Je constate qu'on oppose souvent nature et culture comme des polarités.
On peut se dire qu'à l'origine, il y a la nature, puis la culture prend le dessus et il y a moins de nature.
La culture apparait en ville... là où il n'y a plus de nature...

Définition de la culture
Selon l'UNESCO, la définition de la culture c'est:
«La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.»
En philosophie, le mot culture désigne ce qui est différent de la nature.
De mon côté, j'aime bien dire que le propre de l'humain, c'est de (se) raconter des histoires. Ainsi la culture c'est quand l'humain façonne son environnement selon ses croyances, selon les histoires auxquelles il croit.
Définition de la nature
La nature est un mot qui a de nombreux sens.
L'étymologie du mot "nature" vient du latin "natura" qui signifie "ce qui existe au moment de la naissance".
Le concept derrière le mot nature correspond à un idéal de l'état d'origine.
L'humain a tellement façonné le monde, qu'actuellement il veut aussi protéger la nature, créer des réserves naturelles, enfermer le sauvage pour le contrôler !
La nature s'oppose à la culture, tout comme le sauvage s'oppose à la civilisation.
La nature, des choses, c'est son essence, avant façonnage humain. Le droit naturel, c'est le droit qui est là avant le droit positif, avant que l'humain ne s'octroie des droits pour son bon plaisir, pour structurer la société selon sa vision du monde.
Le yogourt nature, c'est le yogourt dans son essence, avant qu'on lui ajoute des goûts artificiels.
La culture remplace la nature
Je suis souvent sidéré en visitant les quartiers de villa, comme la nature est sacrifiée.... c'est triste.
... et au nom de quelle culture ?? ou in-culture !
Il ne reste de la nature qu'un nom sur une plaque. Ça me fait penser à la pratique de l'arc de triomphe romain. Il ne subsiste de l'ennemi que le récit du vainqueur !
Ainsi les noms de rue marquent en général, les noms d'une nature qui n'existe plus.
La rue du Verger a été construite en rasant le verger !
Je n'ai vu aucun noyers à la rue des Noyers...
Le chemin de la prairie est devenu une route.
La route des blés est devenue une place de jeu.
J'ai pas vu de vigne sur le champ de la vigne...
J'ai vu aucun cerisiers à l'impasse des cerisiers...
Je n'ai même pas vu de rosiers au chemin des rosiers. Pourtant le rosier n'est pas vraiment une marque d'un site nature, mais plutôt d'un jardin bien travaillé.
Quand les haies diversifiées disparaissent, c'est aussi les oiseaux qui disparaissent. 🙁
D'une manière générale, je me méfie quand un nom est alambiqué pour lui associer ce qui lui manque en vraiment.
Voici quelques exemples:
- le camembert "le rustique" est tout ce qu'il y a de plus industriel
- la République Démocratique du Congo.... à méditer.
- la France..., un mot qui signifie "libre".... à méditer aussi !
Jardin de pierre - culture du désert
J'observe de plus en plus de "jardin" fait de cailloux. Le but semble être un "jardin zen", mais en fait je soupçonne que le but caché est surtout de n'avoir aucun entretient à faire.
A quoi sert le tuyau d'arrosage ? à arroser les cailloux ?
Un talus de caillasse, c'est sûr que ça demande pas trop d'entretiens... quoique!
Un temps on laissait des plates-bandes herbeuses au bord des chemins. Maintenant on les caillasses pour être certain de ne pas avoir de boue !
(mais du coup, plus d'insecte non plus....)
Au bout de ce tas de caillasse que vois-je, de l'herbe. Aaahh enfin... ah ben non, c'est de la fausse herbe !!
Un tapis vert posé entre deux plates-bandes de cailloux ! Mais heu !!
Ces dernières années. J'observe une mode pour l'emprisonnement de cailloux dans de la ferraille !!
C'est quoi le but ?
Comment créer un mur en pierre à moindre coût.
Je trouve ça vraiment moche. Je sais bien, des goûts et des couleurs... mais quand même comment on peut en arriver là ?
Je me disais que c'est une question de coût. La pierre de taille, c'est beaucoup plus cher. Mais quand je vois ce genre d'exemple, avec un grillage qui porte des boites aux lettres. J'ai comme l'impression qu'il y a une volonté esthétique là derrière !
On a vraiment pas tous la même vision du monde, la même culture !
Avec le même point de départ, je constate qu'il est possible d'avoir deux versions différentes. Personnellement je préfère cultiver des tomates que du gravier !


Ilots de chaleur - une nouvelle culture
Quand je vois les grands projets culturels de ces dernières années, c'est la même culture que celle des villas avec pseudo jardin zen: la culture de l'ilot de chaleur.
Voici Plateform10, le grand centre culturel de Lausanne. Ce lieu réuni les grands musées culturels de la ville.
Ce quartier des arts, c'est 20 000m2 de béton et goudron sur une surface de 25 000m2.
Lors de l'inauguration en juin 2022, les visiteurs on appelé l'esplanade "la plancha", tellement la chaleur ambiante était insupportable.
Alors que la ville de Lausanne aime se donner des airs de "ville écologique" ce genre de projet est totalement à l'opposé. Ainsi une motion a été déposée pour végétaliser le lieu.... mais est-ce que l'on peut raisonnablement faire vivre autre chose qu'un cactus sur un lieu si désertique ?
Une comparaison de température a été faites entre ce quartiers des arts au milieu de la gare et le parc de Milan à 300m de là. C'est pas moins de 10°C de différence qui ont été observé. C'est pas rien !!
A Neuchâtel, l'esplanade du stade de la Maladière n'a pas grand chose a envier au quartier des arts de Lausanne.

C'est bien le canton de Neuchâtel s'est doté un plan climat avec comme mesure d'adaptation "localiser et lutter contre les ilots de chaleurs"..... Je vais pouvoir dénoncer ce genre de construction ! (les utilisateurs les plus réguliers étant les pompiers qui utilisent en gros 1/4 de la surface pour étendre leur tuyaux à côté des camions pour les ranger.)
Ce type d'urbanisation n'est pas du tout anodin sur la chaleur ambiante. On observe une énorme différence entre la ville et la campagne. Notamment en cas de canicule.
Mesure de la température
Ceci me questionne toujours sur l'influence que peut avoir une telle urbanisation galopante. (la moitié de la population mondiale vie en ville) sur la mesure des température.
Comment comparer la mesure de température d'un seul thermomètre qui se trouve en zone herbeuse et hop, quelques décennies plus tard en pleine zone urbaine. Tu m'étonnes qu'on mesure un réchauffement du climat !
Est-ce le climat ou l'ilot de chaleur ?
Je ne sais pas dans quelle mesure cette idées est pertinente. Mais il est certain qu'il y a des cas qui existe vraiment de station météo dont la mesure est totalement faussée à cause de l'urbanisation. En voici un:

Il faut préciser que le principal gaz à effet de serre, n'est pas du tout le CO2 dont on parle beaucoup, ni le méthane. Mais c'est tout simplement: la vapeur d'eau !!!
Or, la valeur d'eau n'est en général pas considérée dans les scénarios du GIEC pour l'étude du réchauffement climatique. Ceci car le CO2 reste 100 ans dans l'atmosphère et l'eau 10 jours.
Mais la question que je me pose. C'est quand on urbanise, on crée comme à Lausanne une "plantcha", une surface tellement chaude qu'on vaporise en permanence toute eau qui passe par là.
Donc il est faux de penser qu'une molécule d'eau ne reste que 10 jours dans l'atmosphère. Dès qu'elle redescend, elle est immédiatement renvoyée dans l'atmosphère !
Eviter les inondations
Hormis les problèmes de chaleur. Il y a aussi les problèmes d'inondation. Quand la culture du contrôle veut tout canaliser. On envoie l'eau le plus vite possible le plus loin possible. C'est totalement aberrant. La nature utilise chaque goutte d'eau plusieurs fois.
Il n'y a pas qu'un cycle de l'eau, mais 7 !!!
Voici comment cultiver de l'eau !
Ainsi il est nécessaire de supprimer du goudron et de rendre des zones perméables pour stocker de l'eau localement. Voici un exemple de communes qui enlève du goudron.
Réconcilier culture et nature
Finalement je ne vois pas pourquoi il y a une telle opposition entre culture et nature. Personnellement j'ai une culture qui me pousse à me mettre au service de la VIE et dans la jouissance de celle-ci.
Au lieu de s'opposer, de voir l'humain opposé à la nature. Il est préférable de surfer sur la vague de la VIE. C'est le principe du Wuwei que l'on trouve dans le taoïsme.
Ainsi tout devient plus facile si l'on espère plus dompter la nature sauvage.
La permaculture est une philosophie qui va dans ce sens. En effet, c'est bien plus qu'un technique de jardinage.
"La Permaculture est une approche systémique qui permet de créer des écosystèmes viables en s'inspirant des lois de la nature".
La permaculture s'inspire des lois de la nature. La permaculture est donc une culture (comme son nom l'indique) inspirée de la nature !

La syntropie
Pour aller au delà de la permaculture, j'ai découvert dernièrement le concept de syntropie. C'est un mot qui a un sens tout à fait similaire au mot "néguentropie" qui me guide depuis longtemps.
La syntropie c'est imiter la nature. C'est aller dans le sens de l'ordre du vivant et non du nivellement par le chaos de l'entropie.
Après une catastrophe, la nature reprend toujours ces droits.
Peut importe la culture en place, si elle disparait c'est la nature qui revient au galop !
La force de la nature est énorme. Mieux vaut aller dans son sens que contre elle.
Pour faire bref, le principe de la syntropie, c'est d'utiliser à fond la seule vraie richesse énergétique dont nous disposons: la photosynthèse. Tout ce qui est vert est un panneau solaire.
En syntropie on densifie. On capte au maximum la lumière solaire. On fait grandir tout ce qu'on peut au maximum. Mais ça ne veut pas dire qu'on garde tout.
Une partie des plantes est destinée à la perturbation. Quand on a une telle abondance de végétaux, on reproduit l'action naturelle que les animaux peuvent avoir, on coupe, on tranche, on broie, on sabre. C'est ainsi que naturellement on a de la biomasse qui tombe au sol et crée un composte, une couche d'humus qui boost encore plus la pousse des autre végétaux.
De plus, l'information circule entre les plantes que le prédateur est là et qu'il faut pousser, ne pas se reposer.
C'est le Suisse expatrié au Brésil Ernst Götsch qui a développé le principe de la syntropie.
En 1984 il a acquis un domaine quasi désertique. En 2015 il avait déjà une forêt luxuriante. Actuellement c'est son domaine qui modifie le climat de la région !
Comment a-t-il fait ? Il a investi l’espace en surplantant et en taillant. Son exploitation comprend 30% de travaux dédiés à la taille ! C’est comme cela qu’on devient un grand mammifère perturbateur.
Son but était d’accélérer les processus naturels de stratification de la végétation et de carbone dans le sol et il a réussi à diviser le temps par 10 !
Il y a un dicton en syntropie qui dit:
Si tu penses que tu plantes trop serré, alors plante deux fois plus serré !
J'ai appliqué ce principe sur une mini surface de jardin de moins de ~2m2

Dans cette mini jungle, j'ai:
- 3 plants de courgettes
- 5 tournesols
- 3 maïs
- 3 plants de patates
- 12 plants de tomates
- une salade
- 2 plants de choux de bruxelles
- des haricots à rames
- des trèfles qui couvrent le sol et que je "broute" régulièrement
Jusqu'ici tout va bien, tout pousse à merveille. J'ai jamais eu autant de courgettes.
Le but est d'exploiter la hauteur. C'est du jardin en 3D. Il faut parfois jouer des coudes et sabrer pour favoriser une plante ou une autre pour avoir de la lumière.
Conclusion
Imagine un instant remplacer toutes ces bordures de caillasses par de la verdure ?
Il est temps de passe à une culture de la nature. Plus besoin d'opposer ces concepts. Appliquons le wuwei, surfons sur la vague du vivant.
Plantons des vignes, des pergolas au dessus du goudrons des cours d'écoles !
Plante des arbres !
Plante des arbres fruitiers !
Plante une forêt jardin, comme nous l'avons fait pour notre épicerie participative.
Le meilleur moment pour planter un arbre, c'était il y a 20 ans.
Le deuxième meilleur moment pour planter un arbre, c'est maintenant !