Bientôt la fin des (hyper)-supermarchés ?

Le monde de la grande distribution est en pleine mutation. Après 60 ans de domination du modèle des supermarchés, il est fort probable que ceux-ci disparaissent tout bientôt. Nous allons voir pourquoi.

Émergence de l'économie de marché

Comme je l'explique dans mon histoire de la monnaie et des systèmes économiques, l'économie de marché découle directement de l'impôt.

C'est lorsqu'un seigneur impose sa monnaie via l'impôt, que ses sujets doivent s'organiser pour gagner de la monnaie. Auparavant la monnaie n'est pas nécessaire pour vivre. Le don dans une communauté de confiance suffit à assurer l'abondance.

Quand la monnaie devient nécessaire pour vivre, chaque personne va chercher à vendre des biens et des services. Elle doit donc signifier à la communauté ce qui est disponible. Ce qui est sur le marché.

marche-aux-epices

La place de marché est donc ainsi créée.

Tous les producteurs se réunissent au même endroit, en même temps pour présenter leur offre.

Le marché répond à un besoin d'efficacité. De plus les producteurs se spécialisent. Ils augmentent ainsi leur efficacité. Tout est fait pour ramener le plus de monnaie possible. La technique se développe et se met au service des moyens de production pour augmenter les rendements.

Puis, la caste des commerçants émerge. Le commerçant n'est pas le producteur, il est un intermédiaire entre le producteur et l'acheteur final, le consommateur. C'est encore une fois une manière d'augmenter l'efficacité à capter de la monnaie sur le marché pour la rendre au seigneur.

Naissance du marketing

L'énorme avantage de l'économie de marché, c'est de fournir tout ce qui imaginable, de combler tous les besoins.

Quand un besoin semble comblé, il suffit de susciter un nouveau désir, et hop.... un nouveau besoin apparait.

Créer le marché, c'est ce que fait le marketing.

La bande dessinée Obélix et compagnie résume très bien la fonction du marketing, j'en avais déjà parlé il y a très longtemps.

Tout le monde a besoin d'un menhir dans son salon !
Surtout par ce que les voisins en ont déjà un !

marketing menhir

Afin de vendre toujours plus. Le marketing crée l'hyper-segmentation du marché. Il existe une sorte de shampoing pour chaque type de personne, les hommes, les femmes, les enfants, les cheveux longs, les cheveux courts, les cheveux lisses ou bouclés, les cheveux bruns, blond ou bleus....

Le marché de la place du village se transforme en marché couvert, en épicerie, en supérette, puis en super-marché et en hyper-marché. C'est la naissance des grandes surfaces. Car il en faut de la surface pour présenter toute les variations d'un même produit.

Naissance du supermarché

Après des tâtonnement, c'est surtout dans les années 1960 que les supermarchés poussent comme des champignons.

Le principe est simple. Il y a tout au même endroit, en libre service.

Le public est habitué à se fournir dans plusieurs établissements. Pour le formage, c'est chez le fromager, pour le pain, c'est à la boulangerie, pour le poisson chez le poissonnier, les légumes sur la place du marché, et plein d'autres denrées, parfois dites: coloniales, s'achètent à l'épicerie.

Pour faire ses courses, il est nécessaire de faire le tour du quartier dans des commerces de proximités.

Le supermarché chamboule tout. Comme les surfaces dans les villes sont déjà occupées. Le super, puis l'hypermarché se construit à l'extérieur des villes. (dans une grosse boite de conserve sans fenêtre qui jouxte un énorme parking) Il est nécessaire de s'y rendre non plus à pied, mais en voiture. (si possible avec un grand coffre).

Le supermarché se caractérise par des produits en libre service. Fini le comptoir du boucher ou de l'épicerie. Fini les files d'attentes pour dicter sa liste de course.

Au supermarché, on rempli soit même son caddie dans des allées de produits en libre service. Puis on passe à la caisse.

Tout est donc présenté sous forme de produits standardisé. Le formage est déjà emballé sous forme de morceaux de différentes tailles: l'emballage familial, l'emballage individuel, l'emballage de dégustation, etc.

En France, c'est Leclerc qui est le fer de lance du modèle du supermarché. En Suisse, c'est Migros qui révolutionne le commerce de détail.

Mi-Gros signifie que l'on est à cheval entre le commerce de détail et le commerce en gros, ce qui offre le promesse de prix plus bas.

Durant les 30 glorieuses, le modèle du supermarché fait des émules, il attire les foules dans le rituel familiale de la visite au centre commercial, avec un pic le samedi.

Pendant ce temps les épiceries de quartier disparaissent, comme de nombreux commerces de proximité. Surtout en raison des prix cassés qu'offre les supermarchés, ainsi que le côté pratique de tout avoir au même endroit, sous le même toit. On peu acheter toute sa nourriture de la semaine, ses vêtements, du vin, des livres et des appareils électroménager dans le même magasin. Un gain de temps certain !

Le déclin des mammouths et autres mastodontes

C'est connu, les dinosaures ont disparus, trop grands, trop patauds, ils n'ont pas su s'adapter au changement.

Mammouth écrase les prix !

C'était le slogan de la défunte chaine de supermarché Mammouth, rachetée par Auchan.

Une des constantes du capitalisme, c'est de grandir le plus possible. L'économie de marché permet d'acheter de tout, et donc aussi d'autres commerces.

Les petits deviennent donc toujours plus gros et toujours moins nombreux. Le capitalisme de connivence favorise les monopoles.

Et c'est en général quand il ne reste plus qu'un seul joueur que la partie de Monopoly s'arrête.

C'est là que la biodiversité pousse à l'émergence d'autres modèles qui rendent obsolète les mastodontes du passé.

On entend le fracas de l'arbre qui tombe, mais pas le bruit de la forêt qui pousse.

Le modèle de l'hypermarché est en train d'imploser sous son propre poids, mais personne ne le voit.

Quelle est donc cette forêt qui pousse ?

Hypermarchés, la chute de l'empire

C'est le titre d'un documentaire Arte. Ce documentaire nous montre les coulisses de la négociation entre les mastodontes de la grande distribution comme Carrefour, et des producteurs.

Le but étant de briser les jambes des producteurs. Une fois au sol, on commence à négocier. Sympa !

Ce chantage n'a qu'un seul but, baisser les prix au maximum, afin d'attirer les clients.

Mais là on touche une limite. Ce documentaire nous montre que malgré les offres spéciales pour attirer le chaland. Le public boude de plus en plus les hypermarchés hors des villes, au profit du commerce de proximité – sous la même enseigne – à taille plus humaine et au centre ville.

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Les hypermarchés sont devenu des charges pour les grands groupes comme Carrefour. Trop gros, trop de surface, donc trop cher. Trop loin, trop de temps perdu à déambuler dans la grande surface pour juste acheter un produit.

La cause du déclin: le commerce en ligne qui a pris le dessus pour le non-alimentaire. Les vêtements, l'électroménager, les chaussures, voilà sur quoi un hypermarché fait sa marge. Alors que l'alimentaire pas cher, c'est juste pour attirer le consommateur en quête du prix le plus bas.

Mais quand le commerce en ligne vol le marché, et les marges de l'hypermarché. Le mastodonte implose. Il attire des clients, mais ne tourne pas. Il baisse encore ses prix, détruit ses fournisseurs, mais ne change toujours pas la situation.

C'est alors que Carrefour a imaginé un circuit diabolique pour subventionner ses hypermarché: la vache à lait des franchisés.

85% des enseignes Carrefour sont en fait des franchisés. Des commerçants autonomes qui veulent profiter de la marque et des procédures de fonctionnement éprouvées pour bien faire tourner leur commerce.

Le soucis, c'est que la franchise impose également une centrale d'achat. Les prix pratiqués par cette centrale sont prohibitifs. C'est ainsi que Carrefour taxe les magasins qui vont bien – plutôt à taille humaine et au centre ville – pour renflouer les hypermarchés virtuellement morts.

Ce cannibalisme n'est pas durable. Il suffit d'un coup dur, d'un grain de sable qui grippe la machine et tout risque de s'effondrer.

Covid, confinement, télétravail, inflation, augmentation du prix de l'énergie, du carburant, pénuries...

Le grain de sable est là.....
Non ?

Marges pratiquées dans le commerce de détail

La source de revenu d'un commerce provient de ses marges.

C'est essentiellement la différence entre le prix d'achat au fournisseur et le prix de vente au client.

Le revenu d'un commerçant, c'est ça.

Avec ce revenu il paie ses charges, essentiellement les salaires, les loyers, le coûts de l'énergie, les frais divers.

Techniquement il y a tout un jargon, on parle de marge brute, de marge commerciale, de marge nette, de marge bénéficiaire brute....

Mais malgré le jargon, le principe reste toujours le même, ce que je gagne - ce que je dois... après on peut le voir en % en absolu, avec le prix en TVA ou non. On peut calculer la marge pour un seul produit ou pour l'ensemble à partir du chiffre d'affaire....

Si j'ai bien compris dans la grande distribution la marge brute et la marge commerciale c'est la même chose !

Marge = prix de vente HT - coût d'achat HT.

En France, il y a chaque année un rapport parlementaire qui décrit les marges des commerces de détail.

C'est l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, qui produit ce rapport.

En Suisse, nous n'avons pas ce genre d'information. C'est tenu secret !
.... mais parfois il y a des fuites !... quand des données sont piratées, on y reviendra plus tard....

Marges nécessaires pour tourner

Quelles marges faut-il pour qu'un commerce puisse raisonnablement vendre ses produits et faire un peu de bénéfices ?

Dans le documentaire Arte: Hypermarchés, la chute de l’empire, on apprend qu'en 1963, lors de l'ouverture du premier hypermarché de Carrefour, le chiffre d’affaires attendu par la direction pour 1970 était de 1 milliard de francs pour une marge brute de 15 % et des frais généraux de 10%.

Dans une étude publiée par le Fédération Romande des Consommateurs en juin 2022, il est cité un avis d'expert:

Selon des chiffres avancés par la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), une chaîne de magasins bien gérée devrait se satisfaire d'une marge brute globale de 25% de son chiffre d'affaires pour couvrir ses frais (personnel, loyers, administration, publicité, amortissement des machines et autres).

Marges constatées par des études sur les grands distributeurs

Selon une étude relayée en 2017 par la Schweiz am Sonntag, Coop et Migros sont les commerçants de détail qui dégagent les plus grandes marges brutes d'Europe.

D'après cette étude menée par la société allemande de conseil Deekeling Arndt Advisors pour l'association des fabricants de marques suisses Promarca, Migros aurait dégagé en 2015 une marge brute de 40,2%, la plus haute d'Europe. Et Coop arrive en seconde position avec 29,8%.

Suivent le groupe allemand Rewe (25,5%) et les chaînes de magasins françaises Auchan (23,5%) et Carrefour (20,9%). Les marges les plus basses sont britanniques, avec Tesco (5,2%) et Morrisons (3,8%).

Dans le dossier de la FRC, il est cité une mention dans la NZZ d'une mise à jour pour 2021 des chiffres concernant Migros et Coop:

Les marges au niveau du groupe Migros s’élevaient à 39% l’an dernier (2021) et celles de Coop à 32%. Une différence entre ces deux acteurs qui peut s’expliquer par la part importante de produits distributeur qui lui sont propres et fabriqués par des sociétés que Migros détient.

Sondages de marges dans une supermarché Carrefour

Dans le documentaire Arte: Hypermarchés, la chute de l’empire, il y a un sondage qui est effectuée sur quelques produits afin de connaitre la marge:

  • 4,85% sur les Frosties
  • 2,88% sur le coca-cola
  • 16% sur le café noir pack de 500g
  • 10,8% sur le Nutella
  • 40% sur le pack de 6 tomates en barquette
  • 30% sur un concombre
  • 25% sur un fromage

Le documentaire nous mentionne que pour ne pas perdre d'argent, ce magasin doit avoir une marge globale de 20%.
(ce qui correspond avec les chiffres vu plus haut pour Carrefour)

Lien direct vers le sondage....

On constate que la majorité des produits ont une marge qui est inférieure à 20%. On peut donc dire qu'ils sont vendus à perte. L'idée c'est d'être un prix d'appel pour faire venir les clients. Ce derniers sont ensuite inciter à acheter des produits avec une plus grande marge. Ici, les tomates, le concombre et le fromages.

Mais la principale source de revenu du supermarché, ce n'est pas la nourriture. C'est plutôt les vêtements. Un secteur avec des fortes marges.

.... mais la concurrence du commerce en ligne est rude... et l'alimentaire ne permet pas de compenser.

Un piratage révèle les marges sur les produits laitiers

En avril 2022, les Laiteries Réunies de Genève se font pirater. Un grand nombre de données sont publiées sur le dark web.

C'est le point de départ d'une publication des prix et des marges qui sont faites par les grands distributeurs de suisse romande.

Plusieurs articles de journaux révèlent les marges énormes que Coop et Migros se font sur les produits laitiers. Un questionnement se fait sur la politique des distributeurs de mettre la pression sur les producteurs alors qu'ils ont de grosses marges. Car finalement le prix du lait ne permet pas de vivre.

Donc le lait est subventionné par la confédération. Donc finalement c'est le contribuable qui finance les marges énormes de Coop et Migros sur les produits laitiers ! A méditer !

Les marges brutes de Coop atteignent les 57% et celles de Migros 46%

A partir des données des LRG, nous avons analysé 77 produits vendus sur les étals des grandes enseignes. Résultat: les marges brutes atteignent en moyenne 57% chez Coop, 46% chez Migros, 35% chez Aligro et 34% chez Manor.

Pour parvenir à ces pourcentages, nous avons comparé le prix auquel les distributeurs achètent les produits aux LRG aux prix de vente dans leurs magasins. Cette démarche a été possible parce que les données concernent les prix actuels, tels que négociés entre mars et avril notamment. Les détaillants commercialisant moins de dix produits, comme Denner ou Volg, ont été exclus de l'échantillon.

La comparaison des marges est limitée par le fait que le panier de produits n'est pas identique entre les détaillants. Il s'agit de marges brutes, qui mesurent la différence entre le prix d'achat et le prix de vente sans tenir compte des coûts. Selon les experts consultés, ce critère reste le plus pertinent pour comparer les distributeurs.

De l'autre côté de la frontière, le rayon produits laitiers présente une marge brute de 24,3%, relève le rapport officiel. Mais ce qui reste en « net » n'a rien à voir: à peine 0,8%. En boulangerie, les marges sont même négatives !

Quelques exemples de calculs

Le même produit n'est pas obtenu au même prix par différents distributeurs, puis la marge n'est pas forcément la même et donc le prix de vente est souvent différents. Voici quelques exemples de produits fabriqués ou revendus par les laiteries réunies.

Les flans TamTam au chocolat sont achetés moins cher par Migros que par Coop, mais le prix est presque similaire, mais ainsi la marge est respectivement de 58% et 39%.

Pour la tome vaudoise nature. La même marge de 66% est appliquée. Il y a une différence de 25 centimes du prix. Apparemment Migros a des arguments supplémentaires dans la négociation du prix !

Le pouvoir est chez le distributeur

Comme je le disais dans une vieil article de 2011 à propos de la TV connectée, le pouvoir est chez le distributeur.

Ci-dessus on évoque le fait que le producteur est écrasé. Surtout avec le cas du lait qui ne permet pas de vivre en le vendant.

Mais c'est pareil pour le maraichage. Il y a de nombreuses exploitations (le mot est juste parfait) qui est emploient des saisonniers étrangers pour diminuer les coûts de la main d'oeuvre.

Quand au consommateur, il a un pouvoir énorme. C'est lui qui "vote" à chaque achat sur ce qu'il veut voir exister ou non comme système économique.

Coluche résumait ceci avec cette phrase:

Quand on pense… Qu'il suffirait que les gens ne les achètent plus pour que ça se vende pas !

Mais en fait, les désirs des consommateurs sont tellement éclatés, le consommateur est tellement individualisé, qu'en fait il ne représente pas un réel pouvoir de décision.

Plus haut nous avons parlé de marketing. La segmentation du marché fait que toutes sortes de catégories de consommateurs vont venir dans le même supermarché, mais consommer un segment marketing différent.

Les gammes, classic, MBudget et fine food reflètent bien ce phénomène. Donc il y a des gens qui seront préoccupé par leur budget et d'autres par la qualité des produits. Puis encore certains par des labels fairtrade et/ou des produits bio.

Donc le consommateur n'est jamais fédéré sous une même bannière. Il a des intérêts parfois opposés. Le distributeur sait s'adapter pour répondre aux besoins de chacun.

Finalement le consommateur ne fait qu'acheter ce qu'on lui propose. Il n'a pas trop le choix. Il a un choix factice entre les différentes gammes de produits. Mais ne décide pas réellement.

Ceci est un peu paradoxal dans le cas de Migros et Coop, qui sont des coopératives appartenant aux clients !!

Donc qui détient le pouvoir ?

Le pouvoir est chez le distributeur.

Le distributeur est l'acteur qui a accès à tout le monde. Il peut faire pression sur le producteur pour référencer son produit et lui garantir un volume de vente.

Le client ne voit que le distributeur pour se fournir. Ce serait trop long et fastidieux de se fournir chez chacun des producteurs.

Migros et Coop représentent à eux deux 70% du marché de la distribution en Suisse. Voir même 80% si l'on tient compte du fait que Migros est actionnaire majoritaire (70%) de Denner.

Migros et Coop étant des coopératives, les bénéfices ne peuvent aller dans la poche d'actionnaires. Ainsi les deux géants oranges sont obligés de réinvestir les bénéfices en interne, souvent pour bouffer les concurrents et agrandir encore le duopole.

Migros et Coop sont en concurrence entre eux et se copient largement l'un l'autre.

Le pouvoir est chez le distributeur. On a le même schéma qu'avec Google qui est l'intermédiaire entre les créateurs de contenus et les internautes à la recherches d'un contenu.

Google à su se placer en intermédiaire, autant pour la recherche générale. Son moteur de recherche est au top depuis deux décennies. C'est long dans l'histoire du web. De plus Google a su consolider sa place en investissant le terrain de la vidéo, avec Youtube.

On retrouve également le même schéma, avec Apple qui se place comme intermédiaire distributeur d'applications pour iPhone. Apple est l'intermédiaire entre le producteur qui cherche à se faire connaitre le consommateur qui cherche une solution. Et au passage Apple prélève sa marge.... 30% !

Encore une fois Google s'est inspiré du principe en fournissant un système d'exploitation pour smartphone: Android. Puis en devant le fournisseur officiel d'applications.

Donc si tu veux le pouvoir, devient distributeur.

Reprendre du pouvoir dans la distribution alimentaire

On l'a évoqué ci-dessus, le monde de la grande distribution ne respecte pas les producteurs. Le consommateur a un pouvoir limité.

Donc que faire pour agir selon ses valeurs ? Si l'on veut respecter les producteurs ?

Et bien il faut devenir distributeur !

C'est là que je viens te proposer le modèle de l'épicerie participative. J'ai déjà écrit tout un guide pour expliquer ce que c'est et comment en créer une.

Dans l’avenir de la TV, le pouvoir est chez le distributeur

Comme souvent, en rentrant chez moi, à vélo, le soir, dans la nuit noire et profonde, j'écoute des podcasts d'émissions de radio.

Dernièrement, j'écoutais l'émission médialogues de la rsr, à propos d'un grand chamboulement: la téléconnectée.

television_cartoon.pngLa vision d'Eric Scherer, directeur de la prospective et de la stratégie à France télévision ne m'a pas convaincue! J'avais même plutôt l'impression qu'il n'a pas de vision du tout !

"Depuis 15 ans l'internet a chamboulé le monde de la presse, de la musique et maintenant, c'est au tour de la télévision. La TV connectée va être un grand chamboulement" ... "L'année 2011, fin 2011.. et puis surtout 2012... nous allons voir la convergence entre l'internet et la télévision..."

"C'est encore le tout début, c'est la terra incognita"

Bref, avec un tel discours, j'ai l'impression que le gars n'a pas de vision, qu'il ne sait pas où il va. C'est facile de dire que le net à tout changé. Tout le monde peut le dire !

J'ai l'impression qu'il répete souvent le même discours... "en 2011.... on verra..." .. et voilà que lors d'une interview en fin octobre 2011, il se dit "heu... c'est presque fini 2011.. et on a pas encore vu grand chose... ce sera surtout 2012...". Il faut qu'il mette à jour son discours !

Puis, hormis un avis dans lequel il annonce que le principal changement, c'est que le téléviseur va disparaitre, que l'on affichera la tv sur des miroirs, des tables et autres surfaces, il n'y a rien d'intéressant dans cet interview.

De plus, je ne crois pas à cet avenir où toutes les surfaces deviendront des écrans. Je l'ai déjà exprimé dans un autre article. L'avenir est plutôt à la réalité augmentée.

Bref, je crois que les télévisions françaises ne vont pas changer. Pour voir l'avenir de la TV, il vaut mieux aller regarder du côté de la Télévision suisse romande.

Le découplage entre créateur de contenu et distributeur de contenu

vieille-tv.pngPour comprendre l'avenir de la TV, il faut déjà comprendre ce qu'est un média.

L'étymologie du terme média, nous apprendre que ce mot signifie moyen. Un média est un support, est un moyen de communication.

Avec l'arrivée des "mass media", on a commencé à confondre le moyen de communication et le contenu, l'information.

Un journal, la radio, la télévision, sont des médias. Dans l'acceptation traditionnelle du terme média, le support et le contenu sont très liés. Pour lire le contenu d'un journal, on achète le papier. Pour écouter la radio, on se branche sur des ondes radio, puis sur une fréquence particulière pour écouter une fréquence de radio particulière.

La télévision, utilise le même principe que la radio, mais avec l'image en plus.

Ainsi, dans la vision traditionnelle de ces médias. La chaine de TV est autant le créateur du contenu que le distributeur.

Mais si l'on revient au début de ce texte, j'explique que j'écoute des "podcasts d'émissions de radio".

Cette phrase est étrange. Elle comporte des contradictions. J'écoute une "émission de radio", mais sans jamais avoir eu besoin d'émettre des ondes radios !

Le principe du podcast est tout autre. J'utilise un moyen de transmission différent de l'information. J'utilise un média différent. Ce n'est plus de la radio. Le podcast est un enregistrement de son qui est diffusé via le média internet.

Voilà ce qu'a changé internet: un nouveau média, un nouveau moyen est né.

vieille-radio.pngUne émission de radio, avait pour unique moyen de se diffuser d'être émise par des ondes radio.

Actuellement, ce que l'on appelle émission de radio n'en est plus une. On écoute juste le contenu. Il existe plusieurs moyens de diffuser ce contenu, les ondes radio, le câble, l'internet en direct sur un site web, le podcast lu en différé sur un lecteur mobile.

Ainsi, l'internet révolutionne le monde des médias, car il est lui même un média dans le vrai sens du terme, mais pas un créateur de contenu.

Internet révolutionne le monde des médias, car internet est un média bon marché, tout le monde peut devenir émetteur. Ce n'est pas le cas d'une télévision ou d'une radio pour lesquelles le matériel d'émission est très cher et où la place sur les ondes est limitée.

Avec l'arrivée de l'internet, on voit une explosion du nombre de créateurs de contenu qui viennent concurrencer directement les créateurs de contenus traditionnels, les journalistes.

Le nombre de créateurs est potentiellement plus grand. Mais les créateurs peinent toujours autant à distribuer leur création.

Ces créateurs ne sont pas des distributeurs. On remarque qu'il y a un découplage entre le créateur de contenu et le distributeur de contenu.

Le pouvoir est aux mains des distributeurs et non des créateurs

L'avantage des médias traditionnels, c'est qu'ils ont un réseau de distribution. Ainsi, les médias traditionnels ont une longueur d'avance. Mais faut-il encore s'en rendre compte.

Il est un principe de base qui s'applique dans tous les domaines. C'est toujours le distributeur qui contrôle un système dans lequel des producteurs alimentent des consommateurs.

iphone.pngC'est vrai pour la distribution de nourriture et c'est vrai pour les médias.

C'est ainsi que google est devenu l'entreprise qui contrôle le web. Google ne produit pas de contenu. Google propose un service de recherche qui permet à des consommateurs de contenu d'entrer en contact avec des producteurs de contenu.

L'entreprise Apple était en quasi faillite en 1997 et est devenue en 2011 la plus grosse capitalisation boursière de l'histoire. Comment est-ce possible ?

Apple, est devenu distributeur de musique avec iTunes et son réseau d'iPod. Puis, Apple est devenu un distributeur d'applications pour son réseau d'iPhone et d'iPad.

Apple a simplifié la distribution et s'est octroyé le droit de prélever le tiers du prix de chaque transaction. Voilà le secret de la richesse.

Pour connaitre l'avenir, il faut se placer du côté de celui qui a le pouvoir d'imposer l'avenir

pelicule de film.pngDans le cas de la télévision, il faut se placer du côté du plus gros distributeur de contenu vidéo. C'est lui qui va donner les tendances pour l'avenir.

Qui est-ce ?

Vous l'avez deviné... on retourne chez google. Le plus grand distributeur de vidéo. C'est youtube !

Google ne produit pas de vidéos, il propose un service d'hébergement de vidéos. Quand on connait le coût du stockage et de la diffusion de vidéos, on se rend compte qu'il n'y a que google qui est assez riche pour offrir ce service !

... Mais il n'est pas offert sans contrepratie. En échange, google dispose d'un énorme réseau publicitaire qu'il monnaye très bien !

Ainsi, l'avenir de la télévision existe déjà !

C'est youtube ! Ou du moins les princpes que l'on retrouve sur youtube.

C'est un contenu provenant de sources diverses. C'est un contenu accessible en tout temps, sur divers supports, de la grande TV de 2 mètres de diagonales au petit écran de l'iPhone.

De plus, c'est du contenu qu'il est possible d'inclure dans la mise en page d'un autre site web comme celui-ci, ou comme facebook !

Un contenu interactif, un contenu au centre des discussions

conversation.pngFacebook est également un grand distributeur de contenu ! C'est le concurrent direct de google.

Dans le principe google, c'est vous qui devez indiquer le contenu que vous chercher.

Dans le principe facebook, même pas besoin de savoir ce que l'on veut voir. C'est le contenu que vos amis publient ou relayent qui vous est proposé.

Il y a moyen de commenter directement le contenu, d'engager une conversation autour du contenu.

L'avenir de la télévision c'est ça aussi. C'est l'interactivité. La diffusion unidirectionnelle c'est le passé. Maintenant, on commente le contenu.

Le contenu devient interactif, ainsi, dans les vidéos youtube, il est possible de placer des liens hypertextes, et même de placer des jeux !

C'est ce que j'ai découvert dans la vidéos de Cyprien à propos des vieux téléphones mobiles sur lesquel on jouait au jeu du serpent. Maintenant on peu jouer au jeu du serpent sur les vidéos !

Une autre innovation technique que l'on trouve sur youtube est la possibilité de voir des vidéos en 3D.

Comme ça, il est possible de retrouver Cyprien et son pote Norman en 3D...

En découvrant ces évolutions technologiques, vous avez découvert, au passage, les nouvelles célébrités de la TV francophone, que sont Cyprien et Norman.

Chacune de leur vidéos est un succès populaire. En moyenne chaque vidéo est vue environ 2,5 millons de fois !

Cette audience grimpe parfois à 4 voir 6 millions de vues pour certaines vidéos. Ce qui dépasse parfois l'audience du journal de 20h de TF1 !

A titre de comparaison, les 10 meilleures audiences des TV françaises en 2011 naviguent entre 9 millions de téléspectateurs pour des séries comme "The Mentalist" ou "Dr House" à un record de 15 millions de téléspectateurs pour la coupe du monde de Rugby !

En suisse romande, où l'on trouve 60 fois moins d'habitants, la télévision suisse romande se défend bien avec une audience de près de 400 000 personnes pour le journal et la météo.

Et du côté des célérbités romandes sur youtube, Anasteak débute bien, mais n'est pas encore au niveau de ces concurrents français !

La télévision de demain est déjà celle d'aujourd'hui

Si j'observe mes habitudes de consommation de télévision. Je remarque que je ne regarde plus la télévision !

L'écran qui trône dans le salon est un objet que je n'utilise plus. Les chaines de télévision traditionnelles ne m'intéressent plus.

BigRedSmile_A_new_Computer.pngLa télévision traditionnelle est en voie de disparition. Mais pas le contenu vidéo. De loin pas. Youtube est tout de même le 3ème site web le plus visité au monde, juste après google et facebook... qui bien souvent servent à rabattre les utilisateurs vers des vidéos.

Pour le contenu de divertissement, je regarde souvent du contenu provenant de chaines hébergées par youtube.

Pour les documentaires, j'apprécie beaucoup la télévision suisse romande, qui met à disposition toutes ses émissions et ses archives sur le web, et souvent en podcast.

Pour l'information, je préfère la télévision locale, canal-alpha, qui propose également des podcasts de son journal, mais aussi des vidéos en lien avec les articles de la presse locale sur un site web commun: arcinfo.ch.

Conclusion... où est le grand chambardement annoncé de la télévision connectée ?

Je ne vois rien de révolutionnaire pour 2012. La télévision connectée ça fait déjà quelques années que je l'utilise quotidiennement via mon ordinateur.

Ce qui peut changer, c'est que l'on remplace le meuble du salon appelé télévision par un ordinateur !

(mais c'est déjà le cas pour quelques personnes que je connais !)

Penser global agir local, la consommation collaborative comme système économique

vieille-tv.pngDepuis que j'ai fait une petite visite à la déchetterie, (que l'on peut voir dans l'émission passerelles sur canal alpha...) j'ai vu la réalité de l'ampleur des dégâts de notre société de consommation.

Ce que j'ai appris dans cette déchetterie m'a beaucoup marqué. Par exemple, le fait que le nombre de télévisions amenées à la déchetterie en 2010 a triplé juste par ce que la publicité nous disait que la coupe du monde de foot était l'occasion rêvée pour change son téléviseur cathodique en téléviseur à écran plat !

On jette ainsi de nombreux appareils qui fonctionnent encore.

S'adapter à la société ou adapter la société à soi-même ?

J'ai beaucoup de peine à me convaincre que le but de mon existence doit être de consommer pour être heureux !

.. de transformer le plus vite possible des ressources naturelles utilisables en déchets inutilisables.

Etant conscient de cette réalité, j'ai plusieurs options:

  • Je peux me morfondre dans mon coin en me disant que je ne suis qu'un marginal inadapté à la société dans laquelle je vis.
  • Je peux me dire que c'est moche, mais que c'est le système qui veut ça. Que finalement je n'en suis pas totalement responsable. Je ferme les yeux et tout continue.
  • Je peux agir pour changer cette situation.

yves_guillou_brain.pngComme je tente parfois de me culturer un peu le cerveau. J'ai eu l'occasion d'entendre et de retenir quelque jolies phrases de grands penseurs.

Jiddu Krishnamurti disait: Ce n’est pas un gage de bonne santé que d’être bien intégré dans une société profondément malade.

J'en conclu, que même si je suis un marginal dans cette société. Ce n'est pas une mauvaise chose !

Un compatriote de Krishnamurti, un certain Gandhi disait:
Sois le changement que tu veux voir dans le monde.

Ainsi, j'ai décidé que le fonctionnement de notre société de consommation ne me convient pas, et qu'il faut que ça change !

recyclage.png

Donc que faire ?

Augmenter la durée de vie des objets est une solution qui me parait intéressante.

Le plus simple pour commencer, c'est de se dire qu'il ne faut pas que tout ces téléviseurs en bon état et autres objets ne finissent bêtement à la déchetterie par ce que l'on ne sais pas où les mettre ailleurs.

On doit bien trouver un moyen simple pour mettre en relation des gens qui veulent se séparer d'objets, avec des gens qui veulent en acquérir pour pas cher ?

idee.pngC'est là que tout s'éclaircit dans mon esprit !

(réplique  du film Oscar avec Louis de Funès)

Il existe déjà un moyen populaire d'augmenter la durée de vie des objets en leur offrant une nouvelle vie ailleurs. C'est ce que proposent les sites de vente aux enchères comme ricardo.ch !

Ricardo, tout comme e-bay sont de véritables cavernes d'Ali-baba où l'on trouve tout ce qui n'est plus dans le commerce. La distribution est totalement repensée par rapport à un circuit économique classique. On utilise une économie entre particuliers.

En creusant un peu plus, je découvre, ou redécouvre que cette idée d'un système économique direct entre particuliers est en fait une tendance déjà bien présente, et grandissante.

Pour continuer dans mon jeu de citation, je dirai que l'on entend bien le fracas de l'arbre qui tombe, mais pas le murmure de la forêt qui pousse !

On parle souvent de notre société de consommation et de tous les problèmes climatiques qu'elle provoque, mais rarement du système qui émergera sur les cendres de cette société.

Cooperation_by_Merlin2525.pngEn fouillant l'idée,  j'ai découvert toute une nouvelle forme de système économique qui émerge. Ce système économique change de valeurs fondamentales.

Il n'est plus strictement un système capitaliste basé sur les valeurs d'individualisme et de concurrence. Le système responsable de la société de consommation qui nous fait consommer, individuellement, plus et plus souvent que son voisin, juste pour le rendre jaloux !

Ce nouveau système économique remet au goût du jour des valeurs de partage, de collaboration et de coopération.

Pour bien montrer que c'est une phase de transition entre deux systèmes, pour prendre un peu des valeurs de l'ancien monde et un peu des valeurs du nouveau, c'est sous le terme de consommation collaborative que l'on découvre ce nouveau système économique.

La consommation collaborative est déjà partout

Rfc1394_Blue_Sofa.pngEntrons dans le vif du sujet par des exemples. Si j'ai prévu un petit voyage à l'autre bout du monde, il est toujours plus sympa de loger chez l'habitant que dans une chambre d'hôtel froide et impersonnelle.

Il est possible depuis longtemps de s'inviter pour une nuit sur le canapé de quelqu'un... C'est ce que l'on appelle le couchsurfing. De nombreuses personnes s'organisent ainsi grâce au site web couchsurfing.org pour trouver ou offrir un hébergement.

Pour les gens qui n'ont pas trop envie de dormir sur un lit de fortune, mais qui veulent un meilleur confort.. (et donc aussi risquer de payer), il y a le site airbnb.com qui permet de trouver des locations pas chères, à la nuit, aux 4 coins du monde.

Voilà, on a de quoi se loger. Maintenant, il faut trouver de quoi se nourrir.

casserole.pngVoici donc le concept du site super-marmite.com qui propose de partager des repas. Il y a des gens qui proposent un repas chez eux et d'autres qui viennent manger. Puis, on partage les frais et tout le monde est gagnant et content.

Pour préparer à manger, il est utile d'avoir à disposition des ingrédients! La distribution de nourriture s'organise aussi de manière collaborative.

aubergine.pnglaruchequiditoui.fr est un concept qui propose de grouper des consommateurs et des producteurs de nourriture (bref des agriculteurs), d'une même région pour organiser une nouvelle forme, plus directe de distribution alimentaire. On est dans ce que l'on appelle, l'agriculture contractuelle de proximité.

Toujours dans la nourriture, on a le site lepotiron.fr (malheureusement disponible uniquement en France), qui propose aux particuliers de redistribuer les surplus de leur propre jardin.

En Suisse, il y a jarditroc.ch, une association genevoise qui a pour but de faire un troc de plantes de son jardin. Le troc aura lieu cette année le 16 avril 2011.

wedding-shoes.pngPour en revenir à la manière de donner une seconde vie à nos objets, j'observe, de plus en plus souvent, sur Facebook des amies qui revendent leur habits à leur amies. Une simple photo du vêtement concerné est envoyée, puis c'est tout un marchandage digne des souks de Fès, qui s'établit dans les commentaires en dessous.

wedding-suit.pngParfois l'idée prend de l'ampleur et il y a carrément des comptes Facebook qui sont dédiés au vide dressing.
(Neuchâtel, Yverdon, Lausanne)

La force de cette idée réside dans le fait que c'est dans son réseau d'ami que l'on revend ses objets. Ainsi la confiance est maximale et comme les amis sont des gens que l'on voit régulièrement en chair et en os, il est facile de faire l'échange. Pas besoin de local de stockage.

En dehors des habits, pour les objets en général, le site goodscommons.org permet de donner une seconde vie à ses objets. A mon avis, il y a encore trop peu de solutions pour les objets. J'ai quelques idées à ce propos que j'aimerai bien creuser.

voiture_verte.pngPour se déplacer, il existe aussi de nombreux systèmes basés sur la consommation collaborative. Il y a le système bien connu en suisse qu'est mobility.ch

Mobility est une coopérative possédant tous ses véhicules, ses coopérateurs et usagers empruntent le véhicule qu'ils ont besoin au moment où il en ont besoin.

Rfc1394_Vehicles_-_Silhouette.pngIl existe d'autres manières de partager des véhicules, par exemple, le site français livop.fr permet de partager des véhicules entre particuliers déjà propriétaires de voiture. Ainsi il peuvent partager leur véhicule pendant qu'il ne l'utilise pas. (en moyenne 90% du temps ! ... il y a du potentiel !)

Si l'on ne veut pas partager toute sa voiture, il y a moyen de juste partager une place dans voiture, pour un trajet, c'est ce que l'on fait avec le covoiturage qui s'organise autour du site: e-covoiturage.ch

Comme je l'ai déjà exprimé dernièrement sur ce blog, à mon avis, l'avenir de la mobilité va passer par des abonnements à des pack mobilité dans lesquels chaque abonné peut utiliser le moyen de transport le plus adapté du moment:

De la possibilité d'utiliser les transports publics, et/ou différentes sortes de véhicules, du vélo au véhicule utilitaire en passant par la petite voiture électrique et la grosse voiture familiale.

Ensuite, si l'on a envie de partager, mais que l'on ne sait pas trop quoi partager, sur le site easyswap.org il y a possibilité d'échanger des services ou des objets entre personnes de suisse romande et France voisine.

Le petit dernier arrivé dans le domaine des locations entre praticulier est tryngo.com/fr

Penser global, agir local

penser global agir local.jpgLe point commun de tous ces services est de concrétiser le slogan: penser global, agir local. On conçoit un site web qui est globalement accessible et qui permet de s'organiser de manière locale. Plusieurs communauté peuvent utiliser le même outils en parallèle.

C'est souvent une manière d'optimiser et de partager des ressources que tout le monde a, mais qu'il est difficile de partager sans infrastructure complexe pour le faire. Le web apporte cette infrastructure. Mais, c'est souvent le local qui a de la peine à se mettre en place.

Les clubs de partage d'objets ( par exemple, le club ichtus qui partage du matériel nautique)  et les bibliothèques ne sont pas nouveaux. Ce qui est nouveau, c'est vraiment ces outils web globaux qui permettent de mettre en lien des gens et de gérer son organisation locale.

La consommation collaborative, c'est le retour du concept de bien commun. Anne-Catherine Menétrey dans un article paru dernièrement dans Le Temps, disait que l'on va vers une économie de fonctionnalité ou de contribution.

Vers une économie où l'on échange non plus des objets, mais des droits d'usage de ces objets.

Est-ce que ça va vraiment marcher ?

Est-ce que cette tendance n'est qu'une affabulation de ma part vu que de toute façon les événements majeurs de l'avenir ne sont pas prédictibles ?

iphone.pngÀ mon avis la tendance au partage et à la collaboration n'est pas qu'une simple mode passagère. La consommation collaborative est la convergence d'habitudes déjà existantes et d'une technologie qui devient mure pour gérer une nouvelle manière de s'organiser. C'est ce mariage qui est nouveau, pas les deux parties.

Je pense que ça va marcher, car le concept est basé sur des valeurs humaines et pas seulement sur la technologie.

La technologie est un amplificateur d'habitudes latentes. La technologie n'invente jamais directement de nouveaux comportements, elle amplifie ce qui existe déjà.

Depuis la nuit des temps, les ados, dans les salles de classe bavardent pendant les cours. Mais tout au plus, avant l'ère du téléphone mobile, c'était des messages sur des bouts de papier qui faisaient le tour de la classe. Maintenant les messages sur Facebook font le tour du monde !

Un système économique est un système collaboratif

organize.pngCroyant encore que l'humain est un animal social qui aime collaborer et partager avec ses semblables. Je pense que la consommation collaborative a de l'avenir.

Cet idéal de partage et de collaboration n'est pas qu'un idéal, mais également la stratégie la plus efficace pour survivre dans un système économique.

Il ne faut pas oublier qu'un système économique est un système collaboratif. C'est un système qui est sensé combler les besoins de chacun. (ce que l'on oublie parfois et qui a pour conséquence que l'économie tourne en circuit fermé en détruisant des humains!)

Dans un système capitaliste, les règles de bases sont la concurrence et le profit individuel. Ce sont des règles égoistes. Adam Smith a expliqué que c'est grâce à cet égoïsme que le système capitaliste fonctionne. C'est ce qui permet d'obliger les gens à se spécialiser dans ce qu'ils savent le mieux faire et à collaborer.

Depuis le 18ème siècle de nombreuses études ont été faites dans le domaine de la théorie des jeux et des systèmes collaboratifs.

En 2003, Robert Axelrod et Ross A. Hammond ont montré que dans un système collaboratif la meilleure stratégie est l'ethnocentrisme.

Pour le prouver, ils ont conçu une simulation comportant des individus de plusieurs couleurs qui ont des caractères choisis aléatoirement:netlogo-ethnocentrisme.png

  • altruiste, qui coopère avec tout le monde
  • égoïste, qui ne coopère avec personne
  • ethnocentriste, qui ne coopère qu'avec ceux de la même couleur
  • extraverti, qui ne coopère qu'avec ceux de couleurs différentes

Les simulations montrent qu'à tous les coups, ce sont les ethnocentristes qui gagnent.

La conclusion que j'en tire, c'est que pour gagner dans un système collaboratif, et donc aussi dans un système économique, il ne faut ni être totalement altruiste (les idéalistes), ni totalement égoïste (les valeurs capitalistes pures).

La meilleures stratégie est de partager avec ses semblables, avec ceux qui partagent aussi avec nous. Il faut créer un bien commun qui n'est accessible qu'en y contribuant.

ivak_Bear_Trap.pngDans un domaine un peu différent, c'est cette stratégie virale qui est appliqué par la licence GPL très utilisée dans les logiciels libres. Tu as accès à tout le code qui est déjà écrit pour autant que tu donne aussi le tiens !

Le piège de tout système collaboratif est de trouver le juste équilibre qui fait que personne ne soit perçu comme un profiteur du système.

Les systèmes de consommation collaborative qui vont être mis en place doivent faire attention à ce piège, mais sinon, je suis confiant, la tendance va se renforcer.

collaboration.pngOn va de plus en plus vers des systèmes de gestion et de distribution entre pairs, (p2p) entre particuliers sans plus passer par des intermédiaires. Ceci souvent à l'intérieur de communautés de confiance.

Les commerçants et distributeurs traditionnels devront certainement se remettre en question si tout un commerce entre particuliers se développe.

Pour conclure, je dirais que la consommation collaborative me plait, car j'ai l'impression qu'elle s'inscrit bien dans une économie décroissante: une économie qui ne repose pas sur le dogme de la croissance économique.

La consommation collaborative permet de concrétiser le slogan: Moins de bien, plus de liens...

grey_orange_men_cloud.png

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