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Bologne, le 22 messidor de l'an IV de la République (1796-07-10)
Nous avons encore à faire ici [Bologne] pour trois ou quatre jours ; nous sommes fort occupés de nos emballages qui contiennent des objets très précieux en tout genre. Indépendamment des beaux tableaux de Bologne, nous envoyons à Paris une donation manuscrite faite à l'église de Ravenne, sur papyrus en l'an 490, c'est-à-dire il y a 1306 ans,[8] [beaucoup de manuscrits anciens et de premières éditions imprimées.][9] Je crois que la Bibliothèque nationale sera très contente de notre envoi.[10]
Nos affaires terminées ici, nous nous rendrons à Florence où nous serons sans fonction et où nous attendrons que notre ambassadeur à Rome[11] nous avertisse qu'il est temps de nous rendre dans cette capitale du monde chrétien. Je crois que nous y serons dans une quinzaine de jours.[12]
------------- note ---------
[8] En 490-491, Giovanni Spatario offre l’ouvrage Chartula Donationis à l’Eglise de Ravenne ; elle se trouve ensuite à la bibliothèque de l’Institut des sciences de Bologne. (Voir PEPE L. (1993)) Voir lettres n°22 et 42.
[9] Passage ajouté et signalé par un dièse. Voir lettre n°12.
[10] Monge ne montre pas grand enthousiasme après sa visite de l’Institut de Bologne. Thoüin dans son récit souligne que la bibliothèque est constituée majoritairement par des ouvrages de théologie, de droit et d’histoire. THOUIN A. (1841), p. 193.
Rome, le 30 thermidor de l'an IV de la République 1796-08-17
Mais l'abbaye de San Salvator à Bologne a une grande bibliothèque que personne ne fréquente, et dont les moines eux-mêmes ne connaissent que la porte.[6] Nous y avons trouvé 120 volumes imprimés avant l'année l500, et environ 500 manuscrits antérieurs à l'époque de l'invention de l'imprimerie, et nous avons pris tout cela parce que cela sera utile à Paris, et que cela ne l'était plus depuis bien longtemps à Bologne.[7]
Nous avons trouvé aussi à Bologne trois donations faites en 490 et 491 à l'église de Ravenne, écrites sur papyrus ; nous les avons prises; et, depuis que nous sommes ici, nous avons reconnu que la fameuse Chambre des papyrus du Vatican ne renferme qu'une douzaine de semblables donations et rien d'autre. Ainsi les papyrus que nous avons eus de Bologne, le livre de Joseph que nous avons eu à Milan et quelques-unes des donations du Vatican que nous emporterons, rendront la bibliothèque de Paris plus riche en ce genre que l'on ne l'est à Rome, sans compter ce qu'elle avait déjà en ce genre et qui était très considérable.[8]