Suite à la chute de Silvio Berlusconi, l'Italie s'est doté d'un nouveau gouvernement.
Le chef de ce gouvernement est, l'économiste, sénateur à vie, ex commissaire européen à la concurrence, membre du Government Sachs (surnom de la banque Goldman Sachs qui emploie beaucoup de politiciens...), j'ai nommé.....
... Mario Monti, ou Super Mario pour les intimes...
Le 5 décembre 2011, j'ai eu l'occasion de voir sur la TSR son annonce des remèdes qu'il prône pour l'avenir économique de l'italie.
Son discours m'a complètement sidéré !!
Tout en annonçant le relèvement de l'âge de la retraite et un plan d'austérité, il dit:
"Il n'existe pas d'alternative. Les sacrifices d'aujourd'hui nous donnent l'espoir de pouvoir refonder dans les prochains mois, les bases de la croissance…"
Ce type est suffisamment fort pour avoir réussi à mettre, dans la même phrase, deux concepts qui m'horripilent au plus haut point !
- .. Il n'y a pas d'alternative. La fameuse pensée TINA (There IS No Alternative) chère à Margaret Thatcher
- .. refonder les bases de la croissance...
La croissance est une religion
Tout d'abord, de mon point de vue, la croissance, ce n'est pas la solution, c'est le problème !!
La croissance économique est une religion. J'aurai très bien pu voir Mario Monti, habillé en grand prêtre Aztèque, sur une pyramide et prononcer:
"Il n'existe pas d'alternative. Les sacrifices d'aujourd'hui nous donnent l'espoir de pouvoir refonder dans les prochains mois, les bases de la croissance…" (de notre empire...)
.. Ah et bien tient !! ... C'est la même phrase !! 😛
Pour en savoir plus à propos de la décroissance, j'ai écrit tout un "livre web" à ce propos.
Ouverture d'esprit
En second point, je déteste les gens qui ont l'esprit borné, qui n'ont aucune imagination.
... Ou qui ont peut être une idée derrière la tête pour opprimer les gens.... Mais je ne crois pas à la théorie du complot.
L'arme la plus puissante dans les mains de l'oppresseur est l'esprit de l'opprimé. (Steve Biko)
Je pense qu'il y a une colonisation de l'imaginaire. Un martelement de la pensée unique qui nous empêche de voir autrement, de découvrir le champ des possibles. C'est la stratégie employée par la publicité.
Avoir de l'imagination n'est pas facile.
Voici un petit exemple simple:
Si je vous dis vélo... Je suis certain que l'image qui se forme dans vos pensées est l'image d'un vélo avec une selle...
Or, mon vélo n'a pas de selle. C'est un vélo couché, avec un siège confortable !
Quand on a une tête en forme de marteau, on voit tous les problèmes en forme de clous...
Il y a de nombreux économistes qui pensent et font croire que notre système actuel est un état naturel des choses.
Par exemple, Alain Minc a déclaré:
Personnellement, je ne suis pas d'accord avec cette affirmation, je pense que l'état naturel des choses peut toujours être modelé. Ce n'est pas un absolu. On peut rendre un système naturel. Ici c'est le cas avec le concept de marché.
Le marché est toujours mis en avant comme étant la solution miracle à tous les problèmes. Puis quand on aimerait creuser un peu plus le fonctionnement d'une économie de marché, les économistes tombent vite dans l'irrationnel !
C'est la main invisible décrite par Adam Smith qui est responsable de la bonne marche du marché !
Or, il existe d'autres manières de voir: on peut voir un système économique comme un système collaboratif. La théorie des jeux permet de comprendre, de façon mathématique le marché.
Un système collaboratif est un système qui fonctionne avec très peu de règles simples et un grand nombre d'acteurs. Pour qu'un tel système fonctionne avec beaucoup d'acteurs, il doit sembler être naturel !
C'est une simple question d'assimilation des règles.
Pensez aux règles qui régissent un giratoire. C'est simple ! ça devient naturel !
Dans un système capitaliste, les règles de bases sont la concurrence et le profit individuel. (N'oublions pas que Mario Monti était garant de la concurrence dans l'union européenne !)
Ce sont des règles égoistes. Adam Smith a expliqué que c'est grâce à cet égoïsme que le système capitaliste fonctionne. C'est ce qui permet d'obliger les gens à se spécialiser dans ce qu'ils savent le mieux faire et ainsi à collaborer.
Adam Smith s'est lui même inspiré des travaux de Bernard de Mandeville et de sa fable des Abeilles.
Les vices privés, forment les vertus publiques.
Nous utilisons donc un système collaboratif parmi d'autres.
Ce système semble naturel. Mais on pourrait décider de changer les règles.
Par exemple. Au lieu de baser l'échange en fonction du prix le plus bas, on pourrait décider de fixer les échanges en fonction du coût énergétique le plus bas.
Ainsi, on change la forme du système. Au lieu de faire venir des objets de Chine, on relocaliserait toute l'économie !
Quand on change les règles de base d'un système, on ne sait jamais trop vers quoi on va. On assiste à un effet d'émergence. La création d'une nouvelle chose qui vaut plus que la somme de ses composantes.
C'est exactement le contraire de ce que disait Margaret Thatcher:
La Société n'existe pas, il n'y a que des individus, des hommes, des femmes et leur famille.
Donc vraiment, je n'ai pas du tout les mêmes idées qu'elle !
Comme j'ai déjà beaucoup écrit, je vais conclure par une citation de Louis Pauwels:
Les esprits c'est comme les parachutes, ils ne fonctionnent que lorsqu'ils sont ouverts...
J'espère que ça pourra inspirer quelques personnes...
Post-Scriptum:
Heu... Super Mario.. si tu as la chance de lire un jour cet article... Je vais être sympa. Je vais t'aider. La solution à tes problèmes de dette est probablement déjà bien amorcée dans le film dont voici le résumé...... On a le droit de changer les règles du jeu !
[…] → la pensée TINA domine le monde politique. On l’impression que le capitalisme est un mal obligatoire. […]