Sans que l'on s'en rende encore vraiment compte, le monde de la fabrication d'objets change. Les pièces du puzzle d'un artisanat industriel se mettent en place.
Mais déjà, avant d'aller dans le futur, comment est-ce que l'on fabrique des objets maintenant ?
Pour bien comprendre, faisons un petit retour historique.
Nous voici dans un passé lointain, ou les humains grâce à leurs mains munies d'un pouce opposable se mettent à utiliser des objets. Tout d'abord il s'agit d'objets ramassés. Trouvés en l'état. Puis ils commencent à être façonnés. C'est le début de l'artisanat.
Un artisan réalise un objet du début à la fin, et il réalise ce travail chez lui.
Puis arrive la révolution industrielle. Pour des raisons d'efficacité, on invente la division du travail, la spécialisation et ceci débarque sur le travail à la chaine. Comme on ne peut pas faire une chaine qui traverse toute une ville. On invente l'usine !
(quoique, comme l'a relevé Marx, La Chaux-de-Fonds montre le contraire. La ville entière est une usine d'horlogerie!)
Ce modèle industriel est tellement efficace que petit à petit, il remplace quasi complètement l'artisanat.
Au passage, ce modèle industriel induit de profonds changement sociaux. Il crée des classes. Des ouvriers, des cadres et des patrons.
C'est la glorieuse époque de la lutte des classes.
Et l'on arrive à Karl Marx que tout le monde connait et associe au communisme. Mais qu'a vraiment dit Marx ?
En très bref, il a écrit (mais ne l'a pas terminé) un bouquin qui s'appel le Capital. Dans lequel il explique le fonctionnement de l'économie capitaliste issue de la révolution industrielle:
- pour produire, il faut des moyens de production
- des moyens des productions (une usine) c'est très cher. Il faut donc du capital
- => seuls les riches peuvent être propriétaires des moyens de production
- les autres, les prolétaires sont condamnés à travailler dans les usines pour produire en échange d'un salaire
- quand l'usine a été rentabilisée. Le bénéfice de la production va uniquement dans les poches du patron. Il devient donc un esclavagiste !
- => c'est ce dernier point qui va lancer l'idée du communisme: la propriété des moyens de production aux ouvriers !
Et voilà que de simples divergences d'opinions sur la manière d'organiser une production industrielle d'objets va modeler toute la politique du 20ème siècle !
La querelle ne remet même pas en cause le mode de production, juste son organisation.
Ceci montre bien à quel point la production d'objets est capable de changer le monde !
Quelle influence aura sur le monde le changement que je vais te décrire dans quelques instants ? Ce n'est pas un simple changement d'organisation de la production. C'est un véritable changement du mode de production. Comme l'a été le passage de l'artisanat à l'industrie.
J'ai dit ci-dessus que les techniques de production d'objets influencent terriblement le monde. Mais il y a des techniques qui influencent encore plus le monde. Il s'agit des techniques de l'information:
- l'invention de l'écriture à engendré le droit, l'Etat.
- l'invention de l'imprimerie a engendré la réforme. La démocratisation des Bibles a libéré la société de l'emprise de l'église
- l'invention du web est toujours en train de transformer notre monde pour engendrer quoi ? ... c'est encore flou. Mais il est indéniable que l'accès a l'information est totalement différent de ce qu'il était avant.
=> ajout en mai 2018: On commence à voir les pouvoirs que remet en cause l'arrivée du web..... journalistes, politique, monnaie, écoles, etc..
Tous les domaines d'activités lié à l'information ont complètement été chamboulé. La presse, les télécom, la diffusion de musique, de film, de livre, etc...
Convergence entre le monde de l'information et le monde de la production d'objets
Cette vague de chamboulement que le monde de l'information a vécu ces 20 dernières années arrive dans le monde physique, dans le monde des objets.
Voilà la grande révolution que j'appelle l'artisanat industriel.
Pour découvrir ce qui nous attend dans le monde de la production d'objets, il suffit d'y appliquer les recettes qui sont utilisées dans le monde de la production d'objets dématérialisés, d'objets du monde de l'information.
On bref, nous allons vers..
- la personnalisation des objets
- le financement par les foules
- les communautés de co-créateurs à la place des entreprises.
Les 3 goulets d'étrangelement des biens physiques
Observons les conditions que doit remplir un objet pour exister dans une société industrielle.
Pour exister, un objet doit être....
- assez demandé pour être fabriqué
- assez demandé pour être en magasin
- assez demandé pour que sa promotion soit assurée. (savoir où le trouver et qu'il existe.. pub, vitrine...)
Le web a déjà permi de faire sauter 2 de ces goulets avec des sites comme Groupon, qui permettent de se mettre ensemble pour acheter un produit avec un fort rabbais. Donc la promotion est assurée et la demande en magasin est assurée.
=> Il ne reste que le goulet de fabrication à faire sauter. C'est ce qui est en train d'arriver.
Ceci grâce à de nouveaux outils de productions.
Imprimante 3D et découpeuse laser
Ce qui révolutionne le monde des objets est le fait que pour une somme accessible aux particuliers, il est possible d'acheter une usine à tout faire !
C'est ici que l'on parle de l'imprimante 3D. A notre époque, quasi tout le monde a chez soi une imprimante qui permet de déposer sur papier du texte et des images. L'imprimante 3D, comme son nom l'indique, ajoute une troisième dimmension. Elle est capable d'imprimer des objets à partir d'un modèle 3D.
Il existe de nombreuses variantes d'imprimantes 3D capables d'imprimer des objets de toutes tailles, de quelques micron à la taille du fuselage d'un avion. Si la plupart des imprimantes 3D fabriquent des objets en plastique, certaines impriment des matières aussi diverses et variées que le chocolat ou des cellules souches !
Voici de quoi imaginer ce à quoi ressemblera notre futur. Nous mangerons des steaks imprimés chez nous avec des protéines d'insecte élevé à la maison. Les plus grands "food designer" concevrons les plats les plus rafinés que vous pourrez télécharger.
Un problème de rein... allons en imprimer un nouveau et changeons-le. C'est n'est pas tellement de la science fiction, il existe déjà une homme qui vit avec une vessie imprimée !
La technique de l'impression 3D est dans ce domaine un concurrent direct de la biologie de synthèse dont j'ai déjà parlé il y a un peu plus d'une année dans un article. On est dans la même logique: créer un objet physique à l'aide d'une description numérique.
Hormis l'imprimante 3D, il y a un autre outil qui a beaucoup de succès. On en parle moins car c'est moins impressionnant. Mais c'est très utile. Il s'agit de la découpeuse laser. Là on reste dans la 2d. Mais On trouve des découpeuse laser qui coupent tout, du papier au métal.
Bon, les matériaux les plus populaires sont plutôt le bois et le plexiglas.
Les Fab-labs
Bien que le coût de ces usines à domicile soit abordable, c'est encore cher. Heureusement, il exise le principe des Fab-lab. Ce sont des laboratoires de fabrication qui sont ouverts au public. N'importe qui peut y venir utiliser les machines !
Bien que le concept se répend un peu partout. Il n'y a pas de fab-lab à chaque coin de rue. Cependant, j'ai eu la chance de découvrir qu'il y en a un à 5 minutes à pied de mon bureau !
Le Fab-lab de Neuchâtel: fablab-neuch.ch est situé en face de la gare. De manière générale, le mecredi matin les machines sont en accès libre. Le mercredi après-midi. Pour une modique sommes CHF 70.- il est possible de réserver les machines.
Je sens que mon imagination bouillonnante va pouvoir bientôt matérialiser des objets !
L'usine au bout du clic
Si l'on est un "nerd" enfermé chez soi et que l'on a pas envie de participer à l'ambiance collaborative d'un Fab-lab, il est toujours possible de ne pas mettre les mains dans la camboui (bien que le camboui est rare) et de rester uniquement dans la conception numérique et de confier la réalisation physique à des usines en ligne.
En effet, il y a des entreprises qui se sont montées autour du principe de la réalisation d'objet à la demande avec des imprimantes 3D.
- ponoko.com est une usine au bout du clic. A l'image des photos que l'on fait imprimer dans un labo. Ponoko imprime en 3D (ou découpe) et vous envoie les objets que vous avez conçus et dont vous avez envoyé les fichiers.
- shapeways.com est un concurrent de ponoko. On peut aussi se créer sa boutique avec les objets que l'on crée et met en vente à la demande. (Tout comme je le fais avec ma boutique de t-shirts: http://girafe.spreadshirt.net )
Pour les gens qui n'y connaissent rien à la conception d'objets il existe même un service pour les gens qui n'ont que des idées !
- quirky.com est une manière pour les inventeurs de voir leur invention réalisées sans avoir à ne rien faire d'autre que d'avoir une idée.
- un inventeur a une idée...
- il la soumet à la communauté
- si l'idée est populaire
- elle est conçue dans les détails par l'équipe de quirky
- elle est commandée à la fabrication à une usine
- l'inventeur reçoit une part des bénéfices de son idée
La personnalisation
La grande nouveauté de cet artisanat industriel et ce pourquoi je l'appelle ainsi, c'est la personnalisation.
- dans l'artisanat, chaque objet est unique. C'est le produit du savoir faire d'un artisan.
- dans le monde industriel, les objets sont fabriqués en grand nombre.
L'artisanat industriel mélange ces deux mondes. Il possible de faire chez soi, des objets personnalisés, comme du temps de l'artisanat. Mais c'est une réalisation faite par une machine, donc plutôt industrielle.
Si, comme dit plus haut on transpose ce qui est arrivé au monde de l'information dans le monde physique. La personnalisation va de soi.
Petit exemple, sur facebook, chacun a un flux d'information personnalisé !
Cette réflexion sur l'avenir de la fabrication d'objets est inspirée par la lecture du livre Makers, la nouvelle révolution industrielle écrit par Chris Andersen.
Pour en savoir plus, voici le site web du livre: http://www.makers-revolution.com ainsi que mes notes à propos de ce livre.
Chris Andersen est déjà l'auteur du livre: La longue traine. Dans lequel il explique que grace aux boutique web, il est possible de faire tourner une boutique sans vendre des produits de masse. Mais en vendant des produits de niche.
Le principe de la longue traine s'explique bien avec une librairie. Une petite librairie dispose d'une place de vente et de stockage limitée.
Donc elle ne va vendre que des "best-seller" des livres qui se vendent bien. Elle ne va pas s'encombrer de livres dont on ne vend qu'un seul exemplaire par année.
Une librairie comme Amazon a une place de stockage qui ne coûte pas cher et un magasin virtuel infini. Donc elle se permet de vendre des livres qui ne sont vendus qu'une fois par an. Et finalement le potentiel de vente de livres différents mais rarement vendu est autant voir plus grand que de vendre beaucoup d'exemplaires d'un nombre restreint de livre.
- Ancien modèle: beaucoup d'exemplaires de peu de livres.
- modèle longue traine: peu d'exemplaires de beaucoup de livres différents.
Chris Andersen nous annonce que ce principe arrive dans le monde industriel grâce aux imprimante 3D et découpeuses laser qui permettent de fabriquer des petites séries d'objets pour pas cher.
C'est ainsi que fonctionne les usines au bout du clic ponoko.com et shapeways.com.
Le financement par les foules
On a vu que l'ère industrielle a favorisé les riches. Des gens capables d'acheter des moyens de production.
Si l'on a pas la chance d'être riche mais que l'on veut quand même se lancer dans l'industrie, le système capitaliste à développé plusieurs mécanismes:
- le crédit
- le capital risque du type start-up
- la bourse
Ces systèmes sont effectivement utilisables, mais il ne sont pas accessible à tous et ont certains désavantages.
Le crédit est un moyen de concentrer à un moment donné un capital et d'étaler le payement sur du long terme. Mais il est lié à des intérêts. Du coup, sur le long terme on va dépenser 3 fois plus d'argent, et il y a un sérieux risque de ne pas pouvoir rembourser si l'on se plante.
Si l'on est une start-up qui a l'air intéressante, il y a peut être un gentil investisseur qui va vous donner de l'argent pour démarrer en espérant un jour en gagner avec ce que vous aller réaliser. Mais en échange, il va demander une partie de votre entreprise et surtout des revenus de celle-ci !
La bourse utilise le même principe, mais au lieu d'avoir un seul investisseur, on découpe le capital de l'entreprise en de nombreuses parts que l'on vend à de nombreux investisseurs !
(Avec en plus la possibilité de spéculer sur la valeur des parts d'entreprise! ... donc faire de l'argent en étant totalement déconnecté du monde industriel.)
On voit que le nombre de riche étant limité, ces outils se sont répandus très vite et finalement de nos jours 97% des flux monétaires sont financiers et plus industriels !
La révolution industrielle a conduit à l'invention du monde banquaire et financier. La prochaine révolution industrielle va probablement chambouler ce monde de la finance.
Bref, avec ces mécanismes on perd toujours quelque chose et on est pas certain que l'idée marche vraiment.
Comment faire pour éviter ces mécanismes ?
Pour trouver la solution, observons la solution qu'ont trouvé des agriculteurs pour vendre leur production. L'agriculture contractuelle.
La production de nourriture est achetée à l'avance par les consommateurs. Ils achètent un panier. L'agriculteur ne produit pas s'il n'est pas certain d'avoir sa production écoulée.
Dans le domaine des biens d'information (toujours notre modèle à transposer sur le monde physique), on trouve des sites web qui permettent de réaliser une opération similaire à l'agriculture contractuelle. On a appelle ceci le financement communautaire (crowdfunding)
Si je veux réaliser un film. Je présente mon projet sur le site http://www.kickstarter.com . J'indique le montant qu'il me faut pour réaliser le film. Le site m'impose un délai durant lequel trouver des gens qui font des promesses de dons pour financer mon film. Si j'arrive à la somme voulue dans les délais. Les gens doivent payer et le projet démarre. En revanche, si la somme n'est pas atteinte, c'est probablement que le projet n'est pas bon et qu'il faut le revoir.
On observe de plus en plus que cet outil est détourné pour financer non pas des biens d'information avec des dons. Mais des objets physiques.
Un exemple étonnant. Tu veux acheter une sonde spatiale pour aller explorer la lune ? ... C'est par ici....
Le site de financement communautaire permet de faire une étude de marché pour voir si le produit aura du succès, ainsi que de prendre des pré-commande.
Ainsi, on limite les risques de se planter, on a déjà des clients et on ne doit pas partager son entreprise. Dans le monde de demain, on a tout avantage à faire du financement par les foules.
Ça implique que les banquiers perdent de leur pouvoir de décision sur ce qu'ils veulent financer ou non en accordant des crédits.
Les communautés de co-créateurs
Un artisan travaillait généralement seul. Avec la révolution industrielle et la création d'usine, la notion d'entreprise est devenue importante.
Avec l'artisanat industriel, est ce que l'entreprise est toujours utile ?
D'un point de vue financier, on vient de voir que non. Il n'est plus nécessaire d'avoir une entité juridique à vendre pour se financer.
D'un point de vue de la production d'objets, vu que l'automatisation y est pour beaucoup. Pas besoin d'être beaucoup de monde et donc pas besoin de créer un groupe de gens appelé entreprise.
C'est du point de vue de la conception qu'il est intéressant de regrouper ses forces, d'avoir un brassage d'idée avec beaucoup de monde. Mais est-ce que le cadre d'une entreprise est nécessaire ? Je ne le pense pas.
Pour s'en convaincre, on va encore une fois transposer dans le monde physique les pratiques du monde de l'information numérique.
Il faut surtout observer le monde du développement de logiciel. Il existe de nombreux logiciels qui sont "open source". Donc les sources sont ouvertes et le développement du logiciel est fait par une communauté, pas par une entreprise. Les exemples les plus connus sont linux, firefox, libre-office, etc... et bien souvent tous les logiciels cachés au grand public mais qui sont la base de l'internet, du web, du e-mail....
Les communautés de concepteurs sont l'avenir de la création d'objets.
La communauté fédère les forces mieux que l'entreprise
Il y a beaucoup d'entreprises leader dans leur domaine se vantent d'avoir recruté les meilleurs chercheurs du domaine. Souvent elles oublient de préciser... les meilleurs qui ont bien voulu venir....
Le cadre proposé par une entreprise est souvent très exclusif. On ne doit travailler que pour une seule entreprise. Il est aussi très contraignant. On doit travailler dans un lieu précis, avec des conditions précises... beaucoup de gens refusent de changer de vie pour aller se mettre au service d'une entreprise.
Si l'on observe le monde des moteurs de rendu pour navigateur web. Il y a deux grands projet open source, il s'agit de Gecko qui propulse Firfox et Webkit qui propulse Safari, Chrome et depuis peu Opéra.
Opéra développait son propre moteur de rendu pour son navigateur web. Mais probablement que cette entreprise n'a pas pu régatter face à la force des deux grands géants open source.
Il reste encore microsoft qui est dans la course avec son moteur Trident. Mais avec beaucoup de retard par rapport aux géants open source. Comme quoi, même un géant de l'informatique ne peut pas régatter contre des communautés de créateurs.
En ce qui concerne l'exclusivité, on observe parfois que des gens contribuent aux deux projets concurrents. Parfois pour tester deux manières différentes de faire. Ce qui permet plus tard de savoir quelle est la meilleure.
Un autre facteur en faveur des communautés réside dans le fait que les entreprises, pour des raisons de budget ne peuvent pas forcément engager un grand nombre de chercheurs.
Peut être qu'elle ont LE meilleur chercheur tout seul. Mais la communauté accepte tout le monde, elle a peut être pas LE meilleur, mais les 9 meilleurs suivants !
Il y a des domaines dans lesquels on forme beaucoup de gens, mais on engage peu. Ainsi, la communauté offre un lieu où ces gens peuvent s'exprimer.
C'est ce que l'on peut voir avec l'exemple du métier de designer en automobile. Beaucoup de designer aimeraient travailler dans se domaine, mais peu sont engagés par l'industrie automobile. Les designers non sélectionnés finissent donc par concevoir d'autres choses comme des brosses à dent et des stylos et ceci pour avoir un travail pour vivre.
Mais si on leur propose un projet de conception de voiture open source tel que wikispeed, il est fort probable que ça les intéresses de participer à cette communauté de co-créateurs.
Construis tes rêves... ou bien quelqu'un d'autre va t'embaucher pour construire les siens !
Tout comme la révolution industrielle a modelé notre société actuelle, son économie, ses institutions politiques, son réseau de transport et de communication, cette nouvelle révolution industrielle risque de chambouler pas mal de chose.
Comme tout est lié, il est difficile de dire quel est l'avenir que l'on aura. Chaque modification fait bouger tout l'édifice comme dans une partie de mikao.
Cependant, il ne faut pas oublier que notre société n'est que le reflet de ce que l'on veut. De tout temps les sociétés humaines ont été guidées par des prophètes et des visionnaires...
Il est possible de constuire un projet de société autour de ces nouvelles possibilités.
Nous entrons dans l'ère de la créativité, de la collaboration et du partage.
Voici quelques réflexions qui vont dans ce sens et que j'ai déjà abordé sur ce site:
- Il est temps de ré-organiser la manière dont est assurée notre survie. Le projet du revenu de base inconditionnel permet de construire le socle d'une société dans laquelle chacun peut librement contribuer à diverse communautés de co-créateurs. Lire mon article à propos des avantages d'un revenu de base inconditionnel.
- Le droit d'auteur privatif par défaut n'est plus un outil en faveur du partage et de l'innovation comme il l'avait été créer, il doit évoluer pour s'apporcher d'un fonctionnement où l'auteur choisi les conditions qu'il veut appliquer à son oeuvre. Comme le propose les licences Créative Commons.
- La culture du Remix est naturelle chez l'humain. On apprend en copiant. On évite de ré-inventer la roue en adaptant un projet existant à ses besoins particuliers et on enrichi les biens communs de l'humanité. Pour être concrêt voici un exemple de mon utilisation de la culture du remix.
Super article, merci 😉
Je « tombe » sur ce site en venant de plusconscient.net. Piouw! Y’a à lire et du beau! Bravo
Merci pour ce commentaire élogieux qui m’incite à continuer à faire ce genre d’article 🙂
Très bon article, je suis tombé sur ce site par hasard et je suis bien tombé. ;,)
Bien tombé… j’en conclu que la chute n’a pas fait trop mal 😛
Merci pour le compliment. et bonne suite de lecture…
Magnifique article, Mathieu 🙂 Je vois tout ça aller vers une société fondée sur le « contributisme libre » pour la création et la gestion de communs, prenant peu à peu l’espace jusqu’alors réservé aux Etats et à la propriété privée. Il reste à mon sens certaines difficultés comme par exemple la « juste » mesure P2P des contributions (pour les rétributions) ou les droits de gouvernance associés au degré de contribution (mais pas seulement: on peut contribuer beaucoup à faire avancer un bateau en ramant sans avoir nécessairement la compétence pour le diriger vers son objectif). Ouvert à toute discussion avec toi ou d’autres sur la question des modèles contributistes (genre open-source)
Merci pour ton excellent commentaire.
C’est un sujet passionnant, en plein développement. Mais encore très flou.
J’aime beaucoup la notion de communauté de co-créateurs qui s’associent au gré des envies.
C’est vraiment le modèle des logiciels libres. Github est un écosystème avec du code qui voyage dans des projets collaboratifs.
Il faut juste assurer que tout le monde puisse vivre pour pouvoir contribuer librement. C’est là que s’inscrit pour moi le Revenu de Base Inconditionnel.
Puis, pour les infrastructures de collaboration. J’avais entendu une conférence de Michel Bowens à alternatiba en 2015 qui disait qu’il étudie les modèles collaboratifs et comment les faire vivre sur le long terme. Son idée est basée sur l’observation de wikipedia. Pour l’infrastructure, il faut a une fondation qui gère la chose. Pour l’utilisation c’est totalement libre. Ainsi tu peux séparer la gouvernance de l’écosystème et celle de l’infrastructure.
A cela, il y a évidement une base légale sur l’open-source pour permettre la contribution, sinon ça ne sert à rien, on reste dans l’entrave du droit d’auteur, de la propriété privée.
En ce qui concerne la gouvernance et le droit d’avoir plus de pouvoir pour ceux qui contribuent plus que d’autres. Je me suis beaucoup questionné à ce sujet, et c’est lors de l’atelier du nous que j’avais fait avec l’université du nous que j’avais eu les meilleures réponses. Lors d’un atelier sensoriel, le but était de gérer un orchestre. Il y a un tapis avec plein d’instruments de musique et on teste comment faire une symphonie en groupe.
Il y a les gens qui ne savent jouer de rien, les débutants, les amateurs et le musiciens chevronnés… bref un peu de tout. Il y a des instruments qui sont là pour donner une couleur sonore de fond… la basse dans un groupe de rock ! … et il y a le triangle qui ne fait presque rien, qui ne demande aucune compétence, mais qui est très très remarqué pour son unique contribution d’un concert ! … il est indispensable, il manque si il n’est pas là… alors que la basse a été là tout le temps.
Est-ce que le triangle n’a donc pas son mot à dire ?
On avait fait 3 exercices.
Le premier avec un chef d’orchestre classique. Tout le monde est à ses ordres. Le second avec un facilitateur qui augmente ou diminue des contributions spontanées.
Puis sans chef…. et là c’est extra-ordinaire. Les musiciens au lieu de se focaliser sur le chef se mettent à augmenter leur écoute globale du tout. ça change tout et on voit que ça marche.
Ainsi je me dis que la question de la décision n’est peut être pas importante. C’est surtout la communication, l’écoute, la transparence de l’organisation qui est importante pour sentir vers quoi l’organisation dans son entier est appelée a devenir. (d’où le fait qu’une raison d’être est évolutive et pas figée !) Il y a des gens qui suivent et d’autres pas.
Depuis que j’organise le jeu de la monnaie https://martouf.ch/blog/600…
Je vois aussi des moyens de créer des systèmes contributifs sains.
On teste 4 systèmes économiques. On voit tout de suite les effets.
Le mieux c’est le don et la confiance. C’est le fonctionnement de base des petites communautés. On sait grâce à la confiance que l’on peut partager. Mais comment faire à grande échelle ?
C’est quand la communauté grandis que la confiance fini par diminuer…. et comment faire alors ?
La monnaie sert d’intermédiaire de confiance. Mais elle est souvent un piège de pouvoir pour celui qui la crée.
La simple comptabilité est plus facile et juste. Donc il est possible d’avoir une mesure des contributions de chaque personnes. Mais aussi prévoir le fait que l’on peut consommer à crédit. Mais seulement dans une certaine limite. Sinon la confiance retombe.
C’est le SME, le système monétaire équilibré…
https://martouf.ch/blog/605…
Il y a dans ce système une innovation qui le différentie vraiment d’un crédit mutuel standard, c’est le fait d’avoir une contraction périodique de la comptabilité des échanges. Ainsi une dette fond, et un avoir fond. Ce qui ajuste le système vers l’équilibre. Le fait que la dette fond permet également de créée un revenu de base périodique si tu as déjà atteint ta limite de consommation à crédit.
Après plusieurs jeu de la monnaie, on a observé que ce système de comptabilité permet de faire vivre ensemble les gens qui fonctionnent dans le don et la confiance comme dans les petites communautés et ceux qui ont besoin d’avoir une comptabilité stricte pour se protéger des abus.
Aucun autre système que nous avons expérimenté permet de faire vivre librement les gens ensemble avec le choix d’appliquer ou non ce système. Les autres systèmes ont tendance à formater, oppresser et tuer la spontanéité.
Et comme tu le dis, le rôle de l’Etat est naturellement remis en cause quand on commence à discuter du SME. Je le vois surtout à cause du fait que l’on trouve un autre moyen de financer les infrastructures communes. Mais en ce qui concerne la gouvernance, comment on décide le lien est plus flou.
Je n’avais pas encore pensé à la remise en cause de la notion de propriété privée. Mais c’est vrai que dès qu’on touche aux communs. C’est clairement une remise en cause de la propriété privée.
On voit par exemple que sur youtube, la notion de propriété privée est atténuée par rapport à la version par défaut. Le droit d’auteur est baffoué souvent, mais comme il y a des systèmes de compensation financière pour les ayants droits, très souvent ils ne disent rien…. au point que finalement il y a des musiques que l’on peut publier (donc publique) sur youtube, mais pas l’écouter avec ses voisins… étrange. Mais on voit là un début de transformation du droit d’auteur.
Merci pour m’avoir déclenché cette réflexion. J’espère qu’on aura l’occasion de continuer a échanger ainsi. (peut être autour du MOOC de gouvernance partagée qui commence d’ici peu 😛 )
A bientôt