Redémarrer la Suisse

En 1983 l'auteur Suisse alémanique P.M. publiait BOLO’BOLO, un esssai d'écologie politique, sous une approche assez ouverte, concrète et hors du commun, considérée par certains comme d'influence anarchiste.

 

Bolo urbain suisse800.gif
Par "P.M.". — http://www.lyber-eclat.net/lyber/bolo/images/urbain_suisse800.gif, CC BY-SA 3.0, Lien

 

Dans sa préface à l’édition de 2013, il explique. : « … un bolo étant un autre mot pour une relation de "voisinage" culturellement améliorée ».

Le projet bolo'bolo a évolué ces dernières années... maintenant ça a donné.. "Redémarrer la suisse".

Redémarrer la suisse

Depuis 2010, l’association Redémarrer la Suisse anime le débat, comment les villes et les quartiers peuvent retrouver une qualité de vie basée sur le partage et les échanges, l’alimentation de proximité et l’écologie.

Cet été, j'ai lu le livre "Redémarrer la suisse". Ce livre à pour vocation de répondre à de nombreuses questions de l'organisation de la Suisse post-pétrole:

Comment allons-nous vivre quand il n’y aura plus de pétrole ? Il est préférable de se préparer à cette réalité quand il est encore possible de l’envisager sereinement et de se préparer à l’ère post-fossile. Diminuer le transport des marchandises, repenser la vie locale et régionale, en se centrant sur la communauté de voisinage et l’agriculture de proximité : autant de pistes explorées par Redémarrer la suisse pour atteindre une société à 1000 watts.

Voici le livre en pdf
=> http://www.apres-ge.ch/sites/test.intranetgestion.com/files/Redemarrer_la_Suisse.pdf

Imaginer ce que l'on veut comme avenir

Ce qui m'a attiré dans cette démarche, c'est de réfléchir au monde dans lequel on a envie de vivre. Voilà un exercice qui vise à montrer une possibilité. J'ai été aussi très intéressé par la vision de différents niveaux de zone de vie:

En tenant compte d’une exploitation des ressources respectueuse de l’environnement et eu égard aux différents modes d’organisation possibles, un budget global peut se construire autour de six modules de gestion sociale:

  1. Des voisinages comptant environ 500 personnes associés à des exploitations agricoles d’environ 80 ha ; LMO (Life Maintenance Organisation = organisation de maintien de la vie).
  2. Des quartiers coopératifs et des petites villes d’environ 10 000 à 50 000 personnes ;
    CA (Communal Area = commune de base).
  3. Des régions agro-urbaines de 100000 à quelques millions d’habitants (ville et ses environs ; Zurich ou Shanghai) ; AUR (Agro-Urban Region = région agro-urbaine).
  4. Des territoires autonomes de 5 à 10 millions d’habitants et d’une surface d’environ 50 000 km2 pour les industries et les réseaux de transport régionaux ; AT (Autonomous Territory = territoires autonomes).
  5. Des zones de coopération sous-continentales pour l’industrie, la recherche, les transports, par ex. l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Inde/le Pakistan; SN (Subcontinental Networks = réseaux souscontinentaux).
  6. Une organisation planétaire pour la répartition des ressources, de l’aide en cas de catastrophes, etc.;
    PO (Planetary Organisation = organisation planétaire).

La société à 1000 watts

En ce qui concerne la vision énergétique, je crois qu'il y a là des réflexions intéressantes (extrait de la p.69):

Si nous voulons vivre dans un environnement durable, notre objectif doit être la société à 1000 watts.

Tout d’abord, vivre avec 1000 watts signifie vivre sans voiture privée, sans voyage en avion et sans appareils électroménagers privés.

Ce qui ne veut pas dire qu’on n’aura pas accès à ces derniers: il sera possible de les emprunter. La mobilité sera réduite à l’équivalent de 9,34 kilomètres par personne en train et par jour, un voyage en Europe de 2000 km et un voyage outremer en bateau de 12 000 kilomètres par an. Chacun peut se promener et faire du vélo autant qu’il le souhaite.

Les repas proviennent de la cuisine centrale et sont uniquement réalisés à base de légumes de saison provenant de la région et de peu de viande (18 kg par personne et par an).

Les vêtements et les meubles proviennent de dépôts de seconde main,

tout est lavé dans une blanchisserie centrale, avec une consommation de seulement 70 litres d’eau par jour (la moyenne suisse actuelle est de 160 litres, sans compter la consommation industrielle). Un journal suffit pour dix habitants. Chacun dispose d’une vingtaine de mètres carrés de logement privé dans un bâtiment compact bénéficiant de toutes les technologies écologiques. De cette façon, chaque citoyen à 1000 watts génère une nuisance environnementale de 26 729 nano points et une consommation d’énergie de 17,5 térajoules par an: les deux chiffres étant environ cinq fois plus faibles que la moyenne suisse actuelle. La consommation d’énergie constante correspond à 1008 watts par personne. Voilà pour la bonne nouvelle.

Pour tous ceux qui estiment que cet avenir est trop sombre, rappelons leur qu’aujourd’hui déjà, une Éthiopienne s’en sort avec seulement 100 watts par jour.

J'ai trouvé intéressant l'idée de partage des ressources et de la mises en commun des appareils dans un quartier. Ça fait un moment que j'imagine le projet de lancer des "outils-thèques" de quartiers. Je pense que le Fab-lab est un bon modèles pour démarrer et implanter des ateliers ouverts à tous dans tous les quartiers.

Pas besoin d'avoir tous une perçeuse pour les 7 trous annuels qui sont fait dans un ménage. (il me semble bien avoir vu une fois une statisique qui parlait des 7 trous qu'une perçeuse fait par année... à moins que ce soit dans sa vie !! )

Le projet pumpi-pumpe est déjà une belle concrétisation du partage entre voisins d'objets que l'on utilise rarement.

Un retour à la vie un peu plus communautaire, sans pour autant supprimer l'intimité d'un bon petit chez-soi me semble une piste intéressante. Ça va également de concert avec une relocalisation de l'économie et de la vie en général.

extrait p73:

Un microcentre avec son stock d’aliments intégrerait idéalement au même endroit un restaurant (également pour les manifestations ou comme cantine interne), un bar, des services de confort (blanchisserie, vêtements, réparations, soins corporels), des services d’information (bureau de poste, médiathèque, panneaux d’affichage, ordinateurs), un four, l’administration, une pension ou des chambres d’hôtes. Il ne s’agit pas d’un centre de quartier, mais d’un espace semi-public qui fait la jonction entre la vie intime et la vie sociale.

Aujourd’hui, une personne occupe près de 50 m2 de surface habitable. À Zurich, par exemple, 23% des appartements de quatre pièces sont habités par une personne seule.

On y retrouve certains projet de coopérative d'habitation qui ont des espaces de vie en communs. Les collocations sont de plus en plus nombreuses. On va dans ce sens.

Le côté obscure de ce Redémarrage de la Suisse

J'ai bien aimé de nombreux aspects de ce livre, de cette vison du monde et d'autres m'ont vraiment fait peur.
Je suis finalement mitigé sur le bilan total.
En tout cas le projet tel qul.. je ne suis pas pour.

L'urbanisme me parait intéressant, les réflexions énergétiques aussi... mais il y a un embryon de dictatures militaire dans le projet... c'est ça qui me fait peur !

Je m'explique.

Imposer sa vision du monde par des théroapies sociomilitaires !

L'auteur prétend que notre démocratie suisse a été imposée par Napoléon... (ce qui n'est pas totalement faux).... et donc que l'on peut aller imposer la démocratie partout... même par la force ! ... c'est pour leur bien !
=> ça je suis totalement contre ! .... cet auteur n'a visiblement jamais entendu parlé de la notion d'évolution des consciences. On n'impose pas un changement de vision du monde, de consciences !

Même si ça parait louable d'amener la démocratie partout. C'est souvent sous ce prétexte que des guerres d'invasion ont eu lieu. Qui peut juger de savoir si un régime doit être renversé par la force où non ?

Ça me semble juste une source de conflit interminable et non un bienfait pour l'humanité.

extrait de la p122:

Napoléon avait ordonné des assemblées primaires de mille hommes qui élisaient des délégués qui siégeaient à l’assemblée supérieure, etc. C’est ainsi qu’au final est née la démocratie «suisse».

Le fait que la nouvelle République, ostensiblement dirigée contre les mafias familiales régnantes, ait pris le nom d’une obscure tribu celte appelée les Helvètes, illustre l’ironie de toute cette opération. L’origine illégitime et violente de ses institutions démocratiques n’a pas empêché la Suisse de les conserver – plus ou moins – et encore moins d’en être fière.

(...)

Le territoire «Suisse» doit au monde, en plus de ses efforts diplomatiques, une participation à de telles interventions : elles sont le dernier (et non le premier) moyen de guérison, des «thérapies sociomilitaires», même si cette déclaration peut sembler euphémique, voire cynique.

Tous les habitants doivent devenir des universitaires

Dans le domaines scolaire aussi il y a des positions dans lesquelles je ne me retrouve pas.

Il y a une envie de centralisation et de formatage des pensées qui me dérange.
Donc dans un sens, dans le côté urbanistique du projet, les différents niveaux doivent être autonome et décider de leur destinées... et de l'autre on a le droit d'imposer sa vision du monde à ses voisins et il faut centraliser de nombreux services et décision à l'échelle de la suisse.

Là... il me semble y avoir des incompatibilités....

extrait de la p. 107, 108 à propos de l'Académie territoriale:

Si nous voulons redémarrer la Suisse, une action d’envergure dans le domaine de l’éducation est indispensable. C’est là qu’il faudra investir les sommes économisées dans les départements de la police, de l’armée, de l’administration fiscale, etc.

Si l’accès de chacun à l’ensemble des réalisations scientifiques et culturelles nous tient vraiment à cœur, tous les habitants du territoire devront devenir des «universitaires».

(...)

À l’âge de six ans (ou en fonction de la maturité scolaire), tous les enfants entrent dans cette Académie. Avant cela, ils sont accueillis dans un jardin d’enfants. Tous les enseignants, de l’école primaire à l’université, sont employés par le territoire. Ils sont ainsi à l’abri de toute tentative d’influence ou même de corruption. Ils peuvent enseigner à différents niveaux et de façon plus mobile. Tous les programmes d’études peuvent être harmonisés de sorte à écarter les doublons.

Ce système exclut le soi-disant choix de l’école, qui n’a de liberté que celle qu’on peut se permettre financièrement.

Quand pourra-t-on à nouveau donner un enseignement digne de ce nom en sixième plutôt que de préparer la course aux lycées? Et l’enseignement précoce de l’allemand, de l’anglais, du chinois est-il vraiment nécessaire?

p108

Toutes les écoles doivent devenir «alternatives». Ce qui a fait ses preuves dans de nombreuses écoles alternatives doit être appliqué dans les écoles publiques.

Les écoles primaires font partie intégrante du centre de quartier ou de commune de base.

Le principe pédagogique de base vise à «encourager plutôt que sélectionner»

Ensuite, tous les élèves entrent dans un Gymnasium Helveticum, qui dure six ans.

extrait p.112:

En Suisse, seuls 20% des jeunes terminent leurs études avec un baccalauréat, alors que dans d’autres pays – en Finlande, c’est 95%, et en France, 80% –, c’est le cas de la presque totalité de la jeunesse. Au lieu d’envoyer tous les enfants dans la «bonne école», le lycée, nous les répartissons dans une myriade de collèges, d’écoles techniques, d’écoles moyennes, d’écoles secondaires, d’écoles régionales, d’écoles professionnelles et d’écoles de maturité professionnelle, etc.

Nous faisons le tri et produisons de nombreux drames sociaux et psychologiques.

Personnellement, j'ai droit l'impression du contraire. Les drames psychologiques c'est de forcer tout le monde à suivre une voie accadémique. On voit bien que c'est un universitaire qui a écrit ce livre ! ... et comme il trouve que c'est la meilleure voie il veut l'imposer à tout le monde !

Il me semble également que le bac français n'est pas franchement très réputé. Si justement tout le monde l'a... c'est peut être que c'est un bac au rabais. Un nivellement par le bas ?

Il y a réellement des gens qui sont très scolaire et d'autres pas du tout. Est-ce que c'est vraiment la bonne solution de le mettre ensemble ? C'est louable de vouloir le meilleur pour tous. Mais est-ce que l'enseigment académique est vraiment le meilleur ?

Personnellement, je privilégie une toute autre forme d'enseignement basée sur les petites groupes qui expérimentent. Sur l'envie de créer un projet, qui débouche sur l'apprentissage de tout ce qu'il est nécessaire de savoir (et de pratiquer) pour arriver à concrétiser son projet. C'est nettement plus motivant qu'un cours ex-cathédra n'abordant que de la théorie.

Le système actuel, est certes peut être complexe. Mais il permet à tout le monde de suivre sa voie à son rythme, avec sa méthode. Il est possible à une personne ayant emprunté la voie de l'apprentissage, d'ensuite faire une maturité et de rejoindre des hautes écoles. Notre monde actuel est fractal, complexe. Le système d'étude est justement le reflet de ce monde fractal. Ce n'est pas en forçant tout le monde a être universitaire, à forcer le monde à être simple qu'il va le devenir.

Mais l'auteur ne semble pas comprendre ceci:

extrait de la p114:

L’argument selon lequel on peut, aujourd’hui déjà, entrer dans une haute école spécialisée avec une maturité professionnelle est en vérité un argument qui va à l’encontre du système dual, puisqu’il fait croire qu’un détour est un avantage.

Certes, les écoles de maturité professionnelle actuelles sont en partie excellentes et les titulaires d’une maturité professionnelle sont souvent plus matures que des lycéens du même âge. Mais pourquoi faire ce détour?

Pour s'adapter à la maturité de chacun, à des vocations plus tardive que d'autres. A un rythme personnel ?

Tous égaux... tous semblables... communisme 2.0 ?

L'auteur semble aimer le nivellement, tuer la diversité. En tout cas, c'est ce qu'il me semble comprendre de sa vision après être passée au formatage de l'uni:

extrait p.117:

Les diplômes universitaires n’existeront plus puisque chacun en aura un: le «master». Et il pourra s’agir d’un master en gestion, en polymécanique, en langue anglaise, en médecine, en couture, en tactique d’infanterie, en théologie ou en boulangerie. Comme c’est le «service général» – c’est à dire le peuple – qui finance tout l’enseignement, il n’y a aucune raison pour que toutes ces professions n’aient pas aussi le même salaire.

Un engagement extraordinaire peut encore et toujours se voir récompensé en sus.

Bon, vous l'aurez compris, votre "master en tactique d'infanterie" ne vous fera pas gagner plus d'argent qu'un "master en boulangerie".... sauf si vous avez un engagement extraordinaire.....  une petit guerre pour imposer la démocratie aux voisins ?

Un livre inspirant: toi aussi imagine ton futur préféré et montre le nous

Voilà pour mes réflexions après avoir lu ce livre.

Je le trouve très.. surprenant. J'ai de la peine à voir un tout cohérent. Il y a des idées intéressantes, mais j'ai de la peine à m'enthousiasmer pour le projet global.

J'ai pourtant beaucoup entendu de bien sur "redémarrer la suisse". Mais je me demande combien de personnes ont vraiment lu le livre dans sont intégralité ?

J'ai trouvé très peu de compte rendu, de critique.

Bref.. ça me motive à moi aussi écrire ma version de Redémarrer la Suisse. 🙂

Dans ma vision des choses, il y aura quelques principes de cellule organique de base qui s'auto-organisent, rien de centralisé. De la permaculture. On va aussi faire attention au type de code monétaire utilisé. (ma prréférence un Système Monétaire Equilibré) Dans redémarrer la Suisse, très peu de chose est dit à propos de la monnaie. On sait juste que: "La solution n’est donc pas la création de monnaies alternatives, mais bien la création de cycles alternatifs pour l’utilisation des ressources sociales. " (p. 60)

Le but est une démonétisation de la société, en utilisant beaucoup le service civil, mais en même temps on nous parle de banque qui peuvent octroyer des crédits... mais seulement avec l'aval démocratique et sur la base de critères d'utilités, de faisabilité, d'impact environnemental, et de contribution au bonheur de la société. (p. 59)

Bref... c'est un peu comme maintenant quand un législatif (qui a déjà ses critères dans les rapports) se voit obliger d'accepter une demande de crédit pour rembourser un autre crédit.... J'ai pas l'impression que ça change grand chose.

Là il y a fondamentalement du ménage à faire. Peut être que l'association redémarrer la suisse devrait participer à un jeu de la monnaie ?

Pour conclure, j'encourage tout le monde à lire ce livre. Ici j'en ai fait qu'une description très très brève. J'ai surtout mis en évidence ce qui m'a fait tiquer, voir sauter au plafond !. Mais il y a encore de nombreuses idées dont je n'ai pas parlées qui mérite d'être connues.

Peut être que j'ai mal interprété les propos de l'auteur de ce livre ?

Dans tous les cas je trouve sain que tout le monde puisse se faire son propre avis. Mais également que tout le monde soit inspiré par cette excellente démarche que d'être pro-actif et transmettre sa vision d'un futur souhaitable plutôt que de taper sur ceux qui agissent (un peu ce que je fais là ? 😛 .. mais il me semble que je ne fais pas que ça... ce site comporte plus de 600 pages de réflexion en tous genres... )

la voiture autonome sans chauffeur est le prochain saut technique qui va transformer notre société

Il y a 20 ans, en 1995 j'ai vu pour la première fois un "Natel D" un téléphone numérique GSM. C'était une révolution, nous l'avions en camp scout. C'était la première fois qu'étant perdus au milieu d'une forêt, nous avions un lien direct avec le reste du monde.

pub natel D 1993.jpg

Le Natel D est le premier téléphone numérique en GSM qui était disponible en Suisse. Il est sorti en 1993, mais il a fallu attendre au moins 1995 pour que la couverture du territoire soit suffisante pour que ce soit utilisable. Voici un reportage de la RTS au moment de la sortie du Natel D.

C'était ma première expérience avec cette technique disruptive qui a changé notre société.

Une technique disruptive

En effet, la pénétration des mobiles a été très rapide. En 1998, la libéralisation du marché à eu lieu, en fin d'année le premier concurrent est arrivé (DiAx) et un quart de la population suisse était équipée d'un mobile ! Puis d'autres concurrents sont arrivées (orange en juillet 1999) et fin 2001 les 3/4 de la population suisse disposait d'un téléphone mobile dans sa poche ! … et la même révolution numérique se faisait en même temps partout dans le monde.

Des régions entières qui n'avaient même pas le téléphone ont été couvertes par la téléphonie mobile: le monde s'est rétréci.

Cette nouvelle technique est dite disruptive, car elle produit une véritable rupture avec le monde d'avant.

Il y a des effets partout, dans tous les domaines.

Un exemple simple que j'ai observé chez les jeunes générations: le rendez-vous clair et précis pour passer une soirée entre amis ne se fait plus.

Il y a des plans changeants… toute une discussion en "temps réel" avec plusieurs groupes et du papillonnage pour aller voir un moment un groupe, un moment un autre. Les lieux ne sont pas prévus à l'avance.

"- Je t'appelle tout à l'heure pour préciser où l'on sera.."

À l'autre bout de mon monde, chez les bergers d'Afrique de l'Ouest, plus besoin de faire des heures de marches avec son troupeau pour aller vendre quelques têtes au marché. Les transactions se font directement par SMS et seule la livraison se fait. Par ce même principe, des banques pratiquant par SMS se sont mises en place.

téléphone mobile en afrique de l ouest en 2011.jpg

Puis l'arrivée des smartphones a confirmé le fait que le monde est vraiment petit. Il est possible à tout moment d'avoir toute sa tribu dans sa poche.

Ainsi une technique disruptive est une même technique qui s'applique en masse partout dans le monde et qui induit partout des ruptures avec la manière de vivre d'avant.

Quelle est la prochaine technique disruptive ?

Selon moi… d'ici 5, 10 ans…  la voiture autonome sans chauffeur va révolutionner notre société. Voici pourquoi…

google cars voiture autonome.jpg

Les Google cars

Après quelques vagues tâtonnements et prototypes isolés, c'est en 2010 que l'histoire de la voiture autonome s'est accélérée lorsque Google a annoncé avoir développé un équipement qui permet de rendre une voiture autonome et que leur flotte avait déjà roulé ainsi plus de 800 000km !

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Cette annonce relance l'imaginaire, bien que le système de l'époque n'est pas totalement autonome, le parcours nécessite d'être préalablement fait une fois. Ensuite, la voiture est capable de le refaire en tenant compte de la signalisation.

Seul "bug" majeur, la voiture reconnait toutes les signalisations sauf celle d'un policier qui gesticule au milieu de la rue. Donc on espère que les feux ne tombent pas en panne !

Au fil du temps le seul frein qui retient les google cars de se balader sur les routes n'est plus un problème technique, mais un problème légal.

radar de voiture autonome.jpg

Un problème légal plutôt que technique

Du coup, s'enclenche un processus de légalisation de la conduite pour les robots.

Séduits par l'opportunité des retombées économiques et de la baisse annoncée du nombre d'accidents, de nombreux États adaptent leur législation.

Aux USA, en mai 2012, l'État du Nevada est le premier État des USA à avoir adapté sa législation routière aux véhicules autonomes et à avoir homologué un véhicule: une Toyota Prius modifiée pour Google. (Avec 150 000$ d'équipement supplémentaire, dont la moitié pour uniquement le radar laser.)

Cependant, cette législation n'est pas totale, elle requiert qu'un conducteur humain soit prêt à reprendre le volant à tout moment.

Dans la foulée, la Floride, le Michigan et la Californie ont également autorisé les essais de voitures autonomes sur leurs routes. Une dizaine d'autres états des USA sont en train de légiférer sur le sujet et dans 9 autres l'autorisation a été refusée.

Ainsi des travaux sur le cadre légal ont déjà été faits dans plus de la moitié des États des USA en seulement 3 ans. Le sujet est en constante évolution voici un wiki tenu à jour à propos de l'évolution des législations US en matière de véhicules autonomes.

carte des Etats des USA qui autorisent les google cars et les véhicules autonome sans chauffeur.jpg

Qu'en est-il en dehors des USA ?

L'Europe, siège de nombreux constructeurs d'automobiles n'est pas en reste.

En mai 2015, le gouvernement suisse a autorisé l'opérateur de téléphonie Swisscom à rouler sur les routes suisses avec des voitures autonomes, mais uniquement si un humain est prêt à reprendre le volant.

voiture autonome de swisscom.jpg

Les véhicules utilisés ne sont pas des Google cars, mais des véhicules allemands Volkswagen issus du laboratoire Autonomos Labs de l'université libre de Berlin.

Voici une vidéo des essais de voitures autonome faits par Swisscom en Suisse:

Google n'est pas seul dans la course

Au Salon de l'auto de Genève en 2015, après la voiture écologique, la voiture autonome est le nouveau sujet de discussion.

Plusieurs constructeurs ont profité de faire des annonces. Volvo annonce qu'en 2017 ses véhicules autonomes seront livrés à 100 clients en Suède.

En France les voitures autonomes seront autorisées en test dès 2015PSA a annoncé vouloir commercialiser une voiture autonome en 2018, mais attention autonome n'a pas le même sens pour Peugeot-Citroën que pour Google.

La stratégie du constructeur français est d'assurer la sureté et donc de progresser pas à pas vers un véhicule de plus en plus autonome, mais pas directement du 100% autonome.

Ainsi l'automatisation a déjà commencé avec l'automatisation du parcage.

Cette stratégie me fait penser que c'est peut-être une formulation pour ne pas avouer qu'ils sont largués techniquement !? … Google et les constructeurs allemands ont des voitures autonomes qui roulent vraiment !

voiture autonome de swisscom avec un volant.jpg

Mais cette automatisation progressive n'est pas stupide.

Dans cette vision on peut imaginer que des véhicules autonomes soient autorisés en premier sur les autoroutes. C'est un environnement qui ne présente pas trop de surprise et qui est largement maitrisé par les véhicules autonomes. De plus, on sait que la monotonie des autoroutes est justement le danger pour les conducteurs humains. Il semble qu'un tiers des accidents mortels en France soit dû à la fatigue sur les autoroutes.

Cette idée de commencer par les autoroutes est loin d'être une idée imaginaire, puisque c'est le ministre allemand des Transports Alexander Dobrindt qui a annoncé début 2015 que la Bavière allait autoriser l'autoroute A9 aux voitures autonomes.

Affaire à suivre...

autoroute à villeneuve.JPG

Les concepteurs de l'application controversée de covoiturage / taxi, Uber se sont aussi lancés dans la course des voitures autonomes, et on comprend la stratégie. La source de leur ennui est justement la concurrence déloyale entre les chauffeurs de taxi professionnels et les chauffeurs amateurs.

Si la flotte de taxi Uber n'a plus de chauffeur, fini les ennuis …. ou pas !
Nous reviendrons ci-dessous sur les conséquences sociales de la voiture autonome.

"One more thing…La rumeur dit qu'Apple prépare en secret une iCar… (ou iMove..)

On avait déjà eu ce genre de rumeurs fantaisistes qui annonçaient la sortie d'un iPhone….  ça a été démenti par Apple… mais quelques années plus tard l'iPhone a fait un raz de marée...

Google reprend la tête de la course

Face à cette concurrence internationale, Google reprend la tête de la course en poussant le concept de la voiture autonome encore plus loin: la bulle.

Au lieu d'équiper une voiture existante, Google revoit tout le concept et crée ses propres Google cars, sans volant, sans commande manuelle. La nouvelle Google car est une voiture électrique en forme de bulle qui roule à 40km/h avec une autonomie de 130 km.

Google ne fait pas un prolongement de ce qu'est une voiture en l'automatisant, mais réfléchi à ce que va devenir la mobilité du futur avec ce genre de techniques, et donc le mieux était de concevoir depuis le début une véritable auto-mobile (une voiture qui roule toute seule dans le vrai sens de "auto")

Voici un vidéo des essais de Google cars.. (mai 2014)

Pour les fans qui veulent suivre toutes les annonces faites par Google à propos de leur Google Cars voici la page du projet.

La commercialisation de cette google car version bulle est prévue pour 2020. (bien qu'un temps google parlait de 2017 pour ses "google cars"... peut être il y aura deux phases ? une pour les véhicules normaux modifié et une pour les google cars "bulle" ?)

En poussant le concept encore plus loin, Google se heurte à nouveau à une limite légale. Toutes les législations nécessitent qu'un humain puisse reprendre le contrôle du véhicule à tout moment.

Du coup depuis l'été 2015, les Google cars "bulle" roulent sur les routes de Californie, mais avec des pédales et un volant amovible.

Ces voitures ont beau être toutes récentes, elles ont déjà roulé autant que ce qu'un américain moyen a roulé dans sa vie quand il atteint l'âge de 75 ans.

Les enjeux autour des véhicules autonomes.

Les enjeux des véhicules autonomes dépassent largement le domaine des transports. Comme ça l'a été avec les appareils photo au moment du passage au numérique, ce ne sont pas forcément les entreprises traditionnelles du domaine qui sont les plus à même de définir ce que sera la mobilité du futur.

Pourquoi Swisscom, une entreprise de télécommunication s'intéresse à la voiture autonome ?

Swisscom dit clairement dans son communiqué qu'elle n'a pas envie de devenir un constructeur de voiture.

Swisscom a envie de développer un internet mobile des objets. Un internet dans lequel les objets eux-mêmes envoient des informations. Par exemple, on peut imaginer que les places de parc indiquent si elles sont libres où non. Ainsi une voiture autonome qui arrive sur un parking peut directement réserver son emplacement et se parquer sans perdre du temps à tourner en rond dans le parking.

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Swisscom se projette comme gestionnaire de ce genre de ressources. Ainsi on peut imaginer un partage beaucoup plus souple et à grande échelle des places de stationnement dans une ville entière. La voiture étant autonome, elle peut vous laisser juste devant la porte et aller se parquer à quelques centaines de mètres plus loin dans une place qu'elle aura négociée suivant les critères que vous lui aurez donnés. (Temps de stationnement, fourchette de prix, distance pour économise le carburant, etc..)

Que vont devenir les agents de police ?

Ça me fait penser aux gags de Gaston Lagaffe qui trouve toujours un moyen, une invention, pour piéger l'agent Longtarin qui s'apprête à lui mettre une contravention pour dépassement du temps de stationnement.

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Et oui, d'ici 5 ans votre voiture ira peut-être elle même changer de place de parc toutes les heures pour éviter une contravention !

Une telle gestion d'information n'est pas le métier de base des constructeurs automobile. Ainsi on comprend pourquoi des opérateurs de télécom se pressent aux créneaux.

Swisscom se projette dans le futur et tente de savoir quel rôle pourra avoir un véhicule s'il n'est plus nécessaire de le conduire ?

Est-ce que la voiture deviendra un espace de travail ? Un cinéma ?

Du coup, il faut concevoir la technique qui permettra de fournir des films à haut débit sur toutes les routes !

Opel a déjà réfléchi à cette problématique et propose OpelOnStar, un système Wifi intégré dans chaque véhicule. L'abonnement de téléphonie pour connecter le véhicule est même offert la première année !

On retrouve ici un concept qui est déjà en vigueur depuis quelques années dans les cars postaux suisses qui sont tous équipés de wifi gratuit pour les passagers.

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De plus l'enjeu de la voiture autonome est aussi très lié à la cartographie. Swisscom annonce qu'ils font de la cartographie des positions anonymisées des téléphones mobiles afin d'améliorer leur couverture.

Google s'est récemment associé avec la start-up Aclima pour faire une cartographie en "temps réel" de la pollution dans les villes. Et là, la voiture autonome est intéressantes pour relever les données. Le but est de savoir où sont les problèmes pour pouvoir y mettre des parcs avec de la verdure....

aclima et google cartographient la pollution.jpg

Google est en avance sur les autres dans le domaine des véhicules autonomes, justement parce que Google maitrise bien la cartographie.

Mais Google ne détient pas forcément les données de base de la cartographie. Dans ce domaine, historiquement il y a deux sociétés leader Tele Atlas et NavTeq qui depuis longtemps ont numérisé le monde. Et dans cette guerre de la cartographie, avec l'émergence massive des GPS les deux ont été rachetés pour des raisons stratégiques. TomTom a racheté Tele Atlas et Nokia a racheté Navteq....  mais voilà que pendant la rédaction de cet article (début août 2015), un consortium de constructeur automobile Allemand, BMW, Daimler et Audi (du groupe Volkswagen) a racheté toute la division cartographie (Here) de Nokia pour la modique somme de 2.8 Milliards d'euros !

La guerre de la cartographie bat son plein pour être maître de la mobilité du futur !

Les données sont continuellement mises à jour par des camping-cars bourrés de caméras qui scannent les panneaux de signalisation.

Pourquoi un camping-car ? .. et bien par ce que le chauffeur doit bien dormir à un moment donné !

Si le véhicule pour se déplacer tout seul, plus besoin d'humain, plus besoin de camping-car...

 camping car van-tele-atlas cartographie.jpg

Google a collecté déjà beaucoup de données avec son projet streetview. On peut imaginer que ça peut intéresser le géant de l'information de s'étendre dans le domaine de la cartographie, de se libérer de ses fournisseurs et d'avoir une flotte entière de google cars qui cartographient automatiquement le monde entier !

Dans ce domaine Uber a annoncé un partenariat avec l'université de Canergie Mellon. Une université qui est spécialisée en robotique et qui a déjà à son actif le pilotage de rover sur mars.

Ainsi Uber se met un peu en porte à faux avec Google en s'intéressant aux voitures autonomes et à la cartographie. En effet, Google se trouve être un des investisseurs (258 millions de $ en 2013) et partenaire de Uber. Car Uber a besoin d'un service de cartographie pour proposer son service de covoiturage.

Et à l'avenir Uber se voit bien remplacer la Poste, Fedex et DHL par un service de livraison automatique. Qui gagnera les drones d'Amazon ou la voiture autonome ? (ou encore.. le coursier à vélo 😛 )

drone pour livrer les paquets test de la post allemande en 2013.jpg

La guerre des véhicules autonomes est lancée.

Conséquences sur les emplois

Les conséquences sur le remaniement du monde des transports va surtout se faire sentir pour les emplois qui sont liés aux transports… et il y en a pas mal.

Aux USA, chauffeur de camion (Truck Driver) est devenu en quelques années, l'emploi le plus fréquent dans de nombreux Etats. Ceci car, c'est un des rares emplois qui ne nécessite pas de compétences particulières et qui ne se délocalise pas.

2015-05-18-carte des métiers les plus communs aux USA- conducteur de camion-map.png

En France, si l'on croit l'Organisation de Transporteurs Routiers il y a près de 630 000 emplois qui sont liés au domaine des transports routiers.

Au niveau mondial il semble que près de 30% des emplois sont dans le secteur des transports !!

camion de bière.JPG

Dans ce tas, on peut compter les camions, les autocars, les livreurs en tous genres (La poste), les taxis, mais aussi les véhicules des magasiniers dans les gros entrepôts, et aussi les énormes camions utilisés dans les mines à ciel ouvert. Le secteur des transports est très vaste.

Comme toujours avec l'automatisation des emplois, ce sont les moins qualifiés qui sont remplacés. Voici une liste de boulot en voie de disparition à cause de l'automatisation.

Les ingénieurs spécialisés en robotique sont très recherchés.. mais pour 1 emploi d'ingénieur créé, ce sera 300 chauffeurs de taxi qui vont perdre leur emploi !

On compte que 70% des nouveaux emplois créés par l'automatisation demandent des compétences que seul 20% de la population détient.

Que va-t-on faire des 80% de gens qui se font piquer leurs emplois par des robots, mais qui n'ont pas les compétences nécessaires pour retrouver un emploi ?

Moi, j'ai une proposition.... J'y viendrai un peu plus bas...

Travis Kalanick, le patron de Uber a déjà annoncé clairement que son but était d'éliminer ce qui coute cher dans son service: l'autre gars qui est dans la voiture.

flotte de taxi a nuremberg.JPG

Les taxis ne sont de loin pas le seul domaine concerné. Les chauffeurs poids lourds ont de gros soucis à se faire.

Les chauffeurs font des milliers de km au volant, souvent sur l'autoroute. Il ne font rien de très compliqué 99% du temps. C'est au chargement et au déchargement qu'il faut de la main-d'oeuvre. Le pilotage de camion ne pose aucun souci technique.

Depuis mai 2015, le premier camion autonome roule sur les routes du Nevada !

Actuellement, comme pour les voitures, un chauffeur est requis pour reprendre la main en cas de besoin. Mais d'ici 10 ans, c'est quasi certains que les chauffeurs ne seront plus nécessaires !

Aux USA, il y a 4000 morts par an à cause d'accident du à des camions et dans 90% des cas, c'est à cause d'une erreur humaines.

Dans le domaine des transports publics. Il existe déjà de nombreux métros sans chauffeur, comme celui de Lausanne. La technique est au point. Le prochain pas, ce sont les bus. Toujours à Lausanne, le campus de l'EPFL expérimente ces temps des bus sans chauffeur.

Les profs d'auto-école

Autre effet collatéral… s'il n'est plus nécessaire de savoir conduire une voiture pour l'utiliser. Alors qui aura encore besoin de permis de conduire ? Qui va apprendre à conduire ?

Les profs d'auto-école ont certainement du souci à se faire. Une profession de plus menacée. L'automatisation est déjà un souci dans de nombreuses professions. On assiste ces derniers temps à une automatisation massive.

Le secteur des transports est peut-être la "Goutte d'eau qui va mettre le feu aux poudres" 😛 qui va massivement mettre des gens au chômage et faire plonger tout le système.

Il est grand temps de modifier la manière dont on intègre tout le monde dans notre société. Actuellement l'emploi est autant une source de revenu pour vivre qu'une place sociale. Dans notre société, sans emploi, on est rien.

Ces temps je m'intéresse de plus en plus au Revenu de Base Inconditionnel qui est une manière élégante de garantir tout le monde d'avoir un revenu qui permet de vivre et ainsi d'aller sereinement dans un monde où l'emploi est rare.

Revenu de Base inconditionnel et chaise longue illustration Malizia.png

Ainsi on éviterait peut-être des tensions comme celle des chauffeurs de taxi qui manifestent contre Uber dans de nombreuses villes.

Si l'on donne à chacun(e), via un Revenu de Base Inconditionnel, les moyens en temps et en argent de se créer son propre emploi, il est possible de dynamiser le tissu économique pour aller vers l'avenir, pour traverser cette crise de l'automatisation.

Heureusement qu'en même temps que l'automatisation du monde des véhicules arrive, l'idée du Revenu de Base Inconditionnel conquiert le monde aussi ! Comme en Suisse où une initiative populaire fédérale a été déposée et le peuple Suisse votera sur l'introduction du Revenu de Base Inconditionnel dans la constitution.

Les assurances

Un des gros objectifs de la voiture sans chauffeur, c'est de supprimer les risques d'accident. En 40 ans, le nombre de morts sur les routes a beaucoup diminué. La sécurité des véhicules s'est bien améliorée. Mais il reste un seuil incompressible.

Avec l'automatisation, plus de soucis de fatigue, d'inattention due aux smartphones, et de conduite en état d'ébriété.
Mais alors, s'il n'y a plus d'accident que vont faire les assureurs ?

Ils vont certainement trouver de nouveaux risques à assurer…  Là aussi il y a du chamboulement en vue.

Le véhicule autonome, un pas vers l'économie de fonctionnalité ?

Un des objectifs de Uber est d'être meilleur marché que le fait de posséder son propre véhicule.

Ainsi on arrive directement dans l'économie de fonctionnalité. Une économie basée sur le fait de vendre un service, une solution, plutôt qu'un objet.

Au passage, l'économie de fonctionnalité permet de supprimer l'obsolescence programmée. Une entreprise qui fournit un service à tout intérêt à avoir du matériel fiable et efficace sur le long terme et qui se répare.

Il y a quelques années j'ai déjà écrit un article à propos du futur de la mobilité et je prédisais que l'on arriverait à terme à un abonnement de mobilité qui permet un accès à tout type de véhicules. Au moyen de transport adapté à ses besoins du moment.

Et.. Bien c'est chose faite !

Le SwissPass vient de sortir en été 2015…  c'est un abonnement CFF pour tous les transports publics en Suisse… et il est possible de charger sur la même carte un abonnement à la coopérative mobility qui donne accès a divers types de véhicules partout en Suisse.

On peut se demander comment la coopérative mobility va tirer son épingle du jeu avec l'arrivée des voitures autonomes ?

voiture mobility.JPG

Le mieux pour elle, c'est d'acquérir aussi une flotte de véhicules… mais est-ce qu'elle arrivera à faire concurrence à Uber, Google et autres qui sont aussi les concepteurs des algorithmes et les propriétaires des données des cartes qui guident les véhicules ??

Alors… en 2020 le boum des voitures autonomes ?

On verra…

Dans tous les cas vous retrouverez cet article dans ma rubrique "archéologie du futur", avec mes autres essais de prospective.

Le choix de Kaya

Actuellement, en terme d'écologie, c'est le foutoir complet.... Il y a mille chapelles avec des cultes différents !

  • Il y a les gens qui sont clairs... l'environnement c'est secondaire. Ce qui compte c'est le profit personnel.
  • Il y a les gens qui ne se préoccupent d'environnement que comme vecteur marketing... greenwashing en force! Le développement durable repris comme politique de droite ! (L'écologie libérale à le vent en poupe... surtout pour construire des éoliennes !)
  • Il y a les écolo bobo ... qui pensent faire des choses "pour la planète" car ils trient leur déchets et ont des ampoules économiques... puis passent leur vacances aux maldives.... (avant que le réchauffement climatique n'engloutissent ces belles plages)....(déjà là il faut comprendre que la planète avec ou sans vie.. restera une planète.. On ne peut apporter aucune solution si l'on ne connais pas déjà le problème... )

Puis, il y a l'énorme flou de la définition du problème écologique:

  • Il y a les gens qui se préoccupent de la quantité d'énergie consommée... (société à 2000 W etc..)
  • Il y a ceux qui se préoccupent du réchauffement climatique induit par les gaz a effet de serre....

Là on a deux approches écologiques... et on tourne en rond.. Parfois c'est contradictoire, parfois non...

Le panneau solaire je le fabrique en Chine avec de l'électricité faite au charbon, en France avec du nucléaire ou en Suisse avec de l'hydroélectrique ??

Puis, il y a tous les problèmes sociaux qui empoisonnent le débat à propos de l'écologie....

Les fraises espagnoles en janvier ne sont pas une bonne idées à cause de l'énergie gaspillée juste pour manger des fraises en janvier.. ou par ce que ce sont des sans papiers africains exploités qui les cultives... ou les deux ! .. et on multiplie le débat..

Par dessus tout ça il y a la décroissance... mais qu'est ce que ça veut bien vouloir dire !!!

Décroissance de quoi ? pour qui ?

Au lieu de nous expliquer tout ça correctement et de faire le tri, notre société médiatique sait très bien que "l'on est trop con pour se farcir une information complète sur un sujet, qu'il faut du Bref pour faire vendre". Donc elle préfère nous balancer des bribes d'infos et noyer le poisson avec des informations d'une importance capitale:

"Traire les vaches la nuit guérit les insomnies" !

Donc on tourne de slogan en jingle inventés par des chargés de com... et on se tape dessus par esprit de clocher sans même plus savoir pourquoi !

Comment y voir clair dans ce fouillis ?

Une approche qui me plait, c'est l'équation de Kaya.

"Tout est lié". Il faut déjà comprendre ça. L'équation de Kaya est une équation mathématique qui montre les relations entre tous les aspects que j'ai cité ci-dessus.

On a les gaz a effet, de serre, la croissance économique, la production d'énergie et le social par la population mondiale.

Il ne sert à rien de voir les crises financières, sociales et environnementales de manière séparées. Il faut les mettre ensemble.

Une équation, c'est rationnel. On sort des croyances en tout genres.

équation de kaya explication.png

On peut faire des pronostics sur le futur de notre monde en résolvant cette équation. (C'est d'ailleurs ce que fait le fameux GIEC)

Pour mieux comprendre les choix que l'on peut faire et comment résoudre l'équation, je t'invite à lire l'article que j'ai écrit au sujet de l'équation de Kaya.

Le sénario du consensus mou

Si l'on considère le consensus mou actuel autour des facteurs de cette équation:

  • Pour garder une planète viable, on aimerait quand même limiter les gaz a effet de serre. Donc réduire par ~3 les émissions de gaz a effet de serre d'ici 2050 selon les voeux non contraignant de l'objectif de Copenhague. => on divise par 3
  • La majorité des politiciens sont POUR la croissance. Objectif (irréaliste à mon avis) de 2% par an pendant 40 ans => fois 2.2
  • La population ne va pas se mettre brusquement à diminuer.... mais elle va plutôt augmenter. (9 milliards en 2050) => fois 1.3
  • Réduire l'intensité énergétique de l'économie n'est pas facile au vu de ce qui a déjà été fait.... les ampoules économiques.. ça consomme moins mais ça consomme quand même !  On a fait 30% d'économie depuis 30 ans (suite aux chocs pétroliers). C'était la partie facile. => on ne peut pas espérer mieux que diviser par 2
  • Il faut dé-carboner les sources d'énergie. Donc énergie renouvelable à fond ! (ou nucléaire selon certains) au moins 3.7% de croissance par an = 4.29 fois en 40 ans. (valeur à virgule pour que le calcul soit juste.. mais ça reste une approximation)

Donc petit rappel pour ceux qui n'ont plus trop l'habitude des math, le principe d'une équation c'est que la partie à gauche est égale à la partie à droite !

Donc quand je divise par 3 d'un côté... je dois diviser par 3 de l'autre pour que ça reste égal ! (mais c'est pas facile... avec cette manie de la croissance à tout prix !)

Solution du consensus mou

Selon ce consensus mou sur les facteurs on obtient la solution:

Emission CO2 / 3 = (Population mondiale * 1.3) * ( PIB par habitant *2.2) * (Intensité énergétique/2) * (CO2 des sources d'énergie / 4.29)

A mon avis, cette croissance du PIB n'est pas possible. Elle compensera le fait qu'il n'est pas possible d'augmenter l'efficacité énergétique globale de l'économie à cause de l'effet rebond: toute énergie gagnée quelque part est perdue par une augmentation de l'utilisation... Ma voiture consomme moins... donc j'ai deux voitures !

Il reste à vraiment faire la transition vers des sources d'énergie sans émission de carbone....  C'est le scénario écologie libérale qui est de plus en plus à la mode... On couvre toutes nos montagnes d'éoliennes...

Est-ce que l'on peut recouvrir nos montagnes d'éoliennes au rythme de 3.7% de croissance par an pendant 40 ans ? Voilà la vraie question !

Cette vision reste de la politique du toujours plus.... C'est un choix. Personnellement, je n'y suis pas favorable.

Au lieu de produire toujours plus d'énergie pour la gaspiller ensuite... autant ne pas gaspiller d'énergie inutilement.

On arrive dans le scénario décroissant.

On sort d'une économie basée sur le productivisme dont la sur-production est consommée par la société de consommation lubrifiée par la manipulation mentale que l'on appelle la pub.

On économise de l'énergie en relocalisant, (dons on ne gaspille plus en transport) en limitant les mésusages et en offrant les usages.

Vous avez droit gratuitement à l'eau dont vous avez besoin chaque jour, mais on vous taxe très cher l'eau de luxe. (remplissage de piscine)

En cessant de gaspiller de l'énergie pour faire tourner un système, on agit sur la diminution du facteur PIB, sur la réduction des émissions de CO2, sur la diminution de l'intensité énergétique et en diminuant sa consommation d'énergie, on peut plus facilement décarbonner la production d'énergie.

A vous de créer votre propre scénario

Si vous voulez jouez vous-même avec les chiffres, voici un petit calculateur d'équation de kaya provenant du site carbon4.com.

Pour démarrer, la solution proposée ci-dessus peut s'exprimer avec des valeurs en % d'évolution par an qui ressemble à ça :
Les % restent très approximatifs si l'on veut garder des valeurs simples au vu du calcul: 1% sur 40 ans = 1.01^40

  • la population mondiale => 1% / an (approximatif...)
  • les objectifs de croissance du PIB  => 2% / an
  • l'efficacité énergétique  => - 2 % / an
  • production d'énergie sans CO2  => - 3.7% / an

Quelques pistes de scénarios possibles pour le futur

On a vu une solution possible de l'équation de Kaya. Mais il en existe des milliers d'autres.

Quels sont les facteurs que l'on peut bouger:

  • la population mondiale
  • les objectifs de croissance du PIB
  • l'efficacité énergétique
  • production d'énergie sans CO2

Contrairement à ce que l'on peut croire, et ce qui se fait en ne le respectant pas, l'objectif de réduction des gaz à effet de serre n'est pas un choix.

Avec ce cadre que peut on imaginer comme scénarios ?

Pour élargir encore un peu l'imagination, j'ai tenté des amorces de scénario à partir du concept de la spirale dynamique.

Chacune des sociétés est régie selon les valeurs des étapes d'évolution de la spirale dynamique.

 

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