Glossaire des mots en lien avec la Monnaie

Glossaire

Pièce de monnaie 1 Batz vaudois 1803
Un Batz vaudois. La monnaie cantonale avant le franc Suisse.

Clarifions la signification des mots

Les mots sont des boutons pour accéder à des idées. Mais parfois le câblage entre le bouton et l'idée change d'une personne à une autre !

Cette confusion est particulièrement vraie dans le domaine de la "monnaie".

Par exemple: un "prêt" n'est pas pareil qu'un "crédit".

Donc avant tout chose, pour éviter de tomber dans des pièges sémantiques voici quelques définitions importantes.

credit bancaire facile
Les banques commerciales octroient des crédits: de la nouvelle monnaie en échange de votre promesse de la rendre + les intérêts.

Qu'est-ce qu'un système économique ?

Le mot "économie" est très souvent utilisé de nos jours. Mais peu de monde en connait l'étymologie:

"éco-nomie" = "règles de la maison, de l'environnement"

Le préfixe "éco" est le même que celui dans éco-logie. Il vient du grec οἶκος, oîkos qui signifie "maison", "maisonnée","environnement".

Le suffixe "-nomie" vient du grec νόμος, nómos qui signifie "la loi", "la règle".

Un système économique est donc un système de "gouvernance", un système de décision.

Dans la Grèce antique, un Oikos est une "maisonnée", un ensemble de biens et d'humains (esclaves compris) rattaché à un lieu d'habitation et de production et dirigé par un chef de famille.

En 362 avant J.-C, l'auteur grec Xénophon publie son livre L’Économique « L'art et la manière de bien gérer un grand domaine agricole » (15 000 hectares)

Un système économique est ce qui permet de faire des choix et donc de créer le futur d'une communauté qui l'utilise.

economie science
L'économie est surtout de la politique, mais depuis Ricardo, on y a mis des mathématiques et les économistes pensent souvent que c'est une sciences exacte alors que c'est une science sociale.

Qu'est-ce que la "Monnaie" ?

Le mot "Monnaie" est souvent celui qui est utilisé dans le langage courant, en premier, sans réfléchir pour évoquer le domaine des "systèmes économiques", avec un mot direct et simple. (ça va nous arriver aussi !)

Cependant quand on connait "L'histoire de la monnaie", on remarque que la monnaie n'est qu'un cas particulier de système économique. Ainsi ne parler que de "monnaie" est déjà un parti pris, une limitation du champ des possibles.

L'origine du mot "monnaie" vient de l'atelier de frappe de monnaie qui a été créé à côté du temple de la déesse Junon Moneta sur la colline du Capitole à Rome en -269 avant. J.-C.

Le mot monnaie est donc intrinsèquement lié à l'idée de "frappe de pièce de monnaie métallique".

colline du capitole rome temple junon moneta
Vue du Forum Romain et de la colline du Capitole. Le temple de Junon Moneta se trouvait là où il y a la basilique Santa-Maria (batiment ocre) que l'on voit haut dessus des pins au dessus de l'arc de triomphe de Scipion, et au dessous du monument blanc dédié à Victor Emmanuel II.

Ainsi pour clarifier, dans ce document nous allons utiliser le mot "monnaie" dans le sens d'un "système de Jeton de valeur". Soit la croyance qu'un chiffre a de la valeur, ceci peu importe son support.

Donc un système de comptabilité mutuelle (comme chez les Sumériens), un bâton de comptage, un SEL, n'est pas une monnaie. (Attention, la souche du bâton de comptage peut vite devenir une "monnaie" si elle se met à circuler...)
Un caillou, une pièce de monnaie métallique, un bitcoin, un gobelet ecocup, est une monnaie.

tablette-argile-contrat-de-vente-Sales_contract_Shuruppak_Louvre_AO3760
Contrat de vente d'une maison et d'un champ en -2600, en pré-cunéiforme sumerien. (shuruppak)

Là où ça se corse, c'est quand les concepts se mélangent. Comme dans le système monétaire bancaire, majoritaire actuellement.

Nous allons considérer qu'une reconnaissance de dette comptabilisée sous forme de chiffre sur un compte en banque, ou une reconnaissance de dette titrisée par une banque centrale sous forme de billet de banque est une monnaie.

C'est confus et obscur ?
Ne vous en faites pas. Le but de ce document est justement d'éclairer tout ça.

Glossaire autour de la "monnaie"

Nous avons défini les deux notions majeures de "Monnaie" et "système économique". Mais il reste de nombreux mots spécifiques au jargon des systèmes économiques qui méritent une petite explication. C'est pour cette raison qu'un glossaire a été dressé.

  • Argent → Métal de numéro atomique 47. Très souvent utilisé pour créer des pièces de monnaie. Dans ce document, le mot "argent" désigne la matérialisation du concept de "donner et recevoir", de "transfert économique" entre humains. C'est une notion propre aux valeurs et croyances de chacun. Alors que le terme de "monnaie" désigne un concept technique précis.
  • Banque commerciale → Une entreprise qui a une licence bancaire qui l'autorise à créer de la monnaie sous forme de crédit bancaire. (En Suisse à ne pas confondre avec la Banque Privée qui est un indépendant de la banque. Il ne fait pas de crédit, mais des prêts de sa propre fortune. Il n'en reste plus que 5. La confusion est souvent faite car la banque commerciale est une banque de droit privé, une banque privée, par opposition à une banque publique. Mais il existe aussi des banques commerciales en main publique !)
  • Crédit bancaire → Un crédit est l’opération qu’une banque commerciale effectue pour ajouter de la monnaie sur le compte d’un de ses clients. En contrepartie, ce dernier, le débiteur (emprunteur) s’engage à rembourser le crédit, soit à verser plus tard à la banque commerciale le même montant qu’on lui a mis à disposition ex-nihilo, ainsi que des intérêts en sus qui rémunéreront le banquier.
  • Crédit mutuel → Aussi appelé : Crédit mutualisé. C’est un système de comptabilité compensatoire entre des individus, pratiqué dans beaucoup de SEL ou entre entreprises. Le WIR est souvent mentionné comme un crédit mutuel. C'était le cas à l'origine et ça l'est de moins en moins.
80-ans-credit-mutuel_sans_limite_ni_contraction
  • Dette → vient du mot latin: debeo qui signifie "devoir". C'est un devoir envers quelqu'un. Sur le plan philosophique, c'est un engagement moral à compenser ce qui a déjà été offert. Mais plus couramment, c'est un devoir de payer. C'est une obligation juridique définie dans un contrat.
  • Échange économique → Deux "transferts économiques" symétriques.
  • Économie → domaine de la vie en société (dans des communautés d'humains) qui vise à organiser des règles, des droits et des devoirs pour gérer les ressources à disposition afin de satisfaire des besoins et d'assouvir des désirs. Étymologiquement le mot: "éco-nomie" signifie "règles de la maison, de l'environnement". C'est un système de "gouvernance" de décision.
  • Monnaie → cas particulier d'un système économique qui donne de la valeur à des chiffres, des unités de compte. Aussi synonyme de "moyen de paiement" bien que ce n'est qu'un cas particulier de moyen de paiement. "LA" monnaie n'existe pas. Il y a de nombreux types de "moyens de paiement" qui sont créés de différentes manières et qui n'ont pas le même statut légal.
  • Monnaie ayant cours légal → C’est la monnaie officielle, que l’on est obligé d’accepter comme moyen de paiement (techniquement on dit "pour libérer une dette"). Toutes les monnaies ne sont pas des moyens de paiement ayant cours légal.
    En France, les pièces et les billets ont cours légal. Pas le reste.
    En Suisse, La LUMMP, la Loi sur l’Unité Monétaire et les Moyens de Paiement dit que les moyens de paiements légaux en Suisse sont : les pièces de monnaies, les billets de banque de la BNS et les comptes à vue de la BNS. La monnaie scripturale des banques commerciales n’est pas un moyen de paiement ayant cours légal. C’est une monnaie privée. Ces monnaies scripturales sont appelées substituts monétaires par le Conseil fédéral.
  • Monnaie fiduciaire → le mot "fiduciaire" vient du latin "fiducia", la confiance. Une monnaie fiduciaire est une monnaie de confiance. Mais confiance en quoi ? "La confiance" est le maitre mot dans tout système économique ! Mais là on parle surtout de pièce et de billet, et de la confiance que l'autorité qui les a émis garanti la valeur indiquée. Valeur qui vaut plus que le support. (métal ou papier) En général, c'est celui qui est sur la face de la pièce qui paie en dernier recours. On y trouve des profils ou des marques de souverain ou des figures allégorique des états, comme Marianne ou Dame Helvetia.
    → Les amateurs de cryptomonnaie utilisent souvent le terme "Fiat money" pour parler de monnaie fiduciaire, bien que ce soit à peine différent. La monnaie fiduciaire peut être en partie adossée sur une valeur concrète, comme de l'or ou des biens. Mais la "Fiat money" est totalement découplée d'une couverture. C'est de la confiance pure. Le terme "fiat" est du latin qui signifie "qu'il soit..." donc pure création à partir de rien.
  • Monnaie fondante → Monnaie dont la valeur diminue avec le temps.
  • Monnaie locale complémentaire → Souvent abrégée MLC. (ou MLCC si elle est Citoyenne) Une MLC est généralement une « monnaie » qui est créée localement par des personnes qui veulent dynamiser l’économie locale et/ou favoriser les commerces qui correspondent à une charte éthique. La plupart des monnaies locales complémentaires sont nanties et très souvent à parité avec la monnaie ayant cours légal. (Ex: Gonette, Léman, Doume, Eusko, abeille, etc...)
farinet, monnaie locale valais
  • Monnaie pleine → C’est la monnaie qui a cours légal ou qui est couverte à 100% par un moyen de paiement ayant cours légal. C’est le cas des billets de banques, des pièces de monnaie, des comptes à vue des banques centrales. Ce n’est pas le cas de la monnaie scripturale des banques commerciales qui n'est qu'une promesse couverte par un fond de garantie qu’à 2.5% en Suisse. (1% dans l’UE, et parfois 0% dans les pays anglo-saxons). Donc par opposition, une monnaie pleine n'est pas une promesse d'une monnaie, mais un jeton de valeur qui existe par lui-même. (En suisse en 2018, il y a eu une initiative populaire fédérale appelée "monnaie pleine" pour demander la mise en place d'une monnaie pleine, créée sans dette par la BNS.)
    Le concept connu sous le terme de "100% money" est également une "monnaie pleine". C'est une proposition de l'économiste Irving Fisher de 1935 qui vise à couvrir à 100% la "monnaie scripturale" des banques commerciales par de la monnaie banque centrale.
  • Monnaie scripturale → Monnaie uniquement présente sous forme d’écriture. Actuellement, c’est environ 90% de la monnaie en circulation. (En Suisse la BNS dit que c'est 90% de la monnaie libellée en francs suisses).
    La grande partie de la monnaie scripturale est constituée par les avoirs sur les comptes des clients de banques commerciales. Ces avoirs sont en fait des promesses scripturales des banques commerciales de donner des moyens de paiements ayant cours légal. Ce sont des substituts monétaires.
    Au sens large, on utilise aussi le terme de "monnaie scripturale" pour la comptabilité comme celle des Sumériens sur tablette d'argile ou de carte à jouer au canada.
  • Nantissement ou couverture → Nous utilisons le terme de nantissement ici surtout dans le cadre des Monnaies Locales Complémentaires. Une MLC est très souvent nantie. C’est à dire qu’elle est garantie, couverte, par une autre monnaie. Par exemple, 1 Léman = 1 euro. Si je veux un Léman, je dois l’échanger contre un 1 euro. Donc pour chaque Léman, il existe un euro placé sur un compte en banque. (Ce qui bride le la monnaie locale en ne lui permettant pas de faire de la création monétaire. De plus le placement bancaire augmente le pouvoir de crédit de la banque commerciale par le système des réserves fractionnaires.)
monnaie locale complementaire
  • Prêt (emprunt) → Un prêt, c’est le déplacement d’un bien, d’un endroit à un autre. Ainsi celui qui prête quelque chose à quelqu’un ne peut plus disposer de ce qu’il a prêté. A ne pas confondre avec le crédit !
    (Si je prête mon vélo, je ne peux plus l’utiliser… alors qu’une dette est un actif pour celui qui la détient….  c’est un crédit !)
  • Seigneuriage → Privilège de celui qui émet la monnaie. C'est par exemple, pour un seigneur féodal, la différence entre le coût de création d'une pièce de monnaie et l'avantage qu'il en retire en pouvant "acheter gratuitement" des biens et services sur le marché.
pièce-de-monnaie-en-or-de-alexandre-le-grand-Gold_quarter_stater_Alexander_the_Great_340-238_Pella
Pièce de monnaie d'Alexandre le grand.
  • Substitut monétaire → C’est ainsi que le conseil fédéral Suisse appelle les monnaies qui ne sont pas de la monnaie ayant cours légal. Soit à peu près 90% de la monnaie utilisée en Suisse libellée en CHF. C’est principalement la monnaie scripturale des banques commerciales. L’expression substitut monétaire apparait dans l’interpellation 12.3305. A laquelle le conseil fédéral répond « La croissance des substituts monétaires est laissée à la libre appréciation des marchés, conformément à la conception du secteur privé ancrée dans la Constitution. » En bref : créer une monnaie est une entreprise comme une autre.
  • Système d'Enregistrement des Transferts Économiques: SETE → Un système de mémorisation et de reconnaissance des transferts économiques qui ont lieu dans une communauté d'humains. Ceci dans le but de réduire la peur, d'augmenter la confiance que si je fournis un transfert à la communauté, je pourrais obtenir, plus tard, un droit de tirage sur les biens et ressources de la communauté. (revenir à l'équilibre)
  • Thésauriser → C'est conserver, accumuler de la monnaie et ne pas l'utiliser. Conserver des chiffres sans les investir. (En espérant garder le même pouvoir d'achat dans le temps, ou l'augmenter)
  • Titriser → L'action de transformer une dette en titre négociable, en moyen de paiement. Une dette a de la valeur si l'on croit que le débiteur va la rembourser. Les banques centrales "titrisent" des dettes d'État (bon du trésor) en chèques au porteur que l'on appelle des "billets de banque".
    La finance utilise beaucoup le principe de titrisation. Les produits dérivés sont des titres qui représentent un "sous jacents". Le danger de la titrisation est de tellement découpler le produit financier du produit réel sous jacent qu'il devient impossible d'évaluer la qualité réelle du produit. C'est ainsi que lors de crise des Subprimes, une énorme quantité de produits financiers basés sur des hypothèques ont perdus d'un coup leur valeur quand on a découvert que beaucoup d'hypothèques avaient été octroyées à des NINJA des gens qui n'ont ni emploi, ni revenu, ni actifs et sont donc dans l'impossibilité de rembourser leur crédit. C'est la création de paquet opaque composé de petites tranches de crédit diversifiés et noté (frauduleusement?) fiable par les agences de notation qui a masqué de nombreux actifs pourris aux yeux des acheteurs.
monnaie_dollars_renminbi_yuan
  • Transfert économique → C'est la plus petites unité divisible (atome) d'un "flux économique". Un transfert économique est défini par:
    - Qui exporte (fournit)
    - Qui importe (reçoit)
    - ce qui est transféré
    - libellé, donnée complémentaire de description
    - la valeur (juste un nombre... pas le jugement)
    - le référentiel dans lequel est exprimé la valeur. (Origine, sens et échelle)
  • Troc → Le troc est un échange direct et utile (au même instant) entre deux parties. C’est l’échange d’un bien contre un autre. Nous avons ici une définition stricte pour bien différentier le troc d’autres systèmes économiques. Si le troc ne se fait pas dans le même instant, ce n’est plus du troc. Si l’on commence à différer les échanges dans le temps, on est plutôt dans un système de « don dans une communauté de confiance ».
    Les livres d’économie ont tendance à dire "Tout commence avec le troc, puis la monnaie a été inventée". On appelle ça la "fable du troc".
    Cependant le troc n’a jamais "fait système", il n'a jamais été le moyen d'échange régulier au sein d'une communauté constituée. Il a toujours été marginal, utilisé lors de périodes chaotiques d’économie de guerre ou de crises économiques brutales. (fermeture des banques)
banque nationale suisse tout commence avec le troc
La brochure de la BNS nous dit que "Tout commence avec le troc" => faux!

Cadre légal de la création monétaire en Suisse

Le 10 juin 2018, nous allons voter sur l'initiative monnaie pleine qui propose une modification du système monétaire en Suisse. (en très bref et pas tout à fait exact, monnaie pleine permet d'avoir accès à de la monnaie électronique qui est reconnue comme "ayant cours légal"... alors que maintenant 90% de la monnaie est une reconnaissance de dettes des banques commerciales... et n'a pas la même qualité. Le détail plus précis en bas de cet article...)

Je vois qu'avant de comprendre la proposition faite par monnaie pleine, il y a déjà quasi personne qui comprend le fonctionnement actuel du système monétaire !!!

Donc ici, je vais tenter de faire comprendre le cadre légal de la monnaie en Suisse.

Voici une explication en mode audio (podcast): Fonctionnement du système monétaire suisse

La monnaie en Suisse selon la constitution

Perso, je pense que le sens de l'art 99 a probablement été changé en ....99 !!  ... par rapport à ce qu'il était avant.

Avec la constitution de 1874 on avait un cadre dans lequel la confédération avait, il me semble, beaucoup plus de pouvoir. Autant sur tout le cadre monétaire, qu'aussi sur la BNS.

Voici un extrait de l'art 38:

"1 La Confédération exerce tous les droits compris dans la régale des monnaies.
2 Elle a seule le droit de battre monnaie."

L'art 39 est le texte de la votation de 1891 qui donne le monopole des billets de banques à la confédération. Cette dernière "peut" créer une banque pour exercer ce droit. Et c'est ce qui sera fait en 1907 avec la BNS.

Avec la nouvelle constitution de 1999. Maintenant on a:

"1 La monnaie relève de la compétence de la Confédération; le droit de battre monnaie et celui d'émettre des billets de banque appartiennent exclusivement à la Confédération."

Donc la compétence de mettre un cadre légal à la monnaie est de la compétence de la confédération. Mais ça n'interdit pas à d'autres de créer de la monnaie, sauf pour les billets de banques où c'est explicitement interdit.

J'ai aussi vu des gens qui interprètent "la monnaie relève de la compétence de la confédération" comme étant limité aux "pièces de monnaie". Alors est-ce que l'on parle de monnaie au sens général ou de pièce de monnaie ?
Personnellement je le vois au sens général. Car sinon pourquoi repréciser dans la phrase suivante "le droit de battre monnaie.... appartient exclusivement à la Confédération" ?

Le vocabulaire autour de la monnaie est toujours très flou. Voici un lexique pour bien se comprendre..

J'ai l'impression que le texte de 1874 interdisait à d'autres que la confédération d'exercer un droit dans la régale des monnaies... alors que depuis 1999, il y a un flou en ce qui concerne la monnaie scripturale....

frapper la monnaie celtes

Plusieurs types de monnaie

Donc en fait LA monnaie n'existe pas. Il y a plusieurs types de monnaie avec des qualités différentes.

Il y a la "monnaie ayant cours légal" dont la définition est dans la LUMMP.

Soit: les pièces, les billets et les comptes de la BNS. Le reste n'est pas un moyen ayant cours légal.
Voici un article qui décrit ce qu'est le CHF ayant cours légal en détail...

définition CHF initiative monnaie pleine

"le reste" soit la monnaie scripturale des banques commerciales est dans une flou juridique.
Cette monnaie n'a pas de statut légal.

Le conseil fédéral a dit dans l'interpellation 12-3305 que ce sont des "substituts monétaires".
... et qu'en créer est un business comme un autre garantit par le principe de la libre entreprise inscrit dans la constitution.

« La croissance des substituts monétaires est laissée à la libre appréciation des marchés, conformément à la conception du secteur privé ancré dans la Constitution »

Il faut être une banque pour avoir le droit de créer des substituts monétaires

Mais tout le monde n'a pas le droit de créer de la monnaie par le crédit.

Il faut être une banque, et donc être autorisé par la FINMA pour accepter des dépôts du public et avoir des engagements envers ses clients. (car un dépôt est une dette de la banque envers son client) (Ordonnance sur les banques OB art 5 al 1)

Le boom des Monnaies Locales Complémentaires de ces derniers temps amène la FINMA a être plus stricte avec la création monétaire... et les créateurs du Farinet et du Léman découvrent que le statuts des monnaies locales complémentaires est fragile. Le flou juridique là autour s'éclairci et un cadre légal strict et contraignant émerge.
(et je trouve qu'il est injustifié et disproportionné. Pourquoi ennuyer des gens qui couvrent leur billets à 100% avec du CHF... alors que la FINMA a en 2008 autorisé Crédit Suisse à se "prêter" à lui même CHF 10 milliards !! pour éviter la faillite ! Il me semble y avoir 2 poids et 2 mesures...  )

En 1891, le peuple suisse a voté le monopole des billets de banque pour la confédération. La BNS  a été créée pour ça en 1907.
Avant chaque banque créait ses propres billets de banque.

Puis avec l'évolution technique, la monnaie scripturale a pris le dessus et ainsi la monnaie la plus utilisée de nos jours à plus de 90% ce sont des "substituts monétaires".

Petit souvenir, un Batz vaudois de 1828, avant que la constitution de 1848 n'interdise aux cantons de créer de la monnaie:

monnaie-batz-vaud

L'Etat est obligé de se financer via les banques commerciales et donc avec des intérêts

Ce qui a aussi favorisé cette évolution et là je trouve que c'est un hold-up. C'est l'art 11. LBN qui interdit à la confédération de se financer par la banque nationale.

Donc c'est une obligation pour l'état de se financer par la création monétaire privée. Par les substituts monétaires des banques commerciales.

Avant cette "doctrine" qui date des années 1970, l'Etat se finançait avec des crédits sans intérêt auprès de sa banque centrale. L'obligation de la couverture or limitait la création monétaire massive.

Mais avec l'abandon de l'étalon or par le USA en 1971 (pour payer la guerre du viet-nam!) la création monétaire est devenue sans limite. Et avec la peur d'avoir ainsi des politiques qui créent de la monnaie à tour de bras sans limite en générant de l'inflation. L'idée a été d'interdir à l'Etat de se financer directement.

Donc actuellement, ce sont les banques commerciales qui parasitent le financement de l'Etat en prenant leur commission au passage. Et les intérêts c'est pas une simple commission, mais c'est une exponentielle. Ça peut mener à payer plusieurs fois le crédit !

Venez jouer au Jeu de la monnaie pour bien comprendre...

Ainsi l'essentiel des dettes publiques est actuellement souvent composé d'intérêt à payer aux banques commerciales. Les dettes publiques seraient nettement moindre avec l'ancien système. Contrairement à une idée répandue, ce n'est pas la mauvaise gestion publiques qui crée l'essentiel des dettes publiques !

Voici une illustration avec la dette publique française comparée avec ou sans intérêt. (j'avoue que je n'ai pas vérifié le calcul moi même)

Dette_evolution_avec_et_sans_interets

Quand on étudie cette histoire, on a pas vraiment donné ce droit aux banques.. Elles se sont arrangées pour l'avoir.. où du moins, en Suisse, c'est sous l'impulsion de Kaspar Viliger que ça a été formalisé..

Et après avoir été président de la confédération, Kaspar Viliger est devenu président du conseil d'administration d'UBS....

Coïncidence ou récompense ??

kaspar_villiger_ubs

Le détail de l'histoire de ce genre d'interdiction en france comme en suisse est décrit ici...

Voilà. J'espère que maintenant le cadre légal monétaire en Suisse est plus clair.

Que propose l'initiative monnaie pleine

Il est donc maintenant temps d'étudier le texte de l'initiative monnaie pleine.

La question sous-jacente qui me semble fondamentale, c'est de savoir:
"Qui est légitime pour créer la monnaie ?"

Cette initiative veut donner le droit exclusif de créer ce que l'on appelle des francs Suisse CHF à la BNS.

Cependant, les banques commerciales seront encore libres de créer leurs propres substituts monétaires. Mais elles devront être plus transparentes. Comme l'est la banque WIR qui crée des WIR.

Donc UBS devra dire qu'elle crée des "francs UBS" et pas des francs... Actuellement lorsque l'on fait un dépôt dans une banque, ce dépôt est transformé en reconnaissance de dette de la banque. La banque inclus votre dépôt dans son bilan.

Cette reconnaissance de dette n'est valable que tant que la banque n'a pas fait faillite. Si une banque fait faillite, il y a actuellement une garantie de dépôt à CHF 100 000.-. Cependant d'où vient l'argent qui permet de rembourser ainsi CHF 100 000.- par compte ? Et bien il vient d'un fond fait par les banques elles-mêmes dans lequel il y a CHF 3 milliards.

Il y a donc CHF 3 milliards de CHF pour garantir CHF 1770 milliards de dépôts.... Ce système ne fonctionne qu'en cas de faillite de petites banques. Mais pas en cas de faillite de grosses banques.

Avec monnaie pleine, "les comptes de trafic de paiement" doivent être hors du bilan de la banque. Ainsi en cas de faillite. Même d'une grosse banque dite "to big to fail" la monnaie sur les comptes de trafic de paiement ne disparait pas. Car ce n'est pas une reconnaissance de dette. C'est de la vraie monnaie qui a son existence propre: de la monnaie pleine ! (comme les pièces !)

De plus, l'initiative monnaie pleine donne la possibilité de distribuer la nouvelle monnaie crée directement aux citoyens. C'est ce qui est vu parfois comme une base d'un mécanisme de financement du Revenu de Base Inconditionnel. (Le montant n'est pas forcément suffisant pour vivre. Mais c'est un début.)

"Dans le cadre de son mandat légal, elle (la BNS) met en circulation, sans dette, l’argent nouvellement émis, et cela par le biais de la Confédération ou des cantons ou en l’attribuant directement aux citoyens."

Le Jeu de la monnaie pour comprendre par la pratique

La théorie c'est très compliqué et c'est sujet à interprétation et controverse. Moi j'aime expérimenter.

Le jeu de la monnaie permet en 4x 10 minutes (étalé sur 2h30) de bien comprendre le mécanisme de la monnaie. D'où émerge le principe de la monnaie, comment ça marche et aussi vers quoi on peut aller pour le futur. Ceci au delà des arguments d’autorités et des croyances, juste avec son corps et ses émotions.

Voici la page facebook du jeu de la monnaie pour en savoir plus et trouver ou et quand se déroulent les prochaines parties.

https://www.facebook.com/jeudelamonnaie/

Il est également possible d’organiser des parties soi-même avec ses amis. Voici un kit de démarrage pour organiser un jeu de la monnaie…

jeu de la monnaie

Quelle est la véritable définition du franc suisse

Probablement que tu ne sais pas vraiment ce qu'est le franc suisse !

Même si tu l'utilise régulièrement....

Est-ce que tu sais ce qu'est un moyen de paiement ayant cours légal ?

... est-ce que tu sais que 90% de la monnaie qu'on utilise en suisse, n'est pas un moyen de paiment légal ?

Bon... regarde ma vidéo... tu comprendras mieux cette terrible vérité....   et ainsi tu comprendras pourquoi il y a des gens veulent changer de système monétaire !

La Loi sur l’Unité Monétaire et les moyens de Paiement (LUMMP)nous dit que l’unité de monnaie est le franc et que les moyens de paiement légaux sont :

  • les espèces métalliques émises par la Confédération => les pièces
  • les billets de banque émis par la Banque nationale suisse
  • les avoirs à vue en francs auprès de la Banque nationale suisse => accessibles uniquement pour les institutions financières.

Où est passée la monnaie sur mon compte Postfinance ? UBS ? Crédit Suisse ? Raiffeisen ? Banque Alternative ? Banque cantonale ? etc..

Et bien ce n’est PAS du franc suisse !!!
C’est une dette de la banque envers son client qui est libellée en CHF, qui utilise comme unité le franc suisse.

Techniquement le Conseil fédéral appelle ceci des « substituts monétaires ».
(voir Interpellation 12.3305)

Ce sont des monnaies privées. Un avoir sur un compte à l’UBS n’a pas plus de valeur que des points cumulus de la Migros !

C’est quelque chose de très important à comprendre. Il y a plusieurs types de monnaies, elles sont émises avec des méthodes différentes et ont un statut différent.

La monnaie scripturale des banques commerciales est créée en grande partie par le crédit bancaire, et pour le reste lorsque les banques achètent des biens et services ou payent des salaires.

Il n’existe pas de franc suisse ayant cours légal en monnaie scripturale qui soit accessible au grand public !

C’est pour cette raison que le collectif d'actionnaires de la BNS:  AAA+ a fait une proposiition à l'AG de la BNS en 2016:
« Pour que chaque citoyen suisse qui le demande puisse disposer d’un compte de virement à la BNS ».

... mais cette proposition a été balyée ! Censurée par le conseil de banque qui pense que cette proposition n'est pas de la compétence de l'AG de la BNS.

Ainsi une autre méthode pour réaliser la même chose. Soit avoir une monnaie qui existe vraiment. Une monnaie qui est couverte à 100% par de la monnaie légale. C'est d’accepter l’initiative Monnaie Pleine.

Définition du franc suisse CHF, monnaie pleine

Cet article se trouve aussi sur le site du collectif AAA+ : "Quelle est la définition du franc suisse CHF ?"

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