Le 3 mars 2011, je suis passé dans l'émission Passerelles sur la télévision régionale canal alpha.
Cette émission d'une vingtaine de minutes avait pour sujet du jour la décroissance.
Les déchets, c'est bon pour la croissance
Dans cette émission, j'apparais à la déchetterie de Neuchâtel. C'est l'endroit privilégié pour voir le fonctionnement de notre société de consommation.
Le dogme de notre société de consommation, c'est la croissance économique. Il faut toujours vendre plus. Pour vendre plus, il faut renouveller le plus souvent possible les objets vendus.
On limite donc la durée de vie des objets. Que ce soit intentionnel par programmation d'appareils ou juste en choisissant les composants les moins chers et les plus fragiles. C'est de l'obsolescence programmée.
Par l'évolution technologique et les modes publicitaires, on force les gens à se séparer d'appareils qui fonctionnent pour en acheter des nouveaux jugés meilleurs !
C'est clairement ce que l'on voit dans ce reportage. Monsieur Verguet, le chef de la voirie, nous dit que 2010 a été l'année où l'on a vu une explosion du nombre de télévisions arriver à la déchetterie. On a multiplié par 3 le nombre !
Ceci en grande partie à cause de la publicité qui a été faite autour du mondial de foot 2010, où l'on nous incitait, pour l'occasion, à changer notre téléviseur cathodique, par un téléviseur à écran plat !
On observe ici que la publicité a une influence réelle !
Le but de notre société est de transformer le plus vite possible des ressources naturelles utilisables en déchets inutilisables !
La décroissance: sortir d'un système économique basé sur la croissance
Le but de la décroissance, et du Réseau d'Objecteur de Croissance dont je fais partie, est de sortir de ce système économique basé sur la croissance, et donc sur la consommation effrénée. Le monde a des limites. Une croissance infinie dans un monde fini est absurde !
Une des idées pour sortir de ce principe est d'augmenter la durée de vie des objets, de partager des objets que l'on utilise que rarement. De donner une seconde vie aux objets que l'on ne veux plus.
Un des slogans de la décroissance, est: Moins de biens, plus de liens !
Le matérialisme à outrance de notre société ne nous apporte pas plus de bonheur. Certes, le confort matériel rend plus heureux, au début.. mais tout à une limite. Les liens humains rendent plus heureux sur le long terme.
Quand on demande à quelqu'un ce qui est le plus important dans sa vie, les réponses les plus fréquentes sont la famille et les amis ! .... des liens humains !
Ce n'est pas le nouveau téléviseur à écran plat...
La déchetterie, c'est pour les déchets, pas pour les objets qui fonctionnent encore !
Quand on reste un moment à observer le balais des voitures qui entrent à la déchetterie et se vident de tonnes de matériel encore utilisable, ça fait mal au coeur !
On a envie de récupérer plein de chose.
Mais la consigne de la déchetterie est stricte:
Tout ce qui entre à la déchetterie est un déchet et doit y rester !
Cette consigne a été décrétée suite à des phénomènes de mafia qui ont commencés à s'organiser pour récupérer ce qui vient à la déchetterie.
Certaines personnes devenaient agressives si d'autres personnes n'appartenant pas à la mafia locale se mettaient à récupérer, elles aussi, des objets.
C'est pour éviter la mise en place de ces mafias que l'on a interdit de récupérer quoi que ce soit.
De plus, c'est aussi pour des questions de responsabilité. Si un appareil arrive à la déchetterie, c'est peut être aussi par ce qu'il est défectueux !
Si une personne le récupère un appareil défectueux et que la semaine suivante, cet appareil déclenche un incendie... ce n'est pas top !
Donc le mot d'ordre: A la déchetterie on n'amène que les déchets !
Et il y a encore beaucoup à faire pour mettre en place des lieux d'échange locaux d'objets dont on a plus envie mais qui peuvent encore servir.
La consommation collaborative
Les chosent commencent à changer, c'est bien. Mais il faut encore pousser un peu.
Il faut changer les règles de notre économie individualiste pour retrouver des valeurs de collaboration, de coopération, de partage, de gratuité, de biens communs, de vie en communauté, de limitation de la démesure: use de tout, n'abuse de rien !
C'est sous le vocable de consommation collaborative que cette nouvelle forme d'économie est en train d'émerger.
On commence à comprendre que l'avenir est à l'échange de droits d'usage et non pas d'objets matériels !
Parlons aujourd'hui de mon impression sur les tendances qui se profilent dans le domaine de la mobilité.
L'abonnement mobilité
Plus j'y réfléchi, plus je pense que l'avenir de la mobilité passe certainement par des "abonnements mobilité".
Un pack qui comprend la possibilité d'utiliser les transports publics, et/ou différentes sortes de véhicules, du vélo au véhicule utilitaire en passant par la petite voiture électrique et la grosse voiture familiale.
Ainsi, en tout temps il est possible d'utiliser le véhicule qui correspond à ses besoins.
Pourquoi avoir toute l'année un véhicule qui n'est adapté que 2 semaines par année ?
Dans le modèle actuel, les gens achètent une grosse voiture familiale qui a une autonomie de 1000km juste pour être certain d'avoir le véhicule qu'il faut pour les 2 semaines annuelles de vacances à l'étranger en famille.
Alors que finalement la petite voiture électrique 2 places avec une autonomie de 200 kmcorrespond aux besoins quotidiens des 5km à faire pour aller au travail ou au centre commercial du coin !
Cette idée n'est pas réservée au seul domaine des transports. C'est une tendance de fond qui commence à émerger dans tous les domaines de l'économie.
Ceci s'explique par un retour (via l'habitude des nouveaux outils de collaboration sur internet) des valeurs de partage, de collaboration de coopération, de biens communs. Ces valeurs se présentent comme des alternatives à l'individualisme prôné par le capitalisme.
Cela correspond tout à fait au slogan des objecteurs de croissance: Moins de biens plus de liens.
Pour ne pas trop dévier du domaine des transports je vais revenir pus tard sur le concept de consommation collaborative, mais pour ceux qui veulent déjà approfondir le sujet, je propos de suivre le site web consocollaborative.com qui tente de référencer toutes les actions qui existent déjà dans ce sens.
Dans notre société, pour vivre, nous sommes obligé d'avoir un revenu. De recevoir de l'argent. La plupart du temps, nous pensons qu'il faut travailler pour recevoir un revenu.
Que penseriez-vous de recevoir un revenu suffisant pour vivre, juste par ce que vous vivez ?
Chacun reçoit un revenu, homme, femme, enfants. Ceci, sans aucune condition à remplir.
Plus besoin de travailler pour avoir un revenu. Seuls les gens qui en ont envie travaillent.
Il y a de plus en plus d'études, par des approches différentes, qui montrent que le revenu de base inconditionnel est une bonne solution pour répondre aux problèmes de notre système économique actuel.
C'est pour cette raison qu'un nombre grandissant de personnes défendent le principe du revenu de base inconditionnel.
Pour tenter de diffuser l'idée d'un tel revenu de base, le cinéaste allemand Enno Schmidt et le balois Daniel Häni ont réalisé un film qui montre le fonctionnement et le financement d'un revenu de base inconditionnel.
Un des slogans favoris des partis de gauche est "Des places de travail pour tout le monde !"
Or, cela fait plus de 100 ans que l'on tente de remplacer les humains par des machines dans les usines. Alors, est ce que l'on veut des emplois pour les machines ou pour les humains ?
Avec la mécanisation, puis l'informatisation nous sommes devenu toujours plus productif avec toujours moins de monde.
Aux USA, en 1982, on produisait 75 millons de tonnes d'acier avec 300 000 travailleurs, en 2002, on a produit 100 millions de tonnes d'acier avec seulement 74 000 travailleurs. Soit 4 fois moins !
De les banques, c'est pareil. Avec l'utilisation généralisée des services bancaires online, on a divisé par 10 le nombre d'employés!
Donc il devient de plus en plus dur de trouver un emploi pour tout le monde. On est obligé de produire toujours plus si l'on veut encore engager des gens. On est obligé de miser sur une croissance de la production. Et sur une croissance de la manipulation mentale par la publicité pour obliger les gens à consommer encore plus ce qui est produit !
Beau projet d'avenir !
D'un point de vue écologique, je ne suis pas certain que notre planète supporte longtemps notre habitude de transformer toujours plus vite des ressources naturelles en déchets ! (la planète survivra... la vie.. un peu moins..)
Au vu de ces constatations, on peut faire une croix sur le mythe du plein emploi ! D'ailleurs c'est déjà le cas depuis longtemps. La plupart des systèmes économiques tournent avec un taux de chômage structurel entre 5% et 10%.
Il devient assez évident de voir que vouloir le plein emploi en misant sur le dogme de la croissance économique est illusoir ! Une autre approche doit être trouvée. Le revenu de base inconditionnel est une piste intéressante.
Motivation au travail
Un système économique est un gros système collaboratif.Pour que tout fonctionne, il faut que tout le monde y mette du sien. C'est d'autant plus vrai dans une société hyper-spécialisée comme la notre. La plupart des gens ne travaillent pas directement pour créer leur nourriture, mais échangent des services qui vont leur faire gagner de l'argent pour s'acheter de la nourriture.
La motivation à contribuer à ce système collaboratif est donc capitale. Comment motiver les gens ?
Un des moyens de motivation le plus utilisé dans le monde du travail, est le fait de gagner de l'argent. Si tu travailles plus, tu gagnes plus d'argent !
Cette question a été discutée le 9 novembre 2010, lors d'une conférence à propos du revenu de base inconditionnel organisée à Genève.
Des économistes comportementalistes ont étudié dans quelles limites cette motivation par l'argent fonctionne. Ils en arrivent à dire que finalement, ce système fonctionne jusqu'à un certain plafond. Au delà, la motivation financière ne fonctionne plus.
Pire ! Il existe des cas, où l'instauration d'un système de motivation lié à l'argent donne des résultats plus mauvais !
C'est l'expérience qui a été faite dans une crêche où certains parents arrivent systématiquement en retard. L'idée a été d'instaurer un système d'amendes pour taxer financièrement les parents en retard. L'effet a été droit l'inverse ! Le nombre de retard a augmenté.
Le fait d'avoir remplacé une obligation morale par de l'argent à donné l'impression aux gens qu'il pouvaient acheter leur retard.
Ainsi, on observe qu'une motivation morale est souvent plus efficace qu'une motivation financière.
Ainsi, une personne qui fait un travail qu'elle aime et qui correspond à ses valeurs le fera plus efficacement qu'un travail qui n'est fait que pour gagner de l'argent !
Un travail optionnel est souvent mieux fait qu'un travail obligatoire !
Avec des outils de collaboration qui s'étendent toujours à plus grande échelle sur internet, le nombre de services créés et gérés par des bénévoles et des amateurs est en pleine explosion.
Wikipedia est une encyclopédie faite par des bénévoles, openstreetmap est une carte faites par des bénévoles, youtube est rempli de mini chaines de télévision bénévoles.
Tous ces sites web fonctionnent sur une infrastructure logicielle qui a bien souvent été conçue par des bénévoles (linux, et plein d'autres logiciels libres...). Enormément de blogs sont le fait de bénévoles (celui-ci par exemple :P), ils traitent de tellement de sujets que finalement, les blogs bénévoles ont quasiment tué la presse magasine professionnelle.
Dans le domaine de l'information, les bénévoles sont en train de tuer tout le marché professionnel, car il font de l'information de qualité souvent professionnelle mais qui est livrée gratuitement !
Le revenu de base permet de financer des activités actuellement difficilement financables
Les biens communs
Comme on l'a vu ci-dessus. Il y a déjà un travail énorme qui est effectué par des bénévoles. Le revenu de base permet d'amplifier cet élan de création et de travail bénévole. Avec un revenu, assuré par le revenu de base incoditionnel, ce qui est une activité bénévoles annexe pratiquée dans des temps libres peut devenir une activité principale.
C'est un gain pour tout le monde. Ce travail devient bien souvent un travail de création de biens commun.
La culture
La culture est probablement la grande gagnante de l'instauration d'un revenu de base inconditionnel. Les artistes ont toujours eu du mal a être financés. Contrairement à ce que certaines maisons de disque tentent de nous faire croire, le principal problème des artistes ce n'est pas de se faire pirater, c'est de se faire connaitre.
Ainsi, avec un revenu déjà assuré, les artistes vont pouvoir utiliser tous les systèmes de distribution possibles, comme les peer-to-peer, qui sont techniquement des systèmes excellents, mais qui sont la bête noir des Majors, car il n'y a pas moyen de controller la distribution. (et donc de faire payer)
L'éducation
Pour en revenir à une réalité bien plus terre à terre. Le revenu de base inconditionnel permet également de financer l'éducation des enfants. Un enfant étant un être humain vivant, lui aussi a droit à un revenu de base inconditionnel.
La charge financière est donc allégée pour les familles.
Les combats féministes ont libéré la femme de sa condition de maitresse de maison pendant que son mari travaille à l'extérieur. Très bien ! Maintenant les femmes peuvent aussi travailler à l'extérieur. Malheureusement, le système a récupéré cette évolution pour faire travailler 2 fois plus de monde! Le mari et la femme travaillent à l'extérieur.
Oui, c'est la réalité actuelle, quand on travaille à deux à l'extérieur de la maison, il devient de plus en plus dur de s'occuper des enfants. Il faut donc des structures d'accueil.. des crèches.. et finalement c'est l'école qui s'occupe d'éduquer les gosses (après la TV) Les maths, la lecture, l'écriture, tout le programme scolaire fini par être une tâche secondaire pour l'école, tellement la place de l'éducation grandit.
Beau projet d'avenir...
L'idéal d'une égalité homme-femme devrait permettre, dans tous les cas d'avoir au moins un des deux parents (voilà l'égalité) qui peut rester à la maison s'occuper de l'éducation des enfants. (et d'avoir le plaisir de voir ses enfants grandir) Pour ça il faut quand même un revenu.
Ce que les gens veulent, ce n'est pas un emploi qui les éloignent de chez eux et de leur famille. Ce que les gens veulent c'est un revenu !
Le revenu de base inconditionnel est ce revenu qui permet aux familles de voir leurs enfants grandir et de les éduquer.Bien éduquer des enfants, c'est profitable pour toute la société !
Comment financer un revenu de base inconditionnel ?
Mais tous les pays ne sont pas assez riches en ressources pour financer un tel revenu.
Daniel Häni et Enno Schmidt recommandent d'utiliser un système où l'on remplace l'impôt sur le revenu par un impôt sur la consommation. Une sorte de TVA qui vaut la moitié du prix.
Couplée à un revenu de base une tva n'est pas un impôt anti-social. On arrive même à faire un impôt progressif !
Un autre avantage de ce système est d'empêcher l'évasion fiscale. A une époque où la concurrence fiscale est plus tendue que jamais entre les cantons suisses et entre l'union européenne et la suisse. La réforme de ce système calmerait les tensions.
Une autre approche pour financer un revenu de base inconditionnel est de réformer le système monétaire. La création monétaire par le crédit bancaire profite principalement aux banquiers. En réformant la manière de créer l'argent, les bénéfices de cette création monétaire peuvent être utilisé pour financer un revenu de base inconditionnel.
Il existe donc de nombreuses pistes à étudier pour rendre possible ce véritable projet politique qui s'inscrit dans la suite logique de ce que nos ancêtres ont mis en place avec un système de retraite comme l'AVS.