Penser global agir local, la consommation collaborative comme système économique

vieille-tv.pngDepuis que j'ai fait une petite visite à la déchetterie, (que l'on peut voir dans l'émission passerelles sur canal alpha...) j'ai vu la réalité de l'ampleur des dégâts de notre société de consommation.

Ce que j'ai appris dans cette déchetterie m'a beaucoup marqué. Par exemple, le fait que le nombre de télévisions amenées à la déchetterie en 2010 a triplé juste par ce que la publicité nous disait que la coupe du monde de foot était l'occasion rêvée pour change son téléviseur cathodique en téléviseur à écran plat !

On jette ainsi de nombreux appareils qui fonctionnent encore.

S'adapter à la société ou adapter la société à soi-même ?

J'ai beaucoup de peine à me convaincre que le but de mon existence doit être de consommer pour être heureux !

.. de transformer le plus vite possible des ressources naturelles utilisables en déchets inutilisables.

Etant conscient de cette réalité, j'ai plusieurs options:

  • Je peux me morfondre dans mon coin en me disant que je ne suis qu'un marginal inadapté à la société dans laquelle je vis.
  • Je peux me dire que c'est moche, mais que c'est le système qui veut ça. Que finalement je n'en suis pas totalement responsable. Je ferme les yeux et tout continue.
  • Je peux agir pour changer cette situation.

yves_guillou_brain.pngComme je tente parfois de me culturer un peu le cerveau. J'ai eu l'occasion d'entendre et de retenir quelque jolies phrases de grands penseurs.

Jiddu Krishnamurti disait: Ce n’est pas un gage de bonne santé que d’être bien intégré dans une société profondément malade.

J'en conclu, que même si je suis un marginal dans cette société. Ce n'est pas une mauvaise chose !

Un compatriote de Krishnamurti, un certain Gandhi disait:
Sois le changement que tu veux voir dans le monde.

Ainsi, j'ai décidé que le fonctionnement de notre société de consommation ne me convient pas, et qu'il faut que ça change !

recyclage.png

Donc que faire ?

Augmenter la durée de vie des objets est une solution qui me parait intéressante.

Le plus simple pour commencer, c'est de se dire qu'il ne faut pas que tout ces téléviseurs en bon état et autres objets ne finissent bêtement à la déchetterie par ce que l'on ne sais pas où les mettre ailleurs.

On doit bien trouver un moyen simple pour mettre en relation des gens qui veulent se séparer d'objets, avec des gens qui veulent en acquérir pour pas cher ?

idee.pngC'est là que tout s'éclaircit dans mon esprit !

(réplique  du film Oscar avec Louis de Funès)

Il existe déjà un moyen populaire d'augmenter la durée de vie des objets en leur offrant une nouvelle vie ailleurs. C'est ce que proposent les sites de vente aux enchères comme ricardo.ch !

Ricardo, tout comme e-bay sont de véritables cavernes d'Ali-baba où l'on trouve tout ce qui n'est plus dans le commerce. La distribution est totalement repensée par rapport à un circuit économique classique. On utilise une économie entre particuliers.

En creusant un peu plus, je découvre, ou redécouvre que cette idée d'un système économique direct entre particuliers est en fait une tendance déjà bien présente, et grandissante.

Pour continuer dans mon jeu de citation, je dirai que l'on entend bien le fracas de l'arbre qui tombe, mais pas le murmure de la forêt qui pousse !

On parle souvent de notre société de consommation et de tous les problèmes climatiques qu'elle provoque, mais rarement du système qui émergera sur les cendres de cette société.

Cooperation_by_Merlin2525.pngEn fouillant l'idée,  j'ai découvert toute une nouvelle forme de système économique qui émerge. Ce système économique change de valeurs fondamentales.

Il n'est plus strictement un système capitaliste basé sur les valeurs d'individualisme et de concurrence. Le système responsable de la société de consommation qui nous fait consommer, individuellement, plus et plus souvent que son voisin, juste pour le rendre jaloux !

Ce nouveau système économique remet au goût du jour des valeurs de partage, de collaboration et de coopération.

Pour bien montrer que c'est une phase de transition entre deux systèmes, pour prendre un peu des valeurs de l'ancien monde et un peu des valeurs du nouveau, c'est sous le terme de consommation collaborative que l'on découvre ce nouveau système économique.

La consommation collaborative est déjà partout

Rfc1394_Blue_Sofa.pngEntrons dans le vif du sujet par des exemples. Si j'ai prévu un petit voyage à l'autre bout du monde, il est toujours plus sympa de loger chez l'habitant que dans une chambre d'hôtel froide et impersonnelle.

Il est possible depuis longtemps de s'inviter pour une nuit sur le canapé de quelqu'un... C'est ce que l'on appelle le couchsurfing. De nombreuses personnes s'organisent ainsi grâce au site web couchsurfing.org pour trouver ou offrir un hébergement.

Pour les gens qui n'ont pas trop envie de dormir sur un lit de fortune, mais qui veulent un meilleur confort.. (et donc aussi risquer de payer), il y a le site airbnb.com qui permet de trouver des locations pas chères, à la nuit, aux 4 coins du monde.

Voilà, on a de quoi se loger. Maintenant, il faut trouver de quoi se nourrir.

casserole.pngVoici donc le concept du site super-marmite.com qui propose de partager des repas. Il y a des gens qui proposent un repas chez eux et d'autres qui viennent manger. Puis, on partage les frais et tout le monde est gagnant et content.

Pour préparer à manger, il est utile d'avoir à disposition des ingrédients! La distribution de nourriture s'organise aussi de manière collaborative.

aubergine.pnglaruchequiditoui.fr est un concept qui propose de grouper des consommateurs et des producteurs de nourriture (bref des agriculteurs), d'une même région pour organiser une nouvelle forme, plus directe de distribution alimentaire. On est dans ce que l'on appelle, l'agriculture contractuelle de proximité.

Toujours dans la nourriture, on a le site lepotiron.fr (malheureusement disponible uniquement en France), qui propose aux particuliers de redistribuer les surplus de leur propre jardin.

En Suisse, il y a jarditroc.ch, une association genevoise qui a pour but de faire un troc de plantes de son jardin. Le troc aura lieu cette année le 16 avril 2011.

wedding-shoes.pngPour en revenir à la manière de donner une seconde vie à nos objets, j'observe, de plus en plus souvent, sur Facebook des amies qui revendent leur habits à leur amies. Une simple photo du vêtement concerné est envoyée, puis c'est tout un marchandage digne des souks de Fès, qui s'établit dans les commentaires en dessous.

wedding-suit.pngParfois l'idée prend de l'ampleur et il y a carrément des comptes Facebook qui sont dédiés au vide dressing.
(Neuchâtel, Yverdon, Lausanne)

La force de cette idée réside dans le fait que c'est dans son réseau d'ami que l'on revend ses objets. Ainsi la confiance est maximale et comme les amis sont des gens que l'on voit régulièrement en chair et en os, il est facile de faire l'échange. Pas besoin de local de stockage.

En dehors des habits, pour les objets en général, le site goodscommons.org permet de donner une seconde vie à ses objets. A mon avis, il y a encore trop peu de solutions pour les objets. J'ai quelques idées à ce propos que j'aimerai bien creuser.

voiture_verte.pngPour se déplacer, il existe aussi de nombreux systèmes basés sur la consommation collaborative. Il y a le système bien connu en suisse qu'est mobility.ch

Mobility est une coopérative possédant tous ses véhicules, ses coopérateurs et usagers empruntent le véhicule qu'ils ont besoin au moment où il en ont besoin.

Rfc1394_Vehicles_-_Silhouette.pngIl existe d'autres manières de partager des véhicules, par exemple, le site français livop.fr permet de partager des véhicules entre particuliers déjà propriétaires de voiture. Ainsi il peuvent partager leur véhicule pendant qu'il ne l'utilise pas. (en moyenne 90% du temps ! ... il y a du potentiel !)

Si l'on ne veut pas partager toute sa voiture, il y a moyen de juste partager une place dans voiture, pour un trajet, c'est ce que l'on fait avec le covoiturage qui s'organise autour du site: e-covoiturage.ch

Comme je l'ai déjà exprimé dernièrement sur ce blog, à mon avis, l'avenir de la mobilité va passer par des abonnements à des pack mobilité dans lesquels chaque abonné peut utiliser le moyen de transport le plus adapté du moment:

De la possibilité d'utiliser les transports publics, et/ou différentes sortes de véhicules, du vélo au véhicule utilitaire en passant par la petite voiture électrique et la grosse voiture familiale.

Ensuite, si l'on a envie de partager, mais que l'on ne sait pas trop quoi partager, sur le site easyswap.org il y a possibilité d'échanger des services ou des objets entre personnes de suisse romande et France voisine.

Le petit dernier arrivé dans le domaine des locations entre praticulier est tryngo.com/fr

Penser global, agir local

penser global agir local.jpgLe point commun de tous ces services est de concrétiser le slogan: penser global, agir local. On conçoit un site web qui est globalement accessible et qui permet de s'organiser de manière locale. Plusieurs communauté peuvent utiliser le même outils en parallèle.

C'est souvent une manière d'optimiser et de partager des ressources que tout le monde a, mais qu'il est difficile de partager sans infrastructure complexe pour le faire. Le web apporte cette infrastructure. Mais, c'est souvent le local qui a de la peine à se mettre en place.

Les clubs de partage d'objets ( par exemple, le club ichtus qui partage du matériel nautique)  et les bibliothèques ne sont pas nouveaux. Ce qui est nouveau, c'est vraiment ces outils web globaux qui permettent de mettre en lien des gens et de gérer son organisation locale.

La consommation collaborative, c'est le retour du concept de bien commun. Anne-Catherine Menétrey dans un article paru dernièrement dans Le Temps, disait que l'on va vers une économie de fonctionnalité ou de contribution.

Vers une économie où l'on échange non plus des objets, mais des droits d'usage de ces objets.

Est-ce que ça va vraiment marcher ?

Est-ce que cette tendance n'est qu'une affabulation de ma part vu que de toute façon les événements majeurs de l'avenir ne sont pas prédictibles ?

iphone.pngÀ mon avis la tendance au partage et à la collaboration n'est pas qu'une simple mode passagère. La consommation collaborative est la convergence d'habitudes déjà existantes et d'une technologie qui devient mure pour gérer une nouvelle manière de s'organiser. C'est ce mariage qui est nouveau, pas les deux parties.

Je pense que ça va marcher, car le concept est basé sur des valeurs humaines et pas seulement sur la technologie.

La technologie est un amplificateur d'habitudes latentes. La technologie n'invente jamais directement de nouveaux comportements, elle amplifie ce qui existe déjà.

Depuis la nuit des temps, les ados, dans les salles de classe bavardent pendant les cours. Mais tout au plus, avant l'ère du téléphone mobile, c'était des messages sur des bouts de papier qui faisaient le tour de la classe. Maintenant les messages sur Facebook font le tour du monde !

Un système économique est un système collaboratif

organize.pngCroyant encore que l'humain est un animal social qui aime collaborer et partager avec ses semblables. Je pense que la consommation collaborative a de l'avenir.

Cet idéal de partage et de collaboration n'est pas qu'un idéal, mais également la stratégie la plus efficace pour survivre dans un système économique.

Il ne faut pas oublier qu'un système économique est un système collaboratif. C'est un système qui est sensé combler les besoins de chacun. (ce que l'on oublie parfois et qui a pour conséquence que l'économie tourne en circuit fermé en détruisant des humains!)

Dans un système capitaliste, les règles de bases sont la concurrence et le profit individuel. Ce sont des règles égoistes. Adam Smith a expliqué que c'est grâce à cet égoïsme que le système capitaliste fonctionne. C'est ce qui permet d'obliger les gens à se spécialiser dans ce qu'ils savent le mieux faire et à collaborer.

Depuis le 18ème siècle de nombreuses études ont été faites dans le domaine de la théorie des jeux et des systèmes collaboratifs.

En 2003, Robert Axelrod et Ross A. Hammond ont montré que dans un système collaboratif la meilleure stratégie est l'ethnocentrisme.

Pour le prouver, ils ont conçu une simulation comportant des individus de plusieurs couleurs qui ont des caractères choisis aléatoirement:netlogo-ethnocentrisme.png

  • altruiste, qui coopère avec tout le monde
  • égoïste, qui ne coopère avec personne
  • ethnocentriste, qui ne coopère qu'avec ceux de la même couleur
  • extraverti, qui ne coopère qu'avec ceux de couleurs différentes

Les simulations montrent qu'à tous les coups, ce sont les ethnocentristes qui gagnent.

La conclusion que j'en tire, c'est que pour gagner dans un système collaboratif, et donc aussi dans un système économique, il ne faut ni être totalement altruiste (les idéalistes), ni totalement égoïste (les valeurs capitalistes pures).

La meilleures stratégie est de partager avec ses semblables, avec ceux qui partagent aussi avec nous. Il faut créer un bien commun qui n'est accessible qu'en y contribuant.

ivak_Bear_Trap.pngDans un domaine un peu différent, c'est cette stratégie virale qui est appliqué par la licence GPL très utilisée dans les logiciels libres. Tu as accès à tout le code qui est déjà écrit pour autant que tu donne aussi le tiens !

Le piège de tout système collaboratif est de trouver le juste équilibre qui fait que personne ne soit perçu comme un profiteur du système.

Les systèmes de consommation collaborative qui vont être mis en place doivent faire attention à ce piège, mais sinon, je suis confiant, la tendance va se renforcer.

collaboration.pngOn va de plus en plus vers des systèmes de gestion et de distribution entre pairs, (p2p) entre particuliers sans plus passer par des intermédiaires. Ceci souvent à l'intérieur de communautés de confiance.

Les commerçants et distributeurs traditionnels devront certainement se remettre en question si tout un commerce entre particuliers se développe.

Pour conclure, je dirais que la consommation collaborative me plait, car j'ai l'impression qu'elle s'inscrit bien dans une économie décroissante: une économie qui ne repose pas sur le dogme de la croissance économique.

La consommation collaborative permet de concrétiser le slogan: Moins de bien, plus de liens...

grey_orange_men_cloud.png

Avenir de la mobilité

bagnole et boulot, le paradoxe.jpgEn cette période de salon de l'auto à Genève, le sujet de l'automobile, de la voiture, de la bagnole est sur toutes les lèvres.

Comme j'entends tout et n'importe quoi. Je me suis décidé à aussi donner mon avis sur la mobilité.

Je me suis déjà exprimé longuement sur la trottinette, ou sur le vélo comme moyen de transport idéal.

Ainsi que sur la place de la voiture dans notre société, dont notamment son énorme influence sur l'urbanisme.

Parlons aujourd'hui de mon impression sur les tendances qui se profilent dans le domaine de la mobilité.

L'abonnement mobilité

Plus j'y réfléchi, plus je pense que l'avenir de la mobilité passe certainement par des "abonnements mobilité".

Un pack qui comprend la possibilité d'utiliser les transports publics, et/ou différentes sortes de véhicules, du vélo au véhicule utilitaire en passant par la petite voiture électrique et la grosse voiture familiale.

Ainsi, en tout temps il est possible d'utiliser le véhicule qui correspond à ses besoins.

C'est déjà ce que propose la coopérative d'autopartage Mobility.

Pourquoi avoir toute l'année un véhicule qui n'est adapté que 2 semaines par année ?

Dans le modèle actuel, les gens achètent une grosse voiture familiale qui a une autonomie de 1000km juste pour être certain d'avoir le véhicule qu'il faut pour les 2 semaines annuelles de vacances à l'étranger en famille.

Alors que finalement la petite voiture électrique 2 places avec une autonomie de 200 km correspond aux besoins quotidiens des 5km à faire pour aller au travail ou au centre commercial du coin !

Selon les statistiques de l'OFS, 12 % des automobilistes circulent moins d'1 km, 34 % ne dépassent pas les 3 km et 50 % pas les 5 km !

Le pack de mobilité, une chance pour les véhicules électriques

voiture électrique.jpg

C'est certainement par des packs mobilité que l'on va voir les voitures électriques arriver dans le parc automobile courant.

Ainsi, on minimise les 2 principaux inconvénients qui relèguent, depuis 20 ans, la voiture électrique au rang de modèle d'essai pour passionnés:

- c'est à dire, le prix et l'autonomie en km.

C'est bien ces faiblesses que montrait l'émission A bon entendeur sur la TSR le 1 mars dernier.

Des initiatives allant dans le sens d'un pack de mobilité commence à voir le jour.

C'est exactement dans cette idée de pack de mobilité que Migros c'est lancé fin 2010 avec son offre M-Way.

Ne plus échanger des biens matériels, mais des droits d'usage

L'idée d'avenir n'est plus d'échanger des biens matériels, mais des droits d'usage. C'est ce que disait Anne-Catherine Menétray-Savary dans un article à propos de la décroissance, dans le journal Le Temps, le 22 février 2011.

Cette idée n'est pas réservée au seul domaine des transports. C'est une tendance de fond qui commence à émerger dans tous les domaines de l'économie.

Ceci s'explique par un retour (via l'habitude des nouveaux outils de collaboration sur internet) des valeurs de partage, de collaboration de coopération, de biens communs. Ces valeurs se présentent comme des alternatives à l'individualisme prôné par le capitalisme.

Cela correspond tout à fait au slogan des objecteurs de croissance: Moins de biens plus de liens.

Actuellement, on voit dans tous les domaines de l'économie se créer des nouveaux services favorisant la  consommation collaborative. Grâce à internet, les gens partagent des canapés pour une nuit, des repas, des objets, des véhicules, des places dans des véhicules, etc...

Pour ne pas trop dévier du domaine des transports je vais revenir pus tard sur le concept de consommation collaborative, mais pour ceux qui veulent déjà approfondir le sujet, je propos de suivre le site web consocollaborative.com qui tente de référencer toutes les actions qui existent déjà dans ce sens.

L'avenir est à la collaboration et au partage !

Et si le travail devenait optionnel pour avoir un revenu ?

Martouf a plein d argent.jpgDans notre société, pour vivre, nous sommes obligé d'avoir un revenu. De recevoir de l'argent.
La plupart du temps, nous pensons qu'il faut travailler pour recevoir un revenu.

Que penseriez-vous de recevoir un revenu suffisant pour vivre, juste par ce que vous vivez ?

Chacun reçoit un revenu, homme, femme, enfants. Ceci, sans aucune condition à remplir.

Plus besoin de travailler pour avoir un revenu. Seuls les gens qui en ont envie travaillent.

C'est le concept du revenu de base inconditionnel. (aussi appelé allocation universelle)

Est-ce une utopie ?

Il y a de plus en plus d'études, par des approches différentes, qui montrent que le revenu de base inconditionnel est une bonne solution pour répondre aux problèmes de notre système économique actuel.

C'est pour cette raison qu'un nombre grandissant de personnes défendent le principe du revenu de base inconditionnel.

Le conseiller national Josef Zisyadis a déposé l'année dernière une initative parlementaire pour demander l'instauration d'un revenu de base inconditionnel.

Le Réseau d'Objecteur de Croissance Neuchâtelois organise le 10 mars 2011, un café décroissance sur le sujet du revenu de base inconditionnel. Réservez déjà la date !

Pour tenter de diffuser l'idée d'un tel revenu de base, le cinéaste allemand Enno Schmidt et le balois Daniel Häni ont réalisé un film qui montre le fonctionnement et le financement d'un revenu de base inconditionnel.

Voici un extrait de ce film que j'ai monté:

L'extrait officiel de ce film est par ici, mais je le trouve moins bien que celui que j'ai fait.

Il est possible de voir l'intégral de ce film à propos du revenu de base inconditionnel ou de le télécharger gratuitement sur le site de kultkino.ch.

Vous pouvez aussi voir mes notes à propos de ce film. ça permet de survoler par écrit tout ce qui est dit.

De l'emploi pour tous !?

Un des slogans favoris des partis de gauche est "Des places de travail pour tout le monde !"

Or, cela fait plus de 100 ans que l'on tente de remplacer les humains par des machines dans les usines. Alors, est ce que l'on veut des emplois pour les machines ou pour les humains ?

Avec la mécanisation, puis l'informatisation nous sommes devenu toujours plus productif avec toujours moins de monde.

Aux USA, en 1982, on produisait 75 millons de tonnes d'acier avec 300 000 travailleurs, en 2002, on a produit 100 millions de tonnes d'acier avec seulement 74 000 travailleurs. Soit 4 fois moins !

De les banques, c'est pareil. Avec l'utilisation généralisée des services bancaires online, on a divisé par 10 le nombre d'employés!

Donc il devient de plus en plus dur de trouver un emploi pour tout le monde. On est obligé de produire toujours plus si l'on veut encore engager des gens. On est obligé de miser sur une croissance de la production. Et sur une croissance de la manipulation mentale par la publicité pour obliger les gens à consommer encore plus ce qui est produit !

Beau projet d'avenir !

D'un point de vue écologique, je ne suis pas certain que notre planète supporte longtemps notre habitude de transformer toujours plus vite des ressources naturelles en déchets !
(la planète survivra... la vie.. un peu moins..)

Au vu de ces constatations, on peut faire une croix sur le mythe du plein emploi ! D'ailleurs c'est déjà le cas depuis longtemps. La plupart des systèmes économiques tournent avec un taux de chômage structurel entre 5% et 10%.

Il devient assez évident de voir que vouloir le plein emploi en misant sur le dogme de la croissance économique est illusoir ! Une autre approche doit être trouvée. Le revenu de base inconditionnel est une piste intéressante.

Motivation au travail

Un système économique est un gros système collaboratif. Pour que tout fonctionne, il faut que tout le monde y mette du sien. C'est d'autant plus vrai dans une société hyper-spécialisée comme la notre. La plupart des gens ne travaillent pas directement pour créer leur nourriture, mais échangent des services qui vont leur faire gagner de l'argent pour s'acheter de la nourriture.

La motivation à contribuer à ce système collaboratif est donc capitale. Comment motiver les gens ?

Un des moyens de motivation le plus utilisé dans le monde du travail, est le fait de gagner de l'argent.
Si tu travailles plus, tu gagnes plus d'argent !

Cette question a été discutée le 9 novembre 2010, lors d'une conférence à propos du revenu de base inconditionnel organisée à Genève.

Voici ci-dessous la vidéo de cette partie de la conférence. Le reste de la conférence est également disponible en vidéos.

Samuel Bendahan - EPFL / IMD : Revenu Universel, avenir ou utopie ? from Rezonance on Vimeo.

Des économistes comportementalistes ont étudié dans quelles limites cette motivation par l'argent fonctionne. Ils en arrivent à dire que finalement, ce système fonctionne jusqu'à un certain plafond. Au delà, la motivation financière ne fonctionne plus.

Pire ! Il existe des cas, où l'instauration d'un système de motivation lié à l'argent donne des résultats plus mauvais !

C'est l'expérience qui a été faite dans une crêche où certains parents arrivent systématiquement en retard. L'idée a été d'instaurer un système d'amendes pour taxer financièrement les parents en retard. L'effet a été droit l'inverse ! Le nombre de retard a augmenté.

Le fait d'avoir remplacé une obligation morale par de l'argent à donné l'impression aux gens qu'il pouvaient acheter leur retard.

Ainsi, on observe qu'une motivation morale est souvent plus efficace qu'une motivation financière.

Ainsi, une personne qui fait un travail qu'elle aime et qui correspond à ses valeurs le fera plus efficacement qu'un travail qui n'est fait que pour gagner de l'argent !

Un travail optionnel est souvent mieux fait qu'un travail obligatoire !

Quand on voit la quantité de travail qui est effectué chaque année de manière bénévole, on voit que le travail bénévole n'est pas négligeable. L'année 2011 est d'ailleurs l'année europénne du bénévolat.

Avec des outils de collaboration qui s'étendent toujours à plus grande échelle sur internet, le nombre de services créés et gérés par des bénévoles et des amateurs est en pleine explosion.

Wikipedia est une encyclopédie faite par des bénévoles, openstreetmap est une carte faites par des bénévoles, youtube est rempli de mini chaines de télévision bénévoles.

Tous ces sites web fonctionnent sur une infrastructure logicielle qui a bien souvent été conçue par des bénévoles (linux, et plein d'autres logiciels libres...). Enormément de blogs sont le fait de bénévoles (celui-ci par exemple :P), ils traitent de tellement de sujets que finalement, les blogs bénévoles ont quasiment tué la presse magasine professionnelle.

Dans le domaine de l'information, les bénévoles sont en train de tuer tout le marché professionnel, car il font de l'information de qualité souvent professionnelle mais qui est livrée gratuitement !

Le revenu de base permet de financer des activités actuellement difficilement financables

Les biens communs

Comme on l'a vu ci-dessus. Il y a déjà un travail énorme qui est effectué par des bénévoles. Le revenu de base permet d'amplifier cet élan de création et de travail bénévole. Avec un revenu, assuré par le revenu de base incoditionnel, ce qui est une activité bénévoles annexe pratiquée dans des temps libres peut devenir une activité principale.

C'est un gain pour tout le monde. Ce travail devient bien souvent un travail de création de biens commun.

La culture

La culture est probablement la grande gagnante de l'instauration d'un revenu de base inconditionnel. Les artistes ont toujours eu du mal a être financés. Contrairement à ce que certaines maisons de disque tentent de nous faire croire, le principal problème des artistes ce n'est pas de se faire pirater, c'est de se faire connaitre.

Ainsi, avec un revenu déjà assuré, les artistes vont pouvoir utiliser tous les systèmes de distribution possibles, comme les peer-to-peer, qui sont techniquement des systèmes excellents, mais qui sont la bête noir des Majors, car il n'y a pas moyen de controller la distribution. (et donc de faire payer)

L'éducation

Pour en revenir à une réalité bien plus terre à terre. Le revenu de base inconditionnel permet également de financer l'éducation des enfants. Un enfant étant un être humain vivant, lui aussi a droit à un revenu de base inconditionnel.

La charge financière est donc allégée pour les familles.

Les combats féministes ont libéré la femme de sa condition de maitresse de maison pendant que son mari travaille à l'extérieur.
Très bien ! Maintenant les femmes peuvent aussi travailler à l'extérieur. Malheureusement, le système a récupéré cette évolution pour faire travailler 2 fois plus de monde! Le mari et la femme travaillent à l'extérieur.

Et finalement en rentrant à la maison il y a toujours le travail ménager qui attend..... et les gosses en train de se faire laver le cerveau par la pub à la TV...

Oui, c'est la réalité actuelle, quand on travaille à deux à l'extérieur de la maison, il devient de plus en plus dur de s'occuper des enfants.
Il faut donc des structures d'accueil.. des crèches.. et finalement c'est l'école qui s'occupe d'éduquer les gosses (après la TV)
Les maths, la lecture, l'écriture, tout le programme scolaire fini par être une tâche secondaire pour l'école, tellement la place de l'éducation grandit.

Beau projet d'avenir...

L'idéal d'une égalité homme-femme devrait permettre, dans tous les cas d'avoir au moins un des deux parents (voilà l'égalité)  qui peut rester à la maison s'occuper de l'éducation des enfants. (et d'avoir le plaisir de voir ses enfants grandir) Pour ça il faut quand même un revenu.

Ce que les gens veulent, ce n'est pas un emploi qui les éloignent de chez eux et de leur famille. Ce que les gens veulent c'est un revenu !

Le revenu de base inconditionnel est ce revenu qui permet aux familles de voir leurs enfants grandir et de les éduquer. Bien éduquer des enfants, c'est profitable pour toute la société !

Comment financer un revenu de base inconditionnel ?

En Alaska, un revenu citoyen existe depuis 1976, il est financé par l'exploitation des ressources naturelles.

Mais tous les pays ne sont pas assez riches en ressources pour financer un tel revenu.

Daniel Häni et Enno Schmidt recommandent d'utiliser un système où l'on remplace l'impôt sur le revenu par un impôt sur la consommation. Une sorte de TVA qui vaut la moitié du prix.

Couplée à un revenu de base une tva n'est pas un impôt anti-social. On arrive même à faire un impôt progressif !

Un autre avantage de ce système est d'empêcher l'évasion fiscale. A une époque où la concurrence fiscale est plus tendue que jamais entre les cantons suisses et entre l'union européenne et la suisse. La réforme de ce système calmerait les tensions.

Le BIEN - CH, (Basic Income Earth Network) vient de publier un livre à propos des différentes manières de financer un revenu de base inconditionnel.

Une autre approche pour financer un revenu de base inconditionnel est de réformer le système monétaire. La création monétaire par le crédit bancaire profite principalement aux banquiers. En réformant la manière de créer l'argent, les bénéfices de cette création monétaire peuvent être utilisé pour financer un revenu de base inconditionnel.

C'est ce que présente Stéphane Laborde dans son livre, La Théorie Relative de la Monnaie.

Il existe donc de nombreuses pistes à étudier pour rendre possible ce véritable projet politique qui s'inscrit dans la suite logique de ce que nos ancêtres ont mis en place avec un système de retraite comme l'AVS.

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