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Le verbatim de l’un des derniers entretiens entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine avant la guerre en Ukraine, quatre jours avant le début de l’invasion, a été révélé.
extrait...
Vladimir Poutine:
Ecoute Emmanuel, je ne comprends pas votre problème avec les séparatistes. Eux au moins ont fait tout ce qu’il fallait, sous notre insistance, pour ouvrir un dialogue constructif avec les autorités ukrainiennes.
Emmanuel Macron:
Par rapport à ce que tu as dit, Vladimir, plusieurs remarques: première chose, les Accords de Minsk, ce sont un dialogue avec vous, tu as totalement raison. Dans ce contexte-là, il n’est pas prévu que la base de la discussion soit un texte soumis par les séparatistes. Et donc, quand ton négociateur essaie d’imposer aux Ukrainiens de discuter sur la base de feuilles de route des séparatistes, il n’est pas respectueux des Accords de Minsk. Ce ne sont pas des séparatistes qui vont faire des propositions sur les lois ukrainiennes!
Vladimir Poutine:
Bien entendu, nous avons une lecture tout à fait différente de la situation. Lors de notre dernier entretien, je t’ai rappelé et même lu les articles 9, 11 et 12 des Accords de Minsk.
Emmanuel Macron:
Je les ai sous les yeux! Il est bien écrit que le gouvernement de l’Ukraine – paragraphe 9, etc. – propose, et que c’est en consultation et en accord avec les représentants de certains arrondissements des régions de Donetsk et Lougansk, dans le cadre du groupe de contact tripartite. C’est exactement ce qu’on propose de faire. Donc je ne sais pas où ton juriste a appris le droit (une conseillère sourit). Moi, je regarde juste les textes et j’essaie de les appliquer! Et je ne sais pas quel juriste pourra te dire que dans un pays souverain, les textes de loi sont proposés par des groupes séparatistes et pas par les autorités démocratiquement élues.
Vladimir Poutine:
(Ton ferme et agacé) Ce n’est pas un gouvernement démocratiquement élu. Ils ont accédé au pouvoir par un coup d’Etat, il y a eu des gens brûlés vifs, c’était un bain de sang et Zelensky est l’un des responsables.
Ecoute-moi bien: le principe du dialogue est de prendre en compte les intérêts de l’autre partie. Les propositions existent, les séparatistes, comme tu les appelles, les ont transmises aux Ukrainiens mais ils n’ont reçu aucune réponse. Où est le dialogue?
Emmanuel Macron:
Mais parce que, comme je viens de te le dire, on s’en fout des propositions des séparatistes. Ce qu’on leur demande, c’est de réagir aux textes des Ukrainiens et il faut faire les choses dans ce sens-là parce que c’est la loi! Ce que tu viens de dire met en doute, quelque part, ta propre volonté de respecter les Accords de Minsk, si tu juges que tu as face à toi des autorités non légitimes et terroristes.
Vladimir Poutine:
(Toujours très agacé) Ecoute-moi bien. Tu m’entends? Je te le redis, les séparatistes, comme tu les appelles, ont réagi aux propositions des autorités ukrainiennes. Ils ont répondu mais ces mêmes autorités n’ont pas donné suite.
Emmanuel Macron:
Alors ok: sur la base de leur réponse aux textes des Ukrainiens, ce que je te propose, c’est qu’on exige de toutes les parties une réunion dans le cadre du groupe de contact pour continuer à avancer. On peut dès demain demander que ce travail soit fait et exiger de toutes les parties prenantes qu’il n’y ait pas une politique de la chaise vide. Or, les deux derniers jours, les séparatistes n’ont pas voulu se prêter à cette discussion. Moi, je vais dans la foulée exiger cela de Zelensky. Est-ce qu’on est d’accord là-dessus? Si on est d’accord, je le lance et j’exige une réunion dès demain.
Vladimir Poutine:
Donc pour être bien d’accord, dès qu’on aura raccroché, j’étudierai ces propositions. Mais dès le début, il aurait fallu faire pression sur les Ukrainiens, mais personne n’a voulu le faire.
Emmanuel Macron:
Mais si, moi je fais le maximum pour les pousser, tu le sais bien.
Vladimir Poutine:
Je sais mais malheureusement ce n’est pas efficace.
Emmanuel Macron:
J’ai besoin que tu m’aides un peu (malicieux). La situation sur la ligne de contact est très tendue. J’ai vraiment appelé hier Zelensky au calme. Je vais lui redire, calmer tout le monde, calmer dans les réseaux sociaux, calmer les forces armées ukrainiennes. Mais ce que je vois aussi, c’est que tu peux vraiment appeler à calmer tes forces armées pré-positionnées. Il y a eu beaucoup de bombardements hier. Si on veut donner une chance au dialogue, il faut calmer le jeu dans la région. Comment vois-tu l’évolution des exercices militaires?
Vladimir Poutine:
Les exercices se déroulent selon le plan prévu.