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Régulièrement, les chercheurs mettent à jour le modèle standardisé reprenant l'ensemble des fluctuations du champ magnétique terrestre. La dernière édition du modèle actuel (WMM), sur lequel s'appuient de nombreuses personnes, remonte au 15 décembre 2014. Alors que ce modèle devait être valide jusqu'en 2020, de récents changements sous la surface de la planète ont obligé les experts à précipiter sa mise à jour.
Une partie de ces altérations rapides du champ magnétique est imputable aux variations de flux à l'intérieur du noyau terrestre, qui génère la majeure partie de ce bouclier terrestre. En septembre dernier, le NOAA avait publié une mise à jour rapide, mais dépourvue des outils et des notes accompagnant une mise à jour complète. Aujourd'hui, il devient urgent de revoir en détail le modèle. "L'erreur augmente en permanence", prévient le chercheur Arnaud Chulliat.
Le pôle Nord à la dérive
D'autre part, le pôle Nord magnétique est actuellement en train dériver depuis le Canada vers la Sibérie, se rapprochant du pôle Nord géographique. Le pôle magnétique se déplace de façon imprévisible, captivant l'attention des scientifiques depuis plus d'un siècle, et les fluctuations du champ magnétique ont tendance à accentuer les effets de sa migration.
Inverser le champ
Les inversions du champ géomagnétique terrestre ont-elles un effet sur le climat de la Terre ? Cooper et al. ont créé un enregistrement radiocarbone daté avec précision autour de l'époque de l'inversion géomagnétique de Laschamps, il y a environ 41 000 ans, à partir des anneaux des kauris des marais de Nouvelle-Zélande. Cet enregistrement révèle une augmentation substantielle de la teneur en carbone 14 de l'atmosphère culminant pendant la période d'affaiblissement de l'intensité du champ magnétique précédant le changement de polarité. Les auteurs ont modélisé les conséquences de cet événement et ont conclu que le minimum de champ géomagnétique a provoqué des changements substantiels dans la concentration d'ozone atmosphérique qui ont entraîné des changements climatiques et environnementaux mondiaux synchrones.
Science, ce numéro p. 811
Résumé
Les archives géologiques enregistrent de multiples inversions des pôles magnétiques de la Terre, mais les impacts mondiaux de ces événements, s'il y en a, restent flous. Le calibrage incertain du radiocarbone a limité les recherches sur les effets potentiels de la dernière grande inversion magnétique, connue sous le nom d'excursion de Laschamps [il y a 41 à 42 mille ans (ka)]. Nous utilisons d'anciens kauris de Nouvelle-Zélande (Agathis australis) pour établir un relevé détaillé des niveaux de radiocarbone atmosphérique lors de l'excursion de Laschamps. Nous caractérisons avec précision le renversement géomagnétique et effectuons une modélisation chimie-climat globale et une datation radiocarbone détaillée des enregistrements paléoenvironnementaux pour étudier les impacts. Nous avons découvert que les minima du champ géomagnétique ~42 ka, en combinaison avec les minima du Grand Solaire, ont provoqué des changements substantiels dans la concentration et la circulation de l'ozone atmosphérique, entraînant des changements climatiques mondiaux synchrones qui ont provoqué des changements environnementaux majeurs, des phénomènes d'extinction et des transformations dans les archives archéologiques.
Vulgarisation ici: https://www.businessinsider.fr/les-neandertaliens-auraient-disparu-apres-une-inversion-des-poles-selon-une-nouvelle-etude-186678