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Le Figaro (site web)
mercredi 20 octobre 2021 - 18:37 UTC +02:00 786 mots
Actualité ; Sciences & Environnement
Les personnes vaccinées ont-elles plus de risque d'être contaminées que les autres?
LA VÉRIFICATION - Des données britanniques montrent que le taux d'infection est plus important chez les personnes vaccinées que chez celles qui ne le sont pas. Un phénomène qui s'explique parfaitement.
LA QUESTION. À mesure que la campagne de vaccination s'étend, apparaissent des cas de plus en plus nombreux de personnes vaccinées et néanmoins infectées par le Sars-CoV-2, comme l'a fait remarquer il y a quelques jours sur Twitter un professeur d'économie britannique.
« Le dernier rapport de surveillance sur les vaccins de l'Agence de santé publique britannique rapporte désormais que les personnes vaccinées sont testées positives à un taux plus important que les non-vaccinées, et ceci pour toutes les tranches d'âge à partir de 30-39 ans », écrit celui qui bénéficie d'une large audience sur le réseau social. C'est parfaitement vrai, comme le prouve le rapport en question. Chez les 40-49 ans, la proportion de personnes infectées est même deux fois plus importante chez les vaccinées que chez les non vaccinés (1281 sur 100.000 personnes contre 690) en septembre. Mais cela signifie-t-il pour autant que les personnes immunisées grâce au vaccin ont plus de risque d'être infectées ?
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VÉRIFIONS. En réalité, ce phénomène n'est ni surprenant, ni particulièrement inquiétant, et ceci pour deux raisons. D'abord, le vaccin ne protège qu'imparfaitement contre le risque d'infection. Il est donc possible d'être infecté par le virus, même avec un schéma vaccinal complet. « Les vaccins dont nous disposons actuellement sont injectés dans un muscle du bras. Cela permet d'acquérir une bonne immunité générale et de protéger ainsi contre les formes graves, profondes de la maladie. Mais cela ne va pas forcément donner une très bonne immunité de surface au niveau des muqueuses », expliquait il y a quelques semaines au Figaro le Pr Michel Cogné, médecin biologiste et immunologiste au CHU de Rennes. Or la porte d'entrée privilégiée du virus se trouve précisément être la muqueuse nasale. Certains scientifiques avaient d'ailleurs mis en garde sur ce point avant même que les vaccins ne commencent à être utilisés, et leur capacité à empêcher l'infection s'est révélée être encore plus mauvaise qu'escomptée.
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Par ailleurs, les personnes complètement vaccinées, au Royaume-Uni comme en France, représentent désormais la majorité de la population (respectivement 67,5% et 67,4%), enfants compris. Mécaniquement, il n'est donc pas étonnant de retrouver davantage de personnes infectées dans le groupe des vaccinées, puisque le virus continue à circuler. « Si 100% des gens mettaient leur ceinture de sécurité, le nombre d'accidents mortels en voiture diminuerait, mais parmi les décès qui surviendraient, 100% concerneraient des gens qui avaient attaché leur ceinture. Cela ne veut pas dire que la ceinture de sécurité ne fonctionne pas» , expliquait cet été à CBC News Raywat Deonandan, épidémiologiste à l'université d'Ottawa (Canada).
D'autant que «les personnes vaccinées peuvent être davantage exposées que les non-vaccinées : comportement plus relâché , dépistage et isolement moins fréquent, fréquentation de zones où le virus circule davantage », explique Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie et évolution des maladies infectieuses à l'université de Montpellier. En clair, ce n'est pas le fait d'être vacciné qui expose à un risque accru de contracter le virus, mais le fait que les personnes vaccinées ont repris leur vie d'avant sans doute davantage que les non vaccinées et qu'elles font moins attention, ce qui les expose davantage à l'infection. Par ailleurs, poursuit le chercheur, « les personnes non vaccinées comprennent des personnes infectées naturellement - potentiellement plus que chez les vaccinées - dont certaines l'ont été récemment. Elles sont donc actuellement protégées contre le variant Delta ».
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Compter plus d'infections dans le camp des vaccinés ne signifie donc pas que les vaccins sont inutiles. En pratique, leur efficacité contre les formes graves de la maladie se mesure grâce au nombre d'hospitalisations et de décès. Et en la matière, toutes les données dont nous disposons sont très encourageantes. Dans le rapport britannique, on apprend ainsi que le taux de personnes hospitalisées pour un Covid était significativement plus faible chez les vaccinées que chez les non-vaccinés : -81% chez les 50-59 ans, -77% chez les 60-69 ans, -68% chez les 70-79 ans et -50% chez les plus de 80 ans. Même constat pour la mortalité due au Covid, qui est bien plus faible chez les personnes vaccinées. Dans tous les cas, on constate tout de même une atténuation de l'efficacité avec l'âge.