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Carnet du jour, samedi 16 juillet 2022 813 mots, p. 8
Le hold-up des industriels du lait
ERNEST BADERTSCHER, ORBE (VD
Votre excellent article sur le prix du lait sur 3 pages (LT du 27.06.2022) m'a interpellé. Selon les statistiques suisses de 2020 concernant le lait, il y a une production laitière de 3 384 000 tonnes de lait par année: 47% sont transformés en fromage et 27% en lait de consommation, yogourts et lait de conserve, soit 900 000 tonnes, avec une teneur en matière grasse de 4,0%.
La Suisse s'est rapidement alignée sur l'Europe pour définir le lait entier avec une teneur de 3,5% de matière grasse comme lait soi-disant entier. Auparavant, le terme « lait écrémé » devait apparaître sur les emballages. Vite oublié et c'est un business en or massif.
Un kg de lait contient 40 g de matière grasse et il est vendu avec 35 g, d'où 5 g de soustraction ou 6 g de beurre à 12 fr. le kg, cela représente 7,2 centimes. Ils auraient pu le reporter sur le prix du lait. Non, au contraire, un paysan de ma région, dont le lait était légèrement moins gras, a vu son prix du lait diminué!
C'est un vol de 65 millions de francs pour ces 5400 tonnes de beurre, qui fait mieux? Les grands distributeurs ont le monopole sur le lait et ils imposent les prix aux agriculteurs et aussi pour de nombreux autres produits agricoles.
L'Union suisse des paysans ne défend pas les agriculteurs, mais la politique du Conseil fédéral. Cette politique qui met 10% des surfaces agricoles utiles en jachère, soit environ 100 000 hectares, en compensation dite « écologique » pour 3 milliards de francs. Alors que nous ne produisons que 50% de nos besoins et que notre blé n'utilise que 80 000 hectares et que nous en produisons suffisamment. C'est un non-sens car le sol doit produire des aliments. Et ils pensent augmenter ces surfaces pour acheter à l'étranger à vil prix!
Le prix du lait et les consommateurs
ROSE MORISOD MUVERAN, MONTHEY (VS)
Un article de 2 pages pour nous dévoiler les marges exorbitantes que prennent les grands distributeurs sur la vente des produits laitiers!!! Comme si le public, connaissant le prix du lait en magasin et son prix d'achat aux paysans, n'avait pas su calculer ces marges jusqu'à aujourd'hui! Monsieur Prix a-t-il découvert le fil à couper le beurre?
En 2020, j'avais félicité Anne Chenevard [du collectif Lait équitable] pour son combat pour obtenir 1 fr. par litre de lait produit (même tarif qu'il y a trente ans!). Que faisait l'Union suisse des paysans? Pourquoi n'est-elle jamais montée aux barricades pour recevoir un prix juste du lait?
J'ai appris par un paysan, qui disait ne pas vouloir s'exprimer par peur de voir ses camarades lui tourner le dos, que de nombreux paysans étaient satisfaits de recevoir ces subventions et ne voulaient pas que cela change. Le profit qu'ils en tirent est satisfaisant par rapport au travail que les surfaces à entretenir (ou pas, selon leur conscience) leur donnent. D'autres se sont mis à transformer eux-mêmes leur lait en faisant du fromage. Ils s'en sortent.
Mme Chenevard me prévenait d'une possible pénurie de beurre chez nous! Les grands distributeurs préfèrent acheter le lait à l'étranger moins cher pour augmenter leur marge de bénéfice. Ça les arrangerait qu'il n'y ait plus de lait à acheter en Suisse: d'où une mort peut-être programmée de la paysannerie en Suisse. Adieu, l'autonomie alimentaire de notre pays!
Donnons un salaire aux paysans pour leur participation à l'entretien de notre territoire! Arrêtons de subventionner indirectement Migros et Coop et exigeons de leur part un prix d'achat du litre de lait décent et juste. Souhaitons que les consommateurs suisses évitent d'aller acheter leur beurre en France voisine, conscients de leur rôle à jouer dans la continuité de la production laitière suisse.