Avant-Maintenant le port de Neuchâtel

Voici une nouvelle photo dans la série Avant-Maintenant, il s'agit du port de Neuchâtel.

port avec la barrière.jpg

Il est intéressant d'observer qu'en 100 ans les barrières de la place du port sont toujours les mêmes. Cependant, actuellement elles sont doublées depuis le 8 mars 2007 par des barrières vauban.

Cette décision a été prise par les autorités de la ville de Neuchâtel, sous les pressions d'une plainte pénale déposée suite à la chute d'un enfant en bas âge au travers des barrières début mars 2007.

Cette chute était la 3ème d'une série. En effet, en janvier 2005 et en août 2006 des enfants étaient déjà tombés de place du port au travers des barrières.

Le 29 octobre 2007, le conseil général s'est prononcé sur un projet de sécurisation des barrières et réaménagement des bacs à fleur et bancs de la place du port pour un montant de CHF 300 000.-.

Suite à de houleuses discussions à propos de la somme envisagée, de son utilité par rapport à d'autres projets, de la responsabilité de chacun à savoir qu'il existe des comportements et des lieux plus dangereux que d'autres et que l'on ne peut pas sécuriser tous les endroits dangereux, le rapport a finalement été refusé par 20 voix contre 15 et une abstention.

Actuellement, en 2009, les barrières vauban provisoires sont toujours là. (un dicton raconte dans la région que le terme provisoire désigne une durée de 20 ans !)

Cette histoire m'interpelle tout de même. Nous vivons dans une société qui prône de plus en plus le risque zéro.

Il faut tout sécuriser. Il faut tout contrôler. Il faut tout règlementer.

A propos des barrières il y a la norme SIA 358 qui décrit ce qu'est une barrière sécurisée. Cette norme n'est pas forcément obligatoire, mais fortement recommandée. Ainsi on voit partout des modifications de bâtiments existants pour coller à cette norme.

Ainsi, dans le même genre d'idées, à l'occasion de l'assainissement des fenêtres du collège des Esserts, le conseil général de Boudry s'est également prononcé sur la pose de serrures empêchant les élèves d'ouvrir les fenêtres complètement.

Ceci à cause du fait que les fenêtres ne sont qu'à 70cm du sol et non 1m comme les normes actuelles l'exigent.

Je trouve qu'il est tout de même malheureux d'arriver à ce genre d'extrémités. Combien d'élèves ont voulu apprendre à voler en se jetant par les fenêtres depuis 1897 ?  Et combien de fois par année les classes sont aérées pour assurer la bonne oxygénation des élèves ?

Il me semble qu'il y a là un équilibre qui a été rompu.

Le monde est dangereux. Mais est ce que ça vaut la peine de se pourrir la vie pour sécuriser chaque recoin d'espace au cas où ?

Le citoyen suisse est certainement le citoyen le mieux assuré de toute la planète contre tous les risques possibles et inimaginables. Il y a des assurances pour tout, même des assurances juridiques. Une telle assurance peut être utile au cas où toutes les précautions qui auraient été prises n'auraient pas suffi à empêcher un accident, et que l'accidenté se retourne juridiquement contre vous !

Notre société du risque zéro est aussi une société de la traque au coupable. Il faut un responsable. Quand il y a un problème, on ne cherche pas à le résoudre, on cherche à trouver un coupable, on cherche à obtenir un dédommagement.

C'est peut être ce raisonnement qui pousse à vouloir sécuriser chaque parcelle de terrain. Ainsi, si il arrive quelque chose sur mon terrain, j'aurai tout fais pour que ça n'arrive pas, je serai couvert, je ne serai pas responsable !

Les barrières de la place du port n'ont jamais été modifiées pendant 100 ans, il y a peut être eu des accidents ? Probablement, mais jusqu'à présent on se disait que c'était la faute à pas de chance, une maladresse, une bêtise, mais on n'en serait pas venu à vouloir attaquer en justice l'architecte ou le propriétaire pour ne pas avoir pensé à sécuriser suffisamment le lieu.

A quoi bon vouloir taper sur quelqu'un, trouver un responsable pour chaque malheur qui nous arrive ?
Parfois, il n'y a pas de coupable, il n'y a qu'un malheureux concours de circonstances. Après la chute, il suffit de se relever et d'aller de l'avant !

ça ne sert à rien d'épiloguer trop longtemps sur les causes et les responsabilités d'un accident mieux vaut aller de l'avant. Je terminerai par un proverbe qui exprime quelque chose d'assez semblable:

Quand le chariot est brisé, beaucoup te diront par où il ne fallait pas passer....

 

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