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Financial Times
News ; Front Page, Lundi 20 mars 2023 628 mots, p. 1
UBS acquiert Credit Suisse pour 3,25 milliards de dollars après des négociations frénétiques
Des actionnaires anéantis La faillite "n'est pas une option" L'accord crée le plus grand gestionnaire de fortune du monde
ARASH MASSOUDI, STEPHEN MORRIS, JAMES FONTANELLA-KHAN, LAURA NOONAN ET OWEN WALKER
UBS a accepté de racheter Credit Suisse pour 3,25 milliards de dollars hier, à l'issue d'un week-end de négociations frénétiques menées par les régulateurs suisses pour sauvegarder le système bancaire du pays et tenter d'éviter qu'une crise ne se propage aux marchés financiers mondiaux.
Cet accord historique est intervenu au terme de cinq jours au cours desquels les autorités suisses se sont efforcées de mettre fin à une crise de plus en plus grave qui menaçait de faire tomber le deuxième plus grand établissement financier du pays.
Une ligne de crédit d'urgence de 50 milliards de francs suisses (54 milliards de dollars) accordée par la Banque nationale suisse mercredi n'a pas permis d'enrayer la chute brutale du cours de l'action, qui a été exacerbée par l'agitation générale des marchés provoquée par l'effondrement soudain de la Silicon Valley Bank, basée en Californie.
"Vendredi, les sorties de liquidités et la volatilité du marché ont montré qu'il n'était plus possible de restaurer la confiance du marché et qu'une solution rapide et stabilisatrice était absolument nécessaire", a déclaré Alain Berset, président de la Banque nationale suisse, lors d'une conférence de presse à Berne hier soir.
UBS paiera environ 0,76 franc suisse par action, pour une valeur de 3 milliards de francs suisses, contre une offre précédente de 0,25 franc suisse, soit environ 1 milliard de dollars, qui avait été rejetée par le conseil d'administration du Credit Suisse. L'offre reste très inférieure au cours de clôture du Credit Suisse, qui était de 1,86 franc suisse vendredi.
La Banque nationale suisse a accepté d'offrir à UBS une ligne de liquidité de 100 milliards de francs suisses, assortie d'une garantie de défaillance de la Confédération, dans le cadre de l'accord, a déclaré le ministère suisse des finances. Le gouvernement fournit également une garantie contre les pertes à hauteur de 9 milliards de francs suisses, mais seulement après qu'UBS ait supporté les premières pertes de 5 milliards de francs suisses sur certains portefeuilles d'actifs.
"Il ne s'agit pas d'un sauvetage. Il s'agit d'une solution commerciale", a déclaré Karin Keller-Sutter, ministre suisse des finances.
"La faillite aurait entraîné d'énormes dommages collatéraux sur le marché financier suisse et un risque de contagion au niveau international.
Le rapprochement crée en Europe l'une des plus grandes institutions financières d'importance systémique mondiale. Le bilan d'UBS s'élève à 1,1 milliard de dollars et celui du Crédit suisse à 575 milliards de dollars. L'opération consolidera également la position d'UBS en tant que premier gestionnaire de fortune au monde, avec des activités couvrant les États-Unis, l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie.
Le département fédéral suisse des finances a déclaré que "suite à des sorties de fonds massives et rapides, la confiance dans le Credit Suisse s'est érodée très rapidement, malgré un capital suffisant et des liquidités élevées pendant une période prolongée, et la banque est menacée de faillite".
Les sorties de fonds du Credit Suisse ont dépassé les 10 milliards de francs suisses par jour à la fin de la semaine dernière. La faillite du Credit Suisse n'est pas envisageable en raison des "conséquences imprévisibles pour l'économie suisse et le système financier mondial", ajoute le communiqué. "La faillite éroderait la confiance des clients et des investisseurs internationaux dans l'ensemble de la place financière suisse.
"Compte tenu des circonstances récentes, extraordinaires et sans précédent, la fusion annoncée représente la meilleure solution possible", a déclaré Axel Lehmann, président du conseil d'administration du Credit Suisse.
Selon les termes de l'accord, 17 milliards de francs suisses de capital réglementaire ont été annulés, et de lourdes pertes sont attendues pour les détenteurs d'obligations Additional Tier 1 de la banque, des instruments de dette qui se convertissent en actions lorsque les banques rencontrent des difficultés. Le Credit Suisse a déclaré dans son communiqué d'hier soir que les obligations seraient "ramenées à zéro".
Ce rachat signifie la fin d'une banque vieille de 167 ans, fondée en 1856 et dont le siège fait face à son rival acharné, l'UBS, de l'autre côté de la place Paradeplatz à Zurich. Elle vient couronner quelques années calamiteuses marquées par des crises qui se sont traduites par des milliards de dollars de pertes et qui ont gravement entaché la réputation de la banque en matière de gestion des risques.
Reportage complémentaire de Sam Jones
Il ne s'agit pas d'un sauvetage. Il s'agit d'une solution commerciale", a déclaré le ministre suisse des finances.
Figure(s) :
De gauche à droite, Axel Lehmann, président du Credit Suisse, Thomas Jordan, président de la BNS et Colm Kelleher, président d'UBS, hier à Berne Pascal Mora/Bloomberg