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Pour lui, le doute n’est pas permis. De ce qu’il a pu voir en comparant les marges brutes sur des produits agricoles bio comparées à celles sur les mêmes produits non-bio, la marge était plus profitable pour le bio «quatre fois sur cinq», note-t-il, taclant au passage le «manque de coopération» des entreprises.
Monsieur Prix leur a fait une proposition: puisque les consommateurs disent être prêts à acheter du bio si le prix est plus élevé de 10 à 30% par rapport à son équivalent conventionnel, l’idée aurait été de ne pas gonfler les marges sur le bio si le prix du produit est de plus de 20% supérieur à celui du produit non-bio. «Malheureusement, ces entreprises n’ont pas souhaité prendre un tel engagement, qui les aurait contraintes à réduire leurs prix», constate-t-il.
Selon Coop, il est plus judicieux de comparer la marge nette plutôt que la marge brute. Selon un consultant international en commerce de détail, le commerce alimentaire de détail génère en principe des marges faibles (les marges EBITDA se situent en général entre 4 et 8% et l'EBIT entre 2 et 5% du chiffre d'affaires net). Selon Migros, les facteurs d'influence mentionnés dans sa requête et ayant le plus d'impact sur la marge (comprise comme la différence entre le prix d'achat et le prix de vente) dans le commerce de détail alimentaire constituent des secrets d'affaires (même s'ils ne sont pas quantifiés). Une attitude discutable, car les points de coûts correspondants peuvent non seulement être énumérés par le bon sens, mais aussi être répertoriés en ligne sur différents sites, comme par exemple dans l'aperçu du conseiller en commerce de détail mentionné ci-dessus. On peut penser par exemple à la location de surfaces commerciales, aux frais de personnel, aux frais d'informatique, de marketing, de logistique et de publicité.
En outre, un concurrent fait également valoir des coûts de liquidation plus élevés pour les frais de justice, car "le bio [...] se porte généralement moins bien que le conventionnel, car il est perçu comme plus cher". Les dépenses de recherche pour le développement de produits plus efficaces
des méthodes de culture et des formations pour les collaborateurs, et il faudrait effectuer des contrôles en matière de pesticides et de tromperie/authenticité.
Le poste RP et publicité semble particulièrement pertinent, car la gamme bio est souvent utilisée "comme plateforme de communication", c'est-à-dire comme moyen d'attirer des clients intéressants dans les magasins (une observation que l'on retrouve également aux Pays-Bas, mais avec des signes différents en ce qui concerne les marges, voir ci-dessous).
Le Surveillant des prix estime que ce dernier point est particulièrement discutable, car il existe manifestement de gros problèmes de délimitation, qui rendraient une évaluation par des personnes extérieures extrêmement difficile. Des coûts de marketing supplémentaires d'environ [0-10%] du prix de vente pourraient être dus non pas au produit en soi, mais au positionnement de l'entreprise qui, sur le marché, se veut durable. tente de se positionner comme particulièrement durable. Les surcoûts internes liés aux processus constituent un bloc de coûts encore plus important que les coûts de publicité / RP / sponsoring, qui sont également cités de manière forfaitaire et dépassent parfois [10-20%]. du prix de vente (augmenté). Ceux-ci ne peuvent guère être plausibilisés. Même si l'on tient compte des coûts supplémentaires pour les dépenses accrues lors de la liquidation et de l'amortissement des marchandises au point de vente. environ [60-70%] des produits bio considérés d'un grand fournisseur présentaient encore une marge nette résultante (en francs, pas en pourcentage) plus élevée que les produits conventionnels.
tuelle) que leur équivalent conventionnel.
Le diagnostic débute par un rappel historique avec l’ouverture, en 1963, du premier supermarché Carrefour, dans une société de consommation qui bat son plein. A l’époque, le chiffre d’affaires attendu par la direction pour 1970 était de 1 milliard de francs pour une marge brute de 15 %, soit 150 millions ; soixante ans plus tard, les marges ont fondu.
=> issu du documentaire à 2.38:
marge brute à 15%, frais généraux à 10%
Accepter de devoir sacrifier (souvent) sa marge
C'est le revers de la médaille. Pour espérer se faire une place dans les rayons, la marge laissée aux distributeurs doit être cohérente avec la politique du magasin. Ces derniers jouent le rôle d'intermédiaire entre la marque et les consommateurs, normal donc de leur laisser une marge. Le coefficient classique moyen appliqué en rayon est d'environ 30% de marge. Celui-ci peut être supérieur en fonction des rayons, notamment au frais où la marge sur les innovations peut avoisiner les 45% (voire plus encore), un taux élevé justifié aussi par le risque pris par le distributeur et le risque de devoir « jeter » le produit en cas d'invendus, ce qui est souvent le cas malheureusement sur les nouveautés.
Une enquête du quotidien Le Temps et de Heidi.news parue lundi révèle les marges des géants oranges sur les produits laitiers. La Migros se dégage par exemple une marge de 67% sur une tomme vaudoise. La Coop même 92% sur un yogourt aux myrtilles.
Selon les producteurs fribourgeois, c'est indécent, écœurant. Eux reçoivent environ 70 centimes par kilo, un tarif qui aujourd'hui ne couvre pas leur coût de production. "Le fait de ne jamais communiquer sur des marges, ça permet de garder les gens dans l'ignorance et de les garder plus dociles. Et la grande distribution toute-puissante continue de faire des marges sur le dos des producteurs qui ont toujours plus de peine à vivre", estime Anne Chenevard, présidente de Faireswiss, pour un lait équitable, une coopérative qui garantit une rémunération d'un franc par litre au producteur.
Dans le canton de Fribourg, le nombre de producteurs laitiers a diminué de 9% en l’espace de dix ans. En 2021, ils étaient encore 1200 agriculteurs fribourgeois à avoir des vaches laitières. Il faut savoir que 60% de la production cantonale est transformée en fromage AOP, et donc la matière première est mieux rémunérée que si le lait était transformé en yogourt. Ailleurs en Suisse, le nombre de producteurs de lait a diminué de 30% de 2011 à 2021. Beaucoup se découragent car la production se fait à perte.
Selon les chiffres obtenus par ces médias, le Tamtam au chocolat serait acheté environ 1,40 chf par Migros, revendu 2,30 chf (+58% de marge). Chez Coop, il est acheté 1,70 chf et revendu 2,40 (+39% de marge). Sur un échantillon de 15 à 30 produits laitiers, les médias révèlent les marges moyennes: +57% pour Coop, +46% pour Migros. En France, même ramené au coût de la vie, les marges seraient entre 19 et 34%.
Selon des chiffres avancés par la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), une chaîne de magasins bien gérée devrait se satisfaire d'une marge brute globale de 25% de son chiffre d'affaires pour couvrir ses frais (personnel, loyers, administration, publicité, amortissement des machines et autres).
Et en Suisse? Selon la NZZ, la part est bien plus élevée que ce qu’on observe chez nos voisins. Le quotidien alémanique a récemment indiqué que les marges au niveau du groupe Migros s’élevaient à 39% l’an dernier et celles de Coop à 32%. Une différence entre ces deux acteurs qui peut s’expliquer par la part importante de produits distributeur qui lui sont propres et fabriqués par des sociétés que Migros détient. Comme les deux géants orange détiennent de nombreuses marques et enseignes actives, notamment dans l’électronique, la santé, les loisirs ou le sport, les chiffres sont difficilement applicables pour les seuls supermarchés. Selon les calculs de la NZZ, les marges brutes des coopératives Migros s’élèvent en moyenne à 31%, celles de Coop aux alentours de 30%. Le cumul non détaillé des marges de distribution et de fabrication rend les premières invisibles et impossibles à comparer avec ce qui se passe à l’étranger. Les deux groupes se portent donc plutôt très bien, mais un taux de marge brute élevé peut aussi être le signe d’un manque de compétition.
Selon l'enquête menée par Le Temps et Heidi.news, les marges brutes de Coop atteignent les 57% et celles de Migros 46%. Ces données se trouvaient sur le darknet, à la suite d'un hacking début avril des serveurs des Laiteries réunies de Genève.
"Le producteur est tout simplement impuissant dans cette affaire. Je crois qu'il reste 20'000 producteurs et seulement deux ou trois grand acheteurs. Il y a clairement une disproportion de force, on est à la merci de quelques acheteurs", témoigne lundi dans le 19h30 Christian Blaser, producteur de lait.
Pour cet agriculteur vaudois, le combat devient trop compliqué. Il va prochainement abandonner sa production: "Nous avons des vieux bâtiments, il faudrait faire des investissements énormes, de l'ordre de 25'000 francs par vache. Si on envisage une quarantaine de vaches, on est à plus de 2 millions. On arrive à un moment charnière où il n'y a plus de perspectives."
RICHARD ÉTIENNE
COMMERCE DE DÉTAIL Les ventes des boutiques sans emballages ont chuté en 2021, en Suisse et en France, après plusieurs années de croissance. La faute au covid, aux grandes enseignes qui les concurrencent ou au commerce en ligne? Les hypothèses varient
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@RiEtienne
Chez Bio Bulk, une épicerie vrac du centre-ville de Lausanne, on fait grise mine. La boutique, qui vend des produits sans emballage et privilégie les circuits courts sans générer de déchets, se veut pourtant chaleureuse et accessible à tous les revenus. Des fondamentaux apparemment solides par les temps qui courent.
« Quasiment la moitié de ma clientèle s'est volatilisée depuis cet été. J'ai de la peine à comprendre où elle est passée », s'interroge Françoise Maden, qui a ouvert le magasin en 2020. « Je me pose beaucoup de questions pour les six mois à venir. » D'Yverdon à Echallens, en passant par Genève, les témoignages similaires se multiplient dans le secteur. « Tout le monde tire la langue », selon Françoise Maden, qui échange sur Facebook avec une quarantaine de boutiquiers.
En France, une association, Réseau Vrac, a estimé qu'il faut « raviver la flamme du vrac » car le secteur, selon une étude en décembre, ne connaîtra pas de croissance en 2021. L'Hexagone, qui recensait une vingtaine de magasins spécialisés en 2015, en compte désormais 900, avec une hausse de 70% en 2018, de 40% en 2019 et de 8% en 2020. Les boutiques, souvent de création récente, sans grande trésorerie et qui représentent 10% du marché français du vrac, ont perdu un tiers de leur clientèle depuis mai. Quelque 40% d'entre elles devraient avoir fermé leurs portes dans les six prochains mois. Aucune donnée n'existe pour la Suisse mais les témoignages recueillis par Le Temps indiquent que l'évolution est similaire
Consommateurs inquiets
Que s'est-il passé? Les explications varient. « Les consommateurs s'inquiètent des conditions d'hygiène liées au covid », selon Olivier Dauvers, un spécialiste de la grande distribution qui a organisé une conférence sur le vrac en juin à Paris. « Il y a eu des mauvaises publicités, qui ont faussé l'image du vrac et cassé la confiance de la clientèle », signale Olivier Richard. Le fondateur de Chez Mamie, un réseau de 13 magasins franchisés de Sion à Zurich, évoque des reportages sur des mites alimentaires infestant des cargaisons et des commerçants, opportunistes ou désorganisés, qui se font livrer de la marchandise qui est en réalité largement emballée.
« Faire du vrac, c'est réfléchir longtemps en amont sur des questions logistiques complexes », prévient Olivier Richard, qui estime que d'aucuns dans le secteur ont manqué de professionnalisme. « Il faut pouvoir faire des économies d'échelle [les magasins Chez Mamie collaborent avec les mêmes fournisseurs, ndlr] avoir des valeurs et trouver un bon emplacement, dit-il. On croit souvent, à tort, qu'il faut être au centre-ville. Nous privilégions les emplacements près des parkings car les clients, qui viennent avec les récipients qui prennent vite de la place, doivent pouvoir accéder en voiture. » Chez Mamie, les ventes alimentaires ont baissé mais les produits de niche, notamment le matériel pour fabriquer des cosmétiques, ont connu un vif succès.
Autre cause des difficultés des petites boutiques: La grande distribution a développé son assortiment de vrac. Coop dispose de stations de remplissage pour l'eau minérale et la bière et veut réduire d'un cinquième son utilisation de plastique par le biais d'articles jetables ou en ôtant des emballages. Migros, qui a fait part jeudi de son intention d'être neutre en carbone en 2050, vante sa politique zéro déchet et ouvre des espaces vracs et bios à travers le pays.
Françoise Maden estime que la concurrence des détaillants ne la touche guère car ils sont situés loin de sa boutique. Elle pense plutôt qu'une partie de sa clientèle s'est tournée vers l'e-commerce, une solution avec des risques minimes de contamination au Covid-19.
L'essor de MagicTomato
La croissance de MagicTomato, une enseigne genevoise qui livre des produits locaux commandés en ligne, s'est en tout cas encore accélérée durant la pandémie. Créé en 2016, le groupe a fusionné avec la société neuchâteloise Label Bleu en décembre, ce qui lui confère une présence dans la plupart des cantons romands et génère des économies d'échelle.
« Nous voulons être le plus pratique possible pour les consommateurs tout en partageant des valeurs répandues dans le vrac, même si nous ne proposons pas que du vrac », indique son fondateur, Paul Charmillot. MagicTomato se targue de drastiquement réduire la quantité d'emballages plastiques et de déchets alimentaires comparé aux grands distributeurs en allouant des forces auprès de fournisseurs locaux.
« Peut-être que la reprise d'un mode de vie à 100 à l'heure n'a pas aidé les épiceries de vrac », estime Paul Charmillot. « C'est dommage qu'il n'y ait pas de soutien étatique dans ces démarches. Il y a beaucoup de blabla politique mais aucune aide concrète pour les initiatives qui réduisent les émissions de CO2 et privilégient les circuits courts. L'Etat préfère manifestement soutenir les compensations de carbone », glisse-t-il.
« Les beaux jours reviendront car les fondamentaux sont solides », estime Olivier Dauvers. La demande, sociétale, pour une consommation plus vertueuse est de nature à soutenir le secteur. Le fait que les grandes marques s'y intéressent désormais va « participer à évangéliser le vrac auprès du public », selon Olivier Dauvers, qui cite aussi la loi climat, en France, qui contraint les grandes enseignes à dédier un cinquième de leur surface de vente à des produits sans emballage d'ici à 2030.
En attendant, à Lausanne, François Maden dit vouloir se mettre à livrer à domicile et entend investir dans un véhicule dans ce cadre. Pas question pour elle de collaborer avec une société de livraison car la démarche est jugée trop coûteuse.
« Il y a eu des mauvaises publicités, qui ont faussé l'image du vrac et cassé la confiance de la clientèle »
OLIVIER RICHARD, FONDATEUR DE CHEZ MAMIE
Distributeurs montrés du doigt: Migros et Coop: les marges sont loin d’être aussi nettes | 24 heures
Économie, samedi 2 juillet 2022 897 mots, p. 13
Migros et Coop: les marges sont loin d'être aussi nettes
En Suisse, des enquêtes-chocs étrillent les « marges » des supermarchés. En France, un rapport officiel relativise les profits nets des détaillants.
Pierre-Alexandre Sallier
Depuis le début de la semaine, deux enquêtes parallèles de la Fédération romande des consommateurs (FRC) ainsi que du duo Heidi.news et « Le Temps » rallument un dossier lancinant. Et en font un feu de forêt.
Les détaillants helvétiques « fixent des taux de marge allant jusqu'à la moitié du prix final payé par la clientèle » , alerte la FRC dans un communiqué. Sur 100 francs réglés en caisse, 50 sont donc captés par Migroop? L'affirmation a créé d'autant plus d'émotion que l'inflation commence à ronger le budget alimentation des ménages les moins aisés.
À l'autre bout de la chaîne, les exploitations agricoles sautent sur l'occasion: « Le Temps » , Heidi.news et la FRC révèlent les marges excessives de Migros et Coop; si ces coopératives étaient prêtes à prendre leurs responsabilités sociales - en abaissant leurs marges -, une majoration des prix d'achat aux paysans n'aurait aucun impact sur les prix à la consommation » , répétait vendredi le syndicat Uniterre.
Brutesou nettes?
À l'origine de ces révélations, une fuite de données d'un gros fournisseur de produits laitiers - les Laiteries Réunies de Genève - qui ont permis de retracer qui paie quoi. Sur des dizaines de produits. « Résultat: les marges brutes atteignent en moyenne 57% chez Coop, 46% chez Migros, 35% chez Aligro et 34% à Manor » , calcule Heidi.news.
Avant d'insister. « Le groupe Migros enregistre une marge brute de 39% - tout simplement le double de celle de Carrefour. » La phrase fait mouche, dans une région où beaucoup de familles vont remplir leur voiture en France voisine. Alors si, en plus des tarifs en euros, s'ajoutent des marges sans aucun rapport...
Que signifient réellement ces 50% ou 39%? Tout dépend. Car il y a un monde entre les marges « brutes » qui servent à tout payer - caissières, loyers, agents d'entretien - et celles, « nettes » , finissant dans la poche des propriétaires de l'enseigne ou dans du mécénat culturel. Pour y voir clair, rien à attendre des distributeurs. « Aucun détaillant ne vous donnera ses marges » , éludait il y a peu un porte-parole de Migros. Chez Coop, on répond « ne pas comprendre » ces chiffres. En ajoutant que, dans le commerce, les marges brutes seules ne signifient rien.
Il faut donc regarder ailleurs. Pourquoi pas en France? Bien sûr, les rapports de force entre les enseignes ou les salaires n'y ont rien à voir. Sauf que le pays offre un rare élément de comparaison: un bilan officiel, présenté chaque année aux parlementaires, par un bien nommé Observatoire des marges des produits alimentaires.
Cela tombe bien, la dernière édition remonte à... cette semaine. Et révèle que « pour l'ensemble des rayons alimentaires frais » des grandes et moyennes surfaces, « la marge brute est de 29,5% » . Plus intéressant, « leur marge nette ressort à 2,3% avant impôt et à 1,6% après impôt » .
Retour en Suisse. Une précédente enquête de la « Neue Zürcher Zeitung » indiquait que « les marges brutes des coopératives Migros s'élèvent en moyenne à 31% et celles de Coop autour de 30% » . Les calculs de la « NZZ » estimaient ensuite, pour Migros et Coop, « un bénéfice net réalisé d'environ 2% » .
Ce qui n'est pas si exotique, au regard de ce que Carrefour ou les Mousquetaires gardent en poche. D'autant que dans sa réponse, Coop assure que « pour 100 francs de chiffre d'affaires, [nous] réalis[ons], en tant que coopérative, un bénéfice de 1,80 franc » . Et invoque la concurrence « acharnée » régnant également en Suisse.
Quid des produits laitiers au centre des révélations? De l'autre côté de la frontière, ce rayon présente une marge brute de 24,3%, relève le rapport officiel. Mais ce qui reste en « net » n'a rien à voir: à peine 0,8%. En boulangerie, les marges sont même négatives.
Transparence
Au sein de la FRC, on estime à présent que l'enjeu dépasse cette bataille des pourcentages. « Tout autant que le niveau ou le type de marge, le problème demeure l'omerta qui règne en Suisse: si l'exploitation de leurs magasins, le paiement de leur personnel ou la mise en rayon nécessitent que les deux géants orange retiennent des marges de 40%, alors qu'ils l'expliquent » , pointe Jean Busché, l'un des auteurs de l'enquête.
Un rapport officiel, à la française, ne pourrait-il être envisagé? « Ici, il y a une asymétrie de pouvoir totale entre les géants de la distribution et les consommateurs - comme les producteurs - ce qui rend impossible d'espérer, sans volonté forte des pouvoirs publics à Berne, un niveau de transparence similaire » , doute le spécialiste de la FRC, qui a passé des mois à enquêter sur les profits des détaillants.
Pourtant, la menace que ferait peser une telle transparence, à l'échelle du secteur, reste limitée. « Le rapport français est loin de forcer les Carrefour et autres Auchan à révéler leurs secrets commerciaux » , souffle ce dernier.
« En France, au rayon frais, la marge nette ressort à 1,6%. »
Rapport officiel
de l'Observatoire français de la formation des prix et des marges des produits alimentaires
« Sans volonté forte de Berne, impossible d'espérer ici une transparence similaire. »
Jean Busché,
FRC
Zurich, dans l'une des deux principales enseignes du pays. Deux études retentissantes citent des taux de marge allant jusqu'à la moitié du prix payé à la caisse.
KEYSTONE/MICHAEL BUHOLZER
commentaires
bernie
02.07.2022
Comparer les marges brutes est un exercice périlleux, surtout si on ne sait pas qui fait quoi.Prenons une boîte de petits pois. Chez Coop, c'est en principe Hero. Mais Hero ne livre pas dans les magasins. Objectivement il livre un 40 tonnes au dépôt central, voire même c'est Coop qui va chercher la marchandise. Ensuite il faut la dispatcher dans les différentes coopératives, puis dans les magasins. Du temps de la petite épicerie, il y avait un grossiste qui s'occupait de cela en prenant bien entendu sa marge. On peut aisément admettre qu'en moyenne cette boîte de petis pois aura parcouru 200 km jusqu'au magasin de détail. Avec la RPLP (taxe poids lourds), cela fait déjà CHF 0.54 par kilo. Sans grossiste, la marge brute est plus élevée, mais les charges du grossiste sont reportées sur le distributeur. Ensuite il y a une opacité certaine chez Migros. Migros est propriétaire des sociétés de production (ELSA, etc..) et peut donc décider où se trouve le bénéfice. Puis Aligro a une autre vision. Ce sont les fournisseurs qui livrent dans chacun de leurs magasins.
In fine, nos distributeurs dépensent d'importantes sommes pour créer un aspect luxueux de leurs surfaces de vente. Est-ce le souhait du consommateur ? En France, le décor est bien plus modeste.
MARC GUÉNIAT; DUC-QUANG NGUYEN; SANDRA PERNET , ET (HEIDI.NEWS) @duc_qn
MILCH-LAIT-LATTE FILES Des données inédites révèlent que les deux géants orange engrangent une marge considérable sur une gamme de produits laitiers. Ces marges sont bien supérieures aux niveaux en vigueur à l'étranger
Les Laiteries Réunies de Genève, c'est quoi?COMMERCE La coopérative est le numéro 7 des transformateurs au niveau suisseOn ne saura sans doute jamais pourquoi des pirates ont décidé de cibler les Laiteries Réunies de Genève (LRG) pour leur dérober un volume de données considérable. Des données sensibles qui concernent à la fois ses 300 collaborateurs et ses activités commerciales et industrielles. Le directeur général, Dominique Monney, n'a pas répondu à nos questions écrites, expliquant par téléphone que les LRG ont souffert du hacking et ne souhaitent plus s'exprimer sur le sujet. Il entend se concentrer sur le travail des 100 producteurs et des 600 sociétaires de la coopérative.Neuf filialesFondées en 1911 à Plan-les-Ouates, les LRG sont actives dans les produits laitiers et carnés, le négoce et la logistique. Le groupe compte neuf filiales comme Del Maître, Val d'Arve ou Maître Boucher, surtout à Genève, mais aussi en Valais et à Berne, et des participations minoritaires auprès de fromagers. A l'exception du jambon Del Maître, de la tomme Jean-Louis ou des flans TamTam, que les LRG produisent elles-mêmes, ses marques phares sont achetées sous licence pour la Suisse auprès de groupes étrangers, comme Sojasun, Galbani et Perle de Lait.
Pour ces produits, les LRG agissent comme négociant ou comme producteur.L'ensemble des activités du groupe a généré un chiffre d'affaires de 146 millions de francs l'an dernier pour un profit de 61 000 francs. Cependant, certaines filiales réalisent des bénéfices supérieurs, certains pans du groupe étant plus rentables que d'autres.Un ancien cadre des LRG, demeuré dans le secteur laitier et souhaitant rester anonyme, explique que la coopérative a changé de stratégie à la fin des années 2000, à la suite de la rupture de son contrat avec Danone. Même si elles ont récupéré Yoplait, « les LRG se sont repliées sur le marché local, explique-t-il. Le groupe vend de très beaux produits, mais ne peut affronter la concurrence sur le plan des volumes » .De fait, celle-ci est vive sur le marché du lait. En 2018, les LRG ont commercialisé 16 millions de kilos de lait, ce qui les classe au 14e rang national, bien loin de géants comme le courtier Mooh ou Aaremilch et Cremo.
La coopérative genevoise se hisse au 7e rang des transformateurs, étant là aussi nettement distancée par Emmi, Cremo ou le groupe Elsa-Mifroma, qui appartient à Migros. M. GTCOOP ET MIGROS DÉGAGENT LES PLUS GRANDES MARGESCOÛTS DE PRODUCTION DE PLUS D'UN FRANC PAR LITREMIGROS ET COOP EMPOCHENT LES PLUS GRANDES MARGES GRÂCE À DES COÛTS D'ACHAT PLUS BASPrix du lait: marges grasses et vaches maigresCHIFFRES Le prix payé aux producteurs pour un litre de lait ne permet pas de couvrir les coûts de production. Plongée dans les méandres du calcul du prix du lait avec les premiers concernésSabine Bourgeois Bach se tient au centre de l'étable et regarde avec tendresse son troupeau de 160 vaches laitières. Ici, entre le Jorat et la Broye, dans le canton de Vaud, on produit du lait pour le gruyère AOP. Surnommée « Sabine a dit » dans la région en raison de ses compétences, elle parle innovation, efficience, calcul des coûts et prix du lait. « Notre métier est l'un des seuls qui ne rédigent pas de facture. On sait combien on est payé après avoir vendu notre production. C'est une habitude qui remonte vraisemblablement à l'époque du servage. » L'éleveuse-entrepreneuse de 54 ans n'hésite pas à comparer la situation des producteurs de lait à celle des serfs face à leur seigneur. Le servage n'a disparu dans la région qu'au cours du XVIIe siècle. Les serfs appartenaient au seigneur par leur travail et les impôts dont ils devaient s'acquitter. « Aujourd'hui encore, on attend qu'on nous donne ce que l'on veut bien nous donner, poursuit Sabine Bourgeois Bach. C'est une erreur fondamentale. » La question du prix du lait et de la complexité de son calcul est une question de survie pour les fermes laitières, qui continuent à disparaître chaque année. De fait, le prix du lait est fixé non pas en fonction des coûts de production, mais de l'usage qui en est fait, décision sur laquelle l'éleveur n'a aucune prise.L'agricultrice pousse un tas de foin vers l'une de ses bêtes, qui s'empresse de le dévorer. De grands ventilateurs apportent un peu d'air à l'intérieur alors que les champs autour de la ferme sont écrasés par le soleil de l'après-midi. « Elles devraient être dans les pâturages, mais on doit les garder au frais. Chaque année, c'est pire. Il faudra une climatisation. » Un investissement de plus à prévoir.Sabine Bourgeois Bach fait partie d'European Dairy Farmers (EDF), un club international qui favorise l'échange d'expériences et de connaissances entre les producteurs laitiers. A ce titre, elle sait précisément quels sont ses coûts de production. En 2021, un litre de lait à la ferme du Naz coûtait 106,5 centimes à produire.Or le prix payé au producteur pour un litre de lait destiné à la production de gruyère AOP s'élevait en avril à 84,05 centimes, ce qui inflige à notre agricultrice un déficit de 21%. Et encore, il s'agit du lait le mieux payé en Suisse, beaucoup de producteurs ne touchent pas plus de 65 centimes. « Ces chiffres paraissent aberrants, dénonce l'agricultrice. Et pourtant, nous avons des coûts bas, car nous avons optimisé notre structure. La plupart de nos collègues de la Gruyère sont à 120 centimes le litre. » Berthe Darras, spécialiste du lait chez Uniterre, a publié, en 2020, un rapport détaillé sur le marché laitier. Comment les paysans parviennent-ils à s'en sortir? « La différence entre les coûts de production et le prix du lait est comblée par les paiements directs [subventions, ndlr], les activités annexes, le travail de la famille, les semaines de 80 heures et les emplois annexes du ou de la conjointe. » Selon le rapport, les paiements directs, qui sont des subventions fédérales, représentent en moyenne 23 à 44% du revenu des fermes laitières.Jean-Bernard Chevalley, producteur et élu UDC à Puidoux, vend son lait de vache à Mooh, le plus important acheteur de lait. Il touche 70 centimes par litre. S'il s'en sort, c'est grâce aux paiements directs et surtout en transformant lui-même son lait de brebis en fromage, yogourts et glaces. « C'est un scandale que les agriculteurs qui travaillent sans relâche soient aussi peu payés, s'insurge Mark Froelicher, directeur d'eXMAR, une société qui aide les PME à commercialiser leurs produits et spécialiste du milieu laitier. Sans les subventions, beaucoup de producteurs disparaîtraient et la production suisse ne suffirait plus. » A 6 km de la ferme du Naz, en terres fribourgeoises, se trouve un pionnier du lait équitable. Claude Demierre, 62 ans, affiche à l'entrée de sa ferme un panneau pour le lait à un franc. Il termine le travail de la matinée dans son étable. Ses 46 vaches sont bien installées à l'ombre. « Je me lève à 4h45 tous les jours depuis 1978. Je travaille en moyenne 70 à 80 heures par semaine, avec des pics à 100 heures. Si on comptait nos heures de travail, les coûts doubleraient. » Seule 10% de sa production est vendue comme lait équitable. Si bien qu'au mois d'avril 2022 il a touché en moyenne 60 centimes par litre. « Ce n'est pas la durée du travail qui est importante, ajoute-t-il, mais la rémunération qui est insuffisante. Ce qui est donné pour des prestations accessoires sert en vérité à faire survivre l'exploitation principale. Ce système est un cercle vicieux qui mène l'agriculteur à sa perte. » Les paiements directs lui apportent un complément, qu'il juge insatisfaisant. Car les subventions fédérales, issues des impôts payés par les contribuables suisses, rémunèrent des services d'intérêt général fournis par les agriculteurs (entretien du paysage, protection de l'environnement, etc.); elles ne sont pas liées à la production. « Nous sommes les jardiniers du pays à 5 francs de l'heure et en plus, aucune reconnaissance pour les efforts que nous faisons pour l'environnement et la protection des animaux. » Les agriculteurs interrogés se rejoignent sur ce point. Ils refusent de dépendre de l'argent public pour faire tourner leur exploitation et veulent recevoir un prix qui couvre leurs frais de production. Pour eux, le noeud du problème, ce sont les distributeurs. « Ce n'est jamais la grande distribution qui rogne ses marges, explique Jean-Bernard Chevalley. Le coût est reporté sur les autres acteurs de la chaîne: consommateur, producteur et transformateur. » Une augmentation pour du beurreCette année 2022 a été marquée par une hausse exceptionnelle du prix d'achat en raison de l'inflation. Pour le lait de centrale (dit aussi lait industriel), les producteurs reçoivent 5 centimes de plus par litre depuis mi-avril, alors que les augmentations des années précédentes ne dépassaient pas 2 centimes. En contrepartie, les prix sont bloqués jusqu'à la fin de l'année.Dans le même temps, les coûts du diesel, des engrais ou du fourrage ont explosé. Résultat: les producteurs toucheront moins que l'an passé. Sabine Bourgeois Bach, à Carrouges, est écoeurée: « Cette augmentation ne couvre pas la hausse des coûts, qui va s'accélérer d'ici à la fin de l'année. » Les perspectives ne sont pas réjouissantes. Les coûts de production vont continuer d'augmenter et les producteurs qui jettent l'éponge sont de plus en plus nombreux. De fait, la production n'a pas augmenté proportionnellement à la population. Pour Claude Demierre, des pénuries de produits laitiers, comme celle de beurre l'an passé, ne sont plus inenvisageables. « Tant que les gens peuvent remplir leur caddie, ils ne se posent pas de questions. Mais ça pourrait ne pas durer. » M. GT, D.-Q. N. ET S. PE.
« Aujourd'hui encore, on attend qu'on nous donne ce que l'on veut bien nous donner »
SABINE BOURGEOIS BACH, AGRICULTRICE
ÉCARTS Plus ou moins 20 centimes Le lait de centrale, celui qui est transformé par l'industrie, est acheté à trois prix différents: A, B et C, qui en avril étaient respectivement à 75,5, 67,7 et 52,7 centimes. Ce sont exactement les mêmes laits, la seule chose qui les différencie, c'est ce que l'on en fait: des produits à haute ou basse valeur ajoutée, pour le marché suisse ou pour l'exportation. Le paysan n'a aucune influence sur ce choix.De ce fait, le lait d'un même producteur sera divisé entre les catégories A et B, selon les besoins de l'industrie. Cette répartition varie d'un mois à l'autre et l'agriculteur ne découvre son revenu qu'à la réception du paiement, le mois suivant.
Il existe un point commun entre la tomme vaudoise du crémier, la célèbre mozzarella di latte di bufala Galbani et le yaourt végétal Sojasun à la myrtille. Ces trois gourmandises sont produites ou commercialisées par les Laiteries Réunies de Genève (LRG), une coopérative active sur le marché national (lire ci-dessous). S'il est facile de connaître leur prix de vente et de le comparer de magasin en magasin, la chaîne de valeur n'est jamais communiquée. Combien engrangent Migros et Coop en revendant cette tomme? Que perçoit le producteur de lait? Comment est rémunérée la transformation de la matière première? Le silence est d'or autour de ces questions.
Dans le commerce de détail, les marges des grandes enseignes sont un secret bien gardé. S'y ajoute, dans le domaine alimentaire, une concentration unique en Europe: les deux géants orange se partagent 76,8% de la consommation suisse, pour 22,9 milliards de francs en 2020, selon l'Office fédéral de l'agriculture. Les discounters, comme Lidl et Aldi, ou les épiceries se répartissent le solde. A lui seul, Migros écoule 20% de la production agricole du pays.
Des données d'intérêt public
Début avril, les serveurs des LRG ont été piratés et certaines données ont été diffusées sur le darknet. Heidi.news et Le Temps ont choisi d'en révéler une infime partie, en raison de l'intérêt public que ces données revêtent; elles lèvent une partie du voile sur les marges des grands distributeurs, comme Migros et Coop. Et mettent en évidence le déséquilibre entre ces marges, les plus élevées d'Europe, et la situation précaire des producteurs de lait, qui produisent à perte et ne survivent que grâce aux subventions - c'est-à-dire nos impôts. Car tel que fixé, le prix du lait ne couvre pas les coûts de production. Chaque année depuis vingt ans, le nombre d'exploitations diminue.
D'après Stefan Meierhans, le Monsieur Prix de la Confédération, « s'intéresser aux marges réalisées dans le secteur alimentaire revêt un intérêt public prépondérant. Car si les Suisses y consacrent une part modeste de leur budget [6,4%, ndlr], la nourriture reste un poste important pour les moins fortunés. » Ses services mènent une enquête sur les prix et les marges du secteur en lien avec la vente de produits bios. Une transparence d'autant plus justifiée en période d'inflation, estime Sophie Michaud Gigon, secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs.
Des marges « très disproportionnées »
C'est ce que pense aussi Anastasia Li, directrice de Promarca, une association qui regroupe 104 marques clientes de la grande distribution, dont un tiers touchent aux produits laitiers, comme le fromager Emmi: « A ma connaissance, de telles informations n'ont jamais été publiées officiellement. Il est important que les médias évoquent les marges de la distribution. » Sondés chaque année, ses membres estiment à une nette majorité que les marges de Migros et Coop sont « disproportionnées », voire « très disproportionnées » .
A partir des données des LRG, nous avons analysé 77 produits vendus sur les étals des grandes enseignes. Résultat: les marges brutes atteignent en moyenne 57% chez Coop, 46% chez Migros, 35% chez Aligro et 34% chez Manor. Pour parvenir à ces pourcentages, nous avons comparé le prix auquel les distributeurs achètent les produits aux LRG aux prix de vente dans leurs magasins. Cette démarche a été possible parce que les données concernent les prix actuels, tels que négociés entre mars et avril notamment. Les détaillants commercialisant moins de dix produits, comme Denner ou Volg, ont été exclus de l'échantillon. La comparaison des marges est limitée par le fait que le panier de produits n'est pas identique entre les détaillants. Il s'agit de marges brutes, qui mesurent la différence entre le prix d'achat et le prix de vente sans tenir compte des coûts. Selon les experts consultés, ce critère reste le plus pertinent pour comparer les distributeurs.
En fonction des stratégies commerciales, un même produit peut être vendu à un prix bien différent. Grâce à un contrat de licence conclu avec le groupe français Triballat Noyal, les LRG achètent le paquet de quatre Sojasun à la myrtille pour 1,21 franc. Il est aussitôt revendu 1,70 franc à Coop, qui le facture 3,35 francs au consommateur, empochant au passage une marge de 92%. A l'inverse, Aligro réalise une marge inférieure de moitié, proposant à sa clientèle une meilleure offre sur un produit acquis plus cher. Manor achète encore plus cher mais propose aussi un prix inférieur à celui de Coop.
Dans la même veine, Migros obtient ses flans TamTam au chocolat suisse meilleur marché que Coop, mais les revend plus cher, pour une marge de 58%, contre 39% chez son grand concurrent. Revenons à l'emblématique tomme vaudoise du crémier, produite par les LRG et qu'il est difficile de rater dans les rayons des deux géants suisses de la distribution. Sur ce produit, Migros et Coop s'octroient une marge similaire, de plus de 66% - une performance commerciale à faire pâlir d'envie les marchés financiers. Cette tomme, et ses 45% de matières grasses, est en vente 25 centimes meilleur marché chez Migros, mais ce dernier parvient à l'acquérir à moindre prix auprès des Laiteries Réunies. Un signe de sa puissance sur le marché?
« A ma connaissance, de telles informations n'ont jamais été publiées officiellement »
ANASTASIA LI, DIRECTRICE DE PROMARCA
« Une marge d'environ 25% devrait suffire pour les produits laitiers »
MARK FROELICHER, COFONDATEUR D'EXMAR
Les Laiteries Réunies de Genève, c'est quoi?COMMERCE La coopérative est le numéro 7 des transformateurs au niveau suisseOn ne saura sans doute jamais pourquoi des pirates ont décidé de cibler les Laiteries Réunies de Genève (LRG) pour leur dérober un volume de données considérable. Des données sensibles qui concernent à la fois ses 300 collaborateurs et ses activités commerciales et industrielles. Le directeur général, Dominique Monney, n'a pas répondu à nos questions écrites, expliquant par téléphone que les LRG ont souffert du hacking et ne souhaitent plus s'exprimer sur le sujet. Il entend se concentrer sur le travail des 100 producteurs et des 600 sociétaires de la coopérative.Neuf filialesFondées en 1911 à Plan-les-Ouates, les LRG sont actives dans les produits laitiers et carnés, le négoce et la logistique. Le groupe compte neuf filiales comme Del Maître, Val d'Arve ou Maître Boucher, surtout à Genève, mais aussi en Valais et à Berne, et des participations minoritaires auprès de fromagers. A l'exception du jambon Del Maître, de la tomme Jean-Louis ou des flans TamTam, que les LRG produisent elles-mêmes, ses marques phares sont achetées sous licence pour la Suisse auprès de groupes étrangers, comme Sojasun, Galbani et Perle de Lait. Pour ces produits, les LRG agissent comme négociant ou comme producteur.L'ensemble des activités du groupe a généré un chiffre d'affaires de 146 millions de francs l'an dernier pour un profit de 61 000 francs. Cependant, certaines filiales réalisent des bénéfices supérieurs, certains pans du groupe étant plus rentables que d'autres.Un ancien cadre des LRG, demeuré dans le secteur laitier et souhaitant rester anonyme, explique que la coopérative a changé de stratégie à la fin des années 2000, à la suite de la rupture de son contrat avec Danone. Même si elles ont récupéré Yoplait, « les LRG se sont repliées sur le marché local, explique-t-il. Le groupe vend de très beaux produits, mais ne peut affronter la concurrence sur le plan des volumes » .De fait, celle-ci est vive sur le marché du lait. En 2018, les LRG ont commercialisé 16 millions de kilos de lait, ce qui les classe au 14e rang national, bien loin de géants comme le courtier Mooh ou Aaremilch et Cremo. La coopérative genevoise se hisse au 7e rang des transformateurs, étant là aussi nettement distancée par Emmi, Cremo ou le groupe Elsa-Mifroma, qui appartient à Migros. M. GTCOOP ET MIGROS DÉGAGENT LES PLUS GRANDES MARGESCOÛTS DE PRODUCTION DE PLUS D'UN FRANC PAR LITREMIGROS ET COOP EMPOCHENT LES PLUS GRANDES MARGES GRÂCE À DES COÛTS D'ACHAT PLUS BASPrix du lait: marges grasses et vaches maigresCHIFFRES Le prix payé aux producteurs pour un litre de lait ne permet pas de couvrir les coûts de production. Plongée dans les méandres du calcul du prix du lait avec les premiers concernésSabine Bourgeois Bach se tient au centre de l'étable et regarde avec tendresse son troupeau de 160 vaches laitières. Ici, entre le Jorat et la Broye, dans le canton de Vaud, on produit du lait pour le gruyère AOP. Surnommée « Sabine a dit » dans la région en raison de ses compétences, elle parle innovation, efficience, calcul des coûts et prix du lait. « Notre métier est l'un des seuls qui ne rédigent pas de facture. On sait combien on est payé après avoir vendu notre production. C'est une habitude qui remonte vraisemblablement à l'époque du servage. » L'éleveuse-entrepreneuse de 54 ans n'hésite pas à comparer la situation des producteurs de lait à celle des serfs face à leur seigneur. Le servage n'a disparu dans la région qu'au cours du XVIIe siècle. Les serfs appartenaient au seigneur par leur travail et les impôts dont ils devaient s'acquitter. « Aujourd'hui encore, on attend qu'on nous donne ce que l'on veut bien nous donner, poursuit Sabine Bourgeois Bach. C'est une erreur fondamentale. » La question du prix du lait et de la complexité de son calcul est une question de survie pour les fermes laitières, qui continuent à disparaître chaque année. De fait, le prix du lait est fixé non pas en fonction des coûts de production, mais de l'usage qui en est fait, décision sur laquelle l'éleveur n'a aucune prise.L'agricultrice pousse un tas de foin vers l'une de ses bêtes, qui s'empresse de le dévorer. De grands ventilateurs apportent un peu d'air à l'intérieur alors que les champs autour de la ferme sont écrasés par le soleil de l'après-midi. « Elles devraient être dans les pâturages, mais on doit les garder au frais. Chaque année, c'est pire. Il faudra une climatisation. » Un investissement de plus à prévoir.Sabine Bourgeois Bach fait partie d'European Dairy Farmers (EDF), un club international qui favorise l'échange d'expériences et de connaissances entre les producteurs laitiers. A ce titre, elle sait précisément quels sont ses coûts de production. En 2021, un litre de lait à la ferme du Naz coûtait 106,5 centimes à produire.Or le prix payé au producteur pour un litre de lait destiné à la production de gruyère AOP s'élevait en avril à 84,05 centimes, ce qui inflige à notre agricultrice un déficit de 21%. Et encore, il s'agit du lait le mieux payé en Suisse, beaucoup de producteurs ne touchent pas plus de 65 centimes. « Ces chiffres paraissent aberrants, dénonce l'agricultrice. Et pourtant, nous avons des coûts bas, car nous avons optimisé notre structure. La plupart de nos collègues de la Gruyère sont à 120 centimes le litre. » Berthe Darras, spécialiste du lait chez Uniterre, a publié, en 2020, un rapport détaillé sur le marché laitier. Comment les paysans parviennent-ils à s'en sortir? « La différence entre les coûts de production et le prix du lait est comblée par les paiements directs [subventions, ndlr], les activités annexes, le travail de la famille, les semaines de 80 heures et les emplois annexes du ou de la conjointe. » Selon le rapport, les paiements directs, qui sont des subventions fédérales, représentent en moyenne 23 à 44% du revenu des fermes laitières.Jean-Bernard Chevalley, producteur et élu UDC à Puidoux, vend son lait de vache à Mooh, le plus important acheteur de lait. Il touche 70 centimes par litre. S'il s'en sort, c'est grâce aux paiements directs et surtout en transformant lui-même son lait de brebis en fromage, yogourts et glaces. « C'est un scandale que les agriculteurs qui travaillent sans relâche soient aussi peu payés, s'insurge Mark Froelicher, directeur d'eXMAR, une société qui aide les PME à commercialiser leurs produits et spécialiste du milieu laitier. Sans les subventions, beaucoup de producteurs disparaîtraient et la production suisse ne suffirait plus. » A 6 km de la ferme du Naz, en terres fribourgeoises, se trouve un pionnier du lait équitable. Claude Demierre, 62 ans, affiche à l'entrée de sa ferme un panneau pour le lait à un franc. Il termine le travail de la matinée dans son étable. Ses 46 vaches sont bien installées à l'ombre. « Je me lève à 4h45 tous les jours depuis 1978. Je travaille en moyenne 70 à 80 heures par semaine, avec des pics à 100 heures. Si on comptait nos heures de travail, les coûts doubleraient. » Seule 10% de sa production est vendue comme lait équitable. Si bien qu'au mois d'avril 2022 il a touché en moyenne 60 centimes par litre. « Ce n'est pas la durée du travail qui est importante, ajoute-t-il, mais la rémunération qui est insuffisante. Ce qui est donné pour des prestations accessoires sert en vérité à faire survivre l'exploitation principale. Ce système est un cercle vicieux qui mène l'agriculteur à sa perte. » Les paiements directs lui apportent un complément, qu'il juge insatisfaisant. Car les subventions fédérales, issues des impôts payés par les contribuables suisses, rémunèrent des services d'intérêt général fournis par les agriculteurs (entretien du paysage, protection de l'environnement, etc.); elles ne sont pas liées à la production. « Nous sommes les jardiniers du pays à 5 francs de l'heure et en plus, aucune reconnaissance pour les efforts que nous faisons pour l'environnement et la protection des animaux. » Les agriculteurs interrogés se rejoignent sur ce point. Ils refusent de dépendre de l'argent public pour faire tourner leur exploitation et veulent recevoir un prix qui couvre leurs frais de production. Pour eux, le noeud du problème, ce sont les distributeurs. « Ce n'est jamais la grande distribution qui rogne ses marges, explique Jean-Bernard Chevalley. Le coût est reporté sur les autres acteurs de la chaîne: consommateur, producteur et transformateur. » Une augmentation pour du beurreCette année 2022 a été marquée par une hausse exceptionnelle du prix d'achat en raison de l'inflation. Pour le lait de centrale (dit aussi lait industriel), les producteurs reçoivent 5 centimes de plus par litre depuis mi-avril, alors que les augmentations des années précédentes ne dépassaient pas 2 centimes. En contrepartie, les prix sont bloqués jusqu'à la fin de l'année.Dans le même temps, les coûts du diesel, des engrais ou du fourrage ont explosé. Résultat: les producteurs toucheront moins que l'an passé. Sabine Bourgeois Bach, à Carrouges, est écoeurée: « Cette augmentation ne couvre pas la hausse des coûts, qui va s'accélérer d'ici à la fin de l'année. » Les perspectives ne sont pas réjouissantes. Les coûts de production vont continuer d'augmenter et les producteurs qui jettent l'éponge sont de plus en plus nombreux. De fait, la production n'a pas augmenté proportionnellement à la population. Pour Claude Demierre, des pénuries de produits laitiers, comme celle de beurre l'an passé, ne sont plus inenvisageables. « Tant que les gens peuvent remplir leur caddie, ils ne se posent pas de questions. Mais ça pourrait ne pas durer. » M. GT, D.-Q. N. ET S. PE. « Aujourd'hui encore, on attend qu'on nous donne ce que l'on veut bien nous donner » SABINE BOURGEOIS BACH, AGRICULTRICEÉCARTSPlus ou moins 20 centimesLe lait de centrale, celui qui est transformé par l'industrie, est acheté à trois prix différents: A, B et C, qui en avril étaient respectivement à 75,5, 67,7 et 52,7 centimes. Ce sont exactement les mêmes laits, la seule chose qui les différencie, c'est ce que l'on en fait: des produits à haute ou basse valeur ajoutée, pour le marché suisse ou pour l'exportation. Le paysan n'a aucune influence sur ce choix.De ce fait, le lait d'un même producteur sera divisé entre les catégories A et B, selon les besoins de l'industrie. Cette répartition varie d'un mois à l'autre et l'agriculteur ne découvre son revenu qu'à la réception du paiement, le mois suivant.
Illustration(s) :
Claude Demierre, agriculteur à Ecublens (FR): « Si on comptait nos heures de travail, les coûts doubleraient. »
Sabine Bourgeois Bach, agricultrice à Carrouge (VD): « Notre métier est l'un des seuls qui ne rédigent pas de facture. » A droite: ses vaches. (PHOTOS: EDDY MOTTAZ/LE TEMPS)
Alimentation Les produits bios reculent un peu dans les supermarchés, mais ce sont surtout les indépendants spécialisés qui souffrent.
Inflation oblige, et en prévision des factures à venir (primes maladie, électricité), les Suisses revoient leur budget alimentation et le bio a moins la cote. La viande n'est pas seule à en subir les effets, précise le porte-parole de Migros Tristan Cerf: « C'est un phénomène qui touche tout l'assortiment. Cela ne signifie pas que les ventes du bio s'effondrent. Mais il faut noter que l'assortiment traditionnel s'est fortement amélioré ces dernières années, ce qui joue peut-être un rôle dans l'attractivité des produits non bios, mais peut-être labellisés IP-Suisse. » En 2021 pourtant, le chiffre d'affaires des aliments bios avait pour la première fois franchi la barre des 4 milliards de francs.
Sur le long terme en effet, ce segment ne cesse de croître, rappelle-t-on chez Lidl: « Nous constatons une augmentation annuelle du chiffre d'affaires, avec plus de 10% de nos produits alimentaires certifiés bios. » Toutefois, nuance le porte-parole Mathias Kaufmann, « il est difficile de prévoir si cette tendance positive se poursuivra dans les prochains temps » .
Hausse des prix et pénuries
Pour sa part, Coop reçoit des « demandes d'adaptation de la part de différents fournisseurs en raison de la hausse du prix des matières premières, de la pénurie de matériaux d'emballage et de la hausse du coût des transports et de l'énergie » . Aldi enfin souligne son attachement à « soutenir la population dans ces moments difficiles » .
Si un tassement du bio s'observe donc chez certains détaillants, le coup est plus rude pour les petites enseignes indépendantes. « Les affaires ont chuté dès le début de la guerre en Ukraine, explique Catherine Matthey, propriétaire du magasin Céres Autrement, à Neuchâtel. Les clients viennent plutôt une fois par semaine au lieu de deux ou trois fois, et achètent moins. »
Du côté du marché participatif La Fève, à Meyrin (GE), Sabine Bally constate des difficultés à se maintenir au nouveau de 2021, « alors que nous avons doublé la surface » . Plus inquiétant, alors que l'enseigne se trouve au cœur de l'écoquartier des Vergers, seuls 10% des habitants sont devenus membres de la coopérative. « Comme si une partie des gens ne se sentait pas légitimée à participer à ce type de projet » , avance-t-elle.
Producteurs inquiets
Ahmed Kalkoul, propriétaire de la Ferme des Chardonnerets, à Thielle (NE), estime que les ventes « ont reculé de 30% à 40% » , notamment lors de ses déplacements sur les marchés. « Durant le Covid, il y a eu une prolifération de petits marchés, de nouvelles petites enseignes, d'achats à la ferme, ce qui a créé une forte concurrence, avant que le soufflé retombe. Olivier Cordey, de Bio Fruits, à Vétroz (VS), pointe en outre « le décalage dû à la canicule, qui a avancé les récoltes de deux semaines, alors que les gens étaient encore en vacances » .
La question des marges
Cofondateur du réseau Chez Mamie, Olivier Richard ne mâche pas ses mots: « L'agroalimentaire a lancé le bio industriel, en prenant au passage des marges considérables. Les nôtres sont deux fois inférieures. « Idée reçue » , répond Tristan Cerf: « Les produits labellisés génèrent des coûts nettement plus élevés. De plus, avec la forte concurrence des autres détaillants et le tourisme d'achat, il serait impossible de réaliser une marge plus élevée avec des produits labellisés. »
« Le problème, déplore Rebecca Eggenberger, spécialiste alimentation de la FRC, c'est que les détaillants ne publient pas leurs marges et que le système reste opaque. » Quant à la faîtière Bio Suisse, « la politique de marge des distributeurs n'est pas de son ressort » , indique son porte-parole David Herrmann. IVAN RADJA
« Les affaires ont chuté dès le début de la guerre en Ukraine. »
Catherine Matthey, propriétaire du magasin bio Céres Autrement, à Neuchâtel
Le pouvoir d'achat a un impact sur la vente de produits bio. Martial Trezzini/Keystone
Le modèle du supermarché est en bout de course..
2 facteurs:
→ le gros ne fait plus envie... on veut du petit local et écologique.. pas trop l'image de l'hypermarché
→ le commerce en ligne bouffe beaucoup de produits à forte marge comme les habits... et du coup la nourriture vendue à perte ne permet plus d'atteindre la rentabilité du supermarché
marge minimum de 20% sur l'ensemble des produits pour être rentable.
60 employés.
test:
4,85% sur les frosties
2,88% sur le coca-cola
16% sur le café noir pack de 500g
10,8% sur le nutella
40% 6 tomates en barquette
30% concombre
25% fromage
https://boutique.arte.tv/detail/hypermarches-la-chute-de-empire
Ancienne url.. avec vidéo maintenant privée...
https://www.youtube.com/watch?v=KcIyzkTZjnY
nouvelle (pirate)
https://www.youtube.com/watch?v=1Xmg1rzl8dg
Bande annonce:
https://www.arte.tv/fr/videos/095178-000-A/hypermarches-la-chute-de-l-empire/
Selon une étude relayée dimanche par la Schweiz am Sonntag, Coop et Migros sont les commerçants de détail qui dégagent les plus grandes marges brutes d'Europe.
D'après cette étude menée par la société allemande de conseil Deekeling Arndt Advisors pour l'association des fabricants de marques suisses Promarca, Migros aurait dégagé en 2015 une marge brute de 40,2%, la plus haute d'Europe. Et Coop arrive en seconde position avec 29,8%.
Suivent le groupe allemand Rewe (25,5%) et les chaînes de magasins françaises Auchan (23,5%) et Carrefour (20,9%). Les marges les plus basses sont britanniques, avec Tesco (5,2%) et Morrisons (3,8%).