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Le verbatim de l’un des derniers entretiens entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine avant la guerre en Ukraine, quatre jours avant le début de l’invasion, a été révélé.
extrait...
Vladimir Poutine:
Ecoute Emmanuel, je ne comprends pas votre problème avec les séparatistes. Eux au moins ont fait tout ce qu’il fallait, sous notre insistance, pour ouvrir un dialogue constructif avec les autorités ukrainiennes.
Emmanuel Macron:
Par rapport à ce que tu as dit, Vladimir, plusieurs remarques: première chose, les Accords de Minsk, ce sont un dialogue avec vous, tu as totalement raison. Dans ce contexte-là, il n’est pas prévu que la base de la discussion soit un texte soumis par les séparatistes. Et donc, quand ton négociateur essaie d’imposer aux Ukrainiens de discuter sur la base de feuilles de route des séparatistes, il n’est pas respectueux des Accords de Minsk. Ce ne sont pas des séparatistes qui vont faire des propositions sur les lois ukrainiennes!
Vladimir Poutine:
Bien entendu, nous avons une lecture tout à fait différente de la situation. Lors de notre dernier entretien, je t’ai rappelé et même lu les articles 9, 11 et 12 des Accords de Minsk.
Emmanuel Macron:
Je les ai sous les yeux! Il est bien écrit que le gouvernement de l’Ukraine – paragraphe 9, etc. – propose, et que c’est en consultation et en accord avec les représentants de certains arrondissements des régions de Donetsk et Lougansk, dans le cadre du groupe de contact tripartite. C’est exactement ce qu’on propose de faire. Donc je ne sais pas où ton juriste a appris le droit (une conseillère sourit). Moi, je regarde juste les textes et j’essaie de les appliquer! Et je ne sais pas quel juriste pourra te dire que dans un pays souverain, les textes de loi sont proposés par des groupes séparatistes et pas par les autorités démocratiquement élues.
Vladimir Poutine:
(Ton ferme et agacé) Ce n’est pas un gouvernement démocratiquement élu. Ils ont accédé au pouvoir par un coup d’Etat, il y a eu des gens brûlés vifs, c’était un bain de sang et Zelensky est l’un des responsables.
Ecoute-moi bien: le principe du dialogue est de prendre en compte les intérêts de l’autre partie. Les propositions existent, les séparatistes, comme tu les appelles, les ont transmises aux Ukrainiens mais ils n’ont reçu aucune réponse. Où est le dialogue?
Emmanuel Macron:
Mais parce que, comme je viens de te le dire, on s’en fout des propositions des séparatistes. Ce qu’on leur demande, c’est de réagir aux textes des Ukrainiens et il faut faire les choses dans ce sens-là parce que c’est la loi! Ce que tu viens de dire met en doute, quelque part, ta propre volonté de respecter les Accords de Minsk, si tu juges que tu as face à toi des autorités non légitimes et terroristes.
Vladimir Poutine:
(Toujours très agacé) Ecoute-moi bien. Tu m’entends? Je te le redis, les séparatistes, comme tu les appelles, ont réagi aux propositions des autorités ukrainiennes. Ils ont répondu mais ces mêmes autorités n’ont pas donné suite.
Emmanuel Macron:
Alors ok: sur la base de leur réponse aux textes des Ukrainiens, ce que je te propose, c’est qu’on exige de toutes les parties une réunion dans le cadre du groupe de contact pour continuer à avancer. On peut dès demain demander que ce travail soit fait et exiger de toutes les parties prenantes qu’il n’y ait pas une politique de la chaise vide. Or, les deux derniers jours, les séparatistes n’ont pas voulu se prêter à cette discussion. Moi, je vais dans la foulée exiger cela de Zelensky. Est-ce qu’on est d’accord là-dessus? Si on est d’accord, je le lance et j’exige une réunion dès demain.
Vladimir Poutine:
Donc pour être bien d’accord, dès qu’on aura raccroché, j’étudierai ces propositions. Mais dès le début, il aurait fallu faire pression sur les Ukrainiens, mais personne n’a voulu le faire.
Emmanuel Macron:
Mais si, moi je fais le maximum pour les pousser, tu le sais bien.
Vladimir Poutine:
Je sais mais malheureusement ce n’est pas efficace.
Emmanuel Macron:
J’ai besoin que tu m’aides un peu (malicieux). La situation sur la ligne de contact est très tendue. J’ai vraiment appelé hier Zelensky au calme. Je vais lui redire, calmer tout le monde, calmer dans les réseaux sociaux, calmer les forces armées ukrainiennes. Mais ce que je vois aussi, c’est que tu peux vraiment appeler à calmer tes forces armées pré-positionnées. Il y a eu beaucoup de bombardements hier. Si on veut donner une chance au dialogue, il faut calmer le jeu dans la région. Comment vois-tu l’évolution des exercices militaires?
Vladimir Poutine:
Les exercices se déroulent selon le plan prévu.
Scénario catastrophe américain: et si le pétrole se payait en euros?
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BRUT
Alors que le dollar chute et que l'OPEP réduit sa production pour maximiser ses prix, la question rejaillit: l'euro sera-t-il une monnaie alternative pour le pétrole? Washington ira loin pour défendre le statut du dollar
Myret Zaki
Publié mercredi 11 février 2004 à 01:12
Reste que les considérations politiques pèsent très lourd dans une telle décision: en 2000, l'ex-président irakien Saddam Hussein avait décidé de facturer son pétrole en euros, malgré la réticence des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Des politologues comme William Clark, de la John Hopkins University, y ont vu l'une des motivations de l'invasion militaire. A Washington, l'alarme était déclenchée, la question étant: qui sera le prochain? Déjà, la Jordanie s'était mise à traiter le brut avec l'Irak en euros. L'Iran a manifesté son intention de suivre le mouvement, de même que l'Algérie et la Libye. Près de la moitié des importations de ces trois pays viennent de la zone euro, principal partenaire commercial du Moyen-Orient, qui importe plus de la moitié du pétrole de l'OPEP.
Sous cet éclairage, l'intervention américaine en Irak pourrait avoir visé la prévention, à travers le contrôle de la deuxième réserve mondiale de pétrole, d'un mouvement général de l'OPEP en faveur de l'euro. Suite au changement de régime en Irak, le dollar a immédiatement été restauré comme monnaie de transaction du pétrole.
Conséquences de ce scénario catastrophe du point de vue de Washington: le dollar perdrait sa suprématie, les pays importateurs de pétrole substitueraient des euros aux dollars dans leurs réserves, provoquant un krach du billet vert, un effondrement des actifs américains couplé d'une hyperinflation. S'ensuivrait un défaut sur les deux déficits. Mais la puissance militaire américaine veille à la dissuasion.
Les caricatures sont légion, mais qui sont réellement, aujourd'hui en Suisse, celles et ceux qui refusent d'obéir aux règles sanitaires?
On ne peut se baser que sur des sondages, moins précis que des données stables, mais on voit depuis quelques mois différentes catégories émerger. Celle dont on parle le plus est une partie de la classe populaire, la moins éduquée, qui a peur d'être manipulée par des élites et se rebelle contre les règles sanitaires. Leur part est prépondérante dans les études internationales. Mais il existe une deuxième catégorie, qui gagne en visibilité: ceux qui se disent « il en va de ma responsabilité », et optent pour une réflexivité consciente, éduquée...
Enfin, on a aussi des personnes plus proches des milieux écologistes pour lesquelles l'idée d'imposer des vaccins ou des restrictions au corps est impensable, et priorisent l'idée de la « vie saine et naturelle » sur le respect des règles sanitaires.
La question des enfants, particulièrement émotionnelle, cristallise-t-elle ces désobéissances?
Oui, certainement. Il y a en Suisse une tradition historique de « sur-héroïsation » de la famille et donc de la responsabilité parentale pour la protéger. On le voit indépendamment de la pandémie dans les politiques de scolarisation des enfants à la crèche, qui intervient beaucoup plus tard que dans d'autres pays européens...
On en vient presque à se demander pourquoi, finalement, on n'a pas davantage désobéi...?
Sur l'échiquier politique, il est intéressant de noter qui, en Suisse, s'est positionné sur ce créneau de la désobéissance: ce fut d'abord la droite conservatrice, libérale. L'extrême gauche anarchiste ne s'est impliquée que beaucoup plus tard. Cela tient à des raisons historiques et varie beaucoup d'un pays à un autre. Sur l'échelle sociétale ensuite, on a aujourd'hui le recul pour analyser certaines phases: en janvier 2020, on a peur. Le moment de bascule intervient à la fin de l'été 2020, et l'arrivée de la deuxième vague: chaque canton n'en fait qu'à sa tête, donnant un sentiment d'une telle cacophonie qu'aucune règle ne mérite d'être respectée s'il suffit de passer la frontière cantonale pour s'y soustraire. Puis, troisième phase intéressante: automne 2021. Le niveau de mal-être de la population est historiquement haut et, face à cela, deux attitudes: le repli sur soi, ou bien l'action, la volonté de se rebeller « contre » tout cela en se faisant littéralement « entendre » . En se sens, la désobéissance est aussi un sursaut...
Quelles conséquences auront ces « sursauts » sur la démocratie à moyen terme?
Certains craignent une fatigue démocratique et une tentation du chacun pour soi. Je préfère retenir cette idée: « In trust we trust. » La confiance est réciproque, et crée un cercle vertueux. Les décideurs auront bien compris avec cette pandémie que seule la co-construction permet d'envisager des politiques publiques acceptées par les populations. On ne respecte pas une règle qu'on ne comprend pas. A l'échelle individuelle, on le voit déjà chez le médecin, où le consentement éclairé est désormais une norme. En ce sens, la Suisse, dont le modèle est très décentralisé, est plutôt en avance sur ses voisins.
" En changeant les repas, en enlevant la lumière, en ne pouvant pas mesurer le temps avec une montre, on se décale tous les jours un petit peu plus"
Francesca Siclari, spécialiste du sommeil au CHUV de Lausanne
Nathaniel Kleitman, un mois enfermé dans une grotte.
Ce scientifique, né en 1895 et passionné par le sommeil, a créé le premier laboratoire spécialisé au monde sur ce thème à l’Université de Chicago. Pour mener ses recherches, il a beaucoup testé ses hypothèses sur lui-même.
Coupés du monde à 42 mètres de profondeur
En 1938, lui et son assistant Bruce Richardson s’enferment pendant trente-deux jours dans la grotte Mammouth au Kentucky, aux Etats-Unis. A 42 mètres de profondeur, avec une température constante de 12 degrés et sans lumière naturelle, ils sont coupés du monde réel. Leur nouvelle chambre est aménagée de façon rustique: un lit superposé, une table et quelques lanternes.
Pendant l’expérience, les deux hommes adoptent un emploi du temps particulier: dormir neuf heures, travailler pendant dix heures, redormir neuf heures… ce qui fait une journée de vingt-huit heures.
Après trente-deux jours, Bruce Richardson, âgé de 20 ans, dort comme un bébé sur un rythme de vingt-huit heures et déclare s’être adapté en une semaine. Le spécialiste du sommeil, âgé de 43 ans à l’époque, continue de son côté à vivre sur un rythme de vingt-quatre heures, s’endormant à 10 heures du soir pour se lever le lendemain à 8h, malgré les contraintes de son nouvel emploi du temps.
Selon Nathaniel Kleitman, la différence entre les deux scientifiques viendrait de leurs âges respectifs. Quand on est jeune, notre corps s’adapte mieux aux changements de rythme.
Carrières, vendredi 21 janvier 2022 1125 words, p. 15
Culture d'entreprise à distance: le grand défi
JULIE EIGENMANN
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MANAGEMENT Après bientôt deux ans passés partiellement en télétravail, le maintien de la culture d'entreprise à distance s'avère un enjeu plus important encore que celui de la productivité, même si les deux sont liés. Des solutions existent cependant
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@JulieEigenmann
Elle est difficile à définir et pourtant indispensable: la culture d'entreprise, cette combinaison de valeurs formelles et informelles, de règles, de comportements et de rituels associés à une organisation. Tout ce qui la rend unique, en somme, et qui fait sa réputation.
Il n'est donc pas évident de continuer à la faire vivre sans échanges spontanés ni discours sans écrans interposés. La productivité ne semble aujourd'hui plus inquiéter la majorité des entreprises: en télétravail, elle a globalement augmenté de 20% en Suisse, comme l'ont montré des études comme celle de la société Von Rundstedt.
Mais la culture d'entreprise, c'est encore un autre problème. Même si culture d'entreprise et productivité sont liées: son maintien permet de contribuer au bien-être et à l'engagement des collaborateurs, et par ricochet à leur efficacité. Il s'agit aussi d'éviter leur départ, à la façon de la « grande démission » aux Etats-Unis, où la perte de sens a souvent été décisive. Et de favoriser créativité et intelligence collective, plus propices à émerger autour d'une table que derrière un écran. Les enjeux sont de taille, dans un contexte où l'obligation du télétravail se poursuit jusqu'à fin février.
« Cette culture est le cordon ombilical de l'entreprise. Son délitement représente un risque majeur parce qu'il est invisible, commente Serge Sironi, expert en leadership et ressources humaines et associé fondateur de la société Capital Senior à Genève. La distance révèle si les valeurs souvent prônées, comme le respect des collaborateurs, sont vraiment vécues. »
Google sans ses bureaux
La culture d'entreprise est fortement liée au bureau physique, qui reflète souvent les caractéristiques de la société. Et quand on pense culture d'entreprise clairement identifiable, on visualise rapidement Google. Que partagent désormais les collaborateurs, loin de leurs célèbres locaux qui proposent des salles de détente, des collations gratuites et même un toboggan? « Nos bureaux ne sont que la partie visible de notre culture, basée notamment sur la confiance, la possibilité de s'exprimer et la communication », nuance Elodie Lhuillier, responsable des ressources humaines pour la Suisse. A Zurich, la multinationale compte 4500 collaborateurs.
A distance, détaille la responsable RH, ces valeurs sont transmises aux « Googlers » notamment à travers des lettres d'information, des sondages d'opinion et une liberté accordée sur la gestion des pauses - même si le temps de travail est enregistré sur ordinateur pour des questions légales. « C'est comme au bureau, on fait confiance: un collaborateur ne va pas partir avec dix bananes parce qu'elles sont gratuites », sourit Elodie Lhuillier.
Même si Google met en place des initiatives pour entretenir sa culture, comme un festival virtuel d'une semaine l'été dernier avec des ateliers créatifs, entre autres, Elodie Lhuillier veut être claire: « Chaque collaborateur construit la culture de l'entreprise. Certaines équipes ont mis en place des rituels, par exemple une balade dans la nature, chacun de son côté mais tous connectés ensemble. » Il arrive aussi que deux membres de la même équipe se connectent simultanément à une vidéoconférence pour travailler ensemble sur le développement d'un code informatique particulièrement complexe.
C'est aussi ce genre d'initiatives à distance qu'a lancé QoQa, plateforme de vente en ligne basée à Bussigny (VD), qui fonctionne selon un management horizontal avec ses presque 200 collaborateurs. Sa culture d'entreprise? De type start-up, mais aussi déjantée, jusque dans la statue de loutre, la mascotte de QoQa, qui trône dans l'entrée des locaux. Pascal Meyer, directeur général, raconte: « On a par exemple instauré des visioconférences où sont réunis ceux qui n'ont pas l'habitude de travailler ensemble. On essaie de recréer artificiellement cette énergie et cette convivialité. » Et pour transposer un peu du bureau QoQa à la maison, Pascal Meyer ajoute: « Nous offrons tous les outils dont certains ont besoin, comme un écran d'ordinateur en plus ou une chaise spécifique. »
Les mesures prises en lien avec le télétravail sont bien le reflet d'une certaine culture, croit Serge Sironi, qui souligne l'importance de la confiance. « Il faut aussi rappeler régulièrement quelle est la vision de l'entreprise, où elle en est et quelles sont les prochaines étapes, pour que tout le monde se sente concerné aussi à distance. » Et soit ainsi à même de s'investir autant qu'au bureau.
Il faut se voir (un peu) pour y croire
Reste que si la culture d'entreprise peut s'entretenir à distance, moyennant certains efforts, il faut pouvoir s'appuyer sur des moments partagés... en présence. « Il faut essayer de se voir en petit groupe, à l'extérieur, dans la mesure du possible », avance Pascal Meyer. Même Mark Haltmeier, gérant d'Ecodev, le dit. Pourtant, dans cette agence de services informatiques basée à Neuchâtel, les sept collaborateurs pratiquent depuis plus de dix ans partiellement ou totalement le télétravail, depuis la Suisse, Prague, ou encore l'Asie. Mais avant de prendre cette liberté, ils ont travaillé ensemble pendant plusieurs années.
« Nous savons quel est le sens de notre travail et nous avons un vécu relationnel commun », souligne Mark Haltmeier. Aujourd'hui, les collaborateurs se retrouvent tout de même quand ils le peuvent et font des activités ensemble, comme cuisiner, par exemple.
A l'aise avec l'entretien d'une culture à distance, l'équipe d'Ecodev a des échanges professionnels tout au long de la journée mais aussi des discussions communes à d'autres niveaux, concernant un film, des sujets politiques ou encore philosophiques. « C'est aussi ce qui fait la profondeur de notre lien », estime Mark Haltmeier. Ecodev a engagé début 2022 un nouvel employé, la vingtaine, à temps partiel. Mais ce dernier avait déjà fait un stage dans la société l'été passé: il connaît donc les bureaux et la culture de la société.
Quid des nouveaux arrivants?
Car inculquer ces valeurs virtuellement à un nouvel arrivant représente un défi supplémentaire. « Le processus d'arrivée est déjà souvent négligé au bureau, regrette Serge Sironi. Il faut y mettre une attention encore renforcée à distance, avec des cadres et des ressources humaines formés à l'accueil. La transmission de la culture d'entreprise commence par là. » Chez Google, si l'intégration est désormais 100% virtuelle, chaque nouveau a un « parrain » dans son équipe, pour l'aider. Il existe aussi des guides d'intégrations formels mais aussi informels, écrits par les collaborateurs, notamment un dictionnaire de tous les acronymes utilisés dans l'entreprise. « C'est vraiment difficile d'intégrer un nouveau à distance, juge de son côté Pascal Meyer. Un membre de l'équipe lui fait quand même visiter physiquement les bureaux, quand c'est possible. Mais quand les échanges se font en visioconférence, il faut que notre état d'esprit transpire à travers l'écran! »
« Il faut rappeler régulièrement quelle est la vision de l'entreprise et quelles sont les prochaines étapes »
SERGE SIRONI, EXPERT EN LEADERSHIP
Les sujets qui poussent la punition jusqu’au voltage maximum – qui ne sont pas la majorité, contrairement aux affirmations de Milgram – «ne sont pas des gens qui obéissent comme des robots et qui somnambulent dans la tyrannie: ils agissent parce qu’ils ont pris une décision, et ils sont activement engagés dans le processus», explique au téléphone Alexander Haslam, de l’Université du Queensland à Brisbane (Australie), coauteur de l’étude. Dans ce processus, Milgram lui-même joue un rôle crucial et inavoué, celui d’un leader qui crée un mécanisme d’identification à un bien supérieur – la science – lequel vaut bien, au passage, quelques cruautés.
Pour étayer son point de vue, le récit de Milgram fait l’impasse sur plusieurs points. L’étendue de la désobéissance, par exemple: «En réexaminant les résultats, on voit que lorsque les sujets étaient clairement confrontés à l’idée que les chocs faisaient du mal, ils arrêtaient.» Mais aussi le fait que de nombreux participants perçaient l’illusion et ne croyaient pas à la réalité des décharges.
«En réalité, il était conscient, et très lucide, à propos des failles de son expérience. Les documents le montrent s’avouant à lui-même que sa méthodologie est viciée. Mais ces confessions à usage personnel s’arrêtent lorsque l’expérience devient célèbre. Il adopte alors une attitude purement défensive et ne s’accorde plus aucune place pour les ruminations», constate Gina Perry.
Le Temps
Suisse, vendredi 3 décembre 2021 968 mots, p. 6
Les vaccinés piquent une colère
AÏNA SKJELLAUG
PANDÉMIE Ils ont « tout fait juste » et se retrouvent embarqués dans les nouvelles mesures presque comme des antivax. La colère des citoyens suisses vaccinés monte aussi contre les promesses du vaccin luimême: Daniel Koch concède que l'on a été trop optimiste le concernant
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@AinaSkjellaug
Un effet secondaire nouveau et qui se répand parmi les vaccinés de Suisse: à quoi sert-il d'obéir en bon élève citoyen aux injonctions gouvernementales si ensuite on se retrouve traité presque à la façon d'un sonneur de cloches antivax? Le Conseil fédéral a mis mardi en consultation une nouvelle série de mesures pour freiner la hausse du nombre d'hospitalisations liées au Covid-19, et surtout anticiper l'arrivée du variant Omicron. Extension du certificat à l'intérieur, port du masque et télétravail sont les principales annonces. Mais certains craignent que les vaccinés aient de plus en plus de mal à comprendre ces nouvelles restrictions.
Frédérique Beauvois, du collectif « Qui va payer l'addition? », s'indigne: « Depuis des mois, vous nous répétez que les vaccinés ou guéris sont moins contagieux et susceptibles de faire des complications que ceux qui ne le sont pas. Vous nous dites qu'il n'y a pas ou peu de vaccinés aux soins intensifs, et c'est là l'enjeu déclaré de votre politique sanitaire. Il n'y a donc aucune raison de nous imposer des restrictions supplémentaires en plus du passeport covid », vitupère-t-elle. Imposer le masque dans les discothèques et les bars équivaut selon elle à une fermeture de ces lieux. « Cela relève d'une totale hypocrisie que de penser que ces lieux puissent travailler dans des conditions pareilles. Alors qu'en plus du passeport covid, les discothèques sont astreintes au traçage de leur clientèle. » Si l'énervement des bistrotiers est habituel, celui de la clientèle est plus inédit: eux aussi se demandent à quoi sert désormais le certificat covid s'il ne conduit qu'à se faire traiter en banal pestiféré.
L'article 1a de la loi covid acceptée dimanche indique pourtant que « si la population adulte souhaitant être vaccinée a reçu une dose suffisante de vaccin, les restrictions de capacité applicables aux établissements et aux entreprises accessibles au public ainsi qu'aux manifestations et aux rassemblements privés doivent être levées » . Or avec les nouvelles mesures, on va vers l'inverse. « L'obligation du masque et de consommer assis dans les discothèques et les bars équivaut à restreindre leur capacité, dit Frédérique Beauvois. Il est inadmissible de s'en prendre à nouveau à ces établissements parmi les plus impactés en dépit de leur totale et précoce collaboration. »
Autre sujet de bouillonnement, la précipitation avec laquelle le Conseil fédéral a imposé des quarantaines, y compris pour les pleinement vaccinés, au retour de certains pays, dont le Royaume-Uni et le Portugal. Elle étonne le conseiller national PLR Olivier Feller, qui a reçu sa troisième dose il y a peu. « Cela peut agacer. Et la colère vis-à-vis de ces mesures liberticides excessives est légitime. Il a certes toujours été clair que la protection du vaccin n'était pas absolue, mais pour que l'on continue à se faire vacciner, il faut que cela produise des effets encourageants. Ces contraintes réimposées ne vont pas pousser à élargir le cercle des vaccinés. » Illustration du malaise: le match de football en Ligue des champions prévu ce mercredi entre Manchester United et les Young Boys. Si les joueurs de l'équipe bernoise ont obtenu une dérogation et seront au bénéfice d'une bulle sanitaire, leurs supporters qui avaient réservé - et souvent payé d'avance - vols, hôtels et places au stade sont laissés devant le fait accompli: en y allant, même vaccinés, ils devront s'isoler dix jours en revenant.
Au sein de l'importante communauté portugaise de Suisse, dont beaucoup de membres passent traditionnellement les fêtes de fin d'année au pays, une pétition a même été lancée pour retirer le Portugal de la liste des pays « à risque » et ainsi éviter cette soudaine quarantaine pour tout le monde. L'effet immédiat de la mise en application, c'est la goutte de sérum en trop pour Patrick Dias, à l'origine de cette initiative, et qui déclare à 24 heures: « Ça a été un choc, car ça s'est fait du jour au lendemain. Certains n'ont même pas eu le temps de rentrer en Suisse avant que la mesure ne soit appliquée. Il a fallu gérer l'émotion. » Le nombre de signataires, qui s'élève à 6500 en deux jours, révèle l'importance de l'enjeu, selon l'auteur de la pétition. Sous le texte sur les réseaux sociaux, les commentaires pleuvent. « Je me suis fait vacciner, je trouve ça très injuste. »
Figure emblématique de la lutte contre le coronavirus, Daniel Koch ne comprend pas ce retour à l'imposition de quarantaine pour les citoyens en provenance de certains pays. « La quarantaine est non seulement inutile mais aussi extrêmement dommageable. Dramatique pour le tourisme, qui, en chutant, va entraîner de la pauvreté, notamment en Afrique du Sud, et en conséquence de la criminalité. J'espère que le Conseil fédéral reviendra rapidement sur cette décision de l'OFSP. »
Selon l'épidémiologiste, nous ne disposons pas de données suffisantes sur ce variant pour que la fermeture des frontières ait une cohérence. Quant au vaccin, il concède « qu'on a été trop optimiste concernant ces doses. La protection vaccinale diminue plus vite qu'espéré. C'est vrai que les anticorps au début ont réagi très fortement, mais ils s'atténuent vite, et ne nous protègent pas suffisamment d'une réinfection. » Le médecin reste affirmatif: il est primordial que les personnes à risque se fassent administrer leur troisième dose pour protéger nos hôpitaux. Sans doute, mais comment convaincre au-delà une population à laquelle on a vendu le vaccin comme un retour à la liberté et qui est saisie peu à peu par le sentiment de s'être fait avoir par une protection à la si courte efficacité? La colère citoyenne là est sournoise comme un anticorps fatigué.
« La quarantaine est inutile et extrêmement dommageable »
DANIEL KOCH, ÉPIDÉMIOLOGISTE
Autre source, le site dédié aux statistiques du covid-19 de l’OFSP. Au 31 décembre 2020, ce site faisait état de 7’082 décès attribués au covid-19. Ce chiffre est assez conservateur : il ne tient pas encore compte des décès qui vont être attribués au covid-19 par suite d’analyses encore en cours, les statistiques cantonales aboutissant d’ailleurs à un nombre de décès plus élevé d’environ 10%. Ce qui est intéressant ici est le constat que le nombre de décès attribués au covid-19 est presque exactement identique, à 150 unités près, à la surmortalité totale enregistrée en 2020. C’est dire que le covid-19 n’a pratiquement pas emporté de personnes qui seraient décédées en 2020 en son absence : les victimes du covid-19 en Suisse auraient dans leur immense majorité vu le jour de l’an 2021 si le virus n’avait pas écourté leur vie.
Il faudra toutefois confirmer cette hypothèse en 2021 une fois l’épidémie terminée: il reste possible qu’on enregistre à l’été et à l’automne une forte sous-mortalité, ce qui conforterait alors l’hypothèse voulant que les décès covid-19 soient avant tout le fait de personnes en toute fin de vie. Pour rappel, la médiane d’âge des décédés du covid-19 s’établit à environ 85 ans, ce qui à première vue confirme l’idée de personnes en fin de vie – et qui n’est pas exactement vrai: en effet, une personne de cet âge a en moyenne encore six ans de vie devant elle.
Vaccinez-vous. Tout de suite
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Conférence de conciliation
La première vague de coronavirus fut celle de la stupéfaction. La deuxième, celle de la résignation. La troisième sera celle de l’égoïsme et de l’ignorance. A moins que le mouvement anti-vaccins ne s’essouffle très rapidement
Philippe Nantermod, conseiller national (PLR/VS)
Publié lundi 5 juillet 2021 à 14:41
Modifié lundi 5 juillet 2021 à 15:00
A la fin, nous connaîtrons tous le Covid-19. C’est maintenant une certitude. Le contact se fera soit par la vaccination, soit par l’infection. Et choper le dernier variant en date, c’est un peu se lancer dans une séance de tirs aux penaltys en ne pouvant que perdre: on ne se qualifie jamais pour rien de réjouissant quand on tombe malade.
La vaccination plafonne un peu partout. Les discours complotistes bêtifiants parviennent malheureusement à convaincre des milliers de citoyens. Des personnes qui n’écoutent plus leur médecin, les autorités ou les hôpitaux, se fient désormais à des vidéos sur YouTube, le nouvel eldorado des charlatans.
Un spectre…
Alors qu’on rêvait de voir la pandémie prendre vraiment fin, le spectre d’une nouvelle vague plane. Et cette fois-ci, il y aura des responsables assumés. Les 30 à 40% de réfractaires au vaccin laissent une brèche béante dans la protection immunitaire de notre société. Ils seront à l’origine de la prochaine vague épidémique, espérons au moins par négligence.
Pour le dire ouvertement, je m’attends à recevoir des dizaines de messages, même les plus insultants. Pourtant, en catimini, on l’affirme jusqu’aux plus hautes autorités. En public, la pudeur qu’impose la liberté de se vacciner interdit de l’exprimer clairement: les réfractaires aux vaccins nous précipiteront dans la prochaine vague. Ils auront sur la conscience des morts et peut-être, en fin de compte, un nouvel arrêt d’urgence de l’économie.
Au mieux, pour septembre
Et comme chaque vague se révèle d’une plus grande ampleur que la précédente, attendons-nous à ressortir les crédits covid, les RHT et les sempiternels clubs-sandwichs de la pause de midi pour suppléer les restaurants fermés.
Bref, il n’y a qu’un message à faire passer avant les grandes vacances d’été. Si vous ne l’avez pas déjà fait, si vous n’avez pas déjà été malade, vaccinez-vous. Pour vous et pour tous les autres. Et tout de suite: entre la première dose et le déploiement de la seconde, il faut compter huit semaines. En vous inscrivant aujourd’hui, vous serez au mieux immunisé pour le début de septembre. Pile pour la prochaine vague? Il sera trop tard pour penser au parapluie au beau milieu de l’averse.
Suisse, samedi 4 septembre 2021 575 mots, p. 7
« Le Temps » gagne contre Chloé Frammery
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GENÈVE Dans sa prise de position, le Conseil suisse de la presse estime que « Le Temps » n'a pas violé la recherche de la vérité ni diffamé la militante qui s'illustre dans les mouvements coronasceptiques
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Le Conseil suisse de la presse (CSP) a rejeté la plainte de Chloé Frammery contre Le Temps. Dans un arrêt rendu le 23 août, l'organe d'autorégulation des médias avance que le journal n'a ni violé la recherche de la vérité, ni porté d'accusations anonymes et gratuites contraires à la Déclaration des devoirs et des droits du journaliste. Le Temps n'a pas non plus porté atteinte à la protection de sa personnalité ni diffamé la plaignante. Il estime que tous les faits relatés dans l'article sont avérés.
« Agitation militante »
Chloé Frammery, enseignante de mathématique au cycle d'orientation - elle est actuellement suspendue par le Département de l'instruction publique qui a diligenté une enquête administrative - et célèbre au sein des mouvements coronasceptiques, avait saisi en juin 2020 le CSP suite à une enquête titrée « Les complotistes s'enflamment », terme qu'elle estimait d'ailleurs diffamatoire. Le CSP fait valoir que cette notion juridique ne figure pas dans la Déclaration. Il s'en tient donc à la question de savoir si le journal a lancé des accusations anonymes et gratuites ou s'il a plus largement empiété sur sa vie privée.
Que reprochait Chloé Frammery au Temps? D'abord d'avoir qualifié ses actes « d'agitation militante » . L'article énumérait en effet plusieurs combats menés par la plaignante dans des vidéos très suivies - contre le port du masque, l'OMS, Bill Gates, la gestion du covid - ou encore son soutien aux « gilets jaunes » ou sa participation au comité Stop TiSA (l'accord international sur le commerce des services). Ce terme d'agitation militante n'est pas exagéré, écrit le CSP, qui ajoute: « D'ailleurs, contrairement à ce que semble soutenir la plaignante, ce terme se justifie, même si certaines de ses actions ont été couronnées de succès. » Il ajoute que ce mot n'a rien d'injurieux.
L'article mentionnait ensuite que « Pro Fide Catholica, un site catholique intégriste, ouvertement antisémite » la présentait comme une « voix de la résistance » . La plaignante, qui contestait cet engagement antisémite du site, s'est vu rétorquer par le CSP que « les objectifs définis par le site luimême le confirment largement » . L'organe ajoute dans ses considérants que « l'article n'accuse pas directement la plaignante d'antisémitisme, mais il relève des proximités que d'ailleurs la plaignante ne conteste pas » .
Enfin, Le Temps soutenait que l'élément déclencheur de la procédure administrative ouverte par le DIP à l'encontre de l'enseignante était une distinction qu'elle s'était vu remettre par l'humoriste Dieudonné, fait dénoncé par la Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation (Cicad). « Cette interprétation [...] est indiscutablement la plus plausible, écrit le CSP. On voit mal en effet que les seuls éléments mentionnés par la plaignante auraient pu suffire. » Celle-ci soutenait que ce qui n'avait pas plu à son employeur était le fait « que je m'adresse à des conseillers d'Etat (que je connais personnellement) sur Facebook, que j'ai eu trois ou quatre arrivées tardives de deux, trois minutes il y a quatre ans, [...] que la Cicad envoie à la conseillère d'Etat un courrier me concernant » . Le CSP relève en dernier lieu que « l'article ne thématise que des actions publiques de la plaignante et certaines de leurs conséquences, il n'empiète donc nullement sur sa vie privée » .
« L'article ne thématise que des actions publiques de la plaignante »
LE CONSEIL SUISSE DE LA PRESSE
Il faut déjà rappeler que la vaccination contre le Covid-19 n’empêche ni d’être contaminé, ni d’être porteur du virus. D’après une étude prépubliée le 28 juin par l’Institut Pasteur, les personnes non vaccinées ont 12 fois plus de risque de transmettre le virus que les personnes vaccinées. C’est pourquoi le port du masque et le maintien des gestes barrières sont recommandés. La vaccination protège essentiellement contre les formes graves de la maladie. Des résultats d’études cliniques ont aussi montré que la vaccination protégeait à 90% contre une infection asymptomatique.
Le fait que des personnes vaccinées fassent partie des nouveaux cas de contamination n’est pas surprenant pour les infectiologues, surtout dans des pays où la majorité de la population est vaccinée. Il faudrait plutôt retenir des cas israéliens et anglais (où plus de 60% de la population a reçu ses deux doses) que plus la vaccination progresse dans un pays, plus le nombre de malades risque d’augmenter parmi les vaccinés, c’est purement statistique. Comme le nombre de personnes vaccinées augmente, les cas positifs qui vont apparaître ont de plus en plus de chances de survenir chez des personnes vaccinées.
Comparis a fait un sondage sur 1000 personnes représentatives à propos de l'idée d'un "passeport covid".
"78% des personnes interrogées ne veulent pas que l’on pénalise les opposants au vaccin en les empêchant d’accéder à certaines infrastructures ou services. Sur ce point, les réponses sont assez homogènes entre les régions linguistiques et les classes d’âge."
Vincent Nicolet
Publié dimanche 11 octobre 2020 à 17:42
Pointée du doigt pour ses propos conspirationnistes, l’enseignante genevoise Chloé Frammery ravive le débat sur la liberté d’expression des maîtres
A peine les braises du «t-shirt de la honte» éteintes qu’un nouveau feu couve au sein de l’enseignement secondaire genevois. Depuis quelques semaines, on s’agite sur la Toile à grands coups d’invectives ou de louanges pour donner son avis sur une constellation de conspirationnistes romands. Médiatisé par Le Temps en mai, le groupe a récemment refait surface à la faveur d’une infiltration menée par un journaliste de Heidi. news.
Structurés bénévolement, ces militants embrassant des thèses complotistes s’activent à diffuser leur message dans l’espace public et virtuel ou bien vivant. En atteste la tenue de la manifestation anti-masque à Genève du 12 septembre organisée par le Mouvement suisse pour la liberté citoyenne, au cours de laquelle ils ont pris la parole. «Il faut boycotter le port du masque, nous sommes manipulés par les profiteurs de la crise, la fondation Bill & Melinda Gates, l’OMS et l’industrie pharmaceutique veulent nous surveiller en nous inoculant des puces électroniques sous le prétexte d’une future vaccination au Covid-19», voilà leur credo. Sur le plan politique, ces activistes ont lancé un référendum contre l’application SwissCovid. Il n’a pas abouti. L’histoire aurait peut-être pu s’arrêter là si leur figure de proue, Chloé Frammery, n’était pas employée du Département de l’instruction publique genevois.
L'article en pdf:
https://martouf.ch/wp-content/uploads/2020/10/Chloe-enseigne-liberte-expression-12.10.2020.pdf
le bilan de la BNS est passé de 127 milliards de francs à fin 2007 à 817 milliards de francs à fin 2018. Sur ce montant, 764 milliards étaient placés en devises étrangères, dont 69% en obligations d’Etat, 12% en obligations d’entreprises et 19% en actions. Le bilan international de la BNS est le troisième plus important de toutes les banques centrales du monde. Seules la banque centrale de Chine (bilan quatre fois plus gros) et celle du Japon (bilan presque deux fois plus gros) ont un bilan international plus important.
Cette politique jugée non conventionnelle au départ est pratiquée par diverses banques nationales et pourrait bien devenir usuelle à l’avenir selon le FMI. Jusqu’où le bilan de la BNS peut-il augmenter, avec quelles conséquences, la loi sur la BNS devrait-elle évoluer pour lui ouvrir de nouveaux champs d’action, voilà les interrogations qui font l’objet de cette réflexion et d’interpellations déposées au Conseil national à la session de juin.
Nul besoin d’être un expert en littérature médicale pour s’apercevoir que cet article n’était qu’un vaste canular. Il ne contient pas quelques blagues éparses: on a droit à un gag par ligne, comme dans Pif Gadget. Cela commence dès la présentation des auteurs, le premier se nommant «Willard Oodendijk» («Bite en bois» en néerlandais), affilié au «Belgian Institute of Technology and Education (BITE) [sic], sis à Couillet [sic], en Belgique». On trouve aussi «Didier Lembrouille» (un des personnages incarnés par l’humoriste Antoine de Caunes), «Otter F. Hantome» («auteur fantôme»), «Nemo Macron» (le nom du chien du président français, qui a même droit à sa citation, «waouf», en toutes lettres dans le texte) ou encore «Sylvano Trottinetta» ainsi que «l’université de Neuneuchâtel».