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Les concentrations de gaz à effet de serre dépasseront bientôt 400 parties par million au niveau des points sentinelles.
Près du sommet lunaire du volcan Mauna Loa, à Hawaï, un analyseur infrarouge entrera bientôt dans l'histoire. Au cours du mois prochain, il devrait enregistrer une concentration quotidienne de dioxyde de carbone dans l'atmosphère de plus de 400 parties par million (p.p.m.), une valeur qui n'a pas été atteinte à ce point de surveillance clé depuis quelques millions d'années.
Il n'y aura pas de ballons ni de bruiteurs pour célébrer l'événement. Les chercheurs qui surveillent les gaz à effet de serre y verront plutôt un marqueur inquiétant du pouvoir de l'humanité à modifier la chimie de l'atmosphère et, par extension, le climat de la planète. À 400 p.p.m., les nations auront du mal à contenir le réchauffement de la planète, estime Corinne Le Quéré, chercheuse en climatologie à l'université d'East Anglia à Norwich, au Royaume-Uni, qui estime que l'impact "se rapproche dangereusement de l'objectif de 2 °C que les gouvernements du monde entier se sont engagés à ne pas dépasser".
Il faudra un certain temps, peut-être quelques années, avant que la concentration mondiale de CO2, calculée en moyenne sur une année entière, ne dépasse 400 ppm. Mais le dépassement de cette valeur à Mauna Loa est significatif car les chercheurs y surveillent le gaz depuis 1958, soit depuis plus longtemps qu'à n'importe quel autre endroit. "C'est le moment de faire le point sur notre situation et sur notre avenir", explique Ralph Keeling, géochimiste à la Scripps Institution of Oceanography de La Jolla, en Californie, qui supervise les activités de surveillance du CO2 sur le Mauna Loa. Cet enregistrement des gaz, connu sous le nom de courbe de Keeling, a été lancé par son père, Charles Keeling.