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script et source
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Conclusion et récap
Une thèse de Brett Christopher
Alors c’est le moment de récapituler tout ce qu’on vient de voir. Première chose : cette vidéo est largement basée sur la thèse de Brett Christopher - un économiste / commentateur politique - développée dans son livre “The price is wrong. Why capitalism won’t save the planet ?” J’ai trouvé ce bouquin particulièrement intéressant, bien sourcé et argumenté… D’où cette vidéo.
Cadre d’analyse
D’abord le cadre : si la lutte contre le RC implique sobriété et transformation des usages, on a uniquement évoqué dans cet épisode la décarbonation de la production d’électricité. Plus précis encore, on n’a parlé de l'écosystème des “renouvelables” dont on a réduit la définition à : panneaux solaires + éoliennes. Donc pas l’hydroélectrique, pas le biogaz, pas les différentes solution de stockage d’électricité : batteries, hydrogène, step…
Ce cadre d’analyse peut paraître très restreint mais comme “panneaux solaires” et “éoliennes” sont des leviers majeurs pour réussir la transition, ça a du sens de s’y intéresser de près.
On ne construit pas assez de renouvelables
Dans ce cadre donc, on a vu que même si on se bouge les fesses, la vitesse à laquelle on installe des renouvelables accélère : bonne nouvelle, on ne se les bouge pas assez si on prend comme référence le scénario Net Zero 2050 de l’AIE. Pourquoi ce retard ?
Pourtant, the price is right
Les défenseurs du seul marché comme solution ont tendance à dire : “la réponse se trouve dans les coûts”. Entre électricité fossile et électricité renouvelable, le marché sélectionnera automatiquement la solution la moins chère. Donc oui il a fallu des subventions étatiques pour que l’industrie renouvelable démarre (comme quoi la solution de marché n’implique pas que lui finalement…) mais si on regarde les LCOE actuels - indicateurs de coût de référence - on voit que les renouvelables sont désormais très compétitifs. Conclusion : si ça ne va pas assez vite, ça ne peut pas être de la faute du marché. Il doit y avoir quelques chose qui l’empêche de faire son office.
C’est la faute de l’intermittence
Le premier coupable potentiel dont on a parlé c’est l’intermittence : le vent et le soleil ne souffle et ne brille pas toujours pile quand on en a besoin. Si cette intermittence n’est pas un souci dans les pays développés au seint desquels la demande d’électricité augmente peu, ce n’est plus la même histoire dans des pays en fort développement comme en Chine - et peut-être bientôt en Inde - où l’infrastructure électrique doit s’agrandir très rapidement. Les chinois installent encore beaucoup de centrales à charbon pilotables pour s’assurer de pouvoir produire de l’électricité quand ils en auront besoin. En effet, certaines technologies de stockage qui permettraient du 100% renouvelable - notamment pour cette histoire de stockage inter saisonnier - ne sont pas encore matures. Donc construire plein de renouvelables dans un pays où la demande n’augmente presque pas, pas de souci, on utilise les centrales pilotables existantes pour combler le manque… Mais dans un pays où la demande d’électricité explose… Pas trop le choix, il faut prévoir du pilotable en plus. Comme la Chine est assise sur les deuxième réserves mondiales et qu’elle a déjà plein de charbon en activité, c’est ce qui est le plus simple pour elle. Et il faut espérer que l’Inde, qui est assise sur les 3ème réserves mondiales, ne fera pas le même calcul.
Donc l’explication par l’intermittence est surement pertinente pour un pays comme la Chine. Mais pas pour l’Europe ou les Etats-Unis où la demande en électricité augmente peu.
C’est la faute des gouvernements
Le prochain coupable sur la liste serait alors nécessairement une administration publique lente et tatillonne qui met des lustres à délivrer les permis de construire. On n’a pas particulièrement cherché à développer ce point mais attention à bien comprendre que 1/ pour une administration plus rapide il faut peut-être aussi prévoir plus de moyens et 2/ qu’il semble naturel de prendre le temps de faire des études d’impact avant de construire quoi que ce soit et notamment de s’assurer que les populations qui devront vivre à côté de ces infrastructures sont OK avec ça.
Plutôt que de creuser cette éventuelle lenteur de l’Etat, coupable idéal des pro-marchés, Brett Christopher en propose un autre : le marché lui-même.
C’est la faute du marché
Parce que ce qui compte pour une entreprise néolibérale, ce n’est pas le coût de l’infrastructure, mais bien la différence entre le prix de vente et le coût. Autrement dit, le profit. Celui-ci doit être suffisamment juteux pour attirer les capitaux privés.
Or, première chose, la rentabilité des renouvelables - souvent sous la barre des 10% - est inférieure à celle de l’industrie d’extraction fossile - souvent au-dessus des 10%. C’est pour ça que les Exxon et Total de ce monde préfèrent investir dans le business as usual plutôt que la disruption renouvelable.
Deuxième chose, les indicateurs de coûts de référence - les LCOE - n’incluent ni le coût du foncier ni celui du raccordement. C’est normal, car ceux-ci sont très contextuels. Ils bougent tellement en fonction des pays et des régions que ça n’aurait pas de sens de les ajouter dans un indicateur moyen. Mais du coup, conclusion : les LCOE ne donnent pas toujours le bon ordre de grandeur sur les écarts de coût entre telle et telle technologie.
Mais surtout troisième chose, il faut parler du prix de vente de l’électricité qui n’est pas le même pour les renouvelables et pour les centrales fossiles pilotables - qui sont assurées de profiter 1/ des prix élevés des heures de pointes et 2/ des revenus liés au marché de capacité. Le marché de capacité c’est un endroit où les centrales vendent leur capacité à produire, leur pilotabilité en quelque sorte. Donc c’est un marché duquel les renouvelables intermittents sont exclus d’office.
Donc le fonctionnement même d’un marché de l’électricité concurrentiel - déjà parfaitement implanté dans de nombreux pays et qui semble devenir la norme - suppose que l’électricité renouvelable ne sera pas vendue au même prix que l’électricité fossile. Encore un argument qui nous dit que les LCOE - indicateurs de coûts qui ne disent rien sur des revenus - ne sont pas pertinents pour nous informer des décisions que prendront des investisseurs à la recherche du profit maximal.
Le risque de volatilité
Mais mais mais… Ce n’est toujours pas tout. Parce que de toute manière, l’investissement privé dans le secteur électrique est par définition proscrit par la volatilité des prix sur le marché de l’électricité, surement le marché le plus volatile de la planète à cause de sa manière “éclatée au sol” il faut bien le dire de fixer le prix, sur le coût variable de la centrale la plus chère dont on a besoin pour produire… A cause de cette volatilité, on en a parlé dans la série de vidéo sur le fonctionnement du marché, l’investissement privé ne se fait jamais sans l’intervention de la puissance publique.
Pas d’investissements sans la puissance publique
On a vu qu’il existe plusieurs méthodes d'intervention : la subvention à la construction, l’aide au financement ou encore le must du must le prix garanti
De l’importance des mesures de soutient
Et puis on a illustré l’importance de ces politiques de soutient avec deux exemples : l’espagne et le royaume-uni.
Il faut réguler pour créer un marché dérégulé
On aboutit alors à une conclusion très intéressante : pour créer un marché de l’électricité fonctionnel composé d’entreprises privées en concurrence, l’état doit en réalité “réguler” bien plus que de “déréguler”. Et surtout, il doit intervenir à tous les étages. Pourquoi ? Parce qu’il faut sans arrêt surveiller les entreprises financières qui cherchent à exploiter les failles du système. Et puis parce que la grande solution pour lutter contre la volatilité des prix, les contrats de long-terme, n’est ni généralisable ni particulièrement attractive. En effet, un contrat de lon-terme c’est un accord entre une entreprise et une centrale pour la livraison à un prix fixé à l’avance, d’une certaine quantité d’électricité sur une période donnée. Sauf nécessairement, parce que la réalité économique et météorologique est fluctuante, la quantité indiquée dans le contrat sera par rapport aux besoin de l’entreprise ou aux capacités de production de la centrale, soit trop faible, soit trop forte. Donc quoi qu’il arrive, soit la centrale pour sa production réelle soit l’entreprise pour sa demande réelle reste exposée aux prix de marché pour la différence. Mais, vu comment les prix de l’électricité peuvent faire du x1000, cette différence peut tout à fait mettre à genoux n’importe quelle entreprise. En réalité, la seule institution avec les épaules assez solide pour supporter ce risque : ce sont les états… Donc en fait seuls la solution des contrats de prix garantis par la puissance publique est pérenne… Encore une fois, la solution au problème posé par le marché : c’est l’état.
Le monopole naturel
La question devient : pourquoi s’acharner à avoir une gestion électrique privée - on sait que le privé est balèze en “initiative individuelle” et “concurrence” - dans un domaine où de toute évidence - les maîtres mots sont : “planification” et “collaboration” ? On sait pourtant bien que dans ce cas, ce sont les monopole publics qu’il faut favoriser.
Le monopole serait moins cher
Si l’innovation technologique, la construction et même potentiellement la maintenance des centrales électriques peut être soumise à la concurrence, pourquoi ne pas confier la propriété et la gestion ce ses dernières à un monopole de service public ? Ce serait beaucoup plus simple et surtout beaucoup moins cher ! Parce qu’on l’a vu, prévoir une rentabilité de 12% pour les actionnaires et de 8% pour les banquiers, ça nécessite un prix de l’électricité 50% plus élevé que si l’ensemble des renouvelables étaient détenus par un monopole public s’endettant à moindre coût. On a vu aussi d’ailleurs que, les fermes éoliennes et solaires sont organisées en SPV, en entreprises projet, de manière à isoler le risque financier. Preuve que les financiers n’ont absolument pas confiance en la rentabilité des renouvelables : à cause de la volatilité du prix de l’électricité - le marché ne permet pas l’investissement - et aussi de la révocabilité des accords passés avec les gouvernements.
Pourquoi ne débattons nous pas alors de la Re-mise en place d’un monopole public de l’électricité ? Comme toujours, la réponse est idéologique : le néolibéralisme - même là où il est le plus inefficace - a toujours le vent en poupe dans l’esprit des décideurs.
Une manipulation ? "Je serais très surpris si c'était le cas", dit Lothar Wieler.
Articles d'Elke Bodderas, Uwe Müller, Tim Röhn
Die Welt 16.8.2024
L'Institut Robert Koch a-t-il massivement retravaillé les procès-verbaux de sa cellule de crise Corona après coup ? Des analyses de métadonnées ont révélé des incohérences. Un journaliste s'estime malicieusement trompé et veut faire clarifier ces accusations devant la justice.
L'affaire des procès-verbaux des réunions de la cellule de crise Corona de l'Institut Robert Koch (RKI) pourrait avoir une portée bien plus importante que ce que l'on pensait jusqu'à présent. WELT AM SONNTAG a obtenu un document qui suggère une manipulation des procès-verbaux de réunion avant leur publication.
L'intervention présumée dans les documents s'est apparemment déroulée à plusieurs niveaux. Tout d'abord, immédiatement après les réunions, lorsque des fautes d'orthographe ont probablement été corrigées ou que les participants ont validé ou supprimé leurs contributions. Ensuite, peut-être juste avant la publication des procès-verbaux expurgés ordonnée par un tribunal.
Le soupçon d'une telle manipulation résulte notamment d'une comparaison entre les documents d'origine, révélés par un lanceur d'alerte et une journaliste indépendante berlinoise apparaissant sous le pseudonyme d'Aya Velazquez, et la version largement expurgée publiée par le RKI fin mai.
Les incohérences avaient d'abord été rapportées par l'analyste de données Tom Lausen. Il avait remarqué les différences dans le cadre d'un contrôle approfondi de la version. Son analyse des métadonnées a en outre révélé que certains protocoles avaient encore été modifiés jusqu'à trois ans après les réunions correspondantes de la cellule de crise et qu'ils avaient été enregistrés de manière très fréquente - parfois plus de 400 fois.
"Travaillé tardivement et massivement"
La question se pose de savoir pourquoi un procès verbal "a été traité aussi tardivement et massivement", selon l'éditeur de "Multipolar" Paul Schreyer, qui avait poursuivi le RKI début 2021 devant le tribunal administratif de Berlin pour obtenir la publication des procès verbaux. La base juridique est la loi sur la liberté d'information (IFG), qui doit permettre aux citoyens d'accéder aux informations officielles. Selon Schreyer, au moment de l'intervention présumée de la juriste du RKI dans les procès-verbaux, il était déjà évident que son administration perdrait dans le procès IFG pour la divulgation des procès-verbaux. Le journaliste suppose donc qu'il pourrait y avoir un lien direct entre la menace d'une défaite au tribunal et la modification des protocoles.
Le RKI conteste cette version des faits. Les documents ont été mis au dossier en mars 2020 et "aucune modification de contenu n'a été apportée par la suite". La gestion des dossiers a été conforme aux "exigences temporelles de l'époque". Néanmoins, le processus reste juridiquement délicat. Après la mise en ligne des protocoles par le RKI et la fuite des documents de Velazquez, Schreyer avait déclaré que son litige avec le RKI était en grande partie réglé. Mais il a ensuite découvert la manipulation présumée et a immédiatement demandé la réouverture de la procédure - et ce pour "tromperie dolosive", comme l'indique un mémoire de son avocat daté du 11 août de cette année. Dans ce courrier, que le WELT AM SONNTAG a pu consulter, il est expliqué que les procès-verbaux publiés par le RKI ne sont apparemment pas les documents originaux qui ont fait l'objet du litige. Le tribunal administratif doit maintenant se prononcer sur la demande de révision.
En septembre dernier, le service scientifique du Bundestag a indiqué dans un rapport ce qui constitue les "principes de gestion des dossiers dans l'administration fédérale". Il y est également fait référence à des cas comme celui de Schreyer : "Si un enregistrement est effacé ou supprimé de manière irrégulière dans le seul but de faire échouer le droit d'accès à l'information, un droit à la récupération de l'information est alors envisageable".
Lothar Wieler, chef du RKI jusqu'en mars 2023, a fait savoir au WELT AM SONNTAG : "Que le RKI change après coup - je ne peux pas le croire. Les collaborateurs ne sont pas comme ça". Il ne peut pas l'exclure à 100 % : "Mais je serais très surpris si c'était le cas". Jens Spahn (CDU), ministre fédéral de la Santé jusqu'à fin 2021, tente pendant ce temps de minimiser l'affaire. Lors d'un récent meeting électoral dans le Brandebourg, Spahn a déclaré que ces "soi-disant" fichiers du RKI ne contenaient "rien" qui n'ait été connu depuis longtemps. Spahn a déclaré qu'il ne "comprenait pas toute cette comédie".
Quoi qu'il en soit, le RKI a manifestement trouvé les règles de transparence en vigueur gênantes. Le 2 octobre 2020, le service juridique avait déjà sous les yeux le caractère potentiellement explosif des documents. Il ressort du procès-verbal de la réunion que les juristes ont suggéré de refuser systématiquement la remise des documents : "Le service juridique se fait une idée d'ensemble des grandes demandes IFG, il est préférable de les refuser", peut-on y lire. Il faut se faire poursuivre en justice si nécessaire. Le RKI explique à ce sujet qu'il ne s'agit pas d'une déclaration dans un procès-verbal, mais plutôt d'une "note de travail non autorisée".
Voir aussi:
Corrections de la chancellerie
Par Elke Bodderas, Benjamin Stibi
Publié le 31.08.2024
Des e-mails datant de l'époque de la pandémie viennent d'être mis au jour : A la chancellerie, les avis du conseil d'experts Corona ont été retravaillés - visiblement aussi jusqu'à ce qu'ils correspondent à l'agenda politique.
vendredi 26 juillet 2024
Une pyramide qui fait couler beaucoup d'eau
DENIS DELBECQ
ÉGYPTOLOGIE Une équipe française suggère que la première pyramide monumentale d'Egypte aurait été construite grâce à une sorte d'ascenseur propulsé par de l'eau sous pression. Une hypothèse qui suscite la controverse avant même la parution officielle de l'article
En dépit de siècles de recherches, le mystère plane encore sur la manière dont les Egyptiens ont érigé les pyramides monumentales. Le consensus établit que les bâtisseurs avaient créé des rampes sur lesquels les blocs de roche étaient glissés grâce à la traction humaine. Une technique qui aurait été employée dès 2680 avant notre ère, pour bâtir la première des pyramides monumentales égyptiennes, qui culmine à 60 mètres de haut à Saqqarah, sur le complexe funéraire de Djéser, premier roi de la IIIe dynastie égyptienne.
Mais des travaux signés par une équipe française, acceptés en juin dernier par PLOS One, suggèrent une hypothèse très audacieuse: la pyramide de Djéser aurait été érigée - au moins en partie - en utilisant la force de l'eau, grâce à un réseau de conduites apportant l'eau d'une rivière intermittente (oued) au travers d'un ingénieux système de collecte et de traitement de l'eau. Selon les calculs des auteurs de ces travaux, la pression nécessaire au levage d'un flotteur portant les blocs de roche proviendrait de la déclivité entre l'oued et le site de la pyramide, qui aurait alimenté un ingénieux système de conduites et de puits.
Des millions de blocs de 300 kg
On doit cette hypothèse décoiffante au groupe constitué autour de Xavier Landreau, chercheur au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et Guillaume Piton, hydraulicien à l'Institut français de recherche agronomique et environnementale (Inrae) au sein de l'Institut des géosciences de l'environnement de Grenoble. « Nos travaux sont en quelque sorte le produit de près de deux siècles d'articles, de recherches, d'excavations sur le site », explique Xavier Landreau, qui préside Paleotechnic, un institut privé et associatif de recherches cofondé en 2023 par des scientifiques de la recherche publique française.
L'étude ne repose donc pas sur de nouvelles fouilles, mais sur l'analyse de l'ensemble des découvertes faites sur le site, notamment au XXe siècle, expliquent les auteurs. « Notre modèle, réalisé à partir d'une cartographie des bassins-versants et de données hydromécaniques, laisse penser que la ressource en eau était suffisante au moment de la construction », avance Xavier Landreau. Celle-ci aurait duré une vingtaine d'années, au cours desquelles il a fallu hisser des millions de blocs de pierres de 300 kg chacun. « La pyramide aurait été construite comme un volcan, les blocs étant glissés vers le puits situé au centre de l'édifice puis hissés sur le monte-charge. » Puits considéré par beaucoup d'égyptologues comme un tombeau.
Un report de parution inexpliqué
Pour Xavier Landreau et ses collègues, l'eau était collectée depuis un barrage coupant le lit de l'oued, puis déversée dans une fosse creusée dans la roche, une succession de quatre bassins qui, pour les auteurs de ces travaux, est caractéristique par ce que l'on appelle un barrage à piège sédimentaire: chaque réservoir se déverse dans le suivant, piégeant au passage des sédiments. Considérée par certains égyptologues comme le vestige d'une carrière, cette fosse mesure 400 mètres de long, 27 mètres de profondeur et seulement trois mètres de large. « Une largeur aussi faible et ce qu'on sait d'autres carrières de l'époque antique nous font penser que ce n'est pas le cas. D'autant que le fond est dallé à l'aide de mortier, ce qui aurait pu servir à étanchéifier le dispositif. »
« Grâce au Français Jean-Philippe Lauer [décédé en 2001, ndlr], qui a fouillé le site pendant plus de soixante ans, on dispose d'un nombre impressionnant de cartes, plans et coupes du site. Il connaissait sûrement aussi bien la pyramide que l'architecte Imhotep qui l'a construite », sourit Xavier Landreau. De nombreuses galeries ont été découvertes sous le site, les dernières en 2007, qui pourraient être des conduites destinées à guider l'eau jusqu'au puits central.
Comme c'est à chaque fois le cas en matière d'égyptologie, la mise sur la table d'une nouvelle hypothèse sur les bâtisseurs de pyramides, est source de controverse. « On s'attend à des critiques, bien sûr, mais nos travaux reposent sur 150 références solides de la littérature, et nos résultats sont en accord avec tout ce qui a été publié pour ce site dans les domaines hydrologique, géologique et sédimentaire », souligne Xavier Landreau.
Le Temps a contacté une demi-douzaine d'égyptologues, notamment un spécialiste du site de Saqqarah, pour recueillir leur analyse de ces travaux inhabituels, teintés d'hydrologie, d'hydraulique et de géologie... Tous ont décliné, faute de temps - il faut dire que le papier, ardu, compte 29 pages. Mais l'un d'entre eux a pris soin d'ajouter qu'il se dit « surpris de l'intérêt que portent les journalistes à ces travaux ». Un autre a précisé qu'il juge l'hypothèse avancée par l'équipe française « absolument improbable ».
Plus étonnant, à moins de 24 heures de la publication prévue dans PLOS One, ce 24 juillet à 20h, à l'issue d'un long processus d'approbation et de relecture par les pairs, la revue a averti la presse la veille qu'elle différait sa publication sine die. Comme s'il se tramait des choses en coulisses. D'ordinaire, les polémiques éclatent après la publication! Compte tenu de cette situation insolite et pour faire date, les auteurs ont placé leur manuscrit sur le site Research Gate, qui accueille de nombreux travaux avant leur publication officielle.
« On s'attend à des critiques, bien sûr, mais nos travaux reposent sur des références solides »
XAVIER LANDREAU, CHERCHEUR AU COMMISSARIAT À L'ÉNERGIE ATOMIQUE
Les effets curatifs des cercles de pierres d'Afrique du Sud
Une interprétation scientifique de la façon dont les cercles de pierres et le Calendrier d'Adam peuvent induire la guérison.
Par Michael Tellinger - 24 juillet 2018
Depuis 2007, lorsque j'ai pénétré pour la première fois dans certains des anciens cercles de pierres d'Afrique du Sud, je savais que nous étions face à quelque chose d'unique et d'extraordinaire. Je n'avais aucune idée de la façon dont mon intuition allait se développer et s'étendre.
Au cours des dix dernières années, j'ai emmené plusieurs milliers de personnes dans les ruines et au Calendrier d'Adam. Presque toutes les personnes qui me rendent visite au Stone Circle Museum ou qui participent à une excursion dans les ruines du cercle de pierre affirment qu'elles ont vécu une sorte d'épisode énergétique. C'est particulièrement vrai au Musée du Cercle de Pierre, où la concentration de pierres est extrêmement intense.
Certaines personnes ne supportent pas l'énergie intense de la pièce et partent aussi vite qu'elles sont entrées, tandis que d'autres expriment une variété de sentiments et d'émotions - allant de l'euphorie à la nausée, en passant par des picotements, des frissons dans la colonne vertébrale, des contractions, des vertiges et bien d'autres choses encore. Personnellement, j'adore cela - cela me donne vraiment de l'énergie d'être à proximité des nombreuses pierres sonnantes et des pierres TORUS. (Nous reviendrons plus en détail sur la pierre torus dans de futurs articles)
Il en va de même lorsque nous nous rendons sur les sites de la montagne. Les cercles de pierres n'ont pas tous le même effet sur les gens. Certains ne peuvent pas rester à l'intérieur très longtemps, d'autres veulent s'allonger et dormir, d'autres encore restent assis et méditent pendant des heures, perdus dans leur propre voyage.
RAPPORTS DE GUÉRISON
Depuis 2010, de nombreux visiteurs ont déclaré avoir été guéris d'une manière ou d'une autre après leur visite des ruines. On m'a raconté d'innombrables histoires sur ce que les gens ont vécu et sur les guérisons qu'ils ont observées. Une liste vraiment variée de problèmes de santé qui ont été soit atténués dans une certaine mesure, soit complètement guéris. La respiration, les problèmes de peau, les maux de tête, les douleurs musculaires, les maux de dos, la tension artérielle, l'anxiété, le stress et bien d'autres choses encore.
Mais la confirmation la plus stupéfiante est venue d'une amie aux États-Unis - qui a participé à plus d'une tournée des sites sacrés avec moi - qui m'a dit en toute confiance qu'elle était totalement guérie d'un cancer à un stade avancé. Elle m'a dit que je lui avais sauvé la vie, car elle était arrivée en Afrique du Sud en pensant que ce serait son dernier voyage. À son retour aux États-Unis, son cancer avait complètement régressé. Elle affirme que c'est la combinaison de l'énergie intense des ruines et du calendrier d'Adam qui a provoqué sa guérison.
RECHERCHE
En janvier 2018, j'ai organisé ma première expédition de recherche, au cours de laquelle nous avons découvert les fossiles spectaculaires. MAIS, nous avons également effectué une série continue de mesures des fonctions vitales du corps sur une période d'un mois complet. Nous avons pris des mesures avant et après l'exposition aux ruines et au calendrier d'Adam. Pression artérielle, température, fréquence cardiaque, flux sanguin, réponse rétinienne et plusieurs autres mesures.
Les résultats ont été stupéfiants. Il ne fait aucun doute que l'exposition aux cercles de pierre a un effet positif sur les fonctions corporelles que nous avons mesurées sur une période de 30 jours.
Est-il possible que les cercles de pierres et le calendrier d'Adam puissent être utilisés pour la GUÉRISON ? Et devrions-nous envisager d'introduire des voyages spirituels, de méditation, de guérison et de bien-être plus profonds dans les ruines ?
J'ai commencé à me demander comment expliquer scientifiquement ce phénomène inattendu, afin que chacun puisse vraiment le comprendre et entrer pleinement en résonance avec lui. Le mot clé ici est RÉSONER.
COMMENT LES CERCLES DE PIERRES GUÉRISSENT
Grâce à de nombreuses mesures électroniques, nous savons que les cercles de pierres sont de puissants dispositifs générateurs d'énergie. Chaque cercle est un motif cymatique qui représente les fréquences terrestres subtiles qui s'élèvent de la surface à cet endroit. Les murs de pierre ne font qu'amplifier ces fréquences grâce à la concentration de quartz/silice qu'ils contiennent et créent des fréquences sonores amplifiées et des anomalies magnétiques qui, à leur tour, créent des champs électromagnétiques émanant des murs de pierre.
Les architectes de l'Antiquité étaient très intelligents - ils savaient comment prendre le flux constant de fréquences sonores subtiles provenant de la surface de la Terre - comment l'amplifier - et le transformer en énergie utilisable pour toutes sortes de besoins qu'ils pouvaient avoir à l'époque.
RÉSONANCE ET HARMONIE
Pour atteindre l'unité et l'harmonie dans notre vie et dans le monde, tout doit être en parfaite harmonie et cohérence, pour fonctionner sans se briser ou tomber dans la dissonance que nous avons appelée "malaise". Si nous tombons malades, c'est parce que nous sommes en désaccord avec notre environnement, la nourriture, l'eau, l'air, la vie et la Terre elle-même.
Notre réalité, notre monde physique et tout ce qui existe dans la création, que ce soit visible ou invisible, est une conséquence ou une résonance harmonique - où tout se manifeste sous une forme physique par sa fréquence de résonance principale (Directive Première - pour les Trekkies). Cette forme physique est maintenue dans une grille cohérente d'unité de code source en vibrant ou en résonnant constamment en harmonie avec tout le reste de la création.
Tout ce qui va à l'encontre de la fréquence de résonance première de la création sera finalement détruit par sa propre dissonance et expulsé de notre réalité ou disparaîtra tout simplement. Nous pouvons le constater chaque jour dans notre propre vie. Dès qu'il y a dissonance ou désharmonie, les choses se brisent et s'effondrent. C'est la technique utilisée par Royal Rife pour guérir les patients cancéreux dans les années 1930, en faisant éclater les cellules cancéreuses dissonantes dans le corps de ses patients, puis en les expulsant par les fonctions corporelles normales.
LES CERCLES DE PIERRES - DES AMPLIFICATEURS DE FRÉQUENCES HARMONIEUX
Il est important de réaliser que les cercles de pierres agissent comme des amplificateurs de fréquences terrestres subtiles, qui sont des fractales harmoniques cohérentes de fréquences terrestres - toutes en parfaite résonance avec la fréquence principale de résonance de la Terre.
En étant exposés aux fréquences amplifiées des cercles de pierres, nous sommes exposés aux fréquences harmoniques cohérentes de Gaia (la Terre Mère). Toutes les cellules de notre corps commencent à vibrer et à résonner en harmonie avec ces fréquences naturelles de la Terre - ou énergies - et toutes les cellules et organes de notre corps commencent lentement à entrer en cohérence avec les fréquences naturelles de la Terre elle-même.
Toutes les cellules dissonantes ou malades de notre corps sont décomposées et expulsées. C'est la façon la plus simple d'expliquer comment les cercles de pierre peuvent nous guérir.
Bien que nous devions poursuivre nos observations et nos recherches, nous disposons de suffisamment d'éléments pour montrer comment nous pouvons utiliser ces anciennes structures au profit de l'humanité dans le présent.
EXPÉRIENCES SPIRITUELLES ET ÉVEILS DE LA CONSCIENCE DANS LES RUINES
L'un des effets les plus excitants et les plus récurrents des ruines et du Calendrier d'Adam sont les expériences spirituelles profondes et les éveils conscients qui s'y produisent.
Il n'y a tout simplement pas de mots pour décrire ce phénomène récurrent. Même les personnes qui ont dormi profondément pendant la plus grande partie de leur vie subissent un changement de conscience.
Cela est probablement dû au fait que les ruines affectent notre ADN au niveau de la fréquence de résonance primaire. Parfois, les effets sont ressentis immédiatement et d'autres fois, il y a une réaction différée - mais de nombreuses personnes ont rapporté ces effets au cours de la dernière décennie.
Nous avons eu des canalisations et des téléchargements d'informations vraiment extraordinaires sur les sites - par des chamans, des guérisseurs et d'autres personnes ayant des dons particuliers dans ces domaines. Nous avons même reçu des instructions détaillées sur la manière d'utiliser les cercles de pierres pour la guérison.
Science et Vie (site web)
mercredi 25 octobre 2023 - 20:08:56 1087 mots
Une loi « manquante » de la nature expliquerait l'évolution de tout ce qui existe dans l'univers !
Laurie Henry
Des chercheurs ont identifié une loi universelle d'évolution s'appliquant non seulement à la vie, mais aussi à des entités comme les minéraux et les étoiles.
Cette découverte, fruit d'une collaboration interdisciplinaire, suggère que des systèmes variés, vivants ou non, évoluent vers une complexité accrue. Cette loi pourrait influencer notre approche de la recherche extraterrestre et élargir notre perspective sur les mécanismes régissant l'univers.
L'évolution, concept central des sciences biologiques, a toujours été associée à la vie sur Terre. Récemment des chercheurs ont proposé une nouvelle loi de la Nature. Cette loi « manquante » expliquerait l'évolution de la vie, des minéraux, des planètes, des étoiles. En d'autres termes, elles s'appliqueraient à tout dans l'univers, en identifiant des « concepts universels de sélection » qui poussent les systèmes à évoluer, qu'ils soient vivants ou non. Elle traite de la tendance des systèmes naturels de l'univers à devenir de plus en plus complexes avec le temps. Cette perspective, issue d'une collaboration internationale et publiée dans la revue PNAS , remet en question nos connaissances actuelles et ouvre la voie à une nouvelle compréhension des dynamiques universelles, avec des implications potentielles pour la recherche de la vie extraterrestre et notre vision de l'univers.
Une collaboration interdisciplinaire pour appréhender la nature
Avant de se pencher sur la loi elle-même, il est important de noter qu'elle est le résultat d'une synergie des domaines scientifiques. Cette dernière est un point crucial dans la récente découverte sur l'évolution. Combinant rigueur analytique des scientifiques et réflexion conceptuelle des philosophes, l'équipe a pu aborder le sujet sous un angle unique. Elle était composée de trois philosophes, de deux astrobiologistes, d'un physicien théorique, d'un minéralogiste et d'un data scientist. Ensemble, ils ont conceptualisé « la loi de l'augmentation de l'information fonctionnelle ».
Co-auteur, Jonathan Lunine, de l'Institut Carl Sagan et du Collège des arts et des sciences de Cornell souligne cette coopération. « Il s'agissait d'une véritable collaboration entre scientifiques et philosophes pour aborder l'un des mystères les plus profonds du cosmos : pourquoi les systèmes complexes, y compris la vie, évoluent-ils vers de plus grandes informations fonctionnelles au fil du temps ? ». Effectivement, l'univers est rempli de systèmes évolutifs complexes, mais les lois physiques macroscopiques existantes ne semblent pas les décrire adéquatement.
La nouvelle loi de la nature « manquante »
La « loi de l'augmentation de l'information fonctionnelle » propose une vision renouvelée de l'évolution des systèmes. Au cœur de cette loi se trouve l'idée qu'un système peut présenter une multitude de configurations possibles. Ces dernières sont soumises à une forme de sélection basée sur leur fonctionnalité. De fait le système tendra à évoluer vers des configurations de plus en plus optimisées.
Prenons l'exemple des systèmes composés d'atomes, de molécules ou de cellules. Ces entités peuvent s'assembler de multiples façons, créant une variété de configurations. Chaque configuration a une certaine « fonction » ou utilité, que ce soit en termes de stabilité, d'efficacité énergétique ou autres. Au fil du temps, certaines de ces configurations se révéleront plus avantageuses que d'autres dans un environnement donné. Ces configurations « fonctionnelles » seront donc privilégiées et persisteront, tandis que les autres disparaîtront ou seront moins courantes.
Cette loi offre ainsi un cadre pour comprendre comment et pourquoi certains arrangements de composants deviennent prédominants dans la nature. Que le système soit vivant ou non, lorsqu'une nouvelle configuration fonctionne et s'améliore, une évolution se produit. C'est Darwin appliqué à l'Univers.
La loi universelle de fonctionnalité dans la nature
La théorie de Darwin, centrée sur la biologie, considérait la fonction principalement sous l'angle de la survie. C'est-à-dire la capacité d'un organisme à vivre suffisamment longtemps pour engendrer une descendance. Toutefois, la recherche actuelle propose une vision plus nuancée et étendue de la fonctionnalité. Elle identifie trois fonctions clés dans la nature.
Premièrement, la stabilité est identifiée comme la fonction la plus élémentaire. Des configurations stables, qu'il s'agisse d'atomes ou de molécules, sont naturellement privilégiées pour leur pérennité. Ensuite, les systèmes dynamiques, qui bénéficient d'un flux constant d'énergie, ont également tendance à être favorisés par la nature.
La troisième fonction est la capacité à innover. C'est la propension des systèmes à explorer et adopter de nouvelles configurations. Ces dernières peuvent parfois engendrer des comportements ou des caractéristiques inédits, à l'instar de la photosynthèse.
Cette loi ne se limite pas au domaine biologique. Les premiers minéraux, représentant des configurations atomiques stables, ont jeté les bases des générations ultérieures de minéraux. Ces derniers ont joué un rôle déterminant dans l'apparition de la vie. Ils ont participé à la formation de structures telles que les coquilles, les dents et les os.
En astronomie, l'étude rappelle que les premières étoiles, formées peu après le Big Bang, étaient principalement composées d'hydrogène et d'hélium. Ces étoiles pionnières ont transformé ces éléments en une vingtaine d'éléments chimiques plus lourds. Les générations d'étoiles suivantes ont ensuite utilisé cette diversité élémentaire pour engendrer près d'une centaine d'autres éléments, enrichissant l'univers chimique.
La réaction de la communauté scientifique face à cette loi « manquante » et ses implications
L'émergence de cette loi a suscité de vives réactions au sein de la communauté scientifique. Stuart Kauffman, de l'Université de Pennsylvanie, est connu pour ses travaux sur les origines de la vie et les systèmes complexes. Pour lui, cette loi ne se contente pas d'apporter une contribution significative à la science, selon. Elle a le potentiel de transformer notre compréhension des systèmes évolutifs. Il qualifie l'étude de « superbe, audacieuse, large et transformationnelle ».
Cependant, tout le monde n'est pas aussi enthousiaste. Martin Rees, de l'Université de Cambridge, expert en cosmologie et astrophysique, a exprimé des réserves. Il a souvent été confronté à des théories révolutionnaires et sait combien il est crucial de les aborder avec prudence. Sans rejeter complètement la loi, il reste sceptique quant à son application universelle. Certes la loi peut avoir des implications dans certains domaines. Mais il est encore trop tôt pour déterminer si elle peut s'appliquer à l'ensemble de l'univers et de ses phénomènes.
Néanmoins les auteurs concluent, dans un communiqué , que cette nouvelle loi peut avoir des implications dans la recherche de vie extraterrestre. Les processus évolutifs identifiés ici, conduisant à l'émergence de la vie, ne seraient pas uniques à la Terre. Si les systèmes physiques et chimiques sur d'autres planètes suivent également cette loi d'augmentation de l'information fonctionnelle, alors il est plausible que la vie, sous une forme ou une autre, puisse émerger comme un résultat naturel de ces processus évolutifs.
Source : Michael L. Wong et al., “ On the roles of function and selection in evolving systems ”, PNAS,2023, 120 (43) e2310223120
Financial Times
News ; Front Page, Lundi 20 mars 2023 628 mots, p. 1
UBS acquiert Credit Suisse pour 3,25 milliards de dollars après des négociations frénétiques
Des actionnaires anéantis La faillite "n'est pas une option" L'accord crée le plus grand gestionnaire de fortune du monde
ARASH MASSOUDI, STEPHEN MORRIS, JAMES FONTANELLA-KHAN, LAURA NOONAN ET OWEN WALKER
UBS a accepté de racheter Credit Suisse pour 3,25 milliards de dollars hier, à l'issue d'un week-end de négociations frénétiques menées par les régulateurs suisses pour sauvegarder le système bancaire du pays et tenter d'éviter qu'une crise ne se propage aux marchés financiers mondiaux.
Cet accord historique est intervenu au terme de cinq jours au cours desquels les autorités suisses se sont efforcées de mettre fin à une crise de plus en plus grave qui menaçait de faire tomber le deuxième plus grand établissement financier du pays.
Une ligne de crédit d'urgence de 50 milliards de francs suisses (54 milliards de dollars) accordée par la Banque nationale suisse mercredi n'a pas permis d'enrayer la chute brutale du cours de l'action, qui a été exacerbée par l'agitation générale des marchés provoquée par l'effondrement soudain de la Silicon Valley Bank, basée en Californie.
"Vendredi, les sorties de liquidités et la volatilité du marché ont montré qu'il n'était plus possible de restaurer la confiance du marché et qu'une solution rapide et stabilisatrice était absolument nécessaire", a déclaré Alain Berset, président de la Banque nationale suisse, lors d'une conférence de presse à Berne hier soir.
UBS paiera environ 0,76 franc suisse par action, pour une valeur de 3 milliards de francs suisses, contre une offre précédente de 0,25 franc suisse, soit environ 1 milliard de dollars, qui avait été rejetée par le conseil d'administration du Credit Suisse. L'offre reste très inférieure au cours de clôture du Credit Suisse, qui était de 1,86 franc suisse vendredi.
La Banque nationale suisse a accepté d'offrir à UBS une ligne de liquidité de 100 milliards de francs suisses, assortie d'une garantie de défaillance de la Confédération, dans le cadre de l'accord, a déclaré le ministère suisse des finances. Le gouvernement fournit également une garantie contre les pertes à hauteur de 9 milliards de francs suisses, mais seulement après qu'UBS ait supporté les premières pertes de 5 milliards de francs suisses sur certains portefeuilles d'actifs.
"Il ne s'agit pas d'un sauvetage. Il s'agit d'une solution commerciale", a déclaré Karin Keller-Sutter, ministre suisse des finances.
"La faillite aurait entraîné d'énormes dommages collatéraux sur le marché financier suisse et un risque de contagion au niveau international.
Le rapprochement crée en Europe l'une des plus grandes institutions financières d'importance systémique mondiale. Le bilan d'UBS s'élève à 1,1 milliard de dollars et celui du Crédit suisse à 575 milliards de dollars. L'opération consolidera également la position d'UBS en tant que premier gestionnaire de fortune au monde, avec des activités couvrant les États-Unis, l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie.
Le département fédéral suisse des finances a déclaré que "suite à des sorties de fonds massives et rapides, la confiance dans le Credit Suisse s'est érodée très rapidement, malgré un capital suffisant et des liquidités élevées pendant une période prolongée, et la banque est menacée de faillite".
Les sorties de fonds du Credit Suisse ont dépassé les 10 milliards de francs suisses par jour à la fin de la semaine dernière. La faillite du Credit Suisse n'est pas envisageable en raison des "conséquences imprévisibles pour l'économie suisse et le système financier mondial", ajoute le communiqué. "La faillite éroderait la confiance des clients et des investisseurs internationaux dans l'ensemble de la place financière suisse.
"Compte tenu des circonstances récentes, extraordinaires et sans précédent, la fusion annoncée représente la meilleure solution possible", a déclaré Axel Lehmann, président du conseil d'administration du Credit Suisse.
Selon les termes de l'accord, 17 milliards de francs suisses de capital réglementaire ont été annulés, et de lourdes pertes sont attendues pour les détenteurs d'obligations Additional Tier 1 de la banque, des instruments de dette qui se convertissent en actions lorsque les banques rencontrent des difficultés. Le Credit Suisse a déclaré dans son communiqué d'hier soir que les obligations seraient "ramenées à zéro".
Ce rachat signifie la fin d'une banque vieille de 167 ans, fondée en 1856 et dont le siège fait face à son rival acharné, l'UBS, de l'autre côté de la place Paradeplatz à Zurich. Elle vient couronner quelques années calamiteuses marquées par des crises qui se sont traduites par des milliards de dollars de pertes et qui ont gravement entaché la réputation de la banque en matière de gestion des risques.
Reportage complémentaire de Sam Jones
Il ne s'agit pas d'un sauvetage. Il s'agit d'une solution commerciale", a déclaré le ministre suisse des finances.
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De gauche à droite, Axel Lehmann, président du Credit Suisse, Thomas Jordan, président de la BNS et Colm Kelleher, président d'UBS, hier à Berne Pascal Mora/Bloomberg