L'arrêt "Logistep" du Tribunal fédéral suisse et les préoccupations du représentant américain au commerce
Selon l'arrêt du Tribunal fédéral suisse du 8 septembre 2010 (ATF 136 II 508 ss [524], consid. 6.3.3, "Logistep"), la documentation des adresses IP par les ayants droit était jusqu'à récemment incompatible avec la loi sur la protection des données (LPD), et donc illégale. Les informations obtenues sur la base de ce traitement illicite des données n'étaient par conséquent pas utilisables dans le cadre d'une procédure pénale. Dans l'arrêt susmentionné, le Tribunal fédéral avait déclaré qu'une "protection du droit d'auteur adaptée aux nouvelles technologies" devait être mise en place par la voie législative (et non par la jurisprudence).
Avec l'article 77i de la loi sur le droit d'auteur (LDA), le législateur suisse a créé une base légale explicite pour le traitement de données mentionné.
Avec les mesures mises en œuvre pour lutter contre le piratage, le législateur suisse répond également aux préoccupations du représentant américain au commerce, exprimées dans le rapport Special 301 de 2016. Ce rapport annuel sur la protection des droits de propriété intellectuelle dans le monde contient entre autres une "Watch List" dans laquelle figurent les Etats qui, selon les Etats-Unis, présentent des déficits en matière de protection des droits de propriété intellectuelle. A la demande de l'industrie américaine des droits d'auteur, la Suisse (citée dans le domaine du piratage en ligne au même titre que la Chine, la Russie, l'Ukraine, l'Inde, le Brésil et le Canada) a été inscrite pour la première fois en 2016 sur la liste des pays de référence.
"Dans son arrêt du 08.09.2010, le Tribunal fédéral à Lausanne a admis que les adresses IP constituaient des données personnelles et relevaient, comme telles, de la loi sur la protection des données. Il a également considéré, à la majorité de ses membres, que les recherches effectuées secrètement par des entreprises privées afin de collecter des adresses IP étaient illicites, aucun motif suffisant ne justifiant une telle pratique. Le jugement fait interdiction immédiate à la société Logistep SA de collecter et de transmettre des données personnelles ; elle doit donc mettre fin à tout traitement de données dans le domaine du droit d'auteur."