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L’enquête sur les moyens de paiement 2020 parvient aux conclusions indiquées ci-après:
Le numéraire et la carte de débit restent les deux moyens de paiement les plus répandus
dans la population résidente suisse. Parmi les personnes interrogées, 97% déclarent avoir
des espèces dans leur porte-monnaie ou à la maison pour leurs dépenses courantes; 92% sont
titulaires d’une carte de débit (2017: 88%) et 78% d’une carte de crédit (2017: 63%).
Si l’on considère le nombre de paiements non récurrents exécutés, le numéraire reste
l’instrument de paiement le plus fréquemment utilisé par la population, mais sa part a
sensiblement reculé par rapport à 2017. En 2020, 43% de ces paiements ont été réglés en
numéraire, contre 70% en 2017. Les parts correspondantes des paiements par carte de débit et
par carte de crédit ont augmenté sur la même période et s’établissent respectivement à 33%
(2017: 22%) et à 13% (2017: 5%). Les Suisses italiens, les personnes de 55 ans et plus ainsi
que les ménages aux revenus faibles et moyens affichent une préféren ce supérieure à la
moyenne pour le numéraire.
La carte de débit devance désormais le numéraire comme principal moyen de paiement,
si l’on se base sur le montant des paiements non récurrents. Sa part atteint 33% (2017:
29%), contre 24% pour le numéraire (2017: 45%). Cette évolution s’explique essentiellement
par le fait que le numéraire est utilisé aujourd’hui pour régler de petits montants (inférieurs à
20 francs), alors que les dépenses jusqu’à 50 francs étaient principalement réglées en espèces
en 2017.
Le paiement sans contact par carte est très répandu en Suisse. 92% des personnes
interrogées ont une carte de crédit ou de débit dotée d’une fonction sans contact; 60% des
détentrices et détenteurs de cartes indiquent payer toujours ou principalement sans contact.
Il y a 134'817'951 billet de CHF 100.- ce qui représente 27,6% des billets en circulation, mais CHF 13'481'795'100.- sur les CHF 79'809'472'540 en circulation en billet.
Depuis 2008, la masse monétaire en billet de banque a doublée !!! ... On est passé de 40 milliards à 80 milliards.
Le ratio de billet en circulation par rapport au PIB a atteint son maximum en 1945 avec 25% du PIB, puis a diminué jusqu'à un minimum en 2008 a 6.89 % ..... et après la crise bancaire et financière de 2008, c'est remonté jusqu'à 11.42% en 2017 et c'est stable depuis..
Philippe Lachaise
1t7fndSpon hsuormhaeadi ·
LA MONNAIE AUTOGRAPHE
Lors de mon dernier voyage dans le futur proche j’avais oublié de me munir de mon portefeuille. Chagriné de m’en apercevoir, je n’en ai finalement pas eu besoin et cela m’a bien instruit.
Cette fois ci j’allais visiter une petite ville du Morvan, pas loin du clocher qui avait servi de décor à l’affiche de François Mitterrand en 1981. Le clocher avait été raboté sur la photo, car il n’était pas question qu’il dépassât la tête de Tonton, futur Dieu de la France.
Arrivé sur place j’allais droit chez mon brocanteur préféré dont la caverne d’Ali Baba serait sûrement encore là dans ce futur proche. Je maugréais contre mon oubli qui allait me forcer à revenir bredouille mais qu’importe.
C’était ouvert. J’entrais dans cet univers de trésors poussiéreux.
Le tenancier était derrière son comptoir, aussi encombré d’objets que l’ensemble des étagères. Je le saluais.
- Bonjour.
- Bien le bonjour. Ah ben vous n’avez pas mis longtemps à r’venir me voir !
J’étais surpris car je n’étais pas venu depuis des mois. Des mois de mon temps même. J’acquiesçait vaguement et je rentrais dans le royaume de la brocante.
Toujours ennuyé d’avoir les poches vides je parcourais les allées, feuilletant un magasine de L’Illustration qui détaillait le luxe du paquebot Normandie et sentait bon le papier moisi. Je jouais avec un pulvérisateur manuel de Fly-Tox, pareil à celui avec lequel dans mon enfance, à cause des moustiques, ma grand mère empoisonnait tous les soirs l’air de ma chambre en appelant ce nuage infect du flitox.
Soudain je tombais en arrêt devant un étui d’obus sculpté. Un superbe travail de bosselage représentant un femme coiffée d’un chapeau et fumant une cigarette. Sous le fond de l’étui, gravé en rond autour de l’amorce percutée, “Düsseldorf 1917”. Un obus Allemand donc. Combien d’heures avait il passé à ciseler ce chef d’oeuvre au fond de sa tranchée ce Feldgrau anonyme ?
Hors de question de repartir sans cette trouvaille ! Puisque le maître des lieux paraissait bien se souvenir de moi il serait sûrement possible de s’arranger. Je marchais vers le comptoir. - Je veux vous prendre ceci mais j’ai un léger problème, j’ai oublié mon porte monnaie.
- Ah bon. Tenez.
Il me tendait un bout de papier blanc.
Comme je le regardais interloqué il ajouta : - C’est dix.
- C’est dix ?
- Oui c’est dix.
- Mais … dix quoi ?
- Ben c’est dix. Ça vaut dix.
Je fixais le bout de papier qu’il me tendait toujours. Devant mon air de plus en plus ahuri il s’étonna : - C’est y donc que vous avez oublié comment on écrit de la monnaie ?
Comme je plongeais dans une abîme de stupidité manifeste: - Mais d’où c’est y donc que vous venez pour avoir tout oublié ?
À ce moment me revint à l’esprit sa remarque en entrant. Je compris à demi la méprise : - Vous devriez plutôt me demander de quand je viens. je crains que vous n’allez pas me croire cependant.
Son visage s’éclaira et il s’esclaffa : - Crénom de Dieu j’y suis ! Vous m’avez déjà tout expliqué les autres fois sur vos voyages dans le temps. J’avais eu un peu de mal à vous suivre alors, mais maintenant je n’suis plus étonné de rien. Vous venez pour la première fois ici dans votre futur à vous mais vous venez plus tard que les fois précédentes.
Il avait raison. J’avais cafouillé dans mes voyages. En fait j’allais plus exactement cafouiller en venant plus tôt les fois suivantes et … Ah la barbe ! Je voulais cet étui d’obus maintenant !
Il revint de lui même à l’objet de mon désir : - Donc c’est cette fois ci que je dois vous expliquer comment on utilise la monnaie autographe. Allons y donc.
Il prit un air légèrement doctoral qui tranchait avec son personnage habituel : - D’abord il faut que vous sachiez qu’on utilise presque plus votre monnaie des banques. Elle sert toujours pour les salaires, les impôts, les paiement à distances ou les très gros achats, mais sinon on ne s’en sert plus entre nous ni chez les commerçants.
Il tenait toujours son bout de papier blanc. - On a arrêté de se servir pour tout de la monnaie des banques le jour ou ils ont supprimé l’argent liquide. Ils voulaient nous obliger à tout payer avec des cartes, des téléphones et même des saloperies de puces qu’ils voulaient nous coller sous la peau.
- Oui dans mon temps on sent bien venir ce sale coup…
- En plus vous savez quoi ? Une fois qu’il nous avaient retirés nos sous ils prétendaient ne nous en donner que si on disait amen à tout ce qu’ils voulaient. Pas content ? Pas d’argent ! Heureusement que cette fois ci on s’est tous fâchés ensemble.
- Vous … enfin nous les avons vaincus ?
- Oui. Ils ont essayé bien des saletés et des coups fourrés mais on avait le nombre pour nous. Ils ont même bloqué face-de-bouc, cui-cui et le reste mais on s’en moquait bien. Vous pouvez point empêcher des gens qui sont tous d’accord entre eux d’échanger comme ça leur chante.
Il continuait : - Après ça on les a même pas pendus. Vous savez quoi ? Si vous passez en ville vous verrez un gars toujours assis sur le perron de l’église. On l’appelle “t’as pas un milliard” rapport à ce qu’il était la première fortune ne France et p’tet même du monde, j’y sais plus trop bien.
- On a laissé les banquiers corrects continuer à manipuler l’argent pour les gros trucs et pour tous les jours on a pris l’habitude de la monnaie autographe. J’sais plus qui qu’a eu c’t’idée. Paraîtrait qu’c’est un gars qui travaillait dans les ordinateurs avant puis qui y en a eu marre de tous ces trucs plus compliqués qu’on en a besoin.
Réalisant qu’il avait toujours son bout de papier entre le pouce et l’index: - Bon alors allons y. J’vous y montre.
Il m’expliquait presque comme à un enfant : - Voilà comment ça se passe. Moi je vous donne cet objet qui a une valeur à vos yeux. Vous allez donc me donner une preuve que vous tenez cette valeur de moi. Cette valeur ce sera dix si vous êtes d’accord.
- …
- Ah oui. Ça vous surprend. La valeur n’a pas de nom. Dix ou vingt ou cinquante ça suffit, du moment qu’on est d’accord sur le chiffre.
- Et alors, le papier.
Il me le tendit. Je le pris, hésitant. De l’autre mains il me tendit un stylo. - Venons y. Marquez 10 en chiffres bien gros, au beau milieu.
Je m’exécutais en soignant ma calligraphie. - Maintenant vous aller signer à gauche ce billet de dix. Mais attention, pas votre signature habituelle. Quelqu’un pourrait en faire mauvais usage. Il faut vous inventer un signature pour la monnaie que vous créez.
J’improvisais un gribouillage que je pensais pouvoir reproduire ensuite et je lui tendais le nouveau billet. Je m’apprêtais déjà à prendre congé en emportant mon butin. Il m’interrompit : - Nous n’avons pas fini. Ce billet n’existera que lorsque nous l’aurons tous deux signé. Je dois le signer côté droit, voilà. La monnaie que nous venons de créer représente la valeur de ce que vous emportez de chez moi. Nous venons tous les deux de créer dix.
On peut aussi améliorer le billet. En bas on peut mettre la date, l’endroit et l’objet. - “La femme à la cigarette” ?
- Oui, très bien !
Il enchaina: - J’vous avoue qu’il m’a fallu un moment pour comprendre comment c’t’argent q’on fabrique en échangeant de objets ou des services les uns avec les autres peut valoir quelque chose. Il m’a fallu retourner ça dans ma caboche pas mal de fois mais ça a fini par rentrer !
Pendant longtemps il m’semblait qu’était rien que du vent. Mais non c’est pas du vent. C’t’étui d’obus pour vous il vaut dix et ce papier qu’on a fait ensemble il dit que je vous ai donné quelque chose qui valait dix.
Maintenant je peux aller chez le boulanger et prendre pour dix de pain. C’est pas du vent ce papier puisque vous repartez avec un objet. Peut être qu’un jour ce billet de dix reviendra vers vous en échange d’un autre objet ou d’un travail que vous vendrez dix.
Maintenant je voulais vraiment en savoir plus : - Et pour les centimes ?
- Peuh ! On s’embête pas avec ça. C’est rare qu’on descende en dessous de cinq. Un peu plus un fois, un peu moins une autre, au bout du compte on s’y retrouve toujours.
Soudain j’eus un doute : - Mais alors, il est trop facile de faire de la fausse monnaie !
- Mais non. On ne peut pas faire de la fausse monnaie. Soit toute la monnaie est fausse soit elle est toute vraie. Puisque c’est nous tous qui la faisons.
Et rappelez vous qu’il faut être deux pour écrire un billet. Il faut les deux signatures et avoir échangé quelque chose contre la nouvelle monnaie.
Là ça devenait vraiment intéressant :
Bien sur il est toujours possible de tricher mais c’est pas pire qu’autrefois.
Du temps d’où vous venez les gros bonnets et les banques trichaient sur des sommes astronomiques. On fabriquait des milliers de milliards de faux argent pour laisser les riches jouer à la bourse et ça a tenu longtemps.
Il se mit à rire: - D’ici qu’on écrive autant de billets qu’ils on fabriqué des sous électroniques avec leurs ordinateurs. On aura les mains pleines d’ampoules bien avant d’y arriver !
Il ajouta, avec un sourire malicieux : - Bien entendu on ne peut pas écrire un billet d’un milliard. Le plus gros c’est cent. Au dessus personne ne le prendra.
J’avais un nouveau doute : - Mais si je peux toujours créer un nouveau billet et ne jamais rien donner et si tout le monde peut faire pareil, alors on ne produit plus rien.
- C’est vrai, mais vous n’avez peut être pas envie qu’on ne produise plus rien et donc que même en créant des billets vous ne pourrez plus rien avoir. Donc vous ferez en sorte d’en gagner en produisant des choses.
Puis vous n’aurez pas non plus envie d’être connu comme celui qui ne sort jamais un billet de sa poche.
Jusqu’ici ça se tenait mais il restait quelques interrogations : - Et si j’ai besoin d’un outil qui est fabriqué loin ou d’un sac de ciment ou même d’un vélo neuf ?
- Pour ça on utilise encore le viel argent. Comme on l’utilise beaucoup moins qu’avant et qu’on peut presque s’en passer les banques qui ont survécu travaillent correctement. C’est compliqué d’acheter une machine avec de la monnaie autographe, par contre pour des piquets en châtaignier coupés ici et taillés sur place y’a pas de problème.
Plus je comprenais, plus il me venait de questions à l’esprit : - Mais alors, on peut convertir nos billets en viel argent ?
- Non. Ça ne servirait pas à grand chose puisqu’on n’achète pas les mêmes chose avec le viel argent qu’avec la monnaie autographe. Vous pouvez toujours demander à quelqu’un de payer pour vous en viel argent s’il est d’accord et qu’il a besoin d’acheter des choses de tous les jours.
- Mais alors, comment fixe-t-on la valeur des choses ?
- Simple. La monnaie autographe n’est pas convertible, mais pour utiliser nos habitudes on imagine que c’est grosso-modo des euros ou des dollars. On gagne rien en pratique à être plus précis. On ne va plus s’amuser à des bêtises comme 9,99.
J’allais demander comment on faisait pour emprunter mais je réalisais la stupidité de ma question avant d’ouvrir la bouche et posais une autre question : - Et quand les billets autographes sont usés ?
- C’est pas ben compliqué : on trouve une autre personne et, tout en partageant un canon, on recopie et on signe ensemble les nouveaux billets et on brûle les vieux.
J’allais parler des voleurs mais, là aussi, c’était stupide et je me mordis la langue.
Les yeux de mon interlocuteur se mirent à briller : - Donc nous y voilà ! C’était vraiment pas si compliqué et pourtant il nous aura fallu tout ces millénaires de guerres, de rapines, ces rois, empereurs et présidents bandits pour en arriver à vivre en bonne intelligence grâce à des bouts de papier griffonnés ensemble en trinquant !
On aura mis tout ce temps là pour comprendre que si on faisait autant confiance aux autres qu’on se faisait confiance à soi même, on pouvait se débarrasser de tout ce qui nous empêchait de vivre et qui nous forçait à engraisser des vautours.
Le viel argent, cet argent-prison permettait à des gens de connivence avec les rois et les présidents de fabriquer de la monnaie exactement comme on vient de le faire, sans même échanger des objets. Ils l’entouraient de règles très compliqué et en faisaient quelque chose de sacré. Du coup on ne pensait même pas à faire pareil et ils nous tenaient prisonnier avec leur fausse monnaie à eux.
Maintenant je me souviens bien comment ça a basculé.
Avant ça on était tous élevés dans l’idée que tout les autres allaient se mettre à tricher si la monnaie n’était pas sous le contrôle des gardiens du temple. D’ailleurs, à propos de temple, regardez à quoi ressemblaient les bâtiments des bourses d’échange.
Ça marchait bien leur système. Chacun se méfiait de chacun et on continuait à utiliser l’argent-prison parce qu’on avait encore moins confiance en son voisin qu’en la banque.
C’est le jour ou ils nous ont imposé la monnaie tout électronique que ça a basculé. On les voyait venir depuis un moment et la grogne commençait à bien enfler. Tout d’un coup on s’est tous mis à avoir plus confiance en nos voisins qu’en ces institutions. Ils étaient le Diable et on ne pouvait plus trouver pire nulle part.
A ce moment là l’idée des bouts de papier est sortie on ne sait pas d’où et la monnaie autographe s’est répandu partout sans crier gare.
Le temps qu’ils nous inventent des lois pour interdire d’avoir dans nos poches des bouts de papier avec des chiffes dessus, leurs sous à eux ne valaient déjà plus rien. Ils ne pouvaient même plus payer leurs flics et on les a mis dehors vite fait bien fait. - Je peux vous prendre le vaporisateur de flitox, en plus ?
- Bien sûr. On va faire un billet de 5. C’est la plus petite coupure qu’on utilise.
Étourdi et curieusement heureux je finis par prendre congé et m’engageais à pied sur le bord de la route. Le brocanteur me héla : - Ah, dernière chose ! Si vous pouvez r’venir les autres fois dans l’ordre du temps ça sera plus pratique pour qu’on sache où on en est.
- Oui. Promis. À bientôt !
Une de mes trouvailles dans chaque mains je marchais longtemps rêveur et le regard perdu au loin sur le bord de la route. Puis un résolution s’imposa dans mon esprit : - Dès que je rentre en 2020 je laisse tomber l’informatique et je fais connaître aux gens la monnaie autographe !
Philippe Lachaise. 17 mai 2020
1er billet de banque (non cours légal) la "monnaie volante" vers 800 chez les Tang