Cette mesure était un volonté d'Emmanuel Macron, présenté pendant sa campagne électorale de 2017. C'est ensuite le gouvernement d'Elisabeth Borne qui a fait passer en force cette loi, à l'aide de 49.3.
L'âge de la retraite pour les femmes s'est aligné sur celui des hommes. Il est passé de 64 à 65 ans. Le financement passe par l'augmentation de la TVA de 0,4 point. (passe donc de 7.7% à 8,1%)
On augmente la TVA ou la cotisation ? ou le deux ?
C'est le financement qui fait débat, pas le principe
En Suisse, depuis un siècle, une majorité de gens sont pour un système de retraite au niveau fédéral. Mais le débat sur le financement est toujours très vif et les réformes sont permanentes.
A voir dès 27:40 comment le slogan "l'espérance de vie augmente, l'âge de la retraite doit augmenter" est tellement martelé qu'il est bien entré dans les consciences....
Et pourtant... le relèvement de l'âge de la retraite est-il le seul moyen de garantir le financement ?
Petite réflexion. Dans les années 1960, la norme était que Monsieur travaille a l'extérieur de chez lui, et Madame reste à la maison s'occuper des enfants.
Ainsi (selon le système Suisse) seul Monsieur cotise à l'AVS.
Avec l'émancipation féminine, la norme change. Madame travaille aussi à l'extérieur de chez elle.
On se retrouve 60 ans ans plus tard avec potentiellement deux fois plus de cotisants au système de retraite !!
Ainsi l'âge de la retraite n'est pas le seul facteur qui intervient dans le financement. Le nombre de cotissant est aussi important.
Histoire des droits sociaux en Suisse et particulièrement du système de retraites
La prévoyance privée. Tu fais ton bas de laine perso. Et si tu veux qu'il soit défiscalisé tu peux cotiser sur une assurance vie reconnue.
Donc en Suisse, on est adepte du compromis. On empile les systèmes. On fait tout. Comme ça chacun a un peu de son système préféré. On équilibre les débats.
Financement des retraites par une nouvelle cryptomonnaie
Dans le même esprit de compromis et d'empilement des systèmes, gardons l'esprit ouvert. Imaginons un nouveau système de financement plutôt que d'ajuster l'ancien.
On peut même profiter de cette nouvelle 13ème rente AVS pour tester un nouveau système: la création monétaire par la cryptomonnaie.
Ainsi avant de tout changer le système faisons une expériences avec le financement de juste 1/13ème du premier pilier. On ne prend que peut de risque et vu les nombreuses réformes permanente du systèmes des retraites on pourra toujours changer si ça ne marche pas.
En Suisse, dans le principe d'empilement des systèmes, on a trois types de monnaie ayant cours légal. (donc que personne ne peut légalement refuser comme moyen de paiement)
LUMMP - Loi sur l'Unité Monétaire et les Moyens de Paiement
En Suisse nous avons une loi qui défini ce qu'est la monnaie légale.
L'article premier défini que l'unité de compte, l'unité monétaire est le franc suisse.
a. les espèces métalliques émises par la Confédération;
b. les billets de banque émis par la Banque nationale suisse;
c.les avoirs à vue en francs auprès de la Banque nationale suisse.
Donc on apprend ici qu'il existe deux acteurs principaux dans la création monétaire ayant cours légal en Suisse:
La Confédération qui émet (sans dette, à partir de rien) les pièces de monnaie métallique.
La Banque Nationale Suisse, une SA cotée en bourse – détenue en majorité par les cantons suisse – qui émet des reconnaissances de dette sous forme de billet de banque et d'écriture comptable sur des comptes uniquement accessibles aux banques.
Le reste ? Les comptes en banques accessibles du commun des mortels ? UBS, crédit Suisse, BAS, Raiffeisen, Banque cantonale, etc.....
Ce n'est PAS de la monnaie ayant cours légal. C'est ce que le conseil fédéral appelle des substituts monétaires.
C'est une convention, un contrat privé entre particuliers et entreprises pour échanger des reconnaissances de dette d'entreprises privées (les banques) comme moyen de paiement.
En Suisse, créer de la monnaie est un business comme un autre
" La croissance des substituts monétaires est laissée à la libre appréciation des marchés, conformément à la conception du secteur privé ancré dans la Constitution "
C'est un business comme un autre de créer de la monnaie. Tout comme tout le monde a le droit d'ouvrir un restaurant à condition de se soumettre aux autorités sanitaires, tout le monde à le droit d'ouvrir une banque à condition de se soumettre à l'autorité de surveillance des banques. (FINMA).
"Le conseil fédéral souhaite ainsi instaurer des conditions-cadres optimales pour que la Suisse puisse s’établir et se développer en tant que place économique innovante et durable de premier plan pour les sociétés Fintech et blockchain, et pour les entreprises novatrices en général."
Donc le cadre légal est déjà là. Les cryptomonnaies qui représentent de la valeur (comme le bitcoin) sont considéré comme des actifs purement immatériels. Donc il n'est pas nécessaire d'adapter le droit en vigueur.
Donc tout est prêt du point de vue juridique pour financer la 13ème rente de l'AVS par une création monétaire via une cryptomonnaie.
Si même l'impôt est possible on est sur le bon chemin. Mais comme on le voit ce n'est pas une nécessité vu que l'on utilise actuellement majoritairement des substituts monétaire pour payer ses impôts.
L'impôt pour imposer une monnaie
A quoi sert l'impôt ?
Il sert à imposer, mais imposer quoi ? ... et bien historiquement – et toujours actuellement – l'impôt sert à imposer l'utilisation d'un type de monnaie. C'est ce que j'appelle l'astuce de Crésus. Le fait pour un seigneur de vivre sur le dos des autres en les forçant à utiliser payer un impôt dans une monnaie qu'il est le seul à créer.
Cette astuce méconnue a des conséquences largement plus grandes que ce que l'on soupçonne. C'est en fait ça qui crée l'économie de marché, le développement de la science et la logique impérialiste.
Pour être précis il s'agit d'une Monnaie Numérique de Banque Centrale, de gros. Donc une monnaie qui ne circule qu'entre banques commerciales.
La Monnaie Numérique de Banque Centrale est une adaptation de la monnaie interbancaire, mais basée sur des techniques de modernes de Blockchain et de registres distribuées (DLT)
Techniquement les banques centrales s'orientent sur la solution nommée Corda. C'est un gestionnaire de registres distribués (DLT) – une généralisation du concept de Blockchain – développé par l'entreprise R3.
R3 a été créé en 2014, puis supporté par un consortium de banques, telles que Barclays, Société Générale ou Deutsche Bank.
Une Monnaie Numérique de Banque Centrale pour le grand public ?
A propos des tests du projet Helvetia:
"Il ne s'agit pas d'une simple expérience, il s'agira d'une monnaie réelle équivalente aux réserves bancaires et l'objectif est de tester des transactions réelles avec les acteurs du marché", a déclaré Thomas Jordan, le président de la BNS le 26 juin 2023
Pour le moment il ne s'agit que d'une monnaie destinée au petit cercles fermé des banques et non pas une monnaie pour le grand public, mais à l'avenir on ne sait jamais ce qu'il peut arriver.
"Nous n'excluons pas que nous n'introduirons jamais des MNBC de détail, mais nous sommes un peu prudents pour le moment" Thomas Jordan.
Donc le paiement de la 13ème rente AVS par une cryptomonnaie n'est vraiment pas loin d'être réalisable.
Reste encore à franchir un – gros – pas. Celui de la création monétaire et pas juste du transfert d'actif.
Un algorithme pour créer la monnaie
Code is law, expression souvent utilisé pour dire que le code informatique est devenu une loi. Ce lui qui décide de ce qu'il est possible de faire ou non.
Historiquement la création monétaire a été créée par des seigneurs qui abusent de la monnaie comme moyen d'esclavage, c'est ce que j'appelle l'Astuce de Crésus.
Puis il y a eu l'ère du circuit du trésor, l'état est devenu public. Donc la monnaie est gérer par des politiciens.
Officiellement pour des raisons de craintes face à l'inflation, ce pouvoir de seigneuriage a été retiré des mains des politiciens pour les confier à une banque centrale totalement indépendante.
Mais en pratique on voit que la banque centrale ne maitrise pas la monnaie, elle ne fait que réagir à la création monétaire des banques commerciales, qui elles sont à la merci des demandes de crédit de la population, des entreprises et des états.
Avec les cryptomonnaies on voit une autre façon de créer la monnaie: l'algorithme.
Le bitcoin est programmé pour n'avoir que 21 millions de bitcoin en tout et pour tout. Avec une croissance régulière. (bien que 19 des 21 millions sont déjà minés). Ce sont les mineurs, les noeuds qui vérifie les transactions du réseau qui sont récompensés avec la nouvelles création monétaire.
Ainsi on ne peut pas tricher. Code is law. Il n'y a aura pas de création monétaire selon des projets politiques, ou une austérité qui dépend des craintes ou de l'euphorie d'investissement et donc de demande de crédit.
Un algorithme qui gérer les retraites
Il est donc possible d'imaginer qu'on peut programmer à l'avance une création monétaire à destinations des retraites.
Dans un premier temps, testons avec la 13ème rente AVS. Ce qui représente CHF 5 milliards de création monétaire par année.
Pour info, la Banque Nationale Suisse a vu son bilan passer de ~ 100 milliards en 2004 à 800 milliards en 2024. Avec un pic en moyenne à 1000 milliards sur les deux années de covid. (2020-2022)
Si on lisse ses 20 années on peut voir une augmentation annuelle de 40 milliards.
Il faut préciser que l'augmentation du bilan d'une banque c'est de la création monétaire. C'est le nombre de ses reconnaissance de dette qui sont en circulation.
Donc la BNS crée 109 millions par jour en Suisse depuis 20 ans.
Bienvenue dans un voyage au travers de 6000 ans d'histoire de l'humanité.
Nous allons survoler ici les différents systèmes économiques que les humains ont utilisés pour faire société. La monnaie n'étant qu'un système économique parmi d'autres. On y reviendra.
Le but n'est pas d'être exhaustif sur les systèmes utilisés à une époque ou une autre. Mais plutôt de faire émerger les points saillants, les grandes tendances, les paramètres récurrents et leurs conséquences.
Ainsi nous pourrons observer la dynamique des systèmes économiques au travers de l'Histoire pouvoir en tirer des leçons.
L'essentiel est de mettre de la conscience dans ce grand impensé qu'est le domaine de la monnaie. Comment agir, si l'on ne sait même pas ce qu'est et comment se crée la monnaie et les systèmes économiques.
J'espère pouvoir t'aider à faire des choix conscients.
Résumé
6000 ans d'histoire de la monnaie en 3 minutes
Voici le résumé pour décideur pressé, un peu comme dans les publications scientifiques. C'est pratique pour gagner du temps. Mais qu'est-ce qui garanti que le contenu développé dit la même chose ? Comment avoir confiance ?
Ça me semble un bon résumé du résumé !
Donc Il était une fois... une famille d'homo sapiens. Le nouveau né ne sachant rien faire. Il accapare les ressources de ses parents. Ce qui nécessite l'aide d'une communauté pour survivre. Qui dit communauté dit règles de vie en communauté. Des règles de la maisonnée soit éco-nomie en grec.
Les humains vivant en petites communautés s'organisent naturellement dans un système économique que j'appelle: le don dans une communauté de confiance.
Chacun donne à sa communauté quand il a des ressources et reçoit des ressources des autres membres de sa communauté.
Quand la taille de la communauté augmente, les humains s’organisent en états agraires sous forme de maisonnée (oikos en grec), notamment à Sumer et en Égypte.
L’écriture y est inventée comme moyen de comptabilité pour le contrôle et la distribution de la production. Cette écriture permet de créer de la «monnaie scripturale » soit des reconnaissances de dettes entre individus. On y retrouve déjà le prêt à intérêt, parfois l’esclavage pour dette et la notion de «jubilé», l’annulation de toutes les dettes.
Ces états agraires utilisent des unités de comptes sous forme de métaux, étoffes, céréales – aussi bière, et pains – et des huiles, reliées par un barème. Les moyens de paiement sont divers et variés.
Le grand chamboulement est l’arrivée des pièces de monnaie qui permet à une élite de vivre sur le dos des autres en imposant son jeton par l’impôt. Ce système a plusieurs effets secondaires : la création de l’économie de marché, l’amélioration perpétuelle de la technique au service de la guerre, la course à la croissance et l’expansionnisme jusqu’à créer des grands empires.
Après l’effondrement de ces derniers, comme l’empire romain, on retrouve un système économique basé sur des unités des comptes – anciennes monnaies romaines – et des moyens de paiement variés. Le bâton de comptage est également un système très utilisé pour enregistrer des dettes. Il est très méconnu de nos jours et pourtant officiel jusqu’en 2016 en France !
Au Moyen Âge se développe la finance. Venise invente les bons du trésor pour financer à l’avance des conquêtes et des colonisations. Les exemples des croisades et de la conquête des Amériques nous montrent que la dette à plusieurs niveaux est un puissant moteur de mise en esclavage de peuples entiers.
L’arrivée du protestantisme va permettre d’autoriser le développement du système bancaire. C’est la naissance des banques centrales. Des banques généralement créées par un accord issu d’une relation de dette entre des monarques et des marchands. Au fil du temps ces organismes obtiennent le monopole d’émission de billet de banque.
Puis c’est la révolution industrielle qui voit se développer une nouvelle forme de banque, la banque commercialequi fait des crédits. Ce genre de banque est nécessaire pour développer l’industrie lourde comme le chemin de fer par exemple.
De nos jours, à l’ère de l’information, ce sont les cryptomonnaies qui commencent à émerger. Ça paraît neuf, car le média est récent, mais le code monétaire est très semblable à ce qui se faisait déjà 2700 ans plus tôt mais dans un contexte différent.
Au passage nous observerons différentes expériences de codes monétaires différents, le crédit mutuel, la monnaie fondante, le chartalisme, les Monnaies Locales Complémentaires, les monnaies de guerre utiles pour gagner une révolution mais catastrophiques sur le long terme.
Alors c'est parti pour la version longue ?
La troisièmes partie évoque aussi ta relation personnelle à l'argent, tes croyances, et donc quel est le système économique qui est le plus adapté pour toi.
Glossaire autour de la "monnaie"
Les mots sont des boutons pour accéder à des idées. Mais parfois le câblage entre le bouton et l’idée change d’une personne à une autre!
Voici par exemple des notions importantes que j'y développe.
Un crédit n'est pas un prêt!
Malgré cette confusion courante, un prêt n'est pas pareil qu'un crédit.
Si je prête un mon vélo, je ne peux plus l'utiliser, je suis à pied. Alors que le crédit est une création monétaire. A partir d'un contrat, je créer de la monnaie et une reconnaissance de dette qui a aussi de la valeur, et peut même devenir une monnaie. On a là deux situations très différentes trop souvent confondues.
Donc il est important d'utiliser les mots justes pour bien se comprendre.
Système économique
D'une manière générale, dès qu'on évoque le sujet qui nous intéresse ici, on parle de "monnaie". Mais plus j'ai avancé dans mes recherches historiques, plus il m'est apparu, que la monnaie n'est qu'un cas particulier de ce que j'ai appelé un système économique.
Notre conception mentale de la monnaie perçoit un objet physique. Le langage abstrait s'appuie souvent sur des objets physiques pour rendre concret l'abstrait et c'est là qu'est le danger de confusion. J'opère donc une clarification.
Une monnaie est dans l'imaginaire collectif un jeton qui porte de la valeur. C'est un pouvoir d'achat. Selon les périodes ce jeton porte sa valeur intrinsèquement ou alors c'est un symbole d'une valeur de réserve déposée ailleurs.
Si j'ai des jetons en poche, j'ai un pouvoir d'achat. Si ma poche est vide, j'en ai plus.
C'est là qu'on voit que cette idée de jeton a une limite.
Il est possible de faire sauter cette limite, d'obtenir un pouvoir d'achat, même si je n'ai plus de jeton, si j'ai la poche vide.
On entre là dans le domaine de la dette.
On peut me faire crédit d'un potentiel de pouvoir d'achat à rembourser plus tard. Là on sort des notions concrètes matérielles pour entrer dans un niveau d'abstraction supplémentaire. C'est là que la notion de système économique est nécessaire.
J'appelle un système économique, un ensemble de règles qui permet à des humains d'avoir accès à des ressources.
Pour bien comprendre, on a besoin de revenir à la définition de l'économie.
Eco-nomie = règles de la maison(née)
Le préfixe éco est le même que celui dans éco-logie. Il vient du grec οἶκος, oîkos qui signifie maison, maisonnée, environnement.
Le suffixe -nomie vient du grec νόμος, nómos qui signifie la loi, la règle.
Un système économique c'est donc les règles de la maison(née). C'est un système de gouvernance, un système de décision.
Dans la Grèce antique, un Oikos est une maisonnée, un ensemble de biens et d'humains – esclaves compris – rattachés à un lieu d'habitation et de production et dirigé par un chef de famille.
En 362 avant J.-C, l'auteur grec Xénophon publie son livre L’Économique « L'art et la manière de bien gérer un grand domaine agricole » (15 000 hectares)
On retrouve ce genre d'unité de base de la production et gestion de ressources à toutes les époques. Les sumériens ont les É, les minoens le palais de Cnossos, les grecs, les Oikos, les romains la domus, puis les abbayes du moyen âge prennent le relai.
Voilà, c'était des notions importantes à comprendre pour lire et comprendre la suite. C'était une mise en bouche pour aller lire le glossaire.
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Pile
Chronologie des systèmes économiques
Dans cette première partie, nous allons aborder le monde de la monnaie avec rigueur. Nous allons rester factuel, et ne mentionner que des faits.
Afin d'avoir une vision globale des systèmes économiques utilisés dans le temps, voici une chronologie de l'invention des principaux systèmes connus et de faits marquants l'histoire de ceux-ci.
Cette vision globale de la chronologie sera ensuite complétée dans la seconde partie de ce document par une description plus détaillée des systèmes économiques.
Nous détaillerons aussi les facteurs dynamiques qui ont fait émerger ou disparaitre l'un ou l'autre des systèmes à un moment donné.
Cette chronologie marque surtout les inventions de systèmes et apparitions de comportements. Mais rarement leur fin. Car contrairement à une idée répandue, quand on parle de faire une "transition" d'un système à un autre, l'ancien système disparait rarement, il devient juste moins – ou plus du tout – dominant. Ainsi on ne fait qu'empiler des systèmes les uns sur les autres, on les utilise en parallèle.
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-2,5 millions d'années
Donc nous voilà dans des temps reculés immémoriaux. Il y a 2,5 millions d'années. Les premiers spécimens du genre Homo apparaissent.
Le consensus actuel situe à cette période l'émergence des premiers Homo sapiens.
Le petit homo sapiens n'étant absolument pas autonome à la naissance. Les humains sont obligés de s'organiser et vivre en communauté d'individus pour survivre.
Qui dit communauté dit règles de vie en communauté.
Les homo sapiens ont des besoins et des envies. Ils sont entourés de ressources. Comment est-ce que les humains s'organisent pour gérer leurs ressources dans leur communauté?
C'est là que commence la chronologie des systèmes économiques, soit des règles de la maison(née).
Il y a des milliers d'années... (version anthropologue)
... Tout commence avec le don dans une communauté de confiance .
Il semble que c'est le système qui émerge naturellement chez les humains pour organiser leur économie. On donne aux autres, à la communauté quand on a, et on reçoit des autres de la communauté. (quand on est dans le besoin ou pas!)
Ce système est toujours très largement utilisé avec sa famille et ses amis. Ce qui se cache derrière le mot "don" peut être très différent. Ça peut être du don gratuit, inconditionnel, pour se faire plaisir à soi, tout comme un don calculé pour entretenir un lien de communauté, pour s'assurer de recevoir en cas de besoin.
Chaque personne est différente, chaque situation est différente. Un don peut être fait sur un plan matériel et être équilibré sur un plan immatériel. Il est donc très difficile de généraliser un principe.
Il y a également un taux d'oubli qui est généralement associé au système économique du don. Chaque individu garde en mémoire un certain nombre de transferts. Il peut ainsi identifier les abuseurs de la communauté: ceux qui reçoivent de la communauté mais ne contribuent jamais.
Le taux d'oubli est différent d'un individu à l'autre. Il y a des gens "qui s'en fiche" et vivent dans le moment présent et d'autres qui sont rancunier et gardent longtemps en mémoire les mauvaises expériences vécues.
Ainsi on observe que l'individu, ses croyances, ses valeurs, sa vision du monde vont avoir une grande influence sur ce système économique. Dans la même situation, avec des individus différents, on aura une expérience différente.
Pour représenter l'étendue des possibles on va dessiner un axe de gradation partant de la peur – de manquer – et allant jusqu'à la confiance totale – en la Vie –.
On va placer la réciprocité du "don" sur cet axe avec des délais de retour.
Le délai de retour est nul, il est immédiat quand la confiance est nulle et que la peur est à son maximum. Là on est dans le troc, dans l'échange simultané immédiat. Je te donne tu me donnes.
A l'opposé on a un délai de retour infini quand la personne est dans une confiance totale dans la Vie. Elle pratique le don inconditionnel et n'attend rien en retour.
Entre les deux, il y a un énorme champ des possibles. Il y a par exemple le cadeau. Je donne, mais en ayant en tête que l'autre va aussi me donner. C'est le cas des cadeaux d'anniversaire et de Noël. On fait un cadeau par ce que l'on sait qu'on en aura aussi. Ou qu'on en aura plus si on ne donne plus rien.
Un autre exemple, c'est de donner quand on a, à ceux qui sont dans le besoin, pour se créer une sorte d'assurance de recevoir de ces gens là quand on sera soi-même dans le besoin. Cette vision peut être très matérialiste ou se compenser sur un plan spirituel. De nombreuses religions ont instauré l'aumône aux pauvres avec une récompense dans l'au-delà en compensation.
On a l'exemple de la zakât (زَكَاة) de la religion musulmane. C'est un des piliers de l'Islam. La zakat sur l'argent, zakât al mâl, se monte à 2,5% de ses ressources financières qui dois être redistribuées à 8 catégories de personnes, entre autres, pauvres, indigents, voyageurs, endettés, fonctionnaire, etc...
Celui qui est dans la peur du manque aura tendance à faire de la comptabilité, à comptabiliser ce qu'il donne et à le faire enregistrer publiquement pour éviter le risque de se faire passer pour un abuseur et donc de se faire exclure de la communauté. (la sanction la plus courante)
Quand la communauté grandit et que la confiance diminue, on mémorise les transferts, notamment par l'écriture ou d'autres moyens comme les encoches sur bâton de comptage ou jeton d'argile, ainsi que des nœuds sur des cordes les quipu.
À cette période l'organisation de la société se complexifie et s'étend. Un nouvel outil de comptabilité est créé, labulle enveloppe de calculi scellée par un sceau-cylindre.
Les calculi sont des figurines d'argile normalisées symbolisant des quantités de marchandise. L'origine du mot calculivient du latin calculus qui signifie cailloux.
Ceci illustre la méthode la plus simple pour compter ses moutons: à chaque fois qu'il y en a un qui passe la porte de l'enclos, j'ajoute un caillou dans un petit bol.
J'aurai le même nombre de moutons que de cailloux. En médecine on parle aussi de calculs rénaux ou calculs biliaires, des petits cailloux qui se forment dans les reins. On les enlève à la calculatrice.... 😉
Pour éviter une falsification de la comptabilité, et/ou sécuriser un transport de marchandises, on enferme les calculi dans une enveloppe d'argile cachetée.
C'est l'équivalent de l'oikosgrec, ou de la domusromaine.
Il y a une élite sociale qui gouverne des maisonnées. Les temples n'ont pas qu'un fonction religieux comme on se le représente dans notre société où l'on a spéaré la vie religieuse et civiles, les temples font partie intérgante du système économique. Ce sont aussi des maisonnées.
Cette élite organise une administration de production, de stockage et de redistribution de la production vers le reste de la population. L'entier de la population est intégré dans ce système économique. On peut faire une analogie avec une entreprise actuelle qui a des employés qui créent de la richesse et reçoivent en échange un salaire.
Le terme d'économie palatiale est aussi utilisé en référence au palais de Cnossos au centre du système économique minoen. Le fameux labyrinthe n'était peut être qu'un entrepôt gigantesque.
Les sumériens se regroupent en clans. On peut les voir comme des familles élargies. Ces clans se regroupent en cités et parfois des cités se regroupent dans ce qu'on a appelé dans le monde grec des amphictyonies.
C'est un groupement autour d'une religion commune. Donc souvent autour d'un temple dédié à la même divinité. Chaque clan, à tour de rôle, gère et assume la charge du temple commun.
On voit ici le pouvoir du langage abstrait qui élargit une communauté sur la base d'une vision du monde commune.
On trouve aussi des tablettes d'argile pour la comptabilité chez les Minoens. La tablette n'est pas une exclusivité sumérienne.
Les "employés" sumériens sont "payés" par des distributions de rations de nourriture, surtout des rations de céréales ou de céréales transformées en bière.
Il est souvent évoqué dans les médias que les sumériens avaient un salaire en bière. Mais il n'est pas certain que le paiement d'un salaire se fasse toujours en nature. Un "employé" peut très bien recevoir un contrat enveloppe d'argile qui lui permet d'obtenir plus tard d'autres biens équivalents au même montant. Ainsi le grain de céréale devient une unité de compte.
Vers -2500 en Égypte
Un scribe fait un contrat d'achat pour une maison à Gizeh pour un prix de 10 shât. (stèle borne JE 42787) On sait ainsi qu'il existe une unité de mesure de moyen de paiement. Ces moyens de paiements sont très divers, la maison est payée avec 2 tissus valant chacun 3 shât et un lit valant 4 shât.
Plus tard le deben supplante le shât comme unité de poids.
Vers -2500 chez les Sumériens
Il est courant de voir des administrateurs et riches consentir aux paysans en difficultés financières des prêts garantis par un nantissement. (grain, moutons, chèvres, meubles, champs maison, membres de la famille... et emprunteur lui-même)
Ainsi il n'est pas rare de voir de nombreux paysans se retrouver en esclavage pour dette chez leur créancier suite à une mauvaise récolte. On appelle l'esclavage pour dette du péonage.
Probablement de par le fait que l'État était propriétaire des moyens de production et employeur principal dans une société très hiérarchisée. On utilise le terme d'économie palatiale depuis l'étude du palais de Knossos et du système économique minoen.
L'anthropologue David Graeber nous dit que plus il y a de dettes, plus il y a des gens qui fuient les États pour devenir nomades.
L'anthropologue James C. Scott confirme dans son livre Homo domesticus qu'il y a toujours une relation amour-haine entre les sédentaires et nomades.
La grande muraille de Chine a autant été construite pour empêcher les nomades d'entrer que pour empêcher les dissidents de sortir.
Donc si il y a trop de nomades pilleurs, c'est un problème.
Il y a deux solutions à ce problème. Payer un tribut aux nomades pour ne pas qu'ils attaquent, c'est la solution pratiquée longtemps par les chinois qui nourrissaient les nomades mongols ou s'assurer que sa propre population préfère rester sédentaire.
-2450
Le Roi sumérien de Lagash, En-metena crée la première libération de dette connue de l’histoire. ama-ar-gi = "retour à la mère", "retour à l'origine" souvent traduit par "liberté". C'est l’équivalent du jubilé dont on parle dans la Bible au Lévitique 25.8-22.
Les esclaves pour dette – les péons – peuvent retourner dans leur famille. (dans la Bible il est dit "clan")
Ce rééquilibrage évite la tentation de devenir nomade pilleur d'État. C'est une fonction de régulation plutôt qu'un geste altruiste.
- 2300
C'est à cette époque qu'on trouve la plus ancienne trace de contrat sumérien mentionnant une unité de compte en sicle (shekel) d'argent.
Il y a 2 unités de compte de base en Mésopotamie: l'argent et le grain d'orge. L'argent se compte en unité de poids: le grain ŠE, le sicle GÍN (qui signifie "peser") ou la mine MA.NA. (qui signifie "compter") L'orge se compte en unité de volume: le SILÀ ou le GUR.
Vers -2000 en Egypte
Pendant le moyen empire (-2033 à -1786) Le Deben est une unité de mesure de poids. Il existe des pierres polies servant d'étalon de poids, garantie avec le cartouche de Pharaon gravé dessus. 1 deben ≈ 91g (1 deben d'or = 12 shât → 1 shât = 7.6g)
Cette unité de poids est utilisée pour mesurer la quantité de 4 types de marchandises faisant aussi office d'unité de mesure de moyen de paiement:
des métaux (or, argent, cuivre)
des étoffes (lin)
des céréales (orge, blé amidonnier, pains, bière)
de l'huile
Chaque type a ses propres subdivisions. Il y a un barème d'équivalence de valeur entre les différents produits. On a ainsi un système global et souple d'évaluation de valeur d'un objet ou d'un contrat.
Les rémunérations sont faites en nature ou par virement de monnaie scripturale. Ceci est prouvé par des papyrus (Reisner 1 et Berlin 10005) qui dans les extrêmes nous montrent des salaires de 21kg de pain par jour par personne ou 1/18 de pain par personne par jour.
Ces quantité n'ont aucun sens en nature. Même si beaucoup font encore cette explication simpliste du paiement en pain. On imagine bien le militaire qui part trois mois en expéditions dangereuse à l'étranger. Il ne va pas recevoir ses 21kg de pain quotidien. Par contre si c'est une monnaie scripturale tout s'explique!
Le militaire une fois rentré au pays aura de quoi convertir le salaire accumulé sur son compte en monnaie scripturale et vivre pendant plusieurs mois.
- 1750
Le code d'Hammurabi règlemente la vie à Babylone. On y apprend notamment les salaires minimaux de quelques professions – noté en unité de compte de poids d'argent et/ou de volume de grain – ainsi que les limites de l'application d'intérêt.
De plus le code, nous dit que le péonage – l'esclavage pour dette – est limité à 3 ans.
- 1600
Sous la dynastie Shang en Chine (-1600 à -1046) et la dynastie Zhou (-800 à -300), en plus des céréales et des tissus, lescauris贝 sont utilisés comme monnaie, ou du moins comme unité de compte.
Les cauris sont de petits coquillages qu'on trouve dans l'océan indien, particulièrement aux Maldives. Les marchands arabes les ont répandus en Afrique depuis le Xème siècle.
Il parait que c'est toujours occasionnellement utilisé? Si t'as des infos à ce propos, je suis preneur.
Pendant le nouvel empire en Égypte (-1500 à -1000), le deben est réévalué en référence aux unités utilisées à Babylone.
1 deben d'argent = 1/2 deben d'or.
Deben signifie anneau ce qui fait penser à certains auteurs que ce sont des monnaies jeton de valeur anneau. Mais on n'a jamais trouvé de tels anneaux. Il est nettement plus probable que le deben n'est qu'une unité de compte.
Basse époque égyptienne (-750 à -332)
Bien que les échanges courants se fassent en monnaie céréales (grain), des lingots de métaux commencent à circuler pour le commerce international. Les temples se chargent de garantir la pureté des lingots.
Par exemples, les temples d'Harsaphès à Thèbes et de Ptah à Memphis.
Il y a des milliers d'années... (version économiste)
La version de l'histoire de la monnaie qu'on trouve dans les manuels d'économie commence souvent ici sans parler des systèmes économiques précédents.
En substance le discours est Tout commence avec le Troc, mais comme ça ne marche pas bien, on s'est mis à utiliser de la monnaie.
Le don dans une communauté est plus efficace et simple et existe encore. Le troc n'existe marginalement que lors d'échanges entre des gens qui ne se font pas confiance comme des étrangers ou des ennemis.
La brochure de la BNS nous dit que "Tout commence avec le troc" → faux!
Vers -700 à -600
Un tournant majeur. C'est à cette époque que l'on voit l'apparition simultanée de monnaie métallique en Grèce (frappée), en Inde (poinçonnée), en Chine (coulée).
Les premières pièces de monnaie métallique apparaissent. (錢 en chinois) A cette époque les pièces de monnaie sont en forme de bèche 布幣 et médaille. Ce n'est qu'en -350 que les pièces rondes apparaissent.
Avant il existe aussi de nombreuses formes de pièce de monnaie non métallique, sous forme de couteaux, de haches, de coquillages cauris, de carapaces de tortues, etc…
C'est dans le royaume de Lydie actuellement enTurquie, mais dans la civilisation grecque à l’époque que la monnaie métallique apparait. L’exemple le plus connu, l'archétype, c’est le roi Crésus qui frappe des pièces de monnaie avec de l’alliage électrum trouvé dans la rivière Pactole.
En Grèce, c'est le moment où apparaissent les marchés, et donc l'économie de marché.
Ceci s’explique par la création de la monnaie et de l’impôt qui impose l’utilisation de la monnaie. Le gens ont besoin de vendre pour gagner de la monnaie afin de payer les impôts.
La monnaie devient nécessaire pour vivre. C'est ça, l'astuce de Crésus.
Vers - 600 av J.C chez les Étrusques
Les Étrusques utilisent des blocs de bronze brut comme unité de compte. C'est l'æs rude (bronze brut coulé). Ces blocs sont utilisés comme réserve de valeur et produits par qui veut.
- 525
L'Empire Perse achéménides prend le contrôle de l'Égypte. Il utilise le principe des pièces de monnaie que l'Égypte n'a pas.
- 480
Il y a, au moins cent cités grecques qui frappent de la monnaie, alors que les grandes nations commerçantes de la méditerranées – les Phéniciens – n'utilisent pas les pièces, mais une comptabilité. (Selon Graeber p.493 Dette 5000 ans d'Histoire)
- 450
Les temples bouddhistes inventent un nouveau type d’offrande divine. → La donation perpétuelle. → Une personne fait don d’une richesse et le temple vit des intérêts de ce don (~15%). Ceci, sans jamais toucher au principal.
Cette évasion montre l'ampleur du système économique: frappe de monnaie + impôt + esclaves.
Vers - 400
Les Romains s'inspirent des æs rude étrusques pour normaliser ces lingots de bronze et les créer de façon centralisée. C'est l'æs signatum.
Le moule représente souvent un bœuf. Marque qui montre que l'unité de compte traditionnel est la tête de bétail. Ici elle se transpose dans un bloc de bronze.
Cette nouvelle unité de compte, l'As, était utilisée par les censeurs pour recenser la population romaine, mais aussi pour les condamnations à des peines pécuniaires.
Ce mot vient de pecus, le bétail. Tandis que le mot capital vient de la tête – de bétail –.Le cheptel est un contrat de garde de bêtes qui donne droit à une production sans toucher au "capital" donc aux têtes de bétail.
L'auteur grec Xénophon publie son livre L’Économique« L'art et la manière de bien gérer un grand domaine agricole ».
Xénophon parle d'un Oikos, une maisonnée, un ensemble de biens et d'humains – esclaves compris – rattaché à un lieu d'habitation et de production.
Xénophon y décrit ses règles de la maison préférées. Les sujets du livre vont de la taille des arbres fruitiers, à la construction de bateaux en passant par la séparation des esclaves hommes et femmes pour éviter les enfants non désirés!
→ le mot "éco-nomie" a pour origine οἶκος, oîkos → maison(née) et νόμος, nómos → "loi", "règles". → le mot "éco-nomie" signifie donc "les règles de la maison(née)".
On retrouve le concept de maisonnée avec le "É" sumérien et la Domusromaine.
- 331
Alexandre le Grand conquiert l'Égypte. Après les Perses, c'est le 2ème empire qui impose ses pièces de monnaie en Égypte. Ceci achève l'ancien système de monnaie scripturale.
- 331
Alexandre le Grand conquiert Babylone et amène les pièces de monnaie en Mésopotamie, ce qui fait également disparaitre l'ancien système.
vers - 300
En Inde, dans le traité de politique, d'économie et de stratégie militaire Arthashâstra, il et fait mention d'un outil de paiement appelé Ādesha. Il s'agit d'une lettre de change.
Littéralement Ādeśa signifie ordre. C'est donc un ordre de paiement qui permet d'envoyer une paiement d'une personne à une autre via une banque.
Il est dit qu'en cas de besoin de renflouer le trésor, le souverain peut lever un impôt. Il y a les tarifs indiqués pour chaque catégorie de métiers.
"On mettra la main sur tout ce que possèdent les orfèvres; et aucune de leurs offenses ne sera pardonnée; car ils exercent leur commerce frauduleux tout en prétendant être en même temps honnêtes et innocents. » (Livre V, chap. 2) traduction automatique."
- 289
L'Æs grave remplace l'æs signatum. On normalise encore plus les lingots de bronze. Les têtes de bétails disparaissent au profit de la double tête de Janus. On coule des pièces rondes avec un poids précis d'une livre romaine (324g).
On y frappait des Deniers (denarius), une pièce en argent.
Vue du Forum Romain et de la colline du Capitole. Le temple de Junon Moneta se trouvait là où il y a la basilique Santa-Maria (batiment ocre) que l'on voit haut dessus des pins au dessus de l'arc de triomphe de Scipion, et au dessous du monument blanc dédié à Victor Emmanuel II.
Avant - 242
Le chapitre jin bu lu traduit par Règlement concernant [les monnaies] métalliques et en tissu du livre chinois des 18 règlements de Qin donne des renseignements sur les pratiques monétaires du royaume. Notamment: la valeur de la pièce de monnaie ne dépend pas de sa qualité, bonne ou mauvaise, et que le tri est un délit. On a donc là une monnaie fiduciaire.
- 118
L'empereur chinois Han Wudi crée le Wu Zhu 五銖 (litt: cinq Zhu) une pièce de monnaie en bronze de 3.25g. Ce type de pièce sera produit pendant 7 siècles.
C'est un grand débat d'érudits à la cour impériale de Chine sur le rôle et la politique de l'État. Notamment sur l'impôt et la monnaie.
La monnaie est vue comme un monopole d'État. En -25 beaucoup de règles se sont assouplies conformément aux recommandations de ce traité, mais pas le monopole d'État sur la monnaie.
La fin de la dynastie Han est l'occasion pour rééquilibrer la valeur. Les pièces de monnaie sont coupées en deux, mais chacune des deux parties garde la même valeur. On double ainsi la masse monétaire.
Pour l'anecdote, se principe ressemble pas mal à la monnaie locale le demi qu'on trouve de nos jours en Gaspésie. Des billets de banque Canadiens sont coupés en deux.
Ils ne valent donc officiellement plus rien, mais pour les commerçants qui les acceptent. Ils valent la moitié de la valeur nominale du billet – donc pas comme le Wu Zhu –.
L'idée était de créer une monnaie locale rapidement avec des billets qui ont déjà les protections de sécurité anti-contrefaçon.
L'empereur Romain Constantin Ier crée le solidus. Une pièce de 4,5g d'or fin. Cette quantité va changer au cours du temps. Mais le solidus est solide !
Il sera utilisé jusqu'au XIème siècle à Byzance et sera l'ancêtre du sou. (solidus.. sol... sou...)
Le solidus est surtout la nouvelleunité de compte de l'Empire romain et perdurera bien au-delà de l'effondrement de cet empire. Il restera l'unité de compte principale, même si les pièces se font rares.
L'étymologie autour du nom de cette monnaie est très révélatrice. Les soldats sont ceux qui reçoivent une solde, le motsolde venant du solidus. La solde est le salaire des soldats.
Le mot salaire, vient de salarium la partie de la solde des légionnaires romains payée en sel (sal en latin)
J'en conclus qu le mot soldat est tout à fait similaire au mot salarié.
Le pièces flottent sur l'eau et se plient avec les doigts. Il faut 10 000 pièces pour acheter un boisseau de riz. Plus personne ne prend le temps de compter les pièces. On paie par poignées de pièces.
Charlemagne lance une réforme monétaire. La frappe de monnaie devient un monopole royal. Lalivre d'argent (409 g) devient l'unité de compte de l'empire carolingien.
1 livre = 20 sol (sou) et 1 sou = 12 deniers. Donc, on peut faire 240 deniers avec une livre d'argent. Et c'est ce qui est fait. Seul le denier existe vraiment sous forme de pièces.
Le roi anglo-saxon Offa règne entre 757 et 796 sur le royaume de Mercie, au centre de l'actuelle Angleterre.
Il fait frapper, plusieurs pièces de monnaie, les plus travaillées de l'époque. Mais une pièce est très étonnante.
Il s'agit d'une copie en or d'un Dinar frappé par le calife abbasside Al-Mansour vers 777. Avec une modification, le nom du roi Offa écrit en latin: Offa rex.
Donc c'est une pièce frappée par une roi chrétien, mais avec des inscriptions en arabe. Et pas n'importe quelle inscription, mais la Chahada, la profession de foi, Il n'y a qu'un seul dieu, Allah.
L'inscription comporte quelques erreurs d'arabe, donc on sait que le graveur ne lisait pas l'arabe.
Mais que fait un dinar abbasside en Grande-Bretagne ?
C'est pour la même raison que la plus vieille pièce de monnaie en or qu'on a découvert en Suisse est une pièce à l'effigie de Philippe II de Macédoine, le père d'Alexandre le grand.
L'idée c'est de normaliser de l'or sous la forme la plus répandue dans le commerce international.
À l'époque du Roi Offa, le califat abbasside était la grande puissance de ce monde. Notamment pour commercer avec l'Espagne.
Au passage je profite de mentionner, que le mot Dinar, vient de la pièce de monnaie denarius – qui en français à donnée le denier –. En latin dēnārius signifie qui contient dix . Il s'agit d'une pièce qui vaut 10 AS.
En espagnol le mot dinero, signifie la monnaie, l'argent au sens générique.
Impression dupremier billet de banquele Jiaozi 交子 (change) par la dynastie Song du nord en Chine.
Une première expérience de monnaie papier a eu lieu plus tôt sous le règne de l'empereur Tang Wuzong(841 — 846). Elle s'appelait la monnaie volante mais ce papier n'avais pas cours légal.
Chaque bâton de comptage est fait de deux parties. La souche et l'échantillon. On crée des encoches dans un code commun qui comptabilise les sommes dues. Impossible de tricher vu que les encoches sont faites sur chacune des parties.
La souche – la grande partie – correspond à la partie du créancier. Ainsi une souche a de la valeur. Celui qui détient une souche détient une reconnaissance de dette.
En France, le mot taille est le nom d’une forme d’impôt direct comptabilisé sur bâton de comptage. (en anglais Tallage )
L'étymologie des mots autour du bâton de comptage est très intéressante.
On y parle de souche et d'échantillon, comme la souche du chéquier. On débite un compte. Un mot qui signifie généralement couper du bois.
Souche se dit Stock en anglais. L'échange de souches est donc le Stock Exchange, une expression qui désigne la bourse. Les détenteurs de souche, sont des stockholders, mot souvent utilisé comme synonyme d'actionnaire.
Xème siècle (et suivants...)
Chez les Iroquois, il y a un système de répartition de la production. C’est unemaison longue, qui est une sorte d'immeuble collectif mais aussi entrepôt. Tout ce qui est produit en surplus est déposé là.
Les femmes se chargent de répartir les biens. ref: Ralph Hawtrey (1935, p. 2-3, cité in Einzig 1949, p. 375)
XIIème siècle dans le monde musulman
Dans le monde musulman du califat abbasside, les riches marchands mettent en banque leur fortune et achète tout à crédit à l’aide de reconnaissances de dettes tirables à la banque indiquée.
Une question demeure. Est-ce que Philippe Le Bel a massacré les templiers pour supprimer la dette qu'il avait envers eux ?
XIIème siècle à Venise
Invention d'un outil qui va changer le monde: les bons municipaux.
Ces bons sont utilisés pour financer la guerre en armant des bateaux, d'où le métier d'armateur qui est l'exploitant d'un ou plusieurs bateaux.
C’est un emprunt obligatoire en avance de l’État sur ses citoyens – comme un impôt en avance – qui est rémunéré à 5%.
C'est l'ancêtre des bons du trésor et obligations d'État. Les citoyens vénitiens détiennent des titres mais sans échéance. Ainsi personne ne sait s'ils seront vraiment remboursés. Cette incertitude fait émerger tout un marché spéculatif autour des bons municipaux. Leur valeur oscille au gré des victoires ou revers militaires de l'État vénitien.
1202
La 4ème Croisade part pour reprendre la Terre sainte aux musulmans. Les croisés de toute l'Europe se réunissent à Venise pour le départ en bateau. Venise étant l'armateur de l'expédition maritime.
La croisade part, la ville de Zara est conquise. Ce fait d'arme contre d'autres catholiques indigne le pape qui excommunie les croisés et les Vénitiens.
La croisade continue son chemin et pour des raisons non encore clairement élucidées, mais dont le facteur de la dette n'est peut-être pas à négliger, la croisade est détournée et va mettre à siège et conquérir Constantinople.
Environ 1180 à environ 1240
Dans une période d'une soixantaine d'années, c'est environ la moitié des cathédrales de France qui ont été érigées. (du moins la base)
Le méreaux est à l'origine un jeton de présence donnés aux chanoines dans les abbayes. Le méreau est un bon-pour, un repas ou une somme d'argent. Il prenait la forme d'un jeton en métal ou en cuire.
Les usages ont été divers. Il s'agissait aussi d'un moyen de reconnaissance et de laisser passer des gens méritant. Notamment pour accéder à une comunion.
Lors des périodes en manque de monnaie, les méreaux permettaient de jouer le rôle de monnaie.
Avec l'assurance, la personne morale est une des bases du capitalisme.
Les monastères, surtout cisterciens, les universités, les églises, les municipalités, les corporations et compagnies deviennent des personnes morales et peuvent acquérir des biens et terrains pour elles-mêmes.
Ils sont rapidement acquis par la bourgeoisie de Toulouse qui voit là un bon placement.
1266
Le Roi de France Saint Louis créé le Gros tournois d'argent et l'écu d'or.Il interdit aux féodaux de battre monnaie, ainsi il prend de l'ascendant sur eux en les privant d'un outil stratégique.
La dynastie Mongol Yuan est officiellement créée en Chine, après une occupation depuis 1234. Les anciens papiers monnaie de la dynastie Jin sont abandonnés car il ne valent plus rien après deux hyperinflations (1214 et ~1230) dues au financement de la guerre contre les Mongols (guerre en plus perdue!).
Dans un premier temps les Mongols utilisent les pièces de bronze en circulation, puis c'est le papier monnaie Jiaochao 交钞 qui est privilégié, les pièces de monnaie tombent en désuétude.
1282
Venise créé le ducat d'or. Une pièce d'or d'un poids de 3,545 g (à 986 millièmes).
Sur cette place – et au début dans l'auberge – les marchands de toute l'Europe se réunissaient pour négocier leurs marchandises et de fait, établir la cotations des prix des marchandises et les taux de changes entre les différentes monnaies.
Ce sont les italiens, vénitiens, génois, lombards, qui ont créé ces pratiques et se sont rassemblés à Bruges sur le déclins de foires de Champagnes, afin d'être plus proche des marchés du nord de l'Europe. La bourse de Bruges s'est véritablement institutionnalisée vers 1400.
1360
Le banquier Francesch Castello a été décapité devant sa banque pour avoir prêté plus qu’il n’a. La religion catholique est intransigeante quant à l'interdiction de l'usure, mais ce principe est appliqué de manière plus où moins stricte selon les endroits.Les cités-États, comme Venise, sont les endroits aux mœurs plus libérales.
1368
La Chine vit la révolte des Turbans Rouges qui crée la dynastie Ming. L'élément déclencheur est une inondation du fleuve jaune dû au manque d'entretien des digues et dans un contexte de manipulation monétaire de papier monnaie.
Ainsi la nouvelle dynastie n'a plus confiance en la monnaie et revient aux fondamentaux. Les Ming mettent en place un système basé sur l'autonomie agraire et des impôts en nature, donc des corvées.
Vu que l'utilisation des pièces d'argent semble porter ses fruits, la dynastie Ming abandonne progressivement les impôts en nature – corvée – et met en place un impôt monétaire qui doit obligatoirement se payer en argent.
Cette décision est fondamentale et va avoir un effet sur la demande en argent, comme on le verra plus tard.
C'est ce que j'appelle l'Astuce de Crésus: imposer un type de monnaie par l'impôt. Imposer surtout le type de monnaie que l'on est le seul à produire.
1500
C'est très vaguement une époque potentielle à la quelle remonte l'idée de la monnaie de pierre des iles Yap.
En yap, cette monnaie s'appelle rai. Ce sont de grosses pierres rondes en calcite avec un trou au centre. La plus grosse connue mesure 3,5 mètre de diamètre.
Cette monnaie est créée dans des carrières des iles Palaos à 450 km de Yap. Ainsi la création de cette monnaie est très compliquée.
Ce sont traditionnellement de jeunes hommes qui se lancent dans la taille et le transport de ces pièces de monnaie à l'aide de radeaux.
Une fois de retour à Yap, la propriété de la pièce de monnaie est enregistrée, mais la pierre ne bouge plus beaucoup.
On peut comparer ce système à l'étalon or. L'or qui ne sort pas des coffres des banques sert à garantir les autres formes de monnaies.
Il y a aussi une comparaison possible avec le bitcoin qui se créé en échange d'une preuve de travail. Rapporter une telle pièce de monnaie est une belle preuve de travail.
La propriété de la pièce de pierre, tout comme celle d'un bitcoin, est enregistrée dans une registre, encore une similitude.
Un des moteurs des conquistadors est de ramener de l'or et de l'argent. Par le livre des mémoires du conquistador Bernal Díaz del Castillo écrit par lui-même, on apprend (via David Graeber dans:Dette 500 ans d'Histoire) que Cortés est un joueur-flambeur souvent endetté et dont la motivation est l'or et l'argent, probablement pour payer ses dettes de jeu.
L'expédition pour le Yucatan depuis Cuba n'est autorisée que pour du commerce absolument pas pour une conquête.
Une fois sur place, Cortés fait saboter les bateaux pour forcer les soldats à continuer. Ces derniers sont endettés pour payer leurs armes et matériel de rechange.
Après le partage de l'or du trésor impérial volé aux Aztèques, l'essentiel des soldats sont toujours endettés.
Une technique classique de mise en esclavage est utilisée: un impôt est imposé aux Aztèques survivants de la variole et du massacre de la ville.
Pour les personnes ne pouvant pas payer, un prêt est proposé en échange du travail dans les mines d'or et d'argent.
C'est ainsi que Graeber émet la thèse que c'est la dette à plusieurs niveaux qui a été le moteur de la mise en esclavage d'un continent entieret le génocide de sa population.
Par comparaison, lors de sa période des grandes découvertes au début 15ème siècle, la Chine a beaucoup voyagé et découvert des terres inconnues grâce à sa flotte des Trésors. Mais la Chine n'a jamais mis en esclavage les populations rencontrées.
Ses discours inspirent et menacent l'ordre établi par plusieurs soulèvements populaires. Luther calme la situation et préserve l'ordre établi en déclarant l'usure modérée acceptable.
Il justifie ceci car "Nous sommes sur terre et pas dans un monde idéal, donc il est possible de faire des entorses à l’idéal". Il propose de contourner l’interdiction de l’usure faite dans le Deutéronome 23.20-21 et de considérer que 4% à 5% d’intérêt n’est pas de l’usure. (p391 Dette 5000 ans d’histoire)
Un siècle plus tard, les protestants dominent le commerce en ayant intégré cette règle!
1530
Les mines d’argent de Chine sont totalement épuisées.
Après avoir épuisé les mines du Japon, l'argent vient en Chine d'abord par l'Espagne, puis dès 1565 directement via les Philippines sans passer par l'Europe, c'est le Galion de Manille qui assure ce transport.
Cet argent est essentiellement acheté en vendant de la porcelaine – les fameux vases Ming – ainsi que de la soie et du thé.
1543
C'est le Great Debasement, une grande dévaluation de la monnaie en circulation sous Henri VIII. La proportion d'argent que les pièces contenaient ayant été progressivement divisée par quatre en huit ans, pour tomber à seulement un quart en 1551.
La pratique des « enclosures » – la tragédies des communs – se généralise. → Les pâturages communaux (biens communs) sont privatisés. Les paysans sans terres ne peuvent plus faire paître leur animaux.
1570
Le moine dominicain et économiste Tomás de Mercado écrit que l'on trouve une bourse aux bons d'État à Medina del Campo en Espagne.
Ces bons représentent l'or et l'argent venus des Amériques prêté à l'empereur. Le métal ne restait pas en Espagne mais partait en Chine pour l'argent et en Inde pour l'or.
Cependant, le papier représentant ces métaux continue d'être utilisé comme moyen de paiement en Europe. Les banquiers et États qui les émettent peuvent ainsi multiplier la quantité réelle de métal importée sans même y toucher.
Selon David Graeber, c'est l'abus par les États des bons d'États qui a créé l’inflation massive en Europe entre 1500 et 1650, connue sous le nom de Révolution des prix et pas l'arrivée massive d'or et d'argent en provenance des Amériques Vu qu'il y a découplage entre la quantité réelle de métal et les bons en circulation.
1598
Frappe de la pièce de 8 pesos ou real ou piastre d'argent. Une pièce frappée par l'Empire espagnol, afin de s'aligner sur le thaler, la monnaie continentale du Saint-Empire.
La pièce de 8 est utilisée très largement dans de nombreux pays comme unité de compte. Notamment aux Amériques. La pièce de huit a servie de base pour établir le dollar américain, et son cours légal resta en vigueur aux États-Unis jusqu'au Coinage Act of 1857.
Le symbole du dollar $ vient de cette pièce sur laquelle il y a les armoiries de l'Espagne avec 2 piliers entourés de banderoles. (Certains disent que ce sont les symboles des colonnes d’Hercule)
Le nom du Dollar a pour origine le nom de la monnaie Thaler, la monnaie créée grâce au filon d'argent trouvé à Joachimsthaler, un village de Bohème. (république Tchèque actuelle)
La compagnie va beaucoup influencer la création des places de bourse. La compagnie étant active dans le commerce d'épices, cette marchandise servait aussi de monnaie d'échange. C'est de là que vient l'expression Payer en espèces.
1609
Création de la Banque d'Amsterdam, une des premières banques de dépôts. Les dépôts se font à la valeur intrinsèque des pièces.
La banque d'Amsterdam est la première à proposer d'effectuer un virement entre deux comptes de clients de la même banque. C'est l'invention de la monnaie de banque.
La banque est créée avec l'accord et la garantie de l'État de Hollande. Les banquiers ont un statut de fonctionnaire de la ville et sous l'autorité des édiles de la ville.
Une loi oblige tout paiement de plus de 600 florins à passer par un virement en interne de cette banque, forçant ainsi les commerçants à avoir un compte et faire des dépôts.
1611
Ouverture de la bourse d'Amsterdam. Un grand bâtiment conçu et dédié aux activités de bourse. Ce bâtiment permet d'officialiser les rencontres des négociants.
Jusque là ils se rencontraient sur le pont le plus proche du port d'Amsterdam.
L'activité principale est l'achat et la ventes d'actions de la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales.
Les titres de cette dernière ne peuvent obtenir un retour sur investissement que 10 ans plus tard.
La création d'une bourse de ces titres permet aux gens qui sont pressés de faire du profit immédiatement en spéculant sur les actions de la compagnie. (Voir le documentaire arte: 3 villes à la conquête du monde )
1609 - 1611 - 1623
Depuis le XIVème siècle, le royaume de Ryūkyū domine l'archipel des îles Ryūkyū situés entre le Japon et Taiwan, proche des côtes de la Chine.
En 1609, les forces du domaine féodal japonais de la province de Satsumaenvahissent le royaume de Ryūkyū en intégrant les îles du nord de l'archipel. Puis en 1611 le roi est remis sur son trône, mais comme vassal du clan japonnais Satsuma.
Les îles Ryūkyū se retrouvent sous double domination. Le royaume paie un tribut pour ne pas se faire attaquer par la Chine des Ming, et doit également payer un tribut à ses nouveaux maitres japonnais. Ces deniers ne dévoilent pas leur conquête à la Chine afin de garder une porte ouverte de commerce avec ce grand voisin. Alors même que la Chine des Ming a prohibé le commerce avec les japonnais.
Contourner un embargo est toujours un moyen de s'enrichir.
Le peuple des îles Ryūkyū se voit donc contraint doublement de tenir une comptabilité de ses récoltes et de ce qu'elle doit payer en tribut.
Cette comptabilité est réalisé à l'aide de Warazan (藁算), des noeuds réalisés sur des tiges de pailles. C'est le même principe qu'avec les quipus qu'on retrouve en Amérique du sud chez les Incas et à Caral.
Le wazaran utilise un code en notation positionnelle en base dix. Il y a un brin qui représente les unités, puis un brin les dizaines, puis les centaines et les milliers. (Je n'ai personnellement pas vu d'exemple avec plus que des milliers)
Pour chacun des brins, les chiffes sont représentés par plusieurs possibilités, soit des noeuds, soit des boucles, soit des sous-brins. Par exemple, si je vois 3 sous-brins, c'est un 3. Tout comme 3 noeuds sur le même brin. Une boucle représente un 5. Ainsi si je veux montrer 800, je peux faire une boucle et 3 sous-brins, dans le gros brin des centaines. (5+3 = 8 → 8*10^2 = 800)
On retrouve ce genre de comptabilité sur l'île de Taïwan, dans la province chinoise de Fujian, et même sur l'île d'Hawaï.
Avec les Quipus de Caral et les Quipus Inca, on constate qu'un tel système de comptabilité est utilisé tout autour de l'océan pacifique. Ce qui suggère une culture commune entre tous ces lieux.
1644
Li Zicheng à la tête d'une rébellion paysanne prend Pékin et met fin à la dynastie Ming.
En effet, des galions de Manille ont coulé dans les années 1640, limitant ainsi la quantité de monnaie disponible, car exclusivement fabriquée en argent sous la dynastie Ming.
1656
Création de la banque de Stockholm, inspirée par la banque d'Amsterdam. C'est la première banque à émettre des "vrais" billets de banque en Europe. Ils sont convertibles en argent ou en cuivre.
1661
Création de la banque de Suède qui reprend le monopole d'émission de billets de banque de la banque de Stockholm lors de la faillite de cette dernière. La banque de Suède est souvent considérée comme la première banque centrale.
1685
Suite à une pénurie de monnaie dans les colonies françaises du Canada, des cartes à jouer sont utilisées comme monnaie de nécessité. Le gouverneur signe sur les cartes une promesse de paiement de la solde. Donc la carte prend de la valeur et sert de monnaie.
1690
Création des Colonial scrips. La Province de la baie du Massachusetts émets sa propre monnaie papier. Puis une à une chaque colonie d'Amérique du nord émet également sa propre monnaie fiduciaire sur papier.
La quantité de monnaie est régulée, d'un côté par l'émission de nouvelle monnaie et de l'autre côté par la destruction de monnaie en la récoltant par l'impôt.
La colonie de Pennsylvanie reste un exemple de bonne gouvernance monétaire d'un Etat pendant 50 ans. (Principe du chartalisme.)
Le 19 avril 1764 le parlement anglais vote le currency Act, une loi interdisant aux 13 colonies de créer de la monnaie. C'est un des facteurs qui a mené à la guerre d'indépendance des USA.
Dans la suite de l'histoire le Continental dollars est créé pour financer la guerre d'indépendance.
Colonial scrips de Pennsylvanie imprimé par Benjamin Franklin en 1764
La loi adoptée le 27 juillet 1694 a un titre qui ne mentionne pas la création d'une banque. Voici ce titre à rallonge:
"Acte pour accorder à leurs Majestés des taux et droits différents sur le tonnage des navires et bateaux et sur la bière et autres liqueurs, afin d'obtenir certaines récompenses et avantages mentionnés dans ledit acte pour les personnes qui avanceront volontairement la somme de cinq cent mille livres pour la poursuite de la guerre contre la France."
Le titre court le plus utilisé est Tonnage Act 1694. Vu que parmi la création de plusieurs nouveaux impôts et taxes, la postérité retient que ce texte de loi créé la Banque d'Angleterre, ce texte est aussi connu sous le nom du Bank of England Act 1694.
Le Roi avait vraiment le parlement à dos. Ainsi le Tonnage Act1 694 a été accepté par l'unanimité des seulement 42 membres présents – tous du parti Whigs – de la Chambre des Communes. Cette chambre était composée de 514 membres. (Donc cette loi est votée par 8% des membres!)
Une grande parties des membres de la Chambre des Communes sont des seigneurs ruraux qui sont en pleine moisson sur leur terres en ce mois de juillet et d'autres, membres du parti des Tories n'étaient pas présents en signe d'opposition à ce vote.
Nous avons là un bon exemple, de ce que j'appelle l'astuce de Crésus, soit le mélange dans la même loi, de l'octroi d'un pouvoir de création monétaire et d'un impôt qui impose l'utilisation de cette monnaie.
1695
En Angleterre John Locke – le contractualiste libéral – est un des conseillers de Isaac Newton. Ce dernier est connu pour sa découverte de la gravitation, mais il est aussi à cette époque le directeur de la monnaie Anglaise. Car à l'époque on engageait des alchimistes pour créer de l'or !
C'est une des facettes de Newton qui est le moins mise en avant. Bien que l'on commence à en savoir plus. En décembre 2020 un manuscrit de Newton a été vendu aux enchères. Ce sont des travaux sur la détermination de valeur de la coudée royale égyptienne dans la pyramide de Khéops, afin de déterminer la date de l'apocalype. Il a trouvé 2060. Voilà, t'es au courant.
A contre courant de ces pensées métaphysiques, John Locke était un scientifique rationaliste, matérialiste. Ainsi il s'oppose à la monnaie fiduciaire car il refuse d'introduire la notion de foi ou croyance dans la monnaie. Il ne croit pas à la "Foi" en l’État.
Locke pense que c’est l’or – ou d’autres métaux – qui par nature contient la valeur.
Depuis l'origine des pièces de monnaie métallique, il y a des personnes qui pratiquent le rognage. Soit, le fait de prélever un peu de matière sur la tranche en réduisant la taille de la pièces pour que ça se voit le moins possible.
Quand la valeur de la pièce est issue d'une reconnaissance de dette de celui qui a sa marque sur la face de la pièce (monnaie fiduciaire), la valeur de la pièce est généralement beaucoup plus grande que la valeur du métal. Le rognage ne rapporte rien.
Mais avec des théories monétaires comme celle de Locke où la valeur de la pièce dépend de la valeur intrinsèque du métal, il y a beaucoup plus de risques de rognage.
Surtout si le prix du cours du métal grimpe, mais pas la valeur nominale de la pièce. Là le rognage devient monnaie courante, voir plutôt la refonte de pièce qui est plus discrète. Le rognage étant souvent considéré comme un crime de haute trahison. À l'exemple de Thomas et Anne Rogers condamnés pour avoir rogné 40 pièces d'argent. En 1679, Thomas Rogers fut traîné, pendu et équarri et Anne fut brûlée vive.
Pour éviter le rognage des pièces, Isaac Newton invente les cannelures sur la tranche des pièces.
Selon David Graeber, la mise en place des théories de Locke n'a pas été concluante.
C'est là que des faux-monnayeurs se saisissent de l'occasion pour également refondre et graver de nouveaux Louis d'or, mais à leur propre profit. Il est possible de faire 10% à 50% de bénéfice. C'est un juteux commerce.
On a l'exemple d'ateliers neuchâtelois - principauté prussienne depuis 1707 - qui bénéficie de la protection bernoise et prussienne pour réaliser 350 000 faux Louis d'or durant cette période. Dont 200 000 rien que pour le compte de l'orfèvre d'origine bâloise Jean-Jacques Schmied. Pour tenter d'enrayer le faux monnayage, l'état français propose d'engager Jean-Jacques Schmied dans ses propres ateliers à Lyon.
1714
Bernard de Mandeville publie la Fable des abeillesou les vices privés, forment les vertus publiques. C'est une fable politique dans laquelle Mandeville soutient que la guerre, le vol, la prostitution, l'alcool et les drogues, la cupidité, etc. contribuent finalement à l'avantage de la société civile.
– Soyez aussi avides, égoïstes, dépensiers pour votre propre plaisir que vous pourrez l’être, car ainsi vous ferez le mieux que vous puissiez faire pour la prospérité de votre nation et le bonheur de vos concitoyens.
– Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme; et ce n’est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c’est toujours de leur avantage.
1717
La Grande Bretagne et l’Empire Britannique adoptent l'étalon or.
C’est une époque de grande spéculation sur les richesses que cette compagnie peut faire. Les dirigeants de la compagnie, pour faire grimper leur financement, ont grossi les gains possibles. Il se sont fait prendre pour manipulation et l’action s’est effondrée.
1721
La banque centrale française créée par John Law fait faillite.
Le principe est le même que la banque d’Angleterre, juste une circulation de monnaie papier convertible en or.
La création monétaire est basée sur les richesses rapportées des colonies, surtout de la Louisiane. Law a ensuite agi comme en Angleterre en faisant miroiter des richesses beaucoup plus grandes en provenance des colonies.
Les ennemis de Law – le prince Conti et le duc de Bourbon – soutiennent la spéculation dans le but de créer une bulle. Ce qui n’a pas manqué le jour où ils sont venus réaliser leurs gains.
Ce mouvement précipité de réalisation (trop) rapide des gains provoque la fin de la banque, car les gains des colonies ne sont pas encore faits.
De part ces faillites, beaucoup de gens se méfient du papier monnaie. Cette nouvelle technique reste donc marginale.
Cette histoire me fait beaucoup penser à ce que l'on peut entendre à propos du Bitcoin et des cryptomonnaies de nos jours. Les nouvelles techniques restent marginales au début, mais peuvent bien dominer le système plus tard.
Le pain est l'aliment de base de la sécurité alimentaire. Le rôle du Roi est vu par la population comme étant le garant de la sécurité du peuple. C'est donc la responsabilité du Roi que de garantir l'approvisionnement en pain de toute la population. C'est ainsi que le commerce du grain est très encadré. Le rôle de la police royale des grains est de surveiller les marchands spéculateurs en les éloignant des marchés tant que la population n'est pas servie au juste prix.
Les marchands n'ont accès au marché que pour le surplus.
La libre circulation des grains d'une province à une autre est autorisée, puis en 1764 l'exportation vers l'étranger est autorisée.
Après des soucis de spéculation qui font grimper les prix et provoquent des émeutes. La loi est abrogée en 1770 par le Conseil d'État.
En 1774 le Roi Louis XVI succède à Louis XV. Turgot est nommé ministre des finances et réintroduit la libéralisation du commerce du grain le 13 septembre 1774.
Mais au printemps 1775 la guerre des farines éclate. On compte 180 conflits en 17 jours dans le bassin parisien. La spéculation et l'exportation des grains à l'étranger, couplé à de mauvaises récoltes, provoquent la disette en France. Le peuple attaque les gros fermiers et les dépôts.
Le "contrat social" avec le Roi, s'effrite de plus en plus. Le peuple se sent trahi par les multiples libéralisations qui manifestement ne profitent qu'aux marchands et pas au peuple.
C'est un prélude à la Révolution Française.
1775 - 1781
Le continental currency dollar est imprimé par le congrès des colonies confédérées pour financer la guerre d'indépendance des USA. C'est une monnaie papier gagée sur les terres.
Cette monnaie est efficace pour financer la guerre, mais en 6 ans elle s'effondre à cause d'une trop grande quantité de monnaie imprimée, et des faux billets envoyés depuis l'Angleterre ennemie.
C'est toujours Benjamin Franklin – imprimeur, diplomate et inventeur du paratonnerre – qui gère et imprime cette monnaie dans la continuité des colonial scrips, monnaies fiduciaires des premières colonies anglaises sur sol américain.
Benjamin Franklin est toujours lié à la monnaie des USA, depuis les colonials scrips, avec le continental dollars, et toujours actuellement, vu qu'il a son portrait sur les billets de 100 dollars USD.
En cette période révolutionnaire, Peu importe le système politique, la dette publique ne doit jamais être annulée, car c'est le moyen d'épargne le plus courant des français.
Dans le contexte de l'époque il n'y a pas de banque. Si je veux conserver de la monnaie pour ma retraite, le plus simple est que je la prête à l'État qui m'en rendra plus dans 10 ans.
L'État français a besoin de liquidités. Il confisque les biens de l'église par assignation et veut les vendre. Mais le processus prend du temps. Pour avoir des liquidités, l'idée est de vendre des titres qui représentent cette vente future.
Cependant, les comités révolutionnaires impriment plus d'assignats que prévu. Sans compter qu'il y a beaucoup de faussaires, aussi à l'étranger, les ennemis de la France tentent d'amplifier la crise.
Finalement les planches à billet seront brûlées sur la place Vendôme pour mettre fin à ce système monétaire catastrophique, mais qui aura eu pour mérite de créer les liquidités nécessaires et convertir bon nombre de nouveaux propriétaires à la cause de la révolution.
Bien qu'elle s'appelle 1ère banque, ce n'est pas la première banque centrale des USA. Elle remplace la Banque de l'Amérique du Nord créée en 1781 pendant la guerre d'indépendance sur un projet du surintendant des finances du Congrès Robert Morris et d'Alexander Hamilton. Le but de cette banque est de sauver les finances affaiblies par l'effondrement du continental currency dollar.
L'État de Pennsylvanie s'oppose à la charte de privilège octroyée par le congrès en raison de crédits factices et d'alarmante influence étrangère. La charte de privilège de la Banque de l'Amérique du Nord lui est retirée en 1785.
C'est l'occasion pour Alexander Hamilton, premier Secrétaire du Trésor des États-Unis sous la présidence de George Washington de relancer un nouveau projet de banque centrale.
La First Bank of the United States est fondée le 25 février 1791, par un vote du Congrès avec un capital de 10 millions de dollars, sous forme de banque commerciale privée. L'État ne possède que 20% de ce capital. Le reste appartient à des investisseurs privés.
La First Bank of the United States craint pour sa santé et demande un remboursement partiel du prêt fait au gouvernement. Ce prêt vaut $6 millions et représente 60% du capital de la banque. Le soucis, c'est que le gouvernement n'a pas de quoi rembourser.
Entre 1796 et 1802, le gouvernement des USA vend donc sa participation au capital de la banque pour rembourser son prêt.
La banque passe donc en main 100% privée.
C'est là que Thomas Jefferson, vice président des USA de 1797 à 1801 et président de 1801 à 1809 s'oppose vivement à la banque.
Après son mandat, la loi concernant la banque centrale n'est pas renouvelée suite à un vote de 65 contre 64 voix.
Le 3 mars 1811, la banque cesse ses activités.
Il existe une citation avec plusieurs variantes qu'on attribue à Thomas Jefferson.
J'ai bien cherché, je n'ai pas trouvé la source dans son immense correspondance qui est accessible en ligne avec ses propos entre 1791 et 1816.
"Si le peuple américain permet un jour aux banques privées de contrôler l'émission de sa monnaie, d'abord par l'inflation, puis par la déflation, les banques et les sociétés qui se développeront autour d'elles priveront le peuple de toute propriété jusqu'à ce que leurs enfants se réveillent sans abri sur le continent que leurs Pères ont conquis….. Je crois que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que les armées permanentes…. Le pouvoir d'émission devrait être retiré aux banques et restitué au peuple, à qui il appartient."
C’est le banquier suisse Jean-Frédéric Perregaux– né à Neuchâtel, comme moi ! – qui propose la création de cette banque privée à Napoléon.
Ce dernier accepte et en devient aussi actionnaire. Cette nouvelle banque est utilisée pour les services bancaires de l’État, notamment pour les receveurs généraux qui collectent les impôts.
1803
Napoléon donne le monopole de la création du papier monnaie à la banque de France. Tout d'abord uniquement pour Paris, le monopole total ne viendra qu'en 1848.
Le Franc Germinal est créé. Il s'inscrit dans le cadre d'un système monétaire bimétallique. or-argent. Un franc = 5g d'argent à 900⁄1000 = 0,322 5 g d'or à 900⁄1000.
L'État reprend au poids les monnaies rognées ou altérées, ainsi que les monnaies des autres pays. On est dans un système à étalon métallique.
Tout comme la First Bank of the United States, la Second est une banque privée détenue à 20% par les USA, le reste étant détenu à 80% par 4000 investisseurs privés, dont 3000 en Europe.
La différence est l'augmentation du capital de la banque à $ 35 millions.
Le président Andrew Jackson tue la banque en 1832.
1826
La banque d'Angleterre reçoit le monopole de titrisation de la dette d'état en billet de banque. C'est le Bank Charter Act.
Au début la titrisation se fait de manière nominative, puis au porteur. Donc c'est une dette que le Roi doit rembourser, mais en attendant, pour temporiser les marchands s'engagent à payer la compensation en or qui serait demandée.D'où le deal d'avoir en échange le monopole de titrisation. C'est un partenariat gagnant gagnant.
Les £ 1,25 million enregistrés sur un bâton de comptage peuvent se titriser en 1,25 million de billets de 1 £. 💷
Et s'il y a un peu plus de billets, c'est grave ? ça se voit ? C'est pratique d'avoir le monopole d'émission des billets.
10 juillet 1832
Le président des USA, Andrew Jackson met son veto au renouvellement de la loi autorisant une banque centrale.
En janvier 1835 Jackson rembourse l'intégralité de la dette publique des USA afin de se libérer de toute banque.
Son programme politique était Non à la banque. La constitution des USA donne le pouvoir de création monétaire au congrès et n'a pas besoin d'une banque.
Constitution des USA: article 1, section 8, clause 5: Le Congrès aura le pouvoir: de battre monnaie, d’en déterminer la valeur et celle de la monnaie étrangère, et de fixer l’étalon des poids et mesures.
A la fin de sa vie Jackson a dit que sa plus grande action politique était d'avoir tué LA banque.
On dirait que c'était elle ou lui.
Le 30 janvier 1835, Jackson est victime de la première tentative d'assassinat contre un président américain au Capitole.
Par une chance incroyable, les deux pistolets de l’assassin – un déséquilibré isolé comme souvent! –, s'enrayent successivement. Une gravure devenue célèbre, faite 20 ans plus tard, montre Jackson frappant la tête de cet homme avec sa canne.
1834
Au royaume d'Angleterre, le poste de Caissier de l’échiquier – Teller of the Receipt of the Exchequer – est supprimé. Marquant ainsi la fin du système de bâton de comptage en Angleterre.
Cœur de la période de révolution industrielle qui nécessite énormément d’argent pour construire tout un réseau de chemin de fer, des usines d’acier, des usines électriques, des navires à vapeur.
Tout ce passage d’une économie agraire à une économie industrielle et commerciale se finance essentiellement grâce au crédit bancaire des banques commerciales, capables de créer de la monnaie à l’infini.
→ On passe du « prêt » au « crédit ». Du je capitalise et j'achète au j'achète et je payerai plus tard.
Ce changement est possible grâce au changement de vision du monde.
Le souvenir de la banqueroute du système de Law a empêché pendant longtemps de faire du crédit, tout en favorisant le prêt.
Mais avec le temps, il y a de plus en plus de monde qui adopte la vision du monde de l'étape orange de la spirale dynamique. Une vision du monde dans laquelle le futur est meilleur et le monde plein des opportunités à saisir.
L'innovation devient la règle et s'oppose à la tradition.
Comme le futur est meilleur. Il devient possible d'avoir confiance dans le remboursement plus tard d'une somme d'argent créditée tout de suite.
Slogan d'un assureur qui reflète bien la vision du monde d'un avenir toujours meilleur.
Pour l'anecdote, c'est sur le terrain du colon suisse Johann August Suter – appellé Nouvelle Helvétie – que les premières pépites d'or de Californie ont été trouvées. Son fils est le fondateur de la ville de Sacramento. Comme quoi, il y a toujours un lien entre la Suisse et la monnaie !
Le but est de réaliser une véritable démocratie économique grâce au crédit mutuel et gratuit, grâce à une suppression progressive du taux d'intérêt, ainsi qu'un découplage d'avec l'or.
Le lancement de la banque échoue malgré un grand intérêt populaire. Ceci à cause du manque de fonds propres nécessaires pour remplir les obligations légales.
La raison est due à plusieurs amendes qui grèvent les actifs du journal Le Peuple qui devaient servir de fonds propres.
1849
Friedrich Wilhelm Raiffeisen crée la Société de secours aux agriculteurs impécunieux de Flammersfeld afin de renforcer la coopération financière dans les communautés rurales.
Pour l'anecdote, on trouve partout en Europe des banques Raiffeisen, mais en France ce nom à consonance Allemande passait pas très bien après la guerre de 1870. Donc seul le principe mais pas le nom ont été adopté.
1856
Création du Crédit Suisse par Alfred Escher afin de financer le développement des chemins de fer Suisse, au nord-est et au Gothard.
Alfred Escher avait de la suite dans les idées. Pour s’assurer d'avoir des ingénieurs pour assurer la construction du chemin de fer, il a également créé l’École Polytechnique Fédérale.
Le célèbre faux monnayeur Samuel Joseph Farinet falsifie des pièces de vingt centimes suisses en billon (un alliage d'argent, de cuivre, de zinc et de nickel).
Le billon est un alliage solide. Il est donc possible de réaliser une empreinte de la pièce sur une plaque d'acier chauffée à blanc. Cette empreinte sert de matrice pour des fausses pièces.
Farinet est considéré comme le Robin des bois des Alpes.
1861
Vu les taux usuriers entre 24% et 36% par an qui sont proposés au président des USA Abraham Lincoln pour financer la guerre de sécession des USA. Il décide de créer lui même de la monnaie. Sur les conseils de son ami le colonel Taylor, $ 347 millions de greenback sont imprimés.
Ces billets de sont surnommés ainsi car ils sont vert au dos. Leur nom officiel est United States Note.
Le première série de 1861-1862 se nommait Demand Note, car ils étaient payables sur demande.
Le 15 avril 1865 Lincoln est assassiné.
En complément des greenback, des pièces en argent et en or circulent. Jusqu'en 1873, il est possible de faire frapper son propre or ou argent sans frais dans les ateliers monétaires de l'État, les US-mint.
1865
The Hongkong and Shanghai Banking Corporation, plus connue sous le nom de HSBC est crée à Hong-Kong. Cette banque est crée notamment par l'écossais Thomas Sutherland. Il était à la base à la tête d'une société de logistique maritime à Hong-Kong, la Peninsular and Oriental Steam Navigation Company (P&O).
La raison d'être de la Banque HSBC est de financer les échanges entre l'Europe, l'Inde et la Chine. Le fondateur devait bien être au courant des trafics à faire étant déjà à la tête de la logistique locale des transports et président des Docks.
C'est ainsi que HSBC a été dès l'origine une banque impliquée dans le trafic de drogue. Le contexte fait suite aux guerres de l’opium. Les anglais en possession de l'Inde, y cultivent de l'opium, et l'utilisent comme moyen de paiement pour la soie, la porcelaine et surtout le thé qu'on ne peut acheter qu'en Chine.
Les anglais n'ayant rien d'autre à vendre, ils déclenchent une guerre pour pouvoir vendre de l'opium, alors que cette drogue est interdite depuis longtemps en Chine. Ils invoquent la liberté de commerce.
1865
Création de l'Union latine. C'est une union monétaire entre la France, la Belgique, la Suisse, l'Italie, puis la Grèce. La Russie bien que non membre, utilise également ce système.
Ce système est basé sur le bimétallismeor-argent. De facto la 1ère guerre mondiale a mis fin à l'union latine. Mais officiellement elle a été dissoute en 1927.
En Suisse les pièces émise durant cette période portent le nom de Vreneli et sont toujours populaires chez les collectionneurs et pour conserver de l'or.
1870
Création de la Deutsche Bank, afin d’aider le développement international d’entreprises industrielles, notamment Siemens. L’un des fondateurs de la Deutsche Bank est Georg Siemens un petit cousin du fondateur de l’entreprise électrique Siemens.
1871
Le célèbre banquier JP Morgan créé sa banque. Il est également très actif dans le développement industriel, acier, électricité, chemin-de-fer et compagnie maritime. Il est ainsi indirectement le propriétaire du Titanic. JP Morgan avait un billet pour le voyage inaugural du Titanic, mais il l'a annulé en dernière minute.
Fondation de la première Caisse du Crédit mutuel sur le modèle de Raiffeisen, dans le village de La Wantzenau, en Alsace.
1885
Création de la société de Crédit Agricole de l'arrondissement de Poligny à Salins dans le jura français.
1901
Quand il achève la conquête de l'ile de Madagascar, le général français Galliéni imprime une nouvelle monnaie et l'impose par un nouvel impôt personnel: l'impôt moralisateur. L'objectif est de mettre au travail les malgaches jugés paresseux car ils n'ont pas d'autre ambition que de subvenir à leurs besoins au prix d'un minimum d'effort.
Un magnifique exemple de l'astuce de Crésus. La monnaie comme moyen de mise au travail d'une population au profit de celui qui crée la monnaie.
Dans les années 1890 de nombreuses banques et société de construction font faillite en Australie. Pour les élections de 1908, le parti du travail Australien base son programme sur la création d'une banque afin de fournir des services financiers sûrs et bon marché.
C'est ainsi que la Commonwealth Bank est créée par le Commonwealth Bank Act 1911 du gouvernement du premier ministre Andrew Fisher. Elle est la première banque australienne a avoir la garantie d'État.
Cette banque opère comme banque commerciale, mais également comme banque d'État. Ce n'est pas à proprement parler une banque centrale, car, conformément au Australian Notes Act 1910, elle n'émet de pas de billets de banque, ce privilège est réservé au Treasury of Australia.
Cependant la Commonwealth Bank est la banque qui fourni des services financiers à l'état et parfois même à taux 0%, comme pour les AU$ 700 millions de crédit de financement de la 1ère guerre mondiale.
Le premier gouverneur de la banque est Sir Denison Miller. Au moment de la création de la banque il demande au principal architecte et promoteur de ce projet, l'homme d'affaire et politicien King O'Malley, comment est-ce qu'il va trouver le capital de la banque ?
King O'Malley lui répond: Quel capital ?Je n'a pas besoin de capitaux, mon capital est la richesse et le crédit de toute l'Australie.
King O'Malley avait découvert le système de réserve fractionnaire quand il travaillait dans la banque de son oncle à New York dans les années 1880.
Les crédits font les dépôts et pas le contraire.
La banque fait crédit au gouvernement Australien à un taux de 0.666% par an.
Pendant les 12 premières années, le gouvernement australien réalise grâce à la banque, des investissements dans de nombreuses infrastructures, barrages, chemin-de-fer, centrales électriques, usines à gaz, ports, routes, tramways, navires à vapeur pour l'exportation de laine australienne dont la production est aussi financée par la banque.
On verra plus tard que cette abondance monétaire ne plait pas à tout le monde.
C'est l'application parfaite de L'astuce de Crésus, comme je l'appelle. Que ce soit voulu ou non, on a une conjonction entre une nouvelle entité qui crée de la monnaie et une loi qui impose l'utilisation de cette monnaie.
La création de LA banque aux USA est une histoire a elle toute seule, avec de nombreux rebondissements. Voici un résumé de ce qui est déjà mentionné plus haut.
En 1791, le gouvernement des USA crée la First Bank of the United Stateschargée de l'émission de la nouvelle monnaie américaine et de la régulation du crédit. Le président Thomas Jefferson s'oppose à la banque. Elle est fermée en 1811.
En 1832 le président des USA, Andrew Jackson met son veto à au renouvellement du mandat de la Second Bank. Puis en 1835 il rembourse l'intégralité de la dette des USA afin de se libérer de toute banque. Son programme politique était Non à la banque. Il a dit que sa plus grande action politique était d'avoir tué la banque.
En 1913, LA banque est de retour. Le 23 décembre le projet de Paul Warburg, conçu au club select de Jekyll Island est voté par le congrès des USA par 43 voix pour, 25 contre, 27 abstentions et 5 absents.
En 2016, le président Obama a lancé un projet pour remplacer Jackson par l'ancienne esclave noire et militante féministe Harriet Tubman.
Le billet devait être publié en 2020, mais le président Trump, admirateur de Jackson et lui aussi opposant à la FED, a repoussé le changement de ce billet pour 2028.
Cependant, dès son arrivée en janvier 2021, le président Biden a relancé le projet du changement de billet.
On dirait bien qu'il y a du karma entre Jackson et LA banque.
Si le sang stagne, ça crée des caillots de sang néfastes à tout l'organisme. Si la monnaie stagne (en étant capitalisée par exemple) c'est néfaste pour tous. Faire fondre la monnaie permet de faire circuler plus vite la monnaie.
1920
Le mouvement du Crédit Social basé sur les théories de l’écossais Clifford Douglas prend de l’ampleur. De nos jours le mouvement est porté par les pèlerins de St-Michel fondé par Louis Even.
L'idée est de distribuer à chaque personne d'une zone économique un Dividende Universel chaque année. Ce dividende est proportionnel à la croissance des biens et services et inversement proportionnel au nombre de personne de la zone monétaire concernée.
Cette distribution de monnaie a pour but d'anticiper le besoin de financement de nouvelles productions et de son achat.
Durant la seule année 1923, la valeur du Mark est divisée par 100 millions. Le papier a d'avantage de valeur que ce qu'il représente.
L'avantage d'une hyperinflation, c'est que toute dette est rapidement annulée.
1924
En Australie, sous le gouvernement du premier ministre Stanley Bruce, une loi passe qui interdit à la Banque du Commonwealth d'Australie, de financer l'État sans intérêt. C'est la volonté du ministre du trésor et leader du Country Party, Earle Page.
Il a le soutiens de ses électeurs qui sont pour la plupart des agriculteurs subissant une baisse des prix de leur produits d'exportationà cause de la dévaluation de la monnaie australienne depuis l'abandon de l'étalon or, durant la première guerre mondiale.
En mars 1925 le gouvernement australien décide de revenir à l'étalon or.
Puis, un emprunt de £ 230 millions est contracté à la City de Londres. C'est la fin d'un période de prospérité pour entrer dans celle du budget déficitaire, et de la dette publique en main étrangère.
Elle a pour mission de faciliter le payement des règlements des réparations de guerre imposées à l’Allemagne par le traité de Versailles après la 1ère guerre mondiale.
La BRI est ensuite devenue la banque des banques centrales. En anglais cette banque s’appelle: Bank for International Settlements (BIS) . Le mot Settlements a plusieurs sens, notamment celui de colonisation! Un indice sur son vrai rôle?
En pleine crise du monde capitaliste les communistes montrent qu'en 5 ans il est possible de passer de la 5ème place à la 2ème place des pays industrialisés et de tripler le nombre d'ouvriers. Mais avec tout de même une famine en 1932-33.
Sous l'impulsion de son burgmestre Michael Unterguggenberger, la commune autrichienne de Wörgl émet sa propre "monnaie".
Officiellement ce n'est pas une monnaie, mais des "certificats de travail" afin contourner la loi sur le monopole de la monnaie.
La mise en place de ce système s'inspire des théories de Silvio Gesell, notamment de la monnaie fondante(1% mensuel).
Il y a de la main d'oeuvre. Il y a du travail potentiel. La seule chose qui manque c'est la monnaie pour payer les personnes qui effectuent le travail. Donc il suffit de créer de la monnaie pour résoudre tous les problèmes.
Durant cette émission de "monnaie", à Wörgl, le chômage diminue de 25% alors que dans la même période, il augmente de 20% partout ailleurs en Autriche.
L'expérience s'arrête quand la banque centrale fait interdire cette monnaie.
1933
Le gouvernement chinois introduit une pièce en argent pour remplacer le scyee(细丝 = de la fine soie!!!), un lingot d'argent évalués en Tael – un mot malais qui signifie poids – en chinois simplifié 两 et se prononce liǎng en mandarin.
Ce type de lingot d'argent était utilisé couramment comme moyen de paiement depuis la dynastie Ming. Mais avec l'inconvénient de devoir le peser à chaque transaction.
1933-1939
Les Bons MEFO sont des obligations d'une entreprise fictive – Metallurgische Forschungsgesellschaft – mise en place en Allemagne par Hjalmar Schacht le président de la Reichsbank.
L'objectif est d'augmenter la masse monétaire allemande (~40%) sans augmenter la dette tout en contenant l'inflation.
Ces bons sont convertibles en reichsmark et garantis par l'État. L'Allemagne nazie a utilisé avec succès ce moyen pour atteindre le plein emploi et financer discrètement son réarmement.
Ce système permet de contourner le système de change international. L'émission de bons MEFO est proportionnelle à la quantité de biens produits ce qui jugule l'inflation.
1934
Création de la Banque WIR en Suisse. Inspiré par les théories de Silvio Gesell. Le "Franc WIR" est une monnaie utilisable dans un réseau de ~60 000 entreprises.
Le Franc WIR n'est pas convertible en Franc Suisse. Depuis 1948, le WIR n'est plus une monnaie fondante, et depuis 1952 le modèle de monnaie franche – aussi appelée "économie libre" – de Silvio Gesell a été abandonné, ouvrant la porte au crédit avec intérêt.
1934
Dépréciation de 40% du dollar US par rapport à l'once d'or par le président Roosevelt. On passe d'une once d'or (1 oz = 31.1 g) valant $20.67 à une once valant $35.
Pour info, en avril 2022, une once d'or vaut $1947.-
Juillet 1944
A la fin de la 2ème guerre mondiale, les vainqueurs en devenir dessinent les grandes ligne d'un nouveau système monétaire international. On parle du système de Bretton Woods .
Parmi les 730 personnes représentant les 44 nations alliées. Les principaux protagonistes de ces accords sont les Anglais menés par John Maynard Keynes et Harry Dexter White, représentant du Trésor des USA.
Keynes avait élaboré un plan basé sur une sorte de crédit mutuel international appelé le bancor qui sert de monnaie de réserve et d'échange entre les nations et leur devises respectives.
C'est finalement le projet des USA qui l'emporte marquant ainsi le passage du leadership mondial des anglais aux américains.
Le système de Bretton Woods se base sur le dollars US comme monnaie de réserve mondiale. Le dollars est convertible en or à la demande. Le taux fixe du moment est défini à 1 once d'or = 35$
Hyperinflation du pengő en Hongrie. C'est le cas d'hyperinflation le plus fort de l'histoire en termes de perte de la valeur de la monnaie. Le forint a été réintroduit au 1er août1946 en remplacement du pengő, au taux de 1 forint = 4×1029 (quatre-cents quadrillards) pengő. Le plus gros billet était de 100 000 000 000 000 000 000 (1020) pengő! (100 millions de mille milliards!!)
Création du Franc CFA. Colonie Française d'Afrique renommé en Communauté française d'Afrique puis en Communauté Financière d'Afrique ou Coopération Financière en Afrique.
Tous ces changements d'acronymes en disent long sur la vision changeante de la fonction de cette monnaie.
L'annonce est faite le 20 juin 1948 et les Allemands ont du 21 au 26 juin pour changer leurs Marks. Le taux est de 1:1 pour les 40 premiers reichsmarks, puis de 10:1 pour les suivants.
1958
Création de la carte de Crédit VISA sous le nom de BankAmericard. Les Californiens peuvent acheter à crédit très facilement. En 1977 le nom devient VISA pour s’internationaliser.
En mars 1964, les émissions de ce type de monnaie cessent.
1965
Le président français, le général Charles De Gaulle, n'est pas satisfait du privilège exorbitant des USA, selon la formule qu'il a empruntée à l'économiste Jacques Rueff. Ce privilège c'est celui d'avoir le dollars US – une monnaie nationale – comme monnaie de réserve mondiale. Ainsi de Gaulle mène une politique de conversion des dollars en main française pour de l'or physique.
Cette politique de conversion en or, suivie par d'autres pays, va gentiment pousser les USA à rompre les accords de Bretton Woods et ne plus assurer la conversion en or.
1966
La MasterCard est créée pour concurrencer la BankAmericard.
1967
Installation des premiers Guichets Automatiques Bancaires. Aussi connus sous le nom de Bancomat, Bancontact ou Gabier, à la Réunion. En anglais on parle de Automated Teller Machine, le terme d'ATM désigne donc une machine qui permet d'obtenir des billets de banques. Bien que des essais n'ayant pas eu de succès ont été réalisés à NewYork en 1961, le premier distributeur automatique de billet a été installé en juin 1967 à Londres.
Les premiers modèles permettent de retirer un nombre limité de fois, un montant assez faible en billet. Puis il faut se procurer une nouvelle carte.
Par exemple le premier Bancomat de Zürich permet d'obtenir 10 fois un montant de maximum CHF 200.-
La carte a puce n'a été inventée qu'en 1974. Puis les distributeurs de billets sont devenus des guichets automatiques complets permettant d'effectuer toutes les opérations bancaires.
Suite aux grèves générales de mai 68 en France. Les accords de Grenelle concluent à une augmentation de 35 % du SMIG à 600 francs par mois et de 10 % en moyenne des salaires.
8 août 1969
Le premier ministre français dévalue de 11,1% le franc.
On observe ainsi un mécanisme (conscient ou non?) de résolution de crise politique.
Augmentation de 10% des salaires et dévaluation de 11% de la monnaie. Donc réinitialisation du pouvoir d'achat tout en ayant cédé aux demandes.
1969
Création des DTS, les Droits de Tirage Spéciaux du FMI. Un instrument financier qui remplace l'or physique pour les transactions entre états membres du FMI.
Les DTS sont basés sur un panier de monnaie. Ce n'est pas le Bancor que Keynes avait imaginé, mais ça va dans ce sens, c'est une monnaie réserve de valeur entre pays.
Il faut bien payer la guerre du Viêt-nam par la planche à billets! Depuis les taux de changes entre les différentes devises internationales sont flottantes.
3 janvier 1973
Premier étape de l'interdiction pour l’État français de se financer avec sa propre monnaie. Il doit maintenant demander des crédits soumis à intérêt auprès des banques commerciales.
L'emprunt Giscard la même année, indexé sur l'or a été ruineux. C'est 6,5 milliards qui ont été emprunté à 15 ans et 90 milliards remboursé!
C'est le début pour la France d'une politique de budget déficitaire financée par un roulement de crédits bancaires.
Juin-juillet 1974
Malgré l'abandon de la convertibilité en or du dollar, la domination du dollar comme monnaie mondiale continue grâce aux accords que les USA font avec les pays producteurs de pétrole pour qu'ils vendent en dollar. C'est la naissance du pétrodollar.
C'est une enquête de Bloomberg en 2016 qui confirme qu'un accord secret entre les USA et l'Arabie Saoudite a été signé pour garantir la protection militaire de la famille Al-Saoud et son royaume en échange de la vente de pétrole uniquement en dollars et de l'investissement des bénéfices dans les bons du trésor des USA.
8 janvier 1976
Les accords de la Jamaïque mettent officiellement un terme aux accords de Bretton Woods. C'est la fin de la parité or du dollar et la légalisation des taux de changes flottants entre les devises.
1977
Le Foreign Corrupt Practice Act (FCPA), adopté en 1977. C'est une loi fédérale des USA qui vise à lutter contre la corruption dans les transactions internationales.
C'est une capacité que s'est donnée unilatéralement le gouvernement des USA pour étendre son droit hors des USA sur la base d'un lien parfois ténu.
Le lien est souvent le fait qu'une transaction financière s'est faite en dollar US. D'où le fait que j'en parle ici. La monnaie est aussi un outil d'expansion de son droit.
Je profite de l'occasion pour une info supplémentaire, avec le CLOUD act, l'extraterritorialité du droit des USA s'étend encore, notamment via l'usage de plateformes informatiques qui appartiennent à des sociétés basées aux USA.
Donc par exemple le simple envoi d'un e-mail en utilisant une boite @gmail.com permet au gouvernement des USA d'obtenir toutes les données et également d'appliquer son droit en extraterritorialité.
Depuis 2008, on voit une augmentation massive de l'utilisation de ce droit d'extraterritorialité. Ce droit est également de plus en plus critiqué pour ses dérives. Il n'est plus un outil de lutte contre la corruption, mais un outil de guerre économique.
En très bref, c'est se basant sur un soupçon de corruption de fonctionnaire en Indonésie, via une transaction en dollar, par cette entreprise française, que ce cadre a été arrêté. Il a été libéré la semaine où le gouvernement français a accepté la vente du département énergie d'Alstom à l'entreprise américaine General Electrique.
L'Iran est sous embargo des USA. Pour éviter de devoir payer des amandes les banques filtrent les paiements. Le filtre n'a pas l'air efficace, vu qu'il a même pas vu que le paiement restait en Suisse.
Ce qu'il faut retenir c'est que la monnaie est un moyen d'étendre son influence juridique.
1977
Mise en place du réseau informatique interbancaire SWIFT, une coopérative belge qui appartient à de nombreuses grosses banques dans le monde entier. SWIFT relie 10000 institutions bancaires et sociétés financières dans 205 pays.
1994
Dévaluation de 50 % du franc CFA par rapport au franc français et à toutes les monnaies, ce qui divise par deux le coût des matières premières africaines.
Chaque € mis en circulation dans toute la zone euro a sa contrepartie dans le bilan de la banque centrale qui l'a émis. Ceci avec une dette qui n'est pas jugée équivalente selon les pays!! Ça pose pas un soucis de déséquilibre structurel ça?
Création de Paypal pour faciliter les payements sur Internet.
2000
La Monnaie Locale Complémentaire "Banco Palmas" commence à circuler au Brésil dans un quartier pauvre proche de Fortaleza. Cette monnaie est un succès. Elle dynamise l'économie locale tout en ne touchant pas à la monnaie officielle sur laquelle elle est nantie. En effet, quand on crée une monnaie locale nantie, à partir d'un seul billet on en fait deux!
Dans le cas de la Banco Palmas, un fond est récolté en monnaie officielle pour réaliser la construction d'une école. Ce fond a été transformée en monnaie locale pour payer la construction.
Ce n’est que la formalisation de la pratique ancrée depuis beaucoup plus longtemps. C'est le conseiller fédéral Kaspar Viliger qui a fait formaliser cette loi.
Juste après son mandat au gouvernement Suisse, il a été nommé président du conseil d'administration de UBS, la plus grande banque du pays!
2004
Le groupe chinois Alibaba créer Alipay, le paypal chinois. Alipay propose aux vendeurs un QrCode pour faciliter le paiement par téléphone mobile.
2006
Google veut concurrencer PayPal avec Google Checkout. Ça ne prend pas. Le service deviendra Google Wallet en 2011.
2007
Lancement du système de paiement M-Pesa au Kenya et en Tanzanie. (M pour mobile et pesa, argent en swahili)
C'est le premier des systèmes officiels de paiement par téléphone mobile, également appelé mobile money. Ce genre de système de paiement est très largement répandu en Afrique. Alors qu'on estime à seulement 20% de la population qui détient un compte bancaire.
Avec l'arrivée de la téléphonie mobile à pré-paiement, c'est tout naturellement que les gens ont utilisé comme monnaie les crédits de téléphonie mobile.
Sur la base de cette observation par des ONG, la proposition a été faite à des opérateurs de téléphonie mobile d'officialiser la pratique et de la développer. C'est ainsi que Vodaphone a lancé M-Pesa.
D'une manière générale, sur le continent africain, le crédit est peu présent, les abonnements non plus. Tout se paie en pré-paiement, l'eau le gaz, l'électricité, etc..
Ou comment faire croire à des NINJA, des gens sans revenu, sans fortune, sans job qu'ils peuvent acheter une maison à crédit, et ne rien risquer car le marché immobilier est à la hausse.
- Je suis pas fou, j'ai pas les moyens d'acheter une maison... - Si, faut juste payer les intérêts régulièrement et la valeur de la maison augmente tellement que vous aurez de quoi payer le crédit en revendant la maison en cas de pépin...
Puis la FED relève les taux directeurs des intérêts bancaires. Certains sentent le vent tourner. Ils vendent leur maison et le marché immobilier passe à la baisse selon la loi de l'offre et la demande.
Le plan en cas de pépin ne marche que pour les premiers qui vendent. Pour les autres c'est la faillite. Des milliers de maisons sont à vendre, la spirale infernale s'enclenche.
Comme une dette est un avoir vu de l'autre côté. Des milliards se volatilisent quand on découvre que ce sont des NINJA qui doivent rembourser ces dettes.
Les agences de notation ont aussi joué leur rôle en utilisant des astuces pour mélanger et titrisé des crédits pourris en les faisants passer pour plus sains qu'ils le ne sont vraiment.
Tous ces crédits pourris titrisés, des subprimes, ne valent plus rien.
La crise des subprimes se propage dans la sphère financière entière. Notamment à cause d'outils d'assurance comme les CDS le credit default swap ou couverture de défaillance, un outil inventé par Blythe Masters.
Cette contagion de la crise des subprimes en crise globale financière et bancaire entraine de nombreuses faillites bancaires. C'est le cas de Lehman Brothers qui n'est pas sauvé.
Il semble qu'une opération du même style a été effectuée par la banque Barclays.
17 septembre 2008
Deux jours après la chute de la banque d'affaires Lehman Brothers, Enric Duran – surnommé le Robin des banques – annonce publiquement avoir escroqué 39 banques pour une montant de 492 000 euros dans le but de dénoncer le système capitaliste qualifié de prédateur.
Entre 2007 et 2008, cet espagnol a demandé à 39 banques des petits crédits. J'aimerais rénover ma cuisine. J'ai besoin d'une moto. Je démarre une nouvelle entreprise.
Puis il a annoncé qu'il ne rembourserai pas ces crédits. Il les a investis pour financer des associations et mouvements sociaux anticapitalistes et alternatifs. De nombreux mouvements, médias et initiatives émergent les années suivantes grâce à ce financement. Comme par exemple le journal Crisila coopérative Intégrale Catalane, la banque des communs, la cryptomonnaie fairCoin. (en 2014)
Une blockchain est une base de données qui continent toutes les transactions effectuées. Elle est structurée sous forme de blocs qui sont chainés sans qu'on puisse modifier le passé.
Les nouvelles transaction sont ajoutées à la blockchain par des noeuds du réseau. Leur travail est de valider la cohérence des transactions conformément au protocole défini.
Ce travail est rémunéré par la création de nouveaux bitcoins. On parle de mining, en référence au travail des mineurs qui vont chercher de l'or pour faire de nouvelles pièces de monnaies.
C'est le premier nœud qui fourni une preuve de travail qui emporte la rémunération et peut ajouter son bloc à la suite de la chaine.
La preuve de travail est un hash - une chaine de caractère issue d'une fonction mathématique à sens unique - qui commence par un certain nombre de 0, ce qui demande potentiellement ~200 milliards d'essais pour arriver à un hash qui correspond aux critères requis. Donc la création d'un hash valide est une dépense de beaucoup d'énergie.
La sécurité de la blockchain tient de par le fait que celui qui veut tricher et imposer sa propre version de la blockchain doit dépenser exponentiellement plus d'énergie qu'il en a déjà été dépensé pour créer les données. Donc ce n'est pas rentable de tricher. C'est ce lien de preuve par le travail qui lie la sécurité du bitcoin à la monnaie de l'univers: l'énergie.
Il faut tout de même s'assurer qu'un seul acteur ne détienne pas la majorité de la puissance de calcul. (51%)
Il y a, environ 18 000 nœuds en fonction en 2024 (15000 en 2022, 8000 en 2019). Chacun détient une copie de la blockchain. N'importe qui peut créer un nouveau nœud. Il lui suffit de faire tourner un nœud qui respecte le protocole commun.
Il n'y a pas de fondateur avec des privilèges supérieurs. Le fondateur mythique du bitcoin est Satochi Nakamoto. C'est un pseudonyme et l'identité de cet auteur ou de l'équipe d'auteur n'a jamais été dévoilée.
2009
Mouammar Kadhafi, le dirigeant Libyen, est élu à la présidence de l'Union Africaine. Il profite de cette année présidentielle pour faire avancer son projet de Dinar-Or, une monnaie panafricaine, comme alternative au franc CFA. De plus, le dinar or est proposé comme alternative au dollar pour la vente de pétrole.
Ces derniers, ont été renversés en 2011 dans le contexte des printemps arabes, tout comme Kadhafi.
Mais en ce qui concerne Kadhafi l'histoire est plus complexe. Wikileaks a publié les e-mails des serveurs illégaux de Hillary Clinton.
Dans un e-mail daté du 2 avril 2011, on découvre que Sid Blumenthal un collaborateur d'Hillary Clinton, lui indique que Kadhafi a fait déplacer 143 tonnes d'or et une quantité similaire d'argent, vers la frontière avec le Niger et le Tchad.
Ce trésor évalué à 7 milliards de dollars est destiné à garantir le dinar-or.
Galuel publie la Théorie Relative de la Monnaie qui vise à faire un étalon de mesure de valeur invariable dans le temps et l’espace. Les libertés de base d'une monnaie libre sont posés.
Le système monétaire dominant est flou. Son fonctionnement n'est clairement documenté. La majorité de la monnaie étant issue du crédit bancaire, ce système favorise les gens qui sont proches des banques – géographiquement et socialement –. De plus le crédit permet d'avoir tout de suite de la nouvelle monnaie qui sera payée plus tard. Donc ce système favorise les premiers entrants.
Une monnaie libre doit mettre ses utilisateurs sur un pied d'égalité. Ainsi la solution proposée par Galuel et de donner périodiquement un Dividende Universel. Ce qui a pour effet d'assure l'égalité spatio-temporelle face à l'unité de mesure qu'est la monnaie.
La théorie est mise en pratique en 2017, lors de la création de la monnaie Ğ1.
Vers 2010
Le Système Monétaire Equilibré vise à montrer les différents paramètres qui sont présents dans tous les systèmes économiques et monétaires. Ceci afin de comprendre les référentiels en jeu et ses conséquences.
Un transfert économique est défini par les paramètres suivants:
qui exporte (fournit)
qui importe (reçoit)
ce qui est transféré
libellé, données complémentaires de description
la valeur (juste un nombre... pas le jugement)
le référentiel dans lequel est exprimé la valeur. (Origine, sens et échelle)
L'observation des paramètres sous des points de vue différents nous montrent par exemple que les banquiers empochent un intérêt sur les crédits qui n’est d’autre que l’équivalent d’un revenu de base inconditionnel dans un autre référentiel.
La connaissance de ces paramètres fondamentaux permet d'imaginer des nouvelles formes de systèmes économiques et monnaies.
C'set l'exercice que j'ai fait avecle Kong, une monnaie de singe 🐒. C'est une forme de crédit mutuel fondant, qui offre un crédit à l'entrée du système et garanti une forme de revenu de base.
Cette déconnexion est de la volonté de la Banque d'Italie. Le motif est encore flou. Certains parlent d'absence d'autorisation d'utilisation de terminaux de paiement fourni par une banque allemande, d'autres de soupçon de blanchiment d'argent par la banque du Vatican ou encore de récupérer l'or du Vatican.
Création d'Ethereum, un nouveau type de crypto-monnaie. Le protocole permet la création et l'enregistrement dans une blockchain de contrats intelligents.
Là où le bitcoin est juste une monnaie. Ethereum est une monnaie l'ether, ainsi qu'une plateforme de développement de contrats de tout types. Donc d'autres types de monnaies, mais aussi de services variés (DAO, NFT, etc..)
Le fait d'avoir inclus un langage de programmation Turing-Complet, permet de tout faire. Mais ouvre aussi la porte à des failles de sécurité dans le code.
En juillet 2016, c'est ainsi que le fond d'investissement TheDao a été piraté. Une nouvelle version de la blockchain a été adoptée pour "effacer" le piratage.
Cependant tous les noeuds n'ont pas accepté cette prise de pouvoir centralisée. La confiance a été ébranlée pour certains et deux versions de la blockchain cohabitent (Hard fork).
C'est le prix à payer pour l'énorme potentiel de possibilités offert par Ethereum qui révolutionne le domaine des cryptomonnaies.
Après plusieurs années d'opposition des USA, la Chine arrive a placer sa monnaie, le renminbi dans le panier des DTS, les Droits de Tirage Spéciaux du FMI ($,€,¥ ,¥,£).
C'est une sorte de monnaie de compensation qui existe entre les pays.
2017
Le 8 mars, lancement de la Ğ, une monnaie libre qui implémente la Théorie Relative de la Monnaie.
2018
Plusieurs banques centrales expérimentent les prémices des Monnaies Numériques de Banques Centrales.
Ce sont les projets Stella de la Banque du Japon et BCE, Jasper de la Banque du Canada, Blockbaster de la Banque fédérale d'Allemagne et bourse allemande, de Ubin de l'Autorité monétaire de Singapour, ainsi que le projet Inthanon de la Banque de Thaïlande réalisé en 2019.
Ces projets ont pour but de tester différentes manières de concevoir un système monétaire interbancaire, sur la base de jetons échangés sur des registres distribués (DLT) ou sur Blockchain.
«Ils ont dollarisé nos prix ; je pétroliserai les salaires et les prix», affirme Nicolas Maduro le président vénézuelien. «Nous allons convertir le petro en une référence pour fixer tous les mouvements de l'économie».
2018
Création du Lightning Network afin d'accélérer les transactions sur le réseau Bitcoin.
Le protocole du bitcoin a des limitations en nombre de transactions par seconde. Le nombre de transactions par bloc est limité, et la validation d'un bloc prend une dizaine de minutes quand tout va bien. Mais il n'est pas rare d'avoir besoin d'une heure pour valider une transaction.
De plus il est possible de payer des frais de transaction pour se positionner en bonne place dans la liste d'attente. Ces frais peuvent être très variables. En 2021, on a une moyenne de frais de transaction qui passent de 50$ à 2,5$.
Ces limitations empêchent l'utilisation du Bitcoin comme moyen de paiement au quotidien. Personne ne va payer un café en bitcoin s’il faut 1h d'attente pour valider le paiement et que le surcoût est de 50$ !
Le Lightning Network est une surcouche qui contourne la blockchain et ses limitations tout en s'y ancrant.
Par analogie, je compare le Lightning Network au système de lettres de change des templiers qui est une surcouche au système de pièces de monnaie en or.
Avec le Lightning Network, il devient possible d'acheter tous les jours un café ☕️ en bitcoin. (et ce n’est pas pour rien que je prends l'exemple du café, comme on le verra plus loin.)
Ainsi le Bitcoin a le potentiel de devenir un vrai moyen de paiement en quotidien.
2019
Facebook associé à un groupe de 28 acteurs (Visa, Mastercard, paypal, stripe, etc...) actifs dans les cryptomonnaie, les cartes de crédit et les télécom, annonce Libra, une cryptomonnaie gérée par cette association.
Cette monnaie est basée sur un panier de plusieurs devises afin d’assurer sa stabilité.
On sent que le vent change. Après les acteurs industriels et leur banques commerciales par le crédit bancaire. Voici l’ère des gros acteurs de l’internet et leur cryptomonnaie….
La capitalisation boursière des GAFAM a dépassé celles des industries. Nous sommes à l'ère de l'information. Il est normal que les gens de pouvoirs tentent d'imposer leur système monétaire.
Depuis les seigneurs de guerre inventeurs de la monnaie métallique, les marchands d'armes créateurs de banque centrales, et les industriels créateurs de banque commerciales, les dominants ont toujours également dominé la monnaie (en association avec les puissants du système précédents... sinon...).
Facebook est puissant, mais pas encore assez. En 2020 Facebook est contraint par la FINMA de revoir son idée de cryptomonnaie globale basé sur un panier de devise. Il faut segmenter le projet en plusieurs cryptomonnaies parallèles adossées à des devises plus "locales", $, €...
C'est le début de la fin de ce projet... On y reviendra.
Pavel Durov le fondateur de la messagerie Telegram annonce la fin du projet TON, Telegram Open Network, une plateforme d'applications décentralisée basée sur une technologie blockchain. Ainsi que de la cryptomonnaie Gram qui y était associé.
Pavel Durov a réussi à se mettre à dos le gouvernement russe pour n'avoir pas voulu donner les clés du réseau social VK qu'il a conçu. Il a été viré de sa propre entreprise. Avec le dédommagement qu'il a reçu, il a créé et financé l'application de messagerie Telegram basée à Berlin. Mais là Pavel Durov se met à dos le gouvernement des USA avec cette histoire de monnaie intégrée à Telegram.
Personnellement j'aurai tendance à avoir confiance dans un gars qui a réussi à se mettre à dos le gouvernement des USA et celui de Russie ! (avec un bon dans le futur, en 2021 Pavel Durov reçoit la nationalité française pour service rendu et en 2024 se fait arrêter en France et accuser de d'être responsable de terrorisme et pédophilie a cause du contenu qui transite sur Telegram. Il se voit contraint de collaborer un peu plus avec les autorités pour censurer la plateforme. Cette arrestation sent la censure politique, même si le président français s'en défend !)
Donc avec cet exemple et celui de Libra ,la monnaie de facebook, on voit que le lobby des banques est toujours assez puissant pour empêcher l'émergence d'une monnaie intégrée dans une app de messageries populaire.
Le ministre des finance français et le gouverneur de la Banque de France ne participerons plus aux réunions de la BCEAO. Le plan initial prévoit de changer le nom du CFA pour "eco". Mais rien n'est fait.
Nouvelle étape pour le Yuan numérique. La banque agricole de Chine a mis en place des distributeurs de Yuan numériques qui permettent de faire des retraits et des dépôts. La banque centrale a ainsi distribué 20 millions de yuan numériques par ce canal. Ils peuvent se dépenser dans 11 000 commerces à Shenzhen.
Mai2021
L'association Diem – anciennement Libra, la crypto de facebook – quitte Genève pour la Californie. Et retire sa demande de licence de système de paiement à l'autorité de surveillance des banques en Suisse (FINMA).
Cette décision est justifiée par un partenariat avec la banque Californienne Silvergate.
Donc après un lancement en fanfare, en 2 ans le projet a perdus ses partenaires – les principaux organismes de paiement, visa, mastercard, paypal, stripe – son nom de libra à Diem, quitte la place financière centrale de suisse pour devenir un fond de spéculation californien comme tant d'autres cryptomonnaies.
Le pouvoir des banques semble encore résister au pouvoir des géants de l'information.
Été 2021
La Banque de France, la Banque nationale Suisse et la Banque des règlements internationaux, effectuent l'expérience ProjetJura, pour expérimenter une MNBC, une Monnaie Numérique de Banque Centrale. Il s'agit de la technique blockchain adapté au réseau interbancaire.
Donc les banques centrales adoptent les techniques de registres distribués entre elles.
7 septembre 2021
Le Bitcoin devient un devient une monnaie ayant cours légal, au Salvador. Voici le tweet du président Salvadorien Nayib Bukele. Le cours légal fait que le bitcoin doit obligatoirement être accepté si un personne désire rembourser une dette avec ce moyen de paiement.
Le jour de l'acceptation du cours légal. Le cours du bitcoin a chuté et perdu ~10% de sa valeur, ce qui a amené de l'eau au moulin des opposants, mais quelques semaines plus tard, le bitcoin a atteint son plus haut cours historique, le 20 octobre en passant les 66 666 $, avant de chuter à nouveau.
La suite de l'histoire nous montrera comment tout ça évolue.
6 Janvier 2022
Le géant de l'information chinois, Tencent annonce que la Monnaie Numérique de Banque Centrale chinoise est disponible sur l'application de messagerie WeChat. Il suffit de s'identifier via l'app e-CNY de la banque du peuple chinoise.
Cette implémentation vise à faire la promotion du Yuan numérique durant les Jeux Olympiques qui s'ouvrent 3 semaines plus tard.
Ainsi plus d'un milliard de chinois ont déjà accès à une Monnaie Numérique de Banque centrale dans une simple application de messagerie. Pendant ce temps les banques centrales européennes réalisent des tests de MNBC et les banques occidentales ont torpillé les projets des GAFAM de créer des moyens de paiement dans les applications de messageries.
Janvier 2022
Dans le cadre du projetHelvetia, la Banque Nationale Suisse expérimente encore une fois la Monnaie Numérique de Banque Centrale. Cette fois conjointement avec des grandes banques internationales et des transactions en Asie. Les banques centrales sont mûres pour l'adoption de registres distribués.
Techniquement les banques centrales s'orientent sur la solution nommée Corda. C'est un gestionnaire de registres distribués (DLT) – une généralisation du concept de Blockchain – développé par l'entreprise R3.
R3 a été créé en 2014, puis supporté par un consortium de banques, telles que Barclays, Société Générale ou Deutsche Bank.
Il existe une autre variante, basée sur la création d'une MNBC de gros. Un nouveau type de monnaie banque centrale. Mais cette version pose des problèmes d'arbitrage a postériori.
Les testes continuent pour évaluer les conséquences de l'utilisation de ces solutions.
Rétrospectivement, au vue du calendrier, on peut se poser la question si ce changement d'avis n'est pas lié à l'anticipation des effets des sanctions contre la Russie, suite à son offensive militaires contre l'Ukraine débutée le 24 février.
Les cryptomonnaies sont un excellent moyen de contourner le système bancaires international. A méditer.
Dans les sanctions il y a un gel de 300 milliards d'euro et dollars. La Russie ne livrant pas son gaz gratuitement, elle s'assure d'avoir le paiement dans une monnaie qu'elle maitrise. Après le pétrodollar, on voit donc émerger le gazorouble. Pour comprendre le poids de la décision, 40% du gaz consommé en Europe vient de Russie.
Cette stratégie semble avoir fonctionné. Les sanctions avaient fait chuter le pouvoir d'achat du rouble de 20% et l'obligation de payer le gaz en rouble a fait remonter le cours d'autant.
Entre le 9 et le 11 novembre 2022, le cours du Bitcoin s'effondre de 20k$ à 15k$. C'est le reflet et l'amplification de la faillite de la place de marché de cryptomonnaies, FTX.
Mars 2023
La faillite du groupe FTX, provoque en cascade la liquidation de la Silvergate Bank le 8 mars 2023. Cette banque avait beaucoup de clients actifs dans le même domaine de la cryptomonnaie.
Le même jour, la Silicon Valley Bank, annonce une recapitalisation et une ouverture de lignes de crédit pour palier a des difficultés. Mauvaise date, le contexte est tel, que plusieurs cadres de fond de capital risque conseillent de quitter SVB. (Par exemple Peter Thiel le co-fondateur de Paypal et son Founders Fund )
La Silicon Valley Bank subit une panique bancaire. Elle doit sortir 42 $ milliards dans la journée du 9 mars. Le 10 mars les autorités ferment la banque en provoquant un vent de panique sur wall street.
I am not a fan of Bitcoin and other Cryptocurrencies, which are not money, and whose value is highly volatile and based on thin air. Unregulated Crypto Assets can facilitate unlawful behavior, including drug trade and other illegal activity....
Cette loi donne un cadre légal à l'utilisation grandissante du Bitcoin, surtout comme moyen de paiement international depuis que la Russie est sous sanctions suite à la guerre en Ukraine.
Dans cette partie, on va revoir la chronologie factuelle vue dans la première partie, mais sous l'angle d'une suite logique de dynamiques qui vont engendrer un système, puis un autre, etc...
On entre donc dans le domaine de l'interprétation au travers du filtre de ma vision du monde.
Préalablement, nous avons besoin de développer ce qu'est un humain.
Le propre de l'humain c'est de (se) raconter des histoires
Les oiseaux volent, les poissons nagent, les humains (se) racontent des histoires….
Il y a 2,5 millions d'années. Les premiers spécimens du genre Homo apparaissent.
Ils ont deux tendances évolutives opposées. Un cerveau qui a une taille en augmentation. Et, une posture qui se redresse tout en réduisant la largeur du bassin.
Donc il se pose un problème, les enfants qui ont la tête toujours plus grosse ne peuvent plus sortir du ventre de leur mère!
Pour résoudre ce problème, l'humain a tendance à naitre prématuré en comparaison avec d'autres espèces.
Il ne sait rien faire à la naissance, il ne tient pas sur ses pieds. Il est totalement dépendant.
Ainsi le nouveau né humain requiert beaucoup d'attention de la part de ses parents. Ces derniers doivent également être soutenu pour avoir le temps de se consacrer à leur nouveau né. C'est probablement la raison qui fait de l'humain un animal social beaucoup plus que chez d'autres espèces.
Vers - 300 000 l'espèce Sapiens du genre homo émerge. Plusieurs espèces d'humains cohabiterons jusqu'il y a environ 30 000 ans, où l'homo sapiens reste le seul représentant du genre homo. Il semble qu'il a une particularité qui a fait disparaitre les autres espèces.
Quel est le propre de l'homo sapiens?
"Les oiseaux volent, les poissons nagent, les humains (se) racontent des histoires…."
Ce qui distingue nettement l'homo sapiens des autres espèces du genre homo, hormis sa capacité à détruire son environnement et à s'adapter à de nouvelles conditions, c'est son langage abstrait.
Le langage apparait comme fonction pour collaborer dans une groupe. La collaboration permet d'aller au delà des capacités d'un seul individu.
Le gène FOXP2 est le gène qu'on soupçonne être celui du langage. L'homo sapiens n'a pas le monopole du langage, de nombreux autres animaux ont des langages, notamment les baleines, les chauves-souris, et beaucoup d'oiseaux.
Le commérage apparait très vite dans le langage, car il permet de créer une communauté de confiance en identifiant les tricheurs et les abuseurs.
L'anthropologue Robin Dunbar a défini le "nombre de Dunbar" à 148. Il s'agit du nombre de relations de confiance que peut gérer un cerveau humain. C'est donc ce facteur qui limite la taille des communautés naturelles.
– Si t'as plus que 150 amis sur facebook, c'est que ce ne sont pas des amis!
De nombreux animaux ont un langage et sont capables de collaborer. Cependant l'homo sapiens est allé beaucoup plus loin que tous les autres.
C'est le langage abstrait qui est la particularité de l'homo sapiens. La capacité de décrire ce qui n'est pas visible, des concepts. On s'éloigne de la description fonctionnelle.
L'homo sapiens grâce a son langage abstrait est capable de décrire une réalité imaginaire qui lui est propre: la culture.
Ainsi l'homo sapiens n'est pas obligé d'adapter son corps et sa génétique à une tâche, mais il peut juste adapter ses croyances et ses connaissances pour être capable de s'adapter à un nouveau milieu.
Le propre de l'homo sapiens est l'adaptation, et cette adaptation "logicielle" et non matérielle se fait a une vitesse inégalée au cours de l'histoire du vivant.
On peut utiliser la métaphore de l'ordinateur.
En électronique, il y a plein d'appareils qui sont spécialisés, une calculatrice calcule, une télévision diffuse des émissions de TV, un réveille sonne à une heure précise, un téléphone nous permet de parler à distance, etc...
Chaque appareil à sa conception matérielle propre. Il n'est pas capable de faire autre chose que ce pour quoi il a été conçu.
Un ordinateur est une machine universelle. Un ordinateur n'est pas spécialisé. Il a un matériel générique, et c'est le programme qu'on va lui donner à exécuter qui va lui permettre d'agir.
La création d'un nouveau logiciel est beaucoup plus facile et rapide que la création d'un nouveau matériel.
C'est cette évolution logicielle ultra rapide qui explique que l'humain supplante les autres espèces et détruit son environnement. En effet, l'environnement, n'a pas le temps de s'adapter – via la génétique – pour tendre vers un nouvel équilibre avant de se faire détruire.
Cette faculté d'abstraction par le langage permet de créer des mythes fondateurs, des cultures, des égrégores. Les contes racontés autour du feu qui deviennent au fil du temps du théâtre, de la littérature, des romans, des films, de jeux vidéos, des métavers…
Tous ces médias se complexifient, mais ne sont rien d'autre, encore et toujours, que de la transmission de valeurs communes, d'une vision du monde commune, d'un référentiel de pensée commun. Et donc d'une manière de pouvoir simplifier la complexité du monde et se faire confiance plus facilement.
C'est un mode d'emploi de comment se comporter dans telle ou telle situation. C'est une explication du monde. Un sens donné aux événements. C'est une hypnose collective qui donne une réalité tangible à des concepts imaginaires.
Par exemple, la notion de pays et la personne morale d'une entreprise, n'a pas de réalité tangible. Ce sont des concepts imaginaires qui servent de support à l'organisation sociale.
C'est une base importante à assimiler pour comprendre en quoi la monnaie n'est qu'un concept imaginaire, une croyance qui sert de liant social.
La notion de bien et de mal est une notion culturelle relative.
Cette faculté de programmer des croyances et de se rassembler autour d'une réalité commune artificielle – une réalité virtuelle – permet à l'homo sapiens de collaborer avec ses semblables à une échelle beaucoup plus large que l'échelle "naturelle", l'échelle du nombre de Dunbar.
Ainsi en partant de la petite tribu qui ne dispose que du commérage pour mettre à jour sa toile de confiance, l'homo sapiens, a réussi a étendre la collaboration a plusieurs milliards d'individus répartis sur toute la planète.
C'est ainsi que nous avons collectivement pu concevoir des smartphones nous permettant de faire du commérage à une échelle planétaire!
Pour comprendre l'évolution de la vision du monde des humains, j'aime bien le modèle de la spirale dynamique. On connait actuellement huit étapes, et chaque étape permet d'ancrer des valeurs et des croyances qui conditionnent nos actes. C'est un peu le logiciel sous-jacent à une culture.
Dans le domaines de la monnaie, on peut observer pour chacune des étapes de la spirale, un fonctionnement propre à ses valeurs pour la rémunération.
Par exemple on a dans l'ordre, le partage par les ancêtres, le partage du butin par un chef de gang selon ses affinités personnelles, puis les règles de classes sociales, comme les classes de salaires des administrations, puis le salaire au mérite suivant les objectifs atteints, ou encore la rémunération à égalité, tous pareil peut importe la fonction ou le travail effectué, puis des solutions hybrides qui reposent sur un socle comme un Revenu de Base Inconditionnel.
La créativité humaine est sans limite pour inventer des règles de vies en communauté.
Du coup, dès que des humains apparaissent avec des besoins et des envies au milieu d'un environnement composé de ressources. Il est normal qu'un système de décision et d'organisation émerge. J'appelle ceci un "système économique", les règles de la maison(née).
Nous allons étudier quelques systèmes économiques et leur conséquences.
Don dans une communauté de confiance
La seule chose qu'on ne peut pas t'enlever c'est ce que tu as donné.
Selon les anthropologues, mais aussi selon l'expérience quotidienne en famille et avec des amis proches, et selon mes propres expériences lors de partie de Jeu de la monnaie, le système économique naturel chez les humains semble bien être le don dans une communauté de confiance.
Pour bien savoir de quoi on parle. Il nous faut expliciter la définition de certains mots.
Qu'est-ce qu'un don ? Qu'est-ce qu'une communauté de confiance ?
Délai de retour à l'équilibre
Dans la première partie nous avons déjà parlé du don. En résumé, le don est un transfert économique qui s'inscrit du côté confiance sur l'axe peur-confiance. Le délai de retour à l'équilibre du don est très long voir infini.
Pour illustrer, l'idéal du don, est le soleil qui donne son rayonnement de façon inconditionnelle, ce qui permet toute vie sur Terre. A ma connaissance il n'attend pas de retour.
A l'opposé de l'axe peur-confiance, il y a le troc. Le troc est un transfert économique qui se pratique quand il n'y a aucune confiance entre les protagonistes. La peur de se faire abuser et arnaquer habite les deux parties, on pratique alors un échange avec délai de retour immédiat.
Pour imager la tension palpable de ce genre de situation, on peut imaginer la scène dans un bon film de mafia, avec un échange entre un otage et une mallette pleine de drogue. Chaque camp aligne les armes de chaque côté, l'échange progresse centimètre par centimètre. Si par malheur quelqu'un éternue, c'est le carnage assuré !
Depuis Adam Smith, la plupart des livres d'économie enseignent que le troc est le système économique premier, mais ça reste une fable.
Le troc ne peut pas faire système. Il est trop contraignant. Il ne se limite qu'à des échanges entre ennemis ou étrangers qui ne se reverrons jamais.
Imaginons deux voisins. Un cultive des fraises et l'autre a un poirier dans son jardin. Que se-passe-t-il pour faire du troc entre eux? Fraise contre poire ou poire contre fraise 🍐🍓.
Si tu n'es pas trop hors sol et déconnecté des réalités de la nature, tu sauras que les fraises sont mûres vers juin-juillet et les poires plutôt en automne, vers septembre octobre. Donc pour réaliser un troc, un échange entre deux parties dans l'immédiat, on a un soucis. Il y aura soit des poires pas mûres, soit des fraises pourries...
Le troc ne permet pas d'assurer aux deux voisins de bénéficier chacun de façon optimale de la production de l'autre.
Alors qu'il existe un système beaucoup plus simple et naturel. Le don dans une communauté de confiance.
Quand les fraises sont mûres, le voisin qui croule sous les fraises en donne à son voisin. Trois mois plus tard, l'autre voisin croule sous les poires mûres et en donne à son voisin. La boucle est bouclée.
Mission accomplie, c'est l'abondance dans tout le voisinage.
On voit ici que le délai de retour s'est étalé sur 3 mois. Ce qui nécessite une confiance entre les voisins. Comme ils sont voisins, c'est justement un facteur qui facilite la création d'une communauté de confiance entre eux.
La famille comme ciment de la communauté
L'origine de la communauté humaine est généralement la famille.
Dans notre imaginaire actuel, la famille c'est un couple et ses enfants. Mais attention selon les lieux et les époques, cette vision de la famille est très différente. Par exemple la famille romaine antique, dirigée par le pater familias (père de famille), inclus aussi les esclaves au sein de la famille.
Biologiquement, c'est bien le couple qui crée la famille vu que la reproduction des homo sapiens se fait de façon sexuée. Mais ensuite, il y a des pratiques sociales diverses qui vont entourer le couple.
L'anthropologue Emmanuel Todd, a étudié les systèmes familiaux du monde entier. Il montre qu'il y a des systèmes très différents et qu'ils ont une influence sur l'émergence d'un système économique dans une région.
On a la famille nucléaire absolueà l'anglaise, composée d'un couple et de ses enfants. Les enfants ne restent pas longtemps sous le même toit. On le voit avec la tradition des écoles en internat.
Puis, il y a la famille communautaireà la russe dans laquelle il y a plusieurs générations qui vivent sous le même toit. Quand un fils se marie, il habite toujours chez ses parents, mais avec son épouse – et ses enfants – en plus.
On peut voir une corrélation entre les systèmes familiaux et les préférences de systèmes économiques.
Un système communiste ne peut jamais prendre chez les anglais. La communauté familiale est très petite et indifférente à l'égalité.
Alors que dans certains pays, les systèmes familiaux, incluent une population très vaste, sur plusieurs générations. On passe alors à un système de type clanique. Il y a plein de cousins et petits cousins qui font partie de la même communauté de confiance.
Le communisme a un terreau plus favorable avec ce type d'arrière plan.
Il y a quelques années, j'ai fait un voyage à vélo entre la France et l'Angleterre. C'est toujours intéressant d'observer les petits détails qui montrent la philosophie de vie des habitants.
J'ai observé qu'en France c'est l'état ou du moins une communauté locale publique qui pose les bancs publics. Il y a donc un style de banc uniforme pour aller se prélasser et lire un livre.
En Angleterre, pas de bancs publics. Mais plein de bancs quand même. Les anglais aiment aussi s'asseoir. Mais de ce côté là de la Manche c'est sur des initiatives privées que les bancs se posent. Il y a même souvent le nom du sponsor qui est gravé. En souvenir de ....
J'anime régulièrement des parties du Jeu de la monnaie. C'est pour moi un excellent terrain d'observation. J'observe que si il y a des personnes de la même famille, un couple ou des parents-enfants qui jouent ensemble, ce sont généralement eux qui pratiquent le don dans une communauté de confiance avant les autres joueurs.
Beaucoup de gens sont conditionnés à penser que si ils reçoivent une ressources, ils doivent obligatoirement en donner une en retour. Le don ne démarre pas.
En revanche dès qu'il y a une famille. Elle va fonctionner en interne dans le don, et hop très souvent cet exemple est contagieux et tout le monde se met au don.
L'influence d'une famille et son mode de fonctionnement influence bel et bien les systèmes économiques.
Mes expériences rejoignent la théorie d'Emmanuel Todd.
L'ocytocine, fondement biologique de la communauté
On peut se questionner sur le rôle de l'ocytocine, dans la création d'une communauté de confiance. La confiance ne serait pas qu'un facteur social, mais aurait une origine biologique.
L'ocytocine est une hormone impliquée dans la sexualité, de l'orgasme à l'acouchement, puis à l'allaitement et l'attachement de la mère à son enfant.
L'ocytocine a une nom qui veut dire accouchement rapide. Donc c'est une hormone nécessaire aux contractions de l'utérus.
Une version artificielle est également souvent administrée aux femmes qui accouchent pour favoriser l'éjection du placenta et éviter un mauvais décollement qui peut provoquer une hémorragie.
Cette hormone est parfois nomméhormone de l'attachement, car elle pousse la mère à s'attacher à son enfant et ainsi s'en occuper.
L'ocytocine a un effet sur le comportement humain. Elle va aider à protéger sa communauté.
L'ocytocine provoque à l'intérieur de la communauté une comportement d'amour, d'empathie de générosité et de confiance.
Mais à l'extérieur de la communauté, si un individu présente des signes d'hostilité à la communauté, l'ocytocine induit un comportement agressif de défense.
Attention au moment de signer un contrat il y a peut être un diffuseur d'ocytocine dans la pièce ?
Théorie des jeux
La théorie des jeux est une branche des mathématiques qui s'intéresse aux interactions stratégiques entre des agents.
Il est courant en théorie des jeux de créer une simulation informatique qui va faire jouer un grand nombres d'acteurs. On fourni un cadre et des stratégies possibles pour les joueurs. On fait tourner et on regarde ce qui émerge.
On cherche notamment les équilibres de Nash, sorte de solution optimale possible à la situation donnée. Un équilibre de Nash est une situation dans laquelle aucun joueur n'aurait pu faire mieux. Aucun ne regrette son choix.
En 2003, Robert Axelrod et Ross A. Hammond ont montré que dans un système collaboratif la meilleure stratégie est l'ethnocentrisme.
Pour "sauver" la collaboration, un groupe va privilégier celle-ci uniquement dans sa communauté et pas à l'extérieur.
Un sytème économique est un système collaboratif à grande échelle.
Pour créer une grande commaunauté efficace, la meilleures stratégie est de partager avec ses semblables, avec ceux qui partagent aussi avec nous. Il faut créer un bien commun qui n'est accessible qu'en y contribuant.
En informatique, c'est exactement cette stratégie virale qu'a utilisé Richard Stallman pour la création de la licence GPL qui protège le logiciel libre.
Tu as accès à tout le code qui est déjà écrit pour autant que tu donne aussi le tiens !
C'est ainsi que le logiciel libre s'est développé massivement. Il n'y a plus besoin pour un développeur de logiciel de réinventer la roue. Il bénéficie des contributions du passé.
On pourrait aussi faire du logiciel libre en donnant à chaque fois son code dans le domaine public. Mais dans ce cas là, on observe un pillage de ce bien communqu'est cette réserve de code source de logiciels. Il y a des gens qui ne contribuent pas au pot commun et qui se servent. C'est un abus.
Mais grâce à la licence GPL, il y a une obligation légale de partager l'intégralité du code source créé sur la base d'un code pris dans le pot commun. On évite le pillage. On protège sa communauté.
Ce principe d'ethnocentrisme appliqué au logiciel informatique a permis par exemple à un petit acteur comme GNU-Linux de s'imposer comme le système d'exploitation le plus utilisé au monde. Surtout depuis que l'Inde a été inondée de smartphones tournant sur android, une sur-couche de linux.
Cette simulation de stratégie de collaboration est basée sur un des classiques de la théorie des jeux: le dilemme du prisonnier.
C'est une situation ou deux complices d'un crime sont arrêtés. Ils sont mis en prison dans des cellules séparées et ne peuvent communiquer.
On leur propose les choix suivants:
trahir: dénoncer son complice et être remis en liberté. Le complice en prend pour 10 ans de prison.
coopérer: se taire, ne pas dénoncer l'autre et faute d'éléments au dossier, la peine sera uniquement de 6 mois.
Avec la subtilité suivante, si chacun décide de trahir son complice. Au lieu d'avoir la liberté immédiatement, c'est une peine moyenne de 5 ans de prison que chacun devra purger.
Donc globalement les deux prisonniers ont tout intérêt à coopérer et ne pas se dénoncer.
Mais bien souvent ça se passe autrement, la collaboration s'effondre.
Le dilemme du prisonnier est souvent utilisé en économie, en psychologie, et en géopolitique pour modéliser des comportements et trouver des équilibres et stratégies gagnantes.
Attention tout de même à prendre conscience d'un biais. C'est que le jeu pose comme condition que les deux prisonniers ne peuvent communiquer. Or dans un contexte de géopolitique, il y a souvent communication et jeu d'influence diplomatique. Le dilemme du prisonnier n'est donc qu'un modèle et pas LA vérité.
Malgré tout les enseignements qu'on peut tirer de ce jeu sont impressionnants.
Pour bien comprendre la portée de ce qu'implique des situations comme celle du dilemme du prisonnier. Une simulation vaut 1 million de mots. Nicky Case, l'a conçue et offerte au public.
Voici un lien vers la version française du simulateur. Je recommande vivement d'y jouer:
Un des enseignements du dilemme du prisonnier est qu'il existe des jeux à somme non nulle. Qu'est-ce que c'est que ça ?
Beaucoup de gens pensent intuitivement que si je gagne de l'argent, alors il y a quelqu'un qui en perd. C'est faux !
Ceci présuppose qu'il y a une quantité finie de monnaie et donc la somme de toutes les comptes en positif et en négatif donne zéro. Soit une somme nulle.
Mais l'économie n'est pas un jeu si simpliste. La finance n'est pas un jeu à somme nulle.Le crédit n'est pas un prêt. Le crédit crée de la monnaie. Donc si je gagne de l'argent, tu ne vas pas forcément en perdre !
Le dilemme du prisonnier n'est pas un jeu à somme nulle. Il n'y a pas forcément un qui gagne et un qui perd. Mais il peut y avoir deux gagnants ! C'est quand tout le monde coopère.
A priori, avoir un plus grand nombre de gagnants est à favoriser pour créer un système économique. Mais peut être que ce n'est pas le but de tout le monde. Il y a peut être des gens qui préfèrent le mode JE gagne et le reste du monde perd.
A la réflexion, c'est actuellement à ce jeu qu'on joue. On a régulièrement des rapports qui nous montrent qu'une poignée de personnes détiennent la moitité des richesses du monde entier. C'était une centaine il y a 10 ans, puis chaque année un peu moins, une dizaine, 8, 5... etc... A ce rythme là, la partie de Monopoly est bientôt terminée.
Si l'on veut favoriser une coopération globale avec le plus grand nombre de gagnants, alors quelle est la bonne stratégie ? Qui gagne au dilemme du prisonnier ?
Joue la simulation avant de lire la suite si tu ne veux pas que je te divulgâche le jeu.
J'ai été très étonné de retrouver des enseignements vieux comme l'humanité à travers le dilemme du prisonnier. Soit l'enseignement qu'on trouve dans l'ancien testament biblique.
Œil pour œil, dent pour dent. Le principe de réciprocité.
C'est celui qui, à priori, coopère la première fois – pour partir sur de bonnes bases – et ensuite fait comme l'autre, qui est le comportement gagnant. Le comportement qui garanti à sa communauté de perdurer dans le temps et de grandir.
Mais ce comportement peut perdre de son efficacité et la coopération s'effondrer si la communication devient mauvaise. Si il y a des erreurs de compréhension, je voulais coopérer et c'est compris comme une trahison !
Quand la distance augmente et que la communauté grandit, la communication est un des facteurs clé de la cohésion de la communauté.
C'est là que l'on voit la mise à jour du message de l'ancien testament biblique par le nouveau testament.
Après œil pour œil et dent pour dent, voilà aimez vous les uns les autres et pardonnez à ceux qui nous ont offensés.
En effet, par dessus la couche de réciprocité, on ajoute le pardon.
En cas d'erreur de communication, le pardon permet d'éviter d'entrer dans le cercle vicieux du je copie quand tu trahis.
Donc on pardonne un certain nombre de trahisons en présupposant que ça peut être des erreurs de communication. Puis si le comportement se répète trop souvent, là le pardon n'est plus possible et c'est la réciprocité qui s'applique. Tu veux m'arnaquer, je ferme ma communauté, je ne coopère plus. Je t'exclus de la communauté.
Comme quoi, la solution à la création de larges communautés de coopération est déjà enseignée depuis des millénaires.
La vie du nomade
L'humain est avant tout un nomade, un chasseur-cueilleur ou plutôt un cueilleur-chasseur quand on étudie de façon plus approfondie les modes de vie de l'époque.
Le nomade se déplace en fonction des saisons, ce qui le contraint de n'avoir qu'un enfant tout les ~4 ans. Sinon cet enfant n'est pas assez autonome.
A la place du frigo, les moyens de conservation, sont plutôt la salaison, séchage et la lactofermentation.
La conservation passe aussi par le ventre de toute la tribu. Si chacun est nourri, il sera plus à même de collaborer à la prochaine chasse. C'est ça le don dans une communauté de confiance.
On est loin de l'image du chasseur seul avec un arc contre un mammouth. On voit là déjà, une forme industrielle d'abattage. Tout ce travail nécessite une organisation sociale complexe.
Les nomades moissonnaient aussi un ancêtre du blé dans les collines d'Anatolie. (Dans la région des sites mégalithiques de Göbekli tepe) Ainsi c'est l'agriculture avant l'heure.
Contrairement à une idée reçue, les chasseurs-cueilleurs vivaient biens et étaient biens nourris. Même mieux que leur descendants agriculteurs.
Mais alors comment et pourquoi est arrivée la sédentarisation?
Tipi d'amerindiens shoshones. Les nomades ont des maisons rondes. Ils suivent des cycles astronomiques. (yourte, tipi, igloo, hutte en bois ou en peau, etc...)
Il existe naturellement dans le monde des zones frontières entre plusieurs écosystèmes. Des zones où il y a de l'eau à la fois salée et douce, ce qui naturellement attire les migrations d'animaux, des zones ou la pêche peut se faire tout autant que la chasse.
Ce sont des zones où il y a également des grandes crues de fleuve qui apportent une terre riche sur laquelle spontanément tout pousse. Donc les graines rapportées des collines d'Anatolie poussent d'elles même au bord du fleuve.
On trouve ce genre de zone frontière entre des écosystèmes au bord du Nil, en Mésopotamie – un nom qui signifie littéralement entre les fleuves – avec le Tigre et l'Euphrate, le long de la vallée de l'Hindus ou au bord du fleuve jaune.
On reconnait là, les berceaux de plusieurs grandes civilisations.
C'est le jardin d'Eden.
Le nomade n'a plus besoin de se déplacer pour retrouver les différents ecosystèmes dans lesquels il trouvait ses ressources.
Tout vient à lui. Il devient très efficace. Il dégage un stock de ressources.
Le revers de la médaille, c'est que tout stock attire des convoitises. Avant la convoitise d'autres humains, c'est déjà la convoitise des animaux qu'on appelle des comensaux. C'est par exemple le moineau qui mange les miettes qui tombent de ton sandwich. Il mange les restes de ta nourriture. Il est en symbiose avec toi. Il ne te parasite pas vu que tu ne mangerais pas ces miettes. Mais il dépend de toi.
C'est ainsi que les animaux domestiques se sont eux-mêmes domestiqués. Le cochon sauvage est venu finir les restes des humains. Le moufflon s'est transformé en mouton.
Notre nomade cueilleur chasseur se transforme donc en agriculteur éleveur.
C'est une transformation totale de la société.
Dans son livre Homo domesticus, l'anthropologue, James C. Scott décrit ce passage à la sédentarisation. Il soulève un tabou intéressant. On observe que la sédentarisation domestique les animaux, les rends dociles. C'est en partie du à une sélection des individus les plus dociles pour une meilleure gestion du troupeau. On observe que la masse du cerveau des animaux domestiqués diminue par rapport à leur ancêtre sauvage.
Donc la question tabou, c'est qu'en est-il de la taille du cerveau humain?
Le sédentaire des villes est-il plus bête et docile que le nomade des contrées sauvages?
Si le nouvel agriculteur éleveur, va élever des plantes et des animaux à son profit. Le nomade, lui va élever des villages à son profit!
C'est ça la malédiction d'avoir un stock.
Il existe un proverbe berbère, un peuple nomade, qui dit: "La razzia est notre agriculture".
Quand le village est mûr, il faut se servir. C'est ainsi qu'une opposition entre nomades et sédentaires se déclenche. On construit des murailles pour se protéger, on crée les premières cités-État.
Après le jardin d'Eden c'est l'opposition entre les fils d'Adam et Eve, Abel le gardien de troupeau nomade et Caïn l'agriculteur. Dans ce récit biblique Caïn tue Abel.
C'est une bonne métaphore de ce qui arrive aux nomades. Les nomades sont en grande partie remplacés par des sédentaires.
De nos jours, les sédentaires ont toujours peur des migrants. Mais d'un autre côté la vie nomade et sa liberté fait rêver les sédentaires des grandes villes.
Il y a plusieurs facteurs qui vont faire disparaitre les nomades. C'est paradoxalement les soucis des sédentaires qui vont les faire disparaître.
A force de vivre sur ses déchets, le sédentaire pollue son environnement et attrape des maladies, comme le choléra.
La proximité avec des animaux le rend sensible aux zoonoses. Par exemple la domestication des oiseaux – notamment les canards – a fait passer la grippe des volatiles aux humains. On pense que c'est arrivé vers -2500 en Chine.
La peste est transportée par les puces sur les rats, des comensaux courants.
De plus, on observe une diminution de la diversité des plantes consommées. Des carences apparaissent, notamment des carences en fer qui affectent surtout le femmes.
Le sédentaire voit donc son espérance de vie chuter.
Mais alors comment se-fait il que ce soit le nomade qui ait disparu?
C'est par ce que le sédentaire, malgré qu'il soit plus bête et qu'il vive moins longtemps, il se reproduit plus vite!
Le fait d'avoir des animaux permet de sevrer plus rapidement les enfants, on leur donne du lait de vache au lieu du lait maternel. Les hormones des femmes changent et lui permettent d'avoir des enfants de façon plus rapprochée.
De plus la logistique de déplacement qui empêche les nomades d'avoir trop d'enfants n'est pas un soucis pour le sédentaire.
Mais encore, à la longue, le sédentaire s'immunise contre ce qu'on appelle de nos jours des maladies infantiles.
Mais si un nomade, par malheur croise un virus contre lequel il n'est pas protégé, peut tomber malade et en mourrir.
Donc les nomades meurent des virus et les sédentaires se reproduisent plus vite. En quelques millénaires ce petit différentiel compte et le nomade devient marginal.
Même si il devient marginal, le nomade vit généralement mieux que le sédentaire. Il faut attendre le 20ème siècle pour que l'espérance de vie du sédentaire – en Europe – remonte et face un grand bon en avant. L'espérance de vie augmente de 20 ans entre les générations nées en 1876 et en 1917.
Cette amélioration de l'espérance de vie est principalement due à la réduction de la mortalité infantile et l'efficacité des soins contre les maladies infectieuses. (Notamment grâce à l'hygiène)
Donc la vie de nomade, même marginale est pendant des siècles souvent plus enviable que la vie de sédentaire.
Ce n'est pas franchement ce que nous raconte les histoires des civilisations sédentaires.
L'Histoire est écrite par les vainqueurs.
L'écriture est un outil de comptabilité nécessaire aux sédentaires, mais rarement utilisé par les nomades.
Donc si le nomade n'écrit pas, son histoire n'est pas connue et c'est l'Histoire de la civilisation sédentaire qui domine l'imaginaire collectif.
L'histoire des paysans a été écrite par les citadins L'histoire des nomades a été écrite par les sédentaires L'histoire des chasseurs-cueilleurs a été écrite par les agriculteurs L'histoire des peuples sans État a été écrite par les scribes du palais Elles sont toutes répertoriées dans les archives sous le nom de "Chroniques barbares"
Penchons nous sur les raisons de la construction de la grande muraille de Chine.
Officiellement c'est pour que les chinois se protègent contre les razzias des nomades mongols.
La yourte circulaire comme les cycles astronomiques
Mais on peut se questionner sur la véritable fonction de cette muraille. Finalement si c'est le nomade qui vit mieux, la muraille ne-serait-elle pas là pour empêcher le sédentaire de sortir?
D'autant plus qu'en Chine, pour avoir la paix, les nomades ont mis en place un système tributaire avec l'état chinois.Les agriculteurs donnent en tribut une partie de leur récolte aux nomades, en échange de ne pas être attaqué par les nomades.
Donc le nomade n'a aucune raison d'attaquer celui qui le nourrit! Mais l'agriculteur a toutes les raisons de rejoindre les nomades! Mais voilà, il y a la grande muraille, il ne peut pas!
A méditer!
Maison longue
La maison longue est présente un peu partout dans le monde. C'est l'équivalent horizontal du HLM actuel.
Voici l'exemple de la maison longue chez les amérindiens hurons. Chaque famille dispose d'une tranche de la maison. Le reste est partagé. Ainsi on peut trouver une cuisine commune.
Dans ce système économique, les objets qui sont fabriqués sont entreposés dans la maison longue. Puis, ce sont les femmes qui sont chargées d'allouer les ressources là où elles sont le plus justifiées.
On se trouve donc dans une sorte de communisme primitif.
Partout dans le monde on retrouve le concept de "maison longue". C'est un habitat communautaire. Chaque famille y a un petit espace, mais on partage tout.
Economie domaniale, palatiale en "maisonnée"
Chez les Sumériens on observe un système clanique qui grandit et se transforme en empire agraire. C'est une économie domaniale. L'organisation sociale se fait en "maisonnée" (qui se dit"É" en sumérien) gérée autour des palais ou des temples. On parle aussi d'économie palatiale en référence au palais de Cnossos qui est le cœur de l'économie redistributive de la civilisation minoenne. Les humains sont rattachés à un lieu de production et reçoivent en échange des rations de nourriture. Ça ressemble d'une certaine manière à une entreprise actuelle.
A d'autres époques on retrouve le concept de maisonnée avec l'oikos grec, la Domus romaine, voir aussi l'abbaye du moyen âge.
A Sumer, il y a toute une administration qui contrôle ce qui est produit et ce qui est redistribué et à qui. On a retrouvé des centaines de milliers de tablettes d'argiles de comptabilité et de reçus. L'invention de l'écriture est probablement une conséquence de ce besoin d'administration. Ce besoin de contrôle est là pour limiter les abuseurs.
"Reçu" sur tablette d'argile sumérienne ("Shubati" en sumérien) Tablette 19 - James B. Nies
Le reçu ci-dessus illustre bien que l'administration comptabilise qui a reçu quoi de où et quand, avec une signature.
Ce reçu dit:
Ursagubki, fils de Ili, le chef des prieurs pénitents a reçu par Bazi du dépôt de Ashaggidakhkha, derrière le temple de la déesse Ninharsag, 30 gur de chanvre pour les graines. Le 7ème mois de la 56ème année Dungi.
Le seau est celui de Ursagubki fils de Ili.
Invention de l'unité de compte
Au fil du temps, la comptabilité devient toujours plus abstraite. Les unités de poids et de volume qui servent à mesurer la quantité de grains de céréales distribuée se transforment gentiment en unités de compte.
Poids d'une demi-mine (poids réel : 248 gr.) consacré par le roi Shulgi et portant l'emblème du croissant de lune ; utilisé dans le temple du dieu-lune à Ur. Période d'Ur III. vers 2094-2047 av. J.-C.
Au lieu de recevoir directement une ration en nature, on peut différer dans le temps la réception et comptabiliser un droit à la ration dans le futur. Le "salaire" en monnaie scripturale est inventée.
Finalement on a un système très proche de la notion actuelle de grande entreprise dirigée par une élite sociale qui emploie des employés et leur verse un salaire.
En Égypte on observe également, globalement à la même période, un système économique de type "empire agraire". La monnaie scripturale émerge aussi. Il y a différents types d'objets qui servent d'unité de compte (et de moyens de paiement): les métaux, les étoffes, les céréales – et leur dérivés, pains et bière –, et les huiles. (En comparaison, à Sumer on a que l'argent et les grains.)
Les moyens de paiement sont très divers une fois que le prix a été défini dans une unité de compte courante. (On a retrouvé un contrat de vente d'une maison payée en tissus et en lit. [stèle borne JE 42787])
Dans un tel système on observe déjà des virements "bancaire" d'un compte à un autre.
Les moyens de paiement sont créés par tout le monde, vu que n'importe qui peut "faire du blé" et ainsi augmenter la "masse monétaire". (Il est quand même à noter que "n'importe qui" est un peu abusif. En Égypte antique les moyens de production, les outils, sont la propriété de l'État.)
Donc les empires agraires fonctionnent pendant des millénaires avec des "monnaies" variées. Un système à plusieurs unités de comptes reliées par un barème officiel, et de nombreux moyens de paiement de nature différente.
Les métaux sont rares, ne circulent que très peu. Ils sont plutôt réservés aux échanges internationaux.
En -1500 l'Égypte a même modifié son unité de mesure pour s'aligner sur le système babylonien. Les égyptiens avaient des bateaux de haute mer et voyageaient loin pour aller chercher des ressources rares en Égypte.
Les céréales sont des "monnaies locales fondantes" qui correspondent très bien à l'usage d'une monnaie pour combler ses besoins quotidiens.
La quantité de monnaie est donc régulée naturellement. La monnaie n'est pas rare, car les grains de blé poussent facilement, mais il n'est pas possible d'en créer en quantité infinie. On a toujours un lien avec la nature. La monnaie peut se manger!
Prêt à intérêt et esclavage
En Mésopotamie, le prêt avec intérêt existe. Une personne qui ne rembourse pas risque le péonage l'esclavage pour dette d'une personne de sa famille ou d'elle-même. Les problèmes générés par ce système ont été résolu en créant le jubilé : l'annulation de toute dettes à périodes régulières. On en trouve la trace dans la bible avec la notion de Jubilé tout les 7x7 ans.
A Babylone, le code d'Hammurabi a limité l'esclavage pour dette à 3 ans maximum.
En Égypte, contrairement à une idée répandue, l'esclavage n'existait pas.
Monnaie métallique + impôt
Le système économique des empires agraires est resté stable sur des millénaires. Pourquoi a-t-il changé? C'est l'arrivée des pièces de monnaie métalliques imposées par les grands empires conquérants qui change la donne.
La conquête se fait par l'impôt. Une armée de mercenaires envahit le pays et soumet ses habitants à l'impôt en pièces de monnaie métalliques créées par le seigneur dirigeant l'empire.
En Égypte c'est l'empire Perse qui amène les pièces de monnaie. A Babylone c'est Alexandre le grand. Mais ce dernier a également envahi l'Égypte après les Perses.
Le principe de la monnaie métallique est simple et redoutable. Et malheureusement son mécanisme est trop peu connu des gens qui le subissent encore de nos jours.
L'idée est celui d'un "chef de gang" qui veut vivre sur le dos des autres. Faire des razzias sur les paysans fonctionne à priori assez bien, mais sur le long terme ce n'est pas viable de tuer ceux qui nous nourrissent!
Ainsi l'innovation a été d'acheter la récolte aux paysans. Mais ça ne marche pas bien. Le premier paysan à qui on veut donner une rondelle en échange de son blé refuse. Car le blé se mange et est donc plus utile que du métal.
Le premier soldat chargé d'acheter la récolte pour son seigneur conseille au paysan d'accepter la pièce de monnaie, car il en aura besoin à la fin de l'année. En effet, le seigneur a décidé d'imposer l'utilisation de sa monnaie en créant un impôt. Chaque personne doit rendre un certain nombre de pièce au seigneur. Si elle ne le fait pas, elle risque la prison, l'esclavage ou la mort.
Ainsi la monnaie métallique de type "jeton de valeur" avec la marque du seigneur sur la face devient nécessaire pour vivre.
C'est ce que j'appelle L'astuce de Crésus.
Ceci a deux conséquences:
créer l'économie de marché et le besoin de croissance économique
créer des grands empires conquérants
Bibelots sur une place de marché à Dakar. Chacun vend ce qu'il peut pour "gagner sa vie"!
L'empire conquérant
Avec ce système le seigneur peut vivre de son pouvoir de seigneuriage. Soit le pouvoir d'achat gagné gratuitement par le monopole de la création monétaire. C'est la différence entre le coût de fabrication de la monnaie et ce qu'elle permet d'acheter.
Un exemple parlant est celui du roi Crésus qui allait chercher des pépites d'alliage electrum (or et argent) dans le fleuve Pactole pour les frapper en pièces de monnaie.
La première nécessité pour un seigneur est de renforcer son système économique. Ainsi pour imposer son impôt qui impose la monnaie, il a besoin d'une force de coercition physique: une armée.
Le forgeron qui forge de temps en temps des faux pour faucher les blés sera engagé pour forger des armes et équiper une armée professionnelle de "soldats".
De nos jours on parlerait d'une armée de salariés, en effet, le soldat est celui qui reçoit une solde. La solde c'est le salaire du soldat. Le mot solde vient de la pièce de monnaie romaine le solidus. Tandis que le mot salaire vient de salarium, la partie de la solde que les légionnaires romains recevaient en sel, sal en latin.
Ainsi le seigneur se retrouve gratuitement ou presque à la tête d'une armée de nombreux professionnels bien entrainés. L'alternative est une armée de paysans nombreux, mais mal équipés et pas entrainés, ou une armée de noblesse bien entrainée et équipée mais en très faible nombre.
Ainsi indirectement le système de pièce de monnaie + impôts crée une armée plus efficace que les autres qui peut conquérir aisément les pays voisins.
Un autre avantage militaire de la pièce de monnaie jeton de valeur, c'est que la valeur est uniquement dans la pièce. Ce n'est pas une monnaie sociale. Ce système ne demande pas d'être inséré dans un tissu social avec de multiples reconnaissances de dette entre les gens. Avec un tel système on ne va pas massacrer la personne qui a une reconnaissance de dette envers soi. En agissant ainsi on détruit de la valeur.
Tandis que dans un système à pièce de monnaie, le vol paie! Et en terrain ennemi, sans aucune relation sociale, il est encore possible d'être payé par son seigneur.
De plus en terme de logistique de guerre, il est plus simple de transporter de la monnaie et d'acheter aux paysans en marge de son empire la subsistance nécessaire que de la transporter avec soi.
On comprend ainsi comment Alexandre le grand a conquis en à peine 10 ans un empire de la Macédoine à l'Inde en englobant tous les grands empires agraires de l'époque.
Revenons à notre forgeron qui devient marchand d'armes. Le seigneur va l'embaucher à plein temps. Il n'aura plus le temps de s'occuper de cultiver pour ses propres besoins. Il pourra acheter du blé chez ses voisins avec les pièces reçues directement du seigneur. On franchit un pas de plus dans la spécialisation.
Les paysans étant soumis à l'impôt se voient obligés de vendre leur production. Ainsi des places des marché se créent. Auparavant elles n'étaient pas nécessaires. Dans l'économie du don on produit de quoi assurer sa subsistance et on donne les surplus. Dans une économie domaniale (ou palatiale), la production est suivie par l'administration et directement stockées dans les entrepôts et greniers, prête à être redistribuée.
Le marché met en concurrence les personnes pour obtenir les rares pièces de monnaie en circulation. Ainsi les gens sont obligés d'augmenter leur efficacité à la production. Il vont se spécialiser là où ils sont les meilleurs. De plus ils vont inventer des techniques pour augmenter leur rendement. C'est un moteur de l'innovation et de la science.
Bien qu'étant plus efficace, ce n'est pas gagné pour autant. Le seigneur peut à tout moment augmenter le montant de l'impôt pour s'assurer de bénéficier en permanence des gains de productivité à son profit. La course à la croissance économique est en marche.
L'expression "payer en espèce" vient de "payer en épice". Un moyen de paiement courant.
Il est également intéressant d'avoir une quantité de personnes qui n'arrivent pas à payer l'impôt ça permet de les mettre en esclavage et de les envoyer dans les mines.
En effet, l'électrum du fleuve Pactole ne suffit plus à alimenter les besoins pour la création des pièces de monnaie. Il faut aller chercher les métaux au plus profond des mines. On sait qu'en -400 il y avait environ 20 000 esclaves dans les mines d'argent grecques du Laurion.
Ce système est d'une apparente efficacité redoutable, mais par rapport à une monnaie grain de blé qui se mange, les dizaines de millier d'esclaves mineurs ne sont-ils pas une grosse perte de rendement juste pour créer de la monnaie?
Il existe plusieurs traités antiques qui étudient les relations entre monnaie, esclaves et impôts, notamment en Inde l’Arthashâstra, le «cercle de souveraineté» sassanide et le Dispute sur le sel et le fer (鹽鐵論 Yán Tiě Lùn) en Chine.
On peu aussi évoquer la jizîa (جزية), un impôt prélevé dans le monde musulman sur les non musulmans – juifs et chrétiens, on parle de dhimmis –, des hommes en âge et condition d'appartenir à une armée. C'est une méthode qui incite à la conversion à l'Islam.
Aristote a décrit la monnaie par trois fonctions : unité de compte, réserve de valeur etintermédiaire des échanges. Cette définition est toujours enseignée. Mais il oublie de dire que la fonction principale est de créer un outil pour qu'une élite vive sur le dos des autres!
Et pourtant Aristote était le précepteur d'Alexandre le grand…. il devait connaitre cette "fonction cachée". Car déjà du temps de Philippe II de Macédoine, le père d'Alexandre, ce principe fonctionnait très bien!
Actuellement la majorité des gens pense que la monnaie est concept qui a émergé pour favoriser le commerce et que sans monnaie pas de commerce. Mais c'est totalement faux.
Les Phéniciens étaient les champions du commerce sur la Méditerranée. A l'origine, ils n'avaient pas de pièces de monnaie. Ils pratiquaient l'enregistrement de reconnaissance de dettes dans chaque port. Ce n'est pas pour rien que l'alphabet phénicien est un des plus anciens. Le commerce a surtout besoin d'écriture comptable, pas de monnaie.
Les Phéniciens se sont fait conquérir comme les autres par les empires conquérants et leur pièces de monnaies.
Limite et effondrement des empires conquérants
Quels est le revers de la médaille de la monnaie métallique de type jeton de valeur?
Et bien justement il est intéressant d'étudier la face des pièces de monnaie. C'est la marque du souverain ou même son profil depuis Jules César.
L'inscription sur la face d'une pièce de monnaie indique qui paie en dernier recours. Ainsi on remarque que la valeur d'une telle pièce vaut plus que la valeur intrinsèque du métal. Les pièces de monnaie de l'antiquité sont de la monnaie fiduciaire. Le mot Fiduciaire vient de la déesse fides, la confiance.
De nos jours on retrouve de nombreuses allégories de pays (Marianne, Dame Helvetia, Germania, aigle...). Donc la valeur de la pièce est garantie par un état qui peut lever un impôt.
Dans le thème de la monnaie et des systèmes économiques le maitre mot c'est la confiance.
Le souci qui arrive vite avec un empire qui grandit très vite, c'est qu'il manque de pièces de monnaie pour payer les soldats et les fournitures pour les soldats. Comme vu ci-dessus le fleuve Pactole ne suffit plus il faut trouver d'autres sources de métaux.
Déjà ce sont les trésors des pays conquis qui sont réquisitionnés et convertis en pièces. Les métaux se trouvaient très souvent dans les temples. Si l'on se souvient bien dans les empires agraires, les métaux ne circulent que très peu. Ce sont essentiellement des unités de compte.
Le trésor des Perses a bien servi à Alexandre le grand pour continuer son expansion.
Une fois les métaux précieux existant déjà convertis en pièces de monnaie, il est nécessaire de retourner à la mine. Ce qui est de plus en plus difficile techniquement, vu que les filons se raréfient. Du point de vue humain, l'esclavage nécessaire au minage crée aussi de plus en plus de tensions sociales.
Mais la chute des empires conquérants est surtout un problème de succession.
Alexandre est mort très jeune (32 ans) probablement de maladie. Ses enfants trop jeunes pour régner ont été victime de la crise de confiance dans un souverain expansionniste. L'empire n'a pas survécu tel quel.
En Inde le scénario est proche.
L'empire Maurya du roi Ashoka s'étend à tous le sous-continent indien, puis Ashoka après de nombreuses luttes de conquête devient pacifiste. Il se converti au bouddhisme et devient végétarien. Mais son empire ne lui survit pas tel-quel.
Dans l'empire romain, il y a une multitude d'empereurs qui se succèdent. Mais régulièrement il y a des problèmes de confiance et des soucis monétaires. Il y a plusieurs réformes monétaires qui sont faites et une inflation régulière qui nécessite toujours plus de métal pour le même pouvoir d'achat.
Cette inflation liée à la difficulté croissante du minage, amplifie la perte de confiance dans la monnaie.
Les pièces sont fabriquées de plus en plus dans des métaux de moins en moins rares. (laiton, cuivre), la teneur en argent des pièces de monnaie romaines ne fait que diminuer. Tout comme la confiance en l'État.
Contre toute attente, c'est le Solidus, une pièce de monnaie en or qui va perdurer pendant plusieurs siècles. Tout d'abord comme pièce, puis surtout comme unité de compte à la chute de l'empire romain d'occident. De nos jours, le sou est ce qui reste du sol de solidus.
Une fois l'empire romain d'occident effondré en 476. La monnaie métallique ne circule plus en Europe. Le Solidus reste uniquement une unité de compte. Pour effectuer des paiements on utilise toutes sortes de moyens de paiement comme lors de la période des empires agraires sumériens et égyptiens.
On suppose que l'on pratiquait des reconnaissances de dette entre les personnes. Mais on ne sait pas sur quel support. Le bâton de comptage est supposé, mais pour le haut Moyen Âge on ne sait pas.
Après des siècles de flou. Charlemagne s'est attribué le monopole de la création monétaire et a instauré un nouveau système.
La livre d'argent devient la nouvelle unité de compte – qui ne circule pas –. Elle se divise en 240 deniers d'argent, qui eux circulent sous forme de pièce.
Le bâton de comptage est un moyen simple d'enregistrer une reconnaissance de dette. Il y a une souche et un échantillon qui sont créés à partir de la même branche d'arbre.
Les deux parties d'un contrat enregistrent ensemble des valeurs sous forme d'encoches. Puis chacun garde sa partie.
Petit exemple d'utilisation. Une personne va acheter du pain dans une boulangerie. Elle s'y rend avec son échantillon. Pour payer, elle va retrouver la souche qui correspond à son compte. C'est celle qui a la même marque de famille dessus.
Puis on va débiter son compte, soit ajouter une encoche. Le verbe débiter signifie bien couper du bois.
bâton de comptage
De 1100 à 1834 le bâton de comptage est un moyen officiel pour payer les impôts en Angleterre. En France la taille est un impôt enregistré sur bâton de comptage.
De nos jours, le bâton de comptage est totalement méconnu, il n'apparait pas dans les manuels d'économie, et pourtant il a été un moyen de comptabilité officiel en France jusqu'en 2016!
En tant que tel, le bâton de comptage est infalsifiable. Mais une des dérives que l'on observe est de croire que la souche a une valeur en tant que telle. Et de ne plus se préoccuper de qui va rembourser la dette, mais de se focaliser sur la valeur indiquée et de l'utilise directement comme moyen de paiement.
C'est exactement ce à quoi ressemble une pièce de monnaie, il y a la marque de famille sur le côté face et les chiffres sur le côté pile.
Ceci est fondamental à comprendre pour comprendre les billets de banque et le système bancaire.
Ainsi il existe des tricheurs – le roi en premier! – qui créent des fausses reconnaissances de dette sur des bâtons de comptage et mettent sur le marché des souches qui ne correspondent à aucune dette. On échange les souches. Ce qui en anglais se dit stock exchange. C'est ainsi que l'on appelle la bourse.
Voici une petite histoire pour illustrer mes propos.
Le poivrot du village, vient encore une fois acheter du pain chez la boulangère. Il présente son échantillon. La boulangère trouver la souche qui correspond, on assemble les deux parties du bâton de comptage et une nouvelle encoche est ajoutée sur les deux parties du bâton.
La boulangère s'inquiète. Le poivrot va-t-il payer un jour ? Il ne fait que boire !
Elle aimerait se débarrasser de cette dette peu fiable. Elle trouve une astuce.
Elle profite donc de la naïveté du boucher pour lui acheter de la viande et payer en lui donnant la souche qui représente la dette du poivrot à la boulangerie.
– Cette souche représente une dette, donc il y a quelqu'un qui va venir te rembourser. Ce bout de bois a beaucoup de valeur !
La méthode est encore plus efficace si on contrôle des agences de notations qui vont dire que: Cette marque de famille est très très fiable.
Si la souche est marquée de la marque de famille du roi. C'est encore mieux, tout le monde sait que le roi est riche. Mieux encore, le roi a le droit de lever un impôt. Donc même si il est ruiné, il va trouver de l'argent.
C'est pour cette raison que l'on a des pièces de monnaie avec le portrait du roi sur le côté face, ou alors l'allégorie d'un pays si il n'y a pas de roi. L'entité en qui tout le monde a confiance, car elle peut lever un impôt.
Ici on vient de transformer le bâton de comptage. Il était un système de comptabilité entre individus. Il devient un jeton marqué du roi qui s'échange entre tous.
Le roi peu donc à sa guise créer des nouveaux bâtons de comptage ou juste la souche, vu que plus personne ne vérifie si une dette existe vraiment.
Il devient encore plus riche.
Avec un système de bâton de comptage, il n'est pas nécessaire de "créer de la monnaie" en amont.
La "masse monétaire" fluctue au fil des créations de reconnaissances de dette et de leur destruction.
Une fois la dette remboursée, on brûle le bâton dans son fourneau ce qui a pour avantage de nous chauffer. C'est probablement pour ça que les bâtons de comptage sont très peu connus, c'est qu'ils ont souvent fini brûlés, ne laissant aucune trace archéologique.
La "masse monétaire" correspond toujours à la somme de biens et services achetés. Ainsi il n'y a pas de risque d'inflation monétaire. .... sauf si des gens trichent en créant de faux bâtons. De part ce fait ils s'octroient un droit de consommation de biens et services de la communauté sans avoir eux-mêmes contribué.
Une des questions qui revient régulièrement quand je parle de bâton de comptage, c'est Comment on soldait les comptes?
La réponse simple que j'avais un temps, c'est d'utiliser des pièces de monnaie. Mais ensuite j'ai découvert que ce n'était qu'une possibilité, pas forcément la plus utilisée.
La réponse se trouve dans les foires commerciales. Actuellement on associe volontiers une foire à une place de marché. Mais c'est un peu différent.
Au Moyen Âge, il y avait tout un système de grandes foires, Comme celle de St Giles à Winchester ou les foires de Champagne. C'était le lieu de rassemblement de tous les marchands d'Europe. Il était courant de faire crédit jusqu'à la prochaine foire.
Les foires étaient l'occasion de solder les comptes. Ces rassemblements de marchands était propices à solder ses comptes en payant en nature de toutes sortes et avoir la diversité sur place pour arriver à combler ses besoins. On observe tout à fait ce genre d'échange dans le Jeu de la Monnaie.
Lors de ces foires, dès le XIIème siècle, les services financiers ce sont développés. Les marchands utilisent de plus en plus la lettre de change pour effectuer les paiements.
Cet outil de crédit permet à une personne de voyager uniquement avec une lettre et de se faire payer dans une banque plus près de chez elle.
C'est un outil que les Templiers étendront jusqu'au Moyen-Orient. D'ailleurs c'est probablement de là qu'il vient. Le monde musulman pratiquant abondamment le paiement par chèque à cette période.
Naissance des bons du trésor et obligations
C'est vers 1200 à Venise qu'un nouvel instrument est créé pour financer les guerres. Vu qu'au fil du temps, le seul pouvoir de seigneuriage du seigneur ne suffit plus à financer ses dépenses, il faut innover: On va prendre un impôt en avance !
La population a l'obligation – d'où le nom ! – de souscrire à une dette publique. En échange, elle reçoit un papier valeur qui lui promet un intérêt. Mais aucune date d'échéance n'est spécifiée.
Cette manière de procéder met directement une pression sur la nécessité de résultats de l'entreprise qui est ainsi financée.
C'est un changement de paradigme. C'est un pari sur le futur. Je reçois mon financement tout de suite et je paie plus tard.
Ceci aura de lourde conséquence sur le monde. C'est probablement le moteur de la colonisation du monde par une poignée de pays européens. On y reviendra plus tard.
Il est à noter qu'à cette époque l'interdit religieux sur les intérêts est encore très fort. C'est dans les cités États autonomes comme Venise que les mœurs sont les plus libérales.
En 1524, Luther qui vient d'amorcer la réforme de l'église catholique déclare que prendre un intérêt jusqu'à 5% n'est pas de l'usure. Le juriste réformateur Calvin officialisera cette idée en 1545. Les protestants vont donc rapidement se mettre à la finance.
Le frère dominicain et économiste Tomás de Mercado nous dit que depuis 1570 on trouve une bourse aux bons d'État à Medina del Campo en Espagne. Le financement par le crédit et donc l'endettement (car on ne peut pas gagner à tous les coups!) est répandu dans toute l'Europe.
La dette comme moteur de colonisation du monde
L'argent est le pied de biche du pouvoir
Friedrich Nietzsche
Depuis toujours la dette est un moyen de pression énorme. Il est courant que cet outil mène à l'esclavage. Mais pourquoi l'obligation morale de rembourser une dette est-elle souvent plus forte que toutes les conséquences morales que va entrainer ce remboursement? (esclavage, génocide, destruction écologique, etc...)
La dette commence par un contrat de crédit. Quelqu'un reçoit tout de suite et promet de rembourser plus tard. Pour qu'un tel contrat puisse être valable. Il faut qu'il paraisse équitable. Il doit y avoir un équilibre et le contrat doit paraitre plausible. Les deux parties doivent être libres de contracter et sur un pied d'égalité.
C'est seulement quand les deux parties semblent sur un pied d'égalité que le principe de réciprocité bien ancré dans la psychologie humaine, nous pousse à vouloir rendre la pareille pour atteindre un équilibre. L'équilibre relationnel de départ.
Avec la théorie des jeux et notamment le jeu du dilemme du prisonnier, nous avons vu plus haut que la stratégie gagnante de coopération est de partir du point de vu qu'à priori l'autre a de bonnes intentions et ensuite d'appliquer le principe de réciprocité: tu coopères, je coopère, tu me trahis, je te trahis.
Il est raisonnable d'imaginer que notre psychologie a été sélectionnée pour favoriser ce principe gagnant. Donc c'est une explication de la raison pour laquelle l'humain donne tant d'importance à ce principe de réciprocité.
Donc un tel contrat de dette ne peut se faire que dans un cadre que l'on appelle actuellement "démocratique", où les humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, comme le dit la déclaration universelle des droits de l'homme dans son article premier. L'article 4 dit que nul ne sera tenu en esclavage.
Ainsi, si l'on se place dans le contexte de la Rome antique avec environ 30% d'esclaves. C'est tout autant de personnes qui ne sont pas sur un pied d'égalité et donc ne peuvent pas contracter de dette. Ils sont considérés comme des choses, hors lien social, hormis le lien à leur maitre.
Une fois cette base d'égalité contractuelle acquise. Le contrat semble juste. La personne qui échoue à remplir le contrat a failli. Elle rompt le sacro-saint principe de réciprocité.
Il y a un déséquilibre qui se crée et elle se retrouve dans l'obligation morale de tout faire afin de rétablir l'équilibre. Cette force de vouloir rétablir l'équilibre est très fortement ancrée dans la psychologie humaine.
Or, si l'on observe de nombreux cas d'endettement, il se trouve que le contrat était frauduleux à la base. Très souvent il s'agit d'une manipulation. La principale est à mon avis l'incapacité de notre cerveau à comprendre les relations de cause à effet autres que linéaires. Si les gens savaient mieux compter, si par exemple ils avaient une meilleure compréhension intuitive des exponentielles, la plupart des contrats de crédit ne se feraient pas!
J'observe clairement ceci dans le Jeu de la Monnaie. La plupart des gens qui finissent en prison pour cause de non remboursement du crédit me disent que s'ils avaient vraiment compris ce qu'impliquait les termes du crédit ils n'auraient jamais pris de crédit.
3 types de croissance: en vert linéaire, en bleu quadratique, en rouge exponentielle
Petit exemple. Un crédit à intérêt composé à 3% d'intérêt, au bout de 24 ans, ça revient à dire qu'il faut rembourser le double de ce qu'on a reçu! (Si aucun remboursement n'est fait en cours de route)
Le fait d'exprimer en pourcents les taux d'intérêt est une manière de cacher un déséquilibre. Ainsi la dette est très souvent frauduleuse dès le début.
Notre cerveau est câblé pour comprendre des relations de cause à effet qui sont linéaire, la droite sur un graphe. J'entre une donnée et j'en obtiens une autre qui est proportionnelle. Si j'ai une voiture qui va deux fois plus vite, j'arriverai à destination dans un temps deux fois plus cours.
Puis il y a des relations de cause à effet qui ne sont pas linéaire. Pour reprendre mon exemple de voiture. Si je vais à 30 km/h et que je percute un mur. Boum ça fait mal. Si je vais deux fois plus vite de combien de fois le choix sera plus fort ?
Suivant le raisonnement linéaire vu ci-dessus. La plupart des gens à qui je pose la question me répondent: 2 fois plus fort. Et bien non ! C'est 4 fois plus fort !
Le choc frontal d'une voiture qui prend un mur dépend du carré de la vitesse: v2
Puis il y a encore un type de fonction mathématique qui n'est absolument pas linéaire et totalement contre-intuitive. C'est l'exponentielle.
La croissance d'une population est une croissance exponentielle. Comme on ne comprend pas bien les exponentielles, souvent on les présentes comme des proportions linéaires à l'aide d'un taux de croissance. Par exemple, la population d'un village a un taux de croissance de 10% par an. Cela signifie que la population est multipliée par 1,1 chaque année. (1/100 = 0.1)
Au début une croissance exponentielle parait très faible. Mais c'est un leurre. Ça devient vite gigantesque.
Une bonne illustration est la légende de Sissa. L'inventeur du jeu d'échec indien. Le roi lui demande ce qu'il veut comme récompense. Sissa, lui dit qu'il aimerait un grain de riz sur la première case de l'échiquier, puis le double sur la seconde case, et encore une fois le double sur la case suivante, et ainsi de suite jusqu'à la 64 ème case.
Le roi trouve cette récompense très modeste. Mais il devait être mauvais en math. 1,2,4,8,16,32,64,128,256,..... et finalement il est nécessaire d'avoir plus de 1500 ans de la production mondiale annuelle de riz pour arriver au bout de l'échiquier!
C'est pareil pour la croissance du PIB qui n'est pas linéaire. Encore un pourcentage qui nous cache la vérité!
C'est ainsi que le principe de réciprocité qui habite chaque être humain est exploité par des manipulateurs pour rendre un contrat qui parait équitable en contrat de relation de pouvoir sur autrui.
Donc sur cette base, on observe que dès le milieu du Moyen Âge, le crédit se répand et devient "monnaie courante" à la Renaissance.
Une croisade détournée pour se renflouer
Déjà en 1202 la Quatrième croisade part mal. Elle est déjà endettée avant de partir envers les Vénitiens qui assurent le transport en bateau des croisés. Le doge refuse de laisser les bateaux partir tant que le paiement n'est pas fait. Mais un arrangement est trouvé, le paiement de la dette est différé (donc la dette n'est même pas annulée) si les croisés vont reconquérir le port de Zara en Dalmatie pour le compte des Vénitiens. Ce qui est fait et a pour conséquence que le pape excommunie les croisés pour avoir attaqué une terre catholique. C'est un comble pour les croisés qui sont justement venus en croisade sur l'appel du pape!
L'obligation de remboursement est probablement aussi un des facteurs qui a fait que la croisade a été détournée de son but pour aller assiéger et conquérir la ville de Constantinople.
Autre histoire pour illustrer le pouvoir de la dette. C'est la conquête et la destruction de l'empire aztèque par le conquistador Hernán Cortés. On apprend par les mémoires d'un autre conquistador – Bernal Díaz del Castillo – que Cortés était un joueur flambeur souvent endetté et dont la motivation était l'or et l'argent, probablement pour payer ses créanciers.
Cortés a toujours été limite avec les règles de l'ordre établi en prenant des risques et en partant dans une fuite en avant permanente sans retour en arrière.
L'expédition pour le Yucatan depuis Cuba n'était pas autorisée, il l'a avancée de peur de se faire interdire l'expédition, une fois sur place, Cortès a fait saboter les bateaux pour forcer les soldats à continuer. Ces derniers ont été endettés pour payer leurs armes et matériel de rechange.
Par la suite, même après le partage de l'or du trésor impérial l'essentiel des soldats étaient toujours endettés. Ce qui les a forcés à rester sous les ordres de Cortés dans l'espoir de se refaire.
Cortès a aussi utilisé une technique de manipulation connue pour obtenir de la main-d’œuvre dans les mines d'or et d'argent.
Un impôt a été imposé aux Aztèques survivants (de la variole et du massacre de la ville). Evidemment l'impôt était conçu pour que tout le monde ne puisse pas le payer et un prêt a été proposé à ceux qui ne pouvaient pas payer en échange du travail dans les mines d'or et d'argent.
Le contrat parait équitable non?
C'est ainsi qu'a débuté la colonisation du continent américain par les Espagnols, ainsi qu'un génocide et mise en esclavage du peuple qui vivait sur ce continent.
Cortés une fois rentré en Espagne était toujours aussi endetté.
C'est toujours le même principe de recevoir de la "monnaie" tout de suite et de payer plus tard tout en subissant la pression du devoir de résultat qui est utilisé.
Depuis 1971, les devises sont à cours flottant. Donc à quoi sert le FMI ? Il a perdu sa raison d'être. Mais comme souvent, pour éviter de disparaitre, le FMI s'est trouvé une nouvelle mission, soit: prêteur en dernier recours. Si les banques ne veulent plus vous prêter, le FMI et là.
Ça parait très altruiste ainsi. Mais en fait, le business de la dette a toujours été très rentable.
C'est en 2006 que j'ai lu plein de brochures des Renseignements Généreux, expliquant A qui profite la dette. C'est là que je suis entré dans l'engrenage qui m'a mené à m'intéressé à la création monétaire.
Toutefois, en 2003, j'avais déjà été sensibilisé par le film de Pino Soladas Mémoire d'un saccage, qui explique les mécanismes – dette publique, corruption, privatisation – qui ont amené l'Argentine, un pays modèle selon les normes du FMI, à la faillite.
C'est là que l'on comprend que le FMI ne fait pas dans l'altruisme. Le FMI ne donne des crédits au pays qu'à condition de suivre des critères. C'est toujours la même recette. Il faut libéraliser tout ce qui n'est pas sur un marché public. Ainsi les grandes banques internationales peuvent venir acheter ce qui ne leur était pas acessibles.
Car oui, ce qui n'est pas sur le marché ne s'achète pas. On peut avoir le pouvoir de créer la monnaie à l'infini, mais ça ne suffit pas.
Ainsi c'est là que le pouvoir de la dette sous condition du FMI est intéressant. Ainsi l'Argentine à vendu son gaz et son eau à des consortium de grandes banques internationales. Mais comment s'en sortir financièrement en vendant tout ce qui peut rapporter de l'argent ?
Finalement c'est en faisant le contraire des recommandations du FMI que l'Argentine s'est sortie de la crise. (Malheureusement pour replonger dans d'autres crises plus tard.)
Encore un exemple récent d'utilisation du pouvoir de la dette.
La Chine de Xi Jinping est en train de construire de nombreuses voies de communication pour acheminer les produits de ses ateliers dans le monde entier.
Il y a le projet ferroviaire des nouvelles routes de la soie. Ainsi que le projet de routes maritimes.
Au milieu des années 2000, la Chine propose un crédit au Sri Lanka pour la construction d'un port de 60km2 à Hambantota. C'est $ 8 milliards de crédit qui seront donné au Sri-lanka pour la construction du port et d'autres infrastructures.
En 2010, le port est construit. En 2015, le gouverment a des difficultés à rembourser les crédits. Le taux d 6% est plus important que ce que le gouvernement avait l'habitude avec les crédits de la banque mondiale.
Il est temps de rappeler que la monnaie est une reconnaissance de dette. Donc pour qui détient une banque centrale, créer un crédit, c'est mettre sur le compte de quelqu'un d'autre une reconnaissance de dette de sa part. Donc je charge ton compte avec un "bout de papier" qui dit que je te paierai plus tard. Ainsi tu peux payer tes entreprises de construction, avec ces bouts de papier qui disent que je paierai plus tard.
Comme le débiteur dit qu'il n'arrive pas à rembourser, soit ramener la monnaie qui est équivalente aux chiffres que j'ai mis sur son compte. Alors je prends possession pour un siècle du lieu.
Donc ça m'a couté quoi ? Quelques reconnaissances de dettes qui disent que je paierai plus tard.... quand ?
Après le Sri Lanka, la Chine a acheté le port du Piré en Grèce. Là aussi c'est l'endettement du pays qui justifie la vente du port.
Le ministre des finances de l'époque, Yánis Varoufákis a évoqué qu'en prenant ses fonctions il s'est dit qu'il allait refuser la vente du port.
"On" lui a répondu que ce n'était pas un choix en sa possession. Il a négocié un meilleur prix avec les chinois. Ils ont largement acceptés. Mais au moment du paiement, il a vu qu'il manquait quelques milliards.
Les chinois ont expliqué que L'Allemagne en tant que principal créancier de la Grèce avait décidé de ne pas prendre en compte l'arrangement entre la Grèce et la Chine !
Le pouvoir de la dette donne tous les droits !
L'ère des banques centrales
La banque d'Amsterdam
Comme nous l'avons abordé plus haut, les Pays-Bas sont la grande puissance commerciale du XVII ème siècle. Ceci en bonne partie grâce à la vision du monde protestante qui développe la finance. En effet, les Hollandais sont fortement protestants et lors de la révocation de l'édit de Nantes, ils vont accueillir beaucoup de réfugiés français.
Les services bancaires vont se développer. La banque d'Amsterdam est créée en 1609. C'est une des premières banques de dépôts et elle propose de faire des paiements par virement entre les comptes des clients de la banque.
Une loi est même adoptée pour obliger tout paiement de plus de 600 florins à se faire via des virements dans la banque d'Amsterdam. Ainsi c'est le succès assuré pour cette banque. On peut dire que c'est une banque d'État.
La banque d'Amsterdam est créée avec l'accord et la garantie de l'État de Hollande. Les banquiers ont un status de fonctionnaire de la ville et sous l'autorité des édiles de la ville.
La banque d'Amsterdam va inspirer d'autres banques, comme la banque de Stockholm qui sera la première à utiliser des billets de banques, et la banque d'Angleterre.
Le principe d'une banque centrale est toujours un hybride entre le droit privé et le droit public. C'est une alliance entre l'État et des marchands.
Si l'on se souvient bien une des conséquences de la création de la monnaie métallique de type jeton de valeur, imposé par l'impôt, c'est la création de l'économie de marché. Ceci favorise énormément les marchands d'armes et de fournitures militaires. Tous les progrès de la science tournent également autour de cette motivation militaire.
Au début, ce sont les seigneurs qui profitent de leur pouvoir de seigneuriage pour renforcer leur armée et faire grandir leur empire. Mais on l'a vu ci-dessus, le pouvoir de seigneuriage a ses limites. Limite que le crédit n'a pas!
Les marchands d'armes sont également assez futés pour financer les deux camps d'un conflit. Donc ils ne perdent jamais!
Les seigneurs s'endettent et les marchands d'armes s'enrichissent. A tel point qu'au bout d'un moment les marchands vont vouloir leur part du gâteau du pouvoir.
Ceci suivant un principe universel, selon la suite logique de vouloir le pouvoir une fois qu'on a déjà la richesse. Bien que l'étymologie du mot richesse, veut aussi dire puissant.
La banque d'Angleterre
L'exemple de la création de la Banque d'Angleterre en 1694 est emblématique. C'est le Roi d'Angleterre William III – un hollandais! – qui autorise la création de cette banque centrale, via le Tonnage Act 1694 voté de justesse par la Chambre des Communes.
Le principe est simple. Le roi est endetté, une souscription est ouverte, un groupe de 1520 personnes qui vont lui prêter 1,2 million de livres sterling. Il pourra ainsi prolonger sa guerre contre la France que le parlement anglais refuse de financer.
La reconnaissance de dette est enregistrée en partie sur des bâtons de comptage.
Le roi n'a pas ni l'envie ni les moyens de rembourser la dette.
Les marchands proposent de titriser cette dette, ainsi des billets de banques vont pouvoir circuler. On augmente la masse monétaire à partir d'une dette.
Le billet de banque n'est qu'un petit morceau de la grosse dette du roi. Ainsi tout possesseur d'un billet peut demander au roi de lui payer ce qui est inscrit sur le billet. À l'origine le paiment se faisait en or.
Un billet de banque est un chèque au porteur. Il y a encore des pays où c'est écrit sur les billets. En Inde notamment, le gouverneur de la banque centrale s'engage à donner des roupies en échange du billet. Mais que sont les roupies à part une unité de compte?
Chose assez paradoxale à priori, ce sont les marchands qui vont proposer de payer la contrepartie en or que représentent les billets. Ceci en échange du monopole d'émission des billets de banque.
C'est ainsi qu'au fil du temps, par étape successives étalées sur un siècle, la banque d'Angleterre se crée.
Le principe d'une banque centrale, c'est de rendre liquide une dette. Ainsi une banque centrale a toujours besoin d'acheter des titres, des dettes, généralement des bons d'État, pour créer de la monnaie. Elle va mettre en circulation la nouvelle monnaie en payant avec elle la dette achetée.
Les systèmes d’étalons métalliques
Depuis le Moyen Âge un courant d’idées prône que la valeur de la monnaie réside dans le contenu métallique (essentiellement de l’argent) des espèces monétaires.
Il y a une idée fortement ancrée dans les livres d'économie qui indique que c'est grâce à l’immense masse de métal précieux venue d’Amérique, qu'il est devenu possible d’envisager un système monétaire où la valeur de la monnaie est basée sur un poids de métal précieux.
Cependant, on a maintenant de nombreuses preuves que l'argent physique issu des mines d'argent du continent américain – notamment à Potosi en Bolivie – ne venait pas en Europe, ou repartait tout de suite en Chine.
La Chine est devenue le plus grand consommateur d'argent depuis le milieu du 16ème siècle où la dynastie Ming, après avoir supprimé le papier monnaie de la dynastie précédente, a imposé progressivement l'utilisation de l'argent pour le paiement des impôts. Notamment sous forme de scyee, des lingots d'argent normalisés utilisés jusqu'en 1933, date du passage aux pièces de monnaie en argent.
Pour suivre le rythme de son expansion économique, l'empire chinois a été obligé d'importer de l'argent du monde entier.
Cependant, on a quand même vu en Europe une augmentation de la quantité d'argent. Il s'agit principalement d'argent issus des mines de Bohème découverte vers 1290. C'est de là, au village de Sankt-Joachimsthal que seront frappé les Thaler qui deviendrons les Dollars une fois de l'autre côté de l'atlantique, prononcé dans une autre langue.
Il faut aussi se méfier des différentes comptabilité d'argent physique que l'on trouve, car parfois c'est de l'argent papier. C'est une titrisation faite à Séville sur les cargaisons des navires en provenance d'Amérique, mais qui repartaient directement en Chine tout en étant prêté au roi!
C'est le moine dominicain et économiste Tomás de Mercado qui nous rapporte ceci. C'est une des pistes d'explication de l'inflation européenne entre 1500 et 1650, connue sous le nom de Révolution des prix.
La monnaie représente une quantité de métal
Le principe de l'étalon métallique est justement d'éviter que les États ne jouent avec la monnaie. Le mécanisme de l'étalon métallique revient souvent en force juste après une crise de confiance dans une forme reconnaissance de dette.
Dans un tel mécanisme, l’État ne peut créer de manière illimitée de la monnaie, il est contraint par les réserves de métal précieux disponibles.
Les possédants sont protégés d’une fonte de la valeur de leur avoir et de leurs rentes. Il y a dans ce système une tendance à la raréfaction de la monnaie circulante.
L'étalon métallique est adopté progressivement par d’autres pays européens. La France crée en 1803 le franc germinal, valant cinq grammes d’argent.
Avec le développement des échanges internationaux au XIXe siècle, un autre avantage se révèle. Les devises nationales faites de papier monnaie ne valent qu’à l’intérieur du territoire national et n’ont aucune raison d’être acceptées à leur valeur à l’étranger. Par contre, tous les pays acceptent les métaux précieux en paiement. De la sorte, des monnaie nationales dont l’unité de compte est basée sur un poids d’or peuvent plus facilement commercer entre eux, pourvu que l’on soit assuré que chacune verra sa convertibilité garantie par l’État.
C’est la naissance de l’étalon-or international. On assiste à une première organisation des échanges internationaux avec une parité fixe des devises.
Mais à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, cette organisation montre aussi ses limites. Les États sont sous la dépendance des producteurs de métaux pour leur émission monétaire ; la spéculation se développe, liée aux différences de prix entre le cours boursier du métal et son cours légal ; les pays les plus faibles économiquement ne sont pas capables de maintenir leurs réserves ; les gouvernements poussent à la création de crédits supplémentaires, et en cas de crises sévères telles que les guerres chacun revient à une monnaie de papier.
Les différentes ruées vers l'or en Californie et en Australie dérégulent également la proportion entre l'or et l'argent des systèmes à étalons bi-métallique.
Progressivement, le lien avec l’or devient plus fictif à mesure que se développe l’émission de monnaie fiduciaire et scripturale par les banques commerciales et le système sera abandonné dans les années 1930.
L'or numérique des cryptomonnaies
Avec les crypto-monnaies, on voit réapparaitre une forme d'étalon métallique. Il y a une analogie qui est faite entre les jetons enregistrés dans les blockchains des crypto-monnaies, et les métaux précieux. Notamment par le le fait que l'on parle de minage(mining) de cryptomonnaie, soit une référence directe au fait d'aller extraire de l'or ou de l'argent d'une mine.
Pour le Bitcoin, la première des crypto-monnaies, il y a un total de 21 millions de jetons qui est prévu à l'avance par l'algorithme et qui s'obtient en récompense de vérifier l'intégrité du réseau et en ajoutant les nouveaux blocs à la blockchain. C'est ceci que l'on nomme le mining.
On retrouve ainsi une monnaie qui est limitée dans son nombre d'unité. C'est peut être une émanation de la tendance à la perte de confiance dans un système monétaire basé sur les reconnaissance de dette. On observe très souvent dans l'histoire ce mouvement de balancier. Pour rappel, le Bitcoin est sorti de nulle part juste après la crise financière et bancaire de 2008.
L'ère des banques commerciales
Usure : faire payer un loyer sur quelque-chose qui ne s'use pas.
L'impôt obligeant toujours les gens à se battre pour "gagner leur vie" en obtenant des moyens de paiement reconnus pour payer l'impôt, la marchandisation du monde continue à s'étendre.
Le meilleur moyen de gagner de l'argent, c'est de rendre payant ce qui était gratuit, de favoriser l'approche commerciale plutôt que le don.
La science fait évoluer la technique et la technique rend plus efficace les méthodes de captation d'argent. Cependant les nouvelles techniques nécessitent souvent un nouvel écosystème qui se rend indispensable.
Le crédit pour payer, à l'avance, des infrastructures
La révolution industrielle faite de grandes promesses de révolutions techniques. Notamment le chemin de fer et la marine à vapeur, puis plus tard l'électrification.
La construction d'un chemin de fer nécessite d'énormes ressources, il faut créer un réseau de chemin de fer, mais avant il faut extraire du fer et le transformer en acier dans des aciéries.
Comment va être payée cette infrastructure?
Sans que la totalité de l'infrastructure ne soit en service, elle ne rapporte rien. Mais une fois construite elle peut rapporter gros.
C'est là qu'on observe de nombreuses banques commerciales qui se créent pour financer les compagnies des chemins de fer par le crédit bancaire. C'est toujours la logique du Je reçois de la monnaie tout de suite et je paye plus tard. Ainsi la vision du monde qui va avec doit nécessairement voir le futur comme meilleur que le présent et le passé.
L'exemple le plus emblématique de création d'un nouvel écosystème industriel est le cas de la création du Crédit Suisse par Alfred Escher en 1856 afin de financer le développement des chemins de fer Suisse, au nord-est et au Gothard.
Alfred Escher avait de la suite dans les idées. Une fois qu'il avait le financement, il faut des ingénieurs pour réaliser la construction du réseau ferroviaire. Il a donc également créé l’École Polytechnique Fédérale.
Transports, banques, assurances et hautes écoles. Alfred Escher y est pour beaucoup dans l'identité Suisse.
En Allemagne on voit la création de la Deutsche Bank en 1870, afin d’aider le développement international d’entreprises industrielles, notamment Siemens. L’un des fondateurs de la Deutsche Bank était Georg Siemens un petit cousin du fondateur de l’entreprise électrique Siemens.
Aux USA, en 1871Le célèbre banquier JP Morgan a créé sa banque. Il sera également très actif dans le développement industriel, acier, électricité, chemin de fer et compagnie maritime. Il sera ainsi indirectement le propriétaire du Titanic!
Il est également intéressant de voir que le banquier crée le futur. Si le banquier vous est favorable votre projet est financé. Si votre banquier trouve votre projet pas rentable. Il ne sera pas financé.
Ainsi il vaut mieux être en bon terme avec son banquier pour se lancer dans l'industrie. Ce n'est peut-être pas pour rien que de grosses entreprises créent leurs propres banques. (General Electric par exemple....)
C'est l'assurance de ne pas se faire refuser un crédit.
La banque crée la monnaie, elle ne prête pas l'épargne
Bien que les banques commerciales fonctionnent depuis 150 ans avec le même principe, en fait, il y a encore de nos jours une grande méconnaissance de leur réelle manière de fonctionner.
Donc je crée ici un chapitre qui explicite vraiment qu'actuellement plus de 90% de la monnaie est issue d'un contrat de crédit bancaire dans une banque commerciale.
La banque ajoute des reconnaissances de dette de sa part sur un compte pour son client, en échange d'un engagement de ce dernier à rapporter la somme créditée et les intérêts en sus.
Un sondage réalisé en 2013, dans 20 pays, par Motivaction International et le Sustainable Finance Lab montre que seule 1 personne sur 5 sait comment est crée la monnaie.
La création monétaire est un impensé.
La création monétaire est l’un des plus grands impensés du mouvement écologiste et de l’économie elle-même. Pourtant, la façon dont l’argent est créé et mis en circulation aujourd’hui détruit les humains et la Terre.
Il y a encore beaucoup trop de gens qui pensent que les banques prêtent l'épargne qu'on leur confie. C'est faux !
Le comble, c'est que même des banquiers parfois haut placé ne connaissent pas leur métier !
Le meilleur exemple est le débat qui a eu lieu en 2017 sur la chaine de TV Suisse italienne TeleTicino.
C'était un débat à propos de l'initiative Monnaie Pleine, entre Sergio Rossi, professeur d'économie monétaire à l'université de Fribourg, et Sergio Ermotti, le CEO de UBS, une des plus grande banque du monde.
Deux Sergio, chacun une cravate, l'autorité de l'université contre l'autorité de la banque.
Sergio Rossi, le professeur, explique à Sergio Ermotti le banquier que les Crédits font les dépôts. Que non, la banque ne prête pas l'argent des épargnants, mais crée de la monnaie ex-nihilo, à partir de rien. Ou plutôt à partir de la promesse de remboursement de la personne qui contracte le crédit.
Sergio Ermotti a une expression faciale qui montre qu'il tombe des nues. Puis il se reprends et tente l'argument d'autorité. – Vous n'allez pas m'apprendre mon métier.
Sergio Rossi ne se laisse pas démonter. Il a raison et le sait. Il savoure ce moment.
Alors bluff de la part du banquier ? Réelle méconnaissance ?
Le doute reste. Mais ayant personnellement questionné des banquiers avec des amis. Nous avons en effet, découvert que parfois l'employé de banque a mieux compris le fonctionnement du système que le grand patron.
Donc je pense qu'ici le grand patron d'une des plus grande banque du monde a découvert en direct son propre métier !
Ce point de vue était souvent traité de complotiste jusque vers la crise bancaire de 2008 qui a mis en lumière le fonctionnement du système bancaire.
Depuis toutes les autorités ont confirmé que la majorité de la monnaie est créée par le crédit bancaire.
C'est le cas par exemple de la Banque Nationale Suisse qui l'explique dans sa brochure ou du gouvernement Suisse avec l'interpellation 12.3305 qui dit que c'est un business comme un autre que de créer des substituts monétaires.
Néanmoins, une banque commerciale doit tout de même détenir des fonds propres pour avoir le droit d'octroyer des crédits. Un banque commerciale doit déposer des réserves obligatoires à la banque centrales. En Suisse, c'est 2,5% des crédits. Donc en déposant 1 CHF à la BNS, elle peut créer CHF 40 de substituts monétaires pour ses clients.
Donc par exemple une banque veut louer des locaux, elle paie son loyer avec une reconnaissance de dette de sa part. Vu que les reconnaissances de dette des banques sont les moyens de paiement les plus utilisés, ce moyen de paiement sera accepté. Donc la banque peut payer en disant qu'elle payera plus tard…
C'est techniquement possible, mais est-ce autorisé ? Si quelqu'un a des infos précises sur le sujet je suis preneur.
Une monnaie pour être souverain
Si l'on fait le bilan de 5000 ans d'histoire, on observe que les "monnaies" des Sumériens et des Égyptiens étaient créées par une large part de la population. Toute personne en mesure de cultiver un champ de céréales crée de la "monnaie".
Au fil du temps, on a vu que la création monétaire a été confiée à une élite. C'était clairement le but de l'invention de la monnaie métallique de type jeton de valeur + impôt. La monnaie est l'instrument pour qu'une élite vive sur le dos des autres.
– Bon, à Sumer c'était pas très différent, mais ce sont les classes sociales qui séparaient les gens pas le système économique.
Avec les grains de céréales, la masse monétaire est en lien avec la nature et le travail humain.
Avec la monnaie métallique, la masse monétaire est ajustée pour faire travailler les gens au service d'un seigneur. La masse monétaire dépend de la quantité de métaux disponibles. Il y a une limite.
Le crédit fait totalement sauter la limite et donc le lien avec une certaine réalité naturelle. Cette absence de limite est géniale pour celui qui profite de la monnaie qu'il reçoit immédiatement. Mais quand cette absence de limite se transforme en esclavage c'est moins drôle. Ça veut dire qu'il n'y a aucune limite au remboursement d'une dette exponentielle!
On en arrive à être totalement prisonnier d'une dette. On en arrive parfois à avoir tout ce qu'il faut, des ressources matérielles et des humains pour accomplir un travail, mais pas les chiffres nécessaires pour payer ce travail.
Donc pourquoi le chômage existe si la seule chose qui manque c'est des chiffres? C'est la chose la plus simple à créer!
C'est selon ce constat que plusieurs systèmes sont apparus au cours de l'histoire pour qu'une communauté puisse reprendre sa destinée en main.
Expérience de Wörgl
L'expérience la plus connue est certainement celle de Wörgl en Autriche en 1932. En plein crise des années 1930, le chômage était très élevé et pourtant la ville avait plein de travaux à faire et plein de gens ayant du temps.
C'est là que le Burgmestre de Wörgl, inspiré par la théorie de Silvio Gesell décida de mettre en place une monnaie locale. Le terme de monnaie étant prohibé par la loi c'est le terme de certificat de travail qui a été utilisé.
Cette monnaie avait la particularité d'être fondante. Il fallait payer un timbre en monnaie officielle pour que le billet en monnaie locale soit valable. Cette particularité a accéléré la circulation de la monnaie.
La mise en place de cette monnaie locale a permis de faire baisser de 25% le chômage local, alors que dans la même période il a augmenté de 20% dans le reste de l'Autriche.
Le système a tellement bien fonctionné qu'il a été interdit!
On ne remet pas si facilement en cause le pouvoir de celui qui émet la monnaie!
Ceci fait totalement écho avec les MLC, les Monnaies Locales Complémentaires. Dont on voit un grand essor dans les années 2010, surtout suite au film "Demain".
L'énorme avantage d'une Monnaie Locale Complémentaire "nantie". C'est le fait de pouvoir doubler la masse monétaire. En recevant un billet de monnaie officielle, on peut garantir un billet de monnaie complémentaire. On a ainsi deux billets.
Ce principe a été utilisé par la Banco Palmas au Brésil pour dynamiser l'économie d'un quartier pauvre. Cette monnaie locale a par exemple permis la construction d'une école. Un fond a été collecté en monnaie officielle pour créer l'école. Cette monnaie a été utilisée pour garantir son équivalent en monnaie locale. L'essentiel de la construction a pu être fait en monnaie locale. Seul 30% du fond de base en monnaie officielle a dû être utilisé pour payer ce que la communauté locale n'arrivait pas à fournir. Ainsi on observe qu'une monnaie locale peut créer un bon effet de levier.
Cependant, vu le succès grandissant des Monnaies Locales Complémentaires. La France s'est dotée en 2014 d'une loi sur les Monnaies Locales Complémentaires qui interdit de toucher au fond de garantie qui doit rester sur un compte en banque. Ainsi on bride une des fonctions les plus intéressante de monnaies locale complémentaire et on permet aux banques commerciales d'augmenter leur potentiel de crédit. Ce qui généralement va à l'encontre des chartes des MLC.
Encore une fois, il est dur de s'émanciper de celui qui crée la monnaie.
Voici un autre exemple de communautés qui ont créé leur propre monnaie. Il s'agit des colonies anglaises des USA avant les USA. Ces colonies utilisaient descolonial scrips. Chaque État utilisait une monnaie différente.
Dans les colonies lointaines, les pièces des monnaies métalliques étaient rares. C'est pour cette raison que l'État du Massachusetts a été le premier à émettre du papier monnaie. Une lettre de change adossée sur la dette publique et gagée sur la terre.
Ainsi le gouvernement pouvait couvrir ses frais directement en créant de la monnaie. Puis par l'impôt le surplus de monnaie est détruit. C'est le principe du chartalisme.
Les différents États géraient plus ou moins bien leur monnaie. Les États du sud plus souvent en guerre ont subi une plus forte inflation. La Pennsylvanie semble avoir été l'état qui a le mieux géré sa monnaie en oubliant pas de la détruire régulièrement. Sur 50 ans le cours du Pennsylvania Pound est resté stable en regard du cours de l'or.
Colonial scrips de Pennsylvanie imprimé par Benjamin Franklin en 1764
Le 19 avril 1764 le parlement anglais vote le currency Act, une loi interdisant aux 13 colonies de créer de la monnaie. C'est un des facteurs qui a mené à la guerre d'indépendance des USA.
Cette guerre a été financée par une autre monnaie créée pour l'occasion en 1775 par les Colonies Unies, il s'agit du Continental dollar.
Cette monnaie a été massivement imprimée pour financer la guerre, et de fait elle subit une forte inflation durant ces 6 années d'existence. Mais néanmoins on peut se poser la question de l'issue de cette guerre sans avoir eu ce financement?
Il faut quand même noter que la France a également beaucoup financé la révolution américaine, ce n'est pas uniquement le continental dollars qui a permi le financement de la guerre d'indépendance.
Quelques années plus tard, en 1790 en France on retrouve un même type de monnaie papier créée pour financer une révolution. Il s'agit des assignats.
L'État français a besoin de liquidité. Il confisque les biens de l'église par assignation – d'où le nom des assignats – et veut les vendre. Mais le processus prend du temps. Pour avoir des liquidités, l'idée est de vendre des titres qui représentent cette vente future.
Les comités révolutionnaires impriment des assignats, et pris au jeu de cette monnaie gratuite, en imprime beaucoup et négligent souvent de les détruire comme il était prévu.
De plus, les ennemis de la révolution impriment aussi des faux assignats afin de faire effondrer le système. Il y a un atelier très efficace à Londres.
Ce système a duré également 6 ans, tout comme le Continental dollar. Là aussi on peut se questionner sur le bilan. Cette monnaie n'a pas été durable, mais en temps de révolution c'est un outil très utile pour changer un système en place.
L'observation que l'on peut faire sur ces monnaies fiduciaires d'État. C'est que la gouvernance de cette monnaie est un point critique. Un gouvernement qui imprime trop de monnaie et/oui qui néglige de la détruire va rapidement faire effondrer sa monnaie.
La monnaie fondante de Wörgl ne semble pas avoir subi de problème d'inflation monétaire. Peut être grâce à son caractère fondant qui "détruit" une monnaie qui n'est plus nécessaire. Ce n'est pas avéré, mais c'est une piste intéressante.
Le crédit mutuel
Le système bancaire majoritaire de nos jours crée de la monnaie par le crédit bancaire. Il s'agit d'une personne qui va présenter un projet à son banquier. Si ce dernier trouve que le projet est rentable et intéressant pour lui, il crée la monnaie en échange du remboursement avec intérêt en plus.
Il se trouve que l'accès au système bancaire n'est pas égal pour tout le monde. Comme le dit l'adage: on ne prête qu'aux riches. Plus on est proche du robinet, plus l'accès aux liquidités est facile.
Ainsi à contrario, plus on est loin des banques moins il y a de monnaie. Ce n'est pas pour rien que les villes de Genève et Zurich sont les plus chères du monde. Ce sont des places financières internationales avec une grande densité de banque.
Donc comment créer des chiffres quand on est loin d'une banque?
Raiffeisen
Friedrich Wilhelm Raiffeisen crée en 1849 la Société de secours aux agriculteurs impécunieux de Flammersfeld afin de renforcer la coopération financière dans les communautés rurales. Il crée une forme de banque coopérative locale au beau milieu des campagnes, là où les grandes banques commerciales liées à l'industrie – comme on l'a vu ci-dessus – ne sont pas.
Le mouvement de coopératives bancaires Raiffeisen va se propager en Allemagne, Autriche, Suisse (vers 1900) et en France sous le nom de Crédit Mutuel ou Crédit agricole. Un nom à consonance Allemande ne passant pas bien après la guerre de 1870...
Le but est principalement de faciliter l'accès au crédit pour les agriculteurs et ainsi éviter d'avoir recours à des usuriers. Ceci est possible grâce à la mutualisation. Au lieu d'avoir un seul banquier qui assume les risques de crédit, avec le crédit mutuelc'est toute une communauté qui assume les risques. Chacun est ainsi autant créditeur que débiteur.
La banque du peuple
Également en 1848-1849, Pierre Joseph Proudhon lance son idée de Banque du peuple. Le but étant de réaliser une véritable démocratie économique grâce au crédit mutuel et gratuit grâce à une suppression progressive du taux d'intérêt, ainsi qu'un découplage d'avec l'or.
Le lancement de la banque va échouer malgré un grand intérêt populaire. Ceci à cause du manque de fonds propres nécessaires pour remplir les obligations légales. La raison est due à plusieurs amendes qui grèvent les actifs du journal Le Peuple qui devaient servir de fonds propres.
La banque WIR
En 1934, la Banque WIR est créée en Suisse, inspiré par les théories de Silvio Gesell. Le "Franc WIR" est une monnaie utilisable dans un réseau de ~60 000 entreprises.Le Franc WIR n'est pas convertible en Franc Suisse. C'est un crédit mutuel.
Depuis 1948, le WIR n'est plus une monnaie fondante, et depuis 1952 le modèle de monnaie franche – aussi appelée économie libre – de Silvio Gesell a été abandonné, ouvrant la porte au crédit avec intérêt.
Les SEL
Les Systèmes d'Échange Locaux sont souvent organisés comme un crédit mutuel basé sur une unité de temps. Bien que certains SEL ont des unités de mesures non liées au temps.
Chaque personne qui "rend un service" à une autre personne comptabilise sont temps et ainsi obtient le droit d'avoir le même temps à disposition pour un autre service offert par quelqu'un de la communauté.
Ce système est un véritable système économique parallèle et en cela il dérange aussi.
L'idée de mutualiser les ressources d'une communauté pour se créer une chambre de compensation commune est très puissante. Le principe des reconnaissances de dettes entre individus se retrouve déjà sur les bâtons de comptage et même les tablettes d'argile. Mais ce sont à chaque fois des dettes entre un binôme d'individus.
Mutualiser toutes ces reconnaissances de dettes dans un même système économique commun permet de faciliter les échanges.
L'avantage du crédit mutuel c'est qu'il n'y a pas d'inflation monétaire possible. Vu que "la masse monétaire" est créée lors d'une transaction réelle et pas en amont déconnecté de la réalité.
La somme des comptes d'un crédit mutuel est toujours nulle.
Un des gros avantages du crédit mutuel est la facilité d'accès au crédit. C'est en général la raison principale de la création de ce genre de système. Il y a néanmoins un risque pour la communauté. Ainsi de nombreuses communautés ont mis en place une limite de consommation à crédit. C'est surtout le cas quand il n'y a pas d'intérêt sur le crédit comme dans les SEL.
Dans les systèmes Raiffeisen et WIR un intérêt existe sur les crédits. C'est en général une manière de rémunérer la gestion du système.
Le système Raiffeisen actuel – et assimilé comme Crédit Mutuel et Crédit Agricole – n'est plus à considéré comme un crédit mutuel. Ce sont maintenant des banques commerciales comme d'autres. Il n'y a plus de réelle différence. La principale étant la forme juridique de la société, une coopérative. Ceci est principalement dû à deux facteurs:
la convertibilité de la monnaie de la communauté dans toute autre forme de moyen de paiement. (ainsi on met en concurrence les substituts monétaires issus d'une coopérative avec ceux issus du crédit bancaire )
les taux d'intérêt bancaires qui sont devenus tellement bas, voir négatif que l'avantage de la mutualisation ne se voit plus.
Les cryptomonnaies
En 2009, le monde encore sous le choc de la crise bancaire et financière de 2008 découvre le Bitcoin, la première crypto-monnaie basée sur une blockchain.
Le temps des geeks pionniers
Le Bitcoin ne vaut rien. Ce sont des jetons virtuels générés par un algorithme pour rémunérer les gens qui font "tourner" un nœud qui vérifie le réseau de transactions.
les deux pizza achetées pour l'équivalent de 100 millions de $ en 2020
Puis en quelques années, des bourses d'échanges sont mise en place pour acheter des Bitcoins contre des dollars (ou autre). Gentiment le Bitcoin prend de la valeur jusqu'à passer les 10 000 $ en décembre 2017, puis les 66 666 $ en octobre 2021.
Un réseau décentralisé, sans tête
Dans son code monétaire, le bitcoin n'a absolument rien d'innovant. C'est un jeton de valeur au même titre qu'une pièce métallique.
La masse monétaire est fixée à l'avance et limitée à 21 millions de Bitcoins.
Là où le bitcoin est révolutionnaire c'est dans le fait que sa gouvernance est décentralisée. C'est un réseau de nœuds. Le bitcoin est un protocole. Tant que 51% des nœuds qui gèrent le réseau ont intérêt à ce que le protocole soit suivi, tout fonctionne. Le – ou les – concepteurs du bitcoin est toujours inconnu.
Ces facteurs font que le bitcoin est impossible a arrêter. Il n'y a aucune personne ou organisation centrale que l'on peut faire passer devant un tribunal.
On a donc là un véritable contre-pouvoir monétaire aux systèmes dominants.
La sécurité du bitcoin se base sur l'accès à l'énergie. En effet, pour pouvoir ajouter un bloc de transactions à la base de données globale, – et être ainsi rémunéré avec de la création monétaire – il faut être le premier à présenter une preuve de travail.
Cette preuve consiste à avoir trouvé un hash, sorte de signature-résumé d'un bloc de données, qui commence par un certain nombre de 0. Ceci ne peut se déduire mathématiquement. Il faut donc réaliser des essais au hasard jusqu'à trouver la bonne solution. On est dans l'ordre de grandeur de 200 milliards d'essais. Ce qui représente une certaine quantité d'énergie. Les détracteurs du Bitcoin dénoncent souvent ce gaspillage d'énergie pas très écologique.
Dans tous les cas, le lien à l'énergie est nécessaire pour garantir la sécurité du protocole.
Comme tous les blocs contenant l'historique des transactions sont chainés depuis l'origine. Celui qui veut tricher et imposer sa version de l'historique doit être capable de tout recalculer depuis le moment où il veut tricher. Ainsi il doit mettre exponentiellement plus d'énergie dans l'opération que ce qui a déjà été mis.
Comme avec le bitcoin on est aux limites physiques des vitesses de calcul actuelles. C'est une opération virtuellement impossible et probablement non rentable économiquement. Ainsi la blockchain est sécurisée contre les modifications frauduleuses.
Le temps de la spéculation
Le bitcoin est sorti du réseaux des geeks par son couplage avec des plateformes de négoce. La spéculation a créé de l'intérêt pour le bitcoin, et inspiré des milliers d'autres cryptomonnaies.
La spéculation qui s'est emparée du bitcoin à l'avantage de lui avoir donné de la valeur, mais l'inconvénient d'en faire un outil de mesure très instable. Et de par ce fait, très peu utilisable pour des paiements courants.
A l'ère de l'information, c'est le temps des crypto
Plus haut nous avons vu que les banques commerciales sont intrinsèquement liées au monde industriel.
Tant que les organisations les plus puissantes du monde étaient des organisations industrielles, les banques étaient fortes. Mais avec la désindustrialisation du monde occidental et la montée en puissance des entreprises liées à l'ère de l'information – les GAFAM– le monde des banques perd de sa puissance.
Il se pourrait bien que, tout comme les marchands ont demandés aux seigneurs féodaux leur part du pouvoir, les GAFAM demandent leur part du pouvoir en créant des alternatives monétaires aux banques commerciales et centrales.
C'est ce que l'on commence à voir avec Facebook et son projet de monnaie Libra, basé sur une blockchain de 100 nœuds gérés par des milliardaires et des institutions financières.
Facebook, avec Whatsapp et Instagram dispose d'une base de 5 milliards d'utilisateurs. Ça a tout a fait du sens d'ajouter un moyen de paiement simple et rapide dans ces applications. C'est ce que Tencent à fait en Chine avec WeChat.
L'idée de facebook c'est une monnaie basée sur un panier de devise. Ainsi on résout le problème de stabilité de l'unité de compte trop volatile que l'on a dans le bitcoin.
Mais ceci n'est pas encore fait. Le projet Libra a échoué. Les autorités de surveillance des banques – affiliées aux banques elles-mêmes – ne sont pas d'accord. Elles ont réussi à torpiller le projet Libra en le vidant de sa substance par étape. Par exemple avec la demande de segmentation de Libra en plusieurs monnaies, une par continent. Puis je ne sais quelle pression il y a pu avoir et par qui, mais rapidement les plus gros partenaires, Visa, Mastercard, Paypal, Stripe, ont quitté le projet Libra.
Le monde des banques n'est pas encore mort!
Le temps de la maturité
Bien qu'on observe une résistance de la part des banques à laisser de nouveaux acteurs les détrôner, l'ère des cryptomonnaie est inéluctables. Mais pas sous n'importe quelle forme.
Lors de toute révolution technique, on voit l'ère des pionniers, puis celle des opportunistes qui veulent leur part du gâteau, beaucoup de projets financièrement non viables. Il y a une sorte de bulle, tout s'effondre, mais le nouveau paradigme est là. Il ne disparait pas. Sur ces cendres émergent une poignée d'acteurs qui vont faire leur place, avec une technique mature.
Par exemple lors de la révolution industrielle, de nombreuses compagnies de chemin de fer ont construits des km de lignes, parfois jusqu'au sommet des montagnes ! L'immense majorité des compagnies de chemin de fer du temps des pionniers ont fait faillite. Mais les rails sont là. D'autres compagnies reprennent les infrastructures et les idées et le train ne disparait pas. Il devient mature et s'impose partout.
Au tournant du millénaire, lors de la bulle de l'Internet beaucoup de fibres optiques ont été posées. Beaucoup de sociétés qui les ont posées ont fait faillite, mais le réseau est là. Il nous permet d'accéder à d'innombrables sites web.
Après le temps des pionniers, les opportunistes ont profité de vendre des services web pour des millions. Il suffit de trouver un nom qui contient deux "oo" pour attirer les investisseurs, yahoo, wanadoo, google, facebook, hooli…
Beaucoup ont disparus, mais le web n'a pas disparu, il prend de l'ampleur et devient totalement indispensable.
Donc qui seront les GAFAM des cryptomonnaies ?
Je vois principalement deux formes émerger.
Il y a l'adoption par les banques centrales de la techniques des cryptomonnaies. Ce sont les Monnaies Numériques de Banque Centrale. La version chinoise est déjà fonctionnelle avec une version accessible au grand public. Ce n'est pas juste une monnaie entre banque centrale. Donc là c'est la version où le pouvoir ne change pas de main. Mais il s'adapte à une nouvelle technique.
Puis, il y a la version d'origine des cryptomonnaies, soit le Bitcoin, car c'est le réseau qui n'a pas de tête. Il ne peut pas se faire étouffer comme Libra, le projet de facebook. Le Bitcoin a montré qu'en une décennie, il est toujours là, et toujours au top.
Avec le réseau Lightning qui devient mature. Le Bitcoin gagne de nouvelles fonctions qui le rend maintenant capable d'être une monnaie utilisable au quotidien. Ceci me semble suffisamment intéressant pour prendre le temps de voir ceci en détail.
Le réseau Lightning pour booster le Bitcoin
Le bitcoin a été conçu avec une taille de bloc de ~1Mo ce qui correspond à un maximum de ~2500 transactions. Puis le processus de preuve par le travail prend une dizaine de minutes au moins pour valider le bloc. Il faut en général plusieurs validations pour que la confiance soit suffisante pour qu'une transaction soit totalement acceptée. Donc il n'est pas rare de devoir attendre 1h pour qu'une transaction bitcoin soit validée.
Afin d'accélérer une transaction, il est possible de payer des frais des transactions pour se placer en bonne position dans la file d'attente de traitement d'un nœud. Cette enchère sur les nœuds varient en fonction des périodes, selon si la spéculation est en surchauffe ou non.
Le bitcoin est victime de son succès. Bien que le protocole du bitcoin est surprenant tellement il est bien conçu pour un premier jet ! Le protocole du Bitcoin souffre tout de même d'une limitation de vitesse de transaction pour être totalement adopté comme moyen de paiement. (Bon relativement aux plusieurs jours nécessaires a effectuer un virement bancaire, le bitcoin est super rapide !)
De plus, la variabilité des frais de transaction le rend impossible à utiliser pour des micro-paiements. Personne ne va payer un café en bitcoin si il faut 1h d'attente pour valider le paiement et que le surcoût est de 50$ !
Ainsi plusieurs initiatives ont été lancées pour accélérer le bitcoin. En 2017, il y a eu plein de remous autour de SegWit, pour augmenter la taille d'un bloc. La mise à jour du protocole n'a pas été acceptée par tous les nœuds, mais le nombre de transactions utilisant segWit est maintenant majoritaire. On parle de "softFork".
Puis le réseau Lightning est arrivé proposant des canaux en parallèles du réseaux global de nœuds pour réaliser des transactions en nombre potentiellement illimité et dans un temps de quelques secondes.
Pour expliquer le principe du réseauLightning par une analogie, je dirais que c'est comme le réseau de lettres de change des Templiers. C'est une sur-couche au réseau de paiement avec de l'or.
Le Bitcoin est souvent comparé à de l'or numérique. Le réseau Lightning est une sur-couche au réseau Bitcoin.
Du temps des Templiers, une personne qui veut voyager va éviter de se balader avec son or dans la poche. Elle préfère voyager avec une lettre de change. Donc elle se rend chez les Templiers, converti son or sous forme d'une lettre de change, donc une reconnaissance de dette des Templiers. A l'issue de son voyage elle se rend à la commanderie templière la plus proche et reconverti sa lettre de change en or.
On peut imaginer qu'à la place d'avoir une seule lettre, notre voyageur a segmenté ses avoirs en plusieurs lettres de plus petites valeurs. Finalement ça lui fait un moyen de paiement. Notre voyageur n'est pas seul dans ce voyage, mais il a des compagnons de route avec lesquels il joue aux cartes chaque soir. Les joueurs misent de la monnaie sous forme de lettre de change.
Donc chaque soir, notre voyageur perd et/ou gagne aux cartes. Il y a de multiples transactions qui sont réalisées chaque jour. Une fois arrivé à destination notre voyageur chanceux n'a finalement rien perdu, ni gagné au jeu. Il peut convertir ses lettres de change en or.
On constate que dans ce cas, il y a de nombreuses transactions qui sont réalisées chaque jour, mais qu'aucune n'est faites en or. On a donc bien une sur-couche de transaction par dessus l'or. Tout comme le réseau Lightning créer une sur-couche par dessus le bitcoin. Cette espace ouvert entre deux transactions en or peut contenir une infinité de transaction en lettre de change et se régler très rapidement sans toute les contraintes de vérification de la bonne teneur en or d'une pièce. En jargon Lightning, on appelle un tel espace, un canal.
Techniquement, un canal Lightening est une sorte de chambre de compensation entre deux parties. La première et la dernière transaction dans un canal sont enregistrées sur la blockchain bitcoin, les autres ne sont que des écritures off-chain. Comme ces transactions intermédiaires ne sont pas traitées par le protocole bitcoin, il est possible d'éviter toutes les limitations du protocole.
La création d'un canal entre deux parties se fait part l'engagement et la séquestration d'un certain montant en bitcoin. Ce montant est le montant maximal que le canal pourra traiter dans ses transactions internes. Ce montant est libéré avec une double signature de chacune des parties.
Si deux parties ne sont par reliées directement entre elles, elles peuvent passer par des intermédiaires via un routage de type oignon. (Comme le protocole TOR qui permet de naviguer de façon anonyme sur Internet.)
Donc si de nombreuses parties ouvrent des canaux avec d'autres parties, il y a de grandes chances d'avoir un réseau Lightening qui relie tout le monde en très peu de saut. C'est le principe des six degrés de séparation mis en évidence par Milgram dans les années 1960. Pour relier directement une personne à une autre dans le monde entier, il y a maximum 6 intermédiaires. Une personne qui connait une personnes qui en connait une autre…
Avec le réseau Lightning, nous avons là, potentiellement un réseau de paiement instantané, mondial, à frais minimes.
Ce qu'il faut retenir ici, c'est que ce réseau à le potentiel de court-circuiter le système bancaire.
On peut donc imaginer que de nouveaux services de paiement et modèles économiques se développent sur des micro-paiements à l'échelle mondiale.
Western Union est en voie de disparition si les pays africains se mettent à utiliser le Lightning Network pour que leur diaspora européenne renvoie de l'argent au pays avec ce moyen. Fini les transactions avec 30% de frais.
C'est justement une des raisons qui fait que la république centrafricaine a adopté le bitcoin comme monnaie ayant cours légal.
Le Grand Reset par les crypto
Notre époque est une époque charnière. Le système monétaire est un système à monnaie dette.
Le système de fonctionnement d'une banque centrale c'est de rendre liquide un titre. Donc de créer la monnaie pour acheter un titre en grossissant son bilan, donc sa dette.
Le système des banques commerciales, c'est de fournir du crédit à qui en veut contre la promesse de remboursement. Donc de la dette.
Les dettes sont devenues tellement colossales que ce système est virtuellement mort. Mais comment passer à un autre ?
Les solutions classiques sont la guerre, l'hyper-inflation, le jubilé et l'effondrement. (J'ai comme l'impression qu'on est bien engagés sur ces chemins !!!)
La manière la plus élégante de s'en sortir pour ceux qui veulent conserveur leur privilège d'émettre la monnaie. C'est de passer d'un système de dette à un système de jeton.
Les cryptomonnaies n'ont pas dette. Le Bitcoin est généré par un algorithme.
Donc une banque centrale pourrait décider de changer de fonctionnement. Plus de dette, on converti tout en jetons.
Puis, le monde alternatif, celui qui a envie que le pouvoir change de main, va plutôt privilégier les cryptomonnaies publiques, Bitcoin en tête. Avec le Lightning Network ça me semble bien parti pour la progression du Bitcoin.
Donc voilà quelques idées de tendances, mais comme toujours l'avenir n'est pas prédictible et plein de cygnes noirs. Des événements que personne n'avaient vus et qui changent tout !
Nécessité d'un système de retour à l'équilibre
Une observation dont on parle peu, mais qui est une constante dans l'Histoire, c'est la remise à zéro du système.
Dans tous les systèmes économiques depuis la nuit des temps. Que ce soit explicitement conçu ou non, il y a TOUJOURS un système de remise à zéro…
Parfois le système de retour à l'équilibre et intégré dans le système et parfois c'est l'effondrement du système qui de facto le ré-initiatilise.
Avec le don dans une communauté de confiance, quand le temps passe, la mémoire humaine devient floue, automatiquement on oublie et remet à zéro nos reconnaissances de dette mutuelles.
Quand tu n'as pas été boire un verre 🍻 avec tes potes depuis longtemps, tu ne sais plus qui avait payé la dernière tournée et qui ne l'avait pas encore fait. Il y a retour à l'équilibre naturel dans le fonctionnement humain. Le taux de retour à l'équilibre est cependant différent selon les personnes. Il y a des personnes plus ou moins rancunières, plus ou moins confiantes. Celles qui lâchent prise et celles qui pensent que "les bons comptes font les bons amis", vraiment?
Quand on passe dans un système plus formel comme celui de la comptabilité sur tablettes d'argiles sumériennes. Très vite des soucis de dettes et d'esclavage pour dette apparaissent.
Graeber, nous dit que les sumériens trop endettés finissaient pas s'échapper dans le désert et se regrouper en hordes vivant de razzias sur les villes. Quand le problème n'est plus marginal, les souverains sumériens ont du trouver une solution.
Ainsi c'est en –2450 que le Roi sumérien de Lagash, En-metena crée la première annulation de dette connue de l’histoire. Le mot sumérien est ama.ar.gi qui signifie littéralement retour à la mère. C'est un retour à l'état d'origine. Ce mot est souvent traduit par liberté.
On a encore la trace de cette tradition d'annulation de dette dans la notion de Jubilé bibliquequ'on trouve dans le lévitique. Tous les 7x7 ans, toutes les dettes sont annulées et tous les esclaves pour dette rentrent dans leur clan.
Durant le moyen âge les nombreux changements de systèmes monétaires ont agit comme des systèmes de retour à l'équilibre, de remise à zéro.
Les grandes périodes d'hyperinflation ont souvent servies à remettre à zéro les dettes. C'est le cas de l'hyperinflation de 1923 en Allemagne qui a permet de faire fondre les dettes et repartir à neuf.
En 1948, rebelote en Allemagne la Währungsreform refait un retour à l'équilibre pour passer au Deutsche Mark. En une semaine les Allemands de l'ouest doivent changer leur monnaie. Le taux est de 1:1 pour les 40 premiers reichsmarks, puis de 10:1 pour les suivants.
Au lieu de provoquer un retour à l'équilibre par surprise, on peut l'intégrer le principe dans le code monétaire. Ainsi tout se passe en douceur. Une des techniques existante, c'est de faire fondre la monnaie. Elle perd de la valeur avec le temps qui passe.
La monnaie fondante de Silvio Gesell fonctionne très bien pour faire tourner une économie au quotidien. Mais il n'est pas possible de thésauriser une monnaie. Si une personne conserve de la monnaie son pouvoir d'achat diminue.
Les riches n'ont donc aucun avantage à la monnaie fondante. C'est peut être une des raison de l'interdiction de la monnaie fondante à Wörgl en 1934.
Dans le principe de la "Monnaie libre" selon la Théorie Relative de la Monnaie, implémenté avec la Ğ1, on renverse l'apparence du référentiel de mesure.
Mais de fait la monnaie libre est aussi une monnaie fondante. Le montant du "Dividende Universel" versé régulièrement à tous les co-créateurs de monnaie augmente avec le temps. Ceci a pour effet de faire fondre le pouvoir d'achat de l'ancienne monnaie déjà en circulation. Ainsi on réalise la fonction d'une monnaie fondante, faire tendre le solde de comptes de tout le monde vers un équilibre commun.
Les banques centrales ont de nos jours pour mission principale la stabilité des prixet par conséquent d'éviter l'inflation. C'est une mesure qui profite surtout aux riches.
L'inflation agit comme de la monnaie fondante, la monnaie perd de sa valeur avec le temps. Durant la période de 30 glorieuses, l'inflation était élevée, mais le pouvoir d'achat conservé grâce à l'indexation des salaires sur l'inflation (En France jusqu'en 1983). C'est ainsi que les pays dévastés par la deuxième guerre mondiale se sont reconstruit à faible coût.
Depuis la fin des 30 glorieuses, il existe un indicateur dans les pays de l'OCDE qui s'appelle le NAIRU, c'est le Taux de Chômage n'Accélérant pas l'Inflation.
Contrairement au discours courant, les politiques ne visent pas à réduire totalement le chômage, mais plutôt à atteindre le taux du NAIRU. Ceci pour éviter de déclencher l'inflation. C'est donc une politique consciente de conservation de la dette, de la fortune des riches et d'empêchement de l'accès à l'emploi de l'entier de la population.
Dans l'Égypte antique on fonctionnait avec 2 systèmes parallèles, on avait des unités des comptes fixes (métaux, étoffe, céréales et huile) et des moyens de paiement divers. Mais surtout des moyens facile à produire comme le grain de céréale, le pain, la bière…. Ce sont des monnaies fondantes. Le grain ça pourri.
Si l'on sort du monde virtuel de la monnaie et que l'on observe le monde réel on constate que tout ce qui n'est pas vivant à tendance à se dégrader avec le temps. Les maisons tombent en ruine, la nourriture non consommée pourri, les vêtements s'usent, etc....
Sur un plan physique le second principe de la thermodynamique, l'entropie fait que la qualité de l'énergie disponible diminue dans le temps. De l'énergie utile à la base va se dissiper en bruit et chaleur irrécupérable.
Donc si l'on veut faire une équivalence entre la monnaie et les biens et services qu'elle permet de rendre accessible, il est nécessaire de faire fondre la monnaie au même rythme que les biens échangés.
Ainsi forcément vouloir garder une dette sur le long terme ça ne marche pas. C'est la loin de l'entropie qui veut ça.
Tôt au tard l'entropie fera son œuvre et les dettes disparaitrons...
L'énergie est la monnaie de l'univers
Cette histoire d'entropie me fait cogiter au lien entre énergie est monnaie. En fait il est toujours très présent.
La monnaie est une forme d'énergie.
Le concept d'énergie est très difficile à définir, même si tout le monde en a une compréhension intuitive.
Une des définitions possibles de l'énergie. C'est ce qui permet de mettre en mouvement, d'opérer des transformations. C'est une sorte de force d'action. La monnaie aussi colle à cette définition.
Concrètement en physique, l'autre nom de l'énergie, c'est le travail. C'est une force appliquée sur une distance.
Une énergie peut se transformer en de nombreuses formes. Mais globalement jamais elle ne se perd, jamais elle ne se crée. C'est le principe de conservation de l'énergie.
C'est ainsi que la plupart des gens comprennent la monnaie. Un jeu à somme nulle, comme déjà évoqué plus haut.
C'est un modèle simplifié de la monnaie, tout comme dans la vie de tous les jours, nous utilisons un modèle simplifié de l'univers pour tenter de le comprendre.
En physique, nous avons plusieurs modèles qui s'affinent. Selon les besoins nous utilisons un modèle simple ou plus complexe.
Par exemple le modèle mécaniste de Newton est très pratique en première approximation pour calculer tout ce qui touche aux mouvements. Mais dès qu'on augmente la vitesse de plusieurs ordres de grandeur, il est nécessaire de changer de modèle et d'utiliser la relativité d'Einstein. Comme pour calculer sa position grâce aux satellites GPS en orbite autour de la Terre.
Il est amusant de voir qu'en première approximation la vision de Newton autant dans le domaine de la physique que de la monnaie convient très bien.
Mais pour aller plus loin, il nous faut comprendre le principe de référentiel relatif amené par Einstein. Si la physique a franchi le pas il y a un siècle – bien que pas intégré par la plupart des gens – le domaine de la monnaie n'a pas encore intégré le concept de référentiel. La preuve étant le taux de change flottant entre le devise. On y reviendra plus tard sur la relativité en monnaie.
Donc en première approximation, en modèle Newtonien, en faisant abstraction des modèles de la relativité et de la physique quantique, l'énergie se conserve.
En revanche, il y a l'entropie. Le second principe de la thermodynamique nous explique qu'à chaque transformation d'une forme d'énergie dans une autre, il y a une perte. C'est généralement sous forme de chaleur que se fait la perte. Donc le rendement diminue.
C'est l'exemple de l'essence mise dans un moteur à explosion. On cherche la transformation d'une énergie chimique en énergie de mouvement cinétique. Le rendement tourne autour des 40%, le reste c'est surtout de la chaleur. Touche le moteur de ta voiture et tu comprendras.
La conversion d'énergie électrique en énergie de cinétique a moins de perte. Un moteur électrique peut atteindre un rendement de plus de 90%.
A quoi correspond l'entropie dans le monde de la monnaie ? J'ai comme l'impression que c'est une sorte de micro-taxe prélevée à chaque transaction. C'est une commission, des frais de transactions.
L'entropie, donne la flèche du temps. C'est ce qui nous empêche de revenir en arrière. On n'atteint pas le même niveau d'énergie si on fait un cycle de moteur à l'envers. C'est ce qu'à découvert Sadi Carnot et l'a théorisé avec le cycle de Carnot.
De même si tu décides d'acheter du bitcoin avec des euros, puis de les convertir en Ethereum et enfin de vendre tes Ether pour récupérer des euros. Tu n'auras pas le même niveau qu'au départ. Les frais de transaction auront diminué ton rendement.
L'analogie: monnaie = énergie, fonctionne très bien.
La monnaie de l'univers, c'est l'énergie. Peut être qu'il faut s'en inspirer pour réaliser un bon système monétaire ?
J'aime beaucoup observer la nature. C'est une source d'inspiration infinie. C'est des milliards d'années d'expérience. C'est un livre ouvert de ce qui fonctionne.
Ça pousse à l'humilité de réaliser ceci.
Economie forestière, l'enseignement de la nature
Si j'observe une forêt, que c'est que j'observe ?
Un arbre va capter l'énergie du soleil via la photosynthèse. Quand tu regardes un paysage, tout ce qui est vert, c'est des panneaux solaires qui captent de l'énergie.
Puis il y a le stockage de ce flux continu d'énergie. Un arbre va stocker cette énergie en agrandissant sa structure, en croissant et aussi sous forme de sucres. En hiver, les sucres migrent principalement dans les racines.
Les végétaux se font régulièrement manger par des animaux. C'est une forme d'appropriation de l'énergie capté par la plante. Puis la chaine alimentaire avance et des animaux se font manger par d'autres.
On trouve tout types de comportements dans la nature. L'arbre est un capitaliste. Il capte le maximum d'énergie et la capitalise.
Mais l'arbre est aussi communiste. Plus on est capable de l'observer, plus on découvre que les arbres redistribuent la plus grande partie de l'énergie qu'ils ont captée et stockées, notamment grâce à la symbiose des arbres avec des champignons, les mycorhizes.
Ainsi les forêts sont des réseaux interconnectés sur des kilomètres. C'est toute une économie souterraine que l'on ne perçoit pas au premier abord et dont on ferait bien de s'inspirer.
La plupart des types de monnaie sont garanties par de l'énergie
J'observe que les monnaies les plus saines et durables sont généralement celles qui ont une rareté relative, généralement due à leur liens avec l'énergie.
Par exemple les monnaies grains de céréales que l'on trouve dans l'Égypte antique sont issues du travail de l'agriculture. Le travail c'est l'autre nom de l'énergie, comme dit plus haut.
Le paysan ne peut pas créer une quantité infinie de monnaie. Il est dépendant de lois physiques qui le contraignent.
Plus tard les monnaies métalliques sont issues du travail réalisé dans les mines pour extraire les métaux et en faire des pièces. Ce travail nécessite beaucoup d'énergie.
C'est un travail grandement réalisé par des esclaves. Et malheureusement, de nos jours encore, l'esclavage est présent dans les régions minières. Et si ce n'est pas de l'esclavage dans la plus pure définition, le salaire de misère de nombreux mineurs ne leur offre pas un meilleur statut que l'esclavage, voir pire.
mine de potosi
Puis, le crédit change un peu la donne. On peut obtenir de l'énergie maintenant et la rendre plus tard.
Et bien il se trouve que le crédit existe aussi en physique quantique. L'effet tunnel permet d'emprunter de l'énergie pour la rendre plus tard.
Le crédit est-il potentiellement infini ?
Le crédit reste tout de même soumis à l'évaluation du banquier qui va déterminer si le remboursement est possible. Dans un contrat d'hypothèque, le banquier va te donner d'un coup l'argent nécessaire à construire ta maison, et tu le rembourses sur le long terme en travaillant pendant des décennies.
Si le banquier fait bien son travail, il n'autorisera le crédit que si il a les garanties nécessaires qu'un travail sera effectué. Donc que de l'énergie sera donnée en échange de ses chiffres sur ton compte.
Après c'est là qu'on voit des dérives. Plus on est proches du robinet, plus les liquidités coulent à flot. Donc la corruption du banquier par le simple fait d'être proche fini par déséquilibrer tout le système monétaire qui n'est plus lié qu'à la corruption au lieu d'une valeur réelle stable.
Jusqu'en 1971, le dollars était garanti par l'or. Donc par le travail d'extraction du métal.
Après cette date, le dollars est surtout garanti par le pétrole. Le pétro-dollar c'est la super-puissance – militaire – des USA qui force le monde entier à utiliser le dollar $ comme moyen de paiement pour le pétrole.
Sous l'impulsion du président Nixon et de son secrétaire d'État Henri Kissinger, au prise avec un prix du pétrole en pleine explosion à cause du choc pétrolier de 1973, un accord historique a verrouillé l'avenir du monde.
Ainsi les USA lient la création monétaire en dollar à la production de pétrole. De plus le royaume Al-saoud – jugé hostile dans l'accord – est neutralisé. Le fait de proposer sa protection militaire est souvent aussi une méthode mafieuse pour signaler à l'autre que l'on a la puissance de coercition et que si t'es pas avec moi, t'es contre moi !
C'est le principe du tribut. Tu me paie pour que je ne t'attaque pas !
La petite subtilité c'est que payer un tribut en achetant de la dette du pays, c'est petit à petit se rendre propriétaire du pays en question. Le rapport de force s'inverse. A méditer.
Vu que la demande en énergie est toujours forte et nécessaire, le dollars sera toujours utile pour acheter de l'énergie. Donc la confiance en cette devise est garantie.
Cette confiance commence à s'ébranler, notamment avec l'obligation d'acheter le gaz russe en rouble. C'est le gazo-rouble. Ce qui donne des idées à des producteurs de pétrole de s'émanciper du dollar et de vendre en yuan chinois, la monnaie de la super-puissance montante.
Le bitcoin, n'échappe pas à la règle. Pour avoir accès à la base de données, il est nécessaire de montrer une preuve de travail. Une preuve d'avoir utilisé de l'énergie.
Celui qui veut tricher et imposer sa propre version des transactions à son profit doit dépenser exponentiellement plus d'énergie qu'il n'en a été mis pour créer la version consensuelle de la blockchain.
Donc le bitcoin repose sur l'énergie, la monnaie de l'univers avec laquelle on ne triche pas.
Même le crédit mutuel me fait penser à de l'énergie. C'est une énergie potentielle, non encore manifestée. Tout comme le vide n'est pas vide, mais plein d'énergie à l'infini. Plein de photons virtuels.
On change de paradigme. La plupart des gens ne pensent pas la monnaie ainsi.
La somme des comptes bleu, orange et vert est toujours nulle.
Au lieu de voir la monnaie comme des jetons physiques et palpables créés en amont. Il faut la voir comme un potentiel, une limite de consommation, de droit de tirage sur des ressources, qui est augmentée ou diminuée.
C'est pourtant la version la plus ancienne de la monnaie. Une version comptable. Mais n'ayant pas d'objet physique, ça demande des capacités d'abstraction pour bien comprendre.
La somme des comptes d'un crédit mutuel est à zéro. Si dans un SEL, une personne passe une 1h à garder des enfants, elle a droit à 1h offerte par la communauté, par exemple 1h de leçon de piano.
Dès qu'on a un service offert d'un côté, on a un potentiel qui est marqué de l'autre.
En physique c'est pareil. L'énergie du vide est considérée comme infinie. On peut l'expérimenter avec l'effet Casimir où les fluctuations quantiques du vide sont capables de créer une force d'attraction entre deux plaques.
Donc comme dans mon crédit mutuel qui a une quantité potentielle de "monnaie" infinie, l'énergie du vide est potentiellement infinie. Il suffit d'un petit différentiel d'un côté pour créer son équivalent de l'autre côté.
Comme depuis Einstein et sa célèbre formule, E=mC2 on fait l'équivalence entre l'énergie et la masse, il peut résulter de la masse d'une différence de potentiel sorti du vide.
Les fluctuations quantiques du vide sont comme cette surface de lac vue depuis dessous. Il y a des vagues qui font des creux et des bosses symétriques. Vu de loin, la surface du lac est plate.
C'est aussi ce qu'on observe avec le bâton de comptage. J'aime bien cet outil, c'est très pédagogique.
Je n'ai qu'un bâton, c'est potentiellement une quantité de "monnaie" infinie. Puis je le coupe en deux. J'ai ainsi un contrat entre deux parties.
On va y inscrire la quantification de la différence entre les deux parties. L'origine de l'expression physique quantique vient de quantifier des niveaux d'énergie. Le modèle est numérique et plus analogique. C'est à l'image du nombre entier de pixels sur un écran. On ne peut pas les couper à l'infini. C'est 1 ou 2, mais pas 1,3…
Mon bâton de comptage est composé d'une souche et d'un échantillon. C'est une manière de comprendre le sens de cette différence. C'est l'enregistrement d'une dette. Mais vu d'un côté ou de l'autre c'est différent. C'est un avoir ou une dette à rembourser.
Donc à partir d'un bâton tout seul, j'ai créé une relation, deux parties, une différence de potentiel. Je peux la matérialiser sous forme d'un bien que j'achète.
Les implications philosophiques des liens entre la monnaie et la physique me semblent vertigineuses. C'est à méditer.
bâton de comptage avec sa souche et son échantillons.
Pistes pour la création de monnaie, du panneau solaire au goblet
Vu qu'il semble y avoir toujours un lien entre la confiance qu'on accorde à une monnaie et sa couverture par un lien à l'énergie, imaginons des nouvelles formes de monnaies.
La monnaie photovoltaïque
Je me dis qu'il est ainsi possible de créer une monnaie basée sur la production d'énergie photovoltaïque.
Une surface installé, ou plutôt la puissance correspondante fournit de l'énergie à chaque unité de temps. On pourrait lui adjoindre une monnaie kWh électrique. L'énergie électrique est une forme d'énergie très demandée de nos jours.
Ça pourrait avantageusement remplacer le fond de couverture des monnaies locales nanties. Ce fond est souvent bloqué chez l'ennemi: la banque commerciale.
Donc actuellement, je trouve que la création d'une monnaie locale nantie ne sert à rien. C'est remplacer un billet par un autre. Le cadre légal s'est chargé de neutraliser le potentiel de ce type de monnaie. On est loin de l'exemple de la Banco Palmas qui a utilisé la monnaie locale pour doubler la masse monétaire.
Donc au lieu de garantir sa monnaie locale par des substituts monétaires de banque commerciales (qui sont bien plus risqués, vu que couverts à seulement 2,5% par de la monnaie banque centrale… Donc c'est absurde de couvrir quelque chose de solide par quelques chose de moins fiable!) on pourrait utiliser la monnaie "officielle" issue de l'achat de la monnaie locale pour financer une installation photovoltaïque.
On permet ainsi de trouver les liquidités pour financer le moyen de capter une énergie renouvelable. En contrepartie on a une monnaie locale en laquelle on peut avoir toute confiance vu qu'elle est garantie par de l'énergie, la monnaie de l'univers.
On est très proche du modèle d'une coopérative solaire, où les sociétaires utiliseraient leur part sociale comme bon d'achat. Ou encore d'une société anonyme propriétaire de l'installation photovoltaïque, où les actionnaires utiliseraient leurs actions comme bon d'achat.
C'est peut être un point de départ intéressant. Ça permet de sortir du champ lexical de "monnaie" qui est légalement totalement verrouillé pour être réservé à ceux qui disposent d'une licence bancaire.
A propos de licence bancaires, j'ai suivi la galère juridique des Monnaies Locales Complémentaires de Suisse romande qui sont dans le collimateur de l'autorité de surveillance des banques (FINMA), car elles font du dépôt envers le public. Ce qui est une activité nécessitant une licence bancaire.
Le dépôt est ici le fait d'obtenir un billet de 10 coccinelles – nom fictif pris au hasard – en échange d'un billet de 10 francs suisses. La FINMA considère que l'on fait un dépôt si il est possible de convertir en retour des coccinelles en francs suisses.
C'est une opération nécessaire pour bien démarrer sa monnaie locale et avoir la confiance des commerçants qui se retrouveraient avec un surplus de monnaie locale. Mais c'est interdit, donc dure dure de gérer une monnaie locale complémentaire.
Le paradoxe, c'est que les gobelets ecocup qu'on retrouve dans grand nombre de manifestations. Fonctionnent exactement sur le même modèle.
Quand j'achète une bière 🍺 dans une manifestation je paie ma bière et une consigne sur le gobelet. Puis à la fin de la soirée, quand j'ai bien bu et plus besoin de gobelet, je vais le rendre et je récupère le dépôt. Donc il y a bien un dépôt de monnaie.
Mais là comme ça n'a jamais été présenté comme une monnaie, aucun soucis avec l'autorité de surveillance des banques.
Encore mieux si j'oublie de rendre mes gobelets à une manifestation, je peux très souvent me rendre a une autre qui utilise les mêmes gobelets et on me rendra aussi la monnaie mise en dépôt. Eco-cup a une tellement grande part de marché, que je peux même faire des dépôts en CHF et récupérer des euro si je voyage.
Encore mieux, si j'ai des gobelets chez moi, je peux les échanger dans la prochaine manifestation où je vais contre des gobelets. Mais probablement aussi contre l'équivalent en gobelets plein de bière. 🍻
Donc j'ai acheté de la bière avec des gobelets. On a bien là le concept de fongibilité nécessaire à une monnaie !
La monnaie comme moyen de corruption
Ne laissez pas les hommes au pouvoir écrire les règles du pouvoir.
Etienne Chouard
Une fonction de la monnaie dont on ne parle jamais dans les livres d'économie, mais qui pourtant a une influence considérable, c'est la fonction de corruption.
Ce sont en général les personnes qui sont en charge de faire appliquer des lois et des règlements qui sont le plus visés par la corruption. (policier, juge, fonctionnaire)
Mais très vite c'est tout un système qui se met en place et qui touche les personnes qui font les lois, les politiciens. Là on parle plutôt de lobbies ou de renvoi d'ascenseur vers les financeurs de campagne politique.
Le pouvoir de l'argent se place ainsi très souvent au dessus des lois, ou au dessus de la morale.
On peut se poser la question de la motivation des gens à effectuer des activités et tâches immorales, dangereuses et/ou pénibles.
Si tout le monde avait largement assez d'argent pour assouvir ses désirs – déjà rien que ses besoins – est-ce que la prostitution existerait toujours?
Est-ce que l'on trouverai des gens pour travailler par 40°C à l'ombre, en plein soleil sur l'autoroute, au milieu des gaz d'échappement à couler du goudron encore plus chaud que l'air?
Il est indéniable que le pouvoir de seigneuriage s'accompagne également d'un pouvoir de corruption. Le seigneuriage permet déjà à celui qui crée la monnaie de vivre sur le dos des autres en achetant pour un coût quasi nul ce qui est sur le marché.
Cependant disposer d'une grande quantité de monnaie permet également d'acheter ce qui n'est normalement pas sur le marché en raison de règles légales et/ou morales.
Ce pouvoir hors des règles vient souvent du fait de la rareté de la monnaie. Ou du moins de sa répartition très inégale. Une personne qui a beaucoup d'argent est en position de force envers une personne qui est dans le besoin.
C'est ainsi que l'on a vu ci-dessus avec l'indicateur NAIRU, que le taux de chômage est sciemment choisi pour favoriser un chantage au chômage: "Si tu n'acceptes pas mes conditions tu n'auras rien", "Il y en a mille des gens comme toi qui peuvent prendre ta place".
Il est connu que dans certains pays, le salaire des policiers ne permet pas de vivre. Ainsi le bakchich est le moyen qu'ont certains fonctionnaires d'augmenter leur salaire. Les amendes imaginaires pleuvent sur la route parfois.
Le financement des partis politiques est un vrai problème qui fait régulièrement scandale. Les pays qui se sont dotés de législations pour contrôler le financement des partis politiques découvre régulièrement des caisses noires!
Peut être est-il plus simple de ne rien règlementer qu'on ne puisse vraiment contrôler?
Hiérarchie sociale, UBS (dont on voit l'enseigne), les partis politique, les pigeons
Le capitalisme de milliardaires philantropes
Lorsqu'une personne est suffisamment riche pour combler ses besoins et assouvir quelques désirs, que faire de plus ?
On a le modèle de Maslow et sa pyramide des besoins qui nous montre que lorsqu'une catégorie basique de besoins est assurée, il y a de nouveaux besoins qui apparaissent.
Pour résumer, on a ainsi des besoins physiologiques, puis le besoin de sécurité, ensuite le besoin d'appartenance et d'amour, puis le besoin d'estime, et enfin le besoin d'accomplissement de soi.
J'observe régulièrement des gens plutôt fortunés qui créent des fondations à but philanthropique.
C'est peut être un moyen d'estime, d'être reconnu par l'extérieur. Mais ça peut aussi être un besoin d'accomplissement de soi.
Les mots sont assez flous pour en discuter longtemps.
Mais plus simplement j'observe qu'il y a des fondations qui sont uniquement créée comme moyen d'optimisation fiscale.
Au lieu de donner du pouvoir monétaire à l'état via la fonction de solidarité des impôts, le créateur d'une fondation va donner sa fortune à sa fondation, ainsi il diminue sa richesse aux yeux du fisc, et il peut toujours contrôler l'affectation de sa fortune à ce qu'il désire.
Donc c'est une manière de façonner le monde à son image.
Le paroxysme de ce genre de fondation est certainement la Fondation Bill & Melinda Gates.
Ainsi, pour exprimer ce que j'ai à dire sur le capitalisme de miliardaires philantropes, je vais prendre l'exemple de la fondation Gates. Cette fondation illustre très bien à elle seule toutes les facettes.
Cette fondation est devenue tentaculaire, elle se positionne souvent pour devenir absolument indispensable dans le fonctionnement d'une organisation qui reçoit son financement.
Ainsi il n'est pas nécessaire de devenir majoritaire dans un financement pour obtenir une influence certaine.
On peut se questionner sur la nature philanthropique de la fondation Bill & Melinda Gates depuis que certaines études, notamment celle de Lionel Astruc ont décortiqué ses activités pour découvrir que souvent elle investi sans aucune morale, et souvent à l'opposé de son discours.
En fait, la fondation Bill & Melinda Gates est avant tout une machine à faire du fric.
La fondation fait régulièrement des dons à des entreprises dont elle est actionnaire !
Sinon, la fondation utilise la technique qui consiste à détruire d'un côté pour remédier de l'autre. Ainsi c'est tout bénéfice.
Bill Gates prétend agir en faveur du climat en se pavanant à la COP21. Il annonce qu'il a doté un fond de plusieurs milliards pour favoriser l'essor des énergies vertes, mais de l'autre côté il investi massivement dans les énergies fossiles.
Bill Gates avait aussi des projets de géoingéierie, soit diminuer le rayonnement solaire en faisant exploser de la craie en haute altitude. C'est totalement contraire à l'idée des énergies renouvelables dont la source principale d'énergie est le soleil.
Donc c'est là un achat de pub qui ne dit pas son nom.
Les journaux sont généralement les titres de référence.
Si le Guardian, El Païs, Der Spiegel, le Monde, Al-Jazeera, CNN et le Financial Times sortent une même info, c'est que ça doit être vrai ? Non ?
Si je prend le temps de croiser les sources, recouper l'information, comme il faut toujours le faire pour s'assurer d'avoir une info fiable, je vais conclure que l'info est vraie vu qu'on la trouve dans de nombreux médias de références dans le monde entier.
Ah non, en fait, c'est un publi-reportage de la fondation Gates qui veut nous pousser dans une direction.
A méditer.
Le fait de poséder des médias, n'est pas anodin du tout. On voit beaucoup de milliardaires acheter des journaux, alors qu'à priori le journalisme est en crise et pas l'investissement le plus rentable.
Mais pour pousser l'opinion public dans une direction, le fait de disposer d'un média est d'un grand secours.
Le lendemain, nous apprenons qu'Elon Musk rachète Twitter pour $ 44 milliards. Ainsi plus de soucis de censure possible. Ses fans se réjouissent de la liberté d'expression promise sur twitter.
Voilà un extrait de la vie d'un milliardaire. (bon, ça faisait 2 semaines que la transaction était en négociation.)
Mais revenons à Bill Gates.
Là où la fondation Gates est encore plus forte que les autres dans son influence tentaculaire, c'est notamment par l'influence qu'elle a sur les organisations mondiales.
C'est l'exemple de l'Organisation Mondiale de la Santé. Une organisation des Nations Unies qui est la référence dans le domaine de la santé dans le monde entier.
L'OMS est largement financée par les états membres des nations unies. Mais aussi par un certain nombre d'acteurs privés, dont notamment la Fondation Gates.
La fondation de Bill Gates se trouve même dans les plus gros financeurs de l'OMS, si ce n'est LE plus gros !
Tout dépend comment on compte, la proportion varie d'une année à l'autre. Les USA de Trump en se retirant ont laissé leur place de premier contributeur, mais avec Biden la contribution est revenue.
Et l'on observe qu'un autre gros contributeur est l'organisation GAVI qui vise à favoriser la vaccination.
Or il se trouve que tout comme l'OMS, GAVI est aussi financée par de nombreux donateurs et la fondation Gates se trouve être le plus gros de ces donateurs.
Il y a de nombreux complotistes qui ont relevé cette position de la fondation Gates de manière abusive, avec des titres comme "L'OMS appartient à Bill Gates".
Bien que la fondation soit dans les plus gros donateurs. On reste tout de même à moins de 20% du budget total. Donc "appartenir" est un abus de langage.
Mais à l'opposé le fact-checking du journal Le Monde - média qui reçoit du financement de la fondation Gates - nous dit que c'est abusif de parler de propriétaire, mais le journaliste ne creuse pas plus loin et ne mentionne pas que GAVI n'est pas une organisation totalement indépendante de la fondation Gates.
L'initiative Lets'Encrypt est un organisation qui fourni gratuitement des certificats SSL, étape nécessaire pour sécuriser une connexion internet quand on visite un site web.
Google déclasse dans ses résultats les sites web qui ne sont pas sécurisé. Si le site est sécurisé mais avec un certificat non conforme, il y a une grosse alerte de sécurité de la part du navigateur web qui refuse de plus en plus de visiter le site.
Un certificat SSL sert à prouver que l'on est bien le propriétaire d'une clé utilisée pour le chiffrage d'une communication.
Il est traditionnellement possible d'acheter un certificat. Mais les prix sont tellement élevés que le httpS, le protocole sécurisé du web, ne s'est vraiment généralisé qu'au moment de la création de Let's Encrypt.
Donc si un acteur se voyait maintenant refuser le droit de créer un certificat Let's Encrypt pour un site web, ça pourrait lui coûter une fortune d'aller voir ailleurs - à supposer qu'on puisse acheter ailleurs - ou alors il faut subir le déclassement dans les moteurs de recherche de site non sécurisé.
Je vois ici un signal faible qui montre qu'encore une fois la Fondation Gates se positionne dans un domaine d'influence médiatique.
Ce n'est peut être que de la pure spéculation complotiste ?
Ce que je montre avec cet exemple de la fondation Bill & Melinda Gates c'est comment la monnaie est capable de créer un système dans lequel une poignée de gens peuvent se positionner en tant que personne d'influence dans de nombreuses organisations.
Il n'est même pas nécessaire d'être majoritaire dans le financement. Il suffit d'être juste indispensable. Si je ne finance pas, ce bout de programme ne se fait pas. C'est très efficace notamment dans les domaines toujours en quête de monnaie, de donateurs, de financeurs. Comme les activités à but non lucratif.
Tout ceci se fait sous le couvert de la philantropie, et renforcé par de nombreux articles de journaux. Une machine bien rôdée.
C'est une forme très sournoise de "corruption", car ça n'en est pas. Mais ça permet clairement de façonner le monde à son image pour celui qui finance.
N'est-ce pas inquiétant ?
Que faire pour limiter le pouvoir de corruption de la monnaie?
Quand une personne n'a pas assez de monnaie pour vivre, elle va plus facilement accepter de contourner les règles ou d'agir à l'encontre de ses valeurs (probablement une des causes majeure de la destruction de l'environnement).
Ainsi assurer à tous de quoi vivre décemment est un moyen qui permet de limiter drastiquement la corruption monétaire. On peut imaginer par exemple que l'instauration d'un Revenu de Base Inconditionnel suffisant pour vivre changerait fondamentalement les conditions d'acceptation d'un emploi et diminuerai probablement la corruption.
Cependant satisfaire des besoins reste accessible, mais satisfaire des désirs, c'est autre chose. Il peut toujours être très tentant pour des personnes ayant de quoi vivre largement de vouloir toujours plus, et donc de se faire corrompre par une grosse somme d'argent.
Si l'on supprime les écarts de richesse, on diminue le risque de corruption.
Ainsi fondamentalement, une meilleure répartition des richesses est une protection contre la corruption.
Une des manières de réaliser cette meilleure répartition des richesses est comme on l'a vu ci-dessus, l'utilisation d'une monnaie fondante. Tous les soldes des comptes ont tendance à fondre – en positif, comme en négatif – ainsi sur le long terme tout le monde tend vers une moyenne commune.
C'est un moyen mécanique qui correspond à une société matérialiste.
L'exemple de la zakât (زَكَاة) de la religion musulmane nous montre qu'il peut aussi y voir des raisons religieuses à faire l'aumône. A donner aux pauvres et endettés pour rééquilibrer les richesses.
Le jeu de la Monnaie
Je l'ai déjà cité plusieurs fois. Le Jeu de la Monnaie, est l'outil le plus efficace que j'ai trouvé pour évaluer un système économique, pour observer par la pratique ce qu'un cadre donné fait émerger comme comportements.
Donc voici une description de ce jeu et des observations et enseignements qu'on peut tirer de ces expériences.
Le jeu de la Monnaie c'est:
Une expérience sociale et un outil pédagogique ludique qui fait comprendre ce qu'est la monnaie par l'expérience.
Une simulation de 4 systèmes économiques à l'aide de cartes à jouer qui symbolisent des ressources. ♠️♥️♣️♦️
Un condensé de 6000 ans d'histoire en ~2h30.
Comme nous l'avons vu plus haut, l'éco-nomie est un mot qui signifie les règles de la maison(née). Donc si il y a des règles. C'est qu'on peut les changer.
Le jeu de la monnaie, c'est donc une expérience de 4 systèmes économiques.
Nous avons des constantes:
Il y a des humains.
Il y a des ressources qui sont symbolisées par des cartes à jouer.
Quand on met en présence des ressources et des humains avec leurs besoins et nombreux désirs, généralement, il se crée des valeurs économiques.
Qu'est-ce qui a de la valeur ? Vaste question ! Dans le jeu de la monnaie, on considère qu'un assemblage de 4 cartes de la même hauteur – un carré du même genre qu'au poker – a de la valeur. Un carré peut être comptabilisé comme une valeur économique.
🂡 🂱 🃁 🃑
C'est notre fil rouge qui est présent à chaque jeu.
Puis l'on fait varier les règles. La version standard du jeu de la monnaie comporte 4 expériences.
A la fin de chaque jeu, il y a une évaluation. Une évaluation objective et une évaluation subjective. Il y a le compte du nombre de carrés produits. Ainsi on évalue la capacité de produire des richesses du système économique en question.
Puis on évalue aussi le ressenti des humains. Comment est-ce que les joueurs se sentent à la fin de l'expérience. Ces deux critères permettent de comparer les différentes systèmes économiques.
Les quatre jeux d'une version classique du jeu permettent de traverser 6000 ans d'histoire. Puis d'aller au delà des discours déconnectés de la réalité qu'on trouve dans certains livres. Le jeu permet d'expérimenter ce qui marche ou non. C'est grâce au jeu de la monnaie que j'ai étayé le contenu de ce livre.
Entre chaque expérience, il y a une partie théorique, où l'on prend le temps de faire des liens avec la vie courante.
Ainsi, le jeu de la monnaie se situe entre la conférence et le jeu. C'est un serious game.
Pour en savoir plus, voici le site web du jeu, avec également des ressources pour l'organiser soi même.
Ici c'est le chapitre qu'il ne faut pas lire si tu n'as encore pas joué au jeu de la monnaie et que tu veux l'expérimenter avec un esprit vierge.
Donc saute ce chapitre si tu ne veux pas que je te divulgâche – comme disent les québécois – le plaisir de jouer innocemment.
Dans la variante classique du Jeu de la Monnaie, la séquence est chronologique. Les joueurs ne connaissent pas le nom du système économique expérimenté, ils ne connaissent que les règles et le fil rouge de la manière de créer des valeurs économiques.
Nous pratiquons les quatre jeux suivants:
le don dans une communauté de confiance
le troc
la monnaie dette issue du crédit bancaire
le crédit mutuel fondant
Don dans une communauté de confiance
Le premier jeu est lancé en indiquant qu'il y a des ressources et des personnes avec des ressources réparties à égalité. Chaque personne dispose de quatre cartes. Il n'y a aucune règle économique supplémentaire qui est donnée.
Bilan du don dans une communauté de confiance :
l'ambiance est joyeuse
c'est généralement le système économique où la productivité est la plus grande.
Le constat intéressant, c'est que j'évite absolument d'utiliser le mot échange pour ne pas influencer les joueurs, mais la plupart des gens pratiquent un échange de carte. Je te donne une carte contre une carte. Ce n'est absolument pas requis. Cette règle vient des joueurs.
Puis, il y a en général, des personnes qui viennent en couple, en famille ou entre amis. Et c'est là que généralement les personnes brisent l'asymétrie. Il y a un don sans contrepartie.
– On est un couple, je te donne cette carte pour finir ton carré !
Rare prise de vue d'un don de carte au Jeu de la Monnaie
C'est là que souvent, il y a un déclic chez d'autres personnes qui auraient aperçu le non échange.
– Ah mais en fait, on peut faire du don ! On pourrait tout mettre sur la table et coopérer.On serait beaucoup plus efficace.
Généralement, sur une cinquantaine de partie que j'ai animées ça n'arrive qu'en fin de temps de jeu ou pas du tout.
Ce jeu n'ayant pas de cadre extérieur, il est très révélateur sur le cadre intérieur, les croyances que les joueurs ont à propos de l'argent.
J'ai vu une fois, dans une même session de jeu, deux personnes pour qui, l'argent c'est du vent, et qu'il faut donner. L'univers nous le rendra d'une autre façon.
Là, le don a démarré très rapidement. Mais pas partout. Il y a une autre personne qui a mentionné que c'était très intéressant d'observer son propre comportement: J'ai pas pu avoir moins que mes quatre cartes de base.
Cette personne a eu l'impression de perdre sa sécurité si elle donnait trop aux autres.
En fin de partie, je demande aux participants à quel jeu ils pensent avoir joué.
Il y a beaucoup de gens qui pensent qu'ils ont joué au troc, et donc qu'il faut échanger une carte contre une autre.
Est-ce que l'échange est une pratique naturelle, ou un formatage à l'idée du troc ou de l'échange commercial ?
Je me dis plutôt que la création de la confiance dans le groupe est aussi un facteur prépondérant. Il est nécessaires d'avoir un petit temps pour se jauger, savoir si l'on peut faire confiance, si l'on est membre de la même communauté. Qui est prêt à donner et qui ne l'est pas. Évidemment je vais avoir tendance à donner plus facilement aux gens que je connais déjà.
Quels ingrédients permettent de créer la confiance ?
Le nombre de Dunbar est de 148 individus avec qui ont peut avoir une relation de confiance.
Cependant, warmshowers.org le site de couch-surfing pour cyclistes a une communauté de 170 000 personnesqui hébergent les cyclistes de passages et qui en contrepartie permet de se faire héberger quand on est soi-même un cycliste en voyage, ceci gratuitement.
Le deal, c'est de proposer un lieu pour dormir, canapé, lit, bout de jardin, chambre d'amis, ou appartement entier ainsi qu'une douche chaude. (d'où le nom du site)
Le tout se fait sans argent, en toute confiance, sans comptabilité. Il est possible, mais pas nécessaire de mettre un commentaire sur son expérience avec un autre membre de la communauté. Les ingrédients pour créer la confiance sont faibles. Mais ça marche !
J'en ai fait l'expérience dans les deux rôles plusieurs fois avec succès.
C'est peut être le fait d'avoir le sujet du vélo en commun ? La communauté a le même genre de valeurs grâce à ce critère. De plus, le fait que les cyclistes soient en voyage garanti qu'il ne vont pas s'installer durablement chez soi.
Est-ce que ce sont les mêmes ingrédients qui créent la confiance dans une autre communauté ?
J'aime bien observer les règles de vie entre amis qui vont boire des bières 🍻 le samedi soir dans un bar.
Il y a souvent une personnes qui offre la tournée. Mais pas à tout le bar, juste à sa propre communauté d'amis. Et peut être à des jolies filles qu'un gars aimerait inviter à rejoindre sa communauté !
Il y a très vite une personne de la communauté qui se sent redevable et propose de payer la tournée suivante. On maintient une certaine comptabilité de qui a offert quoi. (jusqu'à ce que le nombre de bières bues embrument le cerveau des buveurs)
Que se passe-t-il si une personne de cette communauté de buveur de bière ne paye jamais de tournée ?
On l'exclu. On ne l'invite plus. C'est un comportement naturel de protection de la communauté contre les abuseurs.
Mais il y a des exceptions. Il y a par exemple celui qui ne bois pas d'alcool et qui ramène les autres à la maison. Là c'est une raison acceptée de ne pas payer de tournée, car la contribution à la communauté se fait sur un autre plan.
C'est là que toute la complexité des relations humaines rend très difficile le recensement des ingrédients qui permettent de créer une communauté de confiance.
Toutefois il reste comme constante que les personnes qui sont perçues comme abusant des ressources de la communauté vont se faire rapidement exclure. Ceci car l'abuseur contrevient à la règle des relations équilibrées. Il brise la sacro-sainte réciprocité.
Le fait qu'il y a une propension chez l'humain à vouloir équilibrer ce que l'on a reçu avec ce que l'on a offert.
On a vu plus haut avec l'histoire de la colonisation de l'Amérique, que cette envie d'équilibre est tellement forte qu'elle force les gens à souvent choisir de préférer s'aquitter d'unedette que de respecter des valeurs morales.
Mais plus simplement, c'est cette force d'équilibre qui pousse un groupe d'amis à se retrouver régulièrement autour d'un verre. Si on a plus de dette, de déséquilibre, on n'a plus de raison de se revoir !
Message perso à un pote avec qui je discute régulièrement du peuple Tiv au Nigeria, chez qui on ne doit jamais rembourser exactement sa dette:
– J'ai pas oublié Roger. Je te dois toujours deux bières, ou plus, sinon on aura plus de raison de reprendre contact !
Le Troc
Après la découverte du fil rouge du jeu de la monnaie. Les joueurs sont à l'aise et plein d'entrain pour créer des valeurs économiques. Plusieurs ont envie de ne plus se "faire avoir" et de tout mettre sur la table pour pratiquer le communisme pour être dans le don et l'efficacité maximale.
Mais non. Dans ce second jeu, le don est interdit !
Les règles de la maison(née) obligent à l'échange utile, dans l'instant, entre deux parties et deux parties seulement.
Là, ça se complique. Ça devient pénible, et même très pénible.
Plus aucune valeur économique n'est créée. Où de temps en temps un chanceux y arrive.
Le mot triche commence à circuler. Certains veulent clarifier la règle. C'est quoi utile ?
Si je donne ce dont je n'ai pas besoin, ça me permet de faire des échanges utiles ?
Si on a un intermédiaire, est-ce qu'il compte dans l'échange entre deux parties ?
Est-ce que je peux différer l'échange dans le temps ?
Voici autant de questions qui reviennent toujours.
Puis quand le temps passe et avec la frustration, le taux de "triche" augmente drastiquement, le nombre de valeurs économiques créées aussi.
C'est ça qui est beau avec le jeu de la monnaie. C'est que la "triche" est autorisée. On veut voir les effets qui émergent d'un cadre donnée. C'est l'expérience qui compte et pas de prouver un cadre théorique.
Un système qui propose des règles qui ne sont pas naturelles et facilement contournables ne va pas tenir. Ce n'est pas avec un flic derrière chaque personne qu'on peut faire fonctionner une économie.
Bilan du troc:
ambiance en chute libre, frustration.
productivité la plus faible des 4 jeux. (et heureusement qu'il y a la triche)
Il est évident que le troc n'est pas du tout efficace. Il ne peut être que marginal. Il ne peut pas faire système.
Les questions posées par les joueurs montrent que le troc est frustrant et qu'ils cherchent des techniques fonctionnelles.
Il y a notamment différer les échanges dans les temps. Donc là on retombe sur le don dans une communauté de confiance.
Ou encore les joueurs cherchent ce qui est inutile pour l'échanger contre ce qui est utile. Est-ce que ça ne ressemble pas là, à une rondelles métalliques ? Ça ne sert à rien, ça ne se mange pas. Mais ça peut s'échanger contre autre chose d'utile !
Donc ici l'expérience nous montre que le troc ne fait pas système. Donc la version de l'histoire proposée dans de nombreux livres d'économie ne tient pas la route ou est incomplète. A l'image de la brochure de la Banque Nationale Suisse qui nous dit: Il y a des milliers d'années, tout commence avec le troc.
"Tout commence avec le troc: on échange ce que l’on a en trop contre ce dont on a besoin. Mais le troc a un grand inconvénient: les parties doivent avoir des besoins concordants. Comme ce n’est pas toujours le cas, l’opération peut devenir très pénible, voire échouer.
Pour pallier cet inconvénient, les gens commencent à régler leurs achats à l’aide d’un moyen d’échange, c’est-à-dire un bien très demandé et accepté par tout le monde, par exemple des coquillages."
Donc il est reconnu que le troc ne fonctionne pas. Mais alors pourquoi "tout commence avec le troc" ?
La brochure de la BNS nous dit que "Tous commence avec le troc" => faux!
Ça a durée combien de temps cette phase du troc qui marche pas ? 5 minutes ?
Puis directement il est dit que comme le troc ne marche pas, on échange des coquillages, bref, on invente la monnaie.
Ici le troc est un alibi bien pratique pour justifier la création d'une monnaie et sa nécessité absolue: un monde sans monnaie n'est pas possible.
Mais c'est occulter, 2700 ans au moins de comptabilité, de monnaie scripturale, avant les 2700 ans d'existence des pièces de monnaie.
C'est marrant, on est à l'équilibre là. L'histoire des systèmes économiques est composée à moitié de comptabilité et à moitiée de pièces de monnaie.
Du coup, beaucoup de livres d'histoire et d'économient zappent la moitité de l'histoire ! Dommage !
... et peut être même plus, vu que l'histoire ne se base que sur l'écrirure. Avant d'inventer l'écriture pour les besoins de la comptabilité, la comptabilité existe déjà. Mais elle se mémorise uniquement dans la tête des gens.
La monnaie dette bancaire
Il est temps d'expérimenter le système monétaire le plus répandu de nos jours. Il faut passer chez le banquier pour obtenir un crédit et ainsi avoir la monnaie nécessaire à acheter les cartes.
Pas de crédit = pas de monnaie.
– Bon, c'est pas grave, comme je sens l'arnaque, et bien je ne joue pas.
Alors petit subtilité qui va t'inciter à jouer, l'état demande de payer un impôt. Il est très faible. Mais si tu ne paies pas cet impôt tu vas en prison !
Alors tu joues quand même ?
Bilan du jeu de la monnaie dette:
ambiance plombée, fatigue d'avoir couru pour rien.
productivité moyenne. Systématiquement inférieure à celle du don.
La plupart des gens ne savent pas calculer les intérêts qu'ils doivent rembourser. Et là ça fait mal. Très souvent une majorité des joueurs se retrouvent en prison quand on solde les comptes.
Heureusement que dans la vie de tous les jours, on ne solde pas souvent les comptes. On ne nous demande pas de tout rembourser d'un coup.
Allez tu me donne € 40 000.- ? C'est ta part de la dette publique française.
Moi je suis toujours surpris de voir à quel point et très rapidement ce jeu est capable de faire émerger les comportements les plus sombres de l'humain: triche, vol de ses voisins, braquage de la banque, séduction de la banque et/ou du meneur de jeu, soit par un peu de nourriture 🍰ou par un décolleté plongeant !
Comme ces comportements n'émergent pas lors des autres jeux, je me dis que ce n'est pas le propre de l'humain, mais que c'est un effet des structures extérieures qui le contraignent. C'est juste une stratégie gagnante pour s'en sortir un peu mieux.
Les stratégies gagnantes les plus vues pour ce jeu sont:
ne pas prendre de crédit et mendier pour payer l'impôt.
voler les autres joueurs ou braquer la banque.
s'associer avec d'autres et en cas de faillite, un seul se sacrifie.
prendre un gros crédit et acheter le maximum de ressources, pour créer des carrés, ou pour faire de la spéculation.
ne pas prendre de crédit, créer une monnaie (locale) et capter de quoi payer l'impôt en baratinant des naïfs.
Il y en a d'autres encore... mais je ne vais pas tout dévoiler quand même !
Le crédit mutuel fondant
Histoire de bien remonter le moral des joueurs, la séquence historique du jeu de la monnaie, se termine par une idée de prospective pour créer un système économique qui est joyeux (et productif)
Donc, on aboli l'impôt qui oblige à jouer, on supprime le banquier. C'est la communauté qui mutualise le risque de ne pas se faire rembourser un crédit, donc plus besoin non plus d'intérêt sur le crédit.
Mais on garde le crédit qui permet d'obtenir dans l'instant une infrastructure utile.
On pratique le crédit mutuel, mais d'un type un peu spécial, le crédit Mutuel fondant. J'y reviendrai dans un chapitre plus loin.
Bilan du crédit mutuel fondant:
ambiance joyeuse.
productivité élevée, mais pas toujours la plus haute, dépend de la motivation des gens après 3h de jeu ! et aussi démarrage lent à cause de la compréhension d'un nouveau système bien différents des habitudes.
Enseignements de l'Histoire de la monnaie
L'histoire ne sert à rien si elle ne nous enseigne pas, si nous n'apprenons pas de nos erreurs, et de celles des autres (ça fait moins mal). Donc que peut ont tirer comme enseignements de l'histoire des systèmes économiques?
Les systèmes économiques qui ont duré le plus longtemps sont ceux dont on parle le moins! (don dans une communauté de confiance, Etat agraire organisé en maisonnée, haut moyen âge)
Il est tout à fait possible de séparer l'unité de compte des moyens de paiement.
On observe qu'il y a toujours système de retour à l'équilibre, de remise à zéro des dettes qui apparait, qu'il soit intégré dans le système économique ou qu'il arrive à l'effondrement du système.
Pour gagner une guerre ou une révolution, créer de la monnaie est une bonne technique à cour terme (~6 ans). (mais pas à long terme)
L'adoption d'une monnaie ne se fait pas naturellement. Un type de monnaie est utilisé car il est imposé par l'impôt. On a ainsi une concurrence entre différentes formes de monnaies. Les "substituts monétaires" des banques commerciales sont plus utilisés que les Monnaies Locales Complémentaires car ils sont acceptés pour le paiement des impôts.
Si ce n'est pas l'impôt qui impose un moyen de paiement, ça peut aussi être un créancier. C'est lui qui décide si le crédit est remboursé ou non.
La dette est un puissant moteur de contrainte. Le débiteur va placer le remboursement de son crédit à la tête de ses priorités. Même si ça va à l'encontre de ses valeurs. (génocide, pillage, mise en esclavage, destruction écologique, etc...) L'explication morale d'acceptation de la dette semble être la tendance humaine à vouloir retrouver une situation d'équilibre dans les relations individuelles entre humains. (être prêt à sacrifier les autres, le monde et la vie en général pour un retour à l'équilibre entre 2 parties.)
La monnaie est un outil de corruption. Surtout quand la répartition des richesses est mauvaise (indice de Gini élevé) et que les gens se battent pour avoir de quoi vivre.
La "confiance" est le maître mot des systèmes économiques. (son opposé étant la peur) La confiance se déplace, de sa propre confiance en l'avenir, en sa famille, en sa communauté, jusqu'à s'incarner dans une écriture comptable sur tablette d'argile, bâton de comptage, base de données informatique, blockchain, ou dans un objet: lingot d'or, pièces de monnaie, coquillage. La confiance réside parfois dans une institution et ses symboles, l'allégorie d'un État sur une pièce de monnaie, la cravate du banquier d'une banque de confiance.
Toute reconnaissance de dette peut se transformer en moyen de paiement. C'est un contrat entre deux parties. Il est très fréquent que l'on ne rembourse jamais les dettes, mais qu'on paie en transférant une reconnaissance de dette. Suivant les personnes et les époques, une reconnaissance de dette a plus de valeur qu'une autre.
La centralisation ou la décentralisation de la création de la nouvelle monnaie détermine qui aura le pouvoir dans le système concerné. Un seigneur seul habilité à créer de la monnaie peut vivre de son pouvoir de seigneuriage. A l'opposé dans un crédit mutuel tout le monde détient dès le départ un potentiel de création monétaire.
Il est nécessaire de garder un équilibre entre la quantité de signe monétaire en circulation et les biens et services qu'ils représentent (la vraie richesse). La régulation peut se faire naturellement en utilisant comme moyen de paiement des marchandises utiles à tous, qui peuvent potentiellement être créée par tous, mais que personne ne peut créer en quantité infinie. C'est l'exemple du grain de céréale. Le crédit mutuel pose une égalité stricte entre les biens et services et les signes monétaires qui les représentes. On ne peu avoir un signe monétaire que lors d'une transaction effective. Il n'y a pas de "monnaie" créé en amont des échanges. Ça c'est le pire moyen de régulation. Surtout si il est centralisé c'est un déséquilibre total des pouvoirs. On trouve encore des autres méthodes de régulation comme l'algorithme du bitcoin qui prévoit 21 millions de bitcoin avec une création étalée dans le temps.
la fonction fondamentale d'un système économique est de gérer les accès aux ressources d'une communauté, ceci en neutralisant les abuseurs, ceux qui pillent les ressources sans contribuer réciproquement de façon équilibrée.
¤
Tranche
Un outil pour faire des choix
Il n'y a pas de vents favorables à qui ne sait où il va.
Pour trancher, on choisi à pile ou face ?
Dans la première partie – pile – nous étudié la froideur des faits de la chronologie. Nous avons absorbé des dates et plein de chiffres.
Ensuite, dans la seconde partie – face – nous avons mis de la couleur à ces faits. C'est là que je t'ai montré mon interprétation possible du fonctionnement et de l'enchainement des différents systèmes économiques. Nous avons exploré les dynamiques qu'ils ont engendrés. Pour le meilleur et pour le pire.
Dans cette troisième partie. Il est temps de trancher, ou pas !
Le monde n'est pas binaire. Il ne se résume pas à pile ou face. Je t'invite à prendre du recul, de la hauteur. Si l'on élargit sa conscience, il est possible de comprendre qu'un cylindre est à la fois un carré et un cercle, tout dépend de quel angle de vue on le regarde.
Ça tombe bien, une pièce de monnaie est un cylindre. Au delà des chiffres qui quantifient le monde présents sur le côté pile et l'autorité qui garanti, qui paie en dernier recours représentée sur le côté face d'une pièce, il y a la tranche et ses cannelures. 〰️〰️
La monnaie est un outil pour faire des choix, pour trancher.
Régulièrement j'entends l'expression: celui qui paie décide.
Les organisations, autant collectivités publiques qu'entreprises, passent leur temps à définir un budget et valider des comptes.
Si un poste n'a pas de budget. Il n'est pas financé, il n'existe pas.
La monnaie étant généralement plutôt rare, elle nous oblige à faire des choix. A décider de ce que l'on veut favoriser et ce qui ne se fera pas.
La monnaie permet de poser des stratégies.
Ainsi la monnaie, le système économique utilisé détermine le futur.
Contrairement à ce qu'il est souvent écrit dans les livres d'économie, la monnaie n'est pas neutre. Ce n'est pas juste un voile sur les échanges. Le système économique choisi fait émerger des dynamiques et des comportements.
Par exemple, je connais un système qui génère le vol, la mendicité, l'accaparement des ressources, la spéculation sur celles-ci, la corruption, la prostitution, et la création de grands trusts.
Peut être que tu connais ce système ?
Quand j'organise des parties du Jeu de la Monnaie, je constate que c'est le seul système qui génère ces comportements.
Est-ce que c'est ce genre de comportements dont tu as envie pour ton avenir ?
Dans cette troisième partie, je vais t'aider à trancher, à choisir ce que tu veux comme avenir.
Il y a plusieurs possibilités.
Maintenant que tu es conscient d'au moins 6000 ans d'histoire et de nombreux systèmes économiques, il est plus facile de déterminer les ingrédients à utiliser pour composer la recette du système économique qui va t'aider à manifester l'avenir dont tu désires.
Mais tu désires quoi comme avenir ? Il est peut être temps de faire une petite pause méditative et de noter ce que tu veux comme avenir enviable.
Voici un page blanche pour décrire ton futur enviable:
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Un système économique est à l'image d'un système d'exploitation pour un ordinateur. Es-tu plutôt Windows, Mac ou Linux ? Android ou iOS ?
Préfères-tu l'ouverture et la liberté, ou un système simple, mais limité et fermé. Préfères-tu favoriser une foule de petites entreprises de services qui mutualisent leur logiciel ou un milliardaire proprétaire d'une multinationale intransigeante qui fait passer ses profits avant tes besoins ?
Les applications qui font ta vie de tous les jours utilisent un système d'exploitation pour avoir accès aux ressources dont tu as besoin.
Il est donc important de bien choisir ton système économique.
Je vais te présenter ici des exemples possibles de plusieurs systèmes économiques. Chacun correspond à une grande tendance de vision du monde.
Structure intérieure: ton rapport personnel à l'argent
C'est parce qu'on a envie de changement plutôt que de changer que rien ne change.
Maintenant, par la lecture de ce livre tu en sais plus sur la monnaie et les systèmes économiques que 99% de la population. Tu connais les structures extérieures qui ont modelés notre histoire. Tu es conscient des mécanismes à l'oeuvre qui créent notre avenir.
Avec le Jeu de la Monnaie tu connais un outil puissant pour expérimenter des systèmes économiques.
C'est gratifiant d'en être arrivé jusque là. Mais en fait ça ne suffit pas à tout comprendre et le Jeu de la Monnaie est incomplet !
Tous ces systèmes économiques que nous avons étudiés, toutes ces structures extérieures ne sont que le reflet de structures intérieures, d'une vision du monde et de croyances.
Donc si l'on veut vraiment comprendre le domaine de la monnaie. Il nous faut aussi creuser dans les tréfonds de la psychologie humaine. Comprendre ton rapport personnel à l'argent.
Chacun a des blessures et des parcours de vie qui façonnent notre manière de se comporter en société, notre rapport aux autres et au monde.
Suivant la manière dont tu as été conditionné par ton vécu, ta famille, tes amis, tes études, etc. Tu adoptera un comportement différents d'une autre personne dans la même situation.
Donc maintenant que je t'ai livré une masse d'information à propos de la monnaie et des systèmes économiques que vas-tu faire ?
Tu peux devenir riche et puissant en t'installant au plus proche du robinet des liquidités. Ainsi tu pourras mettre à profit, selon tes désirs, cette énergie de transformation de l'environnement qu'est la monnaie .
Tu peux rester inconscient et continuer à croire les fables avec lesquelles ont te nourri. C'est le propre de l'humain que de s'approprier une mythologie et ainsi vivre confortablement dans la communauté qui vit le mythe. Quand un problème survient, on charge un bouc émissaire de tout les maux et on le sacrifie. Ça évite de se remettre en cause et de voir sa part de responsabilité dans le problème.
Tu peux considérer que l'argent c'est du vent et te détacher de ces considérations matérielles en vivant des légumes de ton jardin et des dons de tes amis alternatifs.
Tu peux devenir militant et vouloir sauver le monde de l'emprise des méchants banquiers. Dénoncer le complot mondial et prôner la révolution.
Tu peux aussi juste devenir toi-même.
Ce livre n'a pas pour prétention de te dire quoi faire et ce qui est bien où mal.
Je pense que nous sommes tous sur un chemin d'expériences qui nous font grandir. Nous avons tous l'occasion au cours de la vie d'expérimenter plusieurs rôles. Parfois nous sommes riches et parfois pauvre. Parfois nous donnons et parfois nous recevons.
Parfois nous sommes le bourreau, et parfois la victime. Ou encore nous sommes le sauveur qui s'immisce dans la relation entre la victime et son bourreau. C'est le fameux triangle dramatique de Karpman.
Au delà de la dualité du bien et du mal, je te conseille d'observer le rôle que tu incarnes. Je te conseil d'incarner ce rôle avec conscience, de voir et ressentir ce que ça te fait. Puis de grandir en conscience et d'être capable de ne plus entrer inconsciemment dans un rôle.
Le triangle de Karpman est une structure sociale passionnante.
J'aime étudier les structures du monde. C'est ainsi que dans ce livre je te présente mes recherches sur les structures monétaires. Les structures sociales de collaborations entre humains. Ce sont des structures extérieures.
Il est aussi passionnant d'étudier les structures intérieures, quel est ton rapport personnel à l'argent ?
C'est ce qui va te faire préférer un système économique à un autre.
C'est ce qui va peut être te motiver à créer un nouveau système alternatif, et retomber ensuite sans t'en rendre comptes dans les mêmes travers que ceux que tu as fuis.
Il y a plein de croyances liées à l'argent. Là aussi je pense qu'il y a tout intérêt à en prendre conscience. A savoir quelles sont tes croyances par rapport à l'argent.
Dans les différentes croyances associées à l'argent, il y a des gens pour qui l'argent est du pouvoir, de la liberté, de l'indépendance, de l'autonomie, voir le bonheur.
Il y en a pour qui c'est de la sécurité. Il y a des gens pour qui l'argent c'est mal !.. ça brûle les doigts... ça crée des conflits... Il n'y a qu'à voir les familles qui se déchirent pour des héritages... L'argent c'est sale, ça crée l'injustice.
A partir de ces croyances, il y a des gens qui sont capables d'attirer de l'argent et d'autres qui se sabotent au dernier moment pour ne pas en recevoir.
Plus étonnant encore, il semble que c'est parfois en lien avec des croyances familiales et pas que personnelles. Ces croyances sont souvent inconscientes !
Grandir en conscience permet de se libérer de croyances limitantes.
Alors quelles sont tes croyances par rapport à l'argent ?
Prend un petit moment pour y réfléchir.
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Cet exercice est juste un mini aperçu de cette structure interne qu'est ton rapport à l'argent et donc ton rapport à la notion de donner et recevoir et la notion de choix.
Peut être qu'un jour il y aura un développement de ce volet, mais pour le moment on va se concentrer dans cet ouvrage à la compréhension des structures extérieures, les différents systèmes économiques.
Pourquoi changer un sytème économique qui fonctionne si bien ?
En animant de nombreuses parties du Jeu de la Monnaie. J'observe que très peu de personnes apprécient le troisième jeu, celui de la monnaie dette. Le système actuel de création de la monnaie via le crédit auprès d'une banque commerciale.
Mais tout de même, j'ai rencontré quelques personnes qui aiment cette partie là.
Plus souvent ce sont les personnes qui ont joué le rôle de banquier dans cette partie ont apprécié ce système économique.
Même si mon constat est que la majorité des gens, si ils avaient le choix, changeraient le système actuel pour le remplacer par un autre. Il y a des gens qui sont heureux actuellement.
Il faut aussi reconnaitre que le système actuel à apporté son lots de conséquences qui ne sont pas toutes néfastes comme je l'ai indiqué précédemment.
L'invention de la monnaie métallique a créée l'économie de marché. Elle a poussé les gens à se spécialiser et donc à être plus efficace.
Il a ainsi été possible d'aller plus loin dans certains domaines. Notamment la science et la technique. Ces deux piliers de notre société actuelle sont issus directement de cette volonté d'innovation pour l'efficacité, nécessaire à rembourser les impôts auprès du seigneur qui détient le pouvoir de seigneuriage.
La motivation passe généralement par deux canaux, la peur et/ou l'espoir, souvent imaginé par le bâton et la carotte.
L'impôt a poussé vers l'innovation, par le bâton, toute une société, pour le meilleur et pour le pire.
Notre environnement et mode de vie serait très probablement très différent sans le fait qu'on nous impose l'utilisation d'une monnaie prédatrice.
Pour moi qui suis un adepte des jeux et expériences sociales, j'ai aussi pratiqué le Jeu de la Banane. Ce jeu permet d'expérimenter ce formidable élan de productivité et de coopération à large échelle que permet un système monétaire.
Le jeu consiste pour une majorité de joueurs à produire des bananes. 🍌 Ceci en les dessinants sur du papier. Puis il faut les vendre à d'autres joueurs qui incarnent le rôle de grossiste.
Ensuite il y a des joueurs qui ont le rôle d'importateur. Ce sont les seuls à faire le voyage entre la pièce où se trouve les producteurs et une autre pièce où se trouvent des grossistes acheteurs.
Le meneur de jeu, lui, achète les bananes comme un client final, à un détaillant.
Le meneur de jeu détient le monopole de la création monétaire. Il peut ainsi faire jouer la concurrence et gérer le niveau des prix.
C'est incroyable comme les joueurs se prennent au jeu et se motivent.
Et c'est justement pour cette raison que lors de la réalisation de costumes pour une fête villageoise, j'ai utilisé ce pouvoir de la création monétaire.
Le but était de réaliser les costumes des 101 dalmatiens. Ceci pour une centaine de participants de plusieurs associations de jeunesse. Donc comment motiver quelques dizaines d'ados à travailler dur pour réaliser autant de costumes.
Et bien j'ai repris la structure du jeu de la banane, mais avec les étapes de fabrication du costume blanc à taches noires d'un dalmatien.
Un succès total. Large coopération, efficacité, amélioration du processus de fabrication par les participants. Et maitrise totale de la part du sommet de la pyramide qui commande le travail.
Ce système économique d'économie de marché est vraiment très efficace. Nettement plus efficace qu'un atelier de type "communiste". En tout cas de mon expérience dans ce cadre à l'époque.
Ainsi j'ai vraiment pu expérimenter l'efficacité de ce système économique pour faire collaborer un grand nombre de personnes qui sont cloisonnés et qui fonctionnent chacune dans leur spécialité.
Alors pour la petite histoire, si on revient au jeu de la banane classique. Au bout d'un moment on ajoute des événements qui font que la vie de petit producteur de banane devient difficile. Par exemple des mauvaises récoltes.
Puis avec le temps, la communication se fait entre les deux salles. Il y a des rumeurs des prix d'achat finaux qui arrivent aux producteurs. Là ces derniers remarquent que le prix sont multipliés par 10 et souvent des mouvements sociaux émergent. Il y a des sortes de leaders syndicaux qui refusent de travailler pour si peu qui veulent augmenter les prix.
Là il y a des cartels qui se créent. On croit revivre la naissance de l'OPEP, l'organisation des pays producteurs de pétrole.
Et c'est là que le jeu bascule. Soit il y a coopération globale pour faire monter les prix chez le producteur, soit il y a toujours un petit indépendant hors du cartel qui fait son beurre en vendant moins cher.
Le label fairtrade émerge très vite pour garantir la qualité de la production.
Passionnante expérience.
Si l'on revient à l'histoire des systèmes économiques, ce système colonial est typique des administrations comme la compagnie des Indes.
Un armateur collecte de la monnaie pour armer son bateau et va coloniser le monde. 🌍 Il revient de colonie chargé de denrées rares, exotiques et très chères. Café, thé, 🫖☕️, bananes, 🍌 chocolat, 🍫 et de nombreuses épices.
Cependant ce système économique est limité avec le prêt. Il faut collecter un capital avant de pouvoir l'utiliser.
C'est là que le crédit a fait son apparition. La science ayant déjà donné de bons résultats, la confiance est arrivée à maturité pour oser créer de la monnaie sortie de nulle part et s'engager à la rembourser avec les intérêts en sus.
Ceci avec la vision du monde que l'avenir sera toujours meilleur. C'est la vision du monde orange de la spirale dynamique.
De là, le progrès technique a été libéré des ses limites financières et sociales. Tout est possible. Allons sur la lune !
C'est ainsi que la révolution industrielle a été financée, c'est grâce à ce système économique que nous avons obtenu le confort actuel. C'est grâce à ce système économique que nous avons réussi à faire vivre plus de monde que jamais sur cette planète.
Donc il faut être conscient des bienfaits de ce système. Mais peut être qu'il est temps de le faire encore une fois évoluer. De l'améliorer, de garder ses avantages mais de se débarrasser de ses contradictions.
On peut discuter encore longtemps de savoir si ce qui est considéré comme des bienfaits le sont vraiment.
Car voilà que ce système sans limite financière est tombé sur de nouvelles limites. Les limites physique de la Terre. C'est au début des années 1970 – avec notamment le rapport Meadows – qu'une nouvelle vision du monde émergent et porte l'attention sur l'incompatibilité entre la vision sans limite de l'économie et les limites de l'écosystème de la Terre.
L'économiste Kenneth Boulding résume très bien:
La personne qui croit qu'une croissance infinie est possible dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste !
Donc il est peut être temps de choisir de quel type de croissance avons nous besoin. La croissance des connaissances de l'humanité a grandi de façon exponentielle. Mais cette forme de croissance ne semble pas être nocive aux limites physique de la Terre, au contraire de la croissance des biens matériels.
C'est peut être une piste pour trouver un but plus soutenable à l'appétit de croissance des humains.
Dans la vie, nous passons tous par différentes phases, différents âges. La croissance exponentielle c'est l'enfance, puis il y a l'adolescence qui permet d'aller chercher du neuf et de le ramener à sa tribu. A l'âge adulte, la croissance n'est plus physique, elle se fait sur un autre plan.
Personnellement je suis favorable à donner la possibilité de grandir en conscience et en sagesse.
Il est temps pour l'humanité de passer à l'âge adulte.
Quel système économique, quelles règles de la maison permet d'accompagner cette transition ?
Structure extérieure: un système économique pour le futur
Plus on est de fous, plus il y a de profits
Je vais te présenter le système économiques que je propose comme 4ème jeu du Jeu de la monnaie.
C'est le jeu qui redonne de l'espoir aux gens après la déprime du jeu de la monnaie dette.
Donc c'est une ébauche. C'est des pistes de réflexion à améliorer. Bien qu'il s'adapte à de nombreuses personnalités, je ne pense pas que ce soit un système universel. Ceci, car comme on l'a vu plus haut avec nos structures intérieures qui définissent notre rapport personnel à l'argent, nous avons tous un vécu et des croyances différentes qui nous pousse à préférer un système où un autre.
Mais je vais quand même te donner quelques pistes pour être riche et puissant, ainsi tu pourras expérimenter cet état et passer à autre chose.
Donc voici quelques principes pour être riche et puissant en lien avec la monnaie.
Pour avoir beaucoup de monnaie, il faut être le plus proche possible du robinet de liquidités.
Crée ta banque. Créer de la monnaie est un business comme un autre. Cependant, tout comme un restaurateur se soumet au service d'hygiène, le banquier se soumet à l'autorité de surveillance des banques.
Crée ta multinationale qui possède sa propre banque. Ainsi tu ne te refusera jamais un crédit pour ta propre entreprise.
Deviens politicien, ce sont les personnes qui créent le plus de crédit bancaire, ceci au nom du peuple. Mais il est régulièrement possible d'empocher quelques commissions au passage.
Deviens politicien qui a une entreprise de construction. C'est dans les grands travaux étatiques qu'il y a le plus d'argent qui circule. Ou alors tu peux avoir des ambitions stratosphériques et te lancer dans le spatial. Elon Musk a prouvé que c'est rentable d'avoir un contrat gouvernemental pour envoyer des gens en orbite.
Marchand d'armes, c'est aussi un business rentable, surtout si tu vends dans chaque camp qui se tape dessus !
Pour obtenir une quantité illimitée de monnaie, il faut faire travailler ton argent et pas toi.
Tu as un nombre d'heure limité par jour. Donc ne vend pas ton temps, tes revenus sont limités par définition. Mais vend des produits qui peuvent se compter à l'infini.
Les meilleurs produits sont financiers, car ils sont dématérialisés.
Vends des assurances pour couvrir les spéculateurs. Renseigne toi sur les CDS. Credit Default Swap
Si le monde de la finance classique te semble déjà trop habité pour avoir une chance de percer. Alors crée ton monde. Fais une ICO. Initial Coin Offering. C'est la vente des premiers jetons d'une nouvelle cryptomonnaie.
Il y a plein de projets de cryptomonnaie révolutionnaires qui voient le jour. La Fintech est à la mode chez les investisseurs qui ne comprennent pas tout, mais qui sont sensibles aux beaux discours. (ex: Move 2 earn)
Intéresse toi aux NFT, des jetons qui servent de certificats de propriété pour tout et n'importe quoi. On peut remplacer un notaire avec des NFT, mais aussi créer un marché de l'art fait d'images informatiques dématérialisées. Il y a là un remake de la tulipomanie du XVIIème siècle qui se rejoue en numérique. De nombreux riches spéculent sur des images jpg pour planquer leur fric en évitant de payer des impôts. Invente le prochain Bored ape. 🐒
Les NFT, c'est la ruée vers l'or de notre époque. Et comme toujours dans la ruée vers l'or, celui qui devient le plus riche, c'est celui qui vend des pelles et des pioches.
Donc vend des formations pour devenir riche avec les NFT. Crée une plateforme d'achat et vente d'art numérique sous forme de NFT.
Puis quand tu seras un peu riche, finance des doctorants en histoire de l'art pour valoriser tes oeuvres d'art numérique qui ne valent rien. Si plein d'experts de l'art du monde entier disent que ça vaut de l'or, alors la cotation va grimper et ça vaudra de l'or.
Sinon tu peux vendre de la drogue. Pas au coin de la rue, mais sous la forme de médicaments. 💊 Plus l'emballage et la pub sera bien, plus il y a d'assurances – obligatoire, donc un impôt – qui vont te financer ton produit addictif. Utilise les mêmes méthodes que pour le marché de l'art. Tu finances des doctorants dans les universités pour pondre plein de publications scientifiques qui disent que ton produit a plein de vertus.
Dans le même genre, les vendeurs de lunettes commencent aussi à coloniser les villes. Ils se placent à côté des vendeurs de smartphone.
Vitrier c'est bien aussi, Il y a des assurances qui remboursent les bris de verres et il y a des fenêtres partout.
Voilà donc plein d'idées. Tu m'en diras des nouvelles, et je prends 1% de commission si tu les appliques 😉
La pharmacie de l'Orangerie à Neuchâtel, un siècle de commerce florissant
En fait, le principe pour obtenir plein de monnaie tourne très souvent autour de la notion d'impôt. Soit pour vendre ce qui est financé par un type d'impôt. Soit pour fournir des moyens de conserver de la valeur en échappant à l'impôt.
Tout ceci n'a pas beaucoup de sens. La monnaie ne va pas là où on en a besoin, mais surtout là où ça peut en rapporter encore plus.
C'est pour cette raison que je vois des gens qui s'indignent contre le système économique et monétaire actuel et veulent changer les règles de la maison(née).
Donc pour retrouver du sens, pour rediriger les flux monétaire à un endroit qui a du sens. Il y a touteune frange de la population qui est militante, qui veut agir pour plus de justice sociale, agir en faveur du bien commun et des services publics pour tous et pas seulement les proches du robinet à liquidité ?
La plupart des gens que je connais qui ont une telle vision du monde aiment les systèmes économiques proches du chartalisme, aussi appelé Théorie Moderne de la Monnaie. Soit le fait que l'État en tant que représentant du peuple, crée la monnaie quand il est nécessaire et détruit la monnaie via la collecte d'impôt. Il est toujours nécessaire d'avoir un moyen de destruction de la monnaie pour garder une rareté relative.
Il existe aussi une variante dans laquelle ce n'est pas le trésor directement qui agit, mais une banque en mains de l'État qui agit pour son compte sur sa demande. C'est le modèle de la Banque d'État.
Dans la première partie on a vu par exemple l'histoire de la Banque du Commonwealth d'Australie.
Dans cette vision du monde, la monnaie est considérée comme un bien commun, au service du bien commun.
Ainsi, par exemple, au hasard, quand une pandémie arrive et qu'il faut ouvrir des lits d'hôpitaux, il suffit de créer la nouvelle monnaie nécessaire à mettre en place et alimenter cette nouvelle infrastructure. Si le besoin n'est plus nécessaire il ne faut pas oublier de détruire la monnaie.
Il est nécessaire d'avoir ces deux mécanismes opposés, la création et la destruction et de les utiliser au bon moment. C'est là toute la difficulté de ce système.
Comme mentionné plus haut, un bon exemple de gestion est celui de Benjamin Franklin avec les clonials scrips, de la colonie de Pennsylvanie.
Il faut avoir un gouvernement qui est totalement au service de l'intérêt du peuple. C'est souvent là que ce sytème s'effondre, avec des politiciens corrompus qui créent de la monnaie qui ne correspond à rien, ou plutôt qui correspond à leur intérêt personnel.
La dérive du chartalisme, c'est de créer de la monnaie, mais ne jamais la détruire. Personne n'aime détruire son pouvoir d'achat, sa capacité à obtenir gratuitement des ressources.
Ainsi, dans mes réflexions je suis parti dans tout autre chose.
Crédit mutuel fondant
Si tu as un esprit social et collectif, que tu aimes partager une vision commune avec d'autres, mais que tu préfères la responsabilité indivuelle au fait d'élir un gouvernement qui va décider à ta place. On peut imaginer une démocratisation de la monnaie. Le pouvoir de la monnaie dans les mains de ceux qui l'utilisent.
Chacun détient sa part de création monétaire par le simple fait qu'il existe et gère cette part en personne libre et responsable. C'est là qu'un crédit mutuel fondant peut être utilisé. La limite de crédit à disposition de chaque individus étant canalisée par la vision collective de la communauté.
Voilà l'idée générale. Entrons dans le détail.
Le jeu de la monnaie nous permet d'expérimenter plusieurs systèmes économiques, et de vivre quelques millénaires d'histoire.
A partir de ces ingrédients, que peut-on imaginer comme système alternatif qui devrait être meilleur ? (Meilleur c'est compliqué, on va déjà voir comment faire moins pire vu qu'il y a une majorité de méconents du système actuel)
Le don dans une communauté de confiance comme base
Dans le chapitre sur les enseignements de l'histoire, j'ai déjà décrit un certain nombre d'ingrédients nécessaires à créer un bon système économique. On peut s'en inspirer.
De plus, selon les deux indicateurs utilisés au jeu de la monnaie, quel est le meilleur système ?
Avec l'indicateur froid et objectif de la productivité. On trouve que dans l'immense majorité des cas, c'est le premier jeu, le don dans une communauté de confiance, qui est le système économique le plus efficace pour produire des valeurs économiques.
Avec le second indicateur utilisé, cet indicateur subjectif du comment tu te sens ici et maintenant, c'est encore une fois le premier jeu, le don dans une communauté de confiance, qui est le système économique jugé le plus agréable. Le plus joyeux.
Donc tout tend à indiquer qu'il suffit de se mettre au don dans une communauté de confiance pour résoudre tous les problèmes de l'humanité.
Mais le hic, c'est que l'histoire nous montre bien que les humains ne sont pas restés à l'utilisation de ce système. Ils ont mis en place assez rapidement des systèmes de comptabilité.
Ceci pour étendre la taille de la communauté, pour pouvoir faire communauté avec des inconnus.
Donc, à partir de cette observation, l'idée est de réaliser un système économique qui est proche du don dans une communauté de confiance, qui permette totalement ce système, mais qui puisse aussi intégrer les gens qui sont en transition vers ce système.
Donc premier point, il est nécessaire de ne pas avoir d'impôtqui imposerait l'utilisation d'un moyen de paiement en particulier. Comme ça, on permet vraiment la liberté de pratiquer le don dans une communauté de confiance. Et si l'on sent le besoin, la comptabilité est là.
Ainsi la comptabilité proposée est une béquille, ce n'est pas un idéal.
Elle permet d'inscrire les transactions de façon non révocable. Ainsi une personne qui aurait peur que l'on ne remarque pas ses contributions et donc peur qu'on l'exclue de la communauté a un moyen pour prouver ses contributions.
Puis la personne qui abuse de la communauté sera repérée tout de suite grâce au déséquilibre entre ses contributions et ses consommations.
Le crédit pour financer des infrastructures
Ne dites plus "planche à billets", mais "clavier à crédits"
Si l'on demande aux participants du 3e jeu, le jeu de la monnaie dette, ce qu'ils imaginent comme évolution positive, tout de suite, c'est la suppression de l'intérêt sur les crédits qui vient.
Néanmoins, le crédit — la création de monnaie à partir d'un simple contrat — est nécessaire. Le crédit sert à investir dans des infrastructures. C'est typiquement l'exemple des infrastructures nécessaires à capter de l'énergie renouvelable.
Le drame de l'énergie renouvelable, c'est de devoir payer trente ans d'énergie d'un coup. Même si c'est nettement moins cher que de payer au goutte-à-goutte chaque mois. Pour payer trente ans d'un coup, il est nécessaire d'avoir les liquidités pour. Actuellement la plupart des gens n'ont pas ces liquidités.
Donc on voit ici clairement pourquoi on est très dépendant du pétrole et que les panneaux solaires sont encore marginaux. Avec un petit salaire, on peut juste acheter périodiquement un peu de carburant, mais aucunement investir dans une infrastructure solaire.
Bien que, le système économique de la monnaie dette bancaire est fondé sur le crédit. Ce crédit n'est pas accessible facilement. On pourrait imaginer prendre un crédit pour financer une installation solaire. Cependant, bien souvent l'avantage financier à acheter trente ans d'énergie d'un coup en installant des panneaux solaires, plutôt que de se chauffer au mazout ou au gaz, est contrebalancé par le coût financier du crédit.
C'est là que l'on constate que le crédit c'est utile, mais c'est encore mieux quand il n'y a pas d'intérêt à rembourser sur le crédit. On rejoint là tout simplement la tradition millénaire de la plupart des grandes religions qui interdisent l'usure.
Un constat des effets engendrés par l'obligation de vivre au jour le jour pour acheter du carburant, c'est que l'on instaure une relation de dépendance. Dès que le prix augmente à la pompe, c'est des révoltes sociales. C'est ainsi que le mouvement des Gilets jaunes est né en France.
En 2017 en France est née la Ğ1, une monnaie libre seon la Théorie Relative de la Monnaie, écrite par Stéphane Laborde en 2010. La Ğ1vise à assurer l'égalité spatio-temporelle, une égalité de chacun face à l'étalon de mesure qu'est la monnaie et ceci dans l'espace.
Donc pour réaliser l'égalité spatiale, chacun reçoit un Dividende Universel, sa part de monnaie qu'il co-crée. Ainsi la monnaie arrive chez les humains qui l'utilisent et plus seulement dans les grandes banques et ceux qui sont proches.
C'est la proxmité des grandes banques des places financières de Genève et Zurich qui font que ces villes sont les plus chères du monde. C'est là qu'il y a le plus de monnaie, donc les prix grimpent.
Puis la Ğ1 assure l'égalité temporelle. L'ancienne monnaie a son pouvoir d'achat qui fond, ceci par l'augmentation de la valeur absolue du Dividende Universel donné au quotidien.
Ce postulat de base de l'égalité spatio-temporelle en tout temps empêche toute forme de crédit. Donc la crainte d'hypothéquer le futur empêche aussi de se contruire des infrastructures en les payants sur plusieurs années.
Imagine recevoir chaque jour de quoi payer une brique, il t'en faudra du temps pour construire ta maison !
La communauté mutualise le risque du crédit
Donc le crédit est nécessaire. Par contre, le banquier n'est pas nécessaire. Le banquier tout seul qui octroie des crédits doit se couvrir. Il doit se prémunir des risques de non-remboursement. Pour rappel, en Suisse, les crédits sont couverts par de la monnaie banque centrale à 2,5 %, dans l'UE, à 1 % et dans le monde anglo-saxon à 0 % ! (aux USA, c'est 0%, donc aucune couverture pour les "petits" crédits, mais pour les gros c'est autre chose.)
Ainsi, une banque est paradoxalement une organisation fragile. Comme elle est d'importance systémique, la banque est de plus en plus souvent considérée comme To big to fail. Trop grande pour faire faillite. Sa disparition entrainerait une disparition en cascade de tout un système. Ce que personne n'a envie ! (Enfin, personne parmi les gens qui ont pu choisir. Les autres peuvent être qu'ils veulent la disparition de ce système ?)
Qui se souvient de la faillite d'UBS en 2008 ? La plus grande banque de Suisse et une des plus grandes du monde ? Là, je crois que cette affaire a fait grand bruit. Beaucoup de gens s'en souviennent. La Banque Nationale Suisse a repris à son compte les actifs pourris, a temporisé pour les assainir, et ceci avec le soutien et la garantie de la Confédération suisse.
En bref, pour combler le trou de CHF 10 milliards, le Credit Suisse s'est "prêté" à lui-même CHF 10 milliards. Mais comme c'est interdit. C'est un montage financier qui a été effectué via le fonds souverain du Qatar. Ceci avec la bénédiction de l'autorité de surveillance des banques déjà trop occupée par le sauvetage d'UBS.
– Je te crée CHF 10 milliards à partir de rien, je te les prête pour me recapitaliser.
C'est génial ! Pourquoi on ne se finance pas comme ça plus souvent ? Pourquoi on vend des fleurons industriels en faillite alors qu'on sauve les banques en faillite?
Pourquoi on ne finance pas une transition énergétique qui favoriserait une large autonomie énergétique et donc géopolitique de cette façon ?
Parce que seules les banques sont to big to fail.
Dans un marché libre, une entreprise qui fait faillite n'est pas sauvée. Donc il faut bien comprendre que malgré les leçons de la banque qui prône une économie de marché libre, dans la pratique la banque trop grande pour faillir est très heureuse que l'État la sauve.
Un tel fonctionnement conduit à une total dé-responsabilisation du banquier. C'est malsain de pouvoir faire ce que l'on veut sans assumer les conséquences.
On peut faire un lien ici avec le chapitre sur la corruption. Celui dans lequel on apprend que ces mêmes grandes banques suisses financent chaque année les partis politiques qui sont en faveur d'une économie de marché libre.
Donc si l'on traduit. La banque finance les partis qui, en cas de faillite de la banque, vont la sauver et la laisser continuer de la même manière. Alors que d'autres partis auraient plutôt tendance à nationaliser les banques en faillite.
À méditer.
Revenons à la conception de notre système économique.
Donc comment fournir un crédit sans banque et sans banquier. C'est tout simple, il s'agit du Crédit Mutuel.
Le risque de non-remboursement, assumé par le banquier tout seul, est ici assumé par toute une communauté.
Le principe du crédit mutuel est très utilisé dans les SEL, les Systèmes d'Échange Locaux.
Chaque personne qui arrive dans la communauté a un compte qui est à zéro.
Mais elle dispose d'un potentiel de crédit. Ceci dans les limites de ce que la communauté a décidé.
Dans le 4e jeu du jeu de la monnaie. Chaque joueur peut descendre jusqu'à -6.
Donc pour faire un équivalent avec un référentiel utilisant des jetons. C'est comme si la personne qui entre dans le système reçoit 6 jetons.
Nous avons vu plus haut que dans la théorie des jeux et plus particulièrement dans le dilemme du prisonnier.La meilleure stratégie pour favoriser la coopération, c'est de partir de l'à priori que l'autre nous veut du bien. Ensuite avec le principe de réciprocité on enclenche un cercle vertueux.
Donc la concrétisation de ce principe veut que toute personne qui entre dans la communauté à droit à un potentiel de crédit, à un droit de tirage sur les biens et service de la communauté.
C'est un risque que prend la communauté. Mais c'est un faible risque par rapport au gain potentiel. Néanmoins, la communauté doit pouvoir se défendre en cas de risque avéré d'infiltration par un abuseur.
C'est pour cette raison que le crédit proposé n'est pas infini. Il a une limite. Une limite de consommation à crédit jugée acceptable par la communauté en cas de perte.
De plus, on peut imaginer un moyen de signaler l'abuseur comme tel pour prévenir d'autres communautés.
Cependant, ailleurs c'est pareil. L'accacia informe les arbres aux alentours en envoyant de l'étylène, un gaz qui voyage pour signler le danger. Les autres accacias se protègent contre les prédateurs.
Cette question de la communauté qui doit se protéger contre les abuseurs est le coeur du fonctionnement d'un système économique.
Mais attention. On doit trouver un équilibre. Il y a naturellement chez les humains la tendance à propager les ragots, c'est justement pour faire circuler l'alerte de la présence d'une personne qui est un danger pour la communauté.
Mais d'un autre côté, il doit y avoir un taux d'oubli, un délai de prescription. Il doit y avoir un équilibre pour que la communauté n'écrase pas l'individu et lui permette de s'améliorer.
La tendance au crédit social centralisé est une dérive dangereuse qui a pris pas mal d'ampleur ces dernier temps. C'est à surveiller pour ne pas se laisser piéger.
Pour motiver, il y a généralement deux approches la carotte et le bâton. La limite de crédit qui se réduit c'est le bâton et donc si on inverse cette logique on a la carotte.
On peut imaginer que la limite de consommation à crédit augmente dans certaines conditions. On peut imaginer que tout comme un banquier va étudier un dossier de demande de crédit. Ici, la communauté évalue aussi un dossier selon ses valeurs. Si le dossier est validé, la limite de crédit est augmentée.
Quand la confiance en quelqu'un augmente, on peut imaginer que sa limite de consommation à crédit augmente.
Dit autrement, quand on remarque qu'une personne utilise de manière judicieuse les ressources de la communauté, en accord avec les valeurs de celle-ci, on lui permet de prélever un peu plus de ressources. Même si en fait la comptabilité montre que la personne n'a pas encore contribué à la communauté sous forme de transferts économiques comptabilisés.
Ce droit de tirage sur les biens et services de la communauté est peut-être offert lors de la création d'une infrastructure qui va bénéficier à l'ensemble de la communauté. Ou encore durant une période pendant laquelle une personne s'occupe de ses enfants en bas âge.
J'ai évoqué tout au début de cet ouvrage que le propre de l'humain est de (se) raconter des histoires. C'est d'avoir la capacité d'étendre sa communauté autour d'un récit commun, de valeurs communes. Ceci justement par ce que la communauté est absolument nécessaire à la survie du petit être humain qui nait de façon prématurée.
Comme il ne sait rien faire à la naissance, même pas marcher, – contrairement aux veaux et agneaux – il monopolise les ressources de la communauté. Donc là, il est nécessaire de consommer à crédit durant quelque temps. Mais cet investissement est rentable sur le long terme.
Les termes que j'utilise te sont peut-être un peu étranges. J'espère que c'est compréhensible. On n’a pas l'habitude de comptabiliser de la "monnaie" non pas en jetons, mais sous forme d'un potentiel de consommation de ressources de la communauté. Tout ceci c'est une question de point de vue différent. C'est une question de relativité. Dans quel référentiel se trouve l'observateur ?
La notion de référentiel est très importante et trop souvent négligée. La physique a fait sa révolution de référentiel il y a un siècle en passant de la physique newtonienne à la physique relativiste de Einstein. Mais la science économique n'a pas (encore) fait cette révolution et utilise des concepts mathématiques dépassés et non adaptés. Le référentiel n'est que très rarement explicité. Du coup, il y a de nombreuses confusions.
Non, un crédit n'est pas un prêt!
Nous reviendrons un peu plus tard sur cette notion de référentiel. Mais revenons à l'explication du crédit mutuel.
Reprenons notre exemple utilisé pour montrer l'impossibilité du troc. C'est l'exemple avec deux voisins. Un voisin cultive des fraises 🍓 mûres en juillet et l'autre voisin cultive des poires 🍐 mûres en octobre.
Quand les fraises sont mûres et que son producteur croule sous des kilos de fruits qu'il n'a pas le temps de manger, il en donne à son voisin. Par ce geste, il espère que la confiance entre les voisins est suffisamment grande pour qu'il puisse recevoir en retour des poires en octobre.
Mais si les voisins ne se font pas tellement confiance, ou si les personnes ne sont pas voisines, mais distantes de quelques kilomètres, alors on va utiliser de la comptabilité écrite pour augmenter le niveau de confiance.
Donc à la saison de récolte des fraises, son cultivateur en livre au producteur de poires. L'écriture va donc comptabiliser dans une unité de mesure communela quantité de fruits transférée. On peut utiliser le panier 🧺 comme unité de mesure. En s'assurant que tout le monde a un panier de taille standard.
Pour rappel de la chronologie vue plus haut, vers -2300, les Sumériens utilisent le GUR comme unité de volume de grain d'orge. C'est le même principe que mon panier. 🧺
Vers -2000 en Égypte, on observe l'utilisation du Deben. C'est une unité de mesure de poids. Le Deben sert à mesurer des quantités de marchandises utilisées comme moyen de paiement ET comme unité de mesure. Soit, les métaux, les étoffes, les céréales (sous forme de grain, de pain ou de bière) et les huiles.
Dans la comptabilité, on va par exemple indiquer un mouvement de 2 paniers 🧺 entre les deux producteurs. Mais que noter ? Dans quel sens noter le transfert de panier ? que signifie les signes - et + ?
Si je prends le référentiel courant de la "monnaie", je reçois de la monnaie quand je transfère une marchandise. Je compense ma perte de marchandise par un droit de tirage futur. Donc dans le référentiel courant de la "monnaie", je compte mes droits de tirages.
Donc, le producteur de fraises aura +2🧺 sur son compte et le producteur de poires -2 🧺. C'est la comptabilité des droits de prélèvement sur la communauté.
Voilà, nous avons un différentiel. Il y a donc une dette qui a été créée. En octobre, le producteur de poires pourra équilibrer son compte et compenser son solde négatif en transférant 2 paniers au producteur de fraises. Ce dernier en acquérant des poires va aussi utiliser son droit de tirage, son solde de compte positif.
Les deux producteurs se retrouvent donc chacun à un solde à 0. Nous sommes à l'équilibre.
Comme nous l'avons vu lors de l'explication du bâton de comptage, il sert à enregistrer une dette entre deux personnes. Mais parfois il est intéressant d'obtenir des biens et services d'autres producteurs.
Donc on peut imaginer que notre exemple se complexifie. Il y a un producteur de haricots qui arrive fin juillet et qui et "vend" sa production au producteur de fraises. Hop, on transfert aussi deux paniers. Donc le producteur de fraises qui était à +2 paniers se retrouve à 0 et le producteur de haricots se retrouve avec un solde de +2 paniers. Il peut l'utiliser en octobre pour acheter des poires chez les producteurs de poires. Hop on transfert encore une comptabilité de 2 paniers et tous les 3 producteurs ont un solde à 0.
Simulation des soldes d'un crédit mutuel enre 3 producteurs pendant 80 ans
On peut ajouter un nombre infini de producteurs dans le système du crédit mutuel. La somme des comptes sera toujours égale à zéro.
À chaque transaction, il y a une différence qui se crée. Il y a une marchandise qui est transférée et sa compensation en écriture qui est comptabilisée.
Ainsi avoir des chiffres en positifs sur son compte signifie qu'on a contribué à la communauté en transferts économiques plus que la moyenne des membres de la communauté. La valeur moyenne des comptes étant à zéro.
Avoir des chiffres négatifs sur son compte indique qu'on a consommé plus qu'on a fourni à la communauté. Mais il ne faut pas voir ça comme étant une mauvaise chose, ce n'est pas grave d'être en négatif sur un compte. S’il n'y a personne en négatif, c'est qu'il n'y a personne en positif. Tout s'arrête. Donc c'est bien d'être en négatif, c'est qu'on a été à l'origine d'un échange. Même si l'échange n'est que partiel. Il y a eu un don de marchandise, et les chiffres correspondant à la compensation de cette marchandise ont été enregistrés. C'est ces chiffres qu'on appelle parfois la "monnaie".
Toute forme de monnaie commence par un don !
C'est fondamental à comprendre et peu connu, mais toute forme de "monnaie" commence par un don. C'est le seul moyen de créer deux parties à partie d'une seule.
Avec le bâton de comptage, on le voit bien. J'ai UN bâton, je le coupe en deux parties. La souche et l'échantillon. C'est l'enregistrement d'une écriture comptable. Comme vu plus haut, la dérive de ce système, c'est de croire que la valeur est dans la souche et pas dans la relation de réciprocité entre les contractant.
La dérive de ce système c'est de profiter de cette croyance erronée pour créer des souches, surtout si on est le roi en qui tout le monde a confiance. Enfin, confiance en sa capacité de rembourser la dette inscrite sur le bâton.
Un "faux" bâton de comptage se crée de la même manière qu'un vrai. On coupe un bâton en deux. (On y coupe pas à cette étape !) Donc le roi enregistre une dette pour lui même. Il se fait un don à lui même.
Toute forme de monnaie commence par un don !
Avec une pièce de monnaie qui représente une dette, c'est pareil. Le personnage ou l'entité représentée sur le côté face de la pièce promet de rembourser la valeur indiquée sur le côté pile.
Cette entitié se fait donc un don de la valeur indiquée et l'utilise pour aller acheter "gratuitement" des ressources sans avoir contribué à la communauté. Son seul "travail" aura été de créer l'enregistrement des chiffres et le support de cet enregistrement. Quand le support est une pièce d'or ou un bâton de comptage, c'est un joli boulot. Quand le support est une écriture dans la base de données de la comptabilité d'une banque, le travail n'a pas très grand.
Une banque centrale agit de la même manière. Elle se fait des dons à elle même tout le temps. Comme toujours le principe est de créer une reconnaissance de dette.
L'opération de création des deux parties est moins visible qu'avec un bâton de comptage. La banque va ajouter un montant au passif de son bilan. Un bilan comptable doit toujours être équilibré. Donc si il y a un passif, il y a un actif. Ce sont par exemple les billets de banque. Dans certains, pays, comme en Inde, il est encore clairement écrit que le billet est une reconnaissance de dette de la banque.
La dernière étape est la diffusion de la nouvelle monnaie créée par la banque centrale. Cette dernière va donc faire des achats, comme le roi qui fait des "faux" bâtons de comptage pour acheter de quoi assurer son train de vie.
Une banque centrale achète généralement des titres. Ça peut être tout et n'importe quoi. Des obligations, des dettes publiques, des actions, des devises étrangères – pour influencer le taux de change – même des titres jugés "pourris". C'est le principe du Quantitative Easing, c'est un moyen de soutenir l'économie par la création monétaire. C'est un moyen de faire des dons à ceux qui sont proches du robinet de liquidité.
Toute forme de monnaie commence par un don !
Dans la création de cryptomonnaie, on voit souvent des ICO, Initial Coin Offering. Le créateur d'une nouvelle monnaie crée des jetons. Il se les donne à lui même. Puis baratine le monde pour vendre ses jetons en échange d'une promesse de richesse future.
C'est en fait le même principe qu'une IPO, Initial Public Offrering. Soit l'introduction en bourse d'une entreprise. Le propriétaire d'une entreprise crée des actions. Il se les donne à lui même. Puis baratine le monde pour vendre ses actions en échange d'une promesse de richesse future.
L'action est une forme de monnaie. Il est possible de rémunérer ses employés avec des stock options. C'est une option d'achat (d'une nouvelle) action à une date et un prix convenu d'avance. Ainsi tout le monde espère acheter à un prix convenu très bas, un titre qui est côté très haut le jour d'achat, et de le revendre tout de suite pour engranger les millions.
Quand on est le dirigeant d'une entreprise, ce système incite à faire grimper le cours de l'action le jour où l'on peut réaliser son option d'achat à bas prix. Donc il est bien de trouver une annonce qui fait grimper le titre ce jour là, que ce soit vrai ou pas.
Même dans le monde des monnaies alternatives, la règle s'applique toujours. Lors de la création de la "monnaie libre" Ğ1, un don de 10 june a été fait aux 59 membres fondateurs. La formule magique de création de la monnaie par distribution à tous les membres d'un Dividende Universel nécessite une masse monétaire déjà existante pour calculer le Dividende Universel distribué.
DU = c * Masse monétaire / NB utilisateurs. c = ln(espérance de vie/2) / (espérance de vie/2) ≈ 10% (par an)
En théorie ça marchait bien. Mais le jour où la théorie a été confrontée à la pratique, on a un problème de démarrage. N'importe quoi fois 0 est toujours égal à 0. Donc impossible de créer de la monnaie.
Alors au lieu de masquer ce don sous plein d'artifices douteux, de se faire des dons à soi même, ce qui n'est pas très équitable pour la communauté, je préfère la transparence du crédit mutuel.
Là il est clair qu'une personne a fait un don de marchandise et qu'elle a reçu en échange un potentiel de tirage sur les ressources de la communauté d'un montant équivalent.
On se rapproche de la raison d'être fondamentale d'un système économique et non d'une astuce pour soutirer des ressources que l'on ne paie pas.
La comptabilité sert à différer un échange dans le temps.
On devrait interpréter cette comptabilité en différence de rythme de production. Moi je produis en juillet et toi en octobre. Cette différence permet l'abondance pour chaque personne.
Sinon on se retrouverait chacun avec un surplus qui pourrit à la bonne saison et un ventre vide le reste de l'année. Donc cette différence de rythme de production permet de lisser nos contributions et de vivre en harmonie.
Pour marcher, il faut se mettre en déséquilibre. Avancer un pied dans le vide.
Les polarités positives et négatives ne sont que l'expression des polarités qu'on retrouve partout dans notre univers. Notre mesure du temps se fait en fonction des rythmes du jour et de la nuit. Associer une de ses polarités à une notion de bien ou de mal est totalement relatif.
D'ailleurs si on change de point de vue. On pourrait inverser les signes + et − de notre comptabilité en crédit mutuel. Au lieu d'utiliser un sens compensatoire, un chiffre qui compense un transfert réel, on pourrait utiliser le mode direct et comptabiliser les transferts réels.
Dans le cas du mode compensatoire habituel, je gagne de la monnaie en vendant un produit.J'écris un +. En mode direct pour le même acte, depuis un autre point de vue, je transfère un produit hors de mon stock, mon stock diminue. Donc j'écris un − .
Donc les signes + ou − doivent être défini dans un référentiel. Et le même acte peut être vu en positif ou en négatif suivant son point de vue. Donc il ne faut pas se focaliser sur la connotation de ces signes.
Une comptabilité sert à l'origine à comptabiliser le contenu de son stock. Donc le mode direct serait plus juste de ce point de vue. Le mode compensatoire nous trompe, car il nous incite à penser que ce sont les chiffres qui ont de la valeur et pas le stock physique.
Je suis conscient qu'ici je dois avoir perdu la majorité des lecteurs!
Le crédit mutuel, n’est pas évident à expliquer. Mais en fait, c'est très simple à utiliser. C'est totalement naturel. C'est pour cette raison que je privilégie l'expérience du Jeu de la Monnaie pour que les gens vivent ce système. C'est plus simple à comprendre.
Donc résumons un peu les grands principes de notre système économique:
Aucun impôt ne doit être perçu. Ce qui permet à chaque personne de choisir de faire du don et/ou de participer à la comptabilité
On a besoin d'une notion de crédit pour financer des infrastructures. Mais ce crédit est limité.
Aucun intérêt n'est perçu sur les crédits.
Le risque de non-remboursement du crédit est assumé par la communauté. C'est grâce à cette mutualisation qu'il n'y a pas d'intérêt.
Le crédit ne vient en aucun cas d'une banque. Il vient de la communauté organisée en crédit mutuel.
A priori, toute personne a de bonnes intentions, donc à son entrée dans la communauté, elle reçoit un potentiel de crédit.
Voilà, nous avons ici un crédit mutuel fonctionnel.
Dans la dernière partie du Jeu de la Monnaie, c'est là que je lance le jeu.
Mais ce n'est pas fini !
Jubilé permanent
Au bout de 3-4 minutes du 4ème jeu du Jeu de la Monnaie, quand les joueurs ont intégré le fonctionnement du crédit mutuel, je siffle la mi-temps et j'introduis un nouveau principe.
Le même principe qu'a introduit le En-metena, le roi sumérien de Lagash en -2450. Il s'agit de l'annulation des dettes. Le jubilé, comme il est nommé dans la Bible.
Le mot sumérien est ama.ar.gi, ce qui signifie retour à la mère. C'est un retour à l'origine. C'est dans notre cas bien plus précis que le simple concept d'annulation de dette.
Ça signifie qu'il y a une tendance à ce que les soldes des comptes de mon crédit mutuel tendent vers l'origine, tendent vers la moyenne des comptes qui est à zéro.
Donc on va faire fondre les soldes des comptes autant positif que négatif vers le 0.
Le verset biblique du jubilé — Lévitique 25.8-22 — nous indique que cette annulation de dette est réalisée tous les 7x7 ans.
Dans ma proposition de nouveau système économique ici, l'idée c'est de lisser dans le temps cette annulation. Au lieu de réaliser une grande annulation toutes les deux générations, on peut réaliser une mini annulation tous les mois.
Ainsi avec un Taux de Retour à l'Équilibre de 1 % mensuel, facile à calculer, on obtient qu'une dette soit oubliée à 99 % au bout de 42 ans. (au bout de 5 * 1/TRE on a 99,33 % de fonte)
C'est le calcul d'une exponentielle décroissante. Ça a un effet stabilisateur sur le système. Contrairement à l'exponentielle croissante du crédit bancaire a intérêt, qui a tendance à déstabiliser le système. Donc pas étonnant que le monde économique soit en crise permanente.
Bernard Lietaer, un des concepteurs techniques de l'euro, et fervent partisan des monnaies locales au vu de l'échec de l'euro, disait en 2009 que la banque mondiale a identifié 96 crises bancaires et 176 crises monétaires durant les 25 dernières années. De plus, il disait que l'on a recensé 48 crises bien documentées entre 1637 et 1929.
Donc la prochaine fois que tu entends un économiste dire qu'on s'est sorti de la crise, tu as le droit d'en douter fortement.
Dans le chapitre où je dis que la monnaie de l'univers c'est l'énergie, j'ai parlé d'entropie.
Bien que l'énergie se conserve dans tous les cas et peut prendre de nombreuses formes, à chaque transformation, l'énergie perd un peu en "qualité". Elle passe d'une forme utilisable à une forme inutilisable. L'énergie d'un système tend à diminuer pour se stabiliser.
Pour être concret, si je fais tourner un moteur thermique de voiture pour avancer. J'utilise l'énergie des liaisons chimiques du pétrole pour transformer cette énergie en mouvement. Mais j'ai au passage une perte d'énergie avec la transformation qui va dégager du bruit et de la chaleur, c'est de l'énergie qui est inutilisable pour mon but. L'entropie est à l'œuvre.
Dans l'univers, l'entropie est à l'œuvre partout. Une maison qui n'est pas entretenue s'effondre, de la nourriture qui n'est pas consommée va pourrir. Mais celui qui détient de la monnaie, des chiffres sur un compte, espère les garder de façon infinie.
La thésaurisation est une des fonctions de la monnaie selon Aristote.
En quoi, est-ce juste que tout soit rongé lentement par l'entropie, sauf la monnaie?
C'est encore un pouvoir magique de la monnaie. C'est une conception qui est hors sol. C'est vivre dans un monde virtuel que de penser qu'une monnaie doit conserver sa valeur Ad vitam æternam.
Cette conception statique de la monnaie entraine de nombreuses distorsions de la réalité.
Personnellement, j'aime m'inspirer des lois de la nature. C'est ce qui fonctionne et de façon équilibrée et durable.
Donc une monnaie inspirée par les lois de la nature se doit de fondre. C'était le cas de la monnaie grain de blé des Égyptiens de l'antiquité. Le blé pourri s’il est mal stocké, il est rongé par les rats.
Silvio Gesell, dans son livre L'ordre économique naturel est arrivé à la conclusion qu'une monnaie doit être fondante pour le bien de l'ensemble de ses utilisateurs.
Il compare le système monétaire au système sanguin. Si un caillot de sang se fait à un endroit, donc s’il y a accumulation et que le flux de circulation se tarit, c'est néfaste à tout l'organisme.
Donc il faut limiter la capitalisation. La monnaie fondante en perdant de sa valeur incite à la faire circuler plutôt que de la conserver.
Il y a quand même une exception à la toute-puissance de nivellement propre à l'entropie. C'est le vivant.
Le vivant est capable de conserver sa forme à travers le temps. Un légume vivant ne pourrit pas, de même que les lactofermentations comme la choucroute se conservent très longtemps, car la fermentation est l'action permanente de nombreux microorganismes vivants qui protège l'aliment.
Un arbre, une forêt, un troupeau d'animaux est vivant. C'est ça la vraie richesse. Ce n'est pas des chiffres sur un compte ou un stock d'or.
Donc un système économique, une monnaie qui favorise le fait de couper des arbres pour obtenir des chiffres éternels sur un compte en banque, un tel système est forcément voué à sa perte.
Alors qu'un système économique qui incite à conserver de la valeur dans le vivant est beaucoup plus sain et durable.
Pour les physiocrates, la seule activité réellement productive est l'agriculture. La terre multiplie les biens: une graine semée produit plusieurs graines. Finalement, la terre laisse un produit net ou surplus. L'industrie et le commerce sont considérés comme des activités stériles, car elles se contentent de transformer les matières premières produites par l'agriculture.
Quand je parle de monnaie fondante, je vois souvent une opposition. On va me piquer mon argent. Mais c'est une crainte qui est normale dans un système de monnaie rare.
Mais dans le système économique que je propose, la monnaie est abondante. Personne n'a peur d'en manquer et le fait d'appliquer le principe d'entropie à la monnaie a plus d'avantages que d'inconvénients. J'y reviendrai.
Donc habité par cette confiance. Il ne fait aucun sens que je m'amuse à faire des stocks d'eau chez moi.
L'eau potable est probablement le bien le plus précieux sur cette planète, et la majorité des gens laissent circuler l'eau.
Donc l'idée est d'atteindre le même type de confiance pour un autre type de liquidités. Si je suis certain que la monnaie coule à flots dès que j'ouvre le robinet, que j'aurais toujours la quantité de monnaie dont j'ai besoin pour vivre, là on change déjà beaucoup le rapport personnel à l'argent.
Changer ce rapport à l'argent souvent maladif chez la plupart des gens permet, je pense, d'apaiser le monde. Rien que ça!
Le fait d'être dans une posture détendue et en confiance par rapport à l'argent permet de choisir un système économique qui va dans le sens de la confiance en la vie.
On avait déjà illustré le classement des systèmes économiques sur un graphe, avec l'axe entre la peur du manque et la confiance en la vie. Cet axe conditionne aussi le délai de retour, le délai de réciprocité du système économique en question.
Le troc a un délai de retour nul. L'échange utile se fait dans l'instant. À l'autre extrême, on trouve le don inconditionnel, comme le soleil qui nous donne toute son énergie.
Donc la confiance dans le fait que j'aurai toujours suffisamment de monnaie pour vivre va me pousser à vivre le plus possible dans le don.
Ça peut paraitre paradoxal, mais c'est justement le fait d'accepter un système à monnaie fondante, un système dans lequel mes avoirs fondent qui va me permettre de créer un système économique qui va me garantir de toujours avoir la monnaie suffisante pour vivre.
Car si le solde d'un compte, fond en direction de l'équilibre, du retour à l'origine, du zéro, alors les avoirs fondent, mais les dettes aussi !
C'est souvent ce qui est mal conçu dans les systèmes de monnaie fondante, car ils sont pensés dans un référentiel de type jeton. Donc si je fais fondre mes jetons comme des pièces de monnaie en chocolat qui fondent au soleil. Alors je n'ai plus rien.
Alors que si ma dette fond, si mon solde négatif se rapproche du 0, alors en fait, j'augmente mon potentiel de droit de tirage sur les ressources de la communauté.
Pour les gens qui ne sont pas très à l'aise avec les maths, il faut imaginer un thermomètre qui descend en dessous de 0 quand il gèle. Il y a généralement -18 °C dans un congélateur.
Si la température de mon congélateur s'approche du 0 °C, alors c'est que mon congélateur se réchauffe. Alors que si la température de mon salon s'approche de 0 °C c'est qu'il fait certainement de plus en plus froid.
Cette symétrie de fonte est mathématiquement nécessaire. Elle a des effets tout à fait étonnants et intéressants.
Plus haut, dans les grands principes à prendre en compte pour concevoir un nouveau système économique, il était question de donner à chaque personne un potentiel de consommation à crédit. Mais pas un potentiel infini. Il y a une limite.
Donc imaginons que j'entre dans la communauté. Je reçois donc un potentiel de crédit. Je l'utilise à fond, par exemple pour me construire une maison autonome en énergie, et même productrice d'énergie. C'est beaucoup de ressources à utiliser tout de suite. Mais ensuite, je n'aurai plus besoin de tirer des ressources énergétiques de la communauté et mieux encore je pourrais contribuer.
Mais voilà que j'arrive à ma limite de consommation à crédit. Boum. Mon compte est à sec! Je n’ai plus rien pour avoir à manger! oups.. J'ai encore beaucoup de travaux à faire, donc je ne peux pas tout laisser en plan et aller travailler ailleurs pour recevoir un peu de potentiel de crédit.
Mais je ne vais pas mourir de faim pour autant. C'est là qu'il y a un effet étonnant de ce système qui émerge.Si j'attends la fonte mensuelle, pouf, mon solde négatif fond. Une fonte du solde négatif d'un compte, c'est comme la fonte d'une dette, c'est un potentiel de consommation à crédit qui est donné!
Dans un référentiel de jeton, je recevrai des jetons. Je reçois à nouveau de quoi vivre.
Donc on voit qu'en introduisant le principe d'entropie propre à la nature dans ce système économique. On génère de facto, sans l'avoir voulu, un revenu récurrent chaque mois.
Là on a encore que le principe. Plus loin on fera un chapitre plus technique pour aller plus loin dans les notions mathématiques et les notions de calibration de l'échelle de ce système. Il se trouve que si on calibre notre échelle de mesure de valeurs sur le fait que ce petit potentiel de crédit donné chaque mois corresponde à ce qu'il faut pour vivre ici et maintenant. J'ai créé ce qu'on appelle, un revenu d'existence, un revenu de base, un revenu universel. Il y a plein d'expression différentes avec des petites différences philosophiques.
Mais là, on observe qu'il est possible de créer un système économique qui en plus de donner un potentiel de crédit — et pas des dettes publiques — à tout nouveau membre de la communauté, permet aussi de garantir que chaque membre de la communauté puisse toujours avoir les chiffres suffisant pour assurer d'avoir de quoi vivre ici et maintenant.
Donc c'est une piste de solution intéressante à tous les détracteurs du Revenu de Base Inconditionnel qui disent que c'est impossible de trouver le financement pour une telle idée.
En fait, il suffit de changer de système économique, de changer de système monétaire. C'est en fait une inversion de référentiel. Sous un autre point de vue, en fait ce qui nous finance ce Revenu de Base Inconditionnel, c'est ce que la banque n'empoche pas comme intérêts sur la création monétaire par le crédit bancaire. De là à dire qu'actuellement la banque nous vole notre Revenu de Base, je n'irai pas jusque là, car c'est un système totalement différent.
Donc voilà, l'explication de cette petite particularité ajoutée au crédit mutuel, pour en faire un crédit mutuel fondant.
J'ai effectué des petites simulations informatiques pour comparer un crédit mutuel et un crédit mutuel fondant. C'est tout à fait riche en enseignements.
Bien que la somme de tous les comptes d'un crédit mutuel soit toujours égale à zéro, on observe d’énormes différences de soldes sur le long terme.
Simulation d'un échange aléatoire quotidiens entre 3 acteurs dans le cadre d'un crédit mutuel pendant 27 ans.
Il y a déjà ce genre de constatations qui est faite dans des SEL. Au bout d'une quinzaine d'années, il y a des SEL qui ne fonctionnent plus, car les anciens sont énormément plus riches que les nouveaux arrivants. Du coup, les anciens SEListes agissent dans leur cercle d'influence tout comme un Bill Gates qui va modeler le monde à son image.
Dans le crédit mutuel fondant, on a une tout autre dynamique. La limite de consommation à crédit empêche de creuser l'écart de richesse. La fonte va faire tendre à l'équilibre les soldes.
Simulation d'un échange aléatoire quotidiens entre 3 acteurs dans le cadre d'un crédit mutuel fondant pendant 27 ans.
Ainsi les différences de richesses "monétaires" sont bien plus limitées. Je pense qu'ainsi on limite beaucoup toutes sortes de formes de corruption.
Si un énorme projet doit se faire, il sera nécessaire de mettre en commun le potentiel de crédit de plusieurs personnes. Ce qui augmente la légitimité démocratique d'un grand projet.
C'est un peu le même principe que les grandes votations en Suisse qui ont données le mandat à la confédération de construire le réseaux d'autoroutes ou le deuxième tube du tunnel du Gothard.
Le vote décide de contracter un crédit bancaire pour le financement du projet.
Du concret ! svp !
Innover, ce n'est pas avoir une nouvelle idée mais arrêter d'avoir une vieille idée.
On me demande souvent si j'ai un projet concret en route avec toutes mes réflexions.
Alors oui et non !
Je m'explique.
Imposer l'utilisation d'une monnaie alternative
Comme on l'a vu, l'impôt sert à imposer une monnaie. Donc il y a des systèmes qui sont privilégiés. Notamment les substituts monétaires, les reconnaissances de dettes des banques commerciales. Ces moyens de paiement ne sont pas officiels, ne sont pas ayant cours légal, donc personne n'a l'obligation de les accepter. Mais ils sont largement reconnus et acceptés partout. Même pour payer les impôts !
Sur un relevé de compte bancaire, il n'y a pas le nom de cette monnaie. Il n'y a que le montant de la dette que la banque doit à son client libellé dans la devise locale. Donc ça ne pousse pas à la prise de conscience du fonctionnement véritable de ce système monétaire.
La monnaie acceptée pour payer l'impôt est toujours la monnaie privilégiée. Quand on y pense, il y a de nombreuse formes d'impôts. Il est impossible de s'y soustraire. Il y a les impôts qu'on appelle ainsi, comme l'impôt sur le revenu et sur la fortune, mais après il y a des impôts qui n'ont pas ce nom. Par exemple la TVA, et des taxes diverses: foncières, poubelle, pour chien, etc.
Il y a des paiements qui sont obligatoires, donc de facto, quelque chose qui impose une forme de monnaie. Je pense surtout à l'assurance maladie qui en Suisse est un des grands postes du budget d'un ménage, mais aussi la redevance radio tv.
Bref, le plus grand écueil que je vois à l'adoption concrète d'un nouveau système économique, c'est la concurrence avec d'autres moyens de paiement.
Il y a déjà de nombreux systèmes monétaires alternatifs qui existent, mais ils restent marginaux. (les Monnaie Locales, les SEL, la Ğ1, le fairCoin, etc)
Pour un vrai changement, il faudrait que l'état accepte des moyens de paiement alternatifs comme moyen de paiement des impôts. Depuis très peu de temps, on commence a voir des initiatives qui vont dans ce sens, notamment avec le bitcoin. Le canton de Zoug en Suisse accepte le paiement des impôts en bitcoin ou Ether. C'est là que se trouve le siège de la fondation Ethereum. Ce qui explique cette décision.
En septembre 2021 le bitcoin devient une monnaie ayant cours légal, au Salvadore.
Les plus alternatifs des lecteurs me diront tout de suite, que ces cryptomonnaies ne sont pas très alternatives. C'est juste, la plupart des gens ne font pas de paiement en cryptomonnaie, mais de la spéculation. Donc c'est comme investir dans de l'or numérique. Mais c'est déjà un petit changement dans l'état des lieux actuels qui peut faire réfléchir, qui sert de précédent.
Prendre du recul: créer un système économique et pas une monnaie
Donc au vu de cette situation de non connaissance de ce qu'est la monnaie. Je mets mes ressources plutôt dans le sens de faire grandir en conscience le plus grand nombre de gens possible autour du thème de la monnaie. Notamment grâce aux Jeu de la Monnaie qui est un moyen ludique et efficace de faire passer le message.
Puis, au lieu de juste imaginer une "monnaie" alternative, libre, juste , écologique, humaine, etc... Je pense qu'il est nécessaire de revenir à l'expression Système économique.Quelles règles de la maison je veux ?
La monnaie est déjà un cas particulier de système économique. Il est peut être plus intéressant de prendre du recul et de penser encore plus global. Donc avant de me battre contre des géants pour imposer ma version préférée de chiffres, je m'inspire de Xénophon et son ouvrage, L'économique publié vers -360. Il décrit comment gérer un domaine agricole, une maisonnée, oikos, de 15 000 hectares.
Avant de penser aux chiffres pour allouer des ressources, il faut créer les ressources. Comme on l'a vu plus haut, la monnaie de l'univers c'est l'énergie. Une monnaie forte est quasi toujours adossée à quelque chose de très concret, de l'énergie ou du travail, ce qui en physique est un synonyme d'énergie.
La création d'une production, et le captage et le stockage d'énergie et la redistribution des ressources font partie des principes de la permaculture.
C'est ainsi que cette philosophie de vie est probablement le socle des système économique du futur.
"La Permaculture est une approche systémique qui permet de créer des écosystèmes viables en s'inspirant des lois de la nature"
La permaculture crée l'abondance. Puis celui qui détient les ressources décide du système économique qu'il veut utiliser.
C'est ce que l'Europe découvre en 2022. L'Europe a de l'argent, mais peu de ressources énergétiques en comparaison à ses besoins. La Russie fourni une grande proportion des ressources énergétiques à l'Europe. Mais voilà que la guerre en Ukraine change la donne. L'Europe veut sanctionner l'économie russe en déconnectant ses banques du système Interbancaire international SWIFT. Mais il y a des exceptions, notamment pour l'achat du gaz. Car si l'Allemagne fleuron de l'économie Européenne n'a plus de gaz, son économie s'effondre.
On vit ici le remake de la crise du choc pétrolier de 1973. C'était une conjonction entre le pic du pétrole des USA arrivé en 1971, la fin des accords de Bretton Woods, donc une monnaie qui n'est plus adossée à l'or dont le cours devient flottant.
Avec la goutte d'eau qui fait déborder le vase, les pays producteurs de pétrole regroupés en association, l'OPEP lancent un embargo sur le pétrole. Ce sont en majorité des pays arabes. Ils désapprouvent le soutiens des USA à Israël lors de la guerre de Kippour. Pendant ce conflit, une coalition Egyptienne et Syrienne a envahi Israël pour lui reprendre les territoires qu'Israël avait conquis six ans plus tôt.
Donc les pays qui détiennent les ressources en énergie dictent leur politique, c'est 70% d'augmentation du prix du baril de pétrole et une diminution de la production que subissent les USA et l'Europe.
C'est suite à ce choc que l'Europe réfléchi à son autonomie énergétique. Du pétrole est extrait de la mer du nord, et le programme nucléaire français est lancé.
Un demi siècle plus tard, on dirait que la leçon a été oubliée.
Ainsi pour créer un bon système économique, il faut déjà maitriser ses ressources. Pour moi qui aime bien m'inspirer des lois de la nature. La permaculture fait sens. L'énergie la plus simple à capter n'est pas fossile. Si je regarde un paysage, tout ce qui est vert, c'est des panneaux solaires. Donc cette énergie donnée par le soleil, me semble une excellente candidate à la garantie d'une autonomie.
De nos jours, la production de nourriture dépend énormément (~30% à 50% de la production), des engrais. Et justement, pour créer des engrais, on transforme des hydrocarbures. Dit en bref, quand on mange un légume en fait on mange du pétrole. Ainsi, logiquement on retrouve la Russie comme principal exportateur mondial d'engrais !
Le gaz russe ne sert pas qu'à se chauffer, indirectement on le mange aussi !
Ainsi il vaut mieux avoir du pétrole que de la monnaie.
L’argent ne se mange pas, il ne se mange pas je confirme ! (!?!) Il ne se respire pas, il ne s’aime pas, ou alors on devient très dangereux.
Cuba est un bon exemple de résilience et d'autonomie. Suite à l'effondrement de l'URSS, Cuba s'est retrouvé sans pétrole. Tout a du être réinventé pour survivre. L'embargo des USA contre Cuba dure depuis 1962. C'est un peu le principe moderne du siège du château fort jusqu'à ce qu'il tombe. Au bout de 60 ans le "château" tient toujours.
L'espérance de vie à Cuba est plus grande que celle de son arrogant voisin, 79,5 ans à Cuba contre 78,5 aux USA.
Cuba est le pays au monde qui a l'Indice de Développement Humain le plus élevé des pays qui restent dans les limites de biocapacité.
Donc tous les pays qui ont une empreinte écologique au dessus de cette limite n'ont pas une économie durable. Ils sur-exploitent leur environnement et produisent des déchets qui ne peuvent être assimilés.
Cuba est le pays le plus proche de la cible d'une économie développée et écologiquement soutenable.
L'épicerie participative comme cœur de l'économie
Ne disposant pas d'une ile avec une population de 11 millions d'habitants pour créer un système économique, j'ai des ambitions plus petites. Mais le modèle est adaptable à grande échelle.
Je m'intéresse beaucoup, auxépiceries coopératives participatives. C'est une communauté qui gère un magasin. Il n'y a pas de salarié, les coopérateurs donnent 3h par mois de leur temps pour faire tourner la boutique.
En plus de m'intéresser au sujet, j'expérimente. Je suis coopérateur d'une épicerie participative.
Dans notre épicerie, nous sommes 170 coopérateurs. Un coopérateur est en fait un ménage. Ce qui représente environ 500 personnes, vu qu'il y a beaucoup de familles. Personnellement j'ai le rôle d'accueillir la livraison de fruits et légumes.
C'est un bon moyen de ne plus être juste un consommateur. Mais aussi d'avoir conscience des enjeux et des pratiques de la production et distribution de nourriture. Notre épicerie a des valeurs. Ainsi il n'y a que du bio et le plus local possible.
Notre épicerie retrouve ainsi une autonomie de décision sur les modes de consommation. Cependant, le constat c'est que nous sommes dépendant de fournisseurs. Ce qui n'est pas toujours simple.
Nous avons ainsi investi dans la création d'une forêt jardin. Des centaines d'arbres ont été plantés. D'ici quelques années les premiers fruits seront prêts à être cueillis, dans 15 ans les arbres hautes tiges commenceront la phase d'abondance.
Une épicerie participative voisine a elle lancé un projet de maraichage, face au constat que notre épicerie est dépendante de ses fournisseurs, nous avons aussi lancé un projet de maraichage pour fournir l'épicerie en légumes. Avec toutes ces palettes de productions, c'est des flux financiers qui sont redistribués autrement. Donc c'est un système économique.
On retrouve l'idée de Xenophon, celle de la gestion d'un domaine agricole comme base de l'économie.
Notre économie mondialisée a peu oublié les fondamentaux ces dernières décennies. La crise du covid probablement marqué une rupture. On est arrivé au développement maximum d'une économie mondialisée en flux tendu.
Donc actuellement on voit un pays comme la chine qui s'est spécialisé en étant l'atelier du monde.Que se passe-t-il si pour une raison où une autre, ce pays ne veux plus nous vendre ses produits ? On a plus d'industrie de masse ailleurs.
Il faut se souvenir que l'occident joue aux échec et la Chine au jeu de go. La philosophie n'est pas pareille. Au Go on encercle, on attaque jamais frontalement.
Donc l'économie de marché nous a poussé à cet état de fait, certainement à des développement impossibles autrement. Donc sans système économique mondialisé, est-il possible d'avoir autant d'appareils électroniques ? Que devient l'informatique dont nous sommes si dépendant ?
Même la simple question de l'éclairage devient critique. Pour raison écologique, toutes les ampoules ont été remplacées par des LED. Les LEDs blanches sont faites généralement en arséniure de gallium. Il se trouve que 95% de la production de ce métal qu'est le gallium est faite en Chine. Heureusement qu'une LED a une espérance de vie de plusieurs décennies, on a le temps de trouver des alternatives en cas de besoin.
Pour rester dans le sujet et revenir à notre épicerie, en terme d'énergie, notre épicerie est coopératrice d'une coopérative solaire. Elle a donc pour objectif de couvrir sa consommation d'électricité par une le financement de panneaux photovoltaïques dans la région.
L'idée n'est pas de tout faire soi-même, et de se la jouer au survivaliste. Mais de tisser un réseaux de confiance avec des producteurs locaux, à taille humaine, avec qui on peu discuter.
C'est du survivalisme collectif. Le survivalisme individuel ne fonctionne pas longtemps. Il y a des exemples comme le siège de Sarajevo, qui montrent que ceux qui sont connus pour détenir des réserves, des ressources rares, sont les premiers à se faire attaquer pour leur voler les ressources. Le collectif peut s'organiser pour éviter ces vols et gérer une production.
C'est ça, la rue du verger. On on donne souvent comme nom de rue ce qui a disparu. 🙁
L'argent ça n'achète pas tout. S'il n'y a pas de production, l'argent ne permet pas de l'acheter.
Donc fournir une monnaie abondante, avec même un revenu de base, ne va pas inventer de ressources. Il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs.
Par contre une fois l'abondance créée, il vaut la peine d'imaginer comment la redistribuer au mieux. Et là, un revenu de base à du sens, et permet même d'avoir les ressources financières pour créer son propre emploi novateur.
C'est ce que les expériences de revenu de base inconditionnel en Inde en 2010 ont montré. Il y a de nombreuses femmes qui ont acheté des machines à coudre avec leur revenu de base pour se créer un emploi. Il y a aussi l'exemple étonnant de l'achat d'un ventilateur qui permet de travailler chez soi, sinon c'est la fournaise et impossible de faire autre chose que dormir.
En fait la possibilité d'avoir facilement accès à une forme de crédit fait également l'affaire. Pas besoin de revenu de base inconditionnel. Cependant dans le paradigme actuel, on ne prête qu'aux riches. Si tu comptes sur un revenu de base pour investir, c'est que t'as pas d'autres ressources, donc que t'as pas accès au crédit !
La révolution dans le Revenu de Base Inconditionnel, c'est son inconditionnalité, pas le fait de donner de l'argent. Donc on peut juste assurer un accès inconditionnel à de la monnaie. Sans un filtre qui conditionne l'octroi de monnaie tout se passe mieux. Souvent la personne sait mieux que tout le monde quel est son véritable besoin.
Parfois il faut se décoloniser son imaginaire très loin. En m'occupant de l'accueil des livraisons de fruits et légumes de mon épicerie, je vois que c'est très compliqué de gérer les stocks, de gérer l'assortiment. Il y a toujours des changements de saison, des changements de provenance qui sont plus ou moins bien accueilli suivant les valeurs de chacun.
De plus, la commande est infernale, quelle quantité commander ? Est-ce que les coopérateurs vont manger pareil que la semaine précédente ou est ce que justement ils veulent varier ?
Comment s'assurer que tout soit acheté et ainsi de minimiser les pertes ?
Cette problématique découle directement de l'idée de proposer un marché. Forcément le marché aura des pertes. Surtout pour ce qui est produit non durable comme les fruits et légumes.
C'est très difficile de sortir sa boule de cristal et de trouver l'adéquation entre l'offre et la demande.
Pour rappel, nous avons vu plus haut que l'économie de marché est une conséquence directe de l'invention de la monnaie métallique par un seigneur qui l'impose par l'impôt.
La monnaie devient nécessaire pour vivre. Donc la population crée des marchés et offres des biens et services pour obtenir de la monnaie.
Donc en décolonisant notre imaginaire de ce besoin d'avoir un marché pour allouer des ressources on peut imaginer d'autre manières de faire. Par exemple, des paniers de légumes du moment. On ne va pas déterrer ce qui n'est pas commandé.
Il y a aussi toute une réflexion sur le calibrage des légumes. Dans notre épicerie nous avons des carottes et patates qui sont le solde de triage. Très souvent nous avons donc des carottes, très grandes ou très petits ou tordues.
Le travail que je fais ici en reprenant l'histoire de l'humanité sous l'angle de l'économie, permet de prendre du recul et de grandir en conscience.
De là peuvent émerger des idées alternatives. Par exemple, si l'épicerie a une abondance de fruits et légumes, on peut imaginer qu'une partie soit donnée. C'est le panier de base offert.
On peut imaginer aussi vendre des produits à l'extérieur et donner ce panier en nature sous forme de chiffres, de crédit d'achat dans la coopérative.
C'est une fois le système économique – donc les règles de la maison – bien défini et bien établi, que la distribution peut se faire au sein de la communauté.
C'est à ce moment là qu'une "monnaie" peut être un outil utile. C'est un outil de comptabilité pour maintenir la confiance au plus haut entre les membres de la communauté.
Il faut bien faire attention d'éviter les écueils décrits précédement. Il est bien d'apprendre de ses erreurs, mais apprendre des erreurs des autres est aussi possible. C'est là que l'Histoire joue un grand rôle.
En négligeant les enseignements de l'Histoire, j'ai aussi moi même fait des erreurs.
Le Kong, une monnaie de singe
L'exemple, n'est pas le meilleur moyen de convaincre, c'est le seul
En juillet 2011, j'ai lancé une monnaie qui s'appelait le Kong. C'était dans le cadre de mon site YopYop.ch. A la base ce site était une plateforme de location de tout ce que l'on utilise pas souvent: perceuse, machine à coudre, déguisements, etc...
Pour payer leur location, les gens utilisaient la monnaie crée pour l'occasion: le Kong.
Comme cette plateforme monétisait l'économie du don, j'ai tout arrêté.
En effet, c'est le drame de toute monnaie alternative qui n'est pas utilisée pour payer des impôts. Les utilisateurs ne font que d'utiliser ce moyen de paiement là où ils n'ont rien à perdre. Donc pour ce qu'ils ne vendraient de toute façon pas. Donc pour empiéter sur l'économie du don.
Comme je préfère l'économie du don à la comptabilité. Je ne me voyais pas continuer ainsi. J'ai tout arrêté. L'expérience a porté ses fruits sur ma réflexion.
Aujourd'hui je relance le Kong. Mais avec un autre principe.
Je suis toujours attaché à l'économie du don. Mais je cherche des moyens de l'étendre au maximum.
Donc fort de l'expérience plutôt positive du 4ème jeu du Jeu de la Monnaie, j'aimerai pousser l'expérience plus loin.
Donc je relance le Kong pour proposer, sur papier, d'expérimenter les principes du crédit mutuel fondant.
A notre époque les gens cherchent à avoir une monnaie sous forme d'une app sur smartphone. J'aimerai acheter en 1 clic à l'autre bout du monde, à l'image du brevet d'Amazon du même nom qui a fait son succès.
Ici je vais à contrepied de cette idée. Mon but c'est de faire grandir en conscience. Donc avant d'utiliser des tonnes d'algorithmes super complexes que moins d'un millième de la population connait, je propose une "monnaie" sur papier.
C'est un carnet à se monter soi-même. Ce carnet sert d'un côté à enregistrer les transactions effectuées, et de l'autre à indiquer son identité et la faire certifier au sein d'une toile de confiance.
Ce n'est que par ces manipulations de papier, ces signatures croisées à la mains et pas numériques, ces calculs de changement de référentiels que la théorie fini par entrer et que l'on peut imaginer faire une version informatique. Une version que l'on pourra utiliser en toute conscience et non plus en simple confiance.
Donc va télécharger ton carnet et suivre les instructions données à cette page:
J'aimerai bien qu'un nouveau système économique soit utilisé en toute conscience et pas juste par ce qu'on m'a dit que c'est mieux.
J'ai déjà décrit un grand nombre de principes fondamentaux. Mais si je veux passer un cran au dessus. Il me faut décrire encore quelques concepts mathématiques.
Dans cet ouvrage, j'ai passablement utilisé le langage des littéraires. Il est temps d'utiliser aussi le langage des scientifiques. Le langage des physiciens et des ingénieurs. Donc passons aux mathématiques.
C'est un langage qui est souvent entouré d'une aura de difficultés scolaires pour beaucoup de monde. Mais c'est un langage qui est tout de même très précis et qui apporte aussi des concepts nécessaires à bien comprendre les systèmes économiques.
Donc voici un chapitre abordants des concepts mathématiques. Cependant, Mes explications étant destinées au grand public je vais tenter l'exercice de vulgarisation.
Cette approche me semble nécessaire. Car en fait on peut faire des maths, sans balancer des formules.
Les math, et encore plus la physique, c'est avant tout des observations qui sont traduites en grands principes.
Puis on formalise les principes sous forme de formules. Les formules permettent de résoudre concrètement le problème, de faire des transformations et des simplifications, des relier toutes les grandeurs en jeu.
Mais attention, si tu utilise "bêtement" des formules sans savoir ce que ça représente, le sujet n'est pas maitrisé et c'est la porte ouverte à toute les arnaques.
Ce n'est pas par ce qu'une théorie est démontrée par les maths qu'elle est vraie. Les prémisses d'un raisonnement sont généralement le fruit d'un choix humain. D'autres choix sont possibles, donc ce n'est pas par ce qu'à partir d'un point de départ arbitraire et pas nécessairement pertinent je trouve une solution que c'est la bonne.
En économie, il y a une exemple célèbre. Robert Merton et Myron Scholes ont inventé le Modèle Black-Scholes. Ils ont été récompensés en 1997 par le Prix de la banque de Suède en la mémoire d'Alfred Nobel. Faussement appelé Prix Nobel d'économie.
Ce modèle infaillible pour faire du fric facilement a été utilisé partout. La société LTCM, Long Term Capital Management, en a fait la promo. Le long terme promis a duré quelques mois !
La société LTCM a fait faillite en 1998. Les maths ne vont pas améliorer un modèle foireux.
Dans un autre genre et une autre mesure. J'ai beaucoup discuté avec mes amis de la monnaie libre Ğ1. Le G représente Galuel, l'auteur de la Théorie Relative de la Monnaie, un amateur de jeux d'échec et de maths.
Cette personne prétend avoir "démontré" LA solution d'une monnaie libre. Donc la discussion est souvent pénible, car c'est discuter avec quelqu'un qui pense détenir LA vérité, vu que les maths le prouvent. – Ce n'est pas une théorie, mais une démonstration.
Je trouve très bien son choix d'amortissement temporel basé sur la durée de la moitié de l'espérance de vie. On retombe sur la même durée que le jubilé biblique.
Mais je n vois pas en quoi, il "démontre" quoi que ce soit. L'espérance de vie, n'est pas "la seule chose commune à tous les humains" comme il le prétend !
J'espère que les humains ont d'autres choses en commun.
Cette durée est un choix. On aurait pu prendre d'autres durées. Par exemple, la durée de scolarité, la durée de fertilité d'une femme, l'âge du mariage ou d'autres variables temporelles souvent utilisées en démographie. Ce ne serait pas moins juste !
De plus, justement, j'ai une vision des choses très différente. Galuel veux une monnaie qui assure l'égalité spatio-temporelle en tout temps, dans l'instant.
C'est incompatible avec la notion de crédit.
Et je trouve intéressant d'avoir à disposition un crédit, pour les raisons exposées plus haut. Donc pour avoir la possibilité d'un crédit, je préfère choisir un principe qui garanti l'égalité temporelle non pas dans l'instant, mais dans une fenêtre de temps. Je peux garantir que toute dette contractée sera amortie dans un temps défini.
C'est à mon avis tout aussi efficace pour ne pas hypothéquer les générations futures au profit de la consommation au présent. Ceci tout en ayant l'avantage pour de quand même étaler un financement dans le temps.
Donc la "démonstration mathématique" ne démontre que ce que le choix de base des prémisses veut bien nous mettre comme cadre.
Donc Gare au Gourou qui voudrait te faire croire que "c'est mathématique, donc c'est vrai".
Je préfère nettement que tu comprennes des grands principes, mais que tu ne saches pas transformer une formule algébrique.
Je vois beaucoup trop de spécialistes en application de formules. Donc ici je vais tenter de te faire prendre conscience de concepts, de principes.
Nous allons donc parler ici de:
Transposition de principes en formules
multiplication
division
proportion
règle de 3
de référentiel
origine
échelle
direction, sens
Transposition de grands principes physiques en formules
Une multiplication est marquée par de nombreux signes * ou X ou juste un . ou même rien. Elle exprime une proportionnalité. La multiplication fait le lien entre des grandeurs qui évoluent dans le même sens.
→ Un Travail est proportionnel à la force appliquée et à la distance sur laquelle cette force est appliquée. → W = F.d
Une division est l'inverse d'une multiplication. On exprime ainsi ce qui est inversement proportionnel. Si ma grandeur que je cherche augmente l'autre diminue. On place la grandeur inversement proportionnelle sous une barre. /
→ Le temps pour effectuer un Travail diminue, si au lieu de le faire à la main, je dispose d'un puissant moteur. → t = W/P
Une proportion est la combinaison entre des multiplications et des divisions. Une proportion comporte un nombre d'éléments courants et d'un nombre d'élément total. La proportion est le rapport entre les deux.
Il y a de nombreuse façons d'exprimer une même proportion.
Une moitié de pomme 🍎 C'est une part sur deux. Soit 1/2. Mais aussi 0,5 pommes, ou encore 50%.
Prenons comme outil une pizza 🍕. Je pars avec une base qui représente ma totalité. La notation la plus simple c'est la fraction, avec sa barre de division. Je place le nombre qui représente la totalité en bas. Si j'ai coupé ma pizza en 10 parts. Alors je peux utiliser /10.
En haut j'indique le nombre de parts qui m'intéressent. Par exemple 5.
Ce qui me donne 5/10 Encore une fois j'ai: la moitié !
Ma barre de fraction "/", tout comme le signe "=" (égal) est une balance. Je peux effectuer tout ce que je veux comme opération sur le nombre d'un côté de la barre, mais je dois obligatoirement appliquer la même opération sur l'autre nombre l'autre pour garer l'équilibre.
Donc avec 5/10, je peux diviser par 5 en haut et en bas et je retrouve 1/2 , la moitié. Mais je peux aussi multiplier par 10 en haut et en bas et je tombe sur 50/100. Cinquante pour 100. Quand on a 100 parts pour exprimer la totalité, c'est tellement courant qu'on a un symbole fait pour le "pour cent" %.
Une demi heure c'est 30 minutes. La plupart des gens le savent. Mais là on oublie d'expliciter le pourquoi. Mon référentiel, ma base. C'est par ce qu'elle est implicite. T'es déjà sensé savoir qu'il y a 60 minutes par heure. Donc qu'une demi heure = 1/2 * 60 = 30 ou encore 30/60.
Dans les nombres, on utilise des proportions tout le temps. Par exemple, si un nombre est plus petit qu'un entier. On aura une proportion d'un entier qu'on ajoute après une virgule.
Donc 0,5 est la moitié de 1. Ce dernier est aussi implicite. Si on devait l'expliciter on écrirait 0,5 * 1
Donc il existe de nombreuses notations différentes de la proportion. Il faut être capable de passer d'une à l'autre.
C'est pas juste pour un jeu mathématique, mais il y a une utilisation très concrète dans la vie de tous les jours.
C'est ce qu'une personne qui cuisine fait continuellement.
– J'ai une recette de beignet au fromage pour faire 8 parts et j'aimerai n'en faire que 3. Dans quelle proportion je dois modifier les quantités indiquées dans ma recette ?
La règle de trois (ou produit en croix) est souvent utilisé pour effectuer des changements de base dans des proportions.
La monnaie est une unité de mesure, mais de quoi ?
Selon Aristote, une des trois fonction de la monnaie, c'est d'être une unité de compte. La LUMMP, la loi suisse sur L'unité de mesure et moyens de paiement préciser que le franc suisse CHF est une unité de mesure.
En physique, il y a de nombreuses grandeurs qui sont mesurées par des unités de mesures. Par exemple une longueur se mesure en mètre. Un puissance en Watt, une température en °Celsius ou en Kelvin. Une tension électrique en volt.
Le SI, le Système International d'unité décrit très clairement les unités à utiliser de préférence, leur notation et définition.
Mais pour les monnaies ? c'est très flou, il y a des chiffres. Mais ces chiffres ne mesurent rien. Vu que les devises sont flottantes depuis 1971, avec l'annonce de Nixon qui a mis fin au système de Bretton woods.
Donc on a des chiffres, mais pas de définition, ni de lien avec le monde réel physique. Ces devises sont flottantes. A un moment, un certain nombre de chiffres a un certain pouvoir d'achat, et à un autre lieu et/ou un autre moment. Le même nombre de chiffre n'a pas le même pouvoir d'achat.
Du point de vue d'un physicien cette unité de mesure qu'est la monnaie est totalement abérrante. Ça ne peut pas fonctionner.
Mais ça n'a pas toujours été le cas. Si on remonte à la comptabilité sumérienne sur tablette d'argile. L'unité de mesure est bien concrète, c'est elle correspond à un poids de grain de céréales ou un dérivé, comme le pain ou la bière.
On a aussi eu l'étape de l'étalon or (ou d'autres métaux). La monnaie correspond à un certaine quantité d'or. Par exemple l'once d'or (31,1g) valait 35 $ selon les accords de Brettons woods. En 2022, l'once d'or vaut $ 1800 .-
Un référentiel, c'est la définition du cadre d'observation. Le référentiel précise où se trouve l'observateur.
Pour reprendre mon exemple de l'once d'or. On peut se fixer sur le dollars. Imaginer qu'il a une valeur fixe. Là on verra le cours de l'or grimper.
En revanche, si je me place du point de vue du lingot d'or, le dollars vaut de moins en moins. Son pouvoir d'achat a chuté.
Nous allons nous intéresser à la définition d'un référentiel utile pour les transactions monétaire.
La plus petite opération que notre comptabilité va enregistrer est un transfert économique. Par exemple j'achète un bocal plein de flocon d'avoine. Il y a un transfert de céréale à enregistrer et/ou une compensation en signe monétaire à enregistrer.
Indiquer une variation du nombre de chiffres du solde ne suffit pas.
Il faut connaitre plusieurs paramètres du référentiel pour connaitre la signification des chiffres.
Il faut connaitre l'échelle.
Il faut connaitre le sens de du changement, (+ ou –).
Il faut connaitre l'origine du système de mesure. Où se trouve le 0 ?
Pour bien comprendre voici une analogie avec des températures. – Ah, aujourd'hui il fait chaud, il y a 10° de plus qu'hier.
C'est quoi un ° degré ? C'est chaud 10° ?
Je dois définir mon référentiel. Donc pour le degré ° Celsius, tout repose sur la nature de l'eau.
L'échelle de mesure a été définie à partir de la plage d'eau liquide qui est divisée en 100 parties, le degré Celsius.
Donc je prends de l'eau. Je la fait geler. Je marque 0 sur mon thermomètre. C'est mon origine. Puis je chauffe l'eau, le liquide de mon thermomètre se dilate, la ligne grimpe. Quand mon eau bout et se transforme en vapeur. Je marque que je suis à 100 degrés.
J'indique les signes du sens de modification, si je vais vais vers le chaud, je note +. Si je vais vers le froid je note –.
Puis je divise l'espace entre le 0 et 100 en cent parties. J'ai donc plein de joli barreau pour grimper sur mon échelle.
Comme nous sommes composé d'eau. La définition du °Celsius est assez pratique. Mais il existe d'autres référentiels, d'autres unités de mesure de la température.
Il y a par exemple le Kelvin.
Le Kelvin est pratiquement identique au °Celsius. Si j'ai 10 Kelvin de différence de température, c'est exactement pareil que d'avoir 10°C. Largeur entre les échelons de mon échelles est pareille.
C'est l'origine qui a été placée ailleurs.
La température est la mesure de l'agitation des molécules qui composent un corps. Plus on refroidi, plus l'agitation ralenti. Il arrive un moment où tout est figé, plus rien ne bouge. Donc on ne peut pas ralentir encore l'agitation. On atteint une limite. C'est le zéro absolu.
Donc l'origine du référentiel du Kelvin est placé au 0 absolu. Soit 273,15 °C (ou Kelvin) plus bas que l'origine du référentiel du degré Celsius.
Puis, il y aussi des thermomètres qui affichent la température en Fahrenheit. Nom du physicien allemand qui a fait des expériences au 18ème siècle.
L'origine de ce référentiel est placé au moment où le mélange de chlorure d'ammonium et d'eau utilisé se solidifie. La température du corps humain est notée à 96° Fahrenheit.
Donc on constate ici que l'origine n'est pas la même qu'avant. De plus, contrairement au Kelvin et °Celsius, la distance entre deux échelons de l'échelle n'est pas pareille.
Si l'on veut faire une correspondance, on doit transformer les chiffres fournis pour les exprimer dans un autre référentiel.
Donc si je veux afficher en °Celsius une température donnée en Fahrenheit, je peux suivre une petite recette, une suite d'opération élémentaires, un algorithme en langage mathématique.
Donc voici l'algorithme pour afficher en °Celsius une température donnée en Fahrenheit:
changer l'échelle: multiplier par la proportion de 9/5
changer l'origine, décaler de + 32°
En jargon mathématique on écrit: T(°F) = 9/5 T(°C) + 32
Étalon de monnaie
Donc si tu veux créer un nouveau système économique mieux conçu, je te propose de raccrocher l'unité de mesure d'une monnaie à une grandeurs physique réelle. Je propose d'expliciter le référentiel.
On peut imaginer revenir aux sources et prendre comme grandeurs physique de référence une quantité de céréales. Je peux décider arbitrairement que 10 unités ça représente toujours 1kg de céréales.
J'ai défini une grandeur physique. Puis je l'ai découpée en 10 parts.
Si je pousse un peu plus loin, je peu imaginer que le prix d'un bol de riz à acheter déjà cuisiné pour manger vaut 10.
Là on dérive vers la corrélation entre un besoin de base et un nombre de chiffre d'échelle.
Si je pousse encore plus loin. Je peux mettre tous mes besoins de base dans le même panier. C'est ce qu'il faut pour vivre ici et maintenant. Puis je dois quantifier cette grandeur physique en chiffre. Sur combien de temps ?
Par exemple je peux dire que mes besoins pour vivre ici et maintenant représentent 1000 unités par mois.
J'ai ainsi un étalon de mesure qui est lié à mes besoins vitaux de base. Ça peut être pratique pour représenter un prix de façon relative à l'effort fourni. On sort de l'unité absolue.
Un pain au chocolat coûte 1/1000 ème de ce que j'ai besoin pour vivre ici et maintenant pendant un mois.
Une telle échelle permet d'équilibrer les prix dans le monde entier. C'est là que l'on remarque que les pays riches utilisent le fait d'avoir une échelle qui continent beaucoup de chiffres pour pouvoir acheter tout ce qu'ils veulent à moindre frais dans les pays qui ont une petite échelle.
Par exemple en Suisse, on a des salaires environ 10 fois plus élevé qu'en Thaïlande. Mais on a aussi des charges 10 fois plus élevées. Donc la proportion de l'effort à faire pour gagner de l'argent et payer ses charges est identique dans les deux pays pour des gens qui restent dans leur pays.
Donc la différence d'échelle avantage nettement le Suisse qui veut acheter en Thaïlande.Par contre si il veut vendre un produit ça va être compliqué. Là le thaïlandais a une avantage.
J'ai une connaissance pratique des prix en Fairo pour la location d'un hébergement. Donc les visiteurs de différents pays paient tous le même efforts par rapport au niveau de vie de leur lieu de résidence. Le Fairo est l'unité de mesure. Ce qu'il faut pour vivre ici et maintenant vaut 1000 Fairo. Ce qui me permet d'évaluer ce que je dois payer dans ma devise courante.
Donc j'espère qu'ici tu commences à comprendre le changement total de paradigme que je propose. Il serait plus équitable d'exprimer les prix des façon relative à l'effort fourni en référence au coût de la vie local à un moment donné.
Par contre ça change totalement la dynamique de l'économie mondiale. Il est impossible de savoir ce que ça changerait vraiment.
Un nouveau monde à imaginer en s'inspirant du vivant
Le meilleur moment pour planter un arbre c'était il y a vingt ans. Le second meilleur moment c'est maintenant.
Avec les différentes propositions mentionnée ci-dessus, l'avenir est pleins de possibles, très différents.
Il est impossible de savoir ce que change vraiment le fait d'utiliser des prix relatifs.
Il est impossible de savoir ce que change vraiment la disparition de l'impôt. Du coup plus rien n'impose l'utilisation d'une monnaie appartenant à un seigneur qui profite de son pouvoir de seigneuriage.
Donc si on est libre de choisi son système économique, il est fort probable que l'économie de marché disparaisse.
Quand l'argent n'est plus nécessaire pour vivre, les intérêts humains changent.
Certains me diront qu'on risque donc de retourner à l'âge de pierre. La disparition de la pression compétitive pour être plus rapide à rapporter de l'argent fait disparaitre un facteur qui pousse à l'innovation technique et donc la compréhension scientifique du monde.
Mais c'est là qu'à l'image des changements de vision du monde du modèle de la spirale dynamique, je pense que l'évolution n'est pas linéaire, ni circulaire. L'évolution est un mélange des deux que l'on peut voir sous forme de spirale.
Donc c'est une étape à franchir, puis a intégrer. La science et la technique ne disparaissent pas. Elles sont juste intégrées autrement.
Ça peut par exemple déboucher sur une économie basée sur les ressources comme celle décrite par Jacque Fresco dans son Venus Project.
On passe à l'ère post-monétaire, les ressources sont gérées au mieux grâce à la technique.
Personnellement, j'aime m'inspirer de la nature. Ainsi, je vois que le high tech est présent partout dans la nature. Mais avec une empreinte écologique low-tech.
L'arbre est la "machine" la plus high-tech que je connaisse. J'ai déjà parlé plus haut de quelques fonction de l'arbre et de sa capacité à utiliser la monnaie de l'univers: l'énergie. Observons encore d'autres caractéristiques incroyables d'un arbre.
L'arbre se construit à 99% à partir des gaz ambiants, de l'air. L'arbre capte le CO2 et le transforme en structure pour lui, mais aussi en eau. L'arbre décompose l'eau et la recompose. Il purifie l'eau au niveau atomique.
L'arbre stabilise les sols. L'arbre nous nourri de ses fruits. L'arbre purifie l'air pour nous fournir de l'oxygène à respirer. L'arbre fourni des ressources en bois de chauffage et bois de construction. L'arbre fourni des ressources en principes actifs pour la médecine.
L'arbre est le meilleur engrais pour les sols. (Bois Raméal Fragmenté mis en automne sur le sol, et des champignons qui le décompose tout l'hiver.)
L'arbre est une mémoire du lieu. Il connait le climat sur le long terme. Un vieil arbre échange des informations avec les plantes annuelles pour leur indiquer le meilleur moment pour éclore dans un lieu donné. Sans cette mémoire, les plantes risquent de fleurir en plein gel et mourir.
Un arbre vit très longtemps. Parfois c'est l'arbre qui cache la forêt, car l'arbre fait des rejets et repousse sous une autre forme pour devenir à lui seul une forêt âgée de 10 000 ans. L'arbre fait muter son code génétique d'une branche a l'autre. Il peut ainsi évoluer sans se reproduire.
L'arbre abrite des écosystèmes très variés, il est à la frontière entre le ciel et la terre. Il est en symbiose avec les oiseaux du ciel et les champignons de la terre.
L'arbre nous rafraichit, il fait de l'ombre, ainsi qu'à d'autres plantes, il nous garanti une température vivable. De plus, globalement il limite l'effet de serre, sachant que la vapeur d'eau est le plus important gaz à effet de serre. Son ombre va limiter l'évaporation de l'eau liquide en vapeur.
L'arbre gère les ressources en eau. C'est l'arbre qui fait pleuvoir en envoyant des Composés Organiques Volatils qui créent des nuages en condensant l'eau dans l'air. C'est la forêt qui transporte de l'eau via évapotranspiration des côtes maritimes jusqu'à des milliers de kilomètres à l'intérieur des terres. En déboisant plus que 300 km de forêt sur les côtes océaniques ont coupe le transport d'eau et on fait mourir le cœur de la forêt.
En collaboration avec les champignons, l'arbre transporte aussi des flux d'eau dans un réseau souterrain très finement maillé. La forêt opère ainsi une solidarité, l'eau est captée où il y en a et l'achemine où il en manque.
L'arbre est capitaliste. Il capte l'énergie solaire au maximum et la stocke sous forme de structure pour capter encore plus et de sucre. L'hiver ces sucres migrent dans les racines. Des animaux mangent ces racines pour survivre quand rien d'autres ne reste.
L'arbre est une éco-système, donc une éco-nomie.
Pour moi l'arbre est une source d'inspiration inépuisable pour imaginer un système économique viable sur le long terme.
Personnellement, d'une manière générale l'inspiration de la nature me semble une bonne boussole pour construire un futur enviable.
Allez hop, va planter des arbres !
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De la confiance à la conscience
Le maitre mot de tous les systèmes économiques c'est la confiance.
C'est trouver le moyen de créer une relation de confiance la plus large possible.
Mais bien souvent, en fait c'est pas la confiance qu'on développe, mais la défiance. Comme la peur domine, on crée un mécanisme, un outil qui permet d'enregistrer de manière fiable ses propres contributions à la communauté, de peur d'être assimilé à un abuseur.
Puis ce même outil, doit permettre de contrôler l'autre, de l'empêcher de tricher.
Donc finalement la confiance n'est pas trop présente.
J'aimerai bien aider à passer de la confiance à la conscience.
Avec une conscience élargie, pas besoin de contrôler l'autre, mais l'empathie est suffisante pour ressentir les effets de mes actes sur les autres.
Et là, une véritable relation de confiance peut s'établir.
Le chemin est peut être encore très long, mais comme tout chemin il commence par un pas. Il suffit de se mettre en mouvement, d'indiquer la direction et hop c'est parti !