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Plusieurs pays européens misent sur les logiciels libres. Aux États-Unis, ce n'est pas le cas. Aux dernières nouvelles d'outre-Atlantique, la Suisse a fait un grand pas en avant avec sa "Loi fédérale sur l'utilisation de moyens électroniques pour l'accomplissement de tâches de l'administration" (EMBAG). Cette loi révolutionnaire prévoit la publication des logiciels libres du gouvernement fédéral.
Ce projet a été abandonné. Ces pages sont conservées ici à fins d'archivage.
Classement des logiciels libres comme patrimoine de l'humanité
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Le groupe de travail a été mis en place le 7 janvier 2002 par l'APRIL et la FSF France. L'idée originale est de Pierre Jarillon (président de l'ABUL. L'objectif est d'obtenir le classement des logiciels libres au patrimoine immatériel mondial selon l'UNESCO.
Pourquoi ? D'abord il faut bien comprendre que cela serait profitable à la communauté du libre, mais aussi à l'humanité dans son ensemble. Le logiciel libre n'est pas seulement une question d'informatique, de technique ou même de licences. Il est ici question de liberté, d'égalité et de fraternité. Liberté de copier, d'étudier, de modifier et de redistribuer des logiciels ou des documentations. Égalité, les mêmes droits pour tous les utilisateurs, sans discrimination. Fraternité, car il s'agit de partage et d'entraide. Ajoutons que le logiciel libre fait déjà partie du patrimoine de l'humanité, de fait. Nous cherchons à obtenir cette reconnaissance par l'UNESCO. Les valeurs précitées sont communes à la communauté du libre et à l'UNESCO.
Voyons maintenant ce que cette reconnaissance amènerait plus particulièrement à la communauté du libre. D'abord un soutien énorme, car l'UNESCO est une organisation parmi les plus importantes et bénéficie d'une aura importante. Cela donnerait une reconnaissance majeure au libre, ainsi qu'une très large diffusion. Une promotion à l'échelle planétaire en quelque sorte. Enfin cela accorderait aussi une protection juridique aux logiciels libres (via le service juridique de l'UNESCO), contre les menaces qui pèsent sur lui.
Une société numérique libre et durable : conférence de Stallman (RMS) à Genève
Romain Culture, Informatique, La Suisse, Logiciels libres 2010-11-06
Contents
- Les dangers de l’informatisation de la société
- La surveillance
- La censure
- Le logiciel libre par Stallman
- Le concept (rapidement)
- Le « logiciel comme service », ou cloud computing
- La guerre contre le partage
- Self trip de RMS
- Questions
- Conclusion
Jeudi 4 novembre, Richard M. Stallman était à Genève pour une conférence en français dans le texte intitulée « Une société numérique libre et durable ». En voici un résumé enrichi de citations de @RMS à cette occasion. L’amphithéâtre de l’Hepia dans lequel il a donné cette conférence était comble, contrairement à ce dont j’aurais pu m’attendre, vu le silence radio qui était présent autour de cette série de conférences en Suisse romande (http://www.ynternet.org/ynternet.org/rms-tour)
Tout d’abord, je précise que j’ai trouvé sa conférence très proche de celles qu’il a pu faire auparavant, notamment celle qu’il a donné à l’occasion de la sortie de sa biographie autorisée, dans les locaux des éditions Eyrolles, que vous pouvez voir en intégralité ici : http://www.dailymotion.com/video/xbvaq1_richard-stallman-et-la-revolution-d_tech. Il a cependant développé des idées un peu plus générales sur la société au cours d’un petit laïus introductif.
Les dangers de l’informatisation de la société
L’informatisation massive a de quoi faire peur, et elle fait peur à RMS qui y voit un risque énorme pour la société. Dans plusieurs domaines.
La surveillance
Pour rms, l’informatique et l’internet permet la surveillance globale d’une société et de ses citoyens. Elle permettra la surveillance d’un pays par un dictateur futur. Pour lui, ce dictateur n’est pas encore arrivé dans les pays occidentaux, même si sa certitude paraît peu claire. Y aurait-il des dictateurs en sommeil au sein des chefs d’état des pays occidentaux ?
Les téléphones portables (« natel » en Suisse) sont pour lui une grosse menace en ce qu’ils peuvent permettre la geolocalisation s’ils sont munis de GPS, ou même la localisation par triangularisation du signal. Ce genre de pratique peut être effectué même si l’appareil est éteint, du coup le seul remède est d’ôter la batterie. Cette peur de la surveillance a pendant de longues années empêché Stallman de posséder un téléphone portable.
La censure
Internet et l’informatique permettent aussi la censure d’état. La Chine la pratique mais on peut s’y attendre car c’est une dictature. Ce qui angoisse plus rms, c’est que les pays démocratiques semblent être de plus en plus tentés. Il cite l’exemple du Danemark qui dispose d’une liste noire secrète de sites bloqués, qui avait été dévoilée par Wikileaks (encore eux !) et qui avait valu à la page de Wikileaks d’être ajoutée à cette liste car pour rms :
La première règle de la censure, c’est « on ne parle pas de la censure »
Je ne sais pas si la référence à Fight Club était volontaire, en tout cas elle a amusé l’audience.
Il cite également les exemples de l’Australie, et des États-Unis qui « veulent éliminer tous les domaines accusés de soutenir le partage, et ce, sans procès ». Une disposition qui nous rappelle fortement les lois répressives en la matière récemment votées, ou en passe de l’être.
La censure n’est pas un phénomène nouveau, elle a toujours existé, et en tout temps les gouvernants ont voulu garder un contrôle sur les informations dont disposaient leur peuple. Le problème d’Internet, comme on peut le voir en Chine, est qu’il la rend beaucoup plus aisée.
Pour rms, il n’est d’idée qu’il soit légitime de censurer. Il cite les lois qui interdisent l’expression d’idées racistes ou néo-nazies, principalement en Europe.
Les opinions interdites sont détestables mais la liberté d’expression signifie la liberté de l’expression des idées que nous détestons
C’est une vision très américaine de la liberté d’expression qui a ses avantages et ses inconvénients, mais qui n’est pas vraiment dans la mentalité européenne, ou tout de moins française. C’est pourquoi on pourra discuter de la pertinence de cette assertion. Une chose est sûre, pour lui,
La censure mène à la tyrannie
À partir de là, Stallman revient à son discours classique sur les logiciels libres, donc ceux qui y sont familiers ne sont pas obligés de tout lire :)
Le logiciel libre par Stallman
Le concept (rapidement)
Stallman aborde donc le vaste sujet du mouvement des logiciels libres, dont il est l’initiateur, dans sa novlangue qui amuse même les libristes les plus convaincus.
Le problème principal des logiciels privateurs est qu’ils instaurent des « menottes numériques » qui ôte la liberté des utilisateurs. (ça commence bien…). À l’inverse, le logiciel libre peut être résumé en trois mots : Liberté, égalité, fraternité. (Là le public éclate de rire, manifestement ils ne l’ont jamais entendu s’exprimer sur le sujet…).
Liberté car il permet à chacun d’utiliser librement le programme. Égalité car tous les utilisateurs dispose de cette même liberté, et fraternité car il encourage la coopération entre les utilisateurs.
Les logiciels privateurs contiennent des lignes de programme destinées à 3 principales activités malveillantes : la surveillance de l’utilisateur, la censure, ou la création d’« arrières-portes » (lol) qui permettent au propriétaire de garder un contrôle sur le logiciel.
Un logiciel que tu connais peut-être qui contient ces 3 types de malwares c’est Microsoft Windows
Pour Stallman,
Windows est malware
Mais ce n’est pas le seul, il y a également le Mac, et les nouveaux produits d’Apple, comme l’iPad, qu’il préfère appeler iBad. C’est également le cas de Flash, mais dans un version perverse car
On n’est pas obligé de payer pour être abusé par ce programme
Le « logiciel comme service », ou cloud computing
RMS aborde le problème du cloud computing, qu’il appelle « logiciel comme service » dans sa conférence. Ce problème est distinct du logiciel privateur dans la technique, mais la conséquence est la même, il ôte la liberté et le contrôle de l’utilisateur. Quand les mails sont sur Gmail, que les documents sont sur Google Docs, etc, l’utilisateur n’est plus propriétaire de ses données.
La guerre contre le partage
Un bienfait du progrès technologique, est l’extrême facilité de la copie. Mais une guerre contre le partage est en cours, des entreprises veulent diviser les utilisateurs pour mieux régner sur eux (à mettre en parallèle avec la théorie des niveaux de connaissance de Soudoplatoff, internet et les forums de discussion font passer les gens de l’état « tout le monde sait » à « tout le monde sait que les autres savent »). C’est une guerre injuste pour Stallman, car ces entreprises ont énormément de pouvoir.
Les politiciens qui se sont vendus aux entreprises ont publié des lois contraires aux pricipes de la justice
Il cite l’exemple de la France, pour lui le procès mis en place par la loi Hadopi est si rapide qu’il voit plus ça comme une excuse que comme un procès. Il existe même des lois qui interdisent l’utilisation de logiciels libres permettant d’ôter les menottes numériques. On connaît la galère de ceux qui achètent des blue-ray, au lieu de télécharger des .mkv HD comme tout le monde.
Pour lui, l’argument de la défense des artistes est plus qu’un alibi, c’est un mensonge !
Ce sont les entreprises qui volent les artistes, il ne reste plus rien qui puisse être volé par nous
Mais l’excuse des grandes stars est souvent évoquée. Le problème est qu’ils sont très peus, mais gagnent énormément.
Il faut légaliser le partage parce que partager est bon
Attaquer le partage c’est attaquer la société
Appuyer les artistes est un bon but. Mais l’interdiction du partage ne produit pas ce but.
Pour Stallman, il existe deux techniques pour soutenir les artistes :
Utiliser l’argent public (impôts, etc.). Mais comment répartir l’argent ? En fonction du succès de l’artiste, c’est indéniable, mais pas à en progression linéaire. Car il ne serait pas juste qu’un artiste 1000 fois plus connu qu’un autre gagne 1000 fois plus. Stallman recommande la progression suivant la racine cubique du succès, afin qu’un artiste 1000 fois plus connu ne touche que 10 fois plus d’argent qu’un artiste 1000 fois moins connu.
Le mécénat global. Il faut éliminer l’obstacle de l’envoi de l’argent. S’il y avait un bouton sur lequel on pourrait appuyer pour envoyer un euro à un artiste, beaucoup appuieraient dessus pour financer les artistes.
Self trip de RMS
À ce moment là, Stallman décide de mettre en vente aux enchères un gnou en peluche dont les bénéfices seront reversés à la FSF.
Vous pouvez voir la vidéo pour ceux qui ont un navigateur compatible html5, et téléchargez-là pour les autres. (Je n’allais quand même pas mettre un player flash dans un billet sur Stallman, un peu de cohérence…^^)
Le gnou a tout de même atteint les 370 francs suisse, ce qui n’est pas rien pour une peluche !
Télécharger la vidéo
Questions
Les questions se sont succédées, sans grand intérêt pour la plupart, ne faisant que faire répéter Stallman sur des sujets qu’il avait déjà abordé.
Juste deux petites citations amusantes durant ces questions.
— Comment voyez-vous le futur de GNU/Linux ?
— Je ne vois pas le futur, car le futur dépend de vous :)
Faire du logiciel libre n’interdit pas de faire du logiciel privé. Je peux créer un programme uniquement pour moi, et il sera libre pour ses utilisateurs puisqu’il n’y aura qu’un seul utilisateur, moi.
Pour ma part, je suis allé lui posé une question qui me taraudait depuis un bout de temps : Quid des objets « intelligents » ? Est-ce que tout appareil contenant des logiciels doit-il contenir des logiciels libres ? À l’heure où les voitures partent en réparation plus souvent pour des raisons de software que de matériel, je voulais connaître son avis sur la liberté des logiciels de ces appareils.
Après que Stallman a trouvé que j’avais posé une bonne question (Ouuuuuaaahh…), il m’a raconté qu’il s’était demandé, étant jeune, si son micro onde contenait des logiciels, et si oui, s’ils étaient libres. Il m’a dit avoir tranché aujourd’hui sur cette question : pour lui, si un appareil n’est pas destiné à recevoir l’installation de programmes, alors ils n’ont pas la nécessité d’être libres, ni d’être explicités. Effectivement, on sent bien le problème d’avoir des logiciels libres qui pourraient commander les fonctions principales d’une voiture, par exemple. Les bidouilleurs du dimanche trouveraient rapidement le moyen de faire clignoter leurs clignotants n’importe comment, de désactiver des fonctions de sécurité pour faire telle ou telle chose bridée, etc.
Il me donne quand même l’exemple des voitures GM équipées par défaut d’un téléphone portable géolocalisé soi-disant pour des raisons d’assistance et de support. Ça le gêne, et il ne sait pas trop comment faire pour résoudre cette équation.
Je lui ai donc demandé (à la fin de la conférence, je n’ai pas pensé à cet exemple sur le coup) ce qu’il pensait des box des FAI qui ne délivrent pas les logiciels présents dans les box. Après tout, les box ne sont pas destinés à recevoir l’installation de programmes par l’utilisateur final, et en plus la plupart du temps, elle restent la possession du FAI, même si la location peut-être comprise dans le prix de l’abonnement. Il m’a répondu que c’était quand même différent, et dit qu’ils allaient (la FSF) intenter des procès à plusieurs opérateurs internet pour violation des conditions d’utilisation de la GPL. Bref, je gardais une impression mitigée de cette semi-réponse.
Conclusion
Cette conférence était très intéressante, au sens où même si les sujets abordés et les thèses défendues sont les mêmes mot pour mot avec d’autres conférences (voir plus haut), c’est bon d’entendre quelqu’un des idées peut-être utopistes. Alors bien sûr, Stallman est un hacker, si la question que vous lui posez ne l’intéresse pas, il va vous demander de partir, et pas de la façon la plus polie du monde. Ça en a d’ailleurs refroidi plus d’un :)
Bien entendu, des domaines plus récents qui sortent du cadre de l’informatique pure sont encore peu clairs, et méritent une réflexion un peu différente. Mais Stallman reste quand même un très grand monsieur, et lui parler en face à face à la fin d’une conférence a quelque chose de spécial, probablement similaire à une jeune adolescente pré-pubère qui parviendrait à obtenir une photo avec Justin Bieber/Tokyo Hotel.
Voilà, j’attends plus Stallman au tournant sur ses deux prochaines conférences à Genève, et principalement la table ronde Revenu universel, et s’il rimait avec avenir ? avec que du beau monde. À la prochaine !
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Address: http://blog.romainriviere.fr/2010/11/une-societe-numerique-libre-et-durable-conference-de-stallman-rms-a-geneve/
« [Vite dit] Sans contrefaçon, mais avec un peu de plagiat ?