J.-J. Glassner affirme que « dans leur immense majorité, les paiements se font en orge, ou en métal, le cuivre ou l’argent [...]; quelques sources précisent, s’agissant de l’argent, qu’il s’agit “d’argent raffiné”. Les Mésopotamiens privilégient donc le recours à un équivalent universel qui exprime la valeur des biens... » (p. 64), mais l’auteur ne précise pas lequel. « Cet équivalent général [même remarque] n’est autre qu’une monnaie [...], “instrument de mesure généralisée des biens” ». Cette dernière affirmation s’oppose aux idées d’A. Testart : « La monnaie n’est pas le “moyen ou l’instrument de la mesure” » (p. 19). Présentant les objets monétaires qui pourraient être, en Mésopotamie, « des médailles kaniktum ou des petits disques solaires shamshum », Glassner conclut son travail sur un ton mi-figue mi-raisin : « On ne peut donc dire si ces objets ou certains d’entre eux servent de monnaie; en tout état de cause, ils peuvent avoir un double emploi » (p. 69). Mais à propos des mêmes objets, F. Thierry a une opinion différente : « Dès l’époque babylonienne ancienne, sous Hammurabi (ca 1792-1750), l’argent est le moyen de paiement pour les biens et les services, et dans certains rares cas, ce morceau d’argent porte un sceau et est appelé kaniktum [...]. Le poinçon n’est pas une garantie de l’État, mais la marque du taux d’impureté : à cette époque apparaissent le concept de “valeur annoncée”, qui dans une certaine mesure peut être comprise comme l’ancêtre de la valeur faciale, et celui de “poids réel”, qui est en quelque sorte la valeur intrinsèque, ces deux notions s’appliquant à un même kaniktum. Dans une certaine mesure, on peut dire que les conditions d’apparition de la monnaie occidentale sont nées » (p. 120).
Testart, Alain (dir.), Aux origines de la monnaie [compte-rendu]
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