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L'artémisinine réagit avec le fer pour former des radicaux libres qui tuent les cellules. Comme les cellules cancéreuses absorbent une quantité relativement importante de fer par rapport aux cellules normales, elles sont plus sensibles à l'effet toxique de l'artémisinine. Dans des recherches précédentes, nous avons montré que l'artémisinine est plus toxique pour les cellules cancéreuses que pour les cellules normales. Dans la présente étude, nous avons attaché de manière covalente l'artémisinine à la transferrine, glycoprotéine plasmatique porteuse de fer. La transferrine est transportée dans les cellules par endocytose médiée par les récepteurs et les cellules cancéreuses expriment beaucoup plus de récepteurs de transferrine sur leur surface cellulaire et endocytent plus de transferrine que les cellules normales. Nous avons donc émis l'hypothèse qu'en marquant l'artémisinine à la transferrine, le fer et l'artémisinine seraient transportés dans les cellules cancéreuses en un seul paquet. Une fois à l'intérieur de la cellule, le fer est libéré et peut facilement réagir avec l'artémisinine proche de la transferrine. Cela renforcerait la toxicité et la sélectivité de l'artémisinine vis-à-vis des cellules cancéreuses. Dans cet article, nous décrivons une méthode de synthèse d'un tel composé dans laquelle la transferrine a été conjuguée avec un analogue de l'acide artelinique de l'artémisinine par l'intermédiaire des chaînes N-glycosides sur le domaine C. Le conjugué résultant ("tagged") est un analogue de l'artémisinine. Le conjugué résultant ("composé marqué") a été caractérisé par MALDI-MS, spectroscopie UV/Vis, chimiluminescence et HPLC. Nous avons ensuite testé le composé sur une lignée cellulaire de leucémie humaine (Molt-4) et sur des lymphocytes humains normaux. Nous avons constaté que l'artémisinine marquée à l'holotransferrine, comparée à l'artémisinine, était très puissante et sélective dans la destruction des cellules cancéreuses. Ainsi, ce "composé marqué" pourrait être développé en un agent chimiothérapeutique efficace pour le traitement du cancer.
Quelle est la position de l’OMS sur l’usage du matériel végétal d’Artemisia pour la prévention ou le traitement du paludisme et/ou de la COVID-19 ?
Les traitements antipaludiques les plus largement utilisés, les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT), sont produits en utilisant le principe actif, l’artémisinine, extrait de la plante Artemisia annua. Certaines informations ont circulé, suggérant que des produits à base de matériel végétal d’Artemisia ou des extraits de celui-ci (infusions ou produits d’herboristerie en comprimés, par exemple) pourraient avoir un effet préventif ou curatif à l’égard de la COVID-19.
Toutefois, les données in vitro disponibles laissent entendre que les composés purifiés d'artémisinine ou les produits ou extraits de la plante A.annua, ne présentent pas un effet significatif contre la COVID-19 aux concentrations qui seraient sans risque chez l'être humain. Par conséquent, les données actuellement disponibles ne peuvent légitimer l'utilisation de l'artémisinine ou des produits ou extraits d'A. annua comme antiviral pour lutter contre la COVID-19.
L’OMS appelle à une extrême prudence vis-à-vis de ces informations vantant l’efficacité de tels produits. Comme l’OMS l’a expliqué dans une note d'information, il n’existe pas de données scientifiques probantes pour appuyer l’utilisation de formes non pharmaceutiques d’Artemisia pour la prévention ou le traitement du paludisme. Les données ne permettent pas non plus d’avancer que la COVID-19 peut être évitée ou traitée par des produits fabriqués à partir de la plante Artemisia.
L’OMS reconnaît que la médecine traditionnelle, complémentaire et alternative recèle de nombreux bienfaits. L’Afrique a d’ailleurs une longue histoire de médecine traditionnelle et de tradipraticiens de santé qui jouent un rôle important dans les soins aux populations. Des plantes médicinales telles que l’artemisia annua sont considérées comme des traitements possibles de la COVID-19, mais des essais devraient être réalisés pour évaluer leur efficacité et déterminer leurs effets indésirables.
Artemisinin reacts with iron to form free radicals that kill cells. Since cancer cells uptake relatively large amount of iron than normal cells, they are more susceptible to the toxic effect of artemisinin. In previous research, we have shown that artemisinin is more toxic to cancer cells than to normal cells. In the present research, we covalently attached artemisinin to the iron-carrying plasma glycoprotein transferrin. Transferrin is transported into cells via receptor-mediated endocytosis and cancer cells express significantly more transferrin receptors on their cell surface and endocytose more transferrin than normal cells. Thus, we hypothesize that by tagging artemisinin to transferrin, both iron and artemisinin would be transported into cancer cells in one package. Once inside a cell, iron is released and can readily react with artemisinin close by tagged to the transferrin. This would enhance the toxicity and selectivity of artemisinin towards cancer cells. In this paper, we describe a method to synthesize such a compound in which transferrin was conjugated with an analog of artemisinin artelinic acid via the N-glycoside chains on the C-domain. The resulting conjugate ('tagged-compound') was characterized by MALDI-MS, UV/Vis spectroscopy, chemiluminescence, and HPLC. We then tested the compound on a human leukemia cell line (Molt-4) and normal human lymphocytes. We found that holotransferrin-tagged artemisinin, when compared with artemisinin, was very potent and selective in killing cancer cells. Thus, this 'tagged-compound' could potentially be developed into an effective chemotherapeutic agent for cancer treatment.
PMID:
15642597
DOI:
10.1016/j.lfs.2004.08.020