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eut enuiede les démolir , ou po^r le
moins quelqu’vne d’elles , afin de
sçauoir ce qui estoit dedans. Sur-
quoy on luy parla ainsi. Vous de-
íìrezvne chose qui ne vous est pas
possible. Si vous l’entreprenez 8c
que vous n’en venie? pas à bout.
Ce fera vne honte au Commandeur
des Fidelles. A quoy il refpondit,
Ie ne puis me passer d en defcouurir
quelque chose, ll fit donc trauailler
à labreche , qui y estoit desia com
mencée, & y fi t de grandes defpen-
fes. Car ils allumoientdiifeufur la
pierre , puis ils y iettoient da vinai
gre , & battoient en fuite la place
aucc les machines. La largeur de la
muraille fe trouna de vingt coudées,
à la mesure des Geometres. Apres
qu’ils furent paruenus au hautesta.
ge de la Pyramide , ils trouuerent
derriere la breche vn bassin vert,
dans lequel il y auoit des deniers
d’or, pefans chacun vne once à nos
poids ordinaires ; 6c le nombre de
ces deniers fe monta iufques à
mille.
Au IXe siècle, va se développer la pratique savante de l'observation et de la mesure. À la demande du calife abbasside Al-Ma’mūn, une équipe d'astronomes d'État va vérifier et préciser tous les paramètres hérités des Grecs, avec, en ce qui concerne le gnomon et ses applications, la détermination de l'inclinaison de l'écliptique, la grandeur de la Terre liée aux latitudes, etc59…
En 827, une équipe d'astronomes, menée par le célèbre mathématicien Al-Khwarizmi, va mesurer un arc de méridien de 2° (environ 220 km), dans la plaine du Sinjar, près de Bagdad.
La distance est mesurée avec des perches, dans une direction nord-sud donnée probablement par le gnomon. Deux mesures sont effectuées indépendamment l'une de l'autre et leur écart était de 1/76e de degré, soit approximativement 1,5 km.
Le procédé de mesure des latitudes initiale et finale du parcours n'est pas connu, il est probable que ce soit aussi au gnomon ; l'obliquité par différence solsticiales est donnée pour 23° 33' (vers l'an 1000 ce sera plutôt 23° 35').
Le résultat final donnera 111,8 ± 1,5 km au degré (à comparer à la valeur d'aujourd'hui qui est de 111,3 km)60
Murtada Ibn al-Khafîf a écrit sur l'entrée dite d'al-Ma'moun (*), de la Grande Pyramide : "Le Commandeur des Fidèles le Mamune [al-Ma'moun], Dieu lui fasse miséricorde, étant entré dans le pays d'Égypte, et ayant vu les Pyramides, eut envie de les démolir , pour le moins quelqu'une d'elles, afin de savoir ce qui était dedans. Sur quoi on lui parla ainsi : Vous désirez une chose qui ne vous est pas possible. Si vous l'entreprenez et que vous n'en veniez pas à bout, ce sera une honte au Commandeur des Fidèles. À quoi il répondit : Je ne puis me passer d'en découvrir quelque chose. Il fit donc travailler à la brèche qui y était déjà commencée, et y fit de grandes dépenses."
Voici l'entrée de la grande pyramide. Elle n'a pas toujours été là. Au 9e siècle, le calife Al-Ma'mûn voulait rentrer dans les pyramides. Mais à l'époque, elles étaient recouvertes de calcaire blanc et brillant. Il avait eu vent de rumeurs disant qu'à l'intérieur, il y avait des cartes du monde, toutes sortes de trésors. Pas seulement de l'or et de l'argent mais des objets magiques.
Par exemple, les géographes et cartographes sont invités à établir une carte du monde extrêmement précise. Le calife Al Mamün envoie dans le désert de Syrie deux équipes d'arpenteurs, munis d'astrolabes, de baguette d'arpentage et de cordes et, se basant sur la position de l'étoile polaire, ils parviennent à calculer la circonférence terrestre à quelque 37000 km, un résultat très proche de la réalité !