Les 7 points à ne pas négliger pour créer une épicerie coopérative participative

Dernièrement partout autour de moi j'entend parler des créations d'épicerie coopératives participatives...
.... et du coup j'ai franchi le pas et fait partie de l'épicerie Chez-Emmy.

Mais qu'est-ce que c'est vraiment ? Pourquoi un tel engouement soudain ? Qu'est-ce que ça change vraiment par rapport aux 2 géants orange qui dominent le marché Suisse de la grande distribution ?
Coop et Migros sont déjà des coopératives pourquoi réinventer la roue?

J'ai eu l'occasion dernièrement de participer à une réunion organisée par AGRIDEA qui rassemblait plein d'acteurs d'épicerie coopérative participatives de Suisse Romande.

reunion-agridea-epicerie-cooperative-participative

C'était très intéressant. Ça a été l'occasion de faire un forum ouvert afin de discuter et d'échanger autour des principales préoccupations et questions autour de la création d'une épicerie coopérative participative.

Nous allons voir ci-dessous les points les plus importants qui ont été soulevés, ça peut être intéressant si tu a envie de créer une épicerie coopérative participative.

forum-ouvert-agridea-epicerie-cooperative-participative-questions
Avec des bons yeux on devine les questions du forum ouvert...

Une épicerie coopérative participative c'est quoi ?

Une épicerie, c'est un petit magasin, quand il devient grand c'est un super marché ! 😜 .. mais le même modèle peut s'appliquer c'est pas là la différence.

Aperçu de l'épicerie Chez-Emmy

Une coopérative c'est une forme juridique d'organisation dans laquelle des personnes achètent une part, elles sont donc propriétaire de l'organisation, de l'entreprise, en l'occurence de l'épicerie.

La particularité de la coopérative par rapport à la société anonyme, c'est que dans une coopérative c'est toujours 1 personne = 1 voix. Ainsi ce n'est pas le plus riche qui dirige.

cercle_de_chaise_rouge coopérative
Dans une coopérative chaque personne a 1 seule voix même si elle détient plusieurs parts.

Participative ? C'est bien là pour moi la principale différence. En effet, en Suisse le marché de la grande distribution est déjà dominé par les deux grosses fédérations de coopératives que sont Migros (37%) et Coop (35%).

Dans une épicerie participative, les coopérateurs s'engagent à travailler 2h-3h par mois pour assurer le fonctionnement de l'épicerie.
(La durée varie selon les coopératives, les tâches aussi. Pour le gros des gens c'est tenir l'épicerie pendant les heures d'ouverture, pour d'autres c'est participer aux tâches de soutiens et parfois à des événements spéciaux.)

C'est ce travail en nature qui permet de baisser nettement les prix, de l'ordre de 25% et/ou de consommer des produits bio et locaux pour un prix très raisonnable. (La marge prise par les épiceries coopérative participatives est de 20% à 30%, mais de combien est la marge d'un magasin "normal" ? Il semble que Migros a des marges brut de 40% , mais les marges dans le bio sont plus élevées ?, si c'est ça on est bien dans le 25% de rabais pour une épicerie coopérative participative.)

Voici une comparaison de prix qui a été faite en octobre 2019 entre les prix de Migros, Coop et l'épicerie Chez-Emmy.

On voit que dans la catégories produits bio, l'épicerie participative. est quasi systématiquement moins chère.

Ce mouvement mondial de coopératives alimentaires participatives a comme origine la coopérative Park Slope Food Coop, située à New York qui a été créée en 1973 et qui a de nos jours ~16 000 coopérateurs.

Le film Food Coop raconte l'histoire de cette coopérative.

Voici un petit documentaire sur la Park Slope Food Coop pour entrer dans le vif du sujet.

Un point de vue sur la création d'une épicerie en Suisse romande

Voici une conversation avec Sylvie Perrin Amstutz sur The SwissBox Conversation. Sylvie est une des co-fondatrice de l'épicerie participative Chez Emmy à St-Blaise. La conversation montre comment une l'idée d'une telle épicerie peut émerger et se concrétiser. Cette conversation permet aussi de voir quelles sont les valeurs qui animent des gens qui s'investissent à fond dans ce mouvement.

Les 7 points importants pour la création d'une épicerie coopérative participative

Maintenant que l'on sait ce qu'est une épicerie coopérative participative, entrons dans le vif du sujet des points importants auxquels les épiceries coopérative participatives sont confrontés:

  1. Quelle est l'intention, la vision de le but d'une épicerie coopérative participative ?
  2. Comment organiser la gouvernance d'une épicerie coopérative participative ?
  3. Quel moyen de communication utiliser avec les coopérateurs, comment gérer les membres de l'épicerie participative ?
  4. Quels moyens de paiement utiliser ? Est-ce que l'on a vraiment besoin d'une caisse dans une épicerie coopérative participative ?
  5. Les producteurs qui vont alimenter les rayons de l'épicerie, comment les trouver ? Quelle marge financière pratiquer sur les produits ? (Comment ne pas concurrencer ses propres fournisseurs !?!)
  6. Quel assortiment de produits avoir ? Comment gérer son stock ?
  7. Comment financer la création de son épicerie coopérative participative ? Don, crowd-funding, subvention ?

1: Buts de la création d'une épicerie coopérative participatives

En discutant avec les gens, j'ai découvert que les intentions fondatrices des différentes épiceries coopératives participatives ne sont pas toutes les mêmes !

Une foule de labels.... reflets de pleins de valeurs.

Quelles valeurs sont prioritaires ? Local ou bio ?

Les priorités ne sont pas forcément les mêmes en ce qui concerne l'éthique de consommation, même si globalement ça se rejoint.

C'est quoi le plus important bio, local, bon marché, sans emballage ?

A ce propos voir le livre de mon pote Lucien qui a tenté de répondre à la question: Que choisir entre une carotte non-bio locale et une carotte bio de l’étranger ?

save-farmer-eat-local-manger-local
  • Est-ce que le fait d'avoir une charte de consommation est un frein à la bonne marche de l'épicerie ?
  • Est-ce qu'au contraire la charte est ce qui marque clairement la différence et considéré comme un plus ?

Les différentes expériences faites dans les coopératives les plus anciennes comme Park Slope à New York (plusieurs décennies d'expérience) montrent que la charte de valeur est plutôt un frein à la mixité sociale, à l'inclusivité de tous.

Ceci car les produits bio sont régulièrement plus chers. Si l'on a que du bio, on risque de se couper de gens qui iraient ailleurs juste pour des questions de prix.

De plus le fait d'avoir un assortiment restreint par rapport à une grande surface où l'on trouve tout peut être un frein au succès d'une épicerie coopérative participative.

Le sujet de l'assortiment sera traité en détail ci-dessous.
De plus, il y a une section qui traite de l'Equilibre entre l'inclusivité et la "pureté" de l'offre dans les les annexes p41 du manuel des membres de la Louve... pdf

Il vaut donc la peine de bien clarifier les intentions de base des coopérateurs pour être sur la même longueur d'onde durant la durée du projet ! Ça peut éviter beaucoup de conflits et d'incompréhensions !

La technique du photolangage peut être utilisée pour expliciter les intentions des membres d'un groupe. Chaque personne prend une image qui lui plait et explique pourquoi elle a rejoint le groupe, qu'est ce qui la motive dans ce projet...

Clarifier et aligner les intentions du groupe.

Ouvert à tous clients ou juste aux coopérateurs ?

Il y a aussi des différences importantes dans le mode d'organisation communautaire. Il y a des épiceries participatives qui sont ouvertes à tous les clients et des épiceries participatives qui sont réservées aux coopérateurs.

Parfois il y a même une notion d'amis, de sympathisant ou bénévole occasionnel de l'épicerie qui offre des rabais.

Il y a aussi des épiceries qui fonctionnent uniquement avec des coopérateurs bénévoles et d'autres épiceries ou plutôt supermarchés (car la taille à son importance !) qui engagent des salariés.

Selon les choix ça change passablement l'organisation, la gouvernance, mais aussi les marges qui peuvent être pratiquées, et en conséquence les prix. (des marges qui s'échelonnent entre 30%, 25% et 20% suivant le statut des clients)

Juste consommer et payer... ou aussi participer à un projet ?

Personnellement, ma préférence va au système le plus simple. Soit un système avec un seul type de personne: des coopérateurs.

Et une épicerie réservée aux coopérateurs. Comme on le verra ci-dessous, ça simplifie la gouvernance, le système de gestion, le calcul des prix, ça permet des marges plus faibles et donc des prix plus bas.

De plus, comme je l'explique en fin de cet article, sur le long terme, je pense que c'est ce modèle simple, fermé et petit qui est le plus durable et révolutionnaire !

2: Quelle forme de gouvernance choisir pour une épicerie coopérative participative ?

La manière de s'organiser est très importante pour faire un projet durable. D'autant plus un projet en communauté dans lequel chacun est co-propriétaire de son magasin et de plus doit travailler dans celui-ci avec d'autres.

Vouloir faire de la mutualisation et du travail participatif bénévole, c'est vraiment rechercher la difficulté !

Ainsi, pour moi, une bonne gouvernance est nécessaire pour que le projet d'épicerie n'explose pas en vol !

Landsgemeinde_-_Glarus_2014_-_1
Landsgemeinde de Glaris. Chaque personne a 1 voix... comme dans les coopératives.
Est-ce que le vote est la meilleure méthode de décision ?

Le mode d'organisation est le reflet d'une vision du monde

Le sujet de la gouvernance est en pleine ébullition ces derniers temps. C'est aussi un de mes sujets favoris. Donc quand je vois qu'il est à l'ordre du jour dans une réunion à propos d'épicerie coopérative participative. Je suis très heureux.

La manière dont s'organise un groupe est le reflet de sa vision du monde. J'en parle abondamment dans mon article à propos de la spirale dynamique qui montre les 8 visions du monde principales qui cohabitent de nos jours.

spirale_dynamique

Est-ce que tu veux organiser ton épicerie comme une tribu ? un gang ? une administration ? une entreprise ? une association ? un réseau ? une holarchie ?

En fait le terme même de "coopérative" montre une appartenance à la vision du monde "verte" de la spirale dynamique. La vision du monde égalitaire, soit 1 personne = 1 voix peut importe le nombre de part.

Cette vision du monde est suffisamment ancienne pour qu'elle soit formalisée de façon juridique. Cependant il existe des épiceries qui sur la base de coopérative, s'organisent avec des modes de fonctionnement rattachés à une vision du monde plus récente, comme par exemple l'holarchie.
(Une holarchie est une hiérarchie de holon, le holon étant un tout en lui même, mais aussi une partie d'un tout plus grand. Le corps humain et ses organes fonctionnent ainsi !)

structure-en-holon-holarchie

Dans son livre Réinventing Organisations, Frédéric Laloux, décrit le fonctionnement de nouveaux types d'organisation. Ce livre est passionnant et inspirant.

Personnellement, ça m'a inspiré quelques idées sur la création de ce que j'appelle un écosystème, car on est au delà de la notion d'organisation.

livre reinventing organization frédéric laloux

L'organisation la plus courante d'une épicerie coopérative participative

En listant quelques manuels d'utilisateur et statuts d'épiceries coopératives, j'ai observé une certaine similitude entre les modèles d'organisation.

La structure de base est la suivante:

  • une Assemblée Générale qui regroupe tous les coopérateurs
  • un comité ou conseil d'administration élu par l'AG
  • un organe de révision des comptes. C'est une obligation légale.
  • de multiples, commissions ou groupe de travail, secteurs, etc à qui on délègues des tâches particulières.

L'assemblée générale est souveraine. Elle détient des pouvoirs qu'on ne peut lui enlever. Les décision se prennent au vote. Chaque coopérateur a une voix.

Le comité ou conseil est l'organe de direction. Il dirige la bonne marche de l'organisation pour toute les tâches qui ne sont pas du ressort de l'AG.

Les différents groupes de travail, secteurs, etc... effectuent les tâches qu'on leur a confiées. (gestion des coopérateurs, des commandes et producteur, des finances, des animations, du lieu du magasin, etc...)

Le mode de décision est intéressant. C'est en général quand il faut décider que ça coince !
Souvent par défaut, c'est le vote. Avec des variantes, à majorité simple ou qualifiée.

Le vote est très connu. Mais personnellement, je le vois comme un mode de décision violent qui opprime les minorités.
C'est l'évolution non sanglante d'une campagne militaire, on compte le nombre de soldat et l'armée qui a le plus de soldat a gagné. Sans combat.
Les mots sont révélateurs. On parle aussi de campagne de votation !

vote bataille sans violence

Il existe d'autres modes de décision qui sont plus inclusifs, qui permettent de créer du "nous", d'améliorer une proposition pour prendre en compte les avis.

La gouvernance partagée et les décisions par "Consentement"

Chez Système B, on trouve une notion de Consensus (art 37) pour les décision du comité.. C'est un mode de décision dans lequel il y a fréquemment des blocages. Ainsi en cas de blocage la décision est transmise à l'AG qui décide à la majorité simple.

Ce qui est très intéressant, c'est que dans la coopérative Chez Emmy on sent que les statuts ont été très inspirés de ceux de Système B... mais avec une différence de taille: le mot Consensus a été remplacé par Consentement.

  • le consensus, c'est tout le monde dit OUI
  • le consentement, c'est personne ne dit NON

A première vue ça parait identique, mais c'est très différent.

Avec le consentement on a pas besoin d'être POUR une proposition pour qu'elle soit acceptée. On peut dire: "Je ne suis pas pour, c'est pas utile.. ça sert à rien, mais je peux vivre avec.." C'est toute la différence qui débloque souvent des situations.

gouvernance-role-regles
Des rôles sont créé pas Consentement. Chaque personne qui incarne un rôle décide seule dans ce qui concerne le rôle. (et/ou par sollicitation d'avis)

Le processus de Gestion Par Consentement fonctionne en plusieurs étapes :

  • Une proposition est faite. (et on ne traite qu'elle)
  • Un tour de compréhension est fait. (histoire de comprendre les mots)
  • Un tour de réaction est fait pour que chaque personne donne son avis
  • Le proposeur peut retirer ou modifier sa proposition selon ce qu'il a entendu comme avis.
  • Un tour d'objection est proposé. Si quelqu'un a une objection, elle est testée. Elle ne peut être valable que si c'est une objection concrète réelle, pas une préférence, pas une peur irrationnelle, pas une autre proposition...
  • La proposition est acceptée quand toutes les oppositions sont levées.
  • Ne pas oublier de célébrer la décision 🙂

L'université du Nous propose une fiche pour aider à pratiquer le processus de gestion par consentement... (pdf), ceci parmi plein d'autres outils...

La coopérative EpiCoop a Vevey s'est aussi lancé dans la gouvernance partagée.

Donc il y a déjà quelques références chez qui se tourner pour comprendre comment ça marche.

Formations à la gouvernance partagée

Pour t'aider à démarrer dans la gouvernance partagée tu peux faire appel à ces gens que je connais:

  • Les Ateliers de l'instant Z
  • les Artisans du Liens (même si ils aiment parler de "gouvernance horizontale, alors que pour moi c'est pas horizontal si on fait une hiérarchie de holon !!")
  • L'Université du Nous (avec qui j'ai eu la chance d'être formé lors d'un très rare passage en Suisse en 2015) Vu son succès, l'UdN en collaboration avec les colibris a déjà organisé 2 MOOC à propos de la gouvernance partagée, c'est une manière de former plus de gens, mais pour avoir suivi le deux... la version en chaire et en os était nettement mieux !! (des webinaires intéressants...)
  • ... et du coté du mouvement citoyen de Morges et environs on fait aussi de la gouvernance partagée, quelques personnes qui veulent créer une épicerie participative ont été formée dans ce cadre là.... si besoin, me contacter 😉

3: Quels moyens de communication utiliser entre les membres de la coopérative ?

... Mais aussi comment gérer les membres ? Comment gérer le planning des horaires de travail des coopérateurs ?

=> Un crowdfunding est en cours pour un module de planning dans l'app epicerio .. ceci en octobre 2023... GO....

Beaucoup de moyens de communiquer.. mais sans communiquer mieux !

Une des questions venue lors du forum ouvert organisé par AGRIDEA était liée à la communication interne entre les participants de l'épicerie participative.

Forcément quand il faut coopérer avec beaucoup de monde il est nécessaire de communiquer.

affiche-pouvoir-coopérer-abeille

C'est pas forcément évident. A notre époque, à l'ère de l'information, nous sommes submergé par les moyens de communication, mais ça ne veut pas dire qu'on communique mieux !!

Les grecs de l'antiquité avaient déjà tout dit... Ethos, Pathos, Logos.

L'essentiel de la communication passe par la posture de l'orateur, par les gestes non verbaux. 🙅‍♂️ 😎 

Puis, c'est l'émotion qu'on sens dans le ton de la voix qui fait une bonne partie de la communication, et enfin c'est les mots, le contenu logique.

Ainsi, utiliser un média écrit c'est couper la majorité de la communication. Plus de posture, plus de retour non verbal en direct, plus d'interaction. Il ne reste que la logique froide, des mots qui ont des connotations différentes pour chaque personne.

Heureusement, grâce aux smiley 😜😋😪🤔🤩😤😅🤣😇 on peut faire passer quelques émotions, un peu d'ironie, du second degré.... mais ça reste faible.

Conclusion: rien ne remplacer l'expérience humaine de se rencontrer physiquement.

psychologie des foules gustave le bon bruxelles apero du parlement europen
Apéro quotidien des employés du parlement européen à Bruxelles...

Mais il faut quand même avouer que d'autres moyens de communication sont pratiques, mais il est nécessaire de les utiliser en toute connaissance de cause et ce pour quoi ils sont fait.

Le e-mail reste encore et toujours le moyen le plus courant et fiable pour communiquer mais...

☎️Le téléphone, la voix c'est quand même bien. Son évolution la plus récente avec la visio conférence est pratique. Mais l'image n'est pas souvent nécessaire. C'est plus souvent une source d'ennuis technique qu'autre choses.

C'est le logiciel jitsi.org que je trouve le plus simple et le plus fonctionnel de nos jours. On en trouve encore d'autre instance comme celle de https://framatalk.org ou des colibris: https://www.colibris-outilslibres.org/services/visioconference-jitsi-meet/

Il suffit de choisir une adresse (url) et de l'envoyer aux autre participants ou d'utiliser régulièrement la même. Une fois mise dans la barre d'adresse de son navigateur web. C'est parti on est en conférence !

Le e-mail 📩c'est pratique pour la diffusion pour les notifications qui ne demandent pas d'interactivité.

Pour une lettre de nouvelles c'est l'idéal. Le e-mail est toujours et encore l'outil moderne le plus courant, le plus ouvert pour communiquer massivement une information.

Les messageries instantanées sont en plein boom. Whastapp, messenger, telegram, signal, et... Chacun de mes amis me dit que je devrai aller sur une autre.... et je me retrouve avec au moins 4 messageries différentes !!

📩👩🏼‍💻📷🔋📞🥐👨🏻‍💻🎥📱☕️

La loi de Metcalfe, dit que la valeur d'un réseau, son utilité dépend du carré de nombre d'utilisateurs. En effet, plus j'ai d'amis sur une messagerie, plus je vais choisir celle là, et plus ça va renforcer le fait que ce choix devient incontournable. Même si en soi c'est pas le meilleur outil !

Ces messageries instantanées c'est pratique, justement par ce que c'est instantané, qu'il y a de l'interaction. C'est simple à utiliser. On peut y faire des groupes et avoir toujours ses amis dans la poches. Mais quand le nombre de personnes augmente, ça devient vite la galère. Les notifications arrivent en masse. Ça demande quelques règles de base dans les conversations pour ne pas polluer la discussion.

Il faut des canaux/groupes réservés aux informations importantes nécessaires et d'autres pour les gens qui veulent discuter. Si on mélange, les infos importantes seront noyées dans la masse...

👮🏻‍♂️👩🏻👧🏼🧓🏻🧔🏻👱🏻‍♀️🧑🏻👨🏼👮🏻‍♀️

De mon expérience de personnes pas trop accro aux smartphones, je vois qu'il y a des messageries qui obligent à disposer du dernier smartphone à la mode... Whatsapp et Signal par exemple. Ainsi c'est rédhibitoire pour les amis "low tech". C'est un excellent moyen d'exclusion que d'utiliser ces messageries !
(whatsapp, c'est facebook, tout comme Messenger.. c'est fournir toutes ces conversations à ces gens... Signal, c'est hyper sécurisé, mais d'expérience pas très pratique par ce qu'en groupe, on ne voit que le numéro de la personne et du coup on est toujours ennuyé de savoir à qui on parle !! .... même pas une image ou un petit pseudo affiché par défaut. On est obligé d'avoir ajouté la personne à son carnet d'adresse et d'avoir communiqué en direct avec elle... pas top pour la communication de groupe)

logo telegram messagerie

Telegram, j'aime bien. C'est simple, ergonomique. On peut l'avoir sur un ordinateur de bureau sans avoir un smartphone en parallèle !! (ce qui me semble basique !! ... je comprends pas pourquoi whatsapp arrive pas à faire ça !)

Il est possible d'utiliser Telegram avec un pseudo sans montrer son numéro de téléphone. Telegram a été créé par le fondateur du réseau social russe VK.

J'entends souvent "Whatsapp c'est les américains, et Telegram les russes"... si le fondateur de Telegram est russe, il n'a rien à voir avec le gouvernement russe, justement il a créé Telegram car Vk est tombé aux mains du gouvernement russe.... et Telegram a été interdit en Russie car ses concepteurs ont refusés de donner la clé de décryptage au services secret russes ! Telegram est basé à Berlin.

Donc Telegram est pas trop mal pour respecter tes données privées, mais pas parfait. Le code client est openSource, mais pas le code serveur ! De plus le cryptage de bout en bout ne fonctionne pas dans les groupes !

Cependant c'est la solution de messagerie que je préfère. Il est possible aussi de faire des liens web pour rejoindre un groupe Telegram, ce qui est pratique pour les invitations.

Les outils de discussions pour organisations

Les messageries instantanées ont vite leur limite pour gérer plusieurs canaux avec plusieurs organisations. De plus pour retrouver une information dite par le passé et pointer une discussion en particulier c'est un peu la galère.

Il existe des outils, comme Slack qui permet d'aller un peu plus loin. Mais ce que je recommande c'est l'alternative OpenSource: Mattermost.

Mattermost est une application OpenSource que l'on peut installer chez soi. Ainsi on maitrise ses propres données. Il en existe aussi des instances associatives qui respectent la vie privée. C'est le cas de https://framateam.org et aussi de https://www.colibris-outilslibres.org/services/tchat-mattermost/

Personnellement j'utilise Mattermost dans 2 organisations et c'est très pratique. On peut faire des canaux de discussions différents pour des sous-groupes de l'organisation. On peut faire des recherches sur le contenu pour retrouver de vieilles discussions.

Dans le cas d'une épicerie coopérative participative, Mattermost c'est l'outil que je recommande pour les discussions entre les groupes de travail, les comités, conseils qui gèrent l'épicerie. (bien que je n'ai pas d'expérience directe de ce soft dans ce domaine... mais mes bonnes expériences dans d'autres domaines sont transposable.)

Résumé des outils recommandés pour communiquer en interne dans une épicerie coopérative participative

Pour diffuser des informations en masse en interne, mais aussi à l'externe (sympathisants..) La lettre de nouvelles par e-mail est le meilleurs outil.

Jusqu'à 2000 abonnés, l'outils https://mailchimp.com est gratuits ou 1000 abonnés pour le plugin wordpress MailPoet. Infomaniak a aussi un offre intéressante de mailing tarifée par pack de mail.

👩🏻👧🏼🧓🏻🧔🏻👱🏻‍♀️🧑🏻👨🏼

Pour faire communiquer les différents, comités, conseils, groupes de travail, ainsi qu'avoir une archive des conversations. Mattermost est le meilleur outil. Les instances de https://framateam.org et des Colibris sont simples et respectent la vie privées.

Pour les visio conférences, l'outil jitsi.org est le plus simple. Là aussi il y a des instances chez https://framatalk.org ou chez les colibris.

Pour s'organiser en général avec des outils en ligne, par exemple pour trouver une date de réunion (alternative doodle), écrire un pv collaboratif sur un pad, organiser un vote ou écrire une documentation sur un wiki, les outils libres des colibris ou les app collaboratives de framasoft. sont parfaits!

coopération

Pour juste discuter en ligne de façon informelle et/ou pour communiquer des informations importantes et urgentes (ex: j'arrive en retard à la séance de ce soir...), les messageries instantanées sont pratiques.

je recommande l'utilisation de Telegram qui fonctionne partout qu'on ait un smartphone ou pas. L'ergonomie pour groupe est bien. Il est possible de rejoindre un groupe via un lien web.

Mais il ne faut pas oublier que rien ne remplace une réunion physique en chair et en os ! (avec un apéro... 🍻🥂 un repas.. 🥐🍮🥗🍨)

Pour garder un certain esprit de communauté et crée du lien, il est intéressant d'organiser des grandes rencontres avec tout le monde régulièrement. (2 à 4 fois par an ?)

L'idées de proposer des activités en commun pour faire connaissance, mais aussi de l'informel pour juste le plaisir de se voir.

Bon, naturellement, le fait de venir faire ses courses au magasin va créer des rencontres!

communauté collaboration ExtendedCommunityCircle.png

Gestion des horaires de travail des coopérateurs dans leur épicerie participative

Le principe d'un épicerie participative, c'est justement de participer. Chaque coopérateur s'engage à travailler entre 2h et 3h (selon les épiceries) par mois, pour faire tourner le magasin.

La plage de travail des coopérateurs est appelée "vacation", "shift" ou "créneau horaire" selon les différentes coopératives.

Les horaires d'ouvertures sont très variables. Pour une épicerie, j'ai vu que c'est en général 2h par jours sauf le dimanche. Pour les supermarchés participatifs, j'ai vu des horaires de 6h à 22h, avec un peu moins les samedi et dimanche.

Ces horaires d'ouvertures sont décomposés en créneaux horaires qui sont occupés par les coopérateurs.

3 manières d'effectuer son service dans l'épicerie coopérative participative

Généralement il existe 3 manières d'effectuer son service dans une épicerie coopérative participative:

  • tenir le magasin pendant les horaires d'ouverture, pendant un créneau horaires régulier, chaque moi le même
  • faire partie d'une équipe volante, qui effectue des tâches ponctuelles et des remplacements.
  • faire partie de groupes de travail, comités, etc.. qui assurent le bon fonctionnement de l'épicerie sans forcément être sur place. (gestion des commandes, informatique, gestion des membres, formation, communication, animation, etc...)

La plupart des coopérateurs effectuent leur service en tenant l'épicerie pendant les heures d'ouverture.

Le planning est généralement réparti en 4 types de semaines: les semaines ABCD. Chaque semaine il y a une équipe différente qui gère le magasin.

Chaque coopérateur, lors de son arrivée dans la coopérative choisi un créneau horaire et l'occupe de la même manière toutes les 4 semaines, avec les mêmes personnes. (Avec des tâches différentes selon les heures, ex: accueil livraison, épicerie, nettoyage, etc..)

Ainsi l'équipe est stable. Elle est autonome et les gens se connaissent bien.

Si une personne a un empêchement, elle doit trouver un remplaçant pour le créneau horaire concerné. Si elle n'est pas présente elle est redevable de deux créneaux horaires !

Il y a de nombreuses, autres règles suivant les situations, jours fériés, congés parentaux, congé de plusieurs mois, etc...

Il y a là des explications détaillées dans le manuel du membre. Voici le manuel d'une petite épicerie participative et d'un grand supermarché participatif. En fait c'est très très similaire en terme de règles.

Ce qui change par contre c'est les outils utilisés qui ne sont pas pareils quand on gère 200 coopérateurs ou 8000 coopérateurs !

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Une coopératrice de supermarché participatif qui fait ses 3h de service... 😉

Outils informatiques de gestion de membres

Au point 4 on verra plus en détail des outils informatiques de gestion de l'entier des tâches de l'épicerie coopérative participative.

Ici on va juste voir brièvement les solutions de gestions des membres et du planning.

J'observe que dans les petites structures, c'est souvent google drive qui est utilisé. Un bon tableur et voilà, c'est fait, la structure de roulement des semaines ABCD de toute l'année sont faites à coup de copier coller.

Une colonne indique les horaires des créneaux, une autre le type de travail à effectuer, puis on ajoute autant de colonnes qu'il faut de personnes pour gérer l'épicerie, une ou 10 ?
Une colonne sert également à indiquer qui remplace qui. Mais on ne change pas le noms du coopérateur de base. Ainsi la structure par semaine reste la même.

Exemple de gestion des créneaux horaires dans un tableur.

Les coopérateurs sont indiqués à l'aide de leur numéro de coopérateur et de leur nom. Car suivant la définition du coopérateur ça peut être une personne, un couple, une famille... donc c'est pas forcément la même personne physique.

Cette solution du tableau a le mérite d'être très simple et facile à prendre en main pour beaucoup. Si l'on ne veut pas livrer ses données à google, il est possible de privilégier des outils libres comme le tableur FramaCalc.org

Dans les grands supermarchés coopératifs participatifs, j'ai observé l'utilisation du module Odoo FoodCoops dont on parlera ci-dessous au point 4.

L'épicerie L'éléfàn a Grenoble a aussi développé tout un logiciel pour gérer les membres et les créneaux horaires des membres.

Voici un petit aperçu de cette solution:

Mes observations me montrent que plus on veut un outil spécialisé bien fait, plus il est contraignant et plus il est compliqué d'y ajouter des exceptions.

Que faire pour ajouter un jour férié qui est régional ?
Dans mon tableau c'est juste la ligne qui disparait. Dans les logiciels spécialisés, il faut toute une interface de gestion des jours fériés car les créneaux horaires sont générés automatiquement.

Dans un tableur, les créneaux ne sont pas générés automatiquement, mais à coup de copier coller, c'est pas très long à faire.

La gestion des droits d'accès devient très complexe aussi. Dans les exemples ci-dessus avec des applications dédiées on voit que le communs des mortels peut juste savoir si un créneau et rempli ou non, mais pas par qui.

Alors que pour le tableur tout le monde a accès à tout. On voit là des politiques très différentes.

Personnellement, ma préférence va à ce qui est le plus simple. Vive le low-tech. (Finalement: un tableau dans l'épicerie suffit aussi ! même si c'est commode de l'avoir en ligne)

En mode Low-tech la tablette d'argile va très bien aussi... ou le calendrier mural ardoise.

4: Quels moyens de paiement utiliser dans une épicerie coopérative participative ?

.... ou dit autrement: est-ce que l'on a vraiment besoin d'une caisse ? 💰

C'était ainsi que c'était présenté lors du forum ouvert à la réunion organisée par AGRIDEA.

A modèle de clientèles différentes, modèles de payement différents

C'est lors de cette réunion que j'ai réalisé à quel point les épiceries coopératives participatives sont différentes les unes des autres !! ... et leur structures fait qu'elles seront très différentes pour les modes de paiements. 💰💳

Ainsi les épiceries qui sont ouvertes à n'importe quel public sont comme n'importe quel magasins, elles ont besoin de caisse, de moyens de paiements usuels qu'on retrouve partout, des terminaux de payement. (TPE) Il en existe des alternatives simples et pas cher, sans abonnements, pour faire des paiements avec des cartes de crédits usuelles et quelques cartes de débit... (MyPOS et SumUP)

Un tel modèle d'épicerie mixte de clients doit aussi gérer des prix qui sont différents selon les gens, coopérateur ou non. C'est toute une logistique non négligeable.

Puis il y a le modèle radical d'épicerie coopérative participative. Dans ce modèle il est nécessaire d'être coopérateur pour être client, pour y faire ses achats.

Dans ce cas là, la question se pose: est-il nécessaire d'avoir une caisse ?
→ Non, il n'est pas nécessaire d'avoir de caisse ni de terminal de paiement.

C'est par exemple ce qui se fait Chez-Emmy. Les coopérateurs ont un compte qui est débité en fin d'achat. Ils ont un compte à pré-paiement qui est réapprovisionné par des virements. (ou des paiements en ligne par carte de crédit)
On parlera ci-dessous plus en détail du logiciel de gestion de l'épicerie chez-emmy.

epicerie-cooperative-participative-solde-compte-achat
Ouf... 😅 mon compte est encore en positif...

Des guerres de religion dans le choix des outils informatiques de gestion d'épicerie coopérative participative

Evidemment il y a un moment où il faut choisir son modèle de clientèle, puis ses outils informatiques et là comme souvent entre geek, c'est la guerre de religion. On le voit très bien sur le forum du réseau de épiceries interCoops.

Il y a des gens qui veulent tout mutualiser et diffuser le même outil partout. Et ceux qui veulent développer leur solution adaptée à leur cas, à l'image de l'idée d'avoir une épicerie adaptée à leur vision du monde.

Si tu veux voir le détail voici le point de départ du wiki pour voir toute une discussion sur la mutualisation des outils informatiques pour les épiceries coopératives participatives.

Pour résumer les grosses tendances, en gros il y a le module Odoo Awesome Food Coops basé sur l'ERP odoo qui est utilisé par la Louve à Paris, Lille, Montpellier, Toulouse, etc...

Il y a également un autre module basé sur Odoo Coop it Easy qui est utilisé par Bees à Bruxelles, Le Nid à Genève et juste à côté la Fève à Meyrin.

Voici une liste plus précise de qui utilise quoi....

Odoo est un ERP donc c'est le gros outil standard qui fait tout qui n'est pas dédié spécialement aux épiceries et supermarché. Mais il y a des modules spécifiques qui ont été conçu pour gérer des grosses épiceries coopératives avec des millions d'écritures et des milliers de coopérateurs.
(Par exemple à la Louve, il y a 8000 coopérateurs dont la moitié d'actifs en décembre 2018 selon ce que j'ai lu sur le forum.)

De ce que je lis sur le forum, l'outil Awsome foodCoops est jugé cher en infrastructure informatique par certains. Mais il se rentabilise si on a des milliers de coopérateurs. (Sur le forum je lis 1100€/mois )

Pour l'autre module Odoo, coop it easy, j'ai une connaissance qui l'a installé et qui me dit que c'est moins, cher. Que c'est juste un serveur linux. Mais je ne connais pas le coût réel.

A contrario des systèmes conçus pour les grands supermarchés participatifs il y a les petits outils, souvent bricolés ou à base d'un mixe d'outils disponibles dans google drive ou dans les ecosystèmes libres et non prédateurs de données personnelles que sont les outils libres des colibris ou les app collaboratives de framasoft.

Sur le forum, un membre de l'épicerie éléfàn montre qu'avec uniquement quelques centaines de membres, le coût de l'infrastructure informatique pour Odoo est quasi 3 fois plus cher pour lui.
(au point précédent on a déjà parlé du système de gestion des membres de éléfàn, il y a aussi une vidéo qui montre ce logiciel)

monopoly maison
Qui veut un monopole ?

Voici l'avis de la commission de gestion de l'éléfàn, à propos de choix de logiciels de gestion d'épiceries coopérative. C'est assez pragmatique, surtout pour la France qui a une loi sur les logiciels de caisse qui doivent être certifiés pour éviter les fraudes à la TVA. (Loi tout à fait stupide à mon avis... ça met des barrières aux logiciels openSource !! On est bien loti en Suisse !!)

En Suisse 🇨🇭 la TVA, c'est beaucoup plus simple. Dès qu'on a un chiffre d'affaire qui dépasse CHF 100 000.- on est assujetti à la TVA.

Après il y a 2 méthodes pour une entreprise de payer la TVA:

  • La méthode effective. Soit le détail de ce qu'on collecte ( moins ce qui est déductible)
  • La méthode forfaitaire. Un pourcentage du chiffre d'affaire à payer semestriellement.

Des cas que je connais de petite épiceries coopératives participatives, le plus simple pour avoir le moins de boulot, c'est la méthode forfaitaire. Le taux appliqué semble être de 0.6% du chiffre d'affaire. (Avec CHF 100 000.-, 0.6% = 600.-)

Jusqu'à un chiffre d'affaire de CHF 5 millions cette méthode passe. La TVA doit toujours être collectée, mais sur les produits alimentaires qui sont en majorité dans un épicerie c'est faible. C'est en général le taux de 2.5% qui est pratiqué.

Une épicerie vend des..... épices !

Revenons à nos logiciels.....

Donc au lieu d'un gros logiciel qui fait tout ils préfèrent externaliser le logiciel de caisses propriétaire et certifié et faire le reste eux-mêmes.

Ainsi c'est surtout la taille de la coopérative qui va déterminer le choix des outils informatiques.

En Allemagne et aux Pays-Bas, c'est le logiciel FoodCoops de FoodSoft qui est pas mal utilisé pour gérer une épicerie Coopérative participative.

En Suisse, les épiceries actuelles sont des micro coopératives en comparaison !

En général, elles démarrent vers une centaine de coopérateurs afin d'avoir la main d'oeuvre suffisante pour tourner, mais ensuite plus il y a de monde, plus les problèmes de gestion arrivent et plus il faut des outils pour les gérer.... small is beautiful !!

🍅🥝🍍🍒🍈🍓🍇🍌🍊🍐

Exemple de logiciel de gestion d'épicerie coopérative participative fait par ecodev

Le cas que je connais le mieux, car j'en suis membre, c'est celui de chez Emmy. Un de mes collègues fait partie des fondateurs. C'est ainsi que notre entreprise (ecodev) s'est retrouvée avec le mandat de faire un logiciel maison pour gérer une épicerie coopérative participative.

Ce logiciel est adapté à une épicerie où seuls les coopérateurs peuvent être clients. C'est le modèle le plus simple. Ce qui est complexe en revanche, c'est qu'un coopérateur est en fait une famille ! Il y a plusieurs personnes sur le même compte financier.

Le principe de base est que chaque coopérateur a un compte dans l'épicerie. Il peut l'approvisionner par des virements ou des paiements par carte de crédit via l'interface online.

Logiciel-gestion-epicerie-cooperative-participative-2019-06-12-à-10.54.18-compte-utilisateur-solde-negatif
Oups... je suis fauché... faudra que je réapprovisionne mon compte

Ce compte lui permet de payer dans l'épicerie. Son compte est débité du montant des achats.

Chaque produits est étiqueté avec un QRcode. Ainsi lorsqu'il fait ses achats le coopérateur va scanner le QRcode avec son smartphone et l'ajouter à son panier d'achat. Si il n'a pas de smarphone, il peut le faire via dans la même interface, via smartphone ou un ordinateur en tapant le code de affiché à côté du QRcode.
(On l'imagine pas à priori.. mais en fait beaucoup de gens préférent taper le code plutôt que de le scanner... car ça se lit de loin... pas besoin de se déplacer pour mettre son smartphone devant le panneau alors qu'on est déjà sur la balance à 2m !! )

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Le panier une fois validé permet de connaitre le montant à débiter du compte du coopérateur. Puis permet également de mettre à jour les stocks disponibles dans l'épicerie.

Logiciel-gestion-epicerie-cooperative-participative-2019-06-12-à-10.48.09-achat-deo-quantite

L'essentiel est fait.

L'interface d'administration permet aux coopérateurs qui gèrent les stocks de bien gérer les commandes. Ainsi que d'avoir une gestion financière et de créer les QRcodes à associés aux produits.

Une telle infrastructure simplifie nettement la gestion des paiements et des stocks. Elle ne nécessite aucun moyen de paiement dans l'épicerie.

Logiciel-gestion-epicerie-cooperative-participative-2019-06-12-à-11.27.38-liste-produts-stock-tva-marge-code

Le compte de chaque coopérateur peut être légèrement en déficit. La coopérative Chez-Emmy permet un solde négatif de CHF 50.-

La vérification du réapprovisionnement du compte et la mise à jour des soldes des coopérateurs se fait automatiquement en important les paiements reçus sur le compte bancaire à l'aide d'un fichier XML au format CAMT 0.54 (norme ISO 20022)

Logiciel-gestion-epicerie-cooperative-participative-2019-06-12-à-11.48.05-importation-bvr-xml-camt-054-fichier-banque

Par contre cette solution de gestion d'une épicerie participative nécessite un wifi performant dans le magasin. Les bornes wifi de base sont souvent conçues pour une dizaine de personnes en même temps.

La première semaine Chez-Emmy, avec l'engouement de la nouveauté les 40 personnes en même temps sur le même réseau l'on saturé. Il a fallu adapter le wifi en conséquence.

Cette application web de gestion d'épicerie participative s'appelle Epicerio.

C'est par ici si tu veux en savoir plus sur le système de gestion d'épicerie coopérative participative développé par ecodev pour chez Emmy.... .. mais qui maintenant n'est plus réservé à cette seule coopérative.

Les Monnaies Locales Complémentaires dans les épiceries participatives

Dans des petites vidéos à propos d'épiceries coopératives participatives, j'ai vu à deux reprises des paiements en MLC, des Monnaies Locales Complémentaires. Normal, un des fondateurs de l'épicerie le Nid est aussi un des principaux artisans de la monnaie locale du Léman.

La monnaie est un de mes sujets favoris ! Je suis devenu un spécialiste de l'histoire de la monnaie. Je connais aussi très bien les Monnaies Locales Complémentaires et ça ne m'étonne pas du tout d'en voir dans les projets d'épicerie coopératives participatives. C'est un peu le même genre de valeurs qui sont véhiculées. Notamment la relocalisation de l'économie.

leman monnaie

Mais je reste très sceptique sur le réel impact des MLC. Je pense que souvent c'est juste changer la couleur des billets et rien de plus. Le système en place s'est arrangé pour que tous les avantages des monnaies locales soient bridés (notamment le fait de doubler la masse monétaire). Ainsi les projets de MLC sont toujours en tractation avec la FINMA en Suisse pour savoir quel est vraiment leur statuts.

J'ai fait tout un article sur ce feuilleton Monnaie Locale Complémentaire en Suisse. Je te laisse aller voir.

Je pense que l'épicerie coopérative participative est un outil nettement plus efficace pour relocaliser une économie qu'une monnaie locale nantie sur la monnaie officielle.

Mon modèle préféré de système de paiement dans une épicerie passe par un compte dans l'épicerie, ainsi ça complique un peu le paiement en monnaie locale. Notamment comme il n'y a pas de caisse, on ne peut pas accepter les billets. Il faut trouver un autre moyen pour créditer les soldes en monnaie locale.

Mais tout de même il y a une idée à creuser sur le sujet notamment sous forme d'un crédit mutuel entre fournisseurs et la coopérative. Si les fournisseurs sont aussi coopérateur c'est facile, on peut créditer directement leur compte interne pour les payer. On s'approche ainsi du principe de coopérative intégrale.

Le Lémanex est un crédit mutuel entre entreprise. Là c'est nettement plus intéressant comme principe de monnaie locale.

A garder en tête pour voir comment tout ça pourrait s'articuler. Mais pour le moment il faut faire simple.

monnaie minimoi
C'est facile de créer de la monnaie... avec un crédit mutuel on fait tout nous même.

5: Comment trouver des producteurs, des fournisseurs pour une épicerie coopérative participative ?

.... et aussi quelle marges pratiquer, comment éviter de faire concurrence à ses propres fournisseurs ?

Effectivement si on veut vendre des produits.. il faut bien les produire. Il faut des producteurs qui nous les vendent.

courge agriculture biodynamique perceval

Trouver des fournisseurs de produits, bio et locaux de préférence

Dans toutes les régions il existe des producteurs locaux. (Comme un de mes amis...) Ils ne sont pas forcément bien référencé dans un grand registre. Mais souvent les associations paysannes comme AGRIDEA peuvent te renseigner.

C'est justement par ce qu'ils ont reçu beaucoup de demandes qu'ils ont organisé une réunion pour créer du lien entre les acteurs des épiceries coopératives participative.

Comme la plupart des épiceries ont des valeurs qui tendent à vouloir un maximum de produit bio. Une bonne piste pour trouver des fournisseurs c'est de se renseigner chez bio-suisse. Ils ont même une page pour aider les gens à trouver des produits bio près de chez eux.

Le mot "bio" signifie "vie"
Le mot "bio" signifie "vie"

Le site fermebourgeon.ch est un annuaire avec une carte pour trouver des bio dans sa région, mais aussi des restaurants et marchés bio.

Il existe aussi une bourse, plein de petites annonces pour trouver tout ce qu'il faut sur le marché bio en Suisse... mais c'est plutôt pour des animaux et du fourrage ! 🐄 🐐

La manière simple pour démarrer son épicerie coopérative participative, c'est de commander chez un grossistes comme biopartner qui fourni quasiment tout en produits bio. Ça complète bien les produits locaux.

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Attention de ne pas concurrencer ses propres fournisseurs... ou pas..

Une question a été soulevée, à propos de fournisseurs qui vendent leurs produits à un prix de grossiste. Puis ce même producteur impose à ses revendeurs de vendre à un prix donné.... Que faire suivre ou pas suivre cette "recommandation" ?

Le cas d'école, c'était celui d'un vigneron 🍷qui impose une marge de 70% à ses revendeurs, alors que la coopérative pratique habituellement une marge de l'ordre de 25%. Ça fait quand même une grande différence. En fait le vigneron impose son prix sur le marché afin de ne pas se faire concurrencer lui-même, dans son propre magasin !

La conclusion a été que le but de l'épicerie participative, c'est justement de participer par son travail. C'est une forme de paiement en nature. Il est donc normal que la marge soit plus faible. L'idée c'est d'expliquer ceci gentiment au producteur. Si il ne veut pas.. ça ne sert à rien de continuer avec lui.

Dans un modèle d'épicerie fermé aux seuls coopérateurs ceci se défend bien. Par contre dans un modèle ouvert ou des gens qui ne travaillent pas dans l'épicerie peuvent accéder à un produit moins cher que le prix du marché, là ça ne va plus. Voilà la limite.

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Qui est enchainé ? le producteur ou le distributeur ?

Mutualisation des livraisons entre les différentes épiceries ?

Quand une région commence a avoir plusieurs épiceries coopératives participatives, souvent ce sont les mêmes producteurs qui livrent aux épiceries ! 🚴

La question se pose donc de voir si il est possible de mutualiser les livraisons ?

La question n'a pas clairement été tranchée. C'est compliqué. Ça dépend des produits, des stocks, de qui livre, le producteur ou l'épicerie ? Est-ce qu'il y a un grossiste ?

La conclusion a été de dire que la meilleure solution de mutualisation serait peut être un service de livraison indépendant mais qui appartient aux épiceries.... à revoir quand le besoin se fera vraiment sentir. Ça n'avait pas l'air d'être le cas, malgré que la question a été soulevée.

livraison-epicerie-cooperative-participative

Comment gérer les relations avec les autres magasins, notamment les épiceries bio et en vrac.

Quand une épicerie coopérative participative ouvre, les épiceries concurrentes peuvent mal le prendre !

Il y a tout en engouement parallèle de création de petites épiceries bio et/ou locale, et d'épiceries en vrac. Ce sont surtout celle là qui risque d'avoir peur de l'arrivée d'une coopérative qui n'a pas besoin de dégager de salaire !

Il y a aussi des coopératives de paysans qui vendent leur propres produits qui peuvent avoir peur.

La conclusion c'est de bien communiquer, d'expliquer le projet. Peut être de trouver des synergies, une coopérative de paysan va peut être servir de fournisseurs et tout le monde sera content.

Il y a moyen d'être complémentaire sur des produits. Ne pas proposer exactement la même gamme de produit de soins corporels par exemple. Et il ne faut pas oublier qu'il y a aussi des gens qui ne sont pas intéressés par le côté participatif et vont continuer à aller dans des magasins plus standard.

A Sion le magasin bio La cagette 1971 s'est transformée en coopérative participative Co-é-Sion. Comme quoi le modèle est transformateur...

A Charmey un sondage a été fait pour tester l'intérêt pour une épicerie coopérative participative. Le résultat a été à 177 contre 1 pour le projet.

Dans le mot coopérative, il y a coopérer. Donc ça reste la meilleure chose à faire, avec un dialogue entre les gens.

Silo pour les aliments en vrac
Silo pour les aliments en vrac

6: Quels assortiments de produits avoir dans une épicerie coopérative participative ?

Quand on a une épicerie, il faut bien y vendre des produits ! Mais quoi ? quelle quantité ?

Large palette de produits ou produits spécifiques ?

Est-ce que je dois me concentrer sur une gamme de produits précis ou est-ce que je dois avoir une grande gamme de produits afin d'attirer les gens ?

L'idée de la place de marché est très vieille. C'est avoir dans un même lieu toute l'offre du moment.

Le supermarché à repris ce principe, mais avec une seule caisse.

Dans la vie trépidante des gens de notre temps, il y a peu de gens qui vont prendre le temps d'aller à plusieurs endroits, chez plusieurs commerçants pour faire leurs courses.

L'idée d'avoir une large palette de produits est donc celle a privilégier. Il n'est pas nécessaire d'avoir tout l'assortiment possible. Mais juste l'essentiel.

Comme exemple, l'assortiments de produits disponibles dans l'épicerie chez Emmy est de l'ordre des 400 à 500 produits différents selon la saison.

Pour comparaison avec l'assortiment d'une coop pronto qui est le magasin de plus petite taille de Coop dispose d'environ 10 000 produits!

Le Top Ten des produits les plus vendus à la Coop

Evidemment, en vendant en vrac, on a pas besoin de faire des déclinaisons de taille et d'emballages différents. Ça fait du coup, moins de produits différents !

Voici une liste non exhaustive de types de produits possibles à vendre dans une épicerie coopérative participative:

  • Pain 🥐🥖🍞
  • Fruits, légumes 🍅🥝🍍🍒🍈🍓🍇🍌🍊🍐
  • Produits laitiers 🥛🐄
  • Fruits secs, noix, graines 🌰🥜🐿
  • Produits soja, tofu, lait de soja 🥛
  • Pâtes 🍝
  • Farines 🥞
  • Sucres, miel, confitures 🍯
  • Riz, céréales, légumineuses 🍚 🌾
  • Viandes, 🐟 🍖 🥩 🍣
  • Vinaigres, huiles, sauces, moutardes, oeufs 🥚🍳
  • Épices 🌶
  • Café, thé, chocolat 🍫☕️🍵
  • Boissons alcoolisées 🍺🍾🍷🥃
  • Boissons non alcoolisées 🥤🍹🚰
  • Produits cosmétiques et ménagers 🧖🏻‍♀️
  • Contenants 🛢⚗️

Evidemment chaque cas est différent. Par exemple le Local à Nyon est une épicerie qui veut mettre en avant les produits locaux. Elle ne va donc pas chercher à vendre ce qui vient de plus loin que son district !

Le local est située juste à côté des grandes surfaces. Donc c'est assez proches pour que les gens fassent le détour !

Ainsi dans ce cas, il n'est pas forcément nécessaire d'avoir une large palette de produits. Même si la tendance globale montre le contraire !

L'astuce pour faire venir des clients

L'épicerie de la Brouette à Lausanne a remarqué à ses débuts que les jours où il y a de la vente de pain, l'affluence était plus importante que les jours où il n'y en avait pas !

Ainsi le pain est un aliment qui à lui tout seul fait venir les gens. Il est donc nécessaire d'en avoir (dans ce cas !... ailleurs c'est peut être différent !)

En informatique on appelle ça une Killer app. C'est une application tellement bien qu'a elle seule elle justifie l'utilisation de toute une plateforme. T'achète un iPhone 📱 car ton app préférée n'est que sur iOS..

Le pain est donc la killer app de l'épicerie !

La Brouette s'est donc arrangée pour avoir du pain tous les jours, et ceci en collaboration avec 3 boulangers. C'est aussi pratique pour créer du lien avec les fournisseurs et producteurs de ne pas les mettre en concurrence exclusive mais de proposer leurs produits à tour de rôle.

Ainsi il faut avoir une large game de produits, mais également quelques produits spécifiques qui justifient le fait de venir là plutôt qu'ailleurs.

Il est a préciser que l'épicerie de la Brouette est ouverte à tous, même hors coopérateur. Ainsi ça facilite les gens qui passent là par hasard. Il faut donc des astuces de fidélisation.

Une autre astuce est de fermer 30 min plus tard que les supermarchés alentours ce qui fait venir les gens qui passent à l'improviste.

Equilibre entre l'inclusivité et la "pureté" de l'offre. (Pour plus de détail voir les annexes p41 du manuel des membres de la Louve... pdf)

Matériel pour épicerie

Voici une petite liste de fournisseurs de matériel pour épicerie:

7: Comment financer la création de son épicerie coopérative participative ?

Pour démarrer, il faut bien avoir quelques fonds. Comment les trouver ?

C'est là qu'on voit en général tout une belle créativité pour présenter son projet dans une vidéo courte, histoire de convaincre des personnes qui voudraient soutenir le projet.

Voici un exemple avec la vidéo du crowdfunding du Local, un épicerie coopérative participative à Nyon.

Le financement participatifs

Plusieurs projets ont été financés par des financements participatifs voici quelques exemples:

Il y a différentes plateformes qui ont été utilisées. Mais il y en a une qui se profile pour être plus spécifique au monde agricole et paysan et donc aussi aux épiceries coopératives participatives. Son concepteur était là lors de la séance organisée par Agridea. Il s'agit de la plateforme de crowdfunding:

yeswefarm.ch

Cette plateforme présente comme avantage le fait d'avoir un haut taux de réussite, car il y a un bon coaching de la part du fondateur. Et personnellement je trouve que les montants sont assez importants en moyenne ! (mais c'est à vérifier)

Dans tous les cas, une campagne de crowdfunding, c'est très long, et c'est juste la formalisation de l'engagement d'un réseau pour un projet. C'est pas là qu'il faut créer son réseau !!

Personnellement, je me demande toujours pourquoi passer par une plateforme pour avoir des dons ? Il ne faut pas oublier que la commission de la plateforme est de l'ordre de 10% !!

Si on a déjà un réseau et quelques compétence en informatique autant faire soi même ! La commission sur un virement est moins chère que de passer par des cartes de crédit en ligne et une plateforme !!

credit bancaire facile
Avec le financement participatif, on a plus besoin des banques et leur crédits

Les dons, les mècènes, les subventions

Quelques épiceries ont reçu des dons, en monnaie ou en nature. Parfois même des mécènes anonymes.

Il y a parfois des aides communales, surtout pour des locaux ou du matériel. Ainsi la coopérative Le Nid a reçu CHF 10 000.- de subvention de la ville de Genève.

Il y a de tout, chaque cas est différent. Maia ça vaut la peine d'avoir en tête que les projets d'épiceries participatives sont souvent bien vu pour des subventions, vu qu'ils sont un tout en un, s'occupant d'alimentation de qualité, de social, d'environnemental, de dynamisation économique locale...

chapeau plein de billets de 1000 CHF

Les parts sociales de la coopérative

Il est quand même fondamental de rappeler que dans toutes coopérative, il y a un achat de part sociale ! C'est normalement la source de financement principale d'une coopérative !

C'est ainsi que la coopérative obtient les liquidités suffisante à son démarrage et ensuite son roulement devrait être assuré par la vente des produits et une marge qui oscille entre 20% et 33% selon les coopératives. (Celles qui sont totalement fermées, et sans salarié me semblent être celles qui ont la marge la plus faible, et donc les produits les moins chers.)

Dans mon étude, j'ai vu des parts sociales s'échelonnant de CHF 50.- à CHF 400.- Le plus courant est de CHF 200.-

En général c'est par ménage, après il y a toute une cuisine pour savoir ce qu'est un ménage, une famille, un couple, des colocataires...

famille-marquage-sol-art-urbain-sandy-millar-750251-unsplash

Parfois j'ai vu en plus une mini-cotisation annuelle. (~20 CHF)

Donc si on compte qu'il faut une centaine de coopérateurs pour démarrer, que chacun paie ~ CHF 200.- C'est donc un montant de CHF 20 000.- qui permet de démarrer.

Personnellement j'aime bien le modèle coopératif. Ainsi je participe aussi à d'autres coopérative, comme la coopérative solaire CoopSol... et la coopérative de carSharing Mobility.

Coopérative solaire Coopsol

On voit là le pouvoir de la mutualisations de ressources qui permet d'avoir des liquidités pour installer une grande infrastructures. Dans les cas ci-dessus, acheter des panneaux solaires et des voitures !
(Il y aussi des projets participatifs pour poser des panneaux solaires comme Autovoltaic par exemple, ce qui réduit des coûts d'installation de 20% à 50%.)

La mutualisation des ressources, le financement participatif, la participation bénévole dans sa propre structure sont des modèles économiques avec un grand potentiel. Ce sont des modèles que Marx ne connaissait pas et donc qui remettent en cause ses théories qui ont organisé la lutte des classes pendant des siècles...

J'ai déjà fait un article il y a quelques années à propos de l'artisanat industriel, du pouvoir révolutionnaire des financements participatifs qui dispensent d'avoir recours au crédit bancaire ou à la bourse pour se construire des outils de production et de distribution.

Ceci a pour conséquence d'autonomiser les gens. C'est une émancipation collective. Je pense que c'est pour ça que tous ces sujets m'intéressent ! 🙂

Jardin sur le toit d'une coopérative d'habitant à Genève.
Jardin sur le toit d'une coopérative d'habitants à Genève. Tout peut se faire en coopérative !

Liste d'épiceries coopératives participatives en Suisse romande

.... La tienne n'est pas dans la liste ? C'est probable... c'est en plein boom.. dur de suivre toutes les épiceries participatives qui ouvrent !

Il suffit d'ajouter son nom dans les commentaires en bas de page et de temps en temps je fais une mise à jour et je l'ajouterai.

epicerie-fruits-legumes-lukas-budimaier-93293-unsplash

Liste d'épiceries ou de supermarchés coopératifs participatifs un peu partout...

Au fil de mes recherches sur le sujet, j'ai découvert pas mal de projets intéressants. Ça peut toujours servir d'exemples inspirants.

J'habite en Suisse romande, je veux bien tenir une liste pour cette région. (à voir ci-dessus), mais je ne vais pas faire de liste exhaustive pour le monde entier !!

Voici la carte du réseau informel InterCoops des coopératives participatives:

Pour voir la carte en pleine page....

Mais comment être sur la carte ? .. Je vois que les genevois ont réussi !

Il y a encore un wiki qui regroupe plein d'infos utiles aux épiceries coopératives participatives... c'est une mine d'or sur les différentes pratiques d'organisation, le juridique (français) les outils de paiements, les guerres de religion informatiques :p

Le wiki est complété par un forum pour aller discuter de tout et n'importe quoi autour des supermarchés coopératifs...

Encore une fois, je vois que les sujets les plus commentés sont l'informatique... normal sur un outil informatique il n'y a que les geeks.. mais pour les autres il y a aussi les rencontres en chair et en os...

Encore un peu de documentation à propos des épiceries et supermarchés coopératifs participatifs

C'est toujours intéressant de voir les quelques vidéos qui ont été faites sur certaines épiceries ou supermarchés coopératifs participatifs.

On peut voir comment les gens s'organisent, on peut voir le soins apporté aux locaux, aux étagères. Je vois qu'il y a les éternelles cagettes vertes pliables (ou pas) partout pour les légumes. (Caisse IFCO) C'est le standard pour les grandes et petites surfaces participative ou non !

Dans les nouvelles épiceries je vois de plus en plus souvent des silos à vrac, dans les anciennes un peu plus d'emballage plastique.

J'observe aussi que les étagères sont faites de plus en plus en bois !

J'ai été très impressionné de savoir que dans le petit local de Chez-Emmy, les étagères ont été fabriquées avec 1.7km de latte à tuiles !!!

Le résultat est très beau et astucieux. On a des étagères modulables et esthétiques. C'est autre chose que les étagères métalliques avec des crans partout pour être modulable.

étagère en bois épicerie de chez-emmy
étagère en bois de chez-emmy

J'ai l'impression que si l'on prend bien soin de l'ambiance du magasin le sentiment d'appartenance et de communauté va être plus grand. Les gens se sentirons encore plus à la maison et le projet sera d'autant plus réussi !

Il y a d'ailleurs souvent des activités annexes organisées dans les épiceries coopératives participatives. C'est vraiment un moyen de faire du lien social.

Voici également les comptes rendu de la coopérative Epicoop à Vevey qui va visiter des épiceries participatives en attendant de trouver un local !

Voici la visite du Nid à Genève....
La visite du Radis à Bex....
La visite du Local à Nyon...

Reportage radio RTS sur le Nid.....

Qu'est-ce que ça change vraiment une épicerie coopérative participative ?

J'aimerai ici faire une sorte de conclusion, une synthèse comme j'aime bien les faire. Qu'est-ce que ça change vraiment ce nouveau type d'épiceries voir même de supermarchés coopératifs participatifs ?

Je vois qu'il y a plusieurs types d'intentions derrière cette nouvelle sorte de commerce.

Il y a des gens qui font ça pour faire du bio et ou du local, d'autres pour avoir des produits moins chers, d'autres pour réduire les déchets, pour favoriser le commerce équitable, d'autres encore pour tout ça en même temps !

... et en fait globalement ce genre de commerce va vraiment vers tout ça à la fois !

C'est à dire manger de qualité, et avec une conscience écologique, pour un coût abordable.

Certains sont plus à cheval que d'autres sur la charte des valeurs, plus ou moins "inclusif" ou "pur". Mais tous tendent vers cet idéal.

J'observe donc un vrai changement dans les consciences qui s'exprime par la création active d'alternatives et pas juste faire signer des pétitions et faire voter des lois. Ce qui prend énormément de temps et n'est pas toujours efficace !

Reprendre son pouvoir créateur, agir dans son cercle d'influence et pas seulement dans son cercle de préoccupation, ça change vraiment les choses!

Est-ce que ce modèle est durable ? Est-ce qu'il peut être dévoyé ?

Comme je le mentionne au début de cet article, si l'on veut du local, bio, inclusif, fourni par une coopérative... en Suisse c'est déjà le cas, le marché est dominé par les deux géants orange que son Coop et Migros

Alors qu'est-ce que ça change les supermarché participatifs ?
Pourquoi vouloir réinventer la roue ?

L'histoire de la coopérative Migros est instructive

Migros a justement été totalement révolutionnaire lors de création à son époque. Le fait que les deux géants de la distribution Suisse soient des coopérative montre que le modèle a quelques chose de viral qui est durable.

Le géant international Carrefour a tenté plusieurs fois de s'implanter en Suisse et n'a pas réussi !

enjoy-capitalism.jpg

Mon hypothèse est lié au fait que le modèle coopératif impose que les bénéfices soient réinvesti dans les magasins eux-mêmes. Ainsi il n'y a pas d'actionnaire qui se sert au passage. Il peut donc y avoir directement des prix moins cher pour la même qualité.

Bien que Migros et Coop soient des grandes surfaces atypiques dans le monde et qui favorisent passablement le bio et le fairtrade. Il y a une impression que les valeurs du début ne sont plus là !

J'explique ceci en partie à cause du fait d'avoir rendu totalement anodin le fait d'être coopérateur.

Je suis un des 151 000 coopérateurs de Migros Vaud... mais j'ai pas l'impression d'aller dans MON magasin quand j'y vais. J'ai juste reçu une plaque de chocolat quand j'ai mis mon bulletin de vote dans l'urne de mon magasin pour accepter les comptes. ... et j'ai du bien chercher sur un site web pour voir les comptes. Pas d'AG en commun.

cooperative-migros-plaque-de-chocolat-vote-ag-compte

Il n'y a plus de sentiment d'appartenance, on ne peut pas faire communauté avec 150 000 autres personnes !! (et encore ce n'est que Migros Vaud.. il y a les autres coopératives soeurs...)

Ce sentiment d'appartenance à une communauté et même d'être propriétaire de Migros a tellement disparu que Migros a du faire une campagne de publicité massive pour expliquer que c'est vrai... Migros appartient à "tout le monde" !

Ainsi j'en retiens que si l'on veux un modèle durable, un commerce qui garde le même modèle avec le temps, il est nécessaire de conserver un sentiment d'appartenance à une communauté.

En cela le modèle participatif est révolutionnaire !
C'est à mon avis la clé de ce qui fait une épicerie coopérative participative.

Mais comment cultiver cette différence ?

Le modèle participatif est la grande nouveauté qui va changer le commerce de détail

Ce qui change vraiment par rapport aux magasins existants, c'est le modèle participatif. Le fait que des propriétaires travaillent dans leur magasin. La tâche est collectivisée et c'est toujours en 2 et 3 heures par coopérateur qui suffit à faire tourner la boutique !

Ci-dessus on a parlé de l'arrivée de la coopérative Migros, du fait que cette forme juridique a court-circuité le coût de l'actionnaire. Ainsi les géants orange, malgré leur valeurs à priori plus cher, ne sont pas plus cher.

Quel circuit on peut encore raccourcir de nos jours ? On peut cour-circuiter les salariés !

Les grandes surface tentent de le faire en remplaçant les caissières par des self-chekout. Les clients font le boulot. C'est la mauvaise manière de faire.

selfcheckout-caisse-supermarche-migros

Le modèle participatif va plus loin, on supprime carrément tous les salariés. Chacun est obligé de travailler dans son magasin.on recrée le sentiment d'appartenance, le sentiment de communauté qui a disparu chez Coop et Migros.

Et on peut proposer des produits encore moins cher pour la même qualité !

Les grandes surfaces ne peuvent pas rivaliser ! C'est là la clé de la durabilité du modèle.

Conclusion: comment démarrer son épicerie coopérative participative ?

On a vu énormément de chose dans ce dossier très complet !! Comment résumer tout ça pour en faire une conclusion ?

Je crois que l'idée participative est mûre et qu'elle va prendre de l'ampleur.

Ainsi il y a des épiceries coopératives participatives qui sont lancées avec l'aide financière d'un financement participatif !

Ce sont des valeurs éthiques qui poussent des gens à s'associer, à créer une communauté avec les mêmes valeurs et créer une coopérative participative.

supermarche-en-creation-migros

Les buts d’une épicerie coopérative participative sont variés. Suivant les projets les priorités ne sont pas les mêmes et l’on trouve donc des principes éthiques un peu différents.

Mais globalement toutes les épiceries participatives coopératives tendent vers une nourriture de qualités, à prix abordables, soit en détail des produits:

  • bio
  • locaux
  • moins chers que dans les grandes surfaces
  • avec moins d’emballage (en vrac)
moins-de-dechets-agir-ensemble-epicerie-vrac

Même avec ces ambitions éthique, comme vu plus haut, c'est une mauvaise idée de vouloir jouer au plus pur des purs... Il vaut mieux faire mieux que les autres sans être sectaire et ainsi laisser la liberté aux gens de faire leur compromis eux-mêmes, avec leur propre priorité.

Le modèle participatif est déjà tellement révolutionnaire qu'à lui seul il va changer les choses dans les autres domaines. Ceci surtout pour une question de porte-monnaie.

Je vois qu'il y a des pratiques diverses et variées dans l'ouverture ou non aux clients extérieurs à la coopérative.

Il y a des épiceries réservées aux coopérateurs, comme chez Emmy.

Il y a le modèle ouvert à tous comme c'est le cas avec le Local, dans lequel les coopérateurs ont des rabais plus importants que les passants. (30% en général, 25% pour les amis du local et 20% pour les coopérateurs.)

Mon avis personnel, me pousse à préféré le modèle le plus simple. Avoir 3 types de clients c'est contraignant, c'est 3 types de prix différents, avec 3 types de comptabilité... et c'est aussi avoir une caisse. Ce qui n'est pas nécessaire dans la version réservée aux coopérateurs.

amis facebook Martouf grandes communautés.png
Ma communauté: visualisation des liens entre mes amis facebook.

Avec une version fermée, on crée une véritable communauté. Cette communauté est nécessaire à tenir sur le long terme avec les mêmes valeurs.

De plus, il est plus facile de se faire confiance et c'est ainsi un bon point pour faire une gouvernance partagée. Décentraliser les tâches, faire confiance, ne pas avoir besoin d'un coordinateur salarié qui est submergé et a de-facto plus de pouvoir que les autres.

C'est la communauté qui se gère elle-même. Les gens prennent des décisions au consentement et en cas de blocage on peut voter en dernier recours. C'est une méthode souple, et efficace.

Pour la communication, il est important de ne pas oublier que le contact humain est le meilleur! Même si on a plein d'outil de communication à distance qui sont très pratiques.

Pour tout ces outils informatiques, privilégier les ecosystèmes libres et non prédateurs de données personnelles que sont les outils libres des colibris ou les app collaboratives de framasoft.

Ce sont des outils, simples et efficace. Quand un outil informatique devient une grosse usine à gaz qui formate la manière de faire ça devient dangereux. L'outil doit être au service des gens et pas le contraire. (à méditer, pour moi qui ai une entreprise qui a créé un outil informatique de gestion d'épicerie coopérative participative !!)

centralisation decentralisation distribue reseau
Centraliser, c'est créer des points de surcharge dur à gérer

Si l'outil devient trop gros, c'est souvent que la communauté devient trop grosse. Là il faut se poser la question de savoir si il ne serait pas plus simple de faire un fork comme on dit dans le jargon informatique. En biologie on parlerai de division cellulaire. Small is beautiful

C'est souvent la taille qui demande à créer des outils de gestion, là où un peu de travail manuel suffit dans une petite structure décentralisée.

Penser global et agir local !

Les idées peuvent être à taille universelle, mais les actions locales, adaptées à leur environnement sont meilleures. C'est ainsi que la nature fonctionne.

Voilà donc comment je vois les grandes options pour bien démarrer son épicerie coopérative participative.

J'espère que ça peut être utile à toute personne voulant lancer une épicerie coopérative participative...

Epilogue: vision d'avenir... un monde coopératif participatif ?

Faisons un peu jouer notre image-in-air....
... et si l'épicerie s'occupait aussi de la production ?
C'est ce que Migros fait.... non ? ...

Et en mode participatif ça donne quoi ? C'est un peu comme certaines AMAP. Les consommateurs participent parfois aux travaux dans les cultures.

verger-epicerie-morges-copil-du-bio-diverger

Il me semble qu'il y a là un modèle global, on peut imaginer plein de structures de production participatives (surtout pour les produits de base, donc principalement l'alimentation).

Imagine une fabrique de biscuit 🍪 participative ? ... On se mets tous ensemble 1 journée par mois pour fabriquer des biscuits ensemble !

L'atelier de fabrication de cosmétique, celui de ramassage et pressage de jus de pommes 🍏 🍎 ...

Est-ce qu'il faut que ce soit la même coopérative intégrale qui gère tout ?
Non... pas forcément.

Selon le principe de la gouvernance partagée, on fait tous partie d'une grande entité avec une raison d'être globale, mais ensuite, il y a de nombreux cercles et sous cercles qui s'organisent de façon organique.

Chaque cercle est un holon, un tout est une partie, comme les organes d'un corps. Chaque cercle a une raison d'être alignée sur la raison d'être de l'entité qui le dépasse, qui le transcende. On agit tous ensemble dans la même direction, même sans se coordonner particulièrement.

Est-ce qu'il y a besoin de monnaie ?
Seulement dans les zones limites de la membrane de l'épicerie. Plus elle est autonome, moins il y a besoin de monnaie. Pour autant que la confiance règne, donc il est nécessaire de garder de petites communautés. (agissant en parallèle)

Dans le cas actuel, d'une épicerie coopérative participative, il y a besoin de monnaie extérieure pour payer les fournisseurs. Mais si les fournisseurs sont internes... ?
Il y a probablement une phase/zone de transition dans laquelle on peut utiliser une "monnaie" de type crédit mutuel, soit une simple comptabilité compensatoire entre les personnes pour tout ce qui dépasse les 3h de service normal.

80-ans-credit-mutuel_sans_limite_ni_contraction
Exemple de crédit mutuel entre 3 personnes. La somme des soldes fait toujours 0

En payant un fournisseur avec un potentiel de consommation supplémentaire dans l'épicerie, si il trouve tout ce dont il a besoin il sera intéressé.

On peut même pousser beaucoup plus loin. Est-ce que l'on peut imaginer que l'on produit tellement en abondance, que l'on va donner à chaque coopérateur-trice chaque mois un potentiel de consommation de base.

Si ce potentiel, atteint "ce qui est nécessaire pour vivre". Voilà, on a créé un Revenu d'existence. Presque un Revenu de Base Inconditionnel... à la seule condition de faire partie de l'organisation, de cette coopérative et de ses règles de fonctionnement, comme travailler 3h par mois.

Cette façon de construire un Revenu de Base permet peut être de rassurer les gens qui pense que ça favorise la paresse... Là il y a des règles....

.... Les règles de la maison. En grec on pourrait dire:
οἶκος, oîkos, eco → "maison"
νόμος, nómos, nomie → "règles"

Ce qui nous donne le mot "économie" pour désigner les règles de la maison.

Voilà, c'était le petit épilogue pour décoloniser ton imaginaire et repenser de nouvelles règles de la maison, une nouvelle économie.

Amuses-toi bien... tout est possible !

Le Kong: encore une autre monnaie de singe

En juillet 2011, j'ai lancé une monnaie qui s'appelait le Kong. C'était dans le cadre de mon site YopYop.ch. A la base ce site était une plateforme de location de tout ce que l'on utilise pas souvent... perceuse, machine à coudre, déguisements, etc...

Pour payer leur location, les gens utilisaient la monnaie crée pour l'occasion: le Kong.

Comme cette plateforme monétisait l'économie du don, j'ai tout arrêté.

Aujourd'hui je relance le Kong. Mais avec un autre principe.

Pour l'historique complète voir en fin de page.

Kesako le Kong ?

Comme dit dans le titre de cet article. Le Kong c'est une monnaie de singe..🐒.. En fait comme toutes les monnaies !

La monnaie ce n'est que de la confiance.

Singe aux yeux kawai kong monnaie

Le Kong est une monnaie qui repose sur les principes suivants:

  • Low-tech → tout le monde peut la comprendre et vérifier le principe de fonctionnement: pas de boite noire réservée aux geek.
  • 📉Résiste à un effondrement économique → si plus rien ne marche après une catastrophe, un effondrement économique, technique... cette "monnaie" fonctionne encore. Pas besoin d'électricité, ni d'ordinateur.
  • Totalement décentralisée → autant la création monétaire, que la gouvernance, que la gestion des utilisateurs est décentralisée et même répartie au niveau de l'individu.
  • Propose un Revenu de Base Inconditionnel → chacun reçoit de quoi vivre. Et c'est la personne elle même qui décide du montant de son RBI! (basé sur ce qu'il lui faut pour combler les 9 premiers besoins des 14 besoins fondamentaux selon Virginia Henderson)
  • Assure une "égalité saptio-temporelle" entre les utilisateurs → C'est le jargon TRM (pour ceux qui connaissent) qui signifie qu'une génération n'est pas favorisée ou prétéritée d'arriver à une époque différente. (Avec le crédit bancaire, c'est souvent une génération qui consomme le crédit et la suivante qui paye le crédit....). Mais c'est aussi l'assurance qu'en tout endroit la monnaie arrive, pas seulement dans les grandes capitales économiques qui concentre toutes les grandes banques.
  • Pas de risque d'inflation monétaire → Le principe étant basé sur une forme de crédit mutuel, la quantité de "monnaie" est crée au moment des transactions, donc pas besoin de créer en amont une masse de monnaie qui est déconnectée des besoins et crée de l'inflation.
  • Un potentiel de crédit sans intérêt accessible pour tous → encore une fois c'est la notion de crédit mutuel qui permet d'avoir un potentiel de crédit sans intérêt. Ce qui permet d'investir dans son avenir sans surcoût.
  • Une monnaie fondante → Une monnaie qui circule, qui ne stagne pas et favorise une économie fluide. Telle que Silvio Gesell l'avait imaginée. C'est cette astuce qui permet l'existence d'un revenu de base!
  • Une monnaie à l'abri des crises cycliques → la fonte, le Taux de Retour à l'équilibre assure qu'en tout temps on équilibre les comptes avec une exponentielle décroissante et pas une exponentielle croissante comme dans le cas du crédit bancaire. C'est mathématique, toute fonction exponentielle est source d'instabilité.
  • Chacun est libre de choisir ses paramètres → toute valeur est exprimée dans un référentiel. Ici chaque personne est libre de choisir son référentiel. Elle doit juste l'expliciter. En fait, elle peut même choisir le nom de sa propre monnaie... moi j'utilise le kong.... mais toi tu préfères peut être un autre nom ? .. et malgré tout on pourra commercer ensemble de façon juste.

Principes théoriques

Le Kong est juste le nom que j'ai donné à ma version d'une "monnaie", d'un système économique basé sur le principe du SME, le Système Monétaire Equilibré ou Système de Mesure Equilibré.

C'est une sorte de crédit mutuel amélioré avec une fonte périodique à l'image du jubilé biblique qui annule les dettes pour stabiliser la société.

J'ai déjà bien décrit la théorie du SME dans mon article sur l'histoire de la monnaie, ainsi que dans une réflexion sur l'implémentation d'un tel système de manière informatique.

Mais ici je propose de le faire en mode low-tech, sur papier !

C'est une démarche autant pratique que pédagogique.

Concrètement comment je fais pour utiliser la monnaie Kong ?

Le principe est très simple. Il suffit de:

  • se créer un carnet de comptabilité/identité. 📘
  • définir les paramètres de son référentiel
  • utiliser le carnet pour des transactions avec d'autres utilisateurs

Le carnet peut être fait à la main, sur papier. Mais je propose de télécharger des fichiers pdf, de les imprimer (recto-verso) et de te constituer un carnet.

Il y a 3 pages A4 à plier et mettre ensemble pour former un carnet:

Ce carnet (encore très brouillon ! Je t'invite à créer le tiens ci-dessous) comporte un côté qui sert à enregistrer les transactions. Et si l'on retourne le carnet, l'autre côté sert à y indiquer son identité et la faire signer par d'autres utilisateurs. Ainsi chaque personne vas se retrouver reliée à d'autres dans une Toile de Confiance.

Sur le principe, il n'y a qu'un seul carnet par personne. La toile de confiance sert à vérifier que c'est le cas. Les gens honnête sont invités à ne signer qu'un seul carnet par personne.

Aperçu de la page de comptabilité d'une transaction. On remarquera la notation du montant en absolu, (comme on en a l'habitude), mais aussi relativement au Revenu de Base Inconditionnel.

Je me suis pas un pro de la bureautique... et j'avais pas envie de passer trop de temps à créer un design parfait de carnet (surtout que c'est un casse tête pour faire 4 page de carnet sur une page A4.. et coordonner l'alignement pour avoir un bout de carnet dans un sens.. et un bout dans l'autre...)

Donc ce carnet est très brouillon... mais c'est volontiers que je cherche quelqu'un qui serait motivé à en faire un tout beau tout joli ! 🙂

Moi je l'ai réalisé avec Apple Pages... Je te mets les fichiers source ci-desous. J'ai fait une conversion automatiques en fichier word... ça doit pas être top. Mais c'est une base pour le reprendre et jouer avec.... bonne chance ! 🙂

FAQ Kong

Voici les réponses aux questions les plus courantes:

Comment utiliser le carnet ?

Ce carnet est ton portemonnaie.
Ce carnet sert à enregistrer toutes les transactions que vous faites. Dans un sens et dans l'autre (achat - vente, ainsi que les fontes périodiques du solde.)

Le Système de Mesure Equilibré est un Crédit Mutuel. Mais il a une particularité. Régulièrement le solde "fond". Qu'il soit positif ou négative et diminue en en direction de l'origine. (Le zéro).

Ainsi les avoirs fondent et les dettes fondent. Cette astuce permet de généré périodiquement un Revenu de Base Inconditionnel.

Pour en savoir plus: martouf.ch/SME

Comment noter une transaction ?

Lors de chaque transaction:

  • Vérifiez que l'autre partie n'a pas atteint sa limite de consommation à crédit.
  • Vérifiez que l'autre partie a bien effectué sa fonte conformément à son référentiel.
  • Inscrivez la transaction dans votre carnet. (L'autre partie inscrira la même transaction dans son propre carnet.)
  • Signez la transaction dans votre carnet
  • Signez la transaction dans le carnet de l'autre.

Qu'est-ce qu'un référentiel ?

Toute transaction est faite dans un référentiel. Trop souvent on ne préciser pas le référentiel. Les monnaies internationales courantes sont flottantes les unes par rapport aux autres.

Dans le cadre du SME on explicite le référentiel. Ce qui permet d'exprimer les prix relativement à son revenu de base.

Chaque personne peut potentiellement utiliser un référentiel différent. Chaque personne peut potentiellement utiliser sa propre monnaie. Mais dans ce cas, lors d'une transaction il faut faire correspondre les prix en les comparants en mode relatif au revenu de base.

Le revenu de base est l'invariant commun à tous.

Mode compensatoire ou mode direct ?

Que signifie le + de ma colonne ?
Tout est relatif... tout dépend de l'observateur, donc il est possible de voir les choses vu d'un côté où de l'autre. Il faut juste être au clair sur le référentiel utilisé.

Avec les monnaies on est formaté par le mode compensatoire:
- Je vends une courgette 🍆 , donc je transferts cette courgette, et j'obtiens de la monnaie en compensation. Je comptabilise ce transfert dans ma colonne +

J'ai utilisé ce mode pour faire des exemples car il est plus parlant pour le commun des mortels utilisateur de monnaie. Mais c'est pas forcément le mieux !
Dans le mode compensatoire, la fonte de ma dette correspond à un écart d'avec ma limite de consommation à crédit que j'appelle un revenu de base.

Mais dans le mode direct c'est autre chose.

Le mode direct s'appelle ainsi car au lieu de comptabiliser le flux de ce qui compense mes transferts d'objets, je mesure directement mes transferts d'objets.

Petit exemple:
- Je vends une courgette 🍆, donc je transfert une courgette ailleurs, hors de mon stock. Mon stock diminue. Je vais donc comptabiliser ce transfert dans ma colonne -

Ma limite de consommation à crédit devient une limite de stockage. J'ai une étagère, et elle est pleine. Je ne peut plus rien acheter. Par contre un mois plus tard, ma fonte agit. J'ai 10% des courgettes qui ont pourries.. Je les mets au compost, j'ai ainsi à nouveau de la place par rapport à ma limite. C'est l'équivalent de mon revenu de base mais vu depuis le mode direct et pas le mode compensatoire.

La richesse, c'est les courgettes et pas le jeton qui les représentes.

Si on s'intéresse un peu à l'histoire de la monnaie et des systèmes économiques, le fondement de ce genre d'intermédiaire de confiance, c'est de créer un climat de confiance. On sait que cette comptabilité va faire que personne ne pourra abuser du système.

En mode direct c'est très claire. Il y a une production. Un stock de ressources pour une communauté, il est fini. Il est limité. Une personne n'a pas le droit de tout prendre pour elle. Ainsi pour créer la confiance, on donne à chaque personne un droit de tirage sur ces ressources. Mais il y a une limite.

Donc concrètement, en mode direct on va utiliser une unité de mesure unique pour ma gestion de stock. On ne va pas noter 3 🍏 🍎, 2 🍌 , 5 🍆, 3 🍅 etc...

La valeur de chaque produit sera évaluée dans la même unité de mesure de transfert de stock, pour mois c'est le kong 🐵 <

Comparaison de prix dans différents référentiels

Prix relatif réf.1 = Prix absolu réf.1 / RBI1
Prix absolu réf. 2 = Prix absolu réf.1 /RBI1 * RBI2

Un référentiel est défini par les paramètres:

  • origine
  • montant du Revenu de Base Inconditionnel (avec le signe + ou -)
  • Taux de Retour à l'équilibre

Exemple de référentiel:

Origine = 0
Revenu de Base inconditionnel = 1000
Taux de Retour à l'Equilibre = 10% => 10/100

Limite de consommation à crédit:
Limite = RBI * 1/TRE + RBI
Limite = 1000 * 1/(10/100)) + 1000 = 11000

Qu'est-ce que la Toile de Confiance ?

La monnaie n'est finalement qu'un intermédiaire de confiance. Cet intermédiaire peut prendre plusieurs formes, jeton-valeur, mais aussi de la comptabilité.

Naturellement, quand la confiance règne, les humains organisent leur économie avec un système de don.

Ex:payer la tournée au bar 🍻On a pas besoin de comptabilité.

Si la confiance se brise, si il y a un abuseur qui consomme et ne produit rien. Il sera exclu.

Le SME propose aux gens qui ont peur des abuseurs d'utiliser une comptabilité pour étendre la notion de communauté de confiance.

La limite de consommation a crédit va limiter le risque d'abuser du système.

La notion de Revenu de Base Inconditionnel va permettre à tous de vivre dignement.

Pour éviter qu'une personne reçoive plusieurs Revenu de Base Inconditionnel. On crée une Toile de Confiance.

Le carnet de chaque personne est signé par d'autres utilisateurs qui certifient qu'une personne n'a qu'un seul carnet. (Évidemment on remplace les carnets pleins ! )

👩🏻👧🏼🧓🏻🧔🏻👱🏻‍♀️🧑🏻👨🏼

On note la proximité avec la personne.
Ex: "1ère rencontre, rencontre régulière, copain, amis, je vis avec".

Quel est le symbole de l'unité monétaire Kong ?

La mascotte du Kong, c'est le singe aux yeux Kawai:

singe aux yeux kawai

Il existe un symbole raccourci:

ex: 10 kong s'écrit: 10<

le Symbole: < est en référence au K de Kong.... mais sans le confondre avec d'autres unités de mesure, comme le Ko ou le Kg... ou le KN.....

< se trouve sur tous les claviers. C'est le symbole de la Rune Kenaz. La rune qui symbolise la maitrise du feu créateur et sa focalisation dans du concret. C'est le pouvoir de la forge qui forme, qui crée, qui transforme.

Ainsi le Kong est un outil qui permet de maitriser et focaliser l'énergie créatrice d'une communauté au service de projets.

Le symbole < est la moitié du symbole ᚷ, la rune Gebo. Cette rune symbolise la rencontre, l'échange. Le nom Gebo signifie "don".

C'est donc un symbole parfait pour représenter un système économique qui veut tendre vers le don. Qui est une béquille au don dans une communauté de confiance.

Histoire du Kong de 2011 sur la plateforme YopYop.. pourquoi j'ai tout recyclé...

Autour de 2010, j'étais très impliqué dans les projets de décroissance. Je me questionnait sur les moyens de consommer moins et partager plus.

"Moins de biens, plus de liens"

L'idée de créer une plateforme de partage d'objets m'est venue en été 2010. Il n'y avait rien de tel à cette époque.

Début 2011, après un reportage TV dans lequel on me voyait visiter une déchetterie, je me suis vraiment décidé à sortir le projet (bon c'est long de tout coder !!)

En juillet 2011, un an après avoir eu l'idée, j'ai ouvert la plateforme yopyop.ch. Ce site était une plateforme de location de tout ce que l'on utilise pas souvent... perceuse, machine à coudre, déguisements, etc...

Pour payer leur location, les gens utilisaient la monnaie crée pour l'occasion: le Kong.

La création monétaire se faisait en donnant 10 Kong à chaque personne qui ajoutait un objet sur la plateforme.

J'y parlais aussi déjà de l'idée de donner un Revenu de Base Inconditionnel, idée qui n'était pas encore très connue à l'époque.

Finalement cette expérience m'a montrée que les transactions se faisaient principalement entre amis, histoire d'avoir un grand niveau de confiance, les objets sont loués et pas vendu donc ça pose le soucis de ne pas laisser ses objets entre les mains de n'importe qui.

Donc conclusion: j'ai créé une plateforme qui monétisait (en monnaie de singe 🐵) l'économie du don qui se pratique naturellement entre les gens d'une même communauté de confiance.

Je m'en suis voulu de détruire ainsi l'économie du don qui est la plus simple, la plus joyeuse et la plus efficace ! (le Jeu de la Monnaie nous le prouve.)

De plus ma déformation professionnelle de développeur web m'avait induit à développer une plateforme web, alors qu'en fait le plus simple et efficace pour se partager des objets c'est de le faire avec ses voisins et pas sur le web avec des inconnus de l'autre bout du monde....
(J'ai eu un gars qui voulais louer une perruque... il était tellement loins que les frais de ports étaient plus cher que d'en acheter une neuve !!)

De plus le projet pumpipumpe.ch est arrivé. Il propose de mettre des autocollants sur sa boite aux lettres pour montrer à ses voisins ce que l'on propose comme objets en partage. C'est un concept nettement plus logique, il crée un vrai lien local et encourage l'économie du don.

J'ai trouvé que ça avait plus d'inconvénients que d'avantages de continuer.

J'ai fermé la plateforme au bout de quelques mois. J'ai recyclé le design pour martouf.ch et j'ai recyclé le nom de domaine yopyop.ch pour y mettre mes expérience de cuisine amusante.

Aujourd'hui il est temps de recycler l'ancienne monnaie Kong pour en faire une nouvelle monnaie Kong basée sur un concept un peu différent.

En 2011, j'avais une vision du monde très liée à la technologie high-tech. Je parlais de voir si il est possible de faire du change de Kong en Bitcoins !! ... c'était en 2011... seuls quelques geeks avaient entendu parler du bitcoin lancé en 2009. A l'époque la blockchain qui contient l'entier des transactions effectuées faisait 20Mo !! en 2019 elle fait plus de 210 Go ...

Aujourd'hui j'ai une vision du monde nettement moins technologique.. ainsi je propose non pas une monnaie électronique, mais une monnaie papier !! Un truc low-tech, qui marche et surtout qui est compris et compréhensible par tous. Pas une boite noir pour geek...

Donc voilà, je te laisse essayer le Kong !

Histoire de la monnaie (et des systèmes économiques) en vidéo

Je me suis lancé dans une série d'épisodes qui racontent l'histoire de la monnaie et des systèmes économiques.

Voici donc le début de cette série qui est publiée en partie sur la chaine youtube d'un copain.... et en partie sur la mienne.

Tu peux t'abonner à la playlist "Histoire de la monnaie" pour voir tous les épisodes dans l'ordre....

Episode 1: histoire de la monnaie et des systèmes économique: la chronologie

Ici je fais une intro pour expliquer de quoi on va parler. Un bref résumé de 5000 ans d'histoire....

Comment est-ce que les humains s'organisent pour vivre en communauté ?

Quelle est l'origine du mot économie ?  D'où vient la monnaie ? à quelle moment ça émerge ?

Episode 2: le don dans une communauté de confiance

Quel est le premier système économique qui émerge quand il n'y a rien ?
Voici une proposition basée sur le travail d'anthropologues et sur les constatations du Jeu de la Monnaie.

Episode 3: origine de la monnaie scripturale

Ici on découvre que contrairement à une idée bien répandue, la monnaie scripturale (donc écrite) est très ancienne. On a pas besoin d'ordinateur, un simple pour de bois suffit pour faire une reconnaissance de dette hautement sécurisée.

On va parler des summériens et de leur tablette d'argile..

Voici également une vidéo que j'ai spécialement conçue pour expliquer le fonctionnement des bâtons de comptage. C'est un système qui a fonctionné pendant des siècles et qui était encore dans le code civil français jusqu'en 2016 comme moyen officiel de comptabilité. Mais il semble qu'il est sorti des mémoires depuis bien longtemps.

En anglais on parle des Tally stick, en allemand de "Tesseln"

Voici encore un article complet à propos des bâtons de comptage, pour bien comprendre ce moyen d'enregistrement de paiement et de contrat très intéressant... mais apparemment complètement oublié !

Episode 4 : origine de la monnaie métallique et ses conséquences

Voici la véritable origine de l'impôt. Non, c'est pas du tout pour financer des infrastructures ni pour redistribuer les richesses. C'est juste une composante fondamentale du système monétaire.....  un système "esclavagiste" sans violence physique qui permet à une élite de vivre sur le dos des autres... à un seigneur de vivre de son seigneuriage.

frapper la monnaie celtes

Episode 5 : les banques centrales

Conséquences de la création de la monnaie (+ impôts) par un seigneur , c'est l'émergence d'une économie de marché. Les gens sont obligés de gagner de la monnaie pour payer leur impôts.

Le seigneur, de son côté va utiliser son pouvoir de seigneuriage issu de la création de monnaie pour acheter de quoi améliorer son armée et élargir son pouvoir sur d'autres malheureux.

Les marchands d'armes sont donc les privilégiés du système. Ils reçoivent beaucoup d'argent. Ainsi eux aussi deviennent puissants.

Au point que la conséquence de la création de la monnaie métallique au profit d'un seigneur, c'est de faire émerger une classe de commerçants qui eux aussi veulent leur part du pouvoir.

C'est ce qui arrivera avec la création des banques centrales.

La banque centrale est l'association entre des riches marchands et l'Etat. Tout en gardant son monopole sur la création de monnaie, sa part du pouvoir, l'Etat donne le monopole de la création d'un autre type de monnaie à une banque centrale. C'est ainsi que les banques centrales obtiennent le droit de "titriser" une dette pour la rendre liquide sous forme de billets de banque.

En complémenta voir aussi la vidéo de Henri Guillemin à propos de la création de la banque de France.

Une banque privée initiée par un groupe de banquiers (notamment le banquier Suisse Jean-Frédéric Perregaux.. Neuchâtelois.. comme moi !). Napoléon acceptera la proposition de la création de cette banque, en deviendra actionnaire et donnera le monopole d'émission de papier monnaie à la banque de France.

BNS Banque Nationale Suisse- Schweizerische Nationalbank.JPG

Episode 6 : les banques commerciales

Essors de l'économie de marché et industrialisation

Avec le temps l'économie de marché se développe bien. Le capitalisme prend son essors. L'industrie grandit elle aussi et demande de plus en plus de capitaux pour créer de grands projets. Pour créer une grosse usine, il faut beaucoup d'argent tout de suite pour pouvoir produire plus tard ce qui permettra de rentabiliser l'investissement. (avec un bénéfice pour les actionnaires qui ont pris le risque de donner de l'argent au début sans savoir si ils allaient vraiment être remboursé.)

Pour avoir des capitaux liquides tout de suite il y a plusieurs méthodes:

  • On peut trouver un gros investisseur qui va nous prêter de quoi démarrer en échange d'une part du gâteau... et très souvent d'un bout du contrôle de l'entreprise.
  • On peut vendre des bouts d'entreprises à beaucoup de monde sous forme d'actions cotées en bourse.
  • On peut demander un crédit à un banquier et lui rembourser une fois la production vendue.

Ainsi la finance se développe sous diverses formes.

Le banquier privé

Au début un banquier n'est qu'une personne qui a beaucoup d'argent et qui le prête pour des projets et demande une commission et/ou une part du bénéfice en retour. Tout comme quand je prête mon vélo, je ne peux pas l'utiliser tant que je l'ai prêté !

C'est ce que font les banquiers privés. Il ne reste en 2019 que 5 banquiers privés en Suisse. (chaque année il y en a moins !!) Ce sont en fait des gestionnaires de fortune.

La banque commerciale

La banque commerciale est très différente du banquier privé. Il y a 248 banques commerciales en Suisse en 2019.

L'activité principale d'une banque commerciale est de faire des crédits. Elle finance l'économie en proposant de la monnaie tout de suite pour un projet particulier. Le débiteur va rendre cette monnaie plus tard avec un montant supplémentaire sous forme d'intérêt pour rémunérer la banque commerciale.

A priori, pour le client, pas de différence avec la banque privée ou la banque commerciale. C'est là une source de confusion très courante. Mais du côté de la banque c'est très différent. En effet, une banque privée prête de l'argent, une banque commerciale fait un crédit.

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Le crédit bancaire est une création monétaire

Une banque commerciale n'a pas besoin d'avoir la monnaie qu'elle va fournir à son client. Une banque commerciale peut créer cette monnaie au moment de la signature du contrat avec son client.

En fait, elle crédite un montant sur le compte du client. Elle crée une reconnaissance de dette de la banque commerciale pour un certain montant. Cette reconnaissance de dette est acceptée comme moyen de payement.

C'est un nouveau type de monnaie. C'est de la monnaie scripturale bancaire. En Suisse le conseil fédéral appelle ce type de monnaie des Substituts monétaires.

Une nouvelle couche de pouvoir s'ajoute

La monnaie issue du crédit bancaire est une nouvelle forme de monnaie qui s'ajouter aux formes précédentes. On a donc aussi une nouvelle classe de personnes qui veulent leur part du pouvoir.

On a plusieurs couches:

  • La monnaie métallique qui est gérée par le seigneur, l'Etat. Garantie par le pouvoir coercitif des armes.
  • Les billets de banque (et la monnaie banque centrale) émis par une banque centrale qui a reçu le monopole sur ce type de monnaie par l'Etat.
  • La monnaie scripturale des banques commerciales. Ce droit de faire des crédits est octroyé à qui se conforme aux lois en la matière faites par l'Etat. Ces lois imposent aux banques commerciales d'avoir une réserve obligatoire. Cette réserve est un pourcentage des crédits octroyés (2.5% en Suisse, 1% dans l'UE et 0% en Angleterre !) que la banque commerciale doit avoir en monnaie banque centrale.
    Ainsi on s'assure que le pouvoir de la banque centrale n'est pas entamé !

Ainsi on voit que la banque commerciale est liée aux systèmes précédents, aux pouvoirs précédents.

Elle doit avoir des réserves dans une monnaie qu'elle ne crée pas elle même sinon ça remettrait en cause le pouvoir des banques centrales !

Le pouvoir de la banque commerciale est supérieur à celui de la banque centrale

... et là c'est pas si clair... Depuis quelques années, la banque centrale d'Angleterre dit que les banques centrales ne contrôle plus vraiment les banques commerciales.

Car la banque centrale ne contrôle pas la demande en crédit !!
Elle ne contrôle pas le principale robinet de création monétaire. Le banquier dans une banque commerciale choisi les projets qui méritent qu'on les finances ou non...  ainsi le banquier actuel a le pouvoir de créer le futur ! Souvient toi bien de ça !

... et finalement c'est la banque centrale qui doit suivre en créant de la monnaie et la "vendre" aux banques commerciales proportionnellement à leur crédits pour qu'elles puissent en mettre dans leur réserve afin de répondre à leurs obligations légales.

Ainsi la banque centrale ne contrôle plus sa masse monétaire. Elle ne fait que réagir en cascade. Elle ne contrôle plus que le taux directeur ce qui limite fortement son action.... tellement que ce taux est même devenu négatif !!.... preuve que ça ne marche plus !

C'est pour ça que des outils non conventionnels tels que le quantitative easying est utilisé pour tenter de sauver le système...

Episode 7 : expériences du 20ème siècle

Dans cet épisode nous nous attarderons sur quelques expériences monétaires du 20ème siècles.

Episode 8 : les Monnaies Locales Complémentaires

A force de voir une économie mondialisée qui ne profite plus qu'aux grosses entreprises multinationales, les partisans des circuits courts et de la promotion de l'économie locale ont inventé des Monnaies Locales Complémentaires dont le but principal est de dynamiser l'économie locale

Ces monnaies sont généralement nanties, (cautionnées, garanties) par leur équivalent en monnaie bancaires sur un compte. Par exemple pour avoir 10 Farinet, je dois donner CHF 10.- . 

Mes Farinet ne sont valables que dans quelques commerces en Valais.

On voit très bien que ce mécanisme bride totalement les Monnaies Locales Complémentaires. Elles sont totalement liées au pouvoir des banques commerciales et leur donnent encore plus de pouvoir quand on mets le nantissement sur un compte en banque !

La loi Française oblige à faire du nantissement sur un compte en banque et de ne pas y toucher.
La loi Suisse.. est floue... la FINMA est en train de voir que faire des MLC...

La Banco Palmas a intelligemment utilisé le fait qu'on double la masse monétaire (nantissement + monnaie locale en circulation), pour construire une école en dynamisant une économie locale et en gardant une grande partie du don qui a été fait pour ce projet.....

L'outils de création monétaire est puissant quand on ne l'entrave pas !!

Voici un article que j'ai écrit à propos du cadre légal encore très flou des Monnaie Locale Complémentaire Suisse... (comme le Farinet et le Léman par exemple...)

farinet

Episode 9 : les Cryptomonnaies

.... Avec la création du bitcoin juste après la crise des subprimes et la grande crise financière de 2008, on voit un nouveau tournant de l'histoire de la monnaie qui arrive.

Suite à la cascade de pouvoirs qu'on a étudiée ci-dessus, Etat, banque centrale, banque commerciale, finance...   Voilà qu'il y a un nouveau moyen de payement qui arrive totalement hors des pouvoirs en place. La gouvernance est décentralisée.

Les Etats sont parfois bien en peine pour contrôler d'abord le bitcoin, puis toutes les cryptomonnaies qui se créent sur des variations du concept de blockchain.

Le bitcoin a connu plusieurs fois des bulles spéculatives

En complément voici aussi un article où je décris plus précisément le fonctionne dit décentralisé du bitcoin... Il n'est pas en fait totalement décentralisé. Si on parle de LA blockchain, c'est qu'il n'y en a qu'une... donc on est dans un système centralisé !

Par contre la gouvernance du bitcoin est décentralisée...

Episode 10 : la Théorie Relative de la Monnaie

Partant du postulat que la monnaie est un outil de mesure totalement imparfait, Stéphane Laborde, (Galuel) a voulu créé un étalon de mesure qui reste identique dans l'espace et dans le temps. Il décrit son idée dans sa Théorie Relative de la Monnaie.

En pratique, pour réaliser cet étalon de mesure invariant, Stéphane Laborde propose de distribuer à tous un Dividende Universel, ce qui permet d'être tous co-créateur de la monnaie. Ainsi on réalise l'égalité spatiale. Peu importe où l'on se trouve on peut avoir de la monnaie. Il n'est plus nécessaire d'être là où sont les banques et surtout d'avoir un projet qui plait au banquier !

L'égalité temporelle est plus subtile. Il faut déjà comprendre que suivant la génération à laquelle on se trouve on n'est pas tous égaux. Ainsi pendant les 30 glorieuses il n'y avait pas de dettes publiques. Puis les Etats se sont endettés en disposant immédiatement de monnaie à payer par les générations futures. Ainsi une personne qui nait maintenant est défavorisée par rapport à une personne qui naissait il y a 50 ans.

L'idée est donc d'effectuer une sorte de fonte de la monnaie avec le temps.

Ceci est réalisé en augmentant perpétuellement le DU distribué. Ainsi les nouveaux arrivant se rattrapent sur les anciens et peuvent commercer à égalité.

Critique de la Ğ1 (et de la TRM)

Je trouve très intéressant cette idée. Mais elle n'est pour moi pas parfaite. Pour moi c'est surtout l'intention de base qui est étonnante.

En quoi la monnaie n'est qu'une unité de mesure ? Elle a certainement aussi d'autres fonctions. Comme la réserve de valeur. Bon finalement c'est pas bien grave vu qu'avec un DU quotient on a toujours de quoi vivre. Mais comment fait-on pour investir massivement, comme pour la création d'une industrie ?

La réponse des partisans de la TRM c'est l'investissement par cotisation et non par crédit... C'est ne dépenser que ce qu'on a... donc pas de crédit. C'est un point de vue politique. Mais il faut dire que le crédit est bien utile parfois (même avec toutes les dérives de qui empoche le bénéfice...) ... C'est bien de pouvoir avoir une hypothèque de vivre dans sa maison avant d'avoir 70 ans ....

Un autre point est lié au choix de l'invariant. Stéphane Laborde a proposé l'espérance de vie comme invariant entre les humains. Statistiquement c'est juste. Ainsi il calibre le DU et la fonte sur cet invariant.

DU = c * Masse monétaire / NB utilisateurs.
c = ln(ev/2) / (ev/2) ≈ 10% (par an)

(ev = espérance de vie)

(le symbole C est utilisé en référence à la Célérité de la lumière l'invariant utilisé dans la théorie de le Relativité d'Einstein.)

Mais par contre je ne vois pas pourquoi on aurait pas pu prendre un autre invariant ? L'auteur semble ne pas vouloir entrer en matière sur une autre manière de voir les choses ! Pour lui il n'y a toujours qu'UN seul et unique invariant.
Statistiquement le poids d'un humain est aussi un invariant entre humain ? comme sa taille ? ... non ? ...  Si on veut un invariant lié au temps comme l'est l'espérance de vie on peut imaginer le temps de scolarité ou la période de fertilité d'une femme. (à zut.. c'est pas pareil homme ou femme...  ah ben l'espérance de vie non plus d'ailleurs !!)

Bon, c'est pas si grave, je trouve tout à fait bien vu le fait qu'une dette soit annulée dans un temps qui correspond à la moitié de l'espérance de vie. Ça rejoint la notion de jubilé biblique (levitique 25.8-22): on annule toute dette tous les 7x7 ans.

Par contre là où je trouve très louche la manière dont sont fait les paramètres, c'est que le montant du DU dépend aussi de l'espérance de vie, mais aussi du nombre de personne co-créatrice de monnaie. Je trouve ça très lourd à gérer.

En fait si on regarde bien, la toile de confiance sert surtout à limiter les variations rapides d'entrée dans le réseaux comme co-créateur de monnaie. Car si les entrées étaient massives, si l'adoption de cette monnaie était réellement possible globalement, alors le DU serait diminué et l'instabilité ferait de ce système un système pas très gèrable !

Ainsi en passant de la théorie à la pratique, de la TRM à la Ğ1, le problème est apparu et il a fallu changer la formule de calcul du DU... Ceci afin de minimiser l'effet de la masse monétaire et du nombre de personnes déjà présent. Une approximation du second degré à été fait d'une exponentielle...

DUĞ = DU(t+1) = DU(t) + c² M(t)/N(t)

L'astuce de remplacer la multiplication dans la formule du DU par une addition est également lié à un problème de démarrage du système.

Car avec un DU = 10% * masse monétaire / nb utilisateurs
= 10% * 0 = 0 → on ne démarre pas ! 

Avec l'approche par une formule approchée du second degré on résout le soucis:

DU(t+1) = DU(t) + c² M(t)/N(t)
... enfin... pour autant d'avoir une masse monétaire au démarrage !!

En ce qui concerne la monnaie Ğ1 ses paramètres sont encore différent de la théorie. La licence de la Ğ1 nous explique à propos du DU quotidien:

Le montant en Ğ1 du DU est identique chaque jour jusqu'au prochain équinoxe où le DU sera alors réévalué selon la formule (avec 1 jour = 86 400 secondes) :

DUjour(équinoxe suivant) = DUjour(équinoxe) + c² (M/N)(équinoxe) / (182,625 jours)

Avec comme paramètres :
c = 4,88% / équinoxe
DU(0) = 10,00 Ğ1

Donc en effet, pour que le système démarre, il faut des membres (les 59 fondateurs.) et il faut une masse monétaire initiale !! ... un crédit !! Sinon ça vient d'où ces 10 Ğ1  ? .... création ex-nihilo !

Cachez ce crédit que je ne saurai voir !!!

C'est une bidouille de démarrage, on va rétorquer que ça n'est pas grave du tout... (ce qui est vrai... après quelques jours cette différence est amortie.)

Moi je trouve que c'est une preuve que la théorie est boiteuse !!!

C'est pour cette raison que je préfère nettement l'approche du Système Monétaire Equilibré qui part de l'intention de créer non pas UNE monnaie, mais un protocole pour bien comprendre les référentiels utilisés entre des nombreuses monnaies et tenter de trouver des équivalences juste pour échanger.

Avec cette théorie on peut comprendre là où la TRM est boiteuses et pourquoi elle ne peut pas démarrer.

Pour construire un référentiel monétaire qui marche, dans le cadre sur SME, dans un cas extrême chacun utilise sa propre monnaie, dont l'échelle est calibrée sur ce qui est nécessaire à la personne pour vivre.

Ainsi on a là un système qui permet de vivre dans tous les cas. Ce que la G1 ne garanti pas...  (Je me fiche bien d'avoir un thermomètre qui fonctionne partout si mon but n'est pas de mesurer la température, mais d'avoir de quoi mettre mes bières au frais !)

Le SME sera l'objet de mon prochain épisode... d'ici là rejoint la G1 ça vaut la peine d'expérimenter. (Moi je ne me permet jamais de critiquer sans expérimenter !)

Pour rejoindre la monnaie libre Ğ1

Quelques stats sur la Ğ1 via le soft Duniter...

Une bonne explication du fonctionnement de Duniter et de sa blockchain avec des noeuds identifiés qui fournissent une preuve par le travail adaptative et donc limitent la consommation d'énergie (contrairement au bicoin)

Un tuto pour créer son compte et devenir co-créateur de monnaie Ğ1...
Mais attention, il te faudra te faire certifier par au moins 5 amis déjà dans la toile de confiance de la Ğ1 pour recevoir ton DU quotidien. (sinon ce sera un simple compte)

Tu peux regarder sur la carte si il y a des membres dans ta région et les contacter pour te faire certifier. (il y a de nombreux apéro monnaie libre dans ce but)

Si tu veux faire du commerce, il y a une place de marché par ici... 

Episode 11 : le Système Monétaire Equilibré

Le SME, soit Système Monétaire Equilibré, ou encore Système de Mesures Equilibré est avant tout une théorie qui permet de comprendre les différents paramètres et référentiels utilisés pour décrire des Systèmes économiques (Système monétaire au sens large).

Puis en ayant conscience des paramètres et référentiels possibles, une personne peut savoir si elle se fait arnaquer dans un échange ou non.

Cette théorie peut servir de base à la création d'un système monétaire plus juste. J'ai d'ailleurs lancé une nouvelle monnaie basée sur ce principe, le Kong ... une monnaie de singe 🐵 !

Les paramètres de base d'un référentiel

Un référentiel complet est défini par les paramètres suivants:

  • où se trouve l’origine. (le 0, la référence par rapport à quoi on mesure, aussi la Valeur du Point d'Equilibre.)
  • le niveau du revenu de base. (qui donne l’échelle quantitative à tout le système, et le sens de lecture + ou -) C'est la transcription d'une valeur physique réelle en une échelle mathématique. (ex: le °Celsius est une division en 100 parties de la différence de température entre l'eau solide et gazeuse).
  • le facteur de zoom qui est en fait 2 variables: le Taux de Retour à l’Equilibre par unité de temps choisie. (la période en général le mois, vu que c'est une grandeur souvent utilisée en comptabilités... salaires, factures, etc...)

Un système monétaire juste

Dans une idée de tenter de créer un système monétaire qui semble juste en regard de tout ce qui s'est dit plus haute on peut inclure les règles suivantes:

  • Chaque personne est libre de choisir son système monétaire (c'est en fait la loi 0 de la TRM!)
  • Chaque personne a droit à un potentiel de création monétaire. (représenté suivant les référentiels comme une quantité de jetons ou une limite de consommation à crédit) → Ceci a pour conséquence que ce sont les individus qui créent la "monnaie" en utilisant leur potentiel.
  • Le système est stabilisé, équilibré dans le temps par une fonte régulière du solde. (solde positif ou négatif, donc avoir et dette fondent) → C'est l'idée d'équité temporelle entre génération. Mais aussi  la notion de jubilé biblique (levitique 25.8-22): on annule toute dette tous les 7×7 ans. C'est l'entropie qui stabilise les systèmes physiques. (Taux de Retour à l'Equilibre par unité de temps)
  • Chaque personne dispose dans tous les cas d'un potentiel de consommation lui permettant de vivre. Elle décide elle même du niveau de ce potentiel. (C'est un Revenu de Base Inconditionnel dont le montant est choisi par la personne elle même. On parle aussi de AVLDI (Avance Valeur Limite Déséquilibre en Importation ))
  • Les paramètres du référentiel utilisé pour décrire une valeur économique doivent être transparents. (Pour qu'un transfert économique soit fait manière juste, il est nécessaire de savoir dans quel référentiel la valeur est exprimée. Donc aucune variables ne doit être cachée... c'est valable pour l'affichage des prix..)

Des règles précédentes, ont peut déduire une relation qui va faire le lien entre les différentes grandeurs. Ceci permettra de déterminer le potentiel de création monétaire (Aussi appelé, limite de consommation à crédit ou VLDI: Valeur Limite de Déséquilibre en Importation) dont chaque personne dispose en fonction des paramètres du référentiel qu'elle aura choisi.

Le limite consommation à crédit maximale =  le Revenu de Base Inconditionnel * (1/ Taux de Retour à l’Equilibre) +  le Revenu de Base Inconditionnel.

Voilà, on a la base pour décrire un référentiel d'un Système Monétaire Equilibré.

Vérification des paramètres du référentiel pour éliminer les abuseurs et détermination de l'étalon Revenu de Base Inconditionnel

Ainsi une personne qui vérifie la transaction peut demander les paramètres pour s’assurer que la limite de consommation à crédit n’est pas dépassée dans le cas d'un achat. C'est un moyen de se débarrasser des abuseurs. 

Il est largement reconnu que certaines personnes ne sont pas capables de contribuer économiquement suffisamment pour avoir de quoi vivre. (vieux, malades, enfants, etc..) Ainsi chacun peut toujours bénéficier de son Revenu de Base Inconditionnel pour pouvoir vivre sans être considéré comme un abuseur du système.

Le Revenu de Base Inconditionnel, ou plutôt "ce qui m'est nécessaire pour vivre" est considéré comme étant l'échelle de base, l'étalon de valeur de tout ce système économique juste.

L'idée là derrière est de garantir à chaque personne de pouvoir vivre. Il ne doit plus être nécessaire de "gagner sa vie", on l'a déjà. Statistiquement les besoins de base de tous les humains sont les mêmes. (On peut se référer par exemple aux 14 besoins fondamentaux selon Virginia Henderson)

C'est donc un invariant, de la même manière que dans la TRM Galuel considère que l'espérance de vie est un invariant entre les humains.

Convergence de l'Etalon Revenu de Base Inconditionnel dans une même zone économique

Il peut paraitre étrange d'avoir chacun la possibilité de choisir le niveau de son Revenu de Base Inconditionnel, mais c'est la seule et unique manière de garantir que ce soit juste et de tenir compte de l'infini des possibilités des cas particuliers tout en évitant un contrôle administratif. Ceci va avec la philosophie derrière le Revenu de Base Inconditionnel qui part du principe que l'on peut faire confiance à ses semblables et à soi même !

Grâce à la transparence des paramètres et à l'intelligence collective les abuseurs seront très vite démasqués et ne pourrons plus commercer (ou seulement avec les autres margoulins...)

Dans le cas extrême, chaque personne peut utiliser un Revenu de Base Inconditionnel différent pour étalonner son propre référentiel. De fait elle crée sa propre monnaie et on a ainsi potentiellement 8 milliards de monnaies différentes utilisables !

Evidemment que c'est très lourd et pas très pratique à utiliser quand à chaque transaction il faut calculer les équivalences entre référentiels. (comme un français habitué à l'euro qui va évaluer un prix en $ sur un site web... ou qui va faire du shopping à Londres et voit des prix en £... ou va faire du ski en Suisse en payant en CHF...)

On se rend bien compte que c'est pas gérable à l'échelle individuelle. Quoique, avec le fait que tout le monde a un smartphone dans la poche qui fait le boulot et/ou que son navigateur web inclue un convertisseur automatique sur les shop en ligne, c'est pas une grosse difficulté.

Mais on peut imaginer une sorte de convergence par région du Revenu de Base Inconditionnel. Ainsi les gens qui commercent entre eux localement (ce qui est le plus courant pour les besoins de base) ont la même échelle de valeur.

En fait la différence existe déjà actuellement, mais elle est cachée !! En utilisant des monnaies uniques sur des larges surfaces on fausse les réels changement de référentiels. Il est indéniable qu'un euro n'a pas la même valeur partout dans la zone euro. Il a un pouvoir d'achat très différent si l'on est en Roumanie, ou en Allemagne !

Personnellement, j'aime bien observer le prix du pain au chocolat en boulangerie. C'est mon indice BigMac à moi... :p

Je vois qu'en Suisse le prix du pain au chocolat à la gare de Genève est à CHF 3.20 alors qu'on le trouve à Neuchâtel à la Migros pour CHF 1.40.

En traversant à vélo la France (d'est en ouest), j'ai vu que le prix du Pain au chocolat varie entre € 0.89 et € 1.20.

En Angleterre, je l'ai trouvé généralement autour de 1£.

Ces variations de pouvoir d'achat à l'intérieur d'un même pays montrent qu'il y a plusieurs zones économiques distinctes.

Le fait de choisir soi même "ce qui m'est nécessaire pour vivre" permet une adaptation facile à chaque zone économique et aux particularités personnelles. On va certainement tendre vers un gradient de variation de niveau de Revenu de Base Inconditionnel comme on observe un gradient des prix de l'immobilier.

Les deux sont d'ailleurs très fortement corrélé, étant donné que le logement est souvent une part importante du budget de "ce qui m'est nécessaire pour vivre".

Exemple de paramétrage d'un référentiel de Système Monétaire Equilibré

Voici un exemple de paramètres:

  • origine = 0
  • montant du Revenu de Base Inconditionnel = 100
    (c’est la quantité de monnaie que je juge avoir besoin dans la période donnée. Ça peut être très arbitraire et je devrais tout le temps convertir dans un autre référentiel ou alors aligné sur les gens de ma région qui ont les mêmes besoins ce qui facilite les échanges en diminuant les calculs de changement de référentiel à faire.)
  • Taux de Retour à l’Equilibre = 10% / mois

Limite de consommation à crédit = 100 *  1/ (10/100)  + 100
= 10 * 100 + 100 = 1100

J'ai un potentiel de consommation de 1100. C'est ce que je peux dépenser là maintenant tout de suite. (en fait 1000 de potentiel de création monétaire + 100 de Revenu de Base Inconditionnel)

Si je dépense tout ça je n'ai plus rien. Si j'attend une période. (ici 1 mois) alors je recevrai à nouveau mon Revenu de Base Inconditionnel (100) et ceci pour chaque période.

Le rôle de la fonte du solde dans le SME

Dans l'exemple ci-dessus, la création du Revenu de Base Inconditionnel à chaque période est du à la "magie" de la fonte du solde en direction du point d'équilibre, du 0. C'est ce qui stabilise le système et évite les crises.

C'est l'équivalent de l'entropie dans les systèmes physique. C'est le ressort qui referme une porte ouverte pour la remettre dans un état stable.

Dans le système bancaire des banques commerciales, lorsque l'on prend un crédit, il y a un des intérêts qui doivent être remboursés. Ces intérêts sont l'équivalent de la fonte du SME, mais dans un autre référentiel. On retrouve le même genre de paramètres, il y a une exponentielle. L'intérêt utilise une exponentielle croissante ce qui rend très riche le banquier et assure l'endettement perpétuel des collectivités publiques.

Les crises sont souvent le fait d'exponentielles qui créent des bulles et qui éclatent car elle ne sont plus en corrélation avec le monde physique réel.

Ainsi pour stabiliser un système monétaire. Il faut supprimer ces exponentielles croissantes.

Cette exponentielle est décroissante dans le cas du SME, c'est à dire que le ressort va tirer la porte vers le point d'équilibre. (l'origine du référentiel) Mon ressort va être très fort si la porte est très ouverte, mais plus ma porte sera proche du point d'équilibre, plus la force de mon ressort sera faible. (donc on en fait pas claquer la porte!)

On retrouve fréquemment ce genre de comportement de formule: y = 1/x (1-e^-x) dans  des phénomènes physiques. Par exemple dans la décharge du condensateur en électronique.

Pour un condensateur on considère qu'il passe d’un état transitoire à un état stable en 5 constantes de temps RC, ici on considère que toute dette est annulée dans un temps de 5/TRE. (à 99.3%) Ceci dans l’unité choisie. (le mois par exemple)

Ex: un TRE de 1/100 par mois va nous donner: 5/ (1/100) = 5*100 = 500 mois.  41 ans et 8 mois.

Il est intéressant de voir ici un ordre de grandeur qui est proche des 7x7 ans du jubilé biblique !

Mais c'est encore plus étonnant de voir que l'on retombe aussi sur la moitié de l'espérance de vie en Suisse !! (exactement 41 ans et 8 mois !)

On rejoint ici la TRM qui nous propose aussi l'espérance de vie comme étalon. En ce qui concerne le temps j'adhère totalement. une fonte de 1% mensuel me semble tout à fait un bon ordre de grandeur. Moi c'est surtout le fait que selon la TRM, l'espérance de vie détermine l'échelle de valeur !! Là je trouve ça stupide.

Les banquiers empochent notre revenu de base !

Donc on voit ici que selon la manière dont sont utilisés les paramètres d'un référentiel on a des résultats très différents. Si l'on fait un gros raccourcis, on peut dire que les banquiers en créant de la monnaie de façon centralisée et en empochant les intérêts du crédit bancaires, en fait empochent notre revenu de base inconditionnel !

Pour tout ceux qui se posent la question du financement du Revenu de Base Inconditionnel et bien le SME me semble la meilleure solution !

La stabilisation du SME par une fonte (une oxydation) régulière du solde est faite de façon symétrique.

Il y a un solde qui peut être un avoir ou une dette suivant où il se trouve par rapport à l'origine, en positif ou en négatif.

La fonte de la dette permet de créer un Revenu de Base Inconditionnel. On voit que tout le monde le touche. Mais il n'est pas du même montant suivant la distance à laquelle on se trouve du point d'équilibre. (de l'origine, le 0)

Ainsi on ne donne pas un Revenu de Base Inconditionnel aux riches pour les enrichir encore plus... même si tout le monde y a droit.... c'est ce qui a parfois été reproché à cette idée.

La fonte des avoirs ne nous est pas tout à fait habituelle non plus. Pourtant elle dynamise les échange économiques comme on l'a vu ci dessus avec Silvio Gessel.

La fonte est tout à fait soutenable, avec des valeurs comme celle de 1% / mois on est dans quelques chose de similaire à nos jours. Même si les banques centrales disent qu'il n'y a pas d'inflation et qu'elle stabilisent très bien les prix. Est-ce que tu as déjà vu la taille des paquets de nourriture et des bouteilles.... Oui le prix est stable, mais la quantité a diminuée !!!

.. et on ne reçoit pas notre Revenu de Base Inconditionnel en échange de cette fonte !

Comment investir avec un système à SME

Comme j'ai critiqué ci-dessus la manière d'investir proposée par la TRM. Je me dois de donner quelques explications aussi pour le SME.

L'auteur de la TRM semble totalement opposé au crédit et, à l'image d'Adam Smith n'hésite par à réécrire l'histoire pour justifier sa théorie. (Adam Smith a inventé la fable du troc et Galuel a refusé de corriger les erreurs historique de son livre de la TRM que je lui proposais, car: "ça ne sert pas ce que je veux démontrer")

Ainsi Galuel a une vision très "jeton valeur" de la monnaie. Toute écriture comptable du style faites sur tablette d'argile par les sumériens n'entre pas dans sa conscience. (c'était l'objet de nos discussions. Ainsi il occulte la moitié de l'histoire des systèmes économique dans son historique !!)

Ceci explique pas mal de chose. Notamment le choix du référentiel par défaut de la G1 pour ne voir que du positif et mettre la limite de consommation à crédit à 0. Là c'est n'est que de l'affichage donc libre de le faire. Mais ça explique aussi la bidouille de créé ex-nihilo 10G1 pour lancer le système !!

Donc évidemment en terme d'investissement, comme dit plus haut, avec la G1, il n'est possible d'investissement par cotisation et pas par le crédit.

En revanche, avec le SME. Chaque personne a un potentiel. Il est défini par la relation:

Le limite consommation à crédit maximale =  le Revenu de Base Inconditionnel * (1/ Taux de Retour à l’Equilibre) +  le Revenu de Base Inconditionnel.

On voit ici que la limite est à disposition. On ne nous impose pas le rythme de son utilisation. C'est un potentiel.

Il est possible de dépenser rapidement un gros montant. C'est une responsabilité personnelle. C'est un risque pour un flambeur. Mais c'est une énorme opportunité pour une personne qui va investir dans un système physiquement rentable.

Actuellement, tout le problème de la transition écologique est lié au fait que les gens n'ont pas les liquidités pour payer 30 ans d'énergie d'un coup. Ils préfèrent donc acheter du pétrole au compte goutte régulièrement pour se déplacer, se chauffer et s'éclairer...

On pourrait installer maintenant des panneaux solaires, thermiques et photovoltaïques et voyager, se chauffer et s'éclairer gratuitement pendant des décennies...

Pourquoi on préfère vivre au jour le jour ? C'est principalement du aux fait que pour avoir des liquidité, il faut être riches... ou avoir accès à un crédit, ce qui n'est pas évident... Si on a accès à un crédit, le risque est que les intérêts à payer bouffent tout le bénéfice financier de l'installation et fait qu'il est moins cher de ne rien changer de financer les pétroliers tous les jours ce qui engendre des problèmes écologiques et des guerres de prédation du pétrole...

Avec un potentiel de création monétaire qui est donné à chaque personne. On peut avoir les moyens d'investir dans son autonomie énergétique.

C'est dans ce genre de cas et dans plein d'autres cas de type industriel qu'il est toujours intéressant de disposer maintenant de quoi investir qui sera payé plus tard.

La monnaie libre de type G1 me semble très limitée pour ce genre de cas.

La monnaie bancaire actuelle est très chère à cause des intérêts et le banquier a trop de pouvoir. C'est lui qui décide du futur par son choix d'attribuer un crédit ou non.  Les multinationales qui ont compris ce pouvoir ont créé des banques et s'accordent ainsi des crédits illimités par des roulements des crédits.

L'industrie lourde, comme les raffineries sont également dépendantes de roulements de crédits de plusieurs millards. J'ai deux exemples dans ma régions de raffineries qui ont fait faillite à cause du refus d'une banque de renouveler des roulements de crédits.

Le SME permet une répartition du pouvoir dans la création monétaire. Le SME contient en lui un potentiel de création monétaire pour chacun, mais aussi une limite. Ainsi il ne peut y avoir d'abuseur du système qui se prêtera à lui même...  Comme l'a fait le Crédit Suisse en 2008 en se prêtant CHF 10 milliards pour éviter la faillite...

On est dans un système.... équilibré !

Comment faire pour investir dans des très gros projets ?

Quand on parle d'investir dans une installation photovoltaïque pour sa maison, on est dans quelques chose à échelle humaine ou d'une famille.

Mais quand on doit investir dans des infrastructures plus grosses, comme un réseau ferroviaire ou des hôpitaux. Là on va faire de la mutualisation de potentiel de création monétaire.

C'est à l'image d'un crowfunding actuel. (mais avec les moyens d'investir !) On vote pour les projets qui le méritent en donnant un bout de son potentiel de création monétaire.

On serait ainsi véritablement dans une démocratie directe. Pas besoin d'intermédiaire, de parlement pour ça.

De nos jours, il y a en Suisse des votations tous les 3 mois. Il arrive parfois que des votations engagent des milliards. Par exemple la votation sur le tunnel du Gotthard. Si l'on vote oui à la création de ce tunnel... c'est un crédit de plusieurs milliards qui sera contracté. Actuellement il passe par le système bancaire.

Mais on peut imaginer qu'une telle infrastructure soit financée par chaque individu qui le veut bien.

Quid des impôts ?

En ce qui concerne un impôt. On l'a vu ci-dessus, c'est un système qui est intrinsèquement lié à l'imposition d'un système monétaire en particulier. C'est pour créer la boucle de demande en monnaie qui va proposer une offre sur des marchés. C'est une manière de créer une économie de marché.

Avec un SME, il est philosophiquement interdit d'imposer un système monétaire à une personne !!

Ainsi dans ce cas, pas d'impôt. Mais si ça devait se faire. On peut imaginer que la part obligatoire doit être inclue dans "ce qui est nécessaire pour vivre". Donc dans le Revenu de Base Inconditionnel, la valeur étalon qui calibre le système. Ainsi on s'assure qu'elle est payée... et sans heurt pour la personne. (qui se voit quand même contrainte de payer un impôt)

Ça peut être un système de transition vers une société totalement responsable et démocratique.

On nous a donné la possibilité de voter, la démocratie semi-directe. Mais on ne nous a pas donné la démocratie économique. Les moyens d'exercer cette démocratie de droit.

Il est temps de le faire de nos jours.

C'est pour ça que j'ai lancé le Kong, une monnaie de singe. Une "monnaie" basée sur le principe du SME. C'est une monnaie lowtech sur papier. Chaque personne a un carnet et l'utilise pour ses transactions. C'est simple et efficace. Pour expérimenter le Kong, c'est par ici....

Des lectures supplémentaires à propos du Système Monétaire Equilibré

Voici un article plus complet qui décrit ce qu'est le Système Monétaire Equilibré.

Réflexion pour l'implémentation d'un système monétaire équilibré totalement décentralisé....

Simulation du Système Monétaire Equilibré

Afin de mieux comprendre ce qu’est le Système Monétaire Equilibré, voici 2 résultats de simulation de transferts économiques réalisés avec un tel système.

Voici:

système monétaire équilibré

On observe que les échanges sont stables sur le long terme. On observe que les grandeurs sont équilibrées, d'où le nom. (la différence entre riches et pauvres est faible, face à la monnaie... mais pas face aux richesses non monétaires.)

A bientôt pour la suite.....

Petite chronologie sur l'histoire de la monnaie et des systèmes économiques

Et pour aller plus loin, il y a des milliers d'informations à propos de la monnaie sur les liens des références du livre "La monnaie ce que l'on ignore".... de Denis LaPlume.

Voir aussi la chronologie des banques....

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