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Publié le 6 mai 2022 à 15:25
Trois nouvelles antennes satellite pour la météo inaugurées à Loèche
Les antennes de Loèche-les-Bains recevront les données envoyées par les satellites météo de 3e génération
Une nouvelle station de réception satellite a été inaugurée vendredi à Loèche (VS) en présence notamment d'Alain Berset. Les trois antennes de 6,5 mètres de diamètre capteront les informations d'un futur satellite météo européen.
Dotées "des normes technologiques les plus récentes", les antennes seront nourries d'une multitude de données via le premier des futurs satellites météorologiques géostationnaires de troisième génération (Meteosat Third Generation).
Celui-ci sera lancé dans l'espace fin 2022 par Arianespace en Guyane française, indique l'organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques Eumetsat.
16.11.2022
Les antennes paraboliques de Loèche se mettent au photovoltaïque
Plutôt que démanteler ses antiennes paraboliques hors d’usage, la société Leuk TDC a imaginé de les équiper de panneaux photovoltaïques. Les installations de Loèche (VS) deviennent ainsi une méga-centrale solaire, à 1000 m d’altitude.
Antennes Loèche 3
Le centre de calcul et les paraboles de Leuk TDC se prêtent idéalement à la pose de panneaux photovoltaïques.
Depuis la vallée du Rhône, les antennes paraboliques de Loèche (VS) sont bien visibles. Ces installations de télécommunication construites à 1000 m d’altitude sont cependant hors d’usage. Et, plutôt que les démolir, les exploitants Leuk TDC et CKW ont eu l’idée de les reconvertir. En utilisant leur surface pour y poser des panneaux photovoltaïques.
Le lieu est idéal. Suffisamment haut pour éviter le brouillard de plaine, il dispose aussi de surfaces parfaitement adéquates à l’énergie solaire. La neige ne se fixe pratiquement pas sur les panneaux, et la structure des antennes est suffisamment vaste pour garantir l’autoconsommation du complexe de Loèche et son centre de calcul.
Structure concave favorable
Leuk TDC pourra ainsi alimenter ses bâtiments avec de l’énergie d’origine presque totalement renouvelable. Les panneaux solaires sont installés à l’intérieur des antennes paraboliques, là où le rayonnement est plus intense, ainsi que sur le toit du centre de calcul voisin. Une antenne peut produire jusqu’à 110'000 KWh par an, ce qui correspond aux besoins en énergie de 25 ménages. Les panneaux installés au centre de calcul vont produire 550'000 KWh chaque année. Les travaux ne sont pas encore terminés. La société prévoit d’étendre son parc photovoltaïque à l’ensemble de ses installations.
A Loèche se côtoient 10 antennes du système d'écoute du Département fédéral de la défense (DDPS) et 25 antennes de la société Signalhorn, dont certains clients sont proches de l'agence américaine du renseignement (NSA). Comment est-ce possible et quels sont les risques? Le 2e épisode de la web-série "La Suisse sous couverture" tente d'y répondre.
Depuis 1974, les PTT (devenus Swisscom) et la Confédération gèrent un parc d’antennes paraboliques à Loèche, un site considéré comme le cœur du système de renseignement suisse. En l’an 2000, ils créent la surprise en cédant une grande partie des paraboles à l’entreprise américaine Verestar, qui a des liens indirects avec la NSA. Depuis, plusieurs entreprises ont défilé à Loèche, mais elles ont toujours compté parmi leurs clients des sociétés susceptibles d'entretenir des rapports avec les services de renseignements américains.
Du côté de la Berne fédérale, on assure que tout va bien. En 2001, le Conseil fédéral exprime sa confiance à l'exploitant Verestar. En 2012, le Département fédéral de la défense (DDPS) prend le relais, et affirme, à propos du nouvel exploitant, Signalhorn, que l'indépendance est assurée. L'armée et l'entreprise ne partagent que les charges d'eau et d'électricité.
RTSinfo diffuse cette semaine la web-série "La Suisse sous couverture", consacrée aux liens entre la Confédération et le renseignement international. Replongez dans cette affaire d'antennes valaisannes en regardant le deuxième épisode "Les grandes oreilles de la Confédération" (ci-dessus) avec son complément d'informations (ci-dessous).
La Suisse n’est pas neutre lorsqu'il s’agit des services de renseignement, c’est évident.
Balthasar Glättli - conseiller national (Vert/ZH)
Chronologie des événements
1974 - les PTT installent les antennes
Les PTT installent une antenne parabolique sur le site du Brentjong, au-dessus de Loèche (voir carte tout en bas) afin d'offrir des solutions de communication par satellite entre la Suisse et l'étranger. L'opération se fait conjointement avec le Département fédéral de la défense (DDPS). Une deuxième antenne est construite en 1980. Le site ne cesse ensuite de s'agrandir.
2000 - l'américain Verestar achète des antennes
Les antennes de Loèche sont perfectionnées. Nommées Satos-3, elles figurent désormais au coeur du système Onyx, un projet suisse d'interception des communications internationales (téléphone, fax et internet) qui transitent par satellite. Deux autres sites font partie de ce programme: Zimmerwald (BE) et Heimenschwand (BE).
A l'automne, les PTT devenus Swisscom SA scindent le site du Brentjong en deux. Dix antennes sont confiées au DDPS pour un usage militaire. Le reste est vendu pour des objectifs civils à Verestar. Nommée jusqu'ici ATC Teleports, cette société américaine était une filiale d’American Tower Corporation, l’un des principaux exploitants et concepteurs de services de radiodiffusion en Amérique du Nord. Des politiciens s'interrogent sur la confiance à accorder à Verestar.
Concernant cette opération, j'avais, personnellement, un mauvais pressentiment
Oswald Sigg - ex-chef de l'information au DDPS
"Cela a surpris tout le monde, y compris moi", confie Jean-Paul Rouiller, ex-agent du renseignement suisse. A cette époque, le service du renseignement fonctionne de manière isolée. Même le DDPS ne sait rien de son budget ni de ses équipes. Selon le journaliste Duncan Campbell, Onyx pourrait être lié au réseau d'espionnage anglo-saxon Echelon, qu'il a révélé en 1988. De son côté, Jean-Paul Rouiller réfute que la Suisse ait pu être un partenaire d'Echelon, mais il admet qu'une collaboration est envisageable (voire encadré).
La Suisse est un service qui collabore avec ses partenaires. Après sur les détails de ces coopérations, c'est bien évidemment couvert par les règles du secret
Jean-Paul Rouiller - ex-agent du renseignement suisse
2001 - le Conseil fédéral exprime sa confiance
A la suite de l'interpellation du conseiller national Bernhard Hess (Démocrates Suisses/BE), le Conseil fédéral indique que Verestar exploite "des réseaux de satellites d'envergure internationale, soit 170 antennes ainsi qu'une cinquantaine de satellites" mais que l'entreprise "n'a jamais compté la NSA au nombre de ses clients". Pourtant, Verestar possède la Maritime Telecommunications Network (MTN), qui compte parmi ses clients... l'US Navy. Le Conseil fédéral l'admet: "MTN travaille pour le compte de la Defense Information System Agency et du Space and Naval Warfare System Center, tous deux rattachés au Département de la défense, et susceptibles de ce fait d’entretenir des rapports avec les services de renseignements américains".
Swisscom est complètement infiltrée par l'Agence nationale de sécurité (NSA), d'après des documents de Snowden que personne n'a encore remarqués
Duncan Campbell - journaliste d'investigation
2004 - le luxembourgeois SES Global reprend les rênes
Au bord de la faillite, Verestar est englouti pour 18 millions de dollars par SES International Teleport AG, filiale suisse du luxembourgeois SES Global, qui possède 41 satellites. L'entreprise compte elle aussi parmi ses clients plusieurs départements de l'administration américaine. En 2008, SES Global crée spécifiquement une filiale pour gérer les antennes de Loèche: l'entreprise Satlynx.
2012 - Signalhorn et Washington
Le DDPS et l'armée possèdent encore 10 antennes. De son côté, Satlynx devient Signalhorn AG. Son nouveau directeur est le Canadien Robert James Kubbernus, un spécialiste international des télécommunications satellitaires. Pourquoi la gestion d'un site aussi sensible a-t-elle été confiée à une société luxembourgeoise? "L'indépendance des installations du DDPS est assurée", explique au Temps en 2015 le Département de la défense. Seuls les frais d'eau et d'électricité sont partagés. De son côté, Robert James Kubbernus assure que les règles de confidentialité sont "strictes".
2013 - les révélations d'Edward Snowden
Ex-chargé de sécurité informatique à la CIA et administrateur système pour la NSA, Edward Snowden dévoile à différents médias des documents top-secrets de la NSA. La surveillance massive des communications et d'internet par Washington et Londres apparaît au grand jour. Swisscom, détenue à 51% par la Confédération, figure en rouge dans le programme "
Treasure Map
", une carte en temps réel du Web global. Les noeuds rouges représentent les réseaux d'entreprise où la NSA peut observer les données qui y circulent. Les flèches bleues illustrent les principaux chemins empruntés par les communications internet et mobiles. Est-ce que Swisscom a donné son consentement à un logiciel d'espionnage?
"Treasure Map" est une carte interactive et en temps réel du Web global. [societe ecran media]
"Treasure Map" est une carte interactive et en temps réel du Web global. [societe ecran media]
Lire : Les antennes de Loèche (VS) pourraient être utilisées par l'espionnage américain
En réaction à ces révélations, le conseiller national Balthasar Glättli a posé de nombreuses questions au Conseil fédéral. Il attend encore aujourd'hui les réponses. "Les fonctionnaires suisses ne mentent jamais. L'important est de garder le déni plausible", relève Duncan Campbell.
Retrouver tous les épisodes : "La Suisse sous couverture", la web-série qui décrypte les activités d'espionnage sur sol helvétique
Caroline Briner
Publié le 19 novembre 2019 à 17:00