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Berne, 02.11.2022 - Le 2 novembre 2022, le Conseil fédéral a approuvé le train d’ordonnances agricoles 2022. Entre autres dispositions, la culture de pois chiches et de lentilles destinés à l’alimentation humaine sera désormais soutenue, les dispositions relatives à l’économie alpestre sont modifiées et les émoluments de la banque de données sur le trafic des animaux sont augmentés. Par ailleurs, le Conseil fédéral a chargé le DEFR de mettre en œuvre le versement direct des suppléments laitiers aux producteurs de lait.
Au total, 19 ordonnances du domaine agricole sont modifiées. Les nouvelles dispositions entreront pour la plupart en vigueur le 1er janvier 2023.
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Soutien aux cultures de protéagineux destinés à l'alimentation humaine
Afin de tenir compte de la hausse de la demande en protéines alimentaires végétales, les contributions à des cultures particulières seront également versées pour les cultures de protéagineux destinés à l'alimentation humaine. La culture des pois chiches ou des lentilles sera par exemple soutenue. L'objectif est d'encourager le développement de l'offre d'aliments riches en protéines végétales de production suisse.
Une enquête du quotidien Le Temps et de Heidi.news parue lundi révèle les marges des géants oranges sur les produits laitiers. La Migros se dégage par exemple une marge de 67% sur une tomme vaudoise. La Coop même 92% sur un yogourt aux myrtilles.
Selon les producteurs fribourgeois, c'est indécent, écœurant. Eux reçoivent environ 70 centimes par kilo, un tarif qui aujourd'hui ne couvre pas leur coût de production. "Le fait de ne jamais communiquer sur des marges, ça permet de garder les gens dans l'ignorance et de les garder plus dociles. Et la grande distribution toute-puissante continue de faire des marges sur le dos des producteurs qui ont toujours plus de peine à vivre", estime Anne Chenevard, présidente de Faireswiss, pour un lait équitable, une coopérative qui garantit une rémunération d'un franc par litre au producteur.
Dans le canton de Fribourg, le nombre de producteurs laitiers a diminué de 9% en l’espace de dix ans. En 2021, ils étaient encore 1200 agriculteurs fribourgeois à avoir des vaches laitières. Il faut savoir que 60% de la production cantonale est transformée en fromage AOP, et donc la matière première est mieux rémunérée que si le lait était transformé en yogourt. Ailleurs en Suisse, le nombre de producteurs de lait a diminué de 30% de 2011 à 2021. Beaucoup se découragent car la production se fait à perte.
Carnet du jour, samedi 16 juillet 2022 813 mots, p. 8
Le hold-up des industriels du lait
ERNEST BADERTSCHER, ORBE (VD
Votre excellent article sur le prix du lait sur 3 pages (LT du 27.06.2022) m'a interpellé. Selon les statistiques suisses de 2020 concernant le lait, il y a une production laitière de 3 384 000 tonnes de lait par année: 47% sont transformés en fromage et 27% en lait de consommation, yogourts et lait de conserve, soit 900 000 tonnes, avec une teneur en matière grasse de 4,0%.
La Suisse s'est rapidement alignée sur l'Europe pour définir le lait entier avec une teneur de 3,5% de matière grasse comme lait soi-disant entier. Auparavant, le terme « lait écrémé » devait apparaître sur les emballages. Vite oublié et c'est un business en or massif.
Un kg de lait contient 40 g de matière grasse et il est vendu avec 35 g, d'où 5 g de soustraction ou 6 g de beurre à 12 fr. le kg, cela représente 7,2 centimes. Ils auraient pu le reporter sur le prix du lait. Non, au contraire, un paysan de ma région, dont le lait était légèrement moins gras, a vu son prix du lait diminué!
C'est un vol de 65 millions de francs pour ces 5400 tonnes de beurre, qui fait mieux? Les grands distributeurs ont le monopole sur le lait et ils imposent les prix aux agriculteurs et aussi pour de nombreux autres produits agricoles.
L'Union suisse des paysans ne défend pas les agriculteurs, mais la politique du Conseil fédéral. Cette politique qui met 10% des surfaces agricoles utiles en jachère, soit environ 100 000 hectares, en compensation dite « écologique » pour 3 milliards de francs. Alors que nous ne produisons que 50% de nos besoins et que notre blé n'utilise que 80 000 hectares et que nous en produisons suffisamment. C'est un non-sens car le sol doit produire des aliments. Et ils pensent augmenter ces surfaces pour acheter à l'étranger à vil prix!
Le prix du lait et les consommateurs
ROSE MORISOD MUVERAN, MONTHEY (VS)
Un article de 2 pages pour nous dévoiler les marges exorbitantes que prennent les grands distributeurs sur la vente des produits laitiers!!! Comme si le public, connaissant le prix du lait en magasin et son prix d'achat aux paysans, n'avait pas su calculer ces marges jusqu'à aujourd'hui! Monsieur Prix a-t-il découvert le fil à couper le beurre?
En 2020, j'avais félicité Anne Chenevard [du collectif Lait équitable] pour son combat pour obtenir 1 fr. par litre de lait produit (même tarif qu'il y a trente ans!). Que faisait l'Union suisse des paysans? Pourquoi n'est-elle jamais montée aux barricades pour recevoir un prix juste du lait?
J'ai appris par un paysan, qui disait ne pas vouloir s'exprimer par peur de voir ses camarades lui tourner le dos, que de nombreux paysans étaient satisfaits de recevoir ces subventions et ne voulaient pas que cela change. Le profit qu'ils en tirent est satisfaisant par rapport au travail que les surfaces à entretenir (ou pas, selon leur conscience) leur donnent. D'autres se sont mis à transformer eux-mêmes leur lait en faisant du fromage. Ils s'en sortent.
Mme Chenevard me prévenait d'une possible pénurie de beurre chez nous! Les grands distributeurs préfèrent acheter le lait à l'étranger moins cher pour augmenter leur marge de bénéfice. Ça les arrangerait qu'il n'y ait plus de lait à acheter en Suisse: d'où une mort peut-être programmée de la paysannerie en Suisse. Adieu, l'autonomie alimentaire de notre pays!
Donnons un salaire aux paysans pour leur participation à l'entretien de notre territoire! Arrêtons de subventionner indirectement Migros et Coop et exigeons de leur part un prix d'achat du litre de lait décent et juste. Souhaitons que les consommateurs suisses évitent d'aller acheter leur beurre en France voisine, conscients de leur rôle à jouer dans la continuité de la production laitière suisse.
MARC GUÉNIAT; DUC-QUANG NGUYEN; SANDRA PERNET , ET (HEIDI.NEWS) @duc_qn
MILCH-LAIT-LATTE FILES Des données inédites révèlent que les deux géants orange engrangent une marge considérable sur une gamme de produits laitiers. Ces marges sont bien supérieures aux niveaux en vigueur à l'étranger
Les Laiteries Réunies de Genève, c'est quoi?COMMERCE La coopérative est le numéro 7 des transformateurs au niveau suisseOn ne saura sans doute jamais pourquoi des pirates ont décidé de cibler les Laiteries Réunies de Genève (LRG) pour leur dérober un volume de données considérable. Des données sensibles qui concernent à la fois ses 300 collaborateurs et ses activités commerciales et industrielles. Le directeur général, Dominique Monney, n'a pas répondu à nos questions écrites, expliquant par téléphone que les LRG ont souffert du hacking et ne souhaitent plus s'exprimer sur le sujet. Il entend se concentrer sur le travail des 100 producteurs et des 600 sociétaires de la coopérative.Neuf filialesFondées en 1911 à Plan-les-Ouates, les LRG sont actives dans les produits laitiers et carnés, le négoce et la logistique. Le groupe compte neuf filiales comme Del Maître, Val d'Arve ou Maître Boucher, surtout à Genève, mais aussi en Valais et à Berne, et des participations minoritaires auprès de fromagers. A l'exception du jambon Del Maître, de la tomme Jean-Louis ou des flans TamTam, que les LRG produisent elles-mêmes, ses marques phares sont achetées sous licence pour la Suisse auprès de groupes étrangers, comme Sojasun, Galbani et Perle de Lait.
Pour ces produits, les LRG agissent comme négociant ou comme producteur.L'ensemble des activités du groupe a généré un chiffre d'affaires de 146 millions de francs l'an dernier pour un profit de 61 000 francs. Cependant, certaines filiales réalisent des bénéfices supérieurs, certains pans du groupe étant plus rentables que d'autres.Un ancien cadre des LRG, demeuré dans le secteur laitier et souhaitant rester anonyme, explique que la coopérative a changé de stratégie à la fin des années 2000, à la suite de la rupture de son contrat avec Danone. Même si elles ont récupéré Yoplait, « les LRG se sont repliées sur le marché local, explique-t-il. Le groupe vend de très beaux produits, mais ne peut affronter la concurrence sur le plan des volumes » .De fait, celle-ci est vive sur le marché du lait. En 2018, les LRG ont commercialisé 16 millions de kilos de lait, ce qui les classe au 14e rang national, bien loin de géants comme le courtier Mooh ou Aaremilch et Cremo.
La coopérative genevoise se hisse au 7e rang des transformateurs, étant là aussi nettement distancée par Emmi, Cremo ou le groupe Elsa-Mifroma, qui appartient à Migros. M. GTCOOP ET MIGROS DÉGAGENT LES PLUS GRANDES MARGESCOÛTS DE PRODUCTION DE PLUS D'UN FRANC PAR LITREMIGROS ET COOP EMPOCHENT LES PLUS GRANDES MARGES GRÂCE À DES COÛTS D'ACHAT PLUS BASPrix du lait: marges grasses et vaches maigresCHIFFRES Le prix payé aux producteurs pour un litre de lait ne permet pas de couvrir les coûts de production. Plongée dans les méandres du calcul du prix du lait avec les premiers concernésSabine Bourgeois Bach se tient au centre de l'étable et regarde avec tendresse son troupeau de 160 vaches laitières. Ici, entre le Jorat et la Broye, dans le canton de Vaud, on produit du lait pour le gruyère AOP. Surnommée « Sabine a dit » dans la région en raison de ses compétences, elle parle innovation, efficience, calcul des coûts et prix du lait. « Notre métier est l'un des seuls qui ne rédigent pas de facture. On sait combien on est payé après avoir vendu notre production. C'est une habitude qui remonte vraisemblablement à l'époque du servage. » L'éleveuse-entrepreneuse de 54 ans n'hésite pas à comparer la situation des producteurs de lait à celle des serfs face à leur seigneur. Le servage n'a disparu dans la région qu'au cours du XVIIe siècle. Les serfs appartenaient au seigneur par leur travail et les impôts dont ils devaient s'acquitter. « Aujourd'hui encore, on attend qu'on nous donne ce que l'on veut bien nous donner, poursuit Sabine Bourgeois Bach. C'est une erreur fondamentale. » La question du prix du lait et de la complexité de son calcul est une question de survie pour les fermes laitières, qui continuent à disparaître chaque année. De fait, le prix du lait est fixé non pas en fonction des coûts de production, mais de l'usage qui en est fait, décision sur laquelle l'éleveur n'a aucune prise.L'agricultrice pousse un tas de foin vers l'une de ses bêtes, qui s'empresse de le dévorer. De grands ventilateurs apportent un peu d'air à l'intérieur alors que les champs autour de la ferme sont écrasés par le soleil de l'après-midi. « Elles devraient être dans les pâturages, mais on doit les garder au frais. Chaque année, c'est pire. Il faudra une climatisation. » Un investissement de plus à prévoir.Sabine Bourgeois Bach fait partie d'European Dairy Farmers (EDF), un club international qui favorise l'échange d'expériences et de connaissances entre les producteurs laitiers. A ce titre, elle sait précisément quels sont ses coûts de production. En 2021, un litre de lait à la ferme du Naz coûtait 106,5 centimes à produire.Or le prix payé au producteur pour un litre de lait destiné à la production de gruyère AOP s'élevait en avril à 84,05 centimes, ce qui inflige à notre agricultrice un déficit de 21%. Et encore, il s'agit du lait le mieux payé en Suisse, beaucoup de producteurs ne touchent pas plus de 65 centimes. « Ces chiffres paraissent aberrants, dénonce l'agricultrice. Et pourtant, nous avons des coûts bas, car nous avons optimisé notre structure. La plupart de nos collègues de la Gruyère sont à 120 centimes le litre. » Berthe Darras, spécialiste du lait chez Uniterre, a publié, en 2020, un rapport détaillé sur le marché laitier. Comment les paysans parviennent-ils à s'en sortir? « La différence entre les coûts de production et le prix du lait est comblée par les paiements directs [subventions, ndlr], les activités annexes, le travail de la famille, les semaines de 80 heures et les emplois annexes du ou de la conjointe. » Selon le rapport, les paiements directs, qui sont des subventions fédérales, représentent en moyenne 23 à 44% du revenu des fermes laitières.Jean-Bernard Chevalley, producteur et élu UDC à Puidoux, vend son lait de vache à Mooh, le plus important acheteur de lait. Il touche 70 centimes par litre. S'il s'en sort, c'est grâce aux paiements directs et surtout en transformant lui-même son lait de brebis en fromage, yogourts et glaces. « C'est un scandale que les agriculteurs qui travaillent sans relâche soient aussi peu payés, s'insurge Mark Froelicher, directeur d'eXMAR, une société qui aide les PME à commercialiser leurs produits et spécialiste du milieu laitier. Sans les subventions, beaucoup de producteurs disparaîtraient et la production suisse ne suffirait plus. » A 6 km de la ferme du Naz, en terres fribourgeoises, se trouve un pionnier du lait équitable. Claude Demierre, 62 ans, affiche à l'entrée de sa ferme un panneau pour le lait à un franc. Il termine le travail de la matinée dans son étable. Ses 46 vaches sont bien installées à l'ombre. « Je me lève à 4h45 tous les jours depuis 1978. Je travaille en moyenne 70 à 80 heures par semaine, avec des pics à 100 heures. Si on comptait nos heures de travail, les coûts doubleraient. » Seule 10% de sa production est vendue comme lait équitable. Si bien qu'au mois d'avril 2022 il a touché en moyenne 60 centimes par litre. « Ce n'est pas la durée du travail qui est importante, ajoute-t-il, mais la rémunération qui est insuffisante. Ce qui est donné pour des prestations accessoires sert en vérité à faire survivre l'exploitation principale. Ce système est un cercle vicieux qui mène l'agriculteur à sa perte. » Les paiements directs lui apportent un complément, qu'il juge insatisfaisant. Car les subventions fédérales, issues des impôts payés par les contribuables suisses, rémunèrent des services d'intérêt général fournis par les agriculteurs (entretien du paysage, protection de l'environnement, etc.); elles ne sont pas liées à la production. « Nous sommes les jardiniers du pays à 5 francs de l'heure et en plus, aucune reconnaissance pour les efforts que nous faisons pour l'environnement et la protection des animaux. » Les agriculteurs interrogés se rejoignent sur ce point. Ils refusent de dépendre de l'argent public pour faire tourner leur exploitation et veulent recevoir un prix qui couvre leurs frais de production. Pour eux, le noeud du problème, ce sont les distributeurs. « Ce n'est jamais la grande distribution qui rogne ses marges, explique Jean-Bernard Chevalley. Le coût est reporté sur les autres acteurs de la chaîne: consommateur, producteur et transformateur. » Une augmentation pour du beurreCette année 2022 a été marquée par une hausse exceptionnelle du prix d'achat en raison de l'inflation. Pour le lait de centrale (dit aussi lait industriel), les producteurs reçoivent 5 centimes de plus par litre depuis mi-avril, alors que les augmentations des années précédentes ne dépassaient pas 2 centimes. En contrepartie, les prix sont bloqués jusqu'à la fin de l'année.Dans le même temps, les coûts du diesel, des engrais ou du fourrage ont explosé. Résultat: les producteurs toucheront moins que l'an passé. Sabine Bourgeois Bach, à Carrouges, est écoeurée: « Cette augmentation ne couvre pas la hausse des coûts, qui va s'accélérer d'ici à la fin de l'année. » Les perspectives ne sont pas réjouissantes. Les coûts de production vont continuer d'augmenter et les producteurs qui jettent l'éponge sont de plus en plus nombreux. De fait, la production n'a pas augmenté proportionnellement à la population. Pour Claude Demierre, des pénuries de produits laitiers, comme celle de beurre l'an passé, ne sont plus inenvisageables. « Tant que les gens peuvent remplir leur caddie, ils ne se posent pas de questions. Mais ça pourrait ne pas durer. » M. GT, D.-Q. N. ET S. PE.
« Aujourd'hui encore, on attend qu'on nous donne ce que l'on veut bien nous donner »
SABINE BOURGEOIS BACH, AGRICULTRICE
ÉCARTS Plus ou moins 20 centimes Le lait de centrale, celui qui est transformé par l'industrie, est acheté à trois prix différents: A, B et C, qui en avril étaient respectivement à 75,5, 67,7 et 52,7 centimes. Ce sont exactement les mêmes laits, la seule chose qui les différencie, c'est ce que l'on en fait: des produits à haute ou basse valeur ajoutée, pour le marché suisse ou pour l'exportation. Le paysan n'a aucune influence sur ce choix.De ce fait, le lait d'un même producteur sera divisé entre les catégories A et B, selon les besoins de l'industrie. Cette répartition varie d'un mois à l'autre et l'agriculteur ne découvre son revenu qu'à la réception du paiement, le mois suivant.
Il existe un point commun entre la tomme vaudoise du crémier, la célèbre mozzarella di latte di bufala Galbani et le yaourt végétal Sojasun à la myrtille. Ces trois gourmandises sont produites ou commercialisées par les Laiteries Réunies de Genève (LRG), une coopérative active sur le marché national (lire ci-dessous). S'il est facile de connaître leur prix de vente et de le comparer de magasin en magasin, la chaîne de valeur n'est jamais communiquée. Combien engrangent Migros et Coop en revendant cette tomme? Que perçoit le producteur de lait? Comment est rémunérée la transformation de la matière première? Le silence est d'or autour de ces questions.
Dans le commerce de détail, les marges des grandes enseignes sont un secret bien gardé. S'y ajoute, dans le domaine alimentaire, une concentration unique en Europe: les deux géants orange se partagent 76,8% de la consommation suisse, pour 22,9 milliards de francs en 2020, selon l'Office fédéral de l'agriculture. Les discounters, comme Lidl et Aldi, ou les épiceries se répartissent le solde. A lui seul, Migros écoule 20% de la production agricole du pays.
Des données d'intérêt public
Début avril, les serveurs des LRG ont été piratés et certaines données ont été diffusées sur le darknet. Heidi.news et Le Temps ont choisi d'en révéler une infime partie, en raison de l'intérêt public que ces données revêtent; elles lèvent une partie du voile sur les marges des grands distributeurs, comme Migros et Coop. Et mettent en évidence le déséquilibre entre ces marges, les plus élevées d'Europe, et la situation précaire des producteurs de lait, qui produisent à perte et ne survivent que grâce aux subventions - c'est-à-dire nos impôts. Car tel que fixé, le prix du lait ne couvre pas les coûts de production. Chaque année depuis vingt ans, le nombre d'exploitations diminue.
D'après Stefan Meierhans, le Monsieur Prix de la Confédération, « s'intéresser aux marges réalisées dans le secteur alimentaire revêt un intérêt public prépondérant. Car si les Suisses y consacrent une part modeste de leur budget [6,4%, ndlr], la nourriture reste un poste important pour les moins fortunés. » Ses services mènent une enquête sur les prix et les marges du secteur en lien avec la vente de produits bios. Une transparence d'autant plus justifiée en période d'inflation, estime Sophie Michaud Gigon, secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs.
Des marges « très disproportionnées »
C'est ce que pense aussi Anastasia Li, directrice de Promarca, une association qui regroupe 104 marques clientes de la grande distribution, dont un tiers touchent aux produits laitiers, comme le fromager Emmi: « A ma connaissance, de telles informations n'ont jamais été publiées officiellement. Il est important que les médias évoquent les marges de la distribution. » Sondés chaque année, ses membres estiment à une nette majorité que les marges de Migros et Coop sont « disproportionnées », voire « très disproportionnées » .
A partir des données des LRG, nous avons analysé 77 produits vendus sur les étals des grandes enseignes. Résultat: les marges brutes atteignent en moyenne 57% chez Coop, 46% chez Migros, 35% chez Aligro et 34% chez Manor. Pour parvenir à ces pourcentages, nous avons comparé le prix auquel les distributeurs achètent les produits aux LRG aux prix de vente dans leurs magasins. Cette démarche a été possible parce que les données concernent les prix actuels, tels que négociés entre mars et avril notamment. Les détaillants commercialisant moins de dix produits, comme Denner ou Volg, ont été exclus de l'échantillon. La comparaison des marges est limitée par le fait que le panier de produits n'est pas identique entre les détaillants. Il s'agit de marges brutes, qui mesurent la différence entre le prix d'achat et le prix de vente sans tenir compte des coûts. Selon les experts consultés, ce critère reste le plus pertinent pour comparer les distributeurs.
En fonction des stratégies commerciales, un même produit peut être vendu à un prix bien différent. Grâce à un contrat de licence conclu avec le groupe français Triballat Noyal, les LRG achètent le paquet de quatre Sojasun à la myrtille pour 1,21 franc. Il est aussitôt revendu 1,70 franc à Coop, qui le facture 3,35 francs au consommateur, empochant au passage une marge de 92%. A l'inverse, Aligro réalise une marge inférieure de moitié, proposant à sa clientèle une meilleure offre sur un produit acquis plus cher. Manor achète encore plus cher mais propose aussi un prix inférieur à celui de Coop.
Dans la même veine, Migros obtient ses flans TamTam au chocolat suisse meilleur marché que Coop, mais les revend plus cher, pour une marge de 58%, contre 39% chez son grand concurrent. Revenons à l'emblématique tomme vaudoise du crémier, produite par les LRG et qu'il est difficile de rater dans les rayons des deux géants suisses de la distribution. Sur ce produit, Migros et Coop s'octroient une marge similaire, de plus de 66% - une performance commerciale à faire pâlir d'envie les marchés financiers. Cette tomme, et ses 45% de matières grasses, est en vente 25 centimes meilleur marché chez Migros, mais ce dernier parvient à l'acquérir à moindre prix auprès des Laiteries Réunies. Un signe de sa puissance sur le marché?
« A ma connaissance, de telles informations n'ont jamais été publiées officiellement »
ANASTASIA LI, DIRECTRICE DE PROMARCA
« Une marge d'environ 25% devrait suffire pour les produits laitiers »
MARK FROELICHER, COFONDATEUR D'EXMAR
Les Laiteries Réunies de Genève, c'est quoi?COMMERCE La coopérative est le numéro 7 des transformateurs au niveau suisseOn ne saura sans doute jamais pourquoi des pirates ont décidé de cibler les Laiteries Réunies de Genève (LRG) pour leur dérober un volume de données considérable. Des données sensibles qui concernent à la fois ses 300 collaborateurs et ses activités commerciales et industrielles. Le directeur général, Dominique Monney, n'a pas répondu à nos questions écrites, expliquant par téléphone que les LRG ont souffert du hacking et ne souhaitent plus s'exprimer sur le sujet. Il entend se concentrer sur le travail des 100 producteurs et des 600 sociétaires de la coopérative.Neuf filialesFondées en 1911 à Plan-les-Ouates, les LRG sont actives dans les produits laitiers et carnés, le négoce et la logistique. Le groupe compte neuf filiales comme Del Maître, Val d'Arve ou Maître Boucher, surtout à Genève, mais aussi en Valais et à Berne, et des participations minoritaires auprès de fromagers. A l'exception du jambon Del Maître, de la tomme Jean-Louis ou des flans TamTam, que les LRG produisent elles-mêmes, ses marques phares sont achetées sous licence pour la Suisse auprès de groupes étrangers, comme Sojasun, Galbani et Perle de Lait. Pour ces produits, les LRG agissent comme négociant ou comme producteur.L'ensemble des activités du groupe a généré un chiffre d'affaires de 146 millions de francs l'an dernier pour un profit de 61 000 francs. Cependant, certaines filiales réalisent des bénéfices supérieurs, certains pans du groupe étant plus rentables que d'autres.Un ancien cadre des LRG, demeuré dans le secteur laitier et souhaitant rester anonyme, explique que la coopérative a changé de stratégie à la fin des années 2000, à la suite de la rupture de son contrat avec Danone. Même si elles ont récupéré Yoplait, « les LRG se sont repliées sur le marché local, explique-t-il. Le groupe vend de très beaux produits, mais ne peut affronter la concurrence sur le plan des volumes » .De fait, celle-ci est vive sur le marché du lait. En 2018, les LRG ont commercialisé 16 millions de kilos de lait, ce qui les classe au 14e rang national, bien loin de géants comme le courtier Mooh ou Aaremilch et Cremo. La coopérative genevoise se hisse au 7e rang des transformateurs, étant là aussi nettement distancée par Emmi, Cremo ou le groupe Elsa-Mifroma, qui appartient à Migros. M. GTCOOP ET MIGROS DÉGAGENT LES PLUS GRANDES MARGESCOÛTS DE PRODUCTION DE PLUS D'UN FRANC PAR LITREMIGROS ET COOP EMPOCHENT LES PLUS GRANDES MARGES GRÂCE À DES COÛTS D'ACHAT PLUS BASPrix du lait: marges grasses et vaches maigresCHIFFRES Le prix payé aux producteurs pour un litre de lait ne permet pas de couvrir les coûts de production. Plongée dans les méandres du calcul du prix du lait avec les premiers concernésSabine Bourgeois Bach se tient au centre de l'étable et regarde avec tendresse son troupeau de 160 vaches laitières. Ici, entre le Jorat et la Broye, dans le canton de Vaud, on produit du lait pour le gruyère AOP. Surnommée « Sabine a dit » dans la région en raison de ses compétences, elle parle innovation, efficience, calcul des coûts et prix du lait. « Notre métier est l'un des seuls qui ne rédigent pas de facture. On sait combien on est payé après avoir vendu notre production. C'est une habitude qui remonte vraisemblablement à l'époque du servage. » L'éleveuse-entrepreneuse de 54 ans n'hésite pas à comparer la situation des producteurs de lait à celle des serfs face à leur seigneur. Le servage n'a disparu dans la région qu'au cours du XVIIe siècle. Les serfs appartenaient au seigneur par leur travail et les impôts dont ils devaient s'acquitter. « Aujourd'hui encore, on attend qu'on nous donne ce que l'on veut bien nous donner, poursuit Sabine Bourgeois Bach. C'est une erreur fondamentale. » La question du prix du lait et de la complexité de son calcul est une question de survie pour les fermes laitières, qui continuent à disparaître chaque année. De fait, le prix du lait est fixé non pas en fonction des coûts de production, mais de l'usage qui en est fait, décision sur laquelle l'éleveur n'a aucune prise.L'agricultrice pousse un tas de foin vers l'une de ses bêtes, qui s'empresse de le dévorer. De grands ventilateurs apportent un peu d'air à l'intérieur alors que les champs autour de la ferme sont écrasés par le soleil de l'après-midi. « Elles devraient être dans les pâturages, mais on doit les garder au frais. Chaque année, c'est pire. Il faudra une climatisation. » Un investissement de plus à prévoir.Sabine Bourgeois Bach fait partie d'European Dairy Farmers (EDF), un club international qui favorise l'échange d'expériences et de connaissances entre les producteurs laitiers. A ce titre, elle sait précisément quels sont ses coûts de production. En 2021, un litre de lait à la ferme du Naz coûtait 106,5 centimes à produire.Or le prix payé au producteur pour un litre de lait destiné à la production de gruyère AOP s'élevait en avril à 84,05 centimes, ce qui inflige à notre agricultrice un déficit de 21%. Et encore, il s'agit du lait le mieux payé en Suisse, beaucoup de producteurs ne touchent pas plus de 65 centimes. « Ces chiffres paraissent aberrants, dénonce l'agricultrice. Et pourtant, nous avons des coûts bas, car nous avons optimisé notre structure. La plupart de nos collègues de la Gruyère sont à 120 centimes le litre. » Berthe Darras, spécialiste du lait chez Uniterre, a publié, en 2020, un rapport détaillé sur le marché laitier. Comment les paysans parviennent-ils à s'en sortir? « La différence entre les coûts de production et le prix du lait est comblée par les paiements directs [subventions, ndlr], les activités annexes, le travail de la famille, les semaines de 80 heures et les emplois annexes du ou de la conjointe. » Selon le rapport, les paiements directs, qui sont des subventions fédérales, représentent en moyenne 23 à 44% du revenu des fermes laitières.Jean-Bernard Chevalley, producteur et élu UDC à Puidoux, vend son lait de vache à Mooh, le plus important acheteur de lait. Il touche 70 centimes par litre. S'il s'en sort, c'est grâce aux paiements directs et surtout en transformant lui-même son lait de brebis en fromage, yogourts et glaces. « C'est un scandale que les agriculteurs qui travaillent sans relâche soient aussi peu payés, s'insurge Mark Froelicher, directeur d'eXMAR, une société qui aide les PME à commercialiser leurs produits et spécialiste du milieu laitier. Sans les subventions, beaucoup de producteurs disparaîtraient et la production suisse ne suffirait plus. » A 6 km de la ferme du Naz, en terres fribourgeoises, se trouve un pionnier du lait équitable. Claude Demierre, 62 ans, affiche à l'entrée de sa ferme un panneau pour le lait à un franc. Il termine le travail de la matinée dans son étable. Ses 46 vaches sont bien installées à l'ombre. « Je me lève à 4h45 tous les jours depuis 1978. Je travaille en moyenne 70 à 80 heures par semaine, avec des pics à 100 heures. Si on comptait nos heures de travail, les coûts doubleraient. » Seule 10% de sa production est vendue comme lait équitable. Si bien qu'au mois d'avril 2022 il a touché en moyenne 60 centimes par litre. « Ce n'est pas la durée du travail qui est importante, ajoute-t-il, mais la rémunération qui est insuffisante. Ce qui est donné pour des prestations accessoires sert en vérité à faire survivre l'exploitation principale. Ce système est un cercle vicieux qui mène l'agriculteur à sa perte. » Les paiements directs lui apportent un complément, qu'il juge insatisfaisant. Car les subventions fédérales, issues des impôts payés par les contribuables suisses, rémunèrent des services d'intérêt général fournis par les agriculteurs (entretien du paysage, protection de l'environnement, etc.); elles ne sont pas liées à la production. « Nous sommes les jardiniers du pays à 5 francs de l'heure et en plus, aucune reconnaissance pour les efforts que nous faisons pour l'environnement et la protection des animaux. » Les agriculteurs interrogés se rejoignent sur ce point. Ils refusent de dépendre de l'argent public pour faire tourner leur exploitation et veulent recevoir un prix qui couvre leurs frais de production. Pour eux, le noeud du problème, ce sont les distributeurs. « Ce n'est jamais la grande distribution qui rogne ses marges, explique Jean-Bernard Chevalley. Le coût est reporté sur les autres acteurs de la chaîne: consommateur, producteur et transformateur. » Une augmentation pour du beurreCette année 2022 a été marquée par une hausse exceptionnelle du prix d'achat en raison de l'inflation. Pour le lait de centrale (dit aussi lait industriel), les producteurs reçoivent 5 centimes de plus par litre depuis mi-avril, alors que les augmentations des années précédentes ne dépassaient pas 2 centimes. En contrepartie, les prix sont bloqués jusqu'à la fin de l'année.Dans le même temps, les coûts du diesel, des engrais ou du fourrage ont explosé. Résultat: les producteurs toucheront moins que l'an passé. Sabine Bourgeois Bach, à Carrouges, est écoeurée: « Cette augmentation ne couvre pas la hausse des coûts, qui va s'accélérer d'ici à la fin de l'année. » Les perspectives ne sont pas réjouissantes. Les coûts de production vont continuer d'augmenter et les producteurs qui jettent l'éponge sont de plus en plus nombreux. De fait, la production n'a pas augmenté proportionnellement à la population. Pour Claude Demierre, des pénuries de produits laitiers, comme celle de beurre l'an passé, ne sont plus inenvisageables. « Tant que les gens peuvent remplir leur caddie, ils ne se posent pas de questions. Mais ça pourrait ne pas durer. » M. GT, D.-Q. N. ET S. PE. « Aujourd'hui encore, on attend qu'on nous donne ce que l'on veut bien nous donner » SABINE BOURGEOIS BACH, AGRICULTRICEÉCARTSPlus ou moins 20 centimesLe lait de centrale, celui qui est transformé par l'industrie, est acheté à trois prix différents: A, B et C, qui en avril étaient respectivement à 75,5, 67,7 et 52,7 centimes. Ce sont exactement les mêmes laits, la seule chose qui les différencie, c'est ce que l'on en fait: des produits à haute ou basse valeur ajoutée, pour le marché suisse ou pour l'exportation. Le paysan n'a aucune influence sur ce choix.De ce fait, le lait d'un même producteur sera divisé entre les catégories A et B, selon les besoins de l'industrie. Cette répartition varie d'un mois à l'autre et l'agriculteur ne découvre son revenu qu'à la réception du paiement, le mois suivant.
Illustration(s) :
Claude Demierre, agriculteur à Ecublens (FR): « Si on comptait nos heures de travail, les coûts doubleraient. »
Sabine Bourgeois Bach, agricultrice à Carrouge (VD): « Notre métier est l'un des seuls qui ne rédigent pas de facture. » A droite: ses vaches. (PHOTOS: EDDY MOTTAZ/LE TEMPS)
Le kéfir est un produit laitier fermenté ayant un léger goût acide, une carbonatation naturelle et un arôme. Traditionnellement, le kéfir est produit par inoculation de lait avec des grains de kéfir, dont la couleur varie du blanc au jaune, comprenant une matrice inerte (polysaccharides et protéines) associée à une importante population de bactéries lactiques, de bactéries acétiques et de levures. Le kéfir a suscité un intérêt particulier en raison de ses nombreux effets bénéfiques sur la santé. Les bienfaits pour la santé associés au kéfir sont la prolifération gastro-intestinale, la propriété antibactérienne, l'effet anticancérigène, l'effet hypocholestérolémique, les propriétés antidiabétiques, l'activité antimutagène, l'activité β-galactosidase, l'effet sur le niveau de lipides et la pression artérielle, la protection contre l'apoptose, les propriétés antiallergiques, l'action anti-inflammatoire, la colonisation bactérienne, la capacité immunomodulatrice et les effets curatifs. Il est nécessaire de procéder à des essais cliniques systématiques pour mieux comprendre les effets de l'utilisation régulière du kéfir sur la prévention des maladies. L'objectif de ce manuscrit est d'expliquer les principaux effets bénéfiques du kéfir sur la santé humaine.
huile d’arachide, huile de carthame, huile de maïs