Pacifier ta relation à l’argent pour changer le monde

Sur ce site je parle beaucoup de monnaie, de système monétaire, de structures collectives liées à la notion d'argent. Aujourd'hui on va voir tout ceci sous un angle différent.

Aujourd'hui je vais compléter l'article sur ton rapport personnel à l'argent pour montrer comment des croyances personnelles peuvent faire émerger des systèmes économiques.

De plus nous verrons comment pacifier sa relation personnelle avec l'argent.

Je dis souvent que la monnaie est une structure du monde. Et bien souvent je dis que c'est une structure de pouvoir d'une poignée sur un grand nombre. Une transformation d'un système d'esclavage vers un autre.

Cette petite vidéo humoristique le montre bien.... 😛

Mais d'où vient une structure collective ? Ne serait-ce pas l'agrégation de nombreuse structures individuelles dans lesquelles chacun joue son rôle ?

La structures oblige les individus à jouer un rôle

Il y a plusieurs avis sur le sujet. Nous avons par exemple les structuralistes. Frédéric Lordon en est un. Il pense que le capitalisme est une structure qui agit sur les individus par affect et désir. Il pense que les individus dans cette structure n'ont pas de libre arbitre. Ils sont conditionnés par cette structure.

Voici une vidéo dans laquelle il évoque ceci.
(Je trouve qu'il dit des choses finalement simples mais d'une manière terriblement compliquées !!)

Petite digression par rapport aux structures d'organisation

Un autre sujet qui me passionne, c'est les structures des organisations, il n'y a pas que les structures monétaires dans la vie !

Lordon parle dans cette vidéo, de la gouvernance en holacratie. Il dit que ça ne fonctionne que par beau temps: "Allez voir quand les actionnaires ne sont plus d'accord... tout ce management s'effondre"

Effectivement il soulève un point très intéressant qui est souvent négligé, mais il jette le bébé avec l'eau du bain.

Fédéric Laoux le dit très bien dans son livre "Reinventing organizations", si l'on veut appliquer une gouvernance partagée, une gouvernance de type Opale. Il est nécessaire que le(s) propriétaire(s) soient en accord avec ce fonctionnement.

livre reinventing organization frédéric laloux

Lordon a une vision du monde de lutte de classe. Donc évidemment ça ne l'arrange pas quand on peut sortir de la lutte !

C'est le grand combat entre les deux visions du monde, réformer de l'intérieur ou faire la révolution....   et personnellement je trouve plus intéressant la troisième voie: construire à côté.

Le cas de Buurtzorg, entreprise de soins à domicile aux Pays-Bas est passionnant. Ce cas montre qu'en très peu de temps, en construisant à côté une entreprise qui correspond à ses valeurs et aux valeurs des acteurs du domaines (les soignants et les soignés) et bien on peut bouffer la majorité du marché. Les soignants préfèrent venir travailler dans un meilleur cadre et les soignés demandent à travailler avec Buurtzorg plutôt qu'avec les autres.

Le Jeu de la Monnaie pour comparer l'effet de quatre systèmes économiques

Régulièrement, j'organise des "Jeu de la Monnaie".

Le Jeu de la Monnaie, c'est 4 petits jeux d'une dizaine de minutes qui nous permettent de simuler 4 systèmes économiques, afin d'observer leur influence sur les individus.

Le fil rouge entre les quatre jeux, c'est la possibilité de construire des maisons. ?
Les maisons sont symbolisées par 4 murs, 4 cartes à jouer de la même hauteur. ♠️♥️♣️♦️
Les règles sont simples, mais ce qui en émerge peut devenir très complexe.

Petit aperçu en vidéo du déroulement d'un jeu de la monnaie...

Donc c'est toujours la même idée là derrière: les structures conditionnent les individus. Si on change la structure, on change tout!

Et effectivement, je constate que les 4 jeux sont très différents. Je vois que le vol, la mendicité, les grosses multinationales qui s'accaparent les ressources n'émergent que dans un des jeux....  devine lequel !

Le libre arbitre existe

Mais malgré tout, il y a des différences entre les parties et la seule chose qui change. Ce sont les joueurs. Ainsi je tends à penser que le libre arbitre existe toujours, contrairement à ce que pense Lordon.

Le premier jeu du Jeu de la Monnaie n'a pas vraiment de structure. Ainsi c'est le jeu dans lequel on voit le plus de différences d'une partie à l'autre. C'est là qu'on observe le mieux le libre arbitre des joueurs.

Certains sont dans la peur et le manque.... et d'autres sont dans la joie et le don....

Mais pourquoi une telle différence entre individus ?

Les croyances autour de l'argent

Dans mon article précédent je t'ai questionné sur ta relation personnelle à l'argent. Si tu n'as pas lu cet article je t'invite à le faire. Je ne ferai ici qu'un bref résumé.

Pour comprendre pourquoi des individus agissent différemment dans la même situation, il est intéressant d'observer les croyances liées à l'argent. Christian Junod le fait bien.

Bien, qu'il soit banquier à la base, Christian Junod dit qu'il n'est pas un spécialiste de la monnaie, de sa création de son origine etc...

Par contre il dit qu'il est un spécialiste de "la relation à l'argent".

Dans les différentes croyances associées à l'argent, il y a des gens pour qui l'argent est du pouvoir, de la liberté, de l'indépendance, de l'autonomie, voir le bonheur. Il y en a pour qui c'est de la sécurité. Il y a des gens pour qui l'argent c'est mal !.. ça brûle les doigts... ça crée des conflits...   Il n'y a qu'à voir les familles qui se déchirent pour des héritages... L'argent c'est sale, ça crée l'injustice.

A partir de ces croyances, il y a des gens qui sont capables d'attirer de l'argent et d'autres qui se sabotent au dernier moment pour ne pas en recevoir. Plus étonnant encore, il semble que c'est parfois en lien avec des croyances familiales et pas que personnelles. Ces croyances sont souvent inconscientes !

Il y a des comportements comme celui que Christian Junod décrit à propos de ce qu'il faisait lui-même, placer sa sécurité dans l'argent. Ainsi, il y a même des gens qui sont multi-millionnaires (ou plus) qui ont toujours besoin d'accumuler, qui sont pingres, car ils n'osent pas toucher à leur sécurité. Il faut toujours plus d'argent. Oui... même en étant millionnaire on peut être dans la peur du manque.

Christian Junod s'est donné pour mission d'aider les gens à pacifier leur relation avec l'argent. Il organise (organisait... il semble qu'il veut changer de formule) des ateliers pour comprendre sa relation à l'argent et la pacifier. Il a également écrit des livres comme "Ce que l'argent dit de vous".

D'où viennent les structures collectives ?

Les structuralistes pensent que la structure va mettre les individus dans une situation où il n'ont plus de libre arbitre. Ils n'ont plus que pour choix de choisir un rôle que la structure offre. D'une manière générale on voit souvent émerger le triangle de Karpman, soit le triangle des relations entre les rôles de bourreau, victime et sauveur.

J'observe qu'effectivement la structure est très forte pour conditionner les individus. Mais d'où vient la structure comment se met-elle en place? Comment et de où est-ce qu'elle émerge ?

J'ai l'impression que les structures collectives ne sont que le reflet de la vision du monde des individus. Plus spécialement les structures sont souvent là pour refléter les peurs des individus.

Quand un groupe est tout neuf, il y a rarement beaucoup de règles. Puis quand il y a eu des conflits, on met en place des règles pour éviter que les conflits ne se reproduisent.

Ainsi une personne qui vit en pleine confiance n'a pas besoin de beaucoup de règles. Alors que la personne qui vit dans la peur tente de construire un système qui la rassurera.

star wars armée stormtroopers

L'origine de la structure collective actuelle de monnaie dette

A propos de monnaie, une personne qui a la croyance que l'argent c'est la sécurité, va tenter de pousser collectivement vers un système qui lui permet d'accumuler beaucoup d'argent. Elle va évidement se mettre du bon côté, même si c'est pas bon pour l'ensemble des individus.

Une personnes qui a la croyance que l'argent c'est le pouvoir et le contrôle de son avenir va avoir tendance à favoriser un système dans lequel elle peut contrôler le plus largement possible les facteurs qui influencent son avenir.

Le système à monnaie dette par exemple, n'est que la conséquence de croyances de certains qui ont par exemple, peur de l'abus, donc veulent contrôler, au point de contrôler l'entier de la société et le futur grâce au contrôle des crédits.

Car oui, quand on y réfléchi, un banquier décide de l'avenir. C'est lui qui décide d'accorder un crédit ou non à un projet.

credit bancaire facile

Ainsi je me dis de plus en plus que les structures du monde actuel ne sont que le fruit des plus peureux d'entre nous !
.... donc ceux qui veulent, tout contrôler (les autres, la vie...) et ne surtout pas faire confiance (aux autres, à la vie).
(Les autres... la vie...... big brother et les OGM... ne serait-ce pas la même source ? Cette envie de tout contrôler ?)

Qui est le plus malheureux dans le triangle de Karpman ?  le bourreau ou la victime ?  Le bourreau ne serait-il pas bourreau juste pour éviter d'être la victime ?

star wars kylo ren sabre laser

Les gens hors contrôle font peur

Pourquoi est-ce que c'est le système des plus peureux qui gagne et pas le système des plus en confiance ?

Pourquoi est-ce que l'on vit dans un système de monnaie dette hyper centralisé où les banques détiennent quasi tous les pouvoirs ? On pourrait tout aussi bien vivre dans un système de don ?

Je me dis que les individus qui ont confiance n'ont pas besoin de règles, donc ils laissent tranquilles les autres. Alors que les individus guidés par la peur et l'envie de contrôler vont forcément impliquer les autres et l'entier du monde dans leur système. Sinon il y a toujours un risque de ne pas contrôler....

Cette thèse semble se confirmer dans l'histoire de l'anarchisme. En tout temps, les anarchistes se sont fait massacrés. Il y a eu au cours des 19ème et 20ème siècles quelques exemples peu connus de sociétés anarchistes qui ont fonctionné, mais elles se sont toujours fait écrasées (en général dans le sang) par les puissants d'à côté qui avaient peur que leur modèle ne s'effondre.

banque dictateur

C'est ainsi que le communisme libertaire s'est fait écraser par le communisme totalitaire. C'est ainsi qu'après avoir combattus ensemble leur ennemis communs, l'armée rouge de l'état central russe a écrasé la Makhnovchtchina une armée d'inspiration anarchiste qui mettait en place des sociétés rurales autogérées en Ukraine.

La commune de Paris en 1871 a également fini dans un bain de sang. La révolution sociale espagnole de 1936 a échoué au bout d'une année. Au moment où la coalition au pouvoir a commencé à gentiment se débarrasser des anarchistes, en interdisant d'abord leur médias, puis en les désarmant.... et c'est ce qui finalement a permis au général Franco mieux armé de prendre le pouvoir pendant les décennies suivantes....

L'histoire de l'anarchie est très bien racontée dans ce documentaire:

Le bénévolat, le marché du travail des anti-argent

Ci-dessus nous avons observé les conséquences de la croyance que dans l'argent se trouve ma sécurité, mon pouvoir, le contrôle de ma vie et de mon avenir.

Mais il y a encore d'autres croyances que nous n'avons pas encore explorées. Quelles sont les conséquences de la croyance que l'argent c'est mal, c'est Mamon ! que ça brûle les doigts, que l'argent crée la discorde et l'injustice ?

Christian Junod explique qu'il est allé parfois dans des organisations bénévoles pour donner ses ateliers sur Sa relation à l'argent. Une fois il a fait un petit sondage sur les croyances des bénévoles présents: une large majorité avait pour croyance que l'argent c'est mal ! (pour diverses raisons)

Ainsi on peut se poser la question: le bénévolat ne serait-il pas l'économie des gens qui ont pour croyance que l'argent est mal ?

En faisant du bénévolat, c'est s'assurer de pouvoir travailler sans avoir besoin d'utiliser de l'argent. Quand il n'y a pas de salaire, il n'y a pas d'argent. C'est donc s'assurer de ne pas participer à ce système totalement injuste qui crée la discorde !

C'est certainement inconscient pour beaucoup, mais ça me semble bien réel !

Polarisation et moralisation de sa vision de l'économie

La conséquence de ce genre de croyances négatives à propos de l'argent, c'est d'être souvent limite concernant ses besoins monétaires. Car en ayant une vision négative de l'argent, on s'interdit d'avoir plus que ce qu'il faut pour survivre. Et survivre, ce n'est pas vivre.

Ainsi le sujet de l'argent revient tout le temps sur le tapis. J'ai pas les moyens pour ceci ou cela... Je ne peux pas me le permettre. Ou pire encore, c'est renoncer à certaines valeurs à cause de ses moyens financiersJe mangerai bien que du bio, mais j'ai pas les moyens...

Ça peut également se traduire par une frustration de ne pas pouvoir vivre en accord avec ses valeurs. C'est par exemple le cas en se forçant à avoir un job alimentaire par-ce qu'il faut bien gagner du fric pour payer les factures. Et d'avoir, en plus, une activité bénévole qui elle, est réellement l'expression de ce que l'on a envie d'offrir au monde.

Cette activité bénévole est l'activité que je ferai si j'étais millionnaire ou si j'avais un Revenu de Base Inconditionnel. Pose-toi cette question et tu sauras si tu es dans peut être dans ce cas ?

revenu de base inconditionnel revenu assure question t-shirt

Survivre ainsi crée un inconfort. Cet inconfort peut être compensé par la morale. En n'ayant pas d'argent, Moi au moins je suis pur car je ne participe pas à ce système injuste.

Ainsi la personne dans cette situation se met à polariser le monde avec des gentils qui font du bénévolat et des méchants qui utilisent de l'argent.

Cette polarisation touche aussi les organisations bénévoles:
Vu que nous ne gagnons pas d'argent, notre but est noble. Alors que ceux qui gagnent de l'argent avec leur activité ne peuvent avoir une noble raison d'être !

Ayant pas mal oeuvré dans le milieu du bénévolat, j'ai souvent remarqué que l'argent est un sujet compliqué. Il y a souvent une justification au fait que l'on ne fait pas quelque chose, car on manque de moyens financiers. (les moyens humains ne manque pas forcément)

Par contre quand il s'agit de trouver l'argent qui permet d'avoir les moyens de ses ambitions. En général, il est très difficile de trouver des gens qui sont motivés pour la tâche de recherche de fonds... (J'ai surtout observé ça dans les gens qui militent pour un Revenu de Base Inconditionnel.... est-ce qu'il y aurait un lien ?)

J'ai eu par contre des activités bénévoles dans d'autres organisations où l'argent coulait à flot ! Enfin.... trop d'argent pour du bénévolat, et pas assez pour rémunérer les gens ou du moins pas tous... ! Et bien là non plus c'était pas simple. La croyance que l'argent sème la zizanie revient au galop et certains disent carrément: ce serait plus simple si on avait pas cet argent.

Le philosophe Karl Jaspers a inventé le concept de l'âge axial. Une période de quelques siècles, assez courte en regard de l'Histoire humaine, durant laquelle la plupart des grandes religions et philosophies ont émergées.

L'anthropologue David Graeber indique dans son livre Dette 5000 ans d'histoire que cette émergence de nombreuses pensées nouvelles en lien avec le divin et la morale est en fait une réaction face à l'invention des pièces de monnaie et l'arrivée de la pensée rationnelle matérialiste. (rationnel, vient de ratio, la proportion. Donc ce qu'il est possible d'acheter avec une quantité de monnaie donnée.)

Il y a donc peut être effectivement un lien entre les croyances liées à l'argent et la moralisation de la société.

dette 5000 ans d'histoire graeber

La lutte contre le système monétaire oppresseur et esclavagiste

Une autres approche, parfois complémentaire, c'est la lutte pour dénoncer le système. Comme montré plus haut, le système monétaire, pour ceux qui sont du mauvais coté est un système esclavagiste qui ne dit pas son nom. Le système monétaire n'est peut être pas la seule structure qui agit, mais il est indéniable qu'elle est bien présente.

J'ai déjà longuement décrit sur ce blog les nombreuses facettes du système monétaire, son fonctionnement et ses alternatives. Tu peux retrouver tout ces articles sur la catégorie monnaie du blog.

monnaie minimoi

La question que je me pose est de savoir si une personne qui est en situation de ne jamais attirer beaucoup d'argent va devenir une personne qui lutte contre ce système injuste à l'extérieur d'elle même ?

Il me semble que c'est tout à fait probable. Le mouvement Occupy Wall Street et ses dérivés le prouve. Le slogan Nous sommes le 99% dénonce bien la structure collective qui organise les inégalités sociales.

Mais on peut se poser la question:

Qui est responsable de cette situation est-ce que ce sont les grands méchants peureux qui ont construits et maintiennent un système qui leur est profitable pour éviter de perdre le contrôle de l'avenir ?

Ou est-ce que c'est ta croyance que l'argent est quelques chose de mauvais et qu'il faut l'éviter ?

A méditer pour toutes les personnes qui aiment lutter contre l'extérieur...  le changement principal est peut-être à faire d'abord à l'intérieur.

En tout cas, il n'est vraiment possible d'agir QUE sur son cercle d'influence. Celui-ci commence par soi-même. Et n'est parfois pas bien grand au delà de soi-même !

Avant de perdre de l'énergie à vouloir changer ce qui n'est pas dans son cercle d'influence (et d'en prendre plein la gueule), il vaut mieux se changer soi-même, et ainsi faire grandir sa sphère d'influence !

Résultat de recherche d'images pour "cercle d'influence personnel"

Gandi disait:

Soyez le changement que vous voulez voir pour le monde.

A la fin de cette vidéo qui décrit le projet d'éco-hameau Tera, son co-fondateur Frédéric Bosqué, indique que ça fait du bien de s'occuper de sa zone d'influence et plus du reste. On sort de son sentiment d'impuissance.

Dans une conférence où je l'avais vu, Frédéric Bosqué nous avait raconté une anecdote vécue dans une organisation de groupement d'achat. Une personne était intraitable avec les paysans pour grapiller des centimes sur le prix des patates.

En fait cette personne agit personnellement de la même manière que la grande distribution qu'elle dénonce à l'extérieur d'elle. Elle construit une alternative au système "capitaliste" qu'elle combat. Mais en même temps elle agit de la même manière. Ce qui n'est pas cohérent... car en suivant cette logique on ne change rien.

Ainsi avant de changer le monde extérieur, il faut bien faire attention de changer son monde intérieur. Sinon le même schéma se reproduit. La structure alternative ne change rien à part les gens à sa tête !

Le circuit du donner-recevoir

Maintenant que cette introduction est faite à propos de se changer à l'intérieur pour voir les changements à l'extérieur de soi, il est temps d'expliquer le circuit du donner et recevoir.

Je pense que ce qui sous-tend tout système économique, tout système monétaire. C'est un circuit de donner et recevoir. (Je pense même que ce principe de circuit peut s'appliquer à de nombreux domaines, comme l'information et la nourriture... )

Je pense que si on ne parvient pas à pacifier le rapport de chacun avec le principe de donner-recevoir, forcément on va laisser émerger un système global qui est plein de défauts.

Etant à la base électronicien, j'ai représenté ici le circuit du donner et recevoir de la même manière qu'une circuit pour allumer une LED qui fait de la lumière.

Le circuit comporte une source qui crée une tension, une différence de potentiel électrique. Cette différence de potentiel crée la circulation d'un courant électrique. Il y a une résistance qui limite le passage de ce courant. Il y a donc là une perte d'énergie. Elle est généralement dissipée en chaleur. Puis ce courant va traverser une LED. Cette LED émet de la lumière. C'est ici l'action utile que l'on voulait. Puis les électrons qui composent le courant électrique reviennent à la source.
(En analogie hydraulique on aurait une différence de potentiel de hauteur, un barrage dans une montagne par exemple, l'eau circule dans des tuyaux, plus le tuyau est petit, plus le débit est petit et donc la résistance grande. Notre action utile peut être quelque chose comme faire tourner un moulin. Puis si l'on veut que le système soit durable, il faut que l'eau retourne au barrage. Dans le cycle naturel, c'est l'évaporation de l'eau qui la faire remonter sous forme de nuage et la pluie va remplir le barrage. )

circuit-donner-recevoir

Un circuit normal est donc une boucle. Si pour une raison où une autre, le circuit électrique est coupé, la LED s'éteint. Comme c'est le circuit du donner et recevoir, il faut que les 2 pôles fonctionnent. Si l'on accepte pas de donner. Il va être dur de recevoir. Si l'on accepte jamais de recevoir le système se bloque aussi.

Ce que je vois comme idéal c'est de donner et recevoir naturellement. Suivant les occasions qui se présentent sans résistance. C'est la meilleure manière d'émettre la lumière, de fluidifier les échanges économiques, et de favoriser l'abondance globale.

Le circuit du donner et recevoir est une image. Ainsi je ne me prononce pas sur l'équivalence stricte entre ce qui est donné et ce qui est reçu.

C'est comme pour le circuit de la respiration. C'est inspirer et expirer. L'équivalence n'est pas absolue dans le rythme de la respiration. On a également des phases de respiration plus ou moins active suivant ses activités.

Ce qui est certain, c'est que si l'on décide d'enlever une des deux phases, (inspirer ou expirer), ça se passe très vite très mal !

Comment choisir quoi et quand donner et recevoir?

Pour décider, j'aime bien avoir conscience de ce qui est juste:

  • pour moi
  • pour les autres
  • pour le monde (donc inclus, l'entier de la biosphère)

Ce mode de décision est applicable à tout. Il permet de prendre conscience des conséquences de ses actes. Il est donc applicable pour les choix à faire dans le donner et recevoir.

En ce qui concerne les questions économiques, c'est sortir de l'individualisme consumériste. La vision du monde qui n'inclus que ce qui est juste pour moi. Mais c'est aussi sortir d'une vision du monde qui m'empêcherai d'agir en raison de conséquences négatives de mes actes sur les autres et le monde. (que j'observe bien chez mes amis décroissants !)

On est bien ici dans la recherche de l'équilibre, entre soi, les autres et le monde.  Aucun choix n'est parfait. Il ne sert à rien de (se) culpabiliser. Il suffit de faire de son mieux en conscience, et de faire toujours un petit peu mieux. Ce qui inspire les autres.

societe de consommation

Petit exemple avec cette méthode de décision, si je dois faire un achat, une veste par exemple, je me dis que pour tenir compte de moi, j'ai envie de quelques chose de pas cher... Je vois qu'il y a des vestes doudounes vraiment pas cher sur le net... cool !!

Je me dis, bon... pour moi c'est bien. Pour les autres ? Le shop est à l'autre bout du monde, il ne va pas favoriser un tissus économique locale qui me sera directement profitable. (la boucle du circuit)

Qu'en est il des matériaux. Il y a des plumes de canards dans ma doudoune. Aucune indication sur leur provenance.... zut.. c'est louche. Certainement un élevage chinois dans lequel on plume vivants les canards.... C'est pas ainsi que je vois le monde.

Bref... je passe à autre chose. Et là je découvre que dans un magasin pas loin de chez moi, il y a un déstockage de vestes de meilleure qualité, certifiées qu'on ne plume pas les canards vivants.

Donc pour moins cher que le prix normal (bon pour moi), proche de chez moi (bon pour les autres) je peux avoir nettement mieux, plus durable, de meilleures qualités, éthique (bon pour le monde) etc....  Là je suis heureux.  Il est juste que je donne de l'argent pour ça.

Avec cette méthode de choix, je me méfie du tout gratuit. Si quelque chose est gratuit, comment va en vivre la personne qui fait le produit ? (Sans parler des faux gratuits où c'est toi le produit... comme les journaux gratuits et réseaux sociaux gratuits...)

Avoir conscience du circuit du donner et recevoir c'est avoir conscience que donner de l'argent aux autres, c'est aussi s'assurer de le voir revenir chez soi !

Avoir conscience du circuit du donner et recevoir, c'est aussi avoir conscience que recevoir de l'autre c'est bien, car on pourra soi même avoir de quoi donner plus loin.

Avec cette conscience, on se libère des connotations et des croyances.

L'important que je veux transmettre ici est qu'il faut se libérer des croyances limitantes sur l'argent. Que finalement l'argent n'est que la façon dont notre société matérialise le circuit du donner et recevoir entre les humains.

Ainsi l'idée est de fluidifier les échanges quand ceux-ci se présentent. Il ne faut pas hésiter à donner quand tu en as envie et/ou quand il le faut. (L'achat est aussi une action de donner de la monnaie...) Et dans l'autre sens il faut aussi se libérer de toute résistance de recevoir.

Il faut se libérer des résistances et des court-circuits de mon analogie électronique.

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La confiance comme système de croyance

Notre vie est basée sur d'innombrables croyances. Il y a des croyances ressources et des croyances limitantes.
Si tu arrives à ancrer la confiance dans ton système de croyance, tu vas changer les choses globalement.

C'est ce que l'on observe concrètement dans le premier jeu du Jeu de la Monnaie. Il n'y a pas de règles pour arriver à constituer des carrés avec ses cartes. Il y a des gens qui ont le jeu complémentaire. Comment réussir à faire des carrés ?

On est obligé d'interagir avec l'autre.

Il y a là tout les conditionnements qui reviennent. Est-ce que je donne ? Est-ce que j'échange ? 1 contre 1 toujours stricte ou pas ? Un échange différé dans le temps ou pas ?

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Même dans un jeu sans conséquence sur sa vie on observe que peu de gens osent la confiance, osent donner.

Mais il y a toujours un ou deux "originaux" (par rapport à la moyenne de notre société) qui vivent dans la confiance et donnent des cartes de leur jeu pour aider les autres. Ce qui déclenche un cercle vertueux de dons inspirants qui va tout d'un coup augmenter la productivité et l'abondance dans la joie et la bonne humeur.

Florian est un de ces originaux. Voici un article qui décrit sa façon de vivre "sans argent". Lorsque l'on a joué ensemble au Jeu de la Monnaie. Florian a tout de suite appliqué sa vision du monde "quand on donne sans forcément attendre quelque chose en retour, on observe qu’on reçoit toujours quelque chose.".

florian donne jeu de la monnaie

Florian aime faire des petites expériences. Il donne parfois de l'argent sans raison apparente à des gens, à des inconnus mêmes. Imagine, tu te balade dans la rue et un inconnu viens te donner un billet de CHF 20.- !! Que fais tu ?

Il semble que ça perturbe beaucoup de gens !

Quand Florian dit qu'il veut vivre avec le moins d'argent possible, je me suis demandé si il fait partie de la catégorie des gens qui ont des croyances négatives par rapport à l'argent et donc qu'il cherche à évite l'argent ?

Je n'ai pas (encore) de réponses précises à ce sujet. Mais, à priori, comme je le connais, avec ses expériences de donner de l'argent et sa joie de vivre communicative, sa façon de se laisser guider. Je ne pense pas qu'il puisse avoir de croyances par rapport à l'argent qui le conditionne. Je pense plutôt qu'il a réussi à se déconditionner de cette structure, et qu'il est vraiment ancré dans la couche du dessous, celle du donner et recevoir.

→ edit:  J'ai discuté de tout ça avec Florian c'était passionnant. Et en effet. Il s'est totalement déconditionné de croyances liées à l'argent. Il s'est même déconditionné de la notion de croyance. Il me parle plutôt de vacuité !
J'ai pas encore tout bien saisi la chose, notre discussion était tellement dense !

Le tuyau à fric de Lulumineuse

Voici encore un autre exemple d'une personne qui a hyper confiance, comme elle dit, qui vit complètement dans la croyance profonde que l'argent n'est fait que pour transiter.

Elle utilise une métaphore que je trouve marrante pour expliquer le circuit du donner et recevoir. Elle parle d'un tuyau à fric. Il fonctionne comme une paille pour boire son sirop. Si tu plantes ta paille dans l'eau, que tu bouches le haut avec un doigt, tu peux soulever ta paille. Rien ne coule. Un bout de la paille symbolise le donner et l'autre le recevoir. Si tu bouches le donner. Tu t'empêche de recevoir quand le moment sera venu.

Lulumineuse dit que dans le monde, il y a un gros tuyau à fric... et que certains le bouchent d'un côté... ils accumulent alors qu'il y a pénurie chez d'autres par ce que rien ne circule.

Nous avons en chacun de nous un petit tuyau à fric qu'il faut déboucher pour fluidifier l'économie.

tuyau à fric lulumineuse

C'est finalement le principe dans la monnaie fondante théorisée par Silvio Gesell pour inciter les gens à faire circuler leur monnaie afin que comme le sang, la monnaie irrigue toute l'économie.

Lulumineuse dit que la monnaie ne sont que des chiffres, que le changement du chiffre de son solde de compte en banque n'est rien du tout. Que finalement ça ne change rien de concret à sa vie là maintenant tout de suite.

Ce qui change notre vie, notre état d'esprit, c'est surtout la perception que l'on a de devoir payer une facture. Si ça te met de mauvaise humeur, que ça te reste dans la tête en arrière plan comme une pensée qui tourne sans cesse c'est là que tu te pourri la vie.

Si tu arrive à te détacher, à accepter, à lâcher prise, à te lâcher la grappe (selon son expression favorite) sur ton jugement à propos d'une situation liée à l'argent. C'est parfait, tu vivras nettement mieux. 

Tu pourras vivre dans la confiance et le flux de la vie.

Lulumineuse va encore plus loin, elle propose que nous nous libérions de beaucoup de croyances et de peurs en tout genres. Elle propose que chaque personne soit capable de s'écouter elle-même, d'écouter les idées qu'elle capte. Ceci afin d'aller vers la joie, d'aller vers ce qui nous rend heureux, d'aller vers ce qui est soi-même, d'aller vers ce qui est juste pour soi, le monde et les autres.

Ainsi on crée un nouveau système économique sans hiérarchie imposée par la peur. Surtout la peur de ne pas recevoir de salaire !

Quand on a confiance en l'abondance. On peut créer un nouveau système économique dans lequel chacun donne et reçoit librement. Chacun donne sa couleur au monde, ce pour quoi il est doué et reçoit ce dont il a besoin pour vivre. Tout simplement.

C'est là une de mes motivations à militer pour le Revenu de Base Inconditionnel. C'est fournir un outil de transition qui permet à tout le monde d'expérimenter la confiance en l'abondance et ainsi l'ancrer dans son système de croyances profond.

Pour en savoir plus sur l'abondance et le tuyau à fric vu par Lulumineuse, voici un de ses articles à ce sujet...
Lulumineuse propose également des ateliers en vidéos pour libérer son tuyau d'abondance...

En changeant ses croyances personnelles on crées de nouvelles structures collectives

Avec la confiance en l'abondance comme croyance personnelle, on peut ainsi créer des organisations dont le but n'est pas la survie.

En effet, actuellement le but de la plupart des entreprises (et toutes celles basées sur une vision du monde de type orange de la Spirale dynamique) c'est de ne pas faire faillite, donc de faire du profit et d'accumuler du capital au cas où.... de virer des gens pour optimiser les coûts et augmenter les profits. Ceci souvent dirigé par des gens qui ont peur eux-mêmes de manquer. Ce sont les fameux cités plus haut, qui ont pour croyance que c'est dans l'argent que réside leur sécurité.

mr smith matrix economiste cravate

En sortant de ses croyances limitantes liées à l'argent, on peut créer une organisation qui est basée sur une raison d'être. (par exemple résoudre un problème concret et pas créer un faux besoin avec le marketing)

Mais attention de ne pas avoir qu'une raison d'être et d'avoir quand même des croyances négatives liées à l'argent. Comme beaucoup trop d'organisations ancrées dans la vision du monde de type verte de la spirale dynamique. (toutes les associations qui n'ont pas les moyens de leurs ambitions dont je parlais plus haut)

Ce que j'ai en tête ce sont plutôt des organisations de type Opale comme le dit Frédéric Laloux dans son livre Réinventing Organizations. Des organisations issues d'une vision du monde ancrée à l'étape turquoise de la Spirale dynamique.

opale virgin-rainbow

Conclusion personnelle

Depuis quelques mois je me questionne beaucoup sur mon rapport à l'argent et je vois concrètement des changements dans mes croyances. C'est pour ça que je partage toutes ces infos.

J'ai eu de nombreux points de vue sur l'argent au fil de mon cheminement sur les étapes de la spirale dynamique. Parfois dans l'abondance, et parfois dans le manque. Parfois à m'en ficher totalement au point de ne pas connaitre le solde de mon compte. Parfois à m'empêcher de dormir à savoir si j'allais avoir sur le long terme assez d'argent pour vivre. (vivre !! comme si ça se mangeait !)

Suivant les milieux que j'ai fréquenté, mon rapport à l'argent a évolué. J'ai remarqué que dans les milieux décroissants, puis dans les militants du Revenu de Base Inconditionnel, j'ai rencontré beaucoup de gens pour qui l'argent manque. Et c'est parfois lourd comme climat. Ça a déteint sur moi: J'ai pas d'argent... j'achète le minimum... et ça tourne comme un mantra....

J'ai eu des époques où je pouvais m'acheter plein de trucs chers par ce que ça me faisait plaisir, sans me poser de questions (comme un des tout premier appareil photo numérique).

Et d'autres époques où j'avais l'impression de m'arracher quelques chose si devais payer un truc pas très cher, dans le genre acheter un pain au chocolat à la gare quand j'avais faim: ah non.. c'est trop cher ici pour ce que c'est,  j'achète pas....

pain au chocolat

Je m'intéresse depuis une bonne douzaine d'années au fonctionnement du système monétaire. Je découvre comment ce système est bien huilé pour pomper les richesses du grand nombre vers une poignées qui accumulent comme Picsou. (et il y a des milliardaires qui ne savent plus comment dépenser leur argent !)

Ainsi en découvrant l'injustice que crée ce système, j'ai associé l'argent à des croyances négatives: Je ne veux pas participer à ce système injuste.

dette publique banque

Mais au fil du temps, j'ai découvert que le problème n'est pas l'argent, mais les croyances au dessous. Le système du circuit du donner et recevoir.

Il y a bien des façons de matérialiser des systèmes de donner et recevoir. (J'ai créé le Kong, une monnaie de singe 🐵🐒basée sur le Système Monétaire Equilibré. C'est une béquille pour aller vers le Don dans une communauté de confiance. Il existe aussi la monnaie libre Ğ1).

Mais sans pacifier sa propre relation à l'argent, à ce circuit du donner et recevoir, on risque de reproduire dans un système alternatif les défauts qu'on critique dans le système en place.

Ainsi je trouve important de travailler sur sa propre relation au donner et recevoir.  Je sens qu'il y a chez moi une croyance fortement ancrée qui me dit que "Je suis un type chanceux". C'est une bonne base pour avoir une croyance de confiance en l'abondance.

Je sens que j'ai encore des réticence à donner, à dépenser de l'argent. Mais par contre je donne volontiers beaucoup de temps et de mon savoir faire pour beaucoup de causes. Je me dis qu'il y a là un signe que je bloque une partie de mon tuyau à fric ! Je retiens trop.

panneau donner

J'ai donc, ces derniers mois, dépensé beaucoup plus d'argent qu'à mon habitude. Déjà tout simplement pour des dépenses que je repoussais depuis longtemps comme... changer de lunettes ! J'en avais besoin.

Puis je suis allé sur Tipeee et j'ai fais des dons à des chaines youtube qui m'on appris beaucoup. Comme Heu?reka qui fait un boulot magnifique pour vulgariser la finance...  J'ai pas donné grand chose. Mais j'ai fait un grand pas dans mon donner. Je suis fier de donner ainsi de l'énergie à des gens qui m'ont apporté beaucoup. Je favorise ainsi le monde que je veux voir grandir.

C'est ainsi que je vois  une économie libre. Une économie du don. Tout est en libre accès, mais chacun sait en conscience donner, rémunérer les autres et ainsi recevoir aussi ce dont il a besoin.

Là je crois que j'ai débouché quelques chose. Car j'ai dépensé pas mal ces derniers temps, mais j'ai aussi reçu beaucoup plus d'argent que d'habitude.... et de façon vraiment magique parfois !! ... ah.. c'est quoi cette enveloppe ? ... ah tiens, il y a un billet de CHF 1000.- dedans !! incroyable ! Ça tombe bien !

J'ai expérimenté ce que dit Florian, quand tu donnes d'un côté, ça te reviens de l'autre.

billet de 1000 chf

Ainsi maintenant je réfléchi également à ne pas négliger mon recevoir. Mais toujours en ayant conscience de choisir ce qui est juste, pour moi, pour les autres et pour le monde.

Je m'amuse avec l'argent, donc je réfléchi à la manière de mettre en place une sorte de chapeau virtuel pour que les visiteurs puissent déposer facilement de quoi jouer avec moi au jeu du donner et recevoir.

chapeau plein de billets de 1000 CHF

Pour les chanceux comme moi qui co-créent tous le jours de la monnaie libre abondante... Il est possible de me faire un don en monnaie libre Ğ1 en cliquant sur le bouton:

duniter_button

Au delà du blog, surtout dans le cadre d'événements physiques j'aime bien aussi le principe de la Participation consciente. 

C’est une combinaison de ce que je PEUX payer (je suis conscient de mes moyens), ce que je VEUX payer (par ce que j’ai envie de soutenir et remercier pour le magnifique apport) et ce que je DOIS payer (souvent les frais déjà engagé pour la logistique et nourriture).
Ça se paye sans justification en donnant le montant à la personne qui récolte. (C'est parfois dur de ne pas être anonyme et de ne pas pouvoir se justifier... Ex: J'aimerai donner plus.. mais j'ai pas les moyens.... etc...)

J’ai vécu ceci pour la première fois lors d’un stage à l’Université du nous qui se finance ainsi.

Voilà... j'entre donc dans une nouvelle dimension de mon rapport à l'argent. Ça me plait bien de jouer avec ça !
On verra ce que ça donne !  😉

L’économie est une science humaine qui tente de se faire passer pour une science dure

L'économie est fondamentalement une science humaine. Cependant on trouve beaucoup de membre de cette science qui tentent de nous faire croire que l'économie est une science dure comme le sont les maths ou la physique.

Il y a plusieurs principes de manipulations qui sont utilisés pour arriver à ce but. (Les économistes aiment bien les cravates.... allez comparer  les habits des gens dans une fac de science économique et juste à côté dans une fac d'ethnologie.... Il n'y a pas photo.. et pourtant dans tous les cas on étudie les comportements humains !)

Voici en introduction une vidéo dans laquelle Bernard Maris (massacré avec ses potes de Charlie Hebdo), qui est lui même économiste, nous explique que l'économie tente de paraitre une science plus dur qu'elle ne l'est et que dans ses fondements, il y a deux oublis majeurs.... le temps et la monnaie.

Le faux "prix Nobel" d'économie

Alfred Nobel, pour se racheter de son invention de la dynamite qui a fait pas mal de dégât... a inventé et mis sur son testament le principe du prix Nobel qui récompense les gens qui ont « apporté le plus grand bénéfice à l'humanité » par des avancées dans plusieurs domaines: la physique, la chimie, la littérature, la médecine et la paix.

... mais pas l'économie. Nobel n'a jamais parlé de récompenser des économistes.

C'est une manipulation d'une caste qui veut faire passer sa branche comme plus importante que ce qu'elle est qui a inventé le Prix de la banque de Suède en science économique en la mémoire d'Alfred Nobel.  .... nom tellement long que forcément on l'abrège en Prix Nobel d'économie.. . ce qui est faux et incite à penser qu'il est lié aux autres !

economie science

Un formalisme mathématique pour masquer des failles de raisonnement

La science économique utilise beaucoup les mathématique pour formaliser ses théories. L'effet, est que toute théorie devient tout de suite moins discutable quand le raisonnement est mathématique.

  • C'est pas une théorie, c'est prouvé mathématiquement.....

economie science mathematique

Oui la la logique mathématique c'est bien, ça marche, mais faut il encore que le postulat exprimé mathématiquement soit juste ! .. et ça beaucoup l'oublient.

Voici une petite histoire qui illustre bien mes propos:

En 1997, MM. Merton et Scholes ont été récompensés en recevant le prix de la banque de suède en mémoire d’Alfred Nobel (comme quoi c'était vraiment bien !! :p ) pour leur contribution dans le modèle de Black-Scholes, un modèle mathématique sensé assurer des placements sûrs.

Forts de leurs croyances en ce modèle, MM. Merton et Scholes ont créé la société Long Term capital Management. Même le nom de cette société transpire de confiance absolue dans leur technique de prédiction de l’avenir. (c'est mathématique, ça ne peut pas foirer !)

Résultat, la logique du Titanic !

En 1998, (une année après leur récompense ! ) cette société est en quasi faillite. Faisant courir un risque majeur au système bancaire international. (La rumeur dit que c'est pour éponger les centaine de millions de perte à cause de la faillite de LTCM que UBS et SBS ont fusionnés... sinon il y avait une faillite bancaire systémique en Suisse..)

La toute puissance des mathématiques pour prédire l’avenir, et en laquelle croyaient beaucoup d’économistes, s’effondre. Ce ne sont pas les mathématiques qu’il faut blâmer, mais le fait que ces gens ont construit un modèle mathématique correct sur des hypothèses fausses !

Une déconnexion de la réalité humaine

Il y a un concept qui est très connu, c'est le concept d'homo-économicus. C'est un modèle simplifié du comportement humain dans l'économie. L'humain est sensé être rationnel !! (Si l'humain était vraiment rationnel ça se saurait !)

Est-ce que ce modèle est juste ? L'humain ne pense qu'à son profit personnel ?

homo economicus

Dans un cadre de compétition, où tout le monde est ennemi, ça marche.... mais dans un cadre de coopération, dans un couple ou dans une famille, on s'entraide. On pense au groupe pas qu'à soi.

C'est pour cette raison que les petites épiceries qui vendent de tout et n'importe quoi sont généralement tenues par des étrangers. Car c'est le seul moyen de faire des affaires. Si chaque client est un pote, alors chaque client vient demander un rabais.... "Vu que c'est moi, tu me fais un prix !"

L'homo économicus n'est qu'une simplification grossière qui ne marche pas dans tous les cas. C'est quelque chose qui dépend beaucoup de la vision du monde de l'humain en question. Et il existe beaucoup de visions du monde différentes....

Une déconnexion de la réalité physique

Nicholas Georgescu-Roegen, un économiste des années 1940 disait que l'économie oublie que ce qui la fait tourner ce sont des machines thermiques... et donc que l'économie est liée à la notion d'entropie qui dégrade la qualité de l'énergie.

L'économie ne peut pas tourner indéfiniment comme un mouvement perpétuel. Il explique ça dans son livre "la décroissance". C'est un des fondements théorique du mouvement décroissant.

C'est dans la vidéo ci-dessus ce qui peut être en lien avec les propos de Bernard Maris qui dit que les théories économiques majoritaires ne tiennent pas compte du temps.

Voici une petite citation d'un autre économiste qui résume bien l'absurdité de vouloir comme objectif économique majeur, la croissance (exponentielle) du PIB.
(oui exponentielle, même si on la déguise avec de taux de croissance en % car notre cerveau ne comprend pas les exponentielles)

« Celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fousoit un économiste. »

Kenneth E. Boulding

La monnaie a été évacuée des modèles économiques majoritaires

En général, les économistes ne tiennent pas compte de la monnaie. Ils disent que c'est un voile sur les échanges. Que la monnaie est neutre. La monnaie est juste un moyen de simplifier l'échange de biens et services en fractionnant la valeur qu'elle représente.

Ils disent que l'économie, c'est un grand système de troc.... la monnaie c'est juste de l'huile pour que ça tourne plus facilement.

Au passage, la fable du troc a été inventé par Adams Smith, les anthropologues n'ont retrouvé aucune société qui a vécu avec du troc. Le troc est trop marginal pour faire système. Et pourtant quasi tous les bouquins d'économie disent quelque chose du genre "Tout commence avec le troc.." pour reprendre l'expression de la p.5 de la brochure de la banque nationale suisse..

economiste monnaie neutre

Ainsi si on veut s'intéresser à la monnaie, il ne faut pas aller voir un économiste, mais un anthropologue. David Graeber, un anthropologue a écrit ce qui est probablement le meilleur livre sur l'histoire de la monnaie. Le livre s'appelle: Dette 5000 ans d'histoire. .....dont voici mon résumé. 

Personnellement, j'organise des Jeux de la monnaie, un jeu passionnant pour comprendre l'origine de la monnaie, voir par l'expérience que le troc ne fonctionne pas, découvrir que la monnaie n'est pas neutre du tout. Que le cadre de la monnaie, et surtout de la manière dont est créée la monnaie a une influence énorme sur le système économique en vigueur.

Ainsi la création monétaire par le crédit bancaire des banques commerciales, qui est le système majoritaire de nos jours, a une influence sur l'économie. Et que l'occulter c'est ne rien comprendre à l'économie.

Donc je doute toujours beaucoup quand une expert en économie vient nous raconter LA vérité. (car c'est mathématique !!)

L'économiste Steve Keen remet en cause l'économie néo-classique et il recommande aussi depuis quelques années de tenir compte de la création monétaire dans les modèles économiques:

"Pire encore, la plupart des modèles oublient de conceptualiser le rôle du crédit et de la monnaie, en omettant de faire apparaître les banquiers dans leurs calculs ! L’auteur, qui se définit comme « post-keynésien », utilise ses constats et ses découvertes pour déplorer la mainmise de la pensée néoclassique dans le débat universitaire, mais aussi et surtout politique depuis le début des années 1980."

Pour bien comprendre les combats idéologiques entre économistes, je recommande la lecture de la BD Economix - La première histoire de l'économie en BD. C'est de cette BD que sont extraites les quelques illustrations de cet article.

Cette BD est un condensé de nombreux bouquins d'économie rébarbatifs pour en faire un contenu accessible, et même parfois très drôle. Ainsi après avoir lu cette BD, tu pourras prétendre être un expert en économie. (car ça suffit certainement pour comprendre l'économie mieux 90% de la population !)

Voici un extrait pdf de cette BD...

On peut encore dire que les économistes n'ont pas vu la crise des subprimes car il n'avait pas les outils pour la voir. (sauf quelques rares comme Steve Keen qui observait l'effet de la création de dettes de ce style dans ces modèles)
Pour bien comprendre le mécanisme de la crise des subprimes, il y a le film, The Big Short qui montre bien tous les mécanismes et l'aveuglement des économistes. Mais avant de regarder ce film, je recommande de regarder cette petite vidéo de la chaine Heu?reka qui nous donne les clés de lecture du film et des explications sur le jargon technique. Vraiment bien fait !
Puis pour aller plus loins, la chaine Heu?reka propose 3 épisodes pour bien comprendre les mécanismes et ce qu'il s'est passé dans la crise des subprimes:

Alors voilà, une fois que tu as suivi et compris ce parcours "origine des subprimes", là tu peux mettre sur ton CV que tu as le "Prix Nobel d'économie". Oui, si t'as compris ça, alors tu as compris plus de choses en économie que 99% de la population et même que de nombreux économistes ! (oui, oui.. tu peux mettre "Prix Nobel d'économie" vu que celui-ci n'existe pas, il n'est pas protégé !)

Etymologie du mot "économie"

Il est peut être bon de remonter à la source des mots et de comprendre ce que signifie le mot "économie".

On peut résumé le sens du mot économie à « lois de la maison »:

  • "éco-" vient du grec οἶκος, oîkos → « maison »
  • "-nomie" vient du grec νόμος, nómos→ « loi »

Donc l'économie est l'ensemble des règles qui régissent notre maison, notre environnement, notre habitant.

Le préfix éco est le même que dans le mot écologie qui est l'étude de notre environnement, habitat.

Ainsi, l'économie désigne les règles du jeu.

Mais la grande question est: qui fait les règles ? Est-ce qu'il est possible de jouer à un autre jeu ?

Le cours métrage "Jeu de société" présente très bien une fable de l'économie actuelle sous forme d'un jeu de plateau bien connu.... et il pose bien la question de savoir si l'on a le droit de changer les règles du jeu...

Les experts en économie, des politiciens déguisés

Si l'économie est bien l'ensemble des règles du jeu. Et bien qui décide des règles ?

Normalement, la théorie nous dit que c'est la politique qui décide des règles du jeu, que nous sommes en démocratie et donc que les règles du jeu sont choisies par le débat politique qui est formalisé dans des lois selon toute une série de processus.

En réalité, si l'on étudie un peu comment se fabriquent l'opinion publique, puis les lois, on remarque que la logique économique est souvent invoquée pour justifier les choix. (C'est pas moi qui le veut... c'est mathématique !!! Mais ça tombe bien les math prouvent ce que je veux !)

Là on a toute une armée d'agent Smith à cravate (l'autorité!), des économistes, des experts qui viennent nous dire comment il faut penser, quelle est LA seule est unique solution. (la fameuse pensée TINA, There Is No Alternative... appliquée pour faire passer une mesure horrible..)

Ils assènent des vérités en invoquant la science économique car leur science est juste et infaillible. C'est de la logique du bon sens, c'est mathématique !

Et qu'en plus la proposition est bonne pour l'humanité vu qu'il y a des "prix Nobel" d'économie.... ce n'est pas n'importe quoi c'est une méthode reconnue.

mr smith matrix economiste cravate

Ainsi la politique (un ramassis d'opinions utopiques) est souvent soumise aux "lois naturelles" de la science économique.

Finalement, le boulot d'un parlement se limite de plus en plus à juste allouer les ressources de l'Etat en votant un budget et des comptes. Mais de moins en moins à vraiment décider des règles du jeu, de l'économie. (je rappelle encore une fois que le mot économie signifie bien "règles de la maison")

Il y a de nombreux économistes qui pensent et font croire que notre système actuel est un état naturel des choses.

Par exemple, l'économiste et conseiller politique (!!!) Alain Minc a déclaré:

« Le capitalisme, ne peut s’effondrer, c’est l’état naturel de la société. La démocratie n’est pas l’état naturel de la société, le marché oui."

Voilà le genre de déclaration qui montrent que bon nombre d'économistes ne sont que des politiciens déguisés qui assènent des opinions sous le couvert de la science économique. (c'est pas moi qui le dit, c'est pas une opinion, c'est mathématique !!!)

Ce genre d'économiste, ne sont que des chiens de garde d'un système. Ils protègent les règles du jeu qui les favorisent, ainsi que leur amis.

Voici une petite vidéo (mainte fois censurée de youtube) faite par Usul et Linguisticae pour expliquer par l'exemple du débat sur les retraites, l'influence de la pseudo logique scientifique qui ne sert qu'à manipuler l'opinion publique. Une fois que l'opinion publique a gobé une affirmation donnée par des experts et économistes, elle fait sont chemin et devient gentiment une loi bien ancrée. une lois naturelle.

Conclusions positives

J'ai envie de conclure cet article de manière positive.

L’arme la plus puissante dans les mains de l’oppresseur est l’esprit de l’opprimé. Steve Biko

Après avoir lu (et compris) cet article, la manipulation opérée par les économistes pour faire de leur science quelques chose de plus fiable et sérieux qu'elle n'est devrait ne plus fonctionner.

L'économie est une simple science humaine.

La théorie des jeux permet de comprendre que le cadre souvent dit "naturel" n'est qu'une construction humaine. C'est un équilibre "naturel", mais dans un cadre donné construit. (ne pas confondre le cadre et l'effet du cadre)

Il n'y a pas de pensée TINA, il est possible de repenser le cadre, de sortir du cadre. D'inventer de nouvelles règles du jeu.

Tout est possible !

Si les économistes n'osent pas toucher à la monnaie, c'est peut être que justement c'est là qu'il y a des choses intéressantes à creuser, à comprendre. C'est là qu'il y a à innover pour inventer un nouveau cadre.

En tout cas le jeu de la monnaie, nous montre que le cadre n'est pas anodin, et le 4ème jeu qui propose l'utilisation d'un Système Monétaire Equilibré nous montre une piste intéressante pour repenser le cadre économique de notre société.

Alors, la prochaine fois que tu vois un agent Smith qui vient défendre la matrice...  réfléchis au lieu de le croire sur parole ! Eprouve le.... imagine ce qu'il n'est pas capable d'imaginer. Lui n'est qu'un programme.... toi tu as une âme....

Obligation pour l’Etat de se financer par les banques commerciales

Depuis les années 1970, un nouvelle doctrine monétaire est arrivée à maturité pour être déployée un peu partout.

Il s'agit de l'interdiction pour les banques centrales de financer l'Etat.

Ce qui a pour conséquence d'obliger l'Etat à se financer via le crédit des banques commerciales. Crédit qui se pratique avec des intérêts (ce qui n'était pas le cas avant). On voit ici qu'il y a un intérêt (!) certain à la mise en place d'un tel système pour les banques commerciales.

La création monétaire est le droit du souverain

Historiquement, la création monétaire est un droit régalien, un droit du souverain, du roi, du seigneur.

Le droit de frapper la monnaie donne un pouvoir énorme. Dès que l'on a besoin de financer quelque chose, il suffit de créer la monnaie dont on a besoin. On appelle ce droit de créer la monnaie, le droit de seigneuriage.

Pendant très longtemps, la monnaie reposait sur des métaux précieux, sur l'or par exemple. Cette contrainte empêchait les seigneurs féodaux de créer trop de monnaie. (mais encourageait les conquêtes des voisins pour leur piquer leur or et les mettre en esclavage dans les mines)

Depuis les années 1970, la monnaie a été découplée de sa couverture or. (Surtout suite à la fin de la convertibilité en or du Dollar US annoncée par Nixon le 15 août 1971)

frapper la monnaie celtes

La fin de la couverture or et la peur de l'inflation

Une conséquence de ce découplage a ouvert un nouveau risque, celui que le souverain puisse créer de la monnaie sans limite, et donc créer une inflation gigantesque.

Dans les années 1970, le souverain, dans la plupart des cas, n'est plus un seigneur féodal, mais une collectivité publique qui émet de la monnaie par l'intermédiaire d'une banque centrale.

Cette peur que les politiques abusent de la création monétaire et créent de l'inflation a justifié la mise en place de l'interdiction à l'Etat de se financer par sa banque centrale. Les banques centrales sont devenues totalement indépendantes du pouvoir politique. Un ilot hors démocratie.

Interdiction à l'Etat d'exercer son droit de souverain

Dans le monde francophone, on entend régulièrement l'histoire de la mise en place de ce principe d'interdiction de financer l'Etat par la banque centrale, sous le nom de "loi Pompidou - Giscard - Rothschild de 1973".

En effet, c'est le ministre de l'économie, Valéry Giscard d'Estaing qui a mis en place cette loi en 1973 sous la présidence de Georges Pompidou, ancien directeur de la banque Rothschild. Quels sont les intérêts là derrière ? Empêcher l'inflation ou donner un avantage aux banques commerciales ? Ou donner plus d'autonomie à la banque centrale ? Ou une conjonction de tout ça ?

Des études récentes montrent que la fameuse loi de 1973 n'est que la formalisation d'une évolution commencée sous Michel Debré, 7 ou 8 ans plus tôt. C'est-à-dire la volonté d'un jeune inspecteur des finances, Jean-Yves Heberer, de "démanteler le circuit du trésor", comme il l'explique dans un entretien fait en 1995:

« C’est-à-dire tous ces mécanismes automatiques, qui faisaient que le Trésor, sans bouger le petit doigt, était irrigué de liquidités qui lui arrivaient de tous les circuits financiers français. (On) va peu à peu l’obliger à vivre comme un emprunteur, c’est-à-dire à se poser les questions de l’emprunteur sur le coût de l’emprunt et le service de la dette. »

Pour en savoir plus, c'est à la p99, de la Thèse de Benjamin Lemoine : "Les valeurs de la dette. L’Etat à l’épreuve de la dette publique"

Ce principe inscrit ans la loi de 1973 a été repris dans le traité de Maastricht à l'art 104. Puis encore repris dans le traité de Lisbonne à l'art 123.

Donc toute l'union européenne est soumise à ce principe. Mais en Suisse, qu'en est-il ?

Suite à quelques recherches d'un petit groupe, la BNS nous a renseigné sur le sujet.

En suisse, c'est l'article 11, alinéa 2 de la loi fédérale sur la banque nationale suisse qui nous dit:

"La Banque nationale ne peut ni accorder de crédits et de facilités de découvert à la Confédération, ni acquérir, à l’émission, des titres de la dette publique. Elle peut autoriser, contre des garanties suffisantes, des découverts de compte en cours de journée."

La raison de ce texte obscure est indiquée de manière plus claire au chapitre 8, (p 23) de la brochure, "La Banque nationale suisse en bref".

On nous dit:

L'indépendance financière englobe l'autonomie budgétaire, qui découle de la forme juridique sous laquelle la BNS a été constituée, et l'interdiction d'accorder des crédits à la Confédération (art. 11 LBN), ce qui empêche l'Etat de «faire tourner la planche à billets».

L'effet pervers du système

Voilà, nous sommes sauvés, la création monétaire n'est plus en mains du peuple, donc plus soumise au risque du populisme. Seule une élite triée sur le volet aura le droit de créer de la monnaie.

A priori, tout va bien. Mais que se passe-t-il quand l'Etat veut investir massivement dans un grand projet ? Il va devoir trouver de la monnaie. Il va demander un crédit. Quand l'Etat était le souverain, il pouvait soit créer la monnaie nécessaire (avec un risque d'inflation), soit emprunter à sa banque centrale sans intérêt.

Mais avec l'interdiction de la créer, l'Etat est obligé de se financer via les banques commerciales et ceci avec des intérêts. Ce qui change toute la donne.

Voici un petit extrait d'une conférence de Patrick Viveret, ancien membre de la cour des comptes française, qui explique ce système pernicieux :

La véritable origine de la dette publique, c'est le fait de créer de la monnaie avec des intérêts auprès de banques commerciales, ce qui oblige les Etats à s'endetter auprès de ces banques commerciales et à payer des intérêts à ces banques en plus du capital à rembourser.

Ce fait a mis la part des intérêts composés comme étant la part majeure de la dette publique. Si je prends l'exemple français que je connais le mieux, sur les 1500 Milliards de dette publique de la France, il y en a 1350 Milliards qui sont des a des intérêts composés.

Si par hypothèse on n'avait pas changé de mode de création monétaire, s'il continuait à y avoir de la création monétaire publique sans intérêts, la dette française serait aujourd'hui de 150 Milliards et non pas de 1500 Milliards d'euros, ce qui change tout !

Contrairement à une croyance bien ancrée, l'explosion de la dette publique n'est pas due à une mauvaise gestion du budget de l'Etat, mais plutôt aux intérêts composés versés aux banques.

Il n'est pas rare de voir des collectivités publiques demander de nouveaux crédits pour financer le remboursement d'anciens crédits !

Ainsi vos impôts servent essentiellement à financer les banques avant de financer les collectivités publiques.

Un sytème comme celui-ci n'est pas dangereux pour l'Etat tant qu'il a un budget équilibré et qu'il ne se finance pas à crédit. Mais voilà une coïncidence intéressante qu'on observe en France, c'est qu'en 1973 l'interdiction de financer l'Etat par la banque centrale est mise en place, puis Giscard demande un gros crédit, et en 1974 c'est le premier d'une longue série de budgets déficitaires qui commence...  Etait-ce voulu ?

Historique de la mise en place de l'interdiction du financement de l'Etat par la BNS en Suisse.

Bien que la doctrine fût dans l'ère du temps, qui, personnellement, a mis en place en Suisse cette interdiction à l'Etat de se financer avec sa propre monnaie  (art 11. al. 2 LBN) ?

La question a été posée à la BNS et voici la réponse:

Cher Monsieur

Nous vous remercions de votre intérêt pour la Banque nationale suisse.

Vous m’avez posé ce matin une question pour savoir qui est l’auteur (personnellement) de l’alinéa 2 de l’article 11 de la loi actuelle sur la Banque nationale suisse. Cette question n’est pas facile à répondre parce que la loi sur la BNS était élaborée dans l’Administration Fédérale sous les auspices un groupe d’Expert. C’est donc l'œuvre d’un collectif.

Avant d’entrer en matière il est important de rappeler l’histoire :

L’article mentionné fait partie de la loi Fédérale sur la Banque nationale suisse du 3 octobre 2003 (entrée en vigueur le 1er mai 2004, version actuelle du 1er mars 2012).

Dans les années 1995 à 2004 la Suisse a complètement renouvelé son droit monétaire. Sur la base de la Constitution Fédérale (totalement revisée) de 1999 (article 99 ),  la loi sur la Banque nationale fut totalement ré-écrite. L’alinéa mentionné n’apparaissait pas encore dans les versions prédécesseurs de cette loi (voir la loi du 23 décembre 1953 )

Art.11, al. 2 est donc une innovation de 2004 et n’a rien à faire avec les idées pour une banque centrale à l’époque de la fondation de la Banque nationale suisse en 1905/1907.

Un exposé de l’histoire de la loi actuelle se trouve dans le chapitre 9 de l’ouvrage commémoratif écrit à l’occasion du centenaire de la BNS en 2007 (voir plus bas).

Quel est le sens de l’article 11, al. 2 : « La Banque nationale ne peut ni accorder de crédits et de facilités de découvert à la Confédération, ni acquérir, à l'émission, des titres de la dette publique. Elle peut autoriser, contre des garanties suffisantes, des découverts de compte en cours de journée. » ?

Cette alinéa veut assurer l’indépendance financière de la BNS envers l’état : c’est l’interdiction explicite de financer l’état.

Les explications à cet alinéa se trouvent dans le message du Conseil Fédéral concernant la révision de la loi sur la BNS de 2002 et, un aperçu, dans l’ouvrage commémoratif de 2007 déjà mentionné.

"Le groupe d’experts** mit en évidence – conformément à la doctrine* – quatre aspects de l’indépendance d’une banque centrale : son indépendance fonctionnelle, son indépendance institutionnelle, son indépendance financière et l’indépendance des membres de son organe de direction." (BNS 1907-2007, p.546)

* Quant à la « doctrine », on cite l’essai de A. Alesina et L. Summers dans le « Journal for Money, Credit and Banking » vol. 25(2) 2003, p.151-162 : « Central Bank Independence and Macroeconomic Performance: Some Comparative Evidence ». La constitution de la Banque Centrale Européenne a aussi joué un certain rôle.

** Avec le « Groupe d’experts », la citation désigne le Groupe d’Experts « Réforme du Régime Monétaire » (Suisse) qui a été installé par le chef du Département Fédéral des Finances (Suisse) Kaspar Villiger avec la tâche de préparer les messages au Parlement pour une révision des articles concernant le régime monétaire dans la Constitution et les révisions des lois sur la monnaie et le moyens de paiement et sur la Banque nationale suisse. La loi sur la BNS a été formulé par l’Administration Fédérale.

Les membres de ce groupe étaient :

  • Ulrich Gygi (président, directeur de l’Administration des Finances),
  • Peter Klauser (co-président, directeur à la Banque nationale suisse),
  • professeur Ernst Baltensperger (université de Berne),
  • G.A. Colombo (délégué de l’Administration des Finances),
  • professeur M. Giovanoli (conseiller juridique de la BRI et professeur extraordinaire à l’Université de Lausanne),
  • prof. Ulrich Kohli (Université de Genève),
  • P. Merz (directeur à la BNS),
  • U. Plavec (chef de section à l’Administration Fédérale des Finances),
  • Georg Rich (directeur à la BNS).

L’article 11, al. 2 restait incontesté lors de la vote au Parlement en 2003.

Pour en savoir plus, voir mes sources :
- Message concernant la révision de la loi sur la Banque nationale

- Ouvrage commémoratif : « Banque nationale suisse 1907 – 2007 »  ou bien les anciens ouvrages...

- « La Vie économique » 03/2003 « La révision de la loi sur la Banque nationale :
http://www.seco.admin.ch./dokumentation/publikation/00007/00021/01583/index.html?lang=fr

J’espère que votre question soit répondu avec mes explications.

Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de notre considération distinguée.
____

Christian Inäbnit
Coordination de la recherche et éducation économique
Bibliothèque

Conclusions

Cet article 11 al2 LBN  a été rédigé par un groupe d'experts nommé par le chef du département des finances de l'époque Kaspar Villiger.

Celui-ci, après sa carrière au Conseil fédéral, est devenu, en 2009, le président du Conseil d'administration de la plus grande banque du pays.. l'UBS.

Coïncidence ou récompense ?

On observe que dans le cas de la France ou de la Suisse, il y a toujours un lien entre la personne qui met cette loi en place et le monde bancaire qui est le bénéficiaire principal !

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