Voici déjà quelques années que nous avons votés sur l'initiative pour un Revenu de Base Inconditionnel. C'était en juin 2016.
Comme je m'amuse un peu à faire une application qui affiche des données statistiques cartographiques pour les communes Suisses, pour tester mon application j'ai repris les résultats de cette votation fournis par l'OFS.
Bastions des partis politiques suisses
Afin de voir si il y a un corrélation entre un parti politique et cette idée de Revenu de Base Inconditionnel, voici les bastions des partis politiques suisses, basé sur les votes par communes aux dernières élections fédérales de 2019. (donc après la votation de 2016)
Personnellement, je vois une corrélation éventuelle, uniquement avec le partis des verts. Ça se voit avec les grandes villes comme Zürich et Bern et Genève, avec la commune Tessinoise de Onsermone, et dans une moindre mesure avec la région de l'arc jurassien entre les cantons de Neuchâtel et Jura.
A vous de vérifier et chercher d'autres corrélations...
Aide pour bien utiliser la carte
L'échelle est recalculée automatiquement suivant le nombre de classes demandées, mais afin de permettre de voir d'autres données avec la même échelle, il faut recharger la page quand on change de classe de donnée si on veut vraiment recalculer l'échelle.
Attention, il y a 2 types d'échelles, en mode saturation d'une seule couleur (3 à 9 classes) ou en mode divergent (10 et 11 classes). Il est nécessaire d'être cohérent entre les nombres de classes et les couleurs choisies.
Cette carte a été réalisée par mes soins à l'aide de la bibliothèque de visualisation de données d3.js. C'est une réalisation faite pour un projet dans mon entreprise Ecodev. Où nous réalisons des applications web de visualisation de données. Voici un exemple avec Pvtarif...
Dans cet article je vais vous montrer pourquoi le Revenu de Base Inconditionnel est bon pour dynamiser les régions périphériques tout en faisant baisser la pression sur le marché de l’immobilier des grandes agglomérations.
Disparités du coût de la vie en Suisse
Quand on tente d’évoquer ce que pourrait être le montant d’un Revenu de Base Inconditionnel en Suisse. Le montant de CHF 2500.- est souvent évoqué. (notamment par ce qu’il a été popularisé par une manchette du journal Le Matin)
Le texte de l’initiative quand à lui ne précise pas de montant. Il tente de le situer par cette phrase:
“Le revenu de base doit permettre à l’ensemble de la population de mener une existence digne et de participer à la vie publique.”
A l’évocation d’un montant de CHF 2500.-, les réactions sont diverses, si je caricature à peine, les genevois tire la gueule… “C’est pas possible de vivre avec CHF 2500.- à Genève”…. et les Chaux-de-Fonniers trouvent ça génial…..
Du coup, certaines personne s’opposent au Revenu de Base Inconditionnel seulement parce qu’elles jugent qu’un montant qui n’est qu’une proposition (!) n’est pas assez élevé!
Ce n’est pas sur le montant que l’on va voter. Donc je conseille à toute ces personnes d’attendre que le principe soit ancré dans la constitution pour militer en faveur d’une loi qui défini un montant juste.
Et si on renversait le problème ?
Il y a actuellement des milliers des personnes qui déménagent pour trouver un emploi. Pourquoi est-ce qu’il n’y aurait pas aussi des gens qui déménagent pour vivre mieux avec leur Revenu de Base Inconditionnel ?
En effet, si le fait de vivre n’est plus conditionné par le fait d’avoir un emploi. Il est possible d’aller vivre où l’on veut et même de se créer son emploi où l’on veut.
Cela fait des décennies que les régions périphériques se vident des jeunes qui vont chercher un emploi ailleurs, souvent dans les grandes agglomérations.
Du coup, les campagnes ont un tissu économique qui diminue et les grandes agglomérations voient les loyers prendre l’ascenseur, un marché de l’immobilier saturé et des infrastructures de transports surchargées.
Permettre à des gens de vivre où bon leur semble, et pas uniquement où il y a des emplois permet de résoudre de nombreux problèmes autant pour les campagnes que pour les villes.
Avec le Revenu de Base Inconditionnel, l’argent va là où sont les gens, et non pas forcément là où sont les emplois.
Le Revenu de Base Inconditionnel pour dynamiser les régions périphériques
Le Revenu de Base Inconditionnel est un excellent moyen de favoriser les métiers utiles mais peu rémunérateurs. Ainsi, si je veux ouvrir un restaurant ou une petite épicerie dans mon village en pleine campagne, j’aurai actuellement nettement moins de clients que si je vais en plein centre ville de Genève. Il sera plus difficile voir impossible pour moi de vivre de ce travail, de cette contribution à la société.
Avec un Revenu de Base Inconditionnel, je suis assuré d’avoir de quoi vivre, ainsi je peux oser créer mon entreprise, développer mon activité dans une région périphérique. Avec cette activité je peux fournir un service à la société et gagner un revenu pour compléter mon Revenu de Base Inconditionnel.
Ainsi avec un tel système je peux avoir un revenu global qui est tout à fait correct et permet de vivre bien tout en dynamisant le tissu économique local.
Et comme souvent ce genre d’initiative fait boule de neige, le monde attire le monde. Si je sais qu’il y a un restaurant et une épicerie, je suis plus à même d’y installer mon entreprise de menuiserie.
Actuellement il y a de nombreux villages où il ne reste plus qu’agriculteur comme emploi local. Pourquoi ? Tout simplement par ce que les agriculteurs ont une sorte de Revenu de Base Inconditionnel avec leur paiement direct !
Voilà donc comment le Revenu de Base Inconditionnel peut aider à dynamiser les régions périphériques et baisser les loyers dans les grandes agglomérations.
En 2020.. le sujet est à nouveau d'actualité... Du coup, il y a 2 pétitions qui sont lancée pour demander un revenu de base en Suisse... n'hésite pas à les signer...
L'idée est simple, avec le prélèvement d'une miette sur le trafic de paiement il est possible de collecter une somme plus grande que la totalité des impôts payés en Suisse, et donc de les remplacer.
Fini la corvée de la déclaration d'impôt, les niches fiscales et les effets de seuils.
Attention, ce n'est pas la fameuse taxe Tobin. Cette dernière ne veut taxer que les transactions financières. La microtaxe dont on parle taxe tous les paiements électroniques. Donc aussi vos courses au supermarché ou un repas au restaurant, et aussi les retraits au bancomat pour éviter de se soustraire à la microtaxe.
Pour l'économie réelle et l'énorme majorité de la population, c'est une charge en moins. Pour la finance, c'est moins bien. Mais la Suisse a tellement d'avantages dans ce domaine que toute cette branche économique ne disparaitra pas.
On va voir tout le détail ci dessous de ce projet de révolution de la fiscalité!
CHF 100 000 milliards d'échanges annuel entre les banques en Suisse, vraiment ?
Pour avoir un ordre de grandeur du potentiel d'une microtaxe, Felix Bölliger a été voir les statistiques de la Banque Nationale Suisse sur le trafic interbancaire.
Voici une vidéo qui explique le rôle du SIC, le réseau interbancaire qui connecte les banques entre-elles en Suisse pour assurer le trafic de paiement.
Les impôts cantonaux, communaux et fédéraux + les assurances maladie en 2011 avaient pour total CHF 170 milliards
Felix Bolliger conclu qu'un prélèvement de 2 pour mille suffit à remplacer les impôts. (soit 200 milliards pour remplacer 170 milliards)
La BNS modifie ses statistiques et supprime 60% du potentiel de la microtaxe !
"2013-01 A compter de janvier 2013, le nombre de transactions ne comprend plus les virements excédentaires et ne peut donc plus être comparé aux chiffres publiés jusqu’alors."
Heu ?? ça veut dire quoi ?
La meilleure explication que j'ai trouvé s'explique par le déplacement du compteur de transaction.
Les transactions entre le compte des banques à la BNS et le même compte chez SIX n'est plus comptabilisé. Ce qui est logique, car juridiquement c'est le même compte !! C'est juste un moyen technique pour que la BNS puisse faire ses stats.
La BNS en travaux... elle change ses pratiques...
Au delà du trafic interbancaire
Ci-dessus on ne parle que du trafic interbancaire. Mais pour tout ce qui reste dans la même banque, on n'en sais rien !! .... et c'est beaucoup plus gros !
Felix Bölliger s'est basé sur les stats de la BNS, car elles sont publiques. Mais beaucoup du trafic de paiement se fait à l'intérieur même des banques. Et là c'est opaque au possible.
Les banques commerciales ont le privilège de pouvoir créer de la monnaie, via le crédit bancaire. Elles publient leur bilan et leur comptabilité est contrôlée par un réviseur de compte. Mais en fait... beaucoup de choses restent très opaques dans la banque.
Qu'est-ce qu'il se passe entre deux bilans ? Le bilan n'est qu'une photo de la situation à un moment donné. Mais on peut imaginer qu'une banque se crée un matin CHF 1 milliards... joue avec en bourse, gagne quelques millions... et le soir rembourse le crédit. Ni vu ni connu ?
Il est sensé y avoir des mécanismes de contrôle interne aux banques. Mais on peut douter qu'un auto-contrôle fonctionne toujours...
L'expérience le montre avec l'affaire Kerviel. Il a réussi à frauder le contrôle interne de la banque en émettant de fausses informations. (bon, là paradoxalement, il créaient de fausses pertes pour masquer ses gains et passer sous le radar..)
Sinon, les banques sont aussi contrôlées par la FINMA, l'autorité de surveillance des banques. 🏦 .. oui mais.... Avec à sa tête un banquier anglais, ex cadre d'UBS.... c'est un peu au loup qu'on a donné la tâche de surveiller la bergerie !
On appelle ça une opération de portage.Moi j'appelle ça, "me créer pour moi même CHF 10 milliards". Et là... personne n'était au courant, sauf la FINMA.. et la FINMA a donné son feu vert !
On estime que la somme au bilans des banques des substituts monétaireslibellés en francs suisses CHF est d'environ le double du bilan de la BNS. Soit CHF 1600 milliards. (l'estimation a été faite en 2015.. on est certainement plutôt à 2000... mais faut refaire ce long calcul)
On peut encore doubler tout ça pour avoir le montant libellé dans des devises autres que le francs Suisse.
Puis il y a tout ce qui est de la finance... les actions mais aussi, les contrats divers et variées sont aussi des formes de monnaies !
... et tout ça s'échange parfois plusieurs fois par années... voir par seconde ! Ce qui génère un montant de transaction totalement astronomique !
Ordre de grandeurs des actifs sous gestions dans les banques Suisses
Postfinance indique dans son rapport de gestion qu'elle traite un peu moins de 1 milliard de transactions par an. (avec CHF 113 milliards à son bilan réparti sur les 4.6 millions de comptes qu'elle gère)
Donc même si la BNS a changé ses statistiques et diminué de 60% le potentiel d'une microtaxe sur les paiements électroniques, ça ne change rien.
En fait si on applique aussi cette microtaxe sur les paiements entre les comptes d'une même banque, le potentiel est toujours là... et il est même beaucoup plus gros !
Quel est le potentiel d'une microtaxe sur les paiements électroniques ?
On voit qu'il y a en moyenne CHF 3 200 milliards / mois qui sont échangés. Ce qui nous donne un total annuel d'à peine moins de CHF 40 000 milliards par année.
A cela il faut ajouter tout le reste. Et là... on a très peu d'info. Mais tentons déjà de voir ce que l'on sait.
La bourse suisse est gérée par SIX. Ainsi on voit que pour ce qui concerne les transactions boursières on est dans l'ordre de grandeur de CHF 100 milliards par mois ( Soit un total de CHF 1361 milliards sur l'année 2018)
La taxe Tobin ne vise que les transactions financières, donc c'est juste ce potentiel là qu'elle aurait. La microtaxe sur les paiements électroniques vise plus large: tout paiement électronique.
Pour le trafic de transaction à l'interne des banques... aucune info supplémentaires pour le moment !!
C'est un point à creuser....
Financer un Revenu de Base Inconditionnel avec une microtaxe sur les paiements électroniques
En 2016, j'avais déjà fait une vidéo pour expliquer le financement du Revenu de Base Inconditionnel.
Dans cette vidéo j'avais déjà inclus l'idée d'une microtaxe de 0.05% sur les paiements électroniques qui permettait de récupérer CHF 50 milliards.
Avec ceci on peut clairement assurer un financement d'un revenu de base selon le modèle de financement mixte. (redistribution de la Valeur Ajoutée Nette des entreprises + microtaxe)
La microtaxe sur les paiements électroniques dans le débat aux élections fédérales d'octobre 2019
La microtaxe sur les paiements électroniques s'est invitée dans le débat des élections fédérales 2019 via la liste Démocratie Directe SpiritualitéS & Nature, que l'on trouve dans les cantons de Vaud (listes 11) et Fribourg (listes 24).
L'idée est de proposer une microtaxe de 0,1% sur les paiements électroniques, ceci afin d'avoir les moyens de faire une vraie démocratie.
On ne peut pas décider sans avoir les moyens de ses ambitions.
La microtaxe n'est qu'un emplâtre sur une jambe de bois
Il faut quand même émettre une critique sur cette microtaxe sur les paiements électroniques.
Vouloir changer la manière de faire la redistribution de la monnaie ne s'attaque pas au vrai problème qui est lié à la monnaie.
Une meilleure chose à faire c'est de vraiment reprendre le pouvoir de la création monétaire par le peuple pour le peuple. J'en parle déjà abondamment sur ce site 🙂
J'organise aussi régulièrement des parties du Jeu de la Monnaie, pour éveiller les gens à l'histoire de la monnaie, décoloniser leur imaginaire et proposer des alternatives.
Mais par les temps qui courent, peu de gens ont vraiment compris ce qu'est la monnaie et où est le problème.
Ainsi il est aussi intéressant de communiquer via cette idée de micro-taxe qui est beaucoup plus simple à comprendre.
Ce qui m'intéresse vraiment dans l'idée de remplacer les impôts par la micro-taxe sur les paiements électroniques, c'est que l'on va supprimer des impôts.
Là il y a encore moins de gens pour le comprendre, mais supprimer les impôts, c'est supprimer l'obligation d'utiliser une certaine forme de monnaie. Dès lors on peut commencer à librement utiliser des formes des monnaies alternatives plus vertueuses. (.. et du coup avoir beaucoup plus de moyens pour financer les infrastructures en commun et assurer la solidarité entre toutes et tous)
La seule monnaie qui appartient vraiment aux Suisse sont les pièces de monnaie
Conclusions
Il est possible de créer une microtaxe de 1 pour mille sur tous les paiements électroniques qui se font en Suisse, et ainsi être capable de remplacer TOUS les impôts. (TVA, impôts fédéraux, communaux, cantonaux, etc)
Une initiative populaire fédérale est en préparation pour mettre en place cette idées.
L'inconvénient pour moi de cette micro-taxe c'est de ne pas vraiment s'attaquer à la création monétaire. Mais en fait, avec son volet sur la suppression des impôts, elle le fait quand même !
Ceci, car le rôle des impôts est d'imposer l'utilisation d'une forme de monnaie. Avec la microtaxe sur les paiements électroniques, on se libère d'une bonne partie des impôts en place et ainsi on peut plus facilement utiliser des monnaies alternatives plus vertueuses.