projets touchant les divers domaines cités dans le texte principal.
En avril, le Département de l’économie et de l’emploi de Fabienne Fischer et celui du territoire d’Antonio Hodgers ont accordé 55’000 francs à Monnaie Léman. Le but: évaluer la faisabilité économique de l’utilisation de la cryptomonnaie comme outil d’investissement dans l’économie locale et durable à Genève.
Un mandat qui interroge, au vu des liens qui existent entre le compagnon de la conseillère d’État, Jean Rossiaud, et l’association Monnaie Léman, dont il est le fondateur et qu’il a longtemps présidée. Mais aussi parce que cette monnaie locale n’a jamais vraiment décollé dans le canton.
L’associé gérant de Bike Sold, Joël Vellas, dont l’enseigne compte cinq magasins de vélos et un atelier, reconnaît que l’utilisation de la monnaie locale «est très anecdotique». Et le commerçant est un peu remonté: «La cotisation annuelle pour faire partie du réseau se monte à 500 francs et la taxe bancaire est 10 fois plus importante que dans une banque normale!»
Pour lui, le Léman serait plus utile si l’on pouvait l’utiliser pour s’acquitter des taxes communales et cantonales. Il regrette également que les banques prennent 3% pour le changer en francs suisses: «Nous ne pouvons pas utiliser nos billets autrement qu’en buvant un pot ou en achetant du fromage. Nos vingt salariés n’ont jamais accepté d’être payés en Léman.»
Distributeurs montrés du doigt: Migros et Coop: les marges sont loin d’être aussi nettes | 24 heures
Économie, samedi 2 juillet 2022 897 mots, p. 13
Migros et Coop: les marges sont loin d'être aussi nettes
En Suisse, des enquêtes-chocs étrillent les « marges » des supermarchés. En France, un rapport officiel relativise les profits nets des détaillants.
Pierre-Alexandre Sallier
Depuis le début de la semaine, deux enquêtes parallèles de la Fédération romande des consommateurs (FRC) ainsi que du duo Heidi.news et « Le Temps » rallument un dossier lancinant. Et en font un feu de forêt.
Les détaillants helvétiques « fixent des taux de marge allant jusqu'à la moitié du prix final payé par la clientèle » , alerte la FRC dans un communiqué. Sur 100 francs réglés en caisse, 50 sont donc captés par Migroop? L'affirmation a créé d'autant plus d'émotion que l'inflation commence à ronger le budget alimentation des ménages les moins aisés.
À l'autre bout de la chaîne, les exploitations agricoles sautent sur l'occasion: « Le Temps » , Heidi.news et la FRC révèlent les marges excessives de Migros et Coop; si ces coopératives étaient prêtes à prendre leurs responsabilités sociales - en abaissant leurs marges -, une majoration des prix d'achat aux paysans n'aurait aucun impact sur les prix à la consommation » , répétait vendredi le syndicat Uniterre.
Brutesou nettes?
À l'origine de ces révélations, une fuite de données d'un gros fournisseur de produits laitiers - les Laiteries Réunies de Genève - qui ont permis de retracer qui paie quoi. Sur des dizaines de produits. « Résultat: les marges brutes atteignent en moyenne 57% chez Coop, 46% chez Migros, 35% chez Aligro et 34% à Manor » , calcule Heidi.news.
Avant d'insister. « Le groupe Migros enregistre une marge brute de 39% - tout simplement le double de celle de Carrefour. » La phrase fait mouche, dans une région où beaucoup de familles vont remplir leur voiture en France voisine. Alors si, en plus des tarifs en euros, s'ajoutent des marges sans aucun rapport...
Que signifient réellement ces 50% ou 39%? Tout dépend. Car il y a un monde entre les marges « brutes » qui servent à tout payer - caissières, loyers, agents d'entretien - et celles, « nettes » , finissant dans la poche des propriétaires de l'enseigne ou dans du mécénat culturel. Pour y voir clair, rien à attendre des distributeurs. « Aucun détaillant ne vous donnera ses marges » , éludait il y a peu un porte-parole de Migros. Chez Coop, on répond « ne pas comprendre » ces chiffres. En ajoutant que, dans le commerce, les marges brutes seules ne signifient rien.
Il faut donc regarder ailleurs. Pourquoi pas en France? Bien sûr, les rapports de force entre les enseignes ou les salaires n'y ont rien à voir. Sauf que le pays offre un rare élément de comparaison: un bilan officiel, présenté chaque année aux parlementaires, par un bien nommé Observatoire des marges des produits alimentaires.
Cela tombe bien, la dernière édition remonte à... cette semaine. Et révèle que « pour l'ensemble des rayons alimentaires frais » des grandes et moyennes surfaces, « la marge brute est de 29,5% » . Plus intéressant, « leur marge nette ressort à 2,3% avant impôt et à 1,6% après impôt » .
Retour en Suisse. Une précédente enquête de la « Neue Zürcher Zeitung » indiquait que « les marges brutes des coopératives Migros s'élèvent en moyenne à 31% et celles de Coop autour de 30% » . Les calculs de la « NZZ » estimaient ensuite, pour Migros et Coop, « un bénéfice net réalisé d'environ 2% » .
Ce qui n'est pas si exotique, au regard de ce que Carrefour ou les Mousquetaires gardent en poche. D'autant que dans sa réponse, Coop assure que « pour 100 francs de chiffre d'affaires, [nous] réalis[ons], en tant que coopérative, un bénéfice de 1,80 franc » . Et invoque la concurrence « acharnée » régnant également en Suisse.
Quid des produits laitiers au centre des révélations? De l'autre côté de la frontière, ce rayon présente une marge brute de 24,3%, relève le rapport officiel. Mais ce qui reste en « net » n'a rien à voir: à peine 0,8%. En boulangerie, les marges sont même négatives.
Transparence
Au sein de la FRC, on estime à présent que l'enjeu dépasse cette bataille des pourcentages. « Tout autant que le niveau ou le type de marge, le problème demeure l'omerta qui règne en Suisse: si l'exploitation de leurs magasins, le paiement de leur personnel ou la mise en rayon nécessitent que les deux géants orange retiennent des marges de 40%, alors qu'ils l'expliquent » , pointe Jean Busché, l'un des auteurs de l'enquête.
Un rapport officiel, à la française, ne pourrait-il être envisagé? « Ici, il y a une asymétrie de pouvoir totale entre les géants de la distribution et les consommateurs - comme les producteurs - ce qui rend impossible d'espérer, sans volonté forte des pouvoirs publics à Berne, un niveau de transparence similaire » , doute le spécialiste de la FRC, qui a passé des mois à enquêter sur les profits des détaillants.
Pourtant, la menace que ferait peser une telle transparence, à l'échelle du secteur, reste limitée. « Le rapport français est loin de forcer les Carrefour et autres Auchan à révéler leurs secrets commerciaux » , souffle ce dernier.
« En France, au rayon frais, la marge nette ressort à 1,6%. »
Rapport officiel
de l'Observatoire français de la formation des prix et des marges des produits alimentaires
« Sans volonté forte de Berne, impossible d'espérer ici une transparence similaire. »
Jean Busché,
FRC
Zurich, dans l'une des deux principales enseignes du pays. Deux études retentissantes citent des taux de marge allant jusqu'à la moitié du prix payé à la caisse.
KEYSTONE/MICHAEL BUHOLZER
commentaires
bernie
02.07.2022
Comparer les marges brutes est un exercice périlleux, surtout si on ne sait pas qui fait quoi.Prenons une boîte de petits pois. Chez Coop, c'est en principe Hero. Mais Hero ne livre pas dans les magasins. Objectivement il livre un 40 tonnes au dépôt central, voire même c'est Coop qui va chercher la marchandise. Ensuite il faut la dispatcher dans les différentes coopératives, puis dans les magasins. Du temps de la petite épicerie, il y avait un grossiste qui s'occupait de cela en prenant bien entendu sa marge. On peut aisément admettre qu'en moyenne cette boîte de petis pois aura parcouru 200 km jusqu'au magasin de détail. Avec la RPLP (taxe poids lourds), cela fait déjà CHF 0.54 par kilo. Sans grossiste, la marge brute est plus élevée, mais les charges du grossiste sont reportées sur le distributeur. Ensuite il y a une opacité certaine chez Migros. Migros est propriétaire des sociétés de production (ELSA, etc..) et peut donc décider où se trouve le bénéfice. Puis Aligro a une autre vision. Ce sont les fournisseurs qui livrent dans chacun de leurs magasins.
In fine, nos distributeurs dépensent d'importantes sommes pour créer un aspect luxueux de leurs surfaces de vente. Est-ce le souhait du consommateur ? En France, le décor est bien plus modeste.
24 Heures (Suisse), no. 11883
Région, Lausanne
Vaud, vendredi 26 novembre 2021 456 mots, p. 5
[L'hospitalisation d'un complotiste fait jaser...]
page 5
L'hospitalisation d'un complotiste fait jaser
Politique sanitaire
Acteur bien connu de l'opposition aux mesures étatiques contre le coronavirus, François de Siebenthal était aux soins intensifs du CHUV ces derniers jours. Le Covid paraît en cause.
Pourfendeur des mesures de l'État contre le Covid, détracteur des vaccins, François de Siebenthal est une personnalité vaudoise en vue dans les milieux complotistes. Mais le silence de cet adepte du web et des réseaux sociaux, depuis la fin du mois d'octobre, étonne. Sur Facebook, par exemple, son dernier post, en soutien à son mouvement Démocratie directe, spiritualités et nature, remonte au 28 octobre. Sur Twitter, il dénonçait encore ce jour-là des « fraudes électorales » .
Depuis, plus rien. Mais où est-il passé? La réponse est abrupte: au service des soins intensifs du CHUV. C'est un fait que nous avons vérifié. Il y était encore jeudi 24 novembre. Alors que la question d'une contamination par le Covid agite les réseaux sociaux, un de ses amis a confirmé la situation à la RTS, sans nouvelle de lui alors qu'elle l'avait programmé pour l'émission « Mise au Point » : « Coma artificiel, mais le pronostic est optimiste. »
« Produits toxiques »
François de Siebenthal s'est fortement opposé aux mesures étatiques contre la pandémie de Covid-19. Il était notamment l'un des meneurs du référendum contre l'application SwissCovid. À propos des vaccins, dans une interview diffusée par la RTS en décembre 2020, il dénonçait des « produits toxiques » créés par des « apprentis sorciers » dans le but de « faire du mal » .
Dans les milieux politiques qu'il a fréquentés ces derniers mois règne un silence gêné. « Je sais qu'il est à l'hôpital » , déclare par exemple Werner Boxler, coprésident des Amis de la Constitution, une des têtes du combat contre la loi Covid. Mais pourquoi? « Je n'en connais pas les raisons. » Même réponse du côté de Démocratie directe, spiritualités et nature. Nos tentatives de liaison avec la famille sont restées lettre morte.
121 commentaires
L'état de santé de François de Siebenthal a en revanche allumé les réseaux sociaux. Sur Facebook, le groupe « The Internet Sociopath Club » , pourfendeur des théories conspirationnistes, a provoqué 121 commentaires en annonçant, le 23 novembre, l'hospitalisation aux soins intensifs de celui qui fut candidat au Conseil d'État vaudois en 2003. Le groupe évoque dans l'un d'eux le « service Covid » du CHUV. Et la situation inspire des commentaires ironiques.
La riposte des amis de François de Siebenthal a surgi peu après par l'intermédiaire du média qui le soutient, Agora TV News, sur le réseau social russe VK: « Nous respectons le secret médical de M. de Siebenthal. Il est simplement épuisé par ses actions et les attaques continuelles des trolls et des médias de propagande. » Le message annonce un retour « le moment venu sur son combat et sur son état de santé » .
Philippe Maspoli
Cinq ans après un «non» net dans les urnes, un comité non partisan a lancé mardi une deuxième initiative populaire pour un revenu de base inconditionnel. La crise du coronavirus a changé la donne, estiment les initiants.
L’objectif de l’initiative «Vivre avec dignité – Pour un revenu de base inconditionnel finançable» est de garantir des moyens de subsistance pour toutes les personnes établies en Suisse et de respecter le droit humain fondamental de pouvoir mener une existence digne et autodéterminée, ainsi que de valoriser le travail non rémunéré, indique mardi le comité d’initiative.
Cet objectif doit être atteint en modifiant l’article 110 de la Constitution fédérale. Une loi doit réglementer le montant et la perception du revenu de base, ainsi que son financement.
L’initiative permet de mettre en avant la dignité de l’être humain plutôt que seulement l’argent, a relevé devant les médias l’ancien vice-chancelier de la Confédération Oswald Sigg, membre du comité d’initiative. «Une vie digne est caractérisée par la raison. La pauvreté et la richesse excessives sont déraisonnables».
«En ces temps de coronavirus et de crise climatique, une approche responsable des personnes et de la nature est essentielle. Pour cela, il faut une économie au service des personnes et non pas le contraire», a-t-il ajouté.
Reconnaître le travail de «care»
Un revenu de base inconditionnel permettrait de reconnaître à sa juste valeur le travail indispensable à notre société comme les soins familiaux et extrafamiliaux («care») ainsi que le bénévolat, estime le comité d’initiative. La plupart de ces tâches sont assumées par des femmes et ne sont pas comprises dans le produit national brut.
L’initiative n’aurait pas vocation à remplacer les assurances sociales, mais à les développer davantage. «Elles seraient adaptées ou légèrement changées en fonction de l’introduction du revenu de base. Cela serait décidé dans le délai transitoire de cinq ans», a expliqué Kalina Anguelova, membre du comité.
Ne plus craindre la numérisation
L’introduction d’un revenu de base garantirait à tous le minimum vital, même sans activité lucrative. La numérisation et l’automatisation ne seraient ainsi plus perçues comme une menace, mais comme une opportunité. La peur constante de la perte d’emploi, mais aussi de la dépendance et de la pauvreté, serait éliminée.
Un revenu de base permettrait également de travailler à mi-temps, de faire une pause nécessaire, ou de se réorienter professionnellement, ce que seule une minorité peut se permettre actuellement. Selon les initiants, la mesure permettrait en outre d’éviter les maladies dues au stress en entreprise ou à l’angoisse de ne pas trouver de travail.
Faire payer les GAFAM
La majorité des coûts d’un revenu de base pourrait être couverte par les recettes fiscales et les assurances sociales. Pour financer le reste, l’initiative exige également que toutes les branches de l’économie paient leur juste part d’impôts, en particulier le secteur financier, les entreprises technologiques et les plateformes numériques comme Google, Apple, Facebook ou Amazon.
Par rapport à la première initiative il y a cinq ans, les initiants soulignent avoir clarifié la question du financement. «Nous intégrons aussi dans la Constitution que nous ne voulons pas abolir les assurances sociales existantes, ce qui devrait rassurer la population», estime Thomas Produit, membre du comité.
En juin 2016, les Suisses avaient refusé à 76,9% une première initiative visant à instaurer un revenu de base inconditionnel. Le texte avait été lancé par un comité de citoyens sans appartenance politique, dont déjà Oswald Sigg.